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Laurent
Laurent V. Les premiers patriarches de Constantinople sous la domination turque (1454-1476). Succession et chronologie
d'après un catalogue inédit. In: Revue des études byzantines, tome 26, 1968. pp. 229-263.
doi : 10.3406/rebyz.1968.1407
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1968_num_26_1_1407
LES PREMIERS PATRIARCHES
DE CONSTANTINOPLE
SOUS DOMINATION TURQUE (1454-1476)
SUCCESSION ET CHRONOLOGIE
D'après un catalogue inédit
1. A vrai dire cette période obscure n'a pas encore trouvé son historien. Ce
qu'en disent les manuels les plus développés, comme celui de B. K. Stéphanidès,
Εκκλησιαστική Ιστορία. Άπ'άρχής μέχρι σήμερον Athènes 1948, p. 634, est
insignifiant. On se reportera, en attendant mieux, à divers articles de revues :
A. Papadopoulos-Kérameus, "Ερευναι περί χρονιάς τε και πράξεων των άπο
Αλώσεως άχρι έτους 1639 οικουμενικών πατριαρχών, dans le journal Νέα ΊΙμέρα
XXXVI, Trieste 1910, n. 1850 et du même, Συμβολαί εις την χρονολογίαν και
ιστορία των μεταγενεστέρων πατριαρχών Κωνσταντινουπόλεως dans 'Εκκλησιαστική
'Αλήθεια, IV, 1883-1884, ρ. 398-401; Α. Diamantopoulos, Γεννάδιος Σχολάριος
ώς 'ιστορική πηγή των περί. τήν Άλωσιν χρόνων, dans 'Ελληνικά, IX, 1936,
p. 285-B08.
2. Il suffît de comparer les listes établies par l'érudition moderne, depuis celle
de M. Giîdéon, ΙΙατριαρχικοι Πίνακες, Constantinople 1890, p. 478-485 jusqu'à
celle, toute récente, de la Θρησκευτική και 'Ηθική 'Εγκυκλοπαίδεια IX, 1966,
col. 831 pour constater que presque aucune ne donne exactement le même ordre
de succession pour la période ici considérée.
3. Il n'est, pour se faire une idée de la difficulté que les chrétiens réduits en ser
vitude — et ce fut le cas de la masse — eurent à recouvrer la liberté que de lire la
lettre qu'un notable grec de Gallipoli écrivit au sujet d'un membre de l'ancien
clergé impérial échoué dans ce port aux mains d'un turc rapace. Texte dans cette
revue XXII, 1064. p. 8Π-84.
230 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
4. Il n'est ici question que des listes, assez peu nombreuses, des patriarches
ayant gouverné l'Église aussitôt après la Conquête turque. On trouvera ci-après
p. 237 le relevé de celles que j'ai pu atteindre. Elles se répartissent en deux groupes,
suivant qu'elles présentent une tradition indépendante ou qu'elles dérivent d'un
modèle compilée sur base des Chroniques dont il est question ci-dessous note 26.
Je consigne en appendice un type de catalogue, insuffisamment édité, de la pre
mière catégorie.
5. Je n'en veux pour preuve que la liste même qui fournit la matière de cet
article, où j'ai puisé naguère des données inédites qui m'ont permis de fixer de
manière précise les dates du patriarcat d'Euthyme II (cf. BZ, LIX, 1961, p. 329-
332) et de faire connaître les origines princières de son successeur, Joseph II (cf. ici
même, XIII, 1955, p. 131-134).
V. LAURENT : LES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE 231
1. — Le texte
Le texte que l'on va lire est extrait d'un catalogue patriarcal dont
il constitue la partie finale. Ce catalogue, qui appartient à la première
classe 8 de ce genre d'écrits, est composé de plusieurs parties compil
ées à des époques différentes. La plus récente que nous présentons
tranche nettement sur les précédentes en ceci qu'au lieu de ne marquer
que la durée (années, mois et parfois jours) des divers pontificats, elle
en fait connaître pour plusieurs avec plus ou moins de détails quelques
faits saillants 9. La nouveauté de l'ensemble porte à croire que le
rédacteur, s'il n'en fut pas témoin, vécut assez près des événements
Voici le texte :
Laurent, gr. PL LIX, 13 :
Τήν(1) δε Πόλιν έπεΐραν οι Τούρκοι, και γίνεται πατριάρχης (f. 171Γ)
1. — ό Σχολάριος ήγουν δ Γεννάδιος και άφήκεν(2) τό πατριαρχεΐον
και έπήγεν (3) εις τό μέρος των Σερρών εις τόν ναόν16 του τιμίου
Προδρόμου και χειροτονείται άντ'αύτοΰ
2. — 'Ισίδωρος πατριάρχης και θνήσκει και αυτός. Και χειροτονείται
3. — 'Αντώνιος 6 Κώκας ό έκ Λατίνων υιός, δς εκλήθη Ίωάσαφ,
και την λαμπραν κυριακήν17 πίπτει οικειοθελώς εν τη <κι>στέρνη της
Παμμακάριστου18 και έξέβαλον αυτόν ήμίθανον (4) και έστειλαν (5)
αυτόν εις την 'Αγχιάλου19. Άντ' αυτού" δέ χειροτονείται
4. — κυρ Σωφρόνιος πατριάρχης και ανερχόμενος έν τη κλίμακι
πίπτει και κλάσας τόν πόδα αυτού τέθνηκεν και άντ' αυτού γίνεται
5. — Συμεών ό Τραπεζούντιος ό αρχηγός της σιμωνιακής αίρέσεως.
Ούτος γαρ έταξε διδόναι τόν αύθ(έντην) φ(λω)ρ(ία) φ', μόν(ον)
πατριαρχεΰσ(αι)' δ και γέγονεν. Ήν δέ ό κΰρ Μάρκος ό Ξυλοκαράβης
μητροπολίτης Άνδριανουπόλεως ό έν φιλοσόφοις φιλόσοφος, ο θεωρία
και πράξει και λόγω δοκιμώτατος" εστίν δέ έν Νικομήδεια μητρο
πολίτης Μακάριος 20 ό λατινόφρων (6) ό καθηρημένος παρά πολλών.
αρχιερέων, και ό αυτός Συμεών ζητεί συλλειτουργεΐν (7) τω καθηρη-
μένω (8) Μακαρίω. Ό δέ κΰρ Μάρκος ού δέχεται τούτον ώς λατι-
νόφρονα και άργεΐ αυτόν ό πατριάρχης Συμεών.
6. —· Ό δέ κυρ Μάρκος λυπηθείς δίδει (9) τόν αύθέντην φλ(ω)ρία)
,αφ' και γίνεται πατριάρχης και εξωθεί τόν Συμεών. Πατριαρχεύσας
τ(ουρ)γ(εΐν). — (8) καθηριμ (έ)ν(ω). — (9) δίδη' — (10) άμύρισαν. — (11) Dans
la_marge supérieure : Πατριάρχαι εΐσιν ργ εις το όνομα των ψαλμών του Δαοίδ.
— "(12) σιμωνί,ακός.
21. A noter que Marc reçut ce siège à titre de bénéfice, à savoir comme proèdre,
non comme archevêque, car l'on eût eu autrement un cas de trisépiscopat, strict
ementinterdit, comme l'avait rappelé le procès intenté au patriarche Matthieu Ier
de 1402 à 1409 par deux membres du synode.
22. Il faut s'entendre. Le prélat sans doute n'offrit rien et ne versa rien lui-même,
mais il y eut marché, l'Ecthésis nous en est témoin (éd. Lambros, p. 29). La belle-
mère du sultan, Mara (voir ci-après la note 24), qui le fit élire, paya pour lui et aussi
pour d'autres, car, lorsque le synode aura déposé Denis, sa créature, elle assignera
l'Église en restitution d'une somme que celle-ci ne pourra pas solder. Voir ci-après
p. 256.
23. Le grand ecclésiarque Manuel Christonymos et le grand skévophylax
Georges Galésiotès, ligués contre le grand économe Théodore Agallianos. Voir à
ce sujet Patuinéms, Agallianos, p. 78-85, Cf. ci-après p.
24. Fille du kral de Serbie Georges Brankovic, Mara, élevée au sérail, fut épousée
par le sultan Mourad II en septembre 1435. A la mort de ce dernier (février 1451),
Mahomet II la renvoya à son père et lui donna en fief la région d'Ezova en Macé
doine ou elle vécut quasi en souveraine, dit la Chronique, jusqu'à son décès le
14 septembre 1487. Elle dut faire plusieurs séjours à Istanbul, comme le laisse
entendre notre document confirmé en cela par l'Ecthésis Chronikè (éd. Lambros,
p. 22, 29). Sur cette princesse voir Fr. Babinger, Mchmcds IL, des Eroberers,
Mutter, Legende und Wirklickeit, dans Münchener Beiträge zur Slavenkunde.
Festgabe Paul Diels. München 1953, p. 5.
V. LAURENT : LES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE 235
TRADUCTION
2. — La succession patriarcale
A Β G D
Gennade Gennade Gennade Gennade
Isidore Isidore Isidore Isidore
Joasaph Sophrone Sophrone Joasaph
— Joasaph Joasaph Sophrone
Marc Syméon 1° Syméon 1° Syméon 1°
Syméon 1° Marc 1° Raphaël Marc 1°
Denis Denis Denis Denis
— — Marc 1° Marc 2°
.
Siméon 2° — — Syméon 2°
Raphaël Raphaël — Raphaël
Maxime Maxime Maxime
Aucune de ces quatre listes n'est en tout point identique à l'une des
trois autres. Les Chroniques (A) présentent à la vérité un même ordre,
mais leur autorité n'est pas grandie pour autant, car, pour les récits
des événements de la seconde moitié du xve siècle, les plus récentes
dépendent étroitement 26 de l'Ecthésis Chronikè qui, de ce chef,
première heure qui n'en connut pas moins les pires ennuis. Voir ci-après
p. 252,253.
33. Cf. Patrinélis, Agallianos, p. 65, 66.
34. Au sujet de ce volume voir ce qui est dit ci-après p. 271.
35. P. 265-278.
36. Cf. Patrinélis, Agallianos, p. 65, n. 325 (avec les références nécessaires).
37. Ibid., p. 66, 118 22-46.
38. En qualité de grand ecclésiarque, de dikaiophylax et de juge général. Voir
à nouveau l'Introduction à mon édition de ses Mémoires.
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rentées (A), Marc aurait précédé Syméon sur le trône patriarcal. Ses
ennemis auraient obtenu en peu de temps sa déchéance sous le pré
texte qu'il avait acheté sa haute charge. L'ensemble des catalogues
(BC) renversent cet ordre et se trouvent ainsi d'accord avec notre
nouveau document (D) qui ajoute d'étonnantes précisions, entre autres
celle-ci que Syméon, ayant succédé à Sophrone, aurait eu un grave
conflit avec Marc encore simple métropolite. Le détail qui accompagne
cette information et qui a pu être difficilement inventé joint au fait
qu'au moment de la vacance du siège patriarcal la colonie de Trébi-
zonde, transférée à Constantinople 41, avait de forts appuis au sérail
porte à croire que notre liste dit vrai et que Syméon précéda son advers
aire à la tête de l'Église. Le commentaire qu'on lira ci-après soul
ignera la pertinence de cette conclusion.
Le nom de Denis qui vient ensuite dans toutes nos sources se trouve
être ainsi à sa vraie place et ne saurait faire difficulté. Il n'en va pas de
même de sa succession, qui selon l'Ecthésis et son groupe de témoins
(A) aurait échu à Syméon, tandis que notre liste (D) appuyée par la
majorité des manuscrits (C) place entre ces deux noms celui de Marc mis
en charge une seconde fois. Cette addition étonnante est difficilement
recevable, bien qu'elle ne manque pas de quelque vraisemblance,
si l'on songe que les tombeurs de Denis, les stavrophores Galésiotès
et Christonymos, étaient les hommes-liges de Marc. Si ce dernier
revint à la tête de l'Église, son passage dut être très bref, l'homme étant
récusé par l'ensemble des Grecs. Cette exclusion rapide et sans doute
brutale de leur protecteur expliquerait certes l'acharnement que
mirent les deux susdits archontes à combattre Syméon dont le pontif
icat, tû par la majorité des catalogues (B et C), est bien attesté d'autre
part. Mais ils avaient, pour ce faire, une habitude trop ancienne.
Ces élections et dépositions continues de patriarches avaient jeté
la colonie grecque en pleine effervescence. Les Turcs prirent l'initia
tive de lui donner pour chef spirituel un moine qui n'était pas de sa
46. Cf. Babingek, Mahomet II le Conquérant et son temps (1432-1481). Paris 1954,
p. 236. A en croire l'Eclhesis Chronikè (éd. Lambros, p. 2815) de nombreux jeunes
trapézontins, enfermés dans le sérail, firent carrière et parvinrent à de très hautes
situations dans l'administration ottomane. Ils s'y rencontrèrent avec des descen
dantsdes plus hautes familles byzantines, surtout Paléologues et Gantacuzènes.
Un cas typique présenté par F. Babinger, Eine Verfügung des Paläologen Châss
Murâd-Pasa von Mitte BegebS16 h — Dez. -Jan. 1471-2, dans Documenta Isla.mica
Inedita. Berlin 1952, p. 197-210. L'article de P. A. Argyropoulos, Les Grecs au
service de l'empire byzantin, dans 7453-1953. Le cinq-centième anniversaire de
la prise de Constantinople. Athènes 1953, p. 151-177 n'en souffle mot.
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3. — Essai de chronologie
47. B. Stéph ANiDÈs, 'Ραφαήλ ό A' και το πατριαρχικόν χαράτσιον, dans ΣυμοολαΙ
εις τήν έκκλησιαστικήν Ιστορίαν και το εκκλησιάστηκαν δίκαιον. Constantinople
1921, ρ. 104-118.
48. Pour l'histoire de la période qui suivit immédiatement se reporter aux
éludes citées ci-dessus p. 229 n. 1.
49. Cf. Sc.uoi.ahios, Œuvres complètes, 1, p. 280.
244 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
50. Lambros, Ecthesis, p. 18, 19. D'après Scholarios lui-même (cf. Scholarios,
Œuvres complètes, IV, p. 22418-20), ce sont les Grecs qui auraient découvert au
sultan l'endroit où il se cachait et l'auraient demandé comme chef spirituel. Il
semble bien que l'argent, avancé par des tiers, ait joué quelque rôle en la circons
tance.
51. F. Babinger, op. cit., p. 230-232.
53. Patrinélis, Agallianos, p. 98262-263 : γέγραφέ μοί, έκ της 'Αδριανού.
53. Cf. Scholarios. Œuvres complètes, IV, p. 22424 : αύτοΰ κομίζοντος τοϋ δεσπότου.
54. Babinger, op. cit., p. 129, 132. Après la prise de Constantinople, Mahomet II
rentra à Andrinople le 21 juin 1453. Il en repartit sans tarder pour l'Anatolie où
il resta 35 jours, puis regagna sa capitale thrace au cœur de l'été.
55. Par exemple Nicolas Isidore, fixé à Andrinople, remplissant dans un vaste
circuit la charge d'emin, donc assurant la gestion des biens donnés à terme, ainsi
que la rentrée des impôts. Ce fonctionnaire grec, au service des Turcs en automne
1453, s'occupait des intérêts que Scholarios semble avoir laissés sur place, et faisait
demander à ce dernier qu'on inscrivît son nom dans le brebion de son couvent et
qu'on en fît mention à la prothèse. Cf. J. Darrouzès, Lettres de 1453, dans cette
revue XXII, 1964, pp. 101, 123. Il est probable que le personnage fut de ceux qui
révélèrent au sultan le nom du didascale Scholarios qu'ils portèrent jusqu'aux
nues et le lieu de sa retraite.
