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Trop souvent, nous regardons les cours d'eau comme s'ils étaient de simples fossés par
lesquels s'écoule l'eau de pluie.
Ils sont pourtant source de vie. En effet, le milieu aquatique formé par la rivière et ses abords
est attrayant pour de nombreuses espèces ; y compris pour l'homme.
1. Des systèmes dynamique et biologique uniques.
1.1. Un élément intégré dans un ensemble : le bassin hydrographique.
Les cours d'eau, les lacs et étangs, les zones riveraines et les terres humides font partie
intégrante d'un bassin hydrographique. Celui - ci est un système dynamique où s'intègrent
géographie, débits d'eau et communautés biologiques, qui changent avec les cycles
saisonniers.
Les composantes d'un bassin hydrographique changent constamment au cours des processus
écologiques naturels, comme la colonisation du sol par la végétation, l'érosion et le
déplacement du lit des cours d'eau.
Malheureusement, l'empiétement des activités humaines modifie la fonction des bassins
hydrographiques de manière souvent néfaste à l'équilibre naturel. Les changements provoqués
par l'homme sont souvent rapides et parfois irréversibles.
1.2. Un milieu indispensable à la biodiversité.
Tous les êtres vivants ont besoin d'eau pour assurer leurs fonctions vitales.
De plus, pour un grand nombre d'entre eux, l'eau constitue aussi une part importante, sinon la
totalité, de leur habitat.
Certaines espèces vivent dans l'eau durant une étape de leur développement (amphibiens et
certains insectes terrestres) tandis que d'autres utilisent l'eau tout au long de leur vie pour
répondre à certains besoins.
Par exemple, les milieux aquatiques sont importants :
□ Pour les oiseaux sauvages tels que les canards et les oies.
□ Pour les oiseaux aquatiques vivant en colonies et les oiseaux de rivage qui s'y nourrissent,
s'y reproduisent et y trouvent un abri contre les prédateurs.
a Pour des espèces généralement terrestres, comme les rapaces, les renards ou autres car les
cours d'eau sont pour eux d'importantes aires d'alimentation.
Finalement, une eau de qualité appropriée est l'un des éléments essentiels à la biodiversité,
c'est à dire à la multiplicité des formes de vie qui existent sur cette planète.
2. Les cours d'eau en Wallonie.
2.1. Les eaux de surface.
Il tombe annuellement, en moyenne, 25 milliards de m3 d'eau sur la Belgique. Cela se répartit
comme suit :
* 1,3 milliards de m3 s'évaporent,
* 9 milliards de nr s'écoulent dans les eaux de surface,
* 3 milliards de m s'infiltrent dans le sous - sol et alimentent les nappes aquifères.
Les cours d'eau, canaux et les plans d'eau couvrent 0,7 % du territoire wallon.
Quatre bassins versants se partagent les 12 000 rivières wallonnes qui ont été recensées ; la
moitié seulement portant un nom.
Ces cours d'eau appartiennent aux bassins versants de quatre fleuves dont la superficie en
Wallonie est la suivante :
Les principaux plans d'eau sont des lacs de barrage. Néanmoins, il existe 4 800 étangs dont la
superficie totale est évaluée à 2 520 hectares. De plus, les zones marécageuses se comptent
aussi par milliers. Les zones les plus étendues sont les Hautes - Fagnes, les marais de la Haute
- Semois et les marais d'Harchies - Hensies - Pommeroeul.
[image]
Source : rapport "Aménagement écologique des berges des cours d'eau : techniques de stabilisation".
2. Des corridors complexes et fragiles.
La berge, c'est surtout la zone de transition entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. De
par cette situation, elle possède une grande valeur écologique. En effet, la constitution d'une
lisière augmente la gamme des micro - habitats favorisant de ce fait la diversité et la densité
des espèces végétales et animales.
2.1. Végétation des berges.
La végétation des berges et des rives est soumise à des conditions de vie très contrastées. Elle
doit s'adapter à des changements brusques, résister aux inondations, recoloniser des zones
d'érosion...
