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endant les dix dernières années, la lie, Californie, Floride, Israël, Jordanie, etc.) Espagne en 2004 (Esteban, 2006), les villes
L’expérience a montré que l’investissement en Espagne durant les trois dernières sion de la réutilisation des eaux usées est
correspondant à la création d’un réseau spé- années. La seule ville de Madrid, qui actuel- d’ores et déjà à l’étude.
cifique destiné à l’arrosage des espaces lement fournit de l’eau recyclée pour 4 golfs
À l’heure actuelle en France, l’opinion
verts, argument longtemps avancé pour dis- (un en cours de construction), a lancé des publique et les élus locaux soutiennent vive-
suader de ce genre d’entreprise, n’est pas études et des appels d’offres pour 9 nou- ment la réutilisation des eaux usées. La
demande principale concerne les usages
nécessairement un obstacle. Les collectivi- veaux projets (Martinèz-Herrero, 2007). urbains et périurbains, et plus précisément
tés envisagent la réutilisation comme un Même si ces données sont partielles, elles l’arrosage des espaces verts. Toutefois, à tra-
vers quelques exemples récents, il apparaît
moyen de s’inscrire dans une stratégie de donnent à méditer sur l’avenir de la réutilisa- que la réglementation et la manière dont elle
développement durable et de récupérer une tion dans nos régions. est appliquée aient joué et continuent à jouer
un rôle décisif dans le frein de la réutilisation
partie des coûts des traitements supplémen- Une installation française récente, mise en des eaux usées traitées dans notre pays.
taires, récemment mis en œuvre. route en 2005 sur l’île de Bora Bora, montre
comment une eau recyclée de très bonne La réglementation française
Autant en période de pénurie il est choquant qualité, autorisant tous les usages urbains de réutilisation des eaux usées
d’arroser des espaces verts avec de l’eau
potable, autant l’arrosage de ces espaces sans restriction, conduit à la réussite d’un tel L‘expérience mondiale du développement
avec des eaux usées traitées paraît légitime, type de projet. Afin de préserver les res- de la réutilisation des eaux usées montre
surtout quand l’alternative est le rejet à la
mer de ces eaux usées au traitement coû- sources en eau des nappes souterraines de que l’existence d’une réglementation spéci-
teux. l’île, menacées par les sécheresses particu- fique n’est pas le principal facteur qui déter-
Si en Espagne, les productions maraîchères lièrement importantes depuis 3 ans, et de mine l’aboutissement d’un projet ; d’autres
irriguées constituent un enjeu économique
national, tel n’est pas le cas en France. réduire la consommation en eau potable des éléments socio-économiques comme la via-
Aussi, c’est bien dans les usages urbains et hôtels et des usagers particuliers, la Com- bilité économique, l’existence de finance-
périurbains et, plus précisément dans l’arro-
sage des espaces verts, que réside l’avenir mune de Bora Bora a décidé de moderniser ments, la volonté politique et l’opinion
proche de la réutilisation dans notre pays. la station de traitement des eaux usées de publique sont tout aussi essentiels. La déci-
Povai en mettant en place un traitement ter- sion des autorités locales de faire face aux
Ces projets de réutilisation pour l’arrosage tiaire avancé d’ultrafiltration d’une capacité pénuries d’eau a été le plus souvent le fac-
des espaces verts et des espaces récréatifs de 300 m3/j (figure 6) destiné à produire de teur déclenchant principal. Par exemple,
représentent des quantités d’eau modestes l’eau recyclée de qualité supérieure à l’an- trois projets importants de recyclage des
et parviennent pourtant difficilement à se cienne eau d’arrosage (effluents secondaires eaux usées pour la production indirecte
concrétiser. Il est intéressant de comparer traités par lagunage et chloration). Grâce à d’eau potable (capacité unitaire de 7.000 à
cette situation avec, par exemple, celle de la qualité élevée de cette eau, la demande en 40.000 m3/j) ont vu le jour pendant les cinq
l’Espagne où cette application de la réutilisa- eau recyclée a été multipliée par 5 avec une dernières années en Angleterre et en Bel-
tion se développe à un rythme extrêmement extension importante du réseau de distribu- gique en l’absence totale d’un cadre normatif
soutenu. En 1998, à côté des 206 millions de tion et une diversification des usages. Les spécifique.