V. LAURENT : LES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE 245
nouvel higoumène qui put ainsi mûrir plus aisément 56 son plan en
vue de réorganiser l'Église.
Cette retraite dura quelque peu, car l'ordination et l'installation qui
se déroula avec éclat selon le rituel des anciens empereurs byzantins
se firent à une date certifiée par l'intéressé lui-même, le 6 janvier
1454 : ή τήν άρ/ιερωσύνην δουσα. τον πέρυσι, χρόνον ήμερα του φωτί,σμοΰ57.
Auparavant un nombreux synode d'évêques, réunis en assemblée
constituante, l'avait régulièrement élu. Combien de temps resta-t-il
en charge? S'il fallait s'en tenir à la résolution dont il fit solennell
ement part, en octobre 1454, au clergé et aux fidèles de Constanti
nople 5S, ce premier patriarcat aurait duré une année jour pour jour
et se serait terminé le 6 janvier 1455. Mais cette annonce anticipée
fut-elle suivie d'effet? En réalité le sultan qu'une retraite aussi pré
maturée dut à nouveau indisposer ne pouvait qu'intervenir 59, en
sorte que cette menace de démission resta lettre morte. Combien des
temps Scholarios, qui n'avait accepté la charge qu'avec l'intention
de s'en défaire60, la garda-t-il? L'Echtesis Chronikè 61, suivie par
M. Malaxos, dit cinq ans et plus, donnée que d'autres transforment
en cinq ans et demi, voire, comme Mélétios 62, en cinq ans et six mois.
Ce qui est manifestement exagéré. Le catalogue que nous rééditons
en appendice parle de deux ans et demi. Ce qui est encore trop, mais
renferme une indication. En tenant compte du désir de Scholarios
de résigner ses fonctions au jour anniversaire de sa prise de pouvoir,
le jour de l'Epiphanie, on peut conjecturer prudemment que le
6 janvier 1456 marqua la fin de son premier patriarcat. Les limites
de celui-ci seraient donc : 6 janvier 1454-6 janvier 1456.
2° Isidore. — A coup sûr ce religieux qui milita, au temps de
56. Si tant est que ses moines qu'il dut, ce semble, racheter et dont il déplore la
turbulence comme l'indocilité lui en laissèrent le loisir. Cf. Scholarios, Œuvres
complètes, IV, p. 22425"35.
57. Ibid., p. 23330-32.
58. Ibid., p. 23322-33. Scholarios avait eu l'intention de démissionner dès le mois
d'août, puis avait reporté sa décision de deux mois à la demande de ceux qui
avaient à en connaître, à savoir les secrétaires grecs du sultan (cf. Patrinélis,
Agallinnoft, p. 72, n. 355). Ces deux mois écoulés, les mêmes insistèrent pour qu'il
restât, à son poste une année entière. Celle-ci révolue, une seconde lui fut imposée.
59. Son insistance à vouloir s'en aller excitait de son propre aveu la colère du
sultan. Cf. Ibid., p. 22634 : είργε μεν ό βασιλεύς σύν οργή.
60. Cf. Patrinélis, Agallianos, p. 98275-276. Scholarios qui avait appelé Georges
Cialésiotès pour faire partie du clergé de Sainte-Sophie évita de recourir à ses ser
vices.
61. Lamurus. Erthrxix. p. 2012.
62. Cf. Mki.ktios, op. rit.. Ill, p. 33(1.
246 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
63. On trouve son nom parmi les signataires du mémoire antiunioniste qui fut
remis en novembre 1445 (cf. Patrinélis, Agallianos, p. 32, n. 153), à l'empereur
Jean VIII après les conférences du palais de Xylalas. Texte dans Scholarios,
Œuvres complètes, III, p. 188-193 (voir p. 193). Voir à ce sujet S. Pétridès,
Documents sur la rupture du concile de Florence, dans Échos d'Orient, XIV,
1911, p. 204, 205 avec la note 5.
64. Sur cette maison religieuse consulter R. Janin, La Géographie ecclésiastique
de V empire byzantin. I. Le siège de Constantinople et le patriarcat œcuménique.
III. Les églises et les monastères, Paris 1953, p. 393; R. Loenertz, Correspondance
de Manuel Calécas (Studi e Testi, 152). Città del Vaticano 1940, p. 84, 85 (La Com
munauté des Xanthopoules).
65. En effet son nom paraît déjà avec ce titre dans une lettre de JeanEugénicos
à Bessarion avant « qu'il ne versât dans le latinisme », donc avant la fin du concile
de Florence (juillet 1439), voire avant l'embarquement pour l'Italie (novembre
1437). Alexis Lascaris y est dit porteur de lettres d'Isidore pour Bessarion qui,
à en juger d'après la manière dont s'exprime son correspondant, ne devait pas
encore être évêque. Texte dans Sp. Lambros, Παλαΐ.ολόγεί.α και Πελοποννησιακά,
I, Athènes 1912, p. 16522-23; cf. S. Pétridès, Œuvres de Jean Eugénicos, dans
Échos d'Orient, XIII, 1910, p. 279.