En cas d'inondations, les plantes courent le risque d'être emportées, déchaussées ou ensevelies
sous les alluvions. Elles doivent donc présenter une grande capacité de régénération (comme
pour les saules).
Par contre, aux basses eaux prolongées, les talus sont affectés par un fort dessèchement
superficiel. Ainsi, les végétaux de ces milieux possèdent de longues racines allant puiser l'eau
jusqu'à la nappe souterraine.
Les facteurs physiques locaux exercent une influence visible sur la répartition des plantes.
Ainsi, il s'établit une zonation végétale en fonction de la fréquence et de la durée des
submersions :
■ La zone inondable : on y trouve des végétaux supportant une alternance d'immersion et
d'assèchement (forêt alluviale et prairie humide ou ripisylve).
B
La zone de balancement des eaux : des végétaux semi - aquatiques (roseaux, massettes,
iris... ) s'y installent.
■ La zone littorale : les végétaux aquatiques immergés (cératophylles, élodées... ) ou
flottants (lentilles d'eau, nénuphars... ) y prédominent.
Cette zonation de la végétation depuis le milieu aquatique jusqu'au milieu terrestre dépend
principalement de la forme, de la pente et du substrat du talus de la berge. Mais, elle dépend
aussi de la profondeur des eaux, de leur richesse en éléments nutritifs, de la vitesse du courant
et de l'éclairement.
La nappe des craies est essentiellement une nappe de fissure dont les caractéristiques varient
avec la nature lithologique et le degré de fracturation des horizons concernés. Au niveau du
bassin versant de la Trouille, son extension est limitée en profondeur et vers le Sud par la
présence des dièves, matériaux marneux recouvrant le socle primaire.
Libre au Sud de Nouvelles, elle devient captive sous les argiles plus ou moins sableuses du
Tertiaire. Quelques nappes peuvent exister dans les horizons sableux du Tertiaire,
principalement dans les sables du Landénien marin et continental et, momentanément dans les
sables du sommet de LYprésien. Ces nappes se limitent à la partie axiale de la vallée. Sur la
bordure Sud, les matériaux schisto - gréseux contiennent également quelques nappes locales
peu puissantes.
2. La richesse du milieu naturel.
L'occupation du sol montre une grande diversité de milieux. La rivière et ses abords
présentent un grand intérêt biologique. L'imbrication de milieux boisés (bois, saulaies,
peupleraies avec différentes strates... ), agricoles (prairies plus ou moins améliorées, sèches et
humides, cultures, alignements d'arbres, haies...), de zones humides (rivières, marécages...)
induit une richesse faunistique assez exceptionnelle.
2.1. Une flore caractéristique des cours d'eau.
> La végétation des rives.
Dans la traversée de Givry (milieu ouvert urbain), les plantes des eaux douces et de leurs
berges sont largement dominantes. On y trouve surtout celles caractéristiques
d'atterrissements
d'eaux douces mésotrophes ou eutrophes telles que :
♦ le Lycope d'Europe (Lycopus europaeus),
♦ les Glycéries aquatique et flottante (Glyceria maxima et
Gtycena fluitanss),
♦ la Baldingère {Phalaris arundinacea)...
En milieu ouvert agricole, les plantes des eaux douces et de leurs berges sont de nouveau les
plus nombreuses.
En 1980, elle y abritait une des dernières populations naturelle de la Truite de rivière (Salmo
truita).
Aujourd'hui, il semble que quelques spécimens subsistent malgré une dégradation du milieu.
Le Chevaine (Leuciscus cephalus), fréquent jusqu'en 1960, est devenu assez rare. Mais, il
resterait encore quelques exemplaires dans la Trouille.
Les espèces les plus communes présentes sur le bassin versant sont : le Gardon {Rutilus
ruiiius) , la Perche {Perça fluvialilis), l'Epinoche (Gasterosteus aculeatus) et le Goujon
(Gobio gobio).
r- L'avifaune.
La diversité des milieux rencontrés (agricoles, boisés, zones humides...) induit une richesse
spécifique en oiseaux assez remarquable.
Parmi les espèces liées au bocage, aux haies et aux milieux boisés, la Chouette chevêche
(Alhene noctua) constitue une espèce fragile, bien qu'une dizaine de couples nichent dans les
vieux saules qui bordent la rivière.
Parmi les espèces liées aux milieux aquatiques et humides, le Martin -pêcheur (Alcedo
atthis), espèce très vulnérable faisant partie de l'annexe l de la Directive CEE/79/409, trouve
dans les rives naturelles de la Trouille les possibilités de nidification (sol meuble).
Malheureusement, ces rives naturelles ont largement disparu ailleurs suite aux aménagements
des berges ; notamment à cause du bétonnage.
Cette population est la seule connue au Sud de Mons comme pour la Bergeronnette des
ruisseaux (Motacila cinered) dont 2 à 3 couples sont régulièrement aperçus entre Givry et
Hyon.
Jusqu'en 1989, à Harmignies, une petite colonie d'Hirondelles de rivage (Riparia riparia) a
niché dans le bassin de la Trouille.
Quant au Busard des roseaux (Circus aeruginosus), il est observé irrégulièrement en
migration.
Quant au Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), il niche dans les marais de Spiennes,
en bordure de la
Trouille. Mais, la population est en nette diminution.
- Les batraciens (Verhaegen, 1996).
La Trouille constitue, pour ce groupe, une zone de grande qualité biologique. Les espèces
rencontrées sont : la Grenouille verte (Ranci esculenta), la Grenouille rousse {Rana
temporaria), le Crapaud commun (Bufo bufo), le Triton vulgaire ( Triturus vulgaris), et le
Triton alpestre (Triturus ctlpestris).
Les activités humaines ont un rôle important à jouer dans un bassin versant.
Malheureusement, elles génèrent assez souvent des conséquences néfastes pour
l'environnement. Ainsi, le bassin versant de la Trouille est une zone où le milieu agricole
est très important. Il subit alors les différentes interventions de l'homme.
[manque1page]
Vers le Sud - Est, la grande culture et l'élevage prédominent ; les fonds de vallées et les
versants sont caractérisés par des pâturages.
Vers le Sud Ouest, la région présente un caractère agricole se partageant entre la grande
culture et l'élevage. Dans toute la région, les exploitations agricoles sont en majorité de
grande
superficie.
Au centre, les dépôts crayeux recouverts d'une épaisseur variable de limons sont voués à la
grande culture de céréales et de betteraves essentiellement.
Les communes de Mons et de Saint Symphorien comprennent un nombre élevé de potagers.
Entre Harmignies et Vellereille - le - sec, la couche limoneuse est absente et le paysage est de
type ouvert. A Harmignies, de profondes carrières de craie entaillent le paysage. Les villages
sont généralement entourés de vergers.
Le long des ruisseaux, dans la vallée des affluents de la Trouille, les prairies remplacent les
champs. Elles sont alors entourées de quelques rangées d'arbres et de haies de saules,
peupliers, aulnes.
Le Sud - Ouest de la région possède de ce fait un paysage plus fermé que le reste du plateau et
présente alors un caractère bocager.
Aux alentours de Mons et entre Hyon et Mesvin, se présentent beaucoup de grandes prairies
marécageuses.
Les prairies pâturées sont localisées en bordure des villages et le long des ruisseaux affluents
de la Trouille ainsi que le long de celle - ci. Elles sont abondantes au Sud de la région, là où le
sol est le plus humide (Haulchin).
Le long de la vallée de la Trouille, quelques zones plus humides sont largement boisées en
peupliers. Néanmoins, il y a peu de bois dans le bassin versant.
Quelques bosquets sont dispersés sur le plateau ; ils sont du type chênaie - charmaie
neutrophile. Ils sont souvent composés d'espèces variées (frêne, hêtre, érable, pin sylvestre,
mélèze, épicéa... ) et replantées en peupliers.