m3 par an consacrés à des irrigations agri- gros consommateurs d’eau recyclée sont Néanmoins, dans certains pays dont la
coles, les volumes d’eaux réutilisés pour l’ar- essentiellement les hôtels de luxe de 4 et 5 France fait partie, le cadre normatif est un
rosage d’espaces récréatifs et de terrains de étoiles de l’île, mais également l’arrosage des élément essentiel au développement et à
golf étaient évalués à 15 millions de m3 par espaces verts communaux, le nettoyage l'acceptation sociale de la réutilisation de
an et ceux correspondant à des usages industriel, le lavage de bateaux et d’engins l'eau. Les décideurs ont besoin d’une régle-
municipaux à 5 millions de m3 par an. En de chantier, la protection incendie et les mentation claire et fiable pour approuver
2001, les chiffres correspondants étaient, chantiers (essais d’étanchéité des bétons). des projets de réutilisation.
respectivement, de 285, 21 et 24 millions de Les parties prenantes ont témoigné leur Toutefois, des normes mal conçues ou inuti-
m3 par an. La part des usages municipaux, satisfaction en reconnaissant les nombreux lement restrictives peuvent freiner plus effi-
des arrosages d’espaces récréatifs, y com- bénéfices économiques, sociaux et poli- cacement les projets de réutilisation que
pris les terrains de golf, a augmenté de 160 % tiques de ce projet. Par ailleurs, une exten- l’absence totale de réglementation. Ce fut,
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Tableau 2 : Synthèse des recommandations du CSHPF (1991)
Œufs Coliformes
d'helminthes thermotolérants
(ténia, ascaris)
par exemple, le cas de l’Italie qui avait institution et parce que l’élaboration de ces tion n’ait pas été suivie d’effet. Les recom-
adopté des normes très sévères en 1977, ins- recommandations reposait sur d’importants mandations du CSHPF sont, pour l’heure, la
pirées par une vision simpliste des normes travaux d’experts bénéficiant d’une large seule référence officielle utilisable dans l’ins-
californiennes, sans prendre en compte la reconnaissance internationale. truction des demandes d’autorisation des
spécificité des différents usages et en dehors Toutefois, le texte qui sera élaboré, les projets de réutilisation.
de toute considération de faisabilité écono- Recommandations sanitaires concernant Les conséquences pratiques des recomman-
mique. Ces normes ont empêché la mise en l’utilisation des eaux résiduaires urbaines dations du CSHPF sont exposées dans un
place de plusieurs projets d’irrigation agri- pour l’irrigation des cultures et des espaces document du FNDAE (Faby et Brissaud,
cole et ont amené la Sicile à adopter une verts (CSHPF, 1991) marque quelques dis- 1998). Les conditions de distance et la res-
réglementation locale proche des recom- tances vis-à-vis des recommandations de triction de l’arrosage aux heures hors fré-
mandations de l’OMS. La révision de la l’OMS. Deux thèmes caractérisent cette dis- quentation du public limitent très sérieuse-
réglementation italienne en 2003 a conduit à tance; le premier est le risque lié à la propa- ment la possibilité de réutiliser les eaux
des dispositions un peu plus réalistes, en gation des aérosols résultant de l’arrosage usées pour l’arrosage des espaces verts
permettant la mise en route du plus grand par aspersion (tableau 2). Cette attention ouverts au public, même si l’eau réutilisée a
projet de réutilisation en Europe à Milan. particulière doit beaucoup aux travaux diri- la plus haute qualité microbiologique dans le
gés par Pierre Boutin sur l’île de Ré (Torre et classement proposé par les recommanda-
Le Circulaire du Conseil Supérieur de Boutin, 1989). Bien que ceux-ci, trop tôt tions de l’OMS (moins de 1 œuf d’helminthe
l’Hygiène Publique de France de 1991 interrompus, n’aient pas débouché sur des intestinal par litre et moins de 1.000 coli-
La première tentative de réglementation de résultats de nature à servir de support à des formes thermotolérants par 100 mL). Les
la réutilisation à des fins d’arrosage et d’irri- dispositions réglementaires, les recomman- espaces verts sont en effet souvent proches
gation date de la fin des années 80. La dations du CSHPF ont introduit une limite de des habitations et constitués en grande par-
France était alors parmi les tout premiers distance de 100 m entre les arrosages, d’une tie de pelouses arrosées presque exclusive-
pays européens à vouloir se doter d’une part, et les habitations, les zones de sport et ment par aspersion. De plus, ils ne sont
réglementation de la réutilisation. L’idée de loisirs d'autre part (CSHPF, 1991). Ces généralement pas clôturés et leur accès n’est
était de mettre sur pieds un cadre qui aide limites sont assorties d’exigences complé- pas nécessairement réglementé.