66. Cf. Lambros, Ecthesis, p. 2020.
67. Voir par exemple la plus critique, celle de Germain de Sardes, op. cit.,
p. 7, 8 et 28.
V. LAURENT : LES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE 247
font état 74 par les seuls tracas que lui causèrent la rébellion des moines
et les intrigues des archontes laïcs. On ne voit en effet pas que ces
marques d'hostilité, phénomène courant de cette époque de réadapt
ation, aient poussé ses successeurs, eux aussi fortement malmenés,
à pareille extrémité. Ceux-ci ont tous fait front et leurs adversaires
n'ont eu d'autre ressource que d'acheter leur déchéance à prix d'argent.
Le tourment de conscience que lui causèrent les exigences sacrilèges
d'Amiroutzès et le traitement ignominieux que lui infligea, en lui fai
sant couper la barbe, le sultan irrité par son refus ont pu seuls faire
vaciller sa raison. Il est normal qu'une fois tiré d'affaire Joasaph,
autour duquel les médecins semblent s'être affairé75, ait été soigné
sur place, mais on ne voit pas de quelle autorité après l'humiliation
subie ce pontife eût encore pu jouir au sein d'une communauté en
pleine effervescence. Il est d'autre part normal que Mahomet II,
pressé de satisfaire Amiroutzès, ait au plus tôt remplacé le patriarche
récalcitrant. Enfin, comme on va le voir, cette date du 10 avril
concorde assez bien avec les repères chronologiques dont nous dispo
sons pour les pontificats suivants. Selon nous Joasaph aura donc
siégé un peu plus d'un an.
On aura d'autre part remarqué des précisions que notre liste est
seule à donner. Selon elle en effet le nom de baptême de Joasaph
aurait été Antoine, mais surtout il serait né de parents latins. Ce fait
peut expliquer à la fois l'opposition opiniâtre des clercs à son endroit
et sans doute aussi l'ordre de lui couper la barbe, le clergé occidental
n'en portant pas. En outre le lieu de son exil aurait été la ville
d'Anchialos sur la Mer Noire. La manière dont s'exprime notre auteur :
έστειλαν αυτόν εις την 'Αγχιάλου, ferait assez croire que Joasaph obtint
l'administration de la métropole, comme Marc Xylocaravi recevra,
dans les mêmes circonstances, celle de l'archevêché d'Ochrida76. Mais
cette conclusion ne s'impose pas, d'autant qu'aucune source ne signale
d'évêque de ce nom à la tête de cette Église thrace à cette époque.
Ces données que rien ne contredit sont, dans leur ensemble, par
faitement acceptables et donnent à penser que, pour ce pontificat
et ceux qui vont suivre, le compilateur de notre liste a puisé à bonne
source. On y ajoutera cette information particulièrement importante
qu'avant d'accéder au trône œcuménique Joasaph se trouvait être
74. En premier lieu l'Ecthesis Chronikè (éd. Lambros,p. 2021-23) dont s'inspirent
des catalogues du groupe A.
75. Selon M. Malaxos (éd. Crusius, op. cit., p. 121).
76. Voir ci-dessus p. 234 n. 21.
V. LAURENT : LES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE 249
77. L'Ecthesis Chronikè est ici d'une sobriété exemplaire, tandis que l'Histoire
Patriarcale (éd. Crusius, p. 1212 et Bonn, p. 962-3), plus tardive, est d'une précision
inquiétante.
78. Cf. F. Babinger, op. cit., p. 261 suiv. Il ne devait rentrer à Istanbul qu'à la
fin de l'été ou au début de l'automne.
79. Cf. Scholarios, Œuvres complètes, I, p. 1974, où il est question de la tro
isième accession forcée de Gennade au trône patriarcal.
80. Elle avait été en effet décrétée en 1454 pour dix années. Cf. Patrinélis,
Agallianos, p. 68-70. Cette mesure scandalisa les milieux monastiques et lui
fournit son principal chef d'accusation contre Scholarios qui, excédé par leurs
clameurs, avait démissionné volontairement une première fois. Les moines du Sinaï
eux-mêmes semblent s'en être émus et le patriarche crut devoir légitimer sa
conduite dans une lettre à l'un d'entre eux, Maxime Sophianos (éd. Schoi.arios.
(ΚιΐΛΊΊ-s mm pietés, IV. p. 202-204).
250 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
81. Cf. Ibid., IV, p. 27220"30 : και προτροπάδην άναχωροϋντες αύθις έπανηγόμεθα.
82. Je crois en effet qu'il y a là une preuve supplémentaire que le patriarche
Sophrone et le Sylvestre Syropoulos ne font qu'un; les historiens postérieurs, et
en premier lieu l'auteur de l'Ecthésis dont les autres s'inspirent, voulant ignorer
le patriarche (damnatio memoriae) en raison de son prétendu latinisme fondé sur
le fait qu'il avait signé le décret d'union à Florence.
83. Cf. Ep. I. Stamatiadks, 'Εκκλησιαστικά σύλλεκτα, Samos 1891, p. 3225,
dans un acte synodal de juillet 1488.
84. Voir p. 276.
85. La lettre patriarcale que nous rééditons ci-après p. 263.
86. Dans cette revue, XXIII, 1965, p. 141 n. 4.
87. Stamatiadès, op. cit.,]). 3222"25; καί τίνα εύλογα δήθεν των εγκλημάτων ήσαν
V. LAURENT : LES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE 251
ment dans le cas de Sophrone. Qu'est-ce à dire, sinon que ses adver
saires lui iirent un crime d'avoir signé le décret du concile de Florence!
Un homme, capable d'une telle forfaiture, n'était-il pas indigne de
gouverner l'Église? Et ceci n'est pas pure hypothèse. Le sort fait à
un autre prélat que nous retrouverons tout à l'heure, Macaire de
Nicomédie, qui, lui aussi, eut la même faiblesse, est symptomatique
à cet égard. La portion du clergé qui n'avait pas été contraint au
voyage d'Italie et pour cela se savait pur de toute compromission
avec les Latins ne pouvait supporter que le sort de l'Orthodoxie ait
été remis par un synode complaisant entre les mains d'un homme qui
par lâcheté l'avait bafouée. Ces extrémistes l'emportèrent-ils? L'en
semble des catalogues dit que Sophrone fut expulsé 88. Notre liste
affirme qu'il tomba d'une échelle, se cassa le pied et mourut. Au fond
ces deux données ne sont pas nécessairement contradictoires. L'acci
dent a pu réduire le pontife à un degré d'impuissance qui ne lui
permit plus de lutter avec la même efficacité. La cabale l'emporta
et le chagrin de sa déchéance aggravant son état physique, il est
normal que la mort n'ait pas tardé.
6. Scholarios, 3°. — Une date est ici certaine. Le jour de l'Assompt
ion, donc le 15 août, de l'année 1454, Scholarios prononça l'homélie89
dans l'église patriarcale de la Pammacaristos. Il devait être de retour
depuis quelque temps, car aucune allusion n'est faite dans ce long
discours à une récente prise de charge. Quant à la durée de ce pontif
icat, il fut d'une année pleine de l'aveu même de l'intéressé 90: ΚαΙ ημείς
μεν ένι,αυτον όλον έλεεινώς εις τήν θείαν θύραν έκρούομεν. Cette phrase
indique assez clairement que Scholarios était en service commandé
et que le sultan, cette fois présent dans sa capitale91, veillait à ce qu'il
restât au poste. Mélèce d'Athènes affirme d'après une source inconnue 92
que sa présence à la tête de l'Église fut en l'occurrence d'une année
entière, tandis que selon un catalogue 93 elle aurait été d'un an et demi.
Si donc l'on retient la fin de juillet comme ayant marqué la fin du
patriarcat de Sophrone, celui de Scholarios ne put se prolonger long
temps après le 15 août de l'année suivante. Commencé fin juillet-
début août 1464, il se sera achevé vers la fin de l'été 1465. En fait sa
durée aura été d'un an et deux ou trois mois.
7. Syméon, 1°. — Comme nous le remarquons ci-dessus, notre liste
bouleverse ici le rang connu de succession en plaçant le premier pont
ificat de Syméon avant celui de Marc. L'auteur lui étant manifeste
ment hostile, on pourrait croire qu'il le nomme d'abord pour pouvoir
mieux lui imputer la détestable et onéreuse initiative consistant à
faire au sultan un cadeau pour prix du patriarcat. Mais, outre que
la quasi totalité des catalogues (B C D) le placent à ce rang, les détails
nouveaux fournis par le compilateur du cod. Iviron 286 sont d'une
telle précision qu'on hésite à rejeter son témoignage. Il nous apprend
en effet que Syméon aurait fait déposer par le synode ce même Marc
alors métropolite d'Andrinople — il le devint au cours de l'année
indictionnelle 6973 (sept. 1464-août 1465) 94 — pour son refus de
concélébrer avec son collègue de Nicomédie Macaire, déchu et sanc
tionné anciennement pour ses sympathies latines 95.
Ce dernier trait paraît suspect à première vue, car Macaire, qui
avait bien mis sa signature au bas du décret du concile de Florence
un quart de siècle auparavant, l'avait protestée dès son retour sur le
Bosphore et se trouva être en 1445 le prélat le plus considérable,
voire même le président de cette Hiera Synaxis qui se voulait la tête
de l'Église réelle et militait contre le latinisme officiel sous l'égide de
Georges Scholarios. Il souscrivit en effet le premier le mémoire 96 que
le groupe des opposants remit (octobre 1445) à Jean VIII Paléologue
à l'issue des conférences contradictoires du palais de Xylalas et au
93. Voir ci-après p. 263 l'appendice. Si le mot ήμισυ n'est pas là de trop, on
doit tenir le chiffre de six mois comme arrondi.
94. L'acte synodal (sans nom de patriarche), conservé dans le cod. Metoch. S.
Sepulchr. 145, a été publié dans Gr. Kampouroglou, Μνημεία της ιστορίας των
'Αθηναίων, II, Athènes 1890, p. 358-360 par M. Gédéon. Germain de Sardes,
op. cit., p. 9, n° 28 a émis des doutes sur l'identité de ce métropolite Marc avec le
patriarche homonyme. Notre liste en fait justice.
95. Macaire de Nicomédie signa en effet le décret du concile de Florence. Cf.
J. Gill, Quae supersunt Actorum graecorum, concilii Florentini. Rome 1953,
p. 4661. Photo de la signature, Ibidem sur la planche qui précède l'Introduction.
96. Cf. Scholarios, Œuvres complètes, I II, p. 19310. Sur la date de ce document
consulter Patrinélis, Agallianos, p. 33 en note.
V. LAl'RENT : LES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE 253
La version des faits présentée par notre liste est donc parfaitement
plausible. On peut seulement se demander si son auteur n'a pas dél
ibérément chargé la mémoire de Syméon — l'homonymie des noms
(Syméon-Simon) l'y invitait — en l'accusant d'avoir, le premier,
exploité à son avantage la vénalité des Turcs. Mais ici encore l'éven
tualité ne peut en être exclue, à cette réserve près que la charge put
être négociée avec ou sans l'accord du bénéficiaire par un fort parti
de compatriotes, transférés comme lui de Trébizonde à Constanti
nople et jouissant dans les sphères ottomanes d'une réelle influence.
Dans ce cas l'argent qui l'avait porté à la tête de l'Église devait
l'en faire déchoir à bref délai. Syméon ne fit sans doute que passer,
car Marc ne devait pas tarder à marquer des points.
8. Marc Xylokaravi. — Une date est certaine dans le dossier de
ce patriarche : en juin 1466 101, il occupait en effet le trône œcuménique
et cela depuis assez longtemps pour qu'il put se plaindre au métrop
olite de Dercos et à l'évêque de Métra de leur réserve à son égard.
Ces prélats, non contents de ne l'avoir pas complimenter à l'occasion
de son accession au patriarcat, allaient, disait-on, jusqu'à omettre
de faire mémoire de lui dans la liturgie et, fait patent, ne lui avaient
encore soumis aucune affaire. Comme il s'agit d'éparchies très proches
d'Istanbul, le temps écoulé depuis que Marc était à la tête de l'Église
ne devait pas excéder plusieurs mois, en sorte que ce premier pontif
icat dut tenir tout entier dans l'année 1466.
A la vérité les sources grecques ne nous fournissent qu'une indica
tionvalable, malheureusement assez imprécise : ποιήσας ουν καιρόν
ολίγον102. Je ne pense pas que dans l'esprit de l'auteur103 cette expression
puisse s'étendre à une année entière. La durée d'un semestre la justifie
pleinement, en sorte que la déposition du patriarche dut se situer
au cours de l'été. A la fin de juin celui-ci devait déjà se sentir menacé
d'exclusion, s'il est vrai qu'il affichait alors l'intention de revenir
avec les siens en Crète. Le 26 de ce mois le Sénat de Venise, en en
prenant acte104, donnait aux autorités de l'île l'ordre de refouler les
101. Date de la lettre patriarcale dont il va être question, destinée à être lue
par les soins de l'exarque Joachim dans les églises des deux éparchies de Dercos et
de Métra. Éditée par M. Gédéon, dans D. G. Kampouroglou, op. cit., p. 354.
102. Cf. Ecthesis Chronikè (éd. Lambros, p. 28 ).
103. A vrai dire cette expression qui revient assez souvent sous la plume du
chroniqueur a chez lui une portée relative. Suivant le contexte elle peu dési
gner plusieurs années par rapport à un siècle ou quelques jours dans un mois.
104. Cf. VI Lamansky, Secrets <V État de Venise. Saint-Pétersbourg 1884, p. 052 :
cum eius filius (Marc Xylokaravi), magni ingenii et magne astutie, iverit Cons-
V. LURENT : LES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE 255
rosité a dû paraître excessive au compilateur de notre liste qui, pour réduire l'écart
d'avec le « cadeau » fait la fois précédente, aura élevé celui-ci à 1 500 florins.
109. Ainsi le synode procéda ce mois-là à l'élection de Cyrille à la métropole de
Patras. (Cf. 'Ελληνικά, III, 1930, p. 46) et à la déposition, dont il va être question,
des deux archontes qui troublaient l'Église. Un autre acte, de l'année indiction-
nelle 6975 (sept. 1466-août 1467), restitua au métropolite d'Éphèse l'évêché de
Magnesia (éd. Δελτίον της ιστορικής και εθνολογικής Εταιρείας της Ελλάδος,
II, 1885, ρ. 652-654).
110. Ed. Lambros, p. 306.
111. Fille de Georges Brankovic (f 1456), Mara avait été, encore enfant,
enfermée dans le sérail de Mourad II qui l'épousa le 4 septembre 1435. A la mort
de celui-ci (f février 1451), la princesse avait été renvoyée à son vieux père, puis
dotée richement par Mahomet II en Macédoine où elle devait mourir le
14 septembre 1487. Cf. F. Babinger, Mehmeds II. des Eroberers Mutter. Legende
und Wirklichkeit, dans Münchener Beiträge zur Slavenkunde. Festgabe für
Paul Diels, München 1953, p. 5. Voir aussi ci-dessus, note 24.
112. Cf. Lambros, Ecthesis Chronikè, p. 29, 30.
V. LAURENT : LES PATRIARCHES DE CONSTANTINOPLE 257
installer, elle ne réussit pas à l'y maintenir, si tant est qu'elle fut
toujours là pour le soutenir113.
Denis eut en effet dès le début de puissants ennemis, les stavro-
phores auxquels notre liste attribue sa chute, surtout Manuel Chris-
tonymos, car, comme Denis était le favori de la sultane, Ghristonymos
se trouvait être la créature du puissant Kyritzès et l'on ne saurait
exagérer en pensant que la princesse et le secrétaire de la Porte avaient
des vues divergentes en matière de succession patriarcale. Le conflit
entre leurs protégés devenait inévitable.
