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1811 fut une année de récolte plus que médiocre dans le département de la Charente-Inférieure :
le mauvais temps et les inondations ravagèrent les cantons les plus productifs. la situation de
l'arrondissement de La Rochelle dont les terres étaient surtout en vignobles, était catastrophique ;
les besoins étaient de 219100 hectolitres de froment alors que la récolte n'était que de 43714 d'où
un déficit de 175381 hectolitres. Pour l'ensemble du département il manquait 1 million
d'hectolitres... Le déficit n'était pas simplement local. Les départements de la Vendée, de la
Vienne, des Deux-Sèvres qui habituellement comblaient celui de la Charente-Inférieure
subissaient le même dommage. Les prix du blé montèrent en flèche et les boulangers ne
voulurent point acheter ; ils laissèrent s'écouler vers l'extérieur ou accaparer par des spéculateurs
une grande partie de cette précieuse denrée. Aussi de la fin du mois de mai 1812, on manque de
blé et de farine et les boulangers de La Rochelle font du pain de farine de fèves et de haricots.
Les maires sont chargés de visiter tous les greniers et de dresser un état des besoins de leur
commune. En voici les résultats pour quelques communes :
Angoulins : M. Bérigaud, maire, et M Seignette possèdent des grains nécessaires à leur nourriture
et à celle des vignerons métayers et domestiques... Le boulanger est encore approvisionné de
1625 kg de farine de très médiocre qualité : dès que cette farine aura été convertie en pain et
distribuée aux habitants, la commune sera dans la détresse la plus déplorable. L'espoir de scier
bientôt l'orge et de la faire immédiatement sècher au four arrête les plaintes arrachées par la
misère.
Châtelaillon : les habitants des campagnes passent des heures entières chez les boulangers des
villes à disputer un morceau de pain de farine de fèves et de haricots pour soutenir l'existence de
leur famille...
Le nommé Texier avait chez lui 20 boisseaux de froment en excédent de sa consommation
lesquels furent requis par M. le maire d'Angoulins et de Châtelaillon et versés dans les magasins
du boulanger d'Angoulins. Cette mesure parvint à assurer la subsistance des malheureux jusqu'à
la récolte de l'orge et procura des effets très satisfaisants.
Aytré : Le maire a acquis la certitude que non seulement les habitants n'ont pas leur provision de
blé nécessaire jusqu'à la récolte mais que les 4/5 sont forcés de passer des journées entières à la
porte des boulangers de La Rochelle pour saisir un morceau de pain... Les maladies ont ruiné
cette commune et la misère la plus affreuse achève d'y répandre la désolation. c'est une des plus
malheureuses de l'arrondissement.
La Jarne : Le maire et l'adjoint n'ont vu partout que le spectacle de la disette la plus absolue. Les
propriétaires sont dépourvus comme les pauvres qar la quantité de blé qu'ils n'ont cessé d'avancer
à leurs travailleurs. le four public était réduit, le 17 juin, à un sac de minot, les habitants sont dans
une véritable angoisse sur la suite de ce dénuement et le peu d'espoir d'y mettre promptement un
terme.
Examinons à présent ces murs en question, cet intérieur si bien conservé et nous formerons le
voeu que l’antique chapelle Sainte Radegonde se dresse très longtemps sous nos yeux :
En 1796, la chapelle était vendue comme bien national au citoyen Jean Laurent, maître de barque
à La Rochelle, pour 1361 francs. Somme dérisoire, alors que l franc-assignat perdait chaque jour
de sa valeur. Mais à quoi pouvait-elle s ervir cette chapelle ? Hangar ou chai comme le propose
l’expert dans son procès verbal. Jean Laurent était d’ailleurs propriétaire des terres environnantes
et avait la servitude d’entretenir un chemin de trois pieds pour y accéder.
“ Ancienne chapelle de neuf toises de long de d’hors en d’hors, quatre toises de large idem ; en
dedant, sept toises trois pieds de long, et deux toises cinq pieds six pouces de large, ce qui donne
environ trois pied trois pouces d’épaisseur de mur. ayant en outre douze piliers de renfort en
d’hors sur toutes les façades de dix-huit pouces d’épaisseur et de trente pouces de large revêtu en
pierre de taille de marée. Laditte chapelle voutée en petits moellons taillés, ayant du pavé de
laditte chapelle à la clef de voûte de vingt-neuf à trente pieds de hauteur ; le tout couvert de
tuiles. L’élévation en d’hors, de vingt-quatre pieds d’élévation au carré, et nous estimons qu’elle
doit avoir six pied de terrain tout autour ; le tout bâti à chaux et sable, surmonté d’un petit
campagnaud sans cloche ; partie des murs dégradés et sur la couverture un grand quart des tuiles
cassées...”
