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Raymond Janin

Les processions religieuses à Byzance


In: Revue des études byzantines, tome 24, 1966. pp. 69-88.

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Janin Raymond. Les processions religieuses à Byzance. In: Revue des études byzantines, tome 24, 1966. pp. 69-88.

doi : 10.3406/rebyz.1966.1361

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1966_num_24_1_1361
LES PROCESSIONS RELIGIEUSES A BYZANCE

Tout comme les anciens Grecs, les Byzantins se montraient friands


de démonstrations publiques, particulièrement des défilés et des pro
cessions. Les cortèges impériaux, qui traversaient la ville pour l'intr
onisation d'un nouveau basileus, pour célébrer un triomphe sur les
ennemis, ou encore pour aller en pèlerinage à un sanctuaire un
jour de fête importante, offraient à la foule l'occasion de spectacles
qui lui plaisaient. Même dans ce dernier cas, on ne peut pas dire qu'il
s'agissait de processions purement religieuses. Soit à l'aller, soit au
retour, soit pendant les deux trajets, le cortège officiel s'arrêtait en des
points déterminés par lp protocole, et les diverses factions acclamaient
i empereur. Sans doute, eties employaient aiors des lorrnules qui s ins
piraient de la solennité du jour, mais le plus souvent ce que Ton enten
daitétait des louanges et des souhaits de longue vie et de victoire.
Le programme était à peu près toujours le même, avec les mêmes fo
rmules pour chacune des factions et à chacune des stations. Non seul
ement les paroles ne variaient pas, mais le ton sur lequel on devait les
chanter était indiqué ne varietur. Il suffit de parcourir le Livre des
cérémonies pour se rendre compte qu'il en était bien ainsi au xe siècle.
Il ne s'agissait donc point de processions religieuses, mais de manif
estations du culte impérial que Byzance avait hérité de Rome. Disons
également que le programme des visites de la cour aux sanctuaires
ne cadrait pas nécessairement avec celui des processions ecclésiastiques
bien que ce fût le cas le plus ordinaire. C'est ainsi que le mardi de Pâques,
l'empereur et sa suite se rendaient à l'église des saints Serge et
Bacchus au quartier d'Hormisdas (1), tandis que le patriarche allait
avec la procession à l'église de la Théotocos des Blachernes, et que le
29 août, l'empereur fêtait au monastère du Prodrome de Stoudios la
Décollation de saint Jean-Baptiste dont le chef y était conservé,
tandis que la procession allait de Sainte-Sophie à l'église du saint dans
le quartier t? Sf??a???? (2).
(1) De cer., 1, 11 ; Bonn, I, 86-89.
(2) Ibid., II, 13; Bonn, I, 562-563.
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Alors que les processions religieuses se faisaient à pied, la cour se


déplaçait ordinairement à cheval. Pour certains parcours, elle utilisait
aussi la voie de mer, par exemple pour se rendre au Cosmidion (1) et
à l'église Saint-Pantéléimon de ta ?a?s?? (2), deux quartiers situés
dans la Corne d'Or; au monastère de Stoudios (3) et à celui de la
Source (4) en longeant le rivage de la Propontide au sud de la ville.
Nous donnerons ici les détails sur les processions religieuses que
fournit le* Typicon de la Grande Église (5), c'est-à-dire de Sainte-Sophie,
qui décrit la situation vers le milieu du xe siècle. La tradition semble
alors bien établie. Des églises paroissiales organisaient aussi sans doute
des processions particulières pour permettre à leurs fidèles de parti
ciper aux cérémonies en divers sanctuaires le jour de la fête patronale,
mais le souvenir ne semble pas s'en être conservé dans les textes.
Disons d'abord quelques mots de processions qui n'entrent pas dans
le cadre du Typicon et qui eurent pour origine des initiatives particul
ières.
La plus ancienne que l'on connaisse remonte à la fin du ive siècle.
Dans les derniers mois de 398, l'impératrice Eudoxie, femme d'Arcad
ius,s'entendit avec saint Jean Chrysostome, archevêque de la capi
tale, pour donner un grand éclat au transfert de reliques de saints,
dont les noms sont restés inconnus, jusqu'à l'église Saint-Thomas
à Drypia, c'est-à-dire à 9 milles (environ 13 km) de Sainte-Sophie en
suivant la Mésè, puis la voie Egnatienne. La procession partit de la
basilique vers minuit et n'arriva à destination qu'au point du jour.
Eudoxie fit tout le trajet à pied sans vouloir prendre de repos, ce dont
le saint la félicita dans une première homélie. Il en prononça une seconde
devant Arcadius, qui était venu rejoindre son épouse. 11 décrit le
cortège longeant le bord de la mer et dont les flambeaux faisaient
comme un « fleuve de feu » sur les eaux (6). Cette procession est la
plus longue dont il soit fait mention, mais elle ne semble pas avoir
créé une tradition.
D'autres processions sont signalées dont il faut également parler.
Le patriarche Timothée Ier (511-515) en institua une qui, chaque
vendredi, se rendait de l'église de la Théotocos des Blachernes à celle
des Chalcoprateia; l'empereur Maurice (582-602) en établit le pro-

(1) Ibid., II, 13; Bonn, I, 559-560.


(2) Ibid., II, 13; Bonn, 560-561.
(3) Ibid., II, 13; Bonn, I, 562-563.
(4) Ibid., I, 18; Bonn, I, 108-114.
(5) Édition J. Matéos, I et II, Rome, 1962, 1963.
6) PG, XLIII, 467-468.
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gramme (7) qui n'a pas été conservé. En 843, une ordonnance de l'im
pératrice Theodora et du patriarche Méthode établit une procession
dans la ville chaque semaine, avec l'icône de la Vierge dite ?a??a
? '??µa?a et une commémoraison annuelle en son honneur le 8 sep
tembre (8). Le nom de '??µa?a porte à croire qu'elle fut apportée
de Rome lorsque les relations furent rétablies avec le pape à la suite
du triomphe du culte des images. Cette procession dut tomber assez
rapidement en désuétude, car on n'en trouve pas trace dans les textes
postérieurs, ni de la commémoraison du 8 septembre. Au xne siècle,
Jean I Comnène fonda une procession en l'honneur de l'icône de la
Théotocos ?d???t??a (Conductrice), pour laquelle il avait une
grande dévotion. Chaque vendredi soir, une procession formée des
moines du Pantocrator, de clercs de la Théotocos ?????sa (Miséri
cordieuse) et de fidèles, allait chercher l'image au Palais où elle
était conservée. Un cortège l'accompagnait avec des bannières et des
oriflammes et au milieu de chants à travers la ville jusqu'au monastère
du Pantocrator. Là elle était déposée devant l'hérôon, chapelle funé
raire des Comnènes dédiée à saint Michel. Toute la nuit se passait
en offices religieux, qui étaient clôturés au matin par la messe solen
nelle. Après quoi, il y avait distribution de pain, de vin et même
d'argent (9). Vers 1200, le pèlerin russe Antoine de Novgorod dit
que l'icône était conduite en procession du « Palais d'Or » jusqu'aux
Blachernes (10). Aux xive et xve siècles, elle était exposée tous les
mardis dans l'église de la Théotocos Hodéghétria. On la promenait
en ville au milieu d'un grand concours de peuple. Des porteurs attitrés
la maintenaient sans peine sur leurs épaules malgré son poids, et elle
produisait des merveilles au dire des témoins (11).
Nous ne parlerons désormais que des processions signalées dans le
Typicon de la Grande Église, à l'occasion de certaines fêtes. Une
soixantaine sont décrites plus au moins longuement, dont une douzaine
avec la participation certaine du patriarche. Presque toutes partaient
de Sainte-Sophie, suivant un cérémonial uniforme. A la fin de Vorthros,
le patriarche, quittant ses appartements situés au sud-ouest de la
basilique, gagnait le chur de celle-ci par les tribunes méridionales

(7) Théodore le lecteur, PG, LXXXVI, 200 AB; Théophane, I, 265-266.