Denis, à peine promu, prit les devants et fit déposer avant la fin
de l'année 1466 son prédécesseur. Et, comme Marc, resté sur place,
manifestait trop bruyamment contre cette mesure 114, il condamna
et suspendit, le 15 janvier 1467115, les deux stavrophores, Galésiotès
et Christonymos, qui animaient la campagne de son adversaire. Mais
la Porte dut intervenir, car le tandem, réhabilité, reprit son action
subversive et finit par obtenir l'éloignement de Denis après déposition
par le synode 116.
10. Marc. — Notre liste est seule à signaler un second patriarcat
de Marc. Le fait paraît de prime abord assez vraisemblable, car les
121 . On sait que le droit d'élire les métropolites était réservé'au synode patriarcal
et l'ordination au patriarche depuis le xne siècle, et, ce semble, depuis bien plus
longtemps. Cf. E. Hermann, Appunti sul diritto metropolitico nella Chiesa bizan-
tina, dans Orientalia Christiana Periodica, XIII, 1947, p. 528-533.
122. Aurait-il été transféré à Tirnovo qui en octobre 1474 eut un métropolite de
ce nom fort peu usité au sein de l'épiscopat grec? Dans l'affirmative il faudrait
admettre que son attitude durant la tentative d'Alexis Comnène fut purement
passive, car le sultan ne badinait pas avec ceux de ses collaborateurs grecs qui
lui paraissaient trahir ses intérêts.
123. Cf. Babinger, op. cit., p. 365, 366.
124. Ce ne devait pas être la première fois que Syméon visitait la partie
européenne de son patriarcat, car sa présence est signalée aux Météores le
21 octobre 1472. Cf. N. Bées, Τα χειρόγραφα των Μετεώρων I, Athènes 1967
p. 6.
125. Avant de quitter Istanbul, Syméon expédia une encyclique dont Je texte
non daté nous a été conservé. Édit. : Stamatiadès, op. cit., 22-25 (voir p. 24 ).
126. Cf. Stamatiadès, op. cit., p. 14, 15.
260 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
132. Il est en effet violemment pris à partie dans plusieurs actes synodaux qui
le donnent à l'occasion comme le principal agitateur avec le grand skévophylax
Georges Galésiotès, tous deux étant qualifiés de : πρωταιτίους και άφανιστας της
'Εκκλησίας (cf. Stam atiad es, op. cit., p. 20). Voir sur les agissements de ces deux
personnages pendant la période ici étudiée Patrinélis, Agallianos, p. 78-85.
133. Cf. Νέος Έλληνομνήμων, VII, 1910, p. 154 (date de sa mort); Lambros,
Ecthesis Chronikè, p. 35. M. Gédéon, Ιστορία των του Χρίστου πενήτων,
1453-1913, ρ. 44 et Germain de Sardes, op. cit., p. 21 qui sans doute s'inspire
du précédent, en font un Paléologue. A tort, car la source de leur information
est évidente. Il s'agit du cod. Oxon. Lincoln, gr. 10 que ces deux auteurs ont
consulté dans l'édition de C. Sath as, op. cit., VII, p. 58624, où on lit. : κυροϋ Μαξίμου
του Παλαιολόγου, au lieu de κυροϋ Μαξίμου του λογίου, suivant l'édition critique
de Lambros, Ecthesis, p. 3517 (en note). Le vrai nom du prélat fut Γούναρης selon la
liste reproduite ci-après en Appendice. Au sujet du personnage voir Patiunélts,
I gall in nos, p. 81-85.
.
134. dependant le fait que le scribe donne la somme des patriarches énumérés
dans la lisle qu'il vient de transcrire ferait croire qu'il a épuisé celle qu'il avait
sous la main.
CATALOGUE DES PATRIARCHES DE CONSTANT
Tableau comparatif
Grumel Notre liste
Gennade 1° : 6 janv. 1454-6 janv. 1456. Gennade 1° : 6 janv. 1454-6 janv. 14
Isidore : 1456 (avant mai) - pri Isidore : c. 15 janv. 1456-31 m
ntemps 1462. 1462.
Gennade 2° : été 1462-été 1463.
Sophrone : août 1463 - début août Joasaph 1er avril 1462-10 av
1464. 1463.
Gennade 3° : août 1464-juillet 1465. Gennade 2° fin avril-mai 1463.
Joasaph : juillet 1465-c. milieu 1466. Sophrone débutété 1463-c.juil.146
Gennade 3° début août 1464- fin
Marc : milieu 1466 - nov. - déc. 1465.
1466. Syméon 1° automne 1465.
Syméon 1° : nov.-déc. 1466-c. fin 1467. Marc 1° début 1466-automnel46
Denys : fin déc. 1467-c. fin 1471. Denys automne 1466-fin 1471.
* Marc 2°
Syméon 2° : c. fin 1471/début 1462-fin Syméon 2° fin 1471-début 1475.
1474. Raphaël début 1475-début 1476.
Raphaël : début 1475-début 1476.
135. Cf. Patrinélis, Agallianos, p. 67, en note. L'auteur, qui limite son enqu
probabilité aux deux listes qu'il propose.
v. laurent : les patriarches de constantinople 263
Appendice
V. Laurent