En 1796, la situation n’est point brillante, mais cela devait durer depuis longtemps. Par la suite
cette construction fut déparée par l’adjonction de deux étables sur ses côtés ; aussi, comme elle
nous semble lourde aujourd’hui, cette chapelle Sainte Radegonde, pauvre oiseau rivé à terre par
deux ailes dont elles n’a jamais voulues. Et puis ce petit campagnaud qui est tombé.
Malgré tout, l’extérieur est encore remarquable. Je m’excuses d’employer des termes techniques
mais comment décrire... il faut voir. La façade, épaulé par deux contreforts, est percée d’un
portail en arc brisé ; un cordon d’étoiles entoure la voussure. Sous le pignon, il y avait une fenêtre
longue ; il n’en reste qu’une petite ouverture sous le plein cintre et une grande fenêtre élargie à la
base. Les murs latéraux sont renforcés par huit contreforts surmontés d’une corniche posées sur
trente-six modillons en cavet. Le chevet, droit, est épaulé par deux contreforts et percé d’une
longue fenêtre plus large que celle de la façade dont ne subsistent que deux ouvertures sous l’arc
et la base. Tous les contreforts se terminent par deux légères retraites ; l’appareil des murs est
moyen.
Cet extérieur, tout le monde peut le voir, mais que dire de l’intérieur, qui semble tout aussi
remarquable malgré la division en deux étages par un plancher ! J’ai eu la faveur de le visiter et
j’en suis reconnaissant. Près du chevet à droite, sont juxtaposées deux niches servant de
crédences ; elles sont moulurées de roses et autres ornements dégradés; non loin, une porte en arc
brisé s’ouvre vers l’extérieur. Deux fenêtres ébrasées qui n’ont sans doute jamais été
complètement ouvertes, se remarquent sur les murs latéraux. La voûte en petit moellons est un
cintre brisé, supporté par une imposte. L’appareil est moyen en pierres fossilifères assez
grossièrement taillées et revêtues de plâtre ; on y remarque par endroits de faux joints dessinés
d’un trait brunâtre.
Ce ne serait pas médire des autres édifices, et notamment l’église paroissiale, que de réserver une
place de choix pour la chapelle Sainte Radegonde dans l’Echo.
Ce fut au moyen âge l’église des pélerins : ne sommes nous pas tous des pélerins, pauvres
voyageurs sur cette terre ? Que Sainte Radegonde nous guide vers notre patrie céleste.
L‘AGRICULTURE :
<< C’est aussi le cas de répéter que la suppression des gabelles fera fleurir nos salines, celle du
tabac ouvrira une nouvelle branche à la culture, celle des aides perfectionnera la fabrication de
nos vins et nous mettra de niveau dans tous les marchés de l’Europe... Notre Province est plus
cultivée que jamais et malgré que les paturages ne soient pas abondants, la bonté du sol les
multiplie , il pourrait se faire encore beaucoup d’élèves, et il serait juste qu’elle partagea tous les
encouragements que le Roi donne pour augmenter et perfectionner l’éducation des chevaux? Une
foire de bétail trois fois par an aux portes de La Rochelle serait un spectacle d’encouragement
pour les habitants propriétaires... C’est à la campagne où l’aisance est la plus resserée, les
moindres accidents font des malheureux sans pain. Le dernier hiver a présenté le spectacle le plus
affligeant ; c’est une classe qu’il faut protéger et prémunir contre le découragement de la misère
et les secourir par le travail, semer, entrtenir les principes d’honnêteté et de loyauté, les éclairer,
ne les point tromper, jamais n’indiquer un précepte sans le pratiquer, les intéresser au bien pour
l’amour propre, tout homme convaincu publiquement d’une mauvaise action exclu de toutes
délibérations patroissiales, punir avec sévérité ses propriétaires de fief qui abusent des faveurs
accordées dans le principe à des seigneurs honnêtes, effraient, tyrannisent, persécutent leurs
tenanciers soustraient et tronquent leurs titres ; à quoi ils seraient moins exposés s’ils savaient lire
et écrire...>>
L’ECOLE :
C’est la partie la plus intéressante pour l’histoire sociale de la paroisse : l’école qui, dans
l’esprit des rédacteurs des cahiers, permettrait d’affranchir la classe paysanne de la servitude ;
idée qui a suivi son cours depuis lors, mais dont il ne faut pas exagérer l’importance. Bien avant
1789, il y eut à Angoulins, des maîtres d’école, et la proportion des illettrés n’y était pas plus
forte qu’ailleurs.
Pour cela, un maître d’école dans chaque paroisse serait utile ; il pourrait être entretenu dans
notre banlieue, par un retour d’équité, sans être à la charge, au peuple, ni au Roi. En 1380 par
transaction faite sous l’autorité de Charles Martel et de la bulle de Clément sept, les évêques de
ce diocèse jouissaient du centain à la charge d’entretenir les curés. En 1681, le Clergé tout
puissant obtint au parlement, dans la personne de Mgr Laval, évêque, de percevoir le centain... ne
serait-il pas juste de le restituer aux paroisses pour le consacrer au fixe d’un maître d’école et
d’un chirurgien...
Nos campagnes seraient la pépinière fertile de la population s’il l’on pouvait trouver quelques
moyens de veiller à la conservation des enfants depuis leur naissance jusqu’à six ans. Il est
étonnant le nombre qui périt par la misère et le défaut de soins, il est très ordinaire de voir des
mères de famille n’avaoir qu’un enfant après en avoir mis douze ou quinze au monde.
Quelques données démographiques confirment le bienfondé des doléances des angoulinois : sur
240 naissances, il y a plus de 100 enfants qui meurent avant d’avoir atteint l’âge de cinq ans. Il y
eut sans doute quelques progrès réalisés, après 1750, dans la lutte contre les maladies infantiles ;
Angoulins eut sa part dans les heureux résultats des cours d’accouchement de La Rochelle.
Malgré tout les doléances de 1789 n’avaient rien d’exagéré.
LA MILICE :
Supplier le Roi de supprimer toute espèce de milice, en ajoutant bien peu de choses au frais
quelles entrainent, on se procurerait une même quantité d’hommes de bonnes volontés et l’on ne
jetterait pas le deuil et la désolation dans les familles, cela détruirait cette empreinte d’esclavage,
pire que celui d’Afrique ; les hommes de nos côtes, choisis de préférence pour les milices de mer,
sont peut-être les moins propres à cet état, car il ont tous une grande accrétée dans le sang et
beaucoup de disposition à sa dissolution, le chagrin les rend nonchalants, le scorbut s’en empare
et ce sont des hommes perdus...
LE COMMERCE
<< C’est la culture qui a créé le commerce, c’est le commerce qui vivifie l’agriculture, sur ses
rapports, tout ce qui l’intéresse nous intéresse, on rencontre dans cette classe de la société des
hommes bien précieuse et honnête. Mais c’est celle de toutes où la bonne foi et la réputation est
la plus nécessaire... Pour celà nous désirerions que le commerce fut... dégagé de toutes les
entraves de la fiscalité, puni, déshonnoré le fraudeur... Les courtiers nous paraissaent diminuer la
concurrence des acheteurs, ils font perdre au cultivateur l’avantage de toutes les grandes
révolutions, augmente le mal de l’abondance par les difficultés de débouchés, mettent à
contribution toutes les parties sans rien créer... C’est ainsi l’unique ressource des agioteurs jeu
d’hasard si cruel et si pernicieux aux spéculations sages et médiocres, facilitent aux grandes
maisons l’accaparement des affaires... L’anéantissement des privilèges fixera à la campagne la
retraite de nos riches commerçants qui y porteront des moyens et des améliorations. Le
commerce conservera les hommes fortunés et à talent que les circonstances faisaient gémir et
décidaient à parcourir une autre carrière pour eux et leurs enfants...
Les auteurs des cahiers passent à d’autres sujets qui se retrouvent d’ailleurs dans toutes les
doléances de la France en 1789 : la lettre de cachet (il faudrait tout une page pour en parler et
même réformer certaines idées ) la chasse et les pigeons ( pensez aux ravages qu’ils faisaient aux
récoltes , c’était un droit seigneurial ) la corvée ( qui entretient les grandes routes ? Celui qui ne
s’en sert jamais...)
LES DEPUTES
C’est ici qu’il est essentiel de jeter les yeux sur les hommes les plus honnêtes, les plus
indépendants, les plus isolés, connus par quelques grand trait à qui on ait pas une faute à
reprocher, fut-elle involontaire... ce n’est pas un orateur, un grand génie, qu’il nous faut, s’il ne
réunit pas toutes ces qualités, c’est une belle âme qui nous est nécessaire ; l’auguste assemblée
dont-ils seront membres indiquera tous les moyens, il ne faut que choisir et saisir, souvent celui
qui propose le moinsest celui qui voit le mieux...
Avec de tels députés que seront les Etats Généraux ?
Etablissement tutélaire... où nos députés doivent employer toute l’honnêteté, tous les égards pour
se concilier l’affection du Clergé, de la Noblesse, adhérer à tout ce qu’ils proposeront de
lumineux et d’équitable, leur persuader que l’abandon volontaire de leurs prérogatives pécunières
augmentera leur considération et notre reconnaissance...
Nous faisons des voeux pour la conservation du meilleurs des Rois et de son Auguste Epouse.
Signé :
DelaCoste, juge sénéchal de la chatellenie d’Angoulins ; F. Guerry, syndic ; E.-L. Seignette ;
Jean Largeau ; P.-L. Branche ; Véron ; Jacques Bonneaud ; Gaillard ; René Bouteillié ; Bouet ;
Brochet ; P. Penard ; P. Albert ; Poniard ;
Les élections municipales de 1831
Dans l'histoire d'une commune les élections municipales de l'année 1831 méritent spécialement
d'être étudiées, car c'est une des premières manifestation de la vie d'une commune. Il n'y a pas
encore de suffrage universel mais ce sont les plus imposés qui votent : leur nombre est
proportionnel à la population. Ainsi Angoulins qui a 750 habitants possède 80 électeurs. Certains,
comme Green de Saint-Marsault, de Montbron n'y habitent pas mais y étant imposés ont droit de
suffrage et même d'éligibilité ; ils ne viennent d'ailleurs point voter et si parfois leur popularité en
fait des élus en plusieurs endroits, ils ne peuvent que choisir car le cumul est interdit.
La liste électorale pour Angoulins en 1831 comprend donc 80 noms depuis le notaire Pierre
Michelin qui paye 643 francs 14 c. d'impôts jusqu'à François Verron, propriétaire, qui n'en paye
que 15, et les officiers de la Garde nationale qui ne sont assujettis à aucun cens. Dix-huit
seulement des électeurs payent plus de 100 francs et encore n'habitent-ils pas tous à Angoulins
mais y font exploiter leurs terres. Quarante-neuf payent au-dessous de 50 francs, ce sont des
sauniers, des marins, des aubergistes, des pêcheurs et de petits propriétaires. Trois meuniers(plus
de 100 francs) sont à l'aise ainsi que le boucher (70 francs), mais le boulanger ne paye que 27
francs.
Ainsi "le onze septembre 1831 sur les dix heures du matin, les électeurs communaux de la
commune d'Angoulins réunis dans la salle de la Mairie en vertu de l'arrêté de M. le Préfet en dat
du 30 août présente année... Ouverture du 1er scrutin à onze heures précises. A cette heure a
commencé l'appel des électeurs qui, en remettant leur vote, ont prêté individuellement et à haute
voix le serment prescrit par la loi du 31 août 1830 et ainsi conçu : Je jure fidélité au Roi des
Français, obéissance à la Charte constitutionnelle et aux lois du Royaume.
Après l'appel et le réappel et le vote des électeurs présents, le scrutin étant resté ouvert jusqu'à
deux heures et demi et ne se présentant plus personne ; le Président a déclaré le scrutin fermé et a
fait constater le nombre des votants au moyen de la feuille d'inscription qui a donné pour résultat
49 votants, nombre égal à celui des bulletins déposés. d'après quoi il a fait connaître que la
majorité nécessaire pour être élu était de 25 et a procédé immédiatement au dépouillement, deux
des scrutateurs et le secrétaire en tenant note sous sa dictée. Le dépouillement terminé, chacun
des scrutateurs et le secrétaire ayant fait séparément leur travail se sont trouvés d'accord dans leur
résultat, qui est celui qui suit, savoir : MM. Dodet Raymond, 43 voix ; Michelin Pierre, 43 ;
Charpentier Jean, 42 ; Massé Pierre-Auguste, 41 ; Chabot Louis, 38 ; Marmet Pierre, 35 ; Ragody
Pierre, 34 ; Personnat Claude-François, 32 ; Guenier aîné Pierre, 28... M. le Président a alors
proclamé les neuf premiers noms comme étant ceux seuls qui avaient obtenu la majorité voulue.
Aussitôt après et à trois heures et un quart le Président a déclaré qu'un second scrutin était ouvert
pour nommer les trois conseillers qui doivent compléter le nombre ; il a ajouté que pour ce
second tour la majorité des votants n'était point exigée mais que la majorité relative suffisait.
Comme au premier tour de scrutin, le Président a fait l'appel et le réappel des électeurs et a
attendu jusqu'à 6 heures et un quart, heure à laquelle personne ne se présentant plus, il a déclaré
le scrutin fermé. Le nombre des votants, d'après l'état, étant de 34... il a donné pour résultat savoir
: MM. Cardinaud-Véron, 26 voix ; Bouet Louis, 18 ; Girard Jean, 14... Fait et clos sur les sept
heures du soir et signé séance tenante : Marmet, Ragody, Beulet, Guillaumet, Personnat aîné
secrétaire, le maire Massé."
Un mois après, sur présentation de deux listes de trois noms par le Conseil municipal, le Préfet
choisissait les maire et adjoint. Ce furent Pierre-Auguste Massé, né le 8 août 1774, et Pierre
Ragody, né en 1760, qui en acceptèrent les charges.
Si Angoulins m'était conté...
La petite histoire d'une paroisse plaît à tous. Celle d'Angoulins, par sa richesse particulière,
dépassera certainement les limites et captivera bien des lecteurs en Aunis, et peut-être même au
delà ; un docte professeur de Bordeaux ne voyait-il pas à Angoulins les points de départ et
d'aboutissemnt de routes commerciales dans le haut moyen âge ?
Cette histoire va revivre chaque mois, à partir de fevrier, pour les lecteurs du bulletin paroissial,
sous le titre : Echos du bon vieux temps. Qu'on n'y cherche pas une histoire suivie, mais des
notes, des échos, jalons nécessaires à une synthèse : les origines civiles et religieuses, l'église, le
commerce du sel et du vin, les routes, les lieux-dits, les grandes demeures, les seigneurs, les
familles... Quelques figures attachantes seront évoquées : Mathurin Fourestier, prieur de Sainte-
Radegonde ; Davoine, un curé "pas ordinaire" qui mourut à cheval, emporté par un ouragan ; et
ce curé de 1782 qui défendait les "serfs" de l'époque contre les prétentions d'un seigneur... Et les
Seignette... et les Disnel, anc^tres présumés de Walt Disney... Et tant d'autres choses
passionnantes que vous voudrez lire...
Vos enfants et petits-enfants vous sauront gré, plus tard, d'avoir recueilli et conservé des lectures
si attrayantes. Savez-vous qu'aujourd'hui on recherche à prix d'or les vieux bulletins qui relatent
l'histoire d'une paroisse ? Les 200 francs par an, les 15 francs par mois, sont vraiment un bon
placement pour l'avenir et pour le présent une source de joie intellectuelle et spirituelle.
A la mort de Louis XIV, le service était négligé et une réorganisation s'imposait ; ce qui fut fait
par l'ordonnance du 5 juin 1757. Les milices comprennent tous les habitants mâles qui ne sont
pas inscrits maritimes âgés de 16 à 60 ans ; en sont dispensés les charpentiers de navires, les
calfats, les syndics de paroisses et les collecteurs d'impôts. Comme dans l'armée, la discipline est
sévère, prison pour des pécadilles, galères ou mort pour les fautes plus graves. les miliciens ne
perçoivent aucune solde ; par contre, suprême honneur, les tambours sont habillés de la petite
livrée du Roi et battent l'ordonnance comme dans l'infanterie française.
La conduite héroïque des gardes-côtes en 1757 incita le Roi à leur donner un statut plus
avantageux, mais ce fut dans les honneurs ; les troupes étaient assimilées à l'infanterie et les
officiers pouvaient recevoir cette Légion d'Honneur de l'Ancien Régime, la Croix de Saint-Louis.
Puis ce fut le calme : longues factions sans gloire pendant la Guerre de l'Indépendance
américaine, stages de formation dans l'île d'Aix, exercices le dimanche sur la place publique,
revues... Une soixantaine d'habitants d'Angoulins étaient sur le pied de guerre et au premier
signal, ils partaient se regrouper avec leur régiment aux points névralgiques ; armes, munitions,
équipements étaient toujours prêts.
On s'étonne parfois de la merveilleuse adaptation du Français aux guerres de la République et de
l'Empire ; mieux que le service militaire obligatoire et les périodes de réserve, les milices avaient
formé des hommes qui savaient se battre. En 1810, lors de l'attaque anglaise sur le fort de la
Pointe-du-Cahy, les anciens crurent revivre le temps où ils étaient garde-côtes ; ils se portèrent à
l'ennemi avec le tambour au pas de charge. il n'y avait pas assez de fusils pour tous.... mais les
angoulinois firent leur devoir et s'opposèrent à une pire catastrophe.
Jean Joguet
Echos du bon vieux temps
Le 2 juin 1481, à la requête de messire Raymond Péraud, archidiacre d'Aunis, ambassadeur de
Louis XI, futur évêque de Saintes et cardinal, le pape Sixte IV accordait une bulle d'indulgences à
ceux qui contribueraient à la restauration de l'église Saint-Pierre d'Angoulins. Voici la traduction
de cette bulle retrouvée par M. l'abbé Mongis parmi les archives de la fabrique - où sont-elles
actuellement ?- et que publia en 1874 le "Bulletin Religieux" diocésain :
" Sixte, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à tous les fidèles chrétiens que ces présentes
lettres verront, salut et bénédiction apostolique. Bien que Celui de la grâce duquel vient qu'on
rend à Lui et à ses fidèles les devoirs convenables, par un excès de cette bonté qui surpasse les
mérites et les voeux de ceux qui le prient, récompense leurs services au-delà de ce qu'ils peuvent
mériter, néanmoins le désirant procurer au Seigneur un peuple agréable et zélé pour le bien, nous
voulons, par l'attrait des grâces, c'est à dire par des indulgences et pardons, engager les
populations fidèles à plaire à Dieu et à se rendre plus aptes à recevoir la divine grâce. En
conséquence, désirant voir fréquenter et honorer comme il convient l'église Saint-Pierre
d'Angoulins, à laquelle, ainsi que nous l'avons appris, porte un intérêt tout particulier Notre bien-
aimé fils, Maitre Raymond Péraud, ambassadeur de Notre très cher fils en Jésus-Christ, Louis, roi
très chrétien de France, envoyé près de Nous pour traiter d'affaires diverses et délicates, voulant,
disons-nous, attirer vers cette église de Saint-Pierre un plus grand concours de fidèles qui
viennent y satisfaire leur dévotion, pour les engager à contribuer plus promptement à son
entretien, à sa conservation et restauration, afin qu'ils sortent de ce lieu soulagés par une
abondance plus grande de la grâce d'en-haut, pleins de confiance dans la miséricorde du Tout-
Puissant, et l'autorité de ses apôtres, les bienheureux Pierre et Paul, à tous ceux qui visiteront
dévotement chaque année ladite église Saint-Pierre, le jour de la fête de l'Annonciation de Notre-
Dame, et les lundis de Pâques et de la Pentecôte, depuis les premières vêpres jusqu'aux secondes
desdits jours, et auront contribué ces jours-là à l'entretien, à la conservation et à la restauration de
ladite église, comme dit est, Nous remettons miséricordieusement dans le Seigneur quinze ans et
autant de quarantaines de la pénitence qui leur serait enjointe dans la forme accoutumée de
l'Eglise...
Puis, le Pape fulmine une sentence d'excommunication contre ceux qui détourneraient de leur but
les aumônes. Au lendemain de la Guerre de Cent ans, c'était "grande pitié" pour les église de
notre région. Les habitants des campagnes n'étaient guère riches, mais comme après toutes les
guerres, il y avait encore des gens fortunés. La bulle de 1481 encourage les dernières volontés
de ceux qui vont se présenter devant le Juge suprême et souhaitent y retrouver l'innocence
baptismale.
A la fin du XVe siècle, Mathurin Fourestier adminsitrait le prieuré Sainte-Radegonde avec olivier
Garin son "compère" ; tous deux étaient prêtres et chanoines de l'église "Monseigneur-Saint-
Gilles près Surgères". S'il n'en était originaire, le prieur habitait Angoulins depuis longtemps ; il
en avait même été curé. Deux neveux, Mathurin Fourestier et Jehan Barbier y étais aussi établis.
sa richesse en maisons, vignes, marais salants était grande et ceci explique l'importance de son
testament pour l'histoire d'Angoulins à la fin du XVe siècle.
Mathurin Fourestier élit sa sépulture dans la chapelle Notre-Dame ; il y établit et dote un
chapelain, si bien que plus tard on parlera encore de la chapelle des Fourestier. Il donne une tierce
partie du produit de la vente de ses biens meubles "pour ayder à accomplir et parachever l'ediffice
commancé affin destre recueilly les biens faictz prières et oraisons faictz en laditte église". Il
lègue des vignes aux confréries du "Corps de Jésus-Christ" et de "Saint-Nicolas".
Au hasard des legs et des confrontations de terrains, quelques familles sont citées : Baillon,
Barbier, Fourestier, Cousturier, Garin, Gerçon, Gelmault, Giraudoux, Girault, des Grouards,
Guyonnet, Mérisson, Moreau, Richard, Rigot, du Taisson, Turigny. A une époque où les registres
paroissiaux n'existaient point, de rares actes notariés apportent quelques lueurs sur l'origine de
certaines familles ; le testament Fourestier, du 4 juillet 1490, est de ceux-là.
Au lendemain de la guerre de Cent ans, il n'y avait pas que les ruines matérielles ; les populations
étaient décimées tant que l'on dut faire appel à des habitants du Bas-Poitou pour assurer la culture
des terres. Le fait est remarquable dans d'autres parties de l'Aunis, mais je ne sais quelle en fut la
proportion pour Angoulins. ces noms que nous avons notés ont la plupart disparu de notre sol.
d'autres sont venus... Comme la famille, la paroisse est en perpétuel mouvement.
Jean Joguet
A propos des bourgnes d'Angoulins
La bourgne était à proprement parler une nasse en osier, et c'est ainsi que le mot est toujours
employé en Aunis et Saintonge. Au Moyen-âge, c'était aussi une écluse établie sur le rivage de la
mer pour pêcher le poisson ; elle était formée de deux murs en forme de côtés de triangle, dont la
pointe se trouvait à l'opposé de la rive ; à cette pointe était une bourgne ou nasse d'osier destinée à
recevoir le poisson pris entre les murs de l'écluse à marée descendante.
De nombreux textes signalent sa présence dès le XVe siècle à Angoulins, Sécheboue et Saint-
Jean-du-Sable. Au XVIe siècle, je trouve deux actes. En 1536, le 21 janvier, les frères et soeur
Coutureau font un partage de biens. A Jehanne Couturelle échoit "une bourgne autrement escluse
située et assize au Chérat, tenant d'un cousté à la falèze de la mer, d'un bout aux terres
vulgairement appelées les terres de feu Pierre Baillou, d'autre bout au chiron nommé Saint-
Nezère..." Quelques mois plus tard, cette même bourgne est cédée à Estienne Alays, laboureur à
Angoulins : "Une bourgne autrement excluse sytuée sur la ryve de la mer au lieu nommé le chirat
de Saint-Nazaire, tenant d'une part à la bourgne ou excluse de Pierre Mousse, d'autre part à la
falaize de la mer et d'autre part au chirat de Saint-Nazaire..."
L'intérêt de ces deux actes dépasse celui de simples pêcheries et c'est pourquoi ils ont été choisis.
Le chirat ou chiron en parler d'Aunis et Saintonge est un amas de ruines ou de pierres ; le
qualificatif de Saint-Nazaire, qui est appliqué à celui d'Angoulins, permet de penser qu'il s'agit
d'un amas provenant des ruines de l'ancienne église Saint-Nazaire disparue quatre cent ans plus
tôt. Ce chiron, d'après les limites de la bourgne, parait placé sur un promontoire où était placée
cette église ; celle-ci ne fut peut-être point emportée par la mer, mais tomba en ruines lorsque le
centre de population de l'île Bazauges fut abandonné. Et ce sont ces ruines qui ont donné le nom
de l'actuel lieudit Le Chirat.
La bourgne ou écluse n'était point le seul moyen de pêche ; ainsi en 1542, Typhane Gelinault,
veuve de Pierre Gost, d'Angoulins, reconnaît devoir à Guillaume Moreau, marchand à Aytré, la
somme de 18 livres à cause de 6 "raytz appeletz touillaux préparés à pescher touilles et autres
poissons...". Au XVIIe siècle, on ne parle plus de bourgne ; le mot est abandonné au profit de
l'écluse. Il y a toujours des pêcheurs car le carême est rigoureux, la viande moins abondante et
certains seigneurs aiment vraiment beaucoup le poisson, tant que leurs cens se réglaient en plats
de poissons.
Jean Joguet
Les frères Charpentier fondeurs de cloches
(...) aucun specimen de l'art des frères Charpentier ne pourrait être admiré si dans les derniers
mois de l'année 1631, ils n'avaient quitté leur résidence du Tablier pour une paroisse de l'Aunis,
Angoulins, où ils allaient fondre la cloche de l'église St Jean de Chatelaillon. Après avoir échappé
au raz de marée qui détruisit la ville en 1709 et à la Révolution dans une nouvelle église
construite aux Trois Canons, elle fut revendiquée par la paroisse d'Angoulins, dont Chatelaillon
n'était plus qu'un village. Là en 1907, bien communal, elle faillit être fondue et son poids de
métal échangé contre une cloche d'horloge publique ; les protestations véhémentes du curé et
l'intervention du conservateur des Antiquités et Objets d'Art provoquèrent son classement le 21
octobre 1907. On la replaça donc dans une ouverture de la basse église où elle fut condamnée au
silence, sans doute par vénération (note : G Mathieu professeur à la faculté des sciences de
Poiters dans son article sur le site géologique de Chatelaillon (Norois) cite cette cloche comme
provenant de la chapelle bâtie sur l'ilot St Jean des Sables. L'auteur a émaillé un intéressant
travail de notes historiques la plupart incontrolables et souvent erronées. Ainsi cette cloche
revenait au lieu de sa fonte. Les registres de Me Oclerc notaire de la seigneurie d'Angoulins,
conservent encore la minute du marché passé le 30 novembre 1631 entre la fabrique de
Châtelaillon et les fondeurs. Une lacune dans le dernier folio du registre ne permet d'en donner ni
les clauses générales ni les signatures, mais tel qu'il se présente il est tout à fait digne d'intérêt
puisque, fait assez rare dans l'histoire campanaire, il s'applique à un objet qui existe.
Voici la teneur de l'acte : "Sachent tous que pardevant Toussaint Oclerc notaire en la baronnie de
Chatelaillon pour haut et puissant seigneur monsieur le baron dudit lieu ont estés personnellement
establis Messire Geoffroy Bouchard prebtre et curé de Chastelaillon, Pierre Lorit fabriqcqueur de
ladite paroisse, Estienne clerc marchand, François Drouhet, Jehan Benesteau, J. Lasse mousnier,
Hellye Pinet, J. Lorit, Micheau Pointier, Guillaume Moreau, Hellye Gauvrit, Mathurin Viault,
Jehan Roy, Mathurin Hay et plusieurs autres tous manans et habitans de ladite paroisse de
Chastelaillon d'une part et Pierre Cherpentier maitre fondeur du lieu du Tablier en Poitou faisant
tant pour lui que pour Jehan Cherpentier son frères aussi maitre fondeur demeurant audit lieu
absant et auquel ledit Pierre Cherpentier sondit frère promect et sera tenu luy faire ratiffier et
avoir pour agréables ses présantes touttes foys et quantes les présantes néantmoingts tousjours
tenant d'autre part. Lesquelles parties de leur bon grés et vollontés ont fait passé et accordé entre
eulx le marché qui s'ensuit assavoir que ledit Pierre Cherpentier audit nom a promis promet
s'oblige et sera tenu de faire une cloche pour lesdits habitants susnommés et icelle leur céder
faitte et parfaitte dedans quinze jours prochain à compter du jour datte des présentes de la
pesanteur de six vingt livres ou environ plus ou moins bonne cloche loyalle et marchande avecq
ung bon son en fournissant par iceulx fondeurs de toutte sorte de métal que autre matière propre
pour ce faire le tout bon loyal et marchand fournir par eulx de bois et terre et toute autre chose
qu'il sera requis et nécessaire pour icelle faire sans que lesdits habitans susnommés soyent tenus
fournir d'aucune chose qui soit sinon du balail et jouc de ladite cloche et toutte ferrure qu'il
conviendra faire, prinse icelle cloche par lesdits habitans au bourg d'Angoullin auquel lieu lesdits
fondeurs feront fondre ladite cloche et ce pour et moyennant que ledit Bouchard curé susdit et
autres habitans susnommés solidairement chacun d'eux seul et pour le tout ont promis promettent
et seront tenus de bailler et payer auxdits fondeurs pour chacune livre de métal la somme de
quatorze sols six deniers jusques à la pesanteur deladite cloche. C'est laquelle somme seront tenus
bailler et payer auxdits fondeurs et es leurs dedans le jour et feste de Saint Michel pour tout
dellay et sans nul contredit et asvenant que estant ladite cloche faitte et parfaitte et qu'il advienne
qu'elle vingt à casser ou qu'elle ne soit bonne et loyale par la faute notable desdits fondeurs en ce
cas seront tenus icelle refaire à leur propre cout et despan et non aultrement. Tout ce que dessus
les parties ont ainsi voulleu consanty stipullé et accepté..."en marge " et lelendemain premier jour
de décembre audit an ledit Jehan Cherpantier desnommé en présant contrat en sa personne de sa
bonne vollonté et apprès que lecture d'icelluy contrat luy a esté faitte par moi notaire qu'il a tout
dit bien saisir et entendre a icelluy contrat rattiffié approuvé et esmollogué en tous les points mots
charges et conditions et advenant le huitième jour de décembre mil six cent trente et un lesdits
fondeurs en leur personne ont remis auxdits habitans la cloche mentionnée par ledit contrat de
marché laquelle s'est trouvée pesant le nombre de cent quarante cinq livres qui revient à la
somme de 105 livres 2 sols 6 deniers de laquelle somme lesdits habitans en ont payé comptant
aux dits Cherpentier la somme de treize livres qu'ils ont prise et receue e s'en contante et en ont
quitté lesdits habitans sans préjudice auxdits Cherpantiers de la somme de quatre vingt douze
livres deux sols six deniers..."
Actuellement suspendue à un bâti de chêne près de la porte de la basse église qui est sacristie,
cette cloche a repris une digne fonction lithurgique, celle d'annoncer aux fidèles la marche du
prêtre vers l'autel. Mieux que dans un clocher, on peut voir la grande et jolie croix fleuronnée qui
orne sa panse et lire l'inscription : SAINCT JEHAN DE CHASTELAILLON. ME GEOFFROY
BOVCHART CVRE. FABRICQVEVR P. LORI + ESTIENNE OCLERC + PAIRIN ESTIENNE
GABET. MAIRAYNE PERRYNE OCLERC. 1631. L'église qui l'abrite possède elle aussi des
caractéristiques dignes d'attirer l'attention du lecteur bas-poitevin. Son architecture primitive,
avant l'écroulement des voûtes et la restauration du siècle dernier, fait penser à celle de Cheffois.
Il y avait deux nefs, l'une romane allongée en basse église gothique au XICe siècle, l'autre
gothique -on l'achevait en 1481- dédiée à St Jean l'évangéliste comme à cheffois. Le chevet porte
deux grandes baies gothiques aujourdhui bouchées ; l'extérieur en fut fortifiés aux XIVe et XVe
siècles. A cette époque, fin XVe siècle, les comtes de Dunois et de Longueville, barons de
Vouvent et de Chatelaillon, étaient suzerains respectifs de Cheffois et d'Angoulins ; d'autre part,
les Rouhault, seigneurs de la Rousselière en Cheffois, l'étaient aussi du Pont de la Pierre en
Angoulins. A Cheffois, Jean Rouhault fit placer aux voutes de l'église les armes du roi, celles de
François, comte de Dunois et de Longueville, et les siennes propres (Note de bas de page : R.
Valette, La Chataigneraie et son canton, p13-14) ; à Angoulins, un PV du XVIIIe siècle constate
la présence au-dessus de la porte principale, celle de la basse église, de trois blasons, celui du
Roi, l'autre à demi effacé où l'on devine un parti de France, et le troisième illisible. Il y a là,
sembe-t-il, une même mise en oeuvre justifiée par la présence de mêmes seigneurs dans les deux
paroisses.
Ainsi la conservation de la cloche de Saint-Jehan de Chatelaillon dans une église qui rappelle le
Bas Poitou n'en prend que plus de relief. Malgré les vissicitudes de son passé et peut être grâce à
elles, sa voix est demeurée nette et sans fêlure. Par sa forme, son inscription et sa grande croix
fleuronnée, c'est une oeuvre d'art qui fait honneur à Jean et Pierre Charpentier qui en 1631
partirent du Tablier la fondre à Angoulins.