L'empreinte de l'homme se traduit par le développement d'une agriculture intensive tournée
vers les grandes cultures.
1.2. L'industrie.
Ces activités sont peu nombreuses dans le bassin versant. Voici quelques industries présentes
sur la zone concernée :
* A Harmignies, il existe la S.A. Crayères Cimenteries et Fours à Chaux et la CBR
(Cimenteries et Briqueteries Réunies). Ce sont des industries d'extraction de la craie.
* La S.A. Sodecom est située à Quévy - le - Grand. Cette société, installée sur le site d'une
ancienne sucrerie, fabriquait des engrais et des aliments pour le bétail. Elle est spécialisée
actuellement dans la fabrication du compost.
* A Frameries, il existe un parc industriel.
Dans le Nord - Ouest, à Frameries et Ciply, quelques terrils font part de l'existence du houiller
dans le sous - sol.
1.3. L'habitat.
La population du bassin versant, nous l'avons évoqué, s'élève à 61 800 habitants.
Toutefois, ce chiffre ne concerne que les communes dont le bourg est situé dans le bassin
versant.
En fait, si on tient compte de la population totale des communes, en 1991, environ 116 000
habitants étaient recensés. La ville la plus importante est Mons, avec une agglomération qui
regroupe environ 100 000 habitants (en 1991, il y avait 91726 habitants).
La région, essentiellement agricole, présente un habitat de type rural regroupé en gros villages
agglomérés, souvent situés à proximité des cours d'eau.
Peu de changements importants ont été observés mis à part l'extension des zones résidentielles
composées de nouvelles constructions comme, par exemple, à Hyon.
Mais, ce phénomène reste assez limité dans l'ensemble.
En ce qui concerne l'assainissement des collectivités, on dénombre seulement deux stations
d'épuration en fonction. Malheureusement, encore trop de riverains laisse leurs eaux usées
s'écouler dans les rivières proches ce qui engendre une pollution de l'eau.
III . UNE DIVERSITE BIOLOGIQUE MENACEE: LES
PROBLEMES RENCONTRES SUR LE BASSIN
VERSANT
Le bassin versant de la Trouille rencontre de nombreux problèmes liés aux activités humaines.
Ainsi, des phénomènes à l'origine naturels sont amplifiés par les activités humaines présentes
sur le bassin versant ou des aménagements.
1. Des problèmes d'origine anthropique.
1.1. Les problèmes rencontrés.
* Problème d'envasement : la zone concernée présente des problèmes d'envasement. C'est
un phénomène qui est très important à certains endroits. En effet, la couche de vase peut y
atteindre 1 mètre de hauteur et il est même possible de voir s'y développer des atterrissements
(amas de terre, de sables, de graviers, de galets apportés par les eaux).
* Problème d'inondation : urbanisme anarchique (non - respect de la législation pour le
permis de construire).
* Problème de pollution de l'eau : les cultures en bordure de cours d'eau restent un problème
important dans le bassin versant ainsi que les rejets domestiques qui sont envoyés directement
dans les cours d'eau.
* Problème d'érosion des terres agricoles, des berges et des sols : l'érosion des terres est
importante dans le bassin versant de la Trouille et, à de nombreuses reprises, des coulées de
boues ont causé de gros dégâts aux villages situés en fond de vallons comme à Givry.
* Problème d'érosion des berges des cours d'eau : l'accès du bétail aux cours d'eau provoque
le piétinement et l'effondrement des berges (ce problème sera développé dans la troisième
partie).
1.2. Quelles en sont les causes ?
Des aménagements destructeurs ont contribué à amplifier ces problèmes : les curages, les
rectifications de cours d'eau, la destruction de la végétation rivulaire ou les enrochements ont
provoqué l'augmentation de l'érosion des terres agricoles et l'érosion des berges.
Les opérations de remembrement et les modifications des pratiques culturales ont aussi
participé à ce phénomène. En effet, la disparition des haies et des mécanismes anti - érosifs a
provoqué des crues parfois très graves dans la zone étudiée. Ainsi, de véritables torrents de
boues dévalent les pentes, ne rencontrant aucun obstacle.
Pour la pollution de l'eau, de nombreuses causes sont à mettre en évidence : rejets
domestiques d'eaux usées, déversements sauvages ou accidentels des industries et des
exploitations agricoles, déversements clandestins ou accidentels d'hydrocarbures...
2. Pollution de Peau.
2.1. Données générales.
Les déversements sauvages ou accidentels d'hydrocarbures, de vidange de fosses septiques,
les rejets d'eaux usées domestiques et urbaines constituent les principales sources de pollution
du bassin hydrographique de la Trouille.
Des polluants riches en ions ammonium, nitrates et phosphates sont responsables de
l'eutrophisation des eaux. Ce phénomène a pour conséquence un accroissement excessif de la
biomasse végétale et l'appauvrissement des eaux en oxygène dissous.
I! subsiste néanmoins encore de nombreux petits ruisseaux aux eaux claires qui viennent
diluer les cours d'eau les plus pollués, favorisant ainsi leur auto - épuration. L'état de la
Trouille est l'exemple le plus représentatif de cette situation.
2.2. Qualité de l'eau.
L'examen de l'ensemble des données physico - chimiques relatives aux eaux du bassin de la
Trouille montre que les teneurs en azote et en phosphore sont élevées.
Les analyses faites en 1988 et 1992 indique des teneurs en azote ammoniacal toujours
supérieures à 0,5 mg /1. ; ce qui indique une pollution organique non négligeable.
Quant aux teneurs en azote nitrique, elles sont comprises entre 19 et 26 mg / 1. ;
l'eutrophisation des eaux est évidente.
On peut estimer avec HOUX qu'un excès d'azote de 2,5 kg / ha / an est apporté au bassin
hydrographique de la Trouille (soit une augmentation de 10 % chaque année de la charge en
azote total). Ce constat se traduit par une eutrophisation des eaux de surface et par une
augmentation très sensible de la teneur en nitrates de l'aquifère des craies.
Actuellement, la faculté de récupération de la Trouille est en constante diminution depuis plus
de 5 ans, la diversité des macro - invertébrés aquatiques est en régression et on constate la
dégradation des diverses biocénoses.
L'un des problèmes, ce sont les sources de la Trouille, taries par des captages d'eau. Cela fait
que dans sa partie amont, ce cours d'eau n'est qu'un égout. Ainsi, il faut attendre quelques
kilomètres pour que les premiers affluents apportent de l'eau.
Mais, globalement, le bassin a gardé son pouvoir d'auto - régulation.
Cette situation, sans être catastrophique, reste préoccupante. Toutefois, l'approbation récente
des plans communaux d'égouttage (Mons, Frameries, Estinnes et Erquelinnes), la construction
et la mise en service des stations d'épuration de Frameries et Spiennes et la mise en place d'un
contrat de rivière, contribueront largement à la qualité des eaux de la Trouille et de ces
affluents.
Ainsi, la qualité de l'eau ne pourra que s'améliorer à condition de lutter contre toutes les
sources de pollution ; ceci sur tout le bassin versant de la Trouille.
3. Le problème majeur : l'érosion des sols. 3.1. Le mécanisme de l'érosion.
L'érosion du sol provoque le déplacement de particules d'un endroit à un autre. Dans la
plupart
des cas, l'érosion des terres agricoles est causée par l'eau, le vent ou le travail du sol.
En règle générale, les terres mal gérées et mal protégées sont les plus vulnérables à l'érosion.
Ainsi, les sols érodés peuvent accroître la turbidité de l'eau, endommager la végétation,
recouvrir les frayères des poissons ou porter atteinte aux habitats des oiseaux et de la faune
aquatique.
Les facteurs qui influencent l'ampleur de l'érosion hydrique sont :
- La longueur et la raideur de la pente.