les collectivités territoriales à développer la mentaires (rideaux d’arbres, asperseurs de
réutilisation sans risque pour la santé courte portée, etc.). Le deuxième thème est Avec les recommandations du CSHPF, il est
publique et l’environnement et dans des relatif aux risques liés à la présence de difficilement envisageable, sinon impossible,
d’arroser les pelouses des parcs urbains non
conditions réglementaires et juridiques bien métaux lourds dans les effluents des stations fermés, des avenues ou des voies de circula-
définies. Cette élaboration fut confiée au d’épuration. Le critère correspondant est la tion avec des eaux usées traitées, quel que
soit leur niveau de traitement. Cette remar-
Conseil Supérieur de l’Hygiène Publique de conformité des boues de la station d’épura- que vaut aussi pour les terrains de golf au-
France. tion dont émanent les eaux usées traitées. La tour desquels des lotissements ont souvent
Le parti fut alors pris de s’inspirer très large- publication de ces recommandations était été installés. Cela explique pourquoi la réuti-
lisation peine à se développer en France.
ment des recommandations que l’Organisa- assortie d’une période expérimentale – ou
tion Mondiale de la Santé venait de publier probatoire - de 5 ans, pendant laquelle des Le nouveau projet de recommandations
(OMS, 1989). Cette démarche paraissait aller opérations de suivi auraient dû être mises en du CSHPF de 2000
de soi, à cause de l’autorité reconnue à cette œuvre. On peut regretter que cette disposi- Le CSHPF s’est à nouveau penché sur la
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réglementation de la réutilisation entre 1999 pour les niveaux de qualité inférieurs, l’environnement des stations d’épuration,
et 2000. Il en est résulté un projet d’arrêté • la modulation des règles de distance en soit dans le voisinage d’irrigations avec des
fixant du point de vue sanitaire les prescrip- fonction des milieux concernés et des eaux usées plus ou moins traitées.
tions techniques, les modalités de mise en niveaux de qualité de l’eau d’arrosage. La Dans la très grande majorité des cas, ces
œuvre et de surveillance applicables à l’utili- distance par rapport aux habitations et voies études n’ont pas apporté la preuve d’une
sation d’eaux usées issues du traitement de circulation est ramenée de 100 à 50 incidence détectable des aérosols sur la
d’épuration des eaux résiduaires des collec- mètres pour le plus haut niveau de qualité, santé des personnels ou des habitants du
tivités territoriales pour l’arrosage ou l’irri- ce qui, dans la pratique, ne change pas voisinage (OMS, 2006). Il est particulière-
gation de cultures ou d’espaces verts grand-chose aux possibilités d’arroser des ment intéressant de noter que si Camann et
(tableau 3). Depuis la fin 2006, ce projet fait espaces verts et des zones récréatives en al. (1986) ont pu montrer des liens significa-
l’objet d’un examen pour avis par l’Agence milieux urbain et périurbain. tifs entre deux épisodes infectieux et l’irriga-
Française de Sécurité Sanitaire des Aliments tion par aspersion avec des effluents d’un lit
(AFSSA). La méthode utilisée dans l’élabora- Les risques liés aux aérosols bactérien très contaminés (106 coliformes
tion de ce texte ne se différencie guère de Le résultat de ces textes à caractère régle- thermotolérants par 100 mL, 100 à 1.000
celle adoptée une dizaine d’années plus tôt. mentaire revient à une interdiction de fait de entérovirus par 100 mL), aucun impact de
Il s’agit toujours, globalement, d’une adapta- l’usage des eaux usées traitées pour l’appli- l’aspersion n’a pu être montré quand l’irriga-
tion à la fois empirique et relativement cation la plus demandée par les collectivités. tion utilisait des effluents de qualité
conservative des recommandations de Pourquoi en est-on arrivé là? On peut tenter moyenne issus d’un réservoir de stockage
l’OMS (OMS, 1989). de discerner quelques-unes des raisons qui ayant des concentrations en coliformes ther-
Les modifications les plus notables sont: semblent avoir pesé dans les orientations motolérants et en entérovirus égales respec-
• l’exigence d’un traitement minimum des proposées. La première consiste à admettre tivement à 10 3-10 4 UFC/100 mL et < 10
eaux usées équivalent à un traitement que les critères définissant le niveau de qua- UFP/100 mL.