(8) V. Grumel, Regestes des actes des patriarches, n° 424; fasc. 2, 50-51.
(9) A. Dmitriewskij, Typika, I, Kiev, 1895, 677-679.
(10) B. de Khitrowo, Itinéraires russes en Orient, Genève, 1889, 99.
(11) Ibid., 119-120, 229; A. Vasiliev, Pero Tafur, dans Byzanlion, VII, (1932, 106-107)
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et descendait par un escalier en colimaçon derrière l'abside (12). Il


récitait le trisagion et les chantres entonnaient alors un tropaire de
la fête qui était répété pendant la marche et se terminait par le Doxa
Patri aux différentes stations. La première, celle du Forum de Cons
tantin était rarement omise. Elle revêtait même un éclat particulier
à certains jours. C'est ainsi que le 1er septembre, début de l'année
civile et religieuse, et le 11 mai, anniversaire de la dédicace de Constant
inople, on y chantait trois antiennes, après quoi le patriarche disait
les « prières habituelles » qui ne sont pas autrement spécifiées, puis
venaient le chant de l'évangile et la grande ecténie ou litanie dite par
le diacre; enfin les chantres reprenaient le tropaire de procession (13).
La plupart des autres jours, l'arrêt était plus court, puisqu'il n'y
avait ni antiennes, ni évangile, ni ecténie. Cette station au Forum de
Constantin, le Forum par excellence de la ville, s'expliquait naturel
lement lorsque la procession devait le traverser pour se rendre au
sanctuaire désiré, mais elle était anormale quand l'église à atteindre
se trouvait hors du parcours ordinaire, surtout s'il fallait faire un détour
pour s'y rendre. Il ne faut pas oublier que ce Forum était en quelque
sorte le centre de la ville constantinienne, dont l'inauguration s'était
faite là. Byzance restait sensible au prestige qu'il conservait. Nous
verrons par le détail la direction que la procession devait prendre
après cet arrêt. Cela nous permettra de rappeler la position exacte
de certains sanctuaires ordinairement mal localisés.
Disons aussi que plusieurs de ces processions étaient assez longues.
Non seulement on se rendait de Sainte-Sophie à la basilique des Saints-
Apôtres, située à 3 kilomètres au nord, mais on poussait jusqu'aux
Blachernes au nord-ouest, soit 4 kilomètres, à la Porte Dorée au sud-
ouest, environ 5 kilomètres, au monastère de la Source (6 km) et à
l'Hebdomon (10 km). On comprend que les patriarches, ordinairement
âgés, ne fussent pas astreints à des marches aussi longues.
Nous parlerons d'abord des fêtes fixes, les plus nombreuses, qui
constituent le « cycle des douze mois », pour décrire ensuite celui des
fêtes mobiles et nous terminerons en cherchant à élucider le problème
que pose le fait que le Livre des cérémonies parle de cérémonies aux
quelles l'empereur et sa suite participent avec le patriarche et la

(12) R. Janin, Le palais patriarcal de Byzance, REB, XX, 1962, 140-141; cf. Constant
inople byzantine, 2e éd., 1964, 177-180.
(13) Typicon, I, 6-8, 288. Nous désignons par ce mot le typicon qui fait l'objet de cette
étude; Syn. CP. représente le Synaxariurn Ecclesiae Constantinopolitanae publié par le
P. H. Delehaye dans les Acta Sanctorum; Propylaeum Novembris.
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procession qu'il dirige, alors que le Typicon, qui est de la même époque,
ne parle pas de la présence de la cour et indique à Sainte-Sophie la
célébration de fêtes que le Livre des cérémonies place ailleurs.

I. FÊTES FIXES

1er septembre. Début de l'indiction. La veille au soir, le patriarche


descend à l'église de la Théotocos des Chalcoprateia avec la procession.
Après plusieurs chants, on se rend à la Théotocos d'Urbicius, qui se
trouvait près de là, au Stratégium, qui fêtait l'anniversaire de sa
dédicace (14). Le matin, à Sainte-Sophie, après l'évangile, la proces
sion se met en marche et monte jusqu'au Forum, où a lieu une station
particulièrement importante, comme nous l'avons dit plus haut.
Ensuite, elle tourne à droite et descend à la Théotocos des Chal
coprateia, où a lieu la messe (15). L'abside de cette église est à
150 mètres seulement des portes occidentales de Sainte-Sophie (16).
8 septembre. Nativité de la Sainte A^ierge. Après Vorthros à Sainte-
Sophie le patriarche descend de ses appartements à la. 2e heure nuis
la procession se rend au Forum, où l'on chante simplement le Doxa
Patri, après quoi elle se dirige par le même chemin que le 1er septembre
pour se rendre à la Théotocos des Chalcoprateia pour la messe (17).
14 septembre. Fête de sainte Thècle, martyre. La procession va
d'abord au Forum pour la prière habituelle, puis elle continue par la
Mésè jusqu'à l'église de la sainte qui se trouve au marché de Forge, où
la messe est célébrée (18). Le marché de l'orge était sur la gauche
de la Mésè, juste au-dessus du port Sophien (19).
25 septembre. Mémoire des « terreurs » qui annonçaient la résur
rection, c'est-à-dire le tremblement de terre sous Théodose et l'enfant
ravi dans les airs, légende inventée pour justifier le sens trinitaire du
trisagion (20). La procession part de Sainte-Sophie après Vorthros,
au chant du Trisagion. Elle fait halte au Forum pour le Doxa Patri,
puis elle continue par la Mésè jusqu'à la Porte Dorée, et de là au
Campos de FHebdomon. On chante le Trisagion tout le long du

(14) R. Janin, Églises et monastères, 216.


(15) Typicon, I, 4-8; Syn. CP., I25-27.
(16) R. Janin, Eglises et monastères, 251.
(17) Typicon, I, 20; Syn. CP., 30 2"4.
(18) Typicon, I, i2;Syn. CP., 78 8"9.
(19) R. Janin, Constantinople byzantine, 2e éd. ,1964, 98.
(20) J.-H. Hanssens, Inslitutiones lilurgicae de rilibus orientalibus, III, Rome, 1932,
n° 885.
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chemin. La messe est célébrée dans l'église de saint Jean le Théolo


gien de ce faubourg (21).
26 septembre. Mort de l'apôtre saint Jean. On se rend en proces
sion de Sainte-Sophie à son église située au Diippion, où la messe est
célébrée (22). Cette église se trouvait très probablement en face de
l'entrée de l'hippodrome, à moins de 200 mètres à vol d'oiseau de
Sainte-Sophie (23).
6 octobre. Fête de saint Thomas, apôtre. De Sainte-Sophie la
procession se dirige vers l'église du saint au quartier t? ?µa?t???, où a
lieu la synaxe. Après la station ordinaire au Forum, elle tourne à
gauche et descend vers la mer et atteint Féglise qui est à Fest du port
Sophien (24).
7 octobre. Fête des saints Serge et Bacchus et mémoire du grand
tremblement de terre (du 5 octobre 525?). Pour arriver à leur église
qui est au quartier d'Hormisdas, la procession à laquelle prend part
le patriarche suit un parcours quelque peu étonnant. Elle se rend
d'abord à Féglise Sainte-Anastasie des Portiques de Domninos,
c'est-à-dire au-delà du Forum. On y chante le Trisagion, puis on revient
au Forum pour la station habituelle et de là on descend vers la mer
pour aboutir au sud du Grand Palais où est la basilique des saints.
C'est là que la messe est célébrée (25).
18 octobre. Saint Luc, évangéliste. Pour se rendre à l'église des
Saints-Apôtres où sont conservées les reliques du saint et où a lieu la
cérémonie, la procession part de Sainte-Sophie, fait la station habituelle
au Forum et continue par la Mésè pour aboutir à l'endroit occupé
aujourd'hui par la mosquée Fatih (26).
26 octobre. Mémoire du tremblement de terre (du 26 octobre 740).
La procession accompagne le patriarche au Forum pour la station
habituelle, puis à la basilique de la Théotocos des Blachernes, où a lieu
la synaxe (27). II est probable que la procession descendait à la Corne
d'Or par le Makros Embolos qui aboutissait à t? ?a?p?,????, et de là
suivait le bord de la mer pour aboutir aux Blachernes.
1er novembre. Fête des saints Corne et Damien. A l'aurore, la
procession quitte Sainte-Sophie pour se rendre à leur église située

(21) Typicon, I, 44-48; Syn. CP., 77 45"55, 79 49"54.


(22) Typicon, I, 48; Syn. CP., 82 16-17.
(23) R. Janin, Églises el monastères, 273-275.
(24) Typicon, I, 60; Syn. CP., 115 ia~51; R. Janin, Églises et monastères, 257-260.
(25) Typicon, I, 62-66; Syn. CP., 116 30-31.
(26) Typicon, I, 70; Syn. CP., 148 34-35.
(27) Typicon, I, 78-80.
R. JANIN : LES PROCESSIONS RELIGIEUSES A BYZANCE 75

au quartier t? ?a?e??? (28). Il n'y a pas de station au Forum.


D'ailleurs on n'avait pas besoin d'aller si loin ; on pouvait passer à droite
de l'hippodrome et de là descendre à la mer, le quartier t? ?a?e??? se
trouvant au nord-est du port Sophien (29).
6 novembre. Mémoire de la pluie de cendres (6 novembre 472).
Cette chute de cendres provenant d'une éruption du Vésuve fit croire
à un châtiment céleste qui fit une impression profonde à Constanti
nople, d'où la cérémonie qui la rappelait chaque année. Elle avait
lieu à l'église des Saints-Pierre-et-Paul du Triconque voisin du Capit
ule. Partie de Sainte-Sophie de bon matin, la procession s'arrêtait
au Forum pour la station habituelle (30).
8 novembre. Saint Michel archange. A l'aurore, la procession
quittait Sainte-Sophie, faisait au Forum la station ordinaire, puis
descendait directement vers le sud pour atteindre le quartier t? ?dd?
où se trouvait Féglise de l'archange (31). C'était à l'est du port Sophien
et probablement près de la mer (32).
11 novembre. Saint Menas, martyr. Une procession matinale
partait de Sainte-Sophie pour se rendre à Féglise du saint qui était
dans le voisinage de l'Acropole, à la Pointe du Sérail (33). Le patriarche
officiait.
13 novembre. Mémoire de l'exil de saint Jean Chrysostome. La
procession, conduite par le patriarche, se rendait à Féglise des Saints-
Apôtres, au nord-ouest des Constantinianae, avec la station habituelle
au Forum (34).
21 novembre, Présentation de la Vierge au Temple. C'était une
fête importante que présidait le patriarche. La procession allait de
Sainte-Sophie à la basilique de la Théotocos des Chalcoprateia, mais
le station au Forum n'est pas signalée (35).
30 novembre. Saint André, apôtre. On part en procession de
Sainte-Sophie pour se rendre à l'église des Saints-Apôtres, où sont les
reliques du saint. C'est là qu'a lieu la synaxe. La station au Forum
n'est pas signalée, ni la présence du patriarche, mais celle-ci était

(28) Ibid., I, 86; Syn. CP., 185 17~18.


(29) R. Janin, Constantinople byzantine, 2e éd., 334-335.
(30) Typicon, I, 90-92.
(31) Ibid., I, 94; Syn. CP., 204. 12
(32) R. Janin, Églises et monastères, 349-350.
(33) Typicon, I, 96-99; Syn. CP, 214 ^,
(34) Typicon, I, 98-100.
(35) Ibid., 110; Syn. CP., 244 23-24.
76 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

probable en raison de la légende qui faisait de saint André, le « Premier


appelé », l'apôtre de Byzance (36).
14 décembre. Saint Thyrse et ses compagnons martyrs. Le
patriarche conduisait la procession qui partait de Sainte-Sophie
après Vorthros pour se rendre à Féglise des saints voisine du quartier
des Hélénianae (37). Le parcours était assez long, puisque les Hélé-
nianae se trouvaient sur la Mésé, au bas de la pente méridionale de
la VIIe colline, au-dessus de Psamathia (38).
18 décembre. Dédicace de la basilique de la Théotocos aux Chal
coprateia. La procession qui se rendait à ce sanctuaire ne montait
pas jusqu'au Forum. Du Milion elle obliquait à droite et passait
probablement à l'ouest de Féglise dont l'abside n'était qu'à 150 mètres
des portes occidentales de Sainte-Sophie (39). La présence du patriarche
n'est pas indiquée, mais elle était probable, car il assistait à la vigile.
24 décembre. Office préparatoire à Noël. Avec le patriarche la
procession qui part de Sainte-Sophie après Vorthros, se rend au Forum,
où a lieu la station habituelle, puis elle revient à Sainte-Sophie pour
la messe (40).
28 décembre. Synaxe de la Théotocos. Elle a lieu à la basilique des
Blachernes. La procession quitte Sainte-Sophie de bonne heure,
s'arrête au Forum pour la station ordinaire et arrive enfin aux Bla
chernes (41). L'itinéraire suivi doit être celui que nous avons indiqué
au 26 octobre. La présence du patriarche n'est pas signalée.
Dimanche après Noël. Mémoire de saint Joseph, de saint Jacques
le « Frère du Seigneur », et du roi David. La procession allait direct
ementà Féglise ou chapelle de saint Jacques située dans l'enceinte de la
Théotocos des Chalcoprateia. C'est là qu'avait lieu la synaxe (42).
27 décembre. Saint Etienne, protomartyr. La procession quitte
sainte-Sophie à l'heure habituelle pour se rendre à Féglise du saint qui
est voisine des Constantinian. En route on a fait halte au Forum
pour la station habituelle (43).
9 janvier. Saint Polyeucte, martyr. La procession part de bonne
heure de Sainte-Sophie pour aller à l'église du saint voisine des

(36) Typicon, I, 116-118; Syn. CP., 266 14"16.