- La texture du sol (sol limoneux, sable fin... ).
- Le tunage : c'est une technique qui consiste à utiliser des pieux derrière lesquels sont
placés horizontalement des troncs et/ou des rondins, complétés par des branches de
saule.
Des exemples de techniques végétales sont présentés dans l'annexe 8.
2.2. Choix des essences.
D'une manière générale, les différents types de végétation vont jouer un rôle essentiel en
réduisant l'érosion et donc en diminuant la quantité de sédiments entraînés dans l'eau. On peut
distinguer trois grands types de plantations : les berges plantées d'arbres, les berges à
roselières
et les berges enherbées.
Les essences ligneuses les plus indiquées pour les berges et les rives des cours d'eau sont les
suivantes : l'Aulne glutineux {Alnus glutinosa), le Bouleau verruqueux {Betula pendula), le
Cerisier à grappes (Prunus padus), le Cornouiller sanguin (Cornus sanguined), le Coudrier ou
Noisetier (Corylus avellana), l'Erable sycomore (Acer pseudoplatanus), le frêne (Fraxinus
exœlsior), le Prunellier (Prunus spinosa), le Saule blanc (Salix alba), le Saule fragile (Salix
fragilis), le Saule à 3 etamines (Salix triandra), le Saule des vanniers (Salix viminalis), le
Saule à oreillettes (Salix aurita), le Saule pourpre (Salix purpurea), le Sorbier des oiseleurs
(Sorbus aucupana), le Sureau noir (Sambucus nigra) et le Viorne obier (Vibumum opulus).
Pour les berges à roselières, les espèces les plus aptes sont le Phragmite (Phragmites
australis), la Baldingère (Phalaris arundinacea), la Massette à larges feuilles (Typha
lafifblia), le Rubanier rameux (Sparganium erectum), l'Iris jaune (Iris pseudacorus), le Jonc
des chaisiers (Scirpus lacus(ris), la Laiche des marais (Carex acutiformis) et la Glycérie
aquatique (Glyceria
maxund).
Quant aux espèces herbacées, le choix se portera sur des espèces à croissance faible afin de
réduire les travaux d'entretien. Les espèces recommandées sont : la Fétuque capillaire
(Festuca filiformis), la Fétuque ovine (Festuca ovina), l'Agrostis commun (Agrostis
capillaris), la Fétuque rouge (Festuca rubra), le Pâturin des prés (Poa pratensis) et le Ray-
grass commun (Lolium perenne).
=> Remarque : alors qu'il ne présentait aucun problème phytosanitaire majeur jusqu'au début
des années 90, l'Aulne est aujourd'hui victime d'un dépérissement important dans toute la
Wallonie.
Découverte en 1993, la maladie appelée "Phytophthora Alni" est un champignon qui est
associé aux milieux humides. Dans les zones indemnes, il est conseillé d'éviter l'aulne dans
tout ce qui est aménagement des berges. Dans les zones malades, il faut favoriser le recépage
et
évacuer les arbres abattus.
Des précisions sur cette maladie en pleine évolution sont présentées en annexe 9.
3. Avantages et inconvénients des techniques végétales.
La stabilisation des berges par des techniques végétales contribue doublement à l'amélioration
de la qualité écologique du milieu aquatique et à la conservation de la structure des berges.
Les techniques végétales apportent les avantages suivants : elles piègent les nutriments,
réduisent l'érosion latérale et l'apport de sédiments, constituent un écran contre le
réchauffement des eaux, régulent le cycle hydrologique et filtrent la pollution.
Toutefois, ces techniques nécessitent la présence d'une main d'œuvre spécialisée et le maintien
de soins constants ; notamment en terme d'entretien. En effet, ce type d'aménagements a
besoin d'être surveiller constamment afin d'éviter qu'une légère dégradation n'endommage
l'ensemble de la structure.
Ainsi, l'application de ces techniques demande la réalisation d'un cahier des charges
spécifiques et la formation du personnel serait indispensable.