secondaire conforme à la Directive 91/271 lité le plus élevé (soit dans le projet d’arrêté
EEC (European Union 1991), ≤ 1.000 E.coli/100 mL et absence de salmo- On ne trouve pas d’étude épidémiologique
• l’introduction d’un quatrième niveau de nelle et d’œuf de tænia dans un litre) ne suf- mettant en évidence un effet de l’aspersion
sur la santé publique avec des eaux usées
qualité d’eau, le plus élevé, associé à un cri- fisent pas à garantir l’absence de risque lié à traitées de catégorie A telle que définie par
tère bactériologique complémentaire – l’absorption des aérosols émis par l’asper- CSHPF (1991) et OMS (1989).
absence de salmonelles dans un litre, censée sion.
garantir l’absence de microorganismes L’attention toute particulière portée à ce Par ailleurs, fort peu de travaux ont été réali-
pathogènes – et à un critère parasitologique risque a un support scientifique limité. Les sés sur la propagation des pathogènes, voire
précisé – absence d'œuf de ténia dans 1 litre quelques études épidémiologiques relatives des indicateurs de contamination fécale par
au lieu d’absence d’œuf d’helminthe intesti- à l’impact des aérosols ont été effectuées, les aérosols. En 1998, Devaux a tenté de
nal, pour la plupart, aux États-Unis ou en Israël il détecter sur le périmètre d’irrigation de Cler-
• la suppression du critère parasitologique y a plus de 20 ans (Devaux, 1999), soit dans mont-Ferrand, de loin le principal site de
A B C* D*
Type d’usage Cultures maraîchères Cultures maraîchères Cultures céréalières et fourragères; Forêt d’exploitation
consommées crues; consommées après cuisson; Cultures florales, pépinières et avec accès
Arbres fruitiers et pâturages Céréales et fourrages; arboriculture fruitière sans contrôlé du public
irrigués par aspersion; Cultures florales, arbustes et aspersion
Espaces verts ouverts au public pépinières avec aspersion
MES, mg/L
Si lagunage naturel 35 35 35 35
≤ 150 ≤ 150 ≤ 150 ≤ 150
DCO**, mg/L 125 ≤ 125 ≤ 125 ≤ 125
E.coli/100 mL ≤ 1.000 ≤ 1.000 ≤ 10.000 -
Salmonelles/L Absence - - -
Œufs de ténia/L Absence - - -
Autres restrictions Distance < 50 m des habitations, Distances de < 50 m à < 200 m Distances de < 100 m des lacs
voies de circulation, conchyliculture en fonction de la nature des et rivières, < 200 m des baignades,
et baignade et < 20 m des lacs activités à protéger < 300 m des lieux de conchyliculture
et rivières
*Ce niveau ne permet pas l’aspersion
**Dans le cas des lagunages, la DCO est réalisée sur effluent filtré
que de telles solutions sont inapplicables îles Baléares et dans le projet national espa- démarche scientifique dans l’élaboration des
pour beaucoup de parcours de golf et l’es- gnol, en passant par Chypre (≤ 50 réglementations, au coût de l’eau et à la cul-
sentiel des espaces verts constitués de CFU/100 mL) et le projet grec (≤ 100 ture des différents pays.
