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Vitalien Laurent

La chronologie des patriarches de Constantinople au XIIIe s.


(1208-1309)
In: Revue des études byzantines, tome 27, 1969. pp. 129-150.

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Laurent Vitalien. La chronologie des patriarches de Constantinople au XIIIe s. (1208-1309). In: Revue des études byzantines,
tome 27, 1969. pp. 129-150.

doi : 10.3406/rebyz.1969.1417

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1969_num_27_1_1417
LA CHRONOLOGIE DES PATRIARCHES
DE CONSTANTINOPLE AU XIIIe S.

(1208-1309)

Aux divers stades de son élaboration l'inventaire de ce qui a sur


vécu des Actes de chancellerie émis par l'Église de Constantinople
a posé le problème ardu de la chronologie des patriarches successifs.
Paradoxalement celle-ci est loin d'avoir dans son ensemble la précision
de celle des papes, voire même d'atteindre toujours ce degré de cert
itude indispensable à ce qui est par nature le cadre obligé de l'histoire
ecclésiastique.
Certes, grâce à une plus grande abondance de sources historiques
et au fait encore plus appréciable que le nombre d'actes conservés
est sensiblement plus élevé que pour les périodes antérieures, la chro
nologie patriarcale pose moins de problèmes au xine siècle. Il en
subsiste encore néanmoins de délicats malgré les recherches x partielles
dont ils ont bénéficié. L'auteur du quatrième fascicule des Regestes
des Actes du patriarcat byzantin, soucieux d'alléger un manuscrit
déjà trop fort, voudrait grouper ici et confronter avec les sources,
connues ou inédites, qui lui sont accessibles, les résultats acquis. Il
devra pour cela passer successivement en revue chaque pontificat,
en établir les dates extrêmes et présenter au lecteur les textes essentiels
sur lesquels se fondent ses conclusions.

1. — Michel iv Autoria^vos

A vrai dire le xnie siècle s'ouvre sur le pontificat de Jean X Kama-


téros et c'est par lui qu'il nous eût fallu débuter. Mais une précédente

1, La chronologie des patriarches de Constantinople a fait l'objet de nom


breuses études depuis le xvne siècle. Pour la littérature ancienne consulter
S. Vailhk, art. Constantinople (Église) dans DTC, III, col. 1308-1313. pour la
littérature moderne V. (Irimel, La Chronologie. (Traité d'éludés byzantines, 1)
Paris 1958, p. 'i'.Vi. Voir aussi ci-après les notes (passim).
130 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

Tableau comparatif des catalogues patriarcaux

D H Κ

Michel 1er 5.6.0 5.6.0 4.0.0 5.6.0 4.0.0 5.6.0 4.0.0 4.0.0 6.5.6
Théodore 1er 2.0.0 2.0.0 6.0.0 2.0.0 6.0.0 2.0.0 6.0.0 6.0.0 1.4.3 1.4.3
Maxime II 0.7.0 0.7.0 0.6.0 0.7.0 0.6.0 0.7.0 0.6.0 0.6.0 0.8.0 0.8.0
Manuel 1er 5.6.0 5.6.0 0.4.0 5.6.0 0.4.0 5.6.0 0.8.0 0.4.0 5.7.0
Germain II 17.6.0 17.6.0 5.6.0 17.3.0 5.6.0 17.6.0 11.6.0 5.6.0 18.0.0
Méthode 0.3.0 0.3.0 0.3.0 0.3.0 0.3.0 0.3.0 0.3.0 0.3.0 0.3.0
Manuel II 11.0.0 14.0.0 11.0.0 14.0.0 11.6.0 11.0.0 11.0.0 11.6.0 11.0.0
Arsène (1°) 3.0.0 5.0.0 3.0.0 9.0.0 5.0.0 9.0.0 5.0.0
Nicéphore II 2.0.0 1.0.0 2.0.0 1.0.0 1.0.0 1.0.0 1.0.0
Arsène (2°) 4.0.0 2.0.0 4.0.0 2.0.0 2.0.0 2.0.0 2.0.0
Germain III 2.0.0 1.0.0 1.0.0 2.0.0 1.6.0 2.0.0
Joseph 1er (1°) 7.0.0 8.0.0 9.0.0 8.0.0 8.0.0 8.0.0 8.0.0
Jean XI 8.0.0 7.0.0 8.0.0 7.0.0 8.0.0 8.0.0 8.0.0 8.0.0 8.0.0
Joseph 1er (2°) 0.3.0 0.4.0 0.3.0 0.4.0 0.4.0 0.4.0 0.4.0
Grégoire II 6.6.0 6.6.0 6.0.0 0.6.15 6.6.0 6.0.0 6.0.0
Athanase 1er (1°) 4.0.0 4.0.0 4.0.0 4.0.0 4.0.0 4.0.0 4.0.0 4.0.0 4.0.0
Jean XII 7.0.0 9.0.0 9.0.0 9.0.0 9.0.0 7.0.0 9.0.0 9.0.0 9.0.0
Athanase 1er (2°) 7.0.0 9.0.0 7.0.0 6.3.0 7.0.0 7.0.0 7.0.0 7.0.0 3.1.15

A = Athen. BN 1372 F = Laurent. LIX, 13


Β = Athen. BN 364 G = Paris, grec 1783
C = Barocc. gr. 59 H = Paris. Suppl. grec 1034
I) = Meteor. Barlaam 204 et Iviron 382 J = Paris grec 880 et 1355
Ε = Paris. Coislin 382 Κ = Paris grec 1630 et Barocc. gr. 142

Nota. — Les trois chiffres placés dans les colonnes sous le sigle de chaque
manuscrit désignent, dans l'ordre, le nombre d'années, de mois et de jours attri
bués par chaque catalogue aux divers patriarcats.
V. LAURENT : LA CHRONOLOGIE DES PATRIARCHES 131

note du regretté P. V. Grumel 2, concluante à souhait, nous en dis


pense. Commencé le 5 août 1198, ce patriarcat se termina le 26 mai
1206, date à laquelle Jean X, ayant refusé de se rendre à l'appel de
Théodore Lascaris réfugié à Nicée, mourut à Didymoteichos de
Thrace. Il s'ensuivit une vacance dont la durée est ainsi calculée par
les auteurs de catalogues patriarcaux 3 : και έχήρευσεν ό θρόνος χρόνον
ένα, μήνας ι', δια το τόν βασιλέα έπιδημεΐν εις το Θρακήσιον.
D'après cette notice la restauration du patriarcat à Nicée aurait
eu lieu dans la seconde moitié de mars 1208. C'est très exactement
ce que confirme le catalