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Au fil de l'année, la nature évolue, prends des formes et des couleurs différentes mais garde

constamment sa beauté. Beauté renouvelée, « resculptée » selon les saisons, ces « miracles »
engendrés par les solstices et équinoxes de notre planète Terre. L'Homme a toujours rendu hommage
à la Mère Nature : il l'a remerciée, il l'a célébrée mais par dessus tout, il l'a poétisée. Car avant d'être
un genre, la poésie est un art. C'est un travail d'orfèvre: les mots sont « peaufinés », les vers sont
modelés et remodelés pour obtenir « l'alliage parfait », la forme est « taillée au poinçon » et enfin,
l'oeuvre obtenue par ces heures acharnées de travail est tout simplement unique. De plus, la poésie
est très souvent associée à sa Muse dont les consoeurs sont les patronnes d’autres domaines, la
musique, la sculpture et la peinture. « L’art poétique » est souvent lié à l’un d’entre eux, car il fait un
appel « intime », « personnel » à la sensibilité intérieure du lecteur, à son imagination. Il y a ainsi plus
de liberté. L’Art est également caractérisé par un certain aspect universel. La musique, la peinture, la
sculpture… ont dépassé les limites linguistiques. Toutefois, ce n’est pas vraiment le cas de la poésie.
Cela lui confère donc un caractère unique, propre à chaque culture. A vrai dire, ces limites jouent
terriblement en sa défaveur car le caractère poétique réside dans la subtilité, la beauté de la langue et
en passant par des traductions, elle perd en quelque sorte « l’harmonie » établie (sonorités, respect
de la métrique, différents sens des mots…). Par exemple, un poème de Rimbaud, « Ophélie » dans
lequel toute la première partie I contient un aspect musical reposant sur des allitérations et des
assonances visant à imiter les bruits de la nature ou encore à créer une harmonie en réemployant les
sonorités présentes dans le nom « Ophélia », perdrait la majeur partie de son intérêt s’il était traduit en
chinois, en japonais ou en allemand. Cependant, au-delà de l’art, il ne faut pas oublier de mentionner
le genre de la poésie. Etablie comme étant un modèle de forme littéraire, elle est régie par des règles
précises et certains ont même cherché à les dépasser, à en inventer de nouvelles (on peut en effet
citer les Parnassiens). En effet, les poètes doivent prouver leur originalité car qui dit « modèle » dit
souvent « imitation ». C’est donc vers l’écriture qu’ils doivent se pencher pour rivaliser sur des topos
comme l’amour d’une jeune fille, la mort… Cependant, nombreux sont les poètes qui revendiquent le
caractère artistique plutôt que technique. Dans ce recueil, nous avons voulu montrer à la fois cette
universalité de l’art et cet amour de la nature en associant un pays différent à chaque saison selon
des critères culturels et climatiques. Ainsi, c’est au Japon que nous avons établit la première étape de
notre voyage : le Printemps au pays du Soleil-Levant. Pour les nippons, cette saison marquée par
l’arrivée des premières fleurs de prunier (« ume ») puis de cerisier (« sakura ») est l’occasion d’une
grande fête traditionnelle : le Hanami ou fête des cerisiers en fleurs. Ils partagent en famille un
moment de beauté unique, de trop courte durée. En poésie, l’art du Haiku (ou Haikai), poèmes
classiques brefs et rythmés, illustre à merveille l’éphémère beauté de la chute d’une fleur. La paternité
de ce style est attribué à Basho Matsuo (1644-1694) qui lui a conféré une dimension à part entière. La
spontanéité de l’évocation, la recherche de l’expression juste permettant de transmettre l’émotion vive
ressentie à l’origine sont les principaux critères pour réaliser un haïku :
Furu ike ya
kawazu tobikomu
mizu no oto

Dans le vieil étang


Une grenouille saute
Un ploc dans l'eau!
Basho

Les haiku, écrits “sur le vif”, retracent donc un instant bien précis et vont pour cela dans l’esprit de la
philosophie de Confucius: “vivre l’instant présent”. Ils ne contiennent pas « d’image » à proprement
dites comme dans les poèmes occidentaux, c’est donc l’impression qui est mise en avant. Cette
subtilité conviendrait donc au printemps qui est incontestablement la saison de la beauté éclatante de
la nature, de la jeunesse, des amours… Mais c’est probablement celle qui passe le plus rapidement,
ne montrant qu’une splendeur bien trop courte rejoignant là le caractère « d’aperçu »
exceptionnellement bref du haiku. On doit cependant remarquer que l’Homme, faisant partie du
« cycle naturel », ne peut s’empêcher de cadrer sa vie aux saisons ; ainsi, la jeunesse verra une
période de joie lors du retour des hirondelles tandis que les plus âgés, plus « matures » y verront peut
être le reflet de leur vieillesse.

Les couleurs fraîches de la saison des amours laissent ensuite place à un vert plus imposant et dans
le ciel, le soleil et les orages règnent alors sans partage : c’est l’Eté. Nous avons choisi de l’illustrer
par des poèmes chinois classiques, en prolongement des haiku. Certes, la différence est très notable.
Loin de la spontanéité et de la brièveté des textes japonais, on passe à un style peut être plus familier
pour nous, du moins dans la traduction française. Les époques également sont éloignées, les poèmes
de la dynastie des Tang datant du VIIe siècle. Toutefois, les « portraits » de la saison n’en sont pas
moins évocantes et ces poèmes constituent une véritable référence en poésie, tout comme les haiku.
La beauté de l’été y est décrite simplement mais « gracieusement », offrant un tableau au lecteur au
lieu d’impression. L’imagination est bien sûre toujours de mise mais elle est moins requise pour « voir
l’image » que pour « comprendre le tableau », c’est-à-dire déterminer l’ambiance plutôt que le cadre
du poème.

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