pelouses. Pour ceux-là, une modification de CFU/100 mL). La réglementation italienne Il faut noter, que le progrès technologique
la réglementation est indispensable. ajoute l’absence de salmonelles et le projet permet d’assurer un traitement tertiaire avec
La règle de distance imposée à l’aspersion espagnol exige un contrôle de la teneur en une qualité des eaux recyclées bien
d’eau de catégorie A (1.000 E.coli/100 mL) Legionella spp (≤ 100 CFU/100 mL) quand il meilleure que celle des recommandations de
n’a pas de justification épidémiologique ; y a risque de formation d’aérosols. CSHPF (1991) pour l’irrigation agricole et
aucun impact sanitaire résultant de l’asper- Pour des raisons à la fois historiques, poli- ceci pour un coût économique très compéti-
sion de cette qualité d’eau n’a jusqu’à main- tiques et économiques, les normes ont tou- tif. Par conséquent, plusieurs nouvelles
tenant été rapporté. Les recommandations jours été assez sévères aux États-Unis. Par applications deviennent possibles, y compris
de l’OMS de 1989, qui ne comportent pas exemple, les nouvelles recommandations l’arrosage des espaces verts et les autres
d’obligation de distance, n’ont pas perdu de adoptées par l’USEPA en 2004 n’introdui- usages urbains sans restriction d’accès ou
leur valeur; on notera aussi qu’il est suggéré sent pas de distinction entre accès restreint de distance, l’alimentation des canons à
dans les mêmes recommandations d’abais- ou non aux golfs et aux espaces verts; elles neige, le maintien du débit écologique des
ser la teneur maximale en E.coli à 200 proposent une désinfection totale avec des rivières, des lacs et des zones humides, la
CFU/100 mL pour l’arrosage des pelouses coliformes fécaux au-dessous de la limite de recharge des nappes et des réservoirs pour
avec lesquelles le public peut être en contact détection (dans 100 mL), une turbidité infé- la production indirecte d’eau potable, etc.
direct. On pourrait joindre à cet argumen- rieure à 2 NTU, moins de 10 mg/L de DBO et Une autre nouvelle application pourrait être
taire l’expérience de l’aspersion, très large- 1 mg/L de chlore résiduel pour éviter la re- la réutilisation des effluents domestiques
ment pratiquée, avec des eaux de rivière croissance bactérienne dans les réseaux de pour les usages industriels – en parallèle au
dont les teneurs en E.coli ne sont pas, le distribution. Le même niveau de traitement recyclage interne des eaux industrielles –
plus souvent, inférieures à la valeur précé- est exigé en Floride pour les 186 parcours de pratiquée de plus en plus en Europe et dans
dente et n’ont jamais induit d’effet obser- golfs irrigués avec de l’eau recyclée. En Cali- le monde entier.
vable sur la santé publique. fornie, l’irrigation des espaces verts, y com-
Une autre manière de prendre le problème pris d’environ 200 golfs, nécessite une désin- Le rôle de l’innovation
consiste à se référer à l’état de l’art interna- fection pour atteindre un niveau de traite- technologique
tional (tableau 4) sous la forme des règles et ment plus au moins sévère en fonction de L’expérience mondiale de la réutilisation des
des normes mises en œuvre dans les pays l’accès du public: ≤ 23 coliformes totaux par eaux usées indique qu’en parallèle aux cri-
qui pratiquent la réutilisation des eaux usées 100 mL pour l’accès restreint (irrigation la tères de qualité microbiologique, un nombre
pour l’arrosage des golfs et des espaces nuit par exemple) ou ≤ 2,2 coliformes totaux croissant de réglementations introduit des
verts depuis de longues années (Crook et par 100 mL en absence de restrictions. exigences technologiques et de contrôle
Lazarova, 2005). Dans le bassin méditerra- Au total, ces exemples montrent que l’impo- pour fiabiliser les filières de traitement et
néen, toutes les réglementations ou recom- sition d’une limite de distance n’est pas auto- mieux assurer la protection de la santé
mandations ne font pas intervenir de règle matiquement liée à l’aspersion, bien au publique (Crook et Lazarova, 2005). Ainsi, la
de distance et s’appuient sur des concentra- contraire, à condition de respecter un cri- réglementation californienne exige, pour le
tions limites en E.coli, depuis ≤ 10 tère de qualité microbiologique qui varie, même seuil microbiologique de < 2,2 coli-
CFU/100 mL (mais ≤ 100 CFU/100 mL s’il d’un pays à l’autre, dans une très large formes totaux par 100 mL, différentes
s’agit d’effluents de lagunage) en Italie jus- gamme. Cette disparité tient à la rareté des filières de traitement tertiaire selon les
qu’à ≤ 200 CFU/100 mL en Andalousie, aux études épidémiologiques, à l’absence de risques sanitaires estimés ; cela va d’un
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En parallèle au traitement secon-
daire, de nouvelles filières de traite-
ment physico-chimique avancé ont
vu le jour ; elles mettent en œuvre
une combinaison de coagulation,
floculation et clarification avec les
procédés innovants français Densa-
deg® (Degrémont) et Actiflo® (Veolia
Eau).
Un autre procédé innovant est le
bioréacteur à membrane (BRM) qui
combine le traitement secondaire
par boues activées avec la filtration
par membranes MF ou UF qui rem-
place la clarification et permet une
désinfection quasi totale. Plusieurs
installations sont d’ores et déjà en
fonctionnement en France ; elles
Figure 7: Principales étapes et filières de traitement des eaux résiduaires urbaines en vue d’une réutilisation. mettent en œuvre différents types
de membranes organiques immer-
simple traitement secondaire suivi de désin- en plus fréquente dans les filières de traite- gées planes ou en forme de fibres creuses.
fection pour l’irrigation des cultures agri- ment tertiaire plus récentes des membranes
coles consommées crues et l’alimentation de microfiltration (MF) ou d’ultrafiltration Toutes ces innovations technologiques, au
des plans d’eau d’agrément jusqu’à un traite- (UF) travaillant sous faible pression (mem- développement desquelles les chercheurs et
les industriels français ont largement contri-
ment tertiaire assez complet par coagula- branes organiques immergées ou à circula- bué, ont permis de fiabiliser le traitement ter-
tion, clarification, filtration et désinfection tion externe). Les membranes à circulation tiaire et de produire une eau épurée d’excel-
lente qualité (turbidité < 2 NTU pour les pro-
pour l’alimentation de plans d’eau utilisés externe nécessitent souvent un pré-traite- cédés conventionnels et < 0,1 NTU pour les
pour la baignade. ment par filtration sur sable pour mieux membranes) et très bien désinfectée. Ainsi,
l’eau recyclée devient, dans les régions éprou-
Le traitement biologique devient obligatoire contrôler le colmatage et pour optimiser les vant des déficits hydriques, une ressource
avant tout type de réutilisation dans la majo- dépenses énergétiques. alternative incontournable dont la qualité peut
être adaptée à chaque usage particulier.
rité des réglementations récentes, y compris Dans certains cas (usages industriels, pro-
le nouveau projet d’arrêté du CSHPF (2000). duction indirecte d’eau potable où l’irriga- Comparés au coût global du traitement des
Le traitement tertiaire le plus simple, tion des cultures sensibles aux sels), une eaux résiduaires urbaines, les investisse-
comme illustré par la figure 7, est effectué étape supplémentaire de dessalement d’une ments supplémentaires pour le traitement
par l’un des moyens suivants: désinfection partie de l’effluent s’avère nécessaire par tertiaire dépassent rarement de plus de 30 %
des effluents secondaires par lagunage osmose inverse ou électrodialyse. le coût du traitement secondaire (Lazarova
(lagunes de maturation), la chloration, la
désinfection UV ou l’ozonation (Lazarova et
Bahri, 2005). En Europe, la chloration des
eaux usées n’est pas tolérée à cause de la
formation de sous-produits toxiques. Si les
exigences de désinfection sont plus sévères,
la filière conventionnelle la plus répandue
est une filtration (filtration rapide sur sable,
filtres multicouches, filtres à sable à lavage
continu) suivie d’une désinfection UV. Des
centaines de projets avec ce traitement ter-
tiaire ont vu le jour en Europe pour toutes
tailles d’installations (jusqu’à 9 m3/s à Milan,
par exemple). Enfin, la désinfection
« totale » exige une élimination très efficace
Degrémont
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