(37) Typicon, I, 130; Syn. CF., 307 14"15.
(38) R. Janin, Constantinople byzantine, 2e éd., 355-356.
(39) Typicon, I, 136-138; Syn. CP., 324 26"28.
(40) Typicon, I, 144-146.
(41) Ibid., I, 158.
(42) Ibid., I, 160.
(43) Ibid; I, 162.
R. JANIN : LES PROCESSIONS RELIGIEUSES A BYZANCE 77

Saints-Apôtres où l'on célèbre la synaxe. Elle n'oublie pas la station tra


ditionnelle au Forum (44). L'église Saint-Polycarpe a laissé des ruines
découvertes en 1960 (45).
16 janvier. Mémoire du saint apôtre Pierre et de sa chaîne. Elle
a lieu dans la petite église du saint située à l'intérieur de Sainte-Sophie;
sa chaîne y est conservée. La procession sort de Sainte-Sophie à la
2e heure et s'y rend pour la messe (46). Cette église ou chapelle Saint-
Pierre était près du Skevophylakion, probablement au nord-est de
l'autel de la basilique (47).
22 janvier. Saint Timothée, évêque d'Éphèse. A l'aurore, la
procession quitte Sainte-Sophie pour se rendre à l'église des Saints-
Apôtres où sont conservées ses reliques. C'est là qu'a lieu la synaxe.
En route on n'a pas oublié la station au Forum (48).
25 janvier. Saint Grégoire le Théologien (= de Nazianze). La
procession part encore de bonne heure de Sainte-Sophie et va à l'église
des Saints-Apôtres où sont ses reliques, pour y faire la synaxe. La
station habituelle a été faite au Forum (49).
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Vorthros à Sainte-Sophie, la procession se rend au Forum, où elle fait
une halte plus longue que d'habitude. Après le Doxa Patri, le diacre
dit la grande ecténie, puis on reprend le tropaire de la procession qui
se termine par le Doxa Patri à FExakionion. On aboutit finalement à
Féglise de la Théotocos voisine des Hélénianae, où la messe est célé
brée (50).
27 janvier. Transfert des reliques de saint Jean Chrysotome aux
Saints-Apôtres. De Sainte-Sophie, la procession se rend directement
à Féglise Saint-Thomas t?? '?µa?t???, où ses reliques, apportées
d'Arménie, avaient été déposées en janvier 438 avant d'être transférées
aux Saints-Apôtres le 27 du même mois. La procession se rend ensuite
à cette église où a lieu la synaxe (52). Aucune station n'est indiquée
au Forum. Il est probable que l'on descendait directement de Sainte-
Sophie vers la mer en passant à droite de l'hippodrome pour aboutir
à t? ?µa?t??? qui se trouvait à Fest du port Sophien. De là, au lieu

(44) Ibid., I, 192; Syn. CP., 379 24"25.


(45) BEB, XXI, 1963, 260-261.
(46) Typicon, I, 198; Syn. CP., 395 38"40.
(47) R. Janin, Églises el monastères, 412.
(48) Typicon, I, 206; Syn. CP., 412 32-33.
(49) Typicon, I, 210; Syn. CP., 422 46"47.
(50) Typicon, I, 212; Syn. CP., 424 65-5«.
(51) NICÉPHORE CALLISTE, E.H., XIV, 13; PG, CXLVI, 1209 A.
(52) Typicon, I, 212-214; Syn. CP., 425 23-30.
78 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

de remonter pour prendre la Mésè, on pouvait se diriger vers l'ouest


en longeant le bord de mer et arriver probablement au Capitole où
l'on rejoignait la Mésè.
2 février. Rencontre (= Purification). A la vigile, le patriarche
prend part à l'office du soir dans la basilique de la Théotocos des
Chalcoprateia. Au matin, après Vorthros, la procession part de Sainte-
Sophie sous la direction du patriarche et se rend à la basilique des
Blachernes; on ne s'arrête en route que pour la station du Forum.
Aux Blachernes, la procession rejoint le cortège impérial venu pour la
fête, dont le patriarche célèbre la messe (53).
6 février. Saint Photius, patriarche de Constantinople. La pro
cession quitte Sainte-Sophie de bonne heure, fait halte au Forum pour
les « prières habituelles » et se rend à Féglise Saint-Jean-Baptiste
?? t??? '??eµ?a?, qui se trouve dans la vallée du Lycus. C'est là
que Photius avait été enseveli. C'est pourquoi on y célébrait la
synaxe (54).
24 février. Invention du chef de saint Jean-Baptiste dans son
église du quartier t? Sf??a????. La procession s'y rend de Sainte-
Sophie pour prendre part à la synaxe (55). La station au Forum n'est
pas signalée, sans doute parce que Féglise se trouvait avant d'y
arriver.
9 mars. Les Quarante Martyrs de Sébaste. La synaxe a lieu dans
leur église située près du Chalkoun Tétrapylon, au nord-ouest du forum
Tauri. Elle est précédée d'une vigile et le patriarche officie (56).
Cependant aucune procession n'est signalée, bien qu'elle fût possible.
16 mars. Mémoire du tremblement de terre sous Fempereur
Constantin (VI). Les fidèles se rassemblent à Sainte-Sophie, d'où ils
partent en procession pour le Forum. La station est marquée par des
hymnes et des prières en relation avec l'événement. On revient ensuite
à Sainte-Sophie pour la messe (57).
24 mars. Vigile de l'Annonciation. Le soir, la procession vient
de Sainte-Sophie à la Théotocos des Chalcoprateia pour prendre part
aux offices (vêpres et messe des présanctifiées) (58).
25 mars. Annonciation. Après Vorthros à Sainte-Sophie, on se
rend en procession au Forum, où le diacre chante la longue ecténie

(53) Typicon, I, 220-224; Syn. CP., 440 6"8.


(54) Typicon, I, 228; Syn. CP., 440 2°-23.
(55) Typicon, I, 238; Syn. CP., 487 8-10.
(56) Typicon, I, 244-246; Syn. CP., 524 8-10.
(57) Typicon, I, 248-250.
.(58) Ibid., I, 252.
R. JANIN : LES PROCESSIONS RELIGIEUSES A BYZANCE 79

en plus des « prières habituelles », puis on descend pour la messe à


la Théotocos des Chalcoprateia. Le chemin que l'on suit doit être
le même que nous avons indiqué pour le 1er septembre. Le patriarche
prend part à la procession et officie (59).
Lorsque la fête de l'Annonciation tombe le troisième dimanche de
Carême, la procession se rend au Forum où elle rejoint l'empereur
et son cortège. Après les prières, tous descendent à l'église des Chalco
prateia (60). Si c'est le dimanche des Rameaux, la procession a lieu
au Forum avec la grande ecténie. Il en est de même le Jeudi, le Ven
dredi et le Samedi saints (61). Par contre si la fête tombe le jour de
Pâques, il n'y a pas de procession au Forum et l'on se rend direct
ementà la Théotocos des Chalcoprateia (62). Le lundi de Pâques, la
procession fait d'abord une station au Forum, puis au début du quart
ier de la Diaconesse, on chante un tropaire, avec l'épitre, l'alléluia
et l'évangile de l'Annonciation, suivi de la grande ecténie. La proces
sion continue jusqu'aux Saints-Apôtres où a lieu la messe (63).
25 avril. — Saint Georges, martyr. De Sainte-Sophie la procession
se rend à F église du saint située dans le Deuteron, où la messe est
célébrée. Elle n'omet pas la station au Forum (64). Bien que le Deute
ron fût vaste, il est probable que l'église se trouvait dans la partie
supérieure de la vallée du Lycus, au témoignage d'un pèlerin russe,
mais le site n'a pu être précisé (65).
8 mai. — Saint Jean le Théologien (= Évangéliste). Comme la
fête se célèbre à l'église de l'apôtre située dans le faubourg de FHebdo-
mon, à 7 milles à l'ouest de Sainte-Sophie, la procession quitte celle-ci
à la dixième heure de la nuit. Elle s'arrête au Forum pour la station
habituelle, puis, par la Mésè et la Voie Égnatienne, elle arrive enfin
au sanctuaire où la messe est célébrée (66).
11 mai. — Anniversaire de la fondation de Constantinople. Vers la
première heure du matin, le patriarche descend de ses appartements
à Sainte-Sophie et la procession se rend au Forum, où a lieu une
cérémonie spéciale. On chante d'abord trois antiennes, puis le
patriarche dit les « prières habituelles », après quoi il y a un psaume

(59) Ibid., I, 254-258.


(60) De cer., I, 30; Bonn, I, 165.
(61) Typicon, I, 256.
(62) Ibid., I, 256.
(63) Ibid., I, 258.
(64) Ibid., I, 270.
(65) R. Janin, Églises et monastères, 74.
(66) Typicon, I, 282-284; Syn. CP., 664 s°-34.
öü REVUE DES ETUDES BYZANTINES

suivi d'une lecture et de l'évangile; enfin le diacre dit la grande ecténie.


On revient ensuite à Sainte-Sophie pour la messe (67).
21 mai. — Saints Constantin et Hélène. La synaxe a lieu à l'église
Saint-Constantin voisine de la citerne de Bonus, probablement au
nord-ouest des Saints-Apôtres. La procession qui s'y rend comprend,
d'après le Typicon, « le patriarche, l'empereur, le sénat et la foule des
fidèles ». La station au Forum n'est pas indiquée (68). D'après le Livre
des cérémonies, la cour ne se rend pas à la fête avec la procession; elle
va à cheval aux Saints-Apôtres (69).
27 mai. — Saint Etienne Ier, patriarche de Constantinople (886-
893). La synaxe a lieu à l'église Saint-Georges le Sycéote, où se trouve
les reliques du patriarche, c'est-à-dire au nord de la ville, près de la
Porte de Charisios, en sorte qu'il faut traverser tout Constantinople
pour y arriver. La procession part de Sainte-Sophie à l'aurore et ne
s'arrête qu'au Forum pour la station habituelle (70).
2 juin. — Saint Nicéphore Ier, patriarche de Constantinople (806-
815). Ses reliques étant conservées dans l'église des Saints-Apôtres,
c'est là qu'a lieu la synaxe. La procession part de Sainte-Sophie à
l'aurore, s'arrête au Forum pour la station ordinaire et se rend aux
Saints-Apôtres pour la messe (71).
4 juin. — Saint Métrophane, archevêque de Constantinople (306/7-
314). La procession, partie de Sainte-Sophie, s'arrête au Forum pour
la station habituelle, puis elle tourne à gauche pour descendre à la
chapelle du saint qui est voisine de l'église Saint-Acace à l'Heptasca-
lon, où la messe est chantée (72). C'est à peu près à remplacement
du patriarcat arménien grégorien (73).
5 juin. — Mémoire de l'attaque des Avars (5 juin 617). La synaxe
ayant lieu à PHebdomon, la procession a un long parcours à faire pour
s'y rendre. Elle quitte Sainte-Sophie après Vorthros et s'arrête au Forum
où les prières s'allongent de la longue ecténie du diacre. 11 en est de
même à la Porte Dorée et au Tribunal à l'entrée de l'Hebdomon.
Enfin on arrive à l'église Saint-Jean-Baptiste où a lieu la synaxe (74).
14 juin. — Saint Méthode, patriarche de Constantinople (843-847).

(67) Typicon, I, 288.


(68) Ibid., I, 296; Syn. CF., 700 31"37.
(69) De cer., II, 6; Bonn, I, 375-376; FG., CXII, 997-1001.
(70) Typicon, I, 300; Syn. CF., 712 45-55.
(71) Typicon, I, 302; Syn. CF., 726 4'7.
(72) Typicon, I, 304; Syn. CF., 730 ^K
(73) R. Janin, Églises ei monasleres, 18-19.
(74) Typicon, I, 306-308.
R. JANIN : LES PROCESSIONS RELIGIEUSES A BYZANCE 81

A l'aurore, la procession part de Sainte-Sophie pour aller célébrer


la synaxe du saint dans sa chapelle, à l'intérieur de l'enceinte des
Saints-Apôtres. La station au Forum n'est pas oubliée (75).
24 juin. — Nativité de saint Jean-Baptiste. La procession se rend
de Sainte-Sophie à l'église du saint située dans le quartier τα Σφωρακίου,
où a lieu la synaxe. Comme elle se trouve avant le Forum, la station
est omise (76).
25 juin. — Mémoire d'une attaque des Sarrasins (77). A l'aurore,
le patriarche descend de ses appartements à Sainte-Sophie; la proces
sion part après Vorthros comme d'habitude, et s'arrête au Forum, où
la station comporte la grande ecténie diaconale. Ensuite on se rend
à la basilique de la Théotocos aux Blachernes, où la messe est célé
brée (78). Le parcours doit être celui que nous avons indiqué au
1er septembre.
29 juin. — - Les apôtres saint Pierre et saint Paul. La veille au soir,
le patriarche se rend à l'église Saint-Pierre qui est dans l'enceinte de
Sainte-Sophie. La procession sort de l'église après le Trisagion et se
rend à la phiale de Sainte-Sophie devant le narthex. Pendant que le
patriarche rentre à Saint-Pierre, la procession va à l'orphelinat Saint-
Paul, avec la présence du consul, du directeur de Γ orphelinat, de toutes
les autorités et des fidèles. Après Vorthros dans l'église de l'orphelinat,
la procession sort vers la 2e heure du jour et va à l'église Saint-Pierre,
où la messe est célébée (79). L'orphelinat Saint-Paul était au nord
de Sainte-Sophie, probablement au-dessous des Musées des antiquités.
30 juin. — Fête des Douze Apôtres. Elle a lieu à l'orphelinat Saint-
Paul, où le patriarche se rend avec la procession (80).
1er juillet. — Saints Gôme et Damien. Leur synaxe a lieu dans leLir
église, au quartier lointain dit Gosmidion, au fond de la Corne d'Or.
La procession quitte Sainte-Sophie à l'aurore, après le Trisagion, et
s'arrête au Forum pour la station habituelle; puis elle se rend au sanc
tuaire où a lieu la synaxe (81). L'endroit est dit τα Παυλίνου par le
Typicon, du nom de Paulin, ami d'enfance de Théodose II et victime
de sa jalousie, qui avait une propriété en cet endroit. La cour se rend

(75) Ibid., I, 314.


(76) Ibid., I, 318; Syn. CP., 767 15"17.
(77) Typicon, I, 320.
(78) Ibid., I, 324-326; Syn. CP., 780 12"16.
(79) R. Janin, Églises et monastères, 580-581.
(80) Typicon, I, 326.
(81) Ibid., I, 328; Syn. CP., 79127"28.
82 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

également au Gosmidion, mais il semble qu'elle ne prend pas une part


directe à la fête et qu'elle se contente de vénérer les reliques (82).
2 juillet. — Déposition du saint habit de la Vierge dans son église
des Blachemes. On s'y rend en procession, mais non en partant de
Sainte-Sophie. Le patriarche va tout d'abord à l'église Saint-Laurent
des Pulcherianae et c'est de là que l'on se rend à la Théotocos des
Blachernes pour la messe (83).
8 juillet. — Saint Procope, martyr. La procession va de Sainte-Sophie
à l'église du saint située près de la Tortue, avec la station habituelle
au Forum (84). Le site de cette église n'a pas encore été complètement
précisé. Le quartier qui portait le nom de Tortue probablement en
raison d'un monument qui l'ornait devait se trouver sur le versant
nord de la IIIe colline (85).
9 juillet. — Dédicace de l'église de la Théotocos de la Source (της
Πηγής). A l'aurore, le patriarche se rend à l'église Saint-Mocius, située
dans les environs de la citerne de ce nom. Après le Trisagion, la pro
cession sort de l'église, franchit les remparts, probablement à la Porte
του Καλαγροΰ et se rend à l'église de la Théotocos de la Source, où
la messe est célébrée (86). Cette église est aujourd'hui remplacée par
une chapelle au lieu dit Balikli (87).
18 juillet. — Saint Etienne (III), patriarche de Constantinople
(925-927). La procession se rend de Sainte-Sophie à l'église des Saints-
Apôtres, où sont conservées les reliques du saint. C'est là qu'a lieu
la synaxe. Le texte du Typicon ne signale pas de station au Forum (88).
20 juillet. — Saint Élie, prophète. A l'aurore, la procession quitte
Sainte-Sophie pour se rendre à l'église du saint, où a lieu la synaxe.
En route, elle s'arrête au Forum pour la station habituelle. Le patriar
che n'est pas avec la foule; il préside la cérémonie à l'église de la Néa
au Palais (89). L'église Saint-Elie se trouvait au Pétrion, probable
ment sur la pente de la IVe colline tournée vers la Corne d'Or (90).
27 juillet. — Saint Pantéléimon, martyr. La procession part de
Sainte-Sophie, s'arrête au Forum pour la station habituelle, puis,
par le Makros Embolos, elle se rend au quartier τα Ναρσοΰ, où la

(82) De ccr., II, 13; Bonn, I, 559-560; PC, GXII, 1032 B.


(83) Typicon, I, 328-330.
(84) Ibid., I, 332; Syn. CP., 80826"28.
(85) R. Janin, Constantinople byzantine, 2e éd., 330.
(86) Typicon, 1, 334; Syn. CP., 81020"23.
(87) R. Janin, Églises et monastères, 232-237.
(88) Typicon, I, 344-346; Syn. CP., 82852"55.
(89) Typicon, I, 348; Syn. CP., 83213~16.
(90) R. Janin, Églises et monastères, 144-145.
R. JAJNIN : LES PROCESSIONS RELIGIEUSES A BYZANCE 83

synaxe a lieu dans son église (91). Saint-Pantéléimon figure sur la


liste des sanctuaires où la cour allait à volonté, mais sa présence n'est
pas spécifiée pour la fête patronale (92). Le quartier τα Ναρσοΰ était,
non sur le versant de la Propontide, comme on l'a cru pendant long
temps, mais surlapentedelaIIIe colline tournée vers la Corne d'Or (93).
2 août. — Translation des reliques du diacre saint Etienne. La pro
cession part de l'église du saint au Zeugma et se rend à celle qui est
dite voisine des Consiantinianae, où a lieu la synaxe (94). Evidemment
il ne saurait être question d'une station au Forum, le Zeugma et les
Constantinianae étant bien au-delà (95).
7 août. — Mémoire de la délivrance de l'attaque conjuguée des
Avars et des Perses (626). Avec le patriarche la procession se rend de
Sainte-Sophie aux Blachernes, où la messe est célébrée. La station
au Forum n'est pas signalée. En route on chante un tropaire de ci
rconstance; il est remplacé par un autre au moment où l'on franchit
la Porte du Ptéron pour pénétrer dans le quartier des Blachernes (96).
15 août. — Dormition de la Théotocos (= Assomption). La synaxe
a lieu dans son église des Blachernes. La procession va d'abord de
Sainte-Sophie à l'église Sainte-Euphémie du Pétrion, où Pattend le
patriarche, et de là on se dirige vers les Blachernes pour la messe
solennelle, à laquelle assiste la cour (97).
16 août. — Mémoire de la délivrance de la ville assiégée par les Sar
rasins (717). La procession traverse toute la ville d'est en ouest, de
Sainte-Sophie à la Porte Dorée. Elle fait trois stations : au Forum à la
Porte d'Atale qui est à l'Exakionion et à la Porte Dorée, après quoi
on se rend à l'église de la Théotocos dite Jérusalem, où a lieu la messe
solennelle (98).
29 août. — Décollation de saint Jean-Baptiste. La procession va de
Sainte-Sophie à l'église du saint dans le quartier τα Σφο^ρακίου, où a
lieu la synaxe. Ce quartier étant avant le Forum, il n'y a pas de sta
tion sur cette place (99). Nous avons dit plus haut que la cour se ren
dait au monastère de Stoudios, où la fête attirait une grande foule (100).
(91) Typicon, I, 350; Syn. CP, 84829"30.
(92) De cer., II, 13; Bonn, I, 560; PG, GXII, 1032 C.
(93) R. Janin, Constantinople byzantine, 2e éd., 395-396.
(94) Typicon I, 359.
(95) R. Janin, Constantinople byzantine, 2e éd., 372-273, 441-442.
(96) Typicon, I, 362-364; Syn. CP., 8761-3.
(97) Typicon, I, 368-370; Syn. CP., 89441"4a; De cer., II, 9; Bonn, 541-544; PG, CXII,
1009-1013.
(98) Typicon, I, 372-374.
(99) Ibid., I, 386; Syn. CP, 93412"14.
(100) De cer., II, 13; Bonn, I, 562-563; PG, CXII, 1036 BG.
84 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

II. FÊTES MOBILES

Dimanche des Rameaux. — Les fidèles se réunissent à l'église des


Quarante-Martyrs de Sébaste située près du Ghalkoun Tétrapylon,
au nord-ouest du forum Tauri; la procession se rend ensuite à Sainte-
Sophie pour la synaxe (101). Le texte du Typicon ajoute que d'après
une ancienne tradition, le rassemblement avait lieu jadis à l'église
Saint-Tryphon voisine du quartier του Χαμούνδου inconnu par ail
leurs, et la procession se rendait à l'église Saint-Romain των Έλεβίχου
(ibid.). C'est probablement en souvenir de cette tradition que le
dimanche des Rameaux le préfet de la ville se rendait à Saint- Romain
(102).
Lundi de Pâques. — La procession se rend de Sainte-Sophie à l'église
des Saints-Apôtres où était célébrée une messe solennelle. La station
au Forum n'était pas oubliée (103). La cour va également aux Saints-
Apôtres et prend part à la fête (104). Le Livre des cérémonies donne une
autre description de la façon, qu'il dit « actuelle », dont les cérémonies
se faisaient le jour de Pâques et il insiste sur les honneurs que l'empe
reur rendait à ses prédécesseurs (105).
Mardi de Pâques. — La procession accompagne le patriarche à
la Théotocos des Blachernes. La station au Forum n'est pas signalée,
en sorte que le départ n'avait peut-être pas lieu de Sainte-Sophie (106).
La cour n'est pas présente ; elle va à l'église des Saints-Serge-et-Bacchus
dans le quartier d'Hormisdas (107).
Lundi de la Pentecôte. — La synaxe a lieu dans l'église des Saints-
Apôtres. La procession part de Sainte-Sophie et s'arrête au Forum
pour la station habituelle (108).
Mercredi de la Pentecôte. — On se rend au « Nouveau Palais » pour
la fête des saints Michel et Gabriel (109). Il s'agit de la Néa, église
bâtie par Basile Ier en l'honneur du Christ, de la Théotocos, du pro
phète Élie, de saint Nicolas et des saints Michel et Gabriel (110).

(101) Typicon, II, 66.


(102) De cer., I, 79; Bonn, 1, 532-535; Ρ G, GXII, 676.
(103) Typicon, II, 96-98.
(104) De cer., I, 10; Bonn, I, 72-86; PG, CXII, 268-300.
(105) Ibid., Il, 7; Bonn, I, 535-536 ; PG, CXII, 1001-1005.
(106) Typicon, II, 100.
(107) De cer., I, 11; Bonn, I, 86-89; PG, GXII, 300-305.
(108) Typicon, II, 140.
(109) Ibid., II, 142.
(110) R. Janin, Églises et monastères, 355-356.
R. JANIN : LES PROCESSIONS RELIGIEUSES A BYZANCE 85

Dimanche après la Pentecôte. — Synaxe de tous les saints martyrs.


Elle est célébrée dans l'église de Tous-les-Saints voisine de celle des
Saints-Apôtres. On s'y rend en procession, mais la station au Forum
n'est pas indiquée (111).
Le mercredi suivant, on va en procession fêter la Théotocos dans son
église de Paléa Pétra avec station au Forum (112). Le quartier dit
Paléa Pétra était au nord de la ville, probablement à droite de la
Mésè, mais son emplacement exact n'a pu être déterminé (113).

III. Les silences du Typicon de la Grande Église

Cette rapide exposition des processions religieuses à Constantmople


à l'époque byzantine soulève plusieurs questions. En trois circonstances
différentes, le Livre des cérémonies montre la cour participant avec
le clergé de Sainte-Sophie à des fêtes dont ce Typicon ne dit mot.
La plus importante, celle du dimanche de l'Orthodoxie, n'est même
pas mentionnée. Or ces deux sources de renseignements sont sensibl
ement de la même époque, c'est-à-dire de la seconde moi Lié du xe siècle.
Comment expliquer ces divergences sur des points aussi importants?
Nous allons essayer de le faire dans la mesure où la vérité peut être
actuellement découverte. Ces trois circonstances sont : la fête de
l'Orthodoxie, celle de l'Ascension à l'église de la Théotocos de la
Source et celle de la Mi-Pentecôte à l'église Saint-Mocius.
Dimanche de VOrthodoxie, premier dimanche de Carême. La fête
rappelle la grande démonstration qui eut lieu à Sainte-Sophie le
11 mars 843, dans laquelle furent solennellement condamnés les
ennemis du culte des images et officiellement rétablie cette dévotion
si chère aux Byzantins. On ne possède pas dans sa teneur exacte le
décret instituant la fête. Il fut probablement publié avant le 11 mars
843 (114) II n'est connu que par des historiens postérieurs, comme
Génésius (vers 950) (115) et un continuateur de Théophane qui dépend
de lui (116). Quant à la proclamation de la foi orthodoxe, spécialement
sur le culte des images, qui devait avoir lieu à la messe, on n'en possède
le texte que dans une décision d'un concile de 1086 environ (117).

(111) Typicon, II, 144.


(112) Ibid., II, 146.
(113) R. Janin, Constantinople byzantine, 2e éd., 463.
(114) V. Grumel, Regestes, n° 415, fasc. II, 43-44.
(115) IV, Bonn, 85; PG, CIX, 1100 B.
(116) IV, 10; Bonn, 160; PG., GIX, 173 D.
(117) V. Grumel, op. cit., n° 425; fasc. II, 51-53.
86 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

Elle fut publiée probablement à l'anniversaire de la cérémonie du


11 mars 843, donc en mars 844. Le Typicon de la Grande Église,
composé probablement entre 950 et 959 (118), ne fait ni mention du
dimanche de l'Orthodoxie, ni de la cérémonie qui le distinguait des
autres. C'est pour lui un dimanche de Carême sans plus.
Par contre le Livre des cérémonies donne le programme de la fête.
Le samedi soir, le patriarche, les métropolites et les évêques présents
à Constantinople, le clergé de Sainte-Sophie, ainsi que les moines de
la ville et des environs, se rendent à la Théotocos des Blachernes où
a lieu l'agrypnie ou veillée nocturne. Au matin, ils se rendent à Sainte-
Sophie, où l'empereur reçoit la procession à l'Athyr (cour qui précède
l'entrée occidentale de la basilique) et assiste à la messe (119). Il n'est
pas fait la moindre mention de la proclamation relative au culte des
images. Cette rédaction n'est certainement pas plus ancienne que la
seconde moitié du xe siècle, puisqu'elle parle du patriarche Théophy-
lacte (933-956) comme déjà mort. Toutefois il est dit que le cérémonial
était alors modifié, preuve que la fête était plus ancienne.
Comment interpréter le silence du Typicon de la Grande Église
et des autres textes liturgiques jusqu'au xie siècle au moins? « II
s'explique sans doute par ce fait que la cérémonie nouvelle ne modifia
rien à la liturgie du jour qui conserva son hymnologie. Mais peu à peu
la commémoraison des images gagna du terrain et finit par supplanter
l'ancien office, dont il ne reste plus aujourd'hui que l'épître et l'évang
ile.La rédaction des Typika témoigne de cette évolution » (120).
Sans doute, mais on est quand même étonné qu'un fait aussi impor
tantdans la vie de l'Église et qui se renouvelait chaque année ne soit
signalé que par des historiens et des Typika plus tardifs.
A notre avis, on est obligé de conclure que le libellé du Livre des
cérémonies ne peut avoir été établi au xe siècle. Il présente, à propos
de la fête de l'Orthodoxie, un état de choses moins ancien, ce qui ne
saurait étonner, car cette compilation a été modifiée par l'apport
de textes plus tardifs. Il faudrait connaître ce qui disent les Typika
et les Menées à partir du xie siècle, particulièrement au sujet de l'i
ntroduction dans le programme de la fête de la veillée à la Théotocos
des Blachernes et de la procession depuis cette église jusqu'à Sainte-
Sophie. Cet élément nouveau a dû laisser des traces dans les textes
liturgiques.

(118) J. Matéos, Le Typicon de la Grande Église, t. I, XIX.


(119) De cer., I, 28; Bonn, I, 156-160; PG, GXII, 393-400.
(120) V. Grumel, op. cit., n° 418; fasc. II, 48.
R. JANIN : LES PROCESSIONS RELIGIEUSES A RYZANCE 87

Fête de la Mi-Pentecôte (mercredi de la quatrième semaine après


Pâques). Elle se déroulait dans l'église Saint-Mocius, d'après le Livre
des cérémonies. L'empereur, venu à cheval avec sa suite, attendait
dans son appartement la procession que conduisait le patriarche et
prenait part avec lui à la cérémonie (121). Léon VI ayant failli être
victime d'un attentat, le 11 mai 902, cette fête fut alors supprimée.
Pour le Continuateur de Théophane (122), Georges Moine (123),
Syméon Magister (124), Cédrénus (125), etc., qui dépendent visibl
ementde la même source, cette suppression aurait été décidée sur-le-
champ. Ils racontent encore que quelque temps plus tard, Marc,
économe du monastère de Saint-Mocius, dînant avec l'empereur,
le pria vainement de ne pas supprimer la fête. Georges Moine et Syméon
Magister emploient le terme de εορτή pour désigner la cérémonie,
tandis que les autres auteurs disent προέλευσις, ce qui permettrait
peut-être de distinguer la fête religieuse (εορτή) de la participation
de la cour, en sorte que, seule, cette dernière fût supprimée. Cela
paraît peu probable, la volonté impériale étant assez puissante pour
interdire une manifestation religieuse qui laissait un si fâcheux sou
venir. Le Typicon ne parlant d'aucune cérémonie particulière à Saint-
Mocius, le jour de la Mi-Pentecôte, il faut conclure que le texte du
Livre des cérémonies ne saurait être postérieur à l'attentat contre
Léon VI. Il décrit un état de choses alors périmé.
Fête de V Ascension. — Le Livre des cérémonies dit qu'elle était
célébrée dans l'église de la Théotocos de la Source (της Πηγής).
L'empereur, venu en dromon jusqu'au débarcadère de Pégè, puis à
cheval, y attendait l'arrivée de la procession conduite par le patriarche
et il prenait part aux cérémonies (126).
Le Typicon de la Grande Église ignore complètement cette cér
émonie à la Théotocos de la Source. Pour lui elle a lieu à Sainte-Sophie
(p. 127) (127); il ne fait aucune allusion à l'église de la Source.
Comment expliquer qu'il soit en contradiction avec le Livre des cér
émonies! Ici on ne peut invoquer une suppression dont on ne possède
aucune preuve. Plus probablement il faut admettre que la fête fut
établie au monastère de la Source après la composition du Typicon,

(121) Decer., I, 17; Bonn, I, 98-100; PG; CXII, 332-340.


(122) Bonn, 365; P, GIX, 381 D.
(123) Bonn, 861-862; PG, GIX, 924 A.
(124) Bonn, 704-705; PG, GIX, 765 D.
(125) Bonn, II, 261; PG, GXXI, 1149, AB.
(126) De cer., I, 18; Bonn, I, 108-114; PG, CXII, 317-322.
(127) Typicon, II, 126-127.
88 REVUE DES ETUDES BYZANTINES

donc au plus tôt dans la seconde moitié du xe siècle. En tout cas, le


texte du Livre des cérémonies ne saurait être récusé sur son existence,
puisqu'il s'agit d'un document officiel.

Les processions auxquelles participaient non seulement le clergé


et les fidèles, mais en certains cas la cour impériale, étaient un événe-
nement social qui demandait à être organisé pour que l'ordre y fût
maintenu. C'est pourquoi la direction en était confiée à un fonction
naire appelé πρώτος της πρεσβείας (chef de la procession). Ce n'était
pas un ecclésiastique, mais un personnage laïque important, patrice
ou autre, comme le montrent plusieurs sceaux de titulaires. Il était
naturellement entouré de collaborateurs, pris en premier lieu parmi
les desservants des églises et basiliques visitées. Il avait son sceau.
Un service spécial (διακονία), possesseur d'un sceau, réglait le retour
de la procession. Ces renseignements sont fournis par la sigillo-
grapie (128). On connaît ainsi trois chefs de procession auxie siècle,
Jean, patrice (129), pour les Blachernes, Michel, patrice (130), et
Nicolas Scléros, protoproèdre et skeuophylax des Blachernes (proba
blement du palais de ce quartier) (131). On possède deux sceaux
du service de retour : Blachernes (xies.) (132) et Saints-Apôtres
(ixe s.) (133) et un du pèlerinage à Saint-Pantéléimon (xie s.) (134).

R. Janin.

(128) Notice par V. Laurent, Corpus des sceaux byzantins, V 2, 1965, 118-125.
(129) Ibid., V 2, n. 1200.
(130) Ibid. V 2, n. 1201.
(131) Ibid. V 2, n. 1202.
(132) Ibid. V 2, n. 1203.
(133) Ibid. V 2, n. 1205.
(134) Ibid. V 2, n. 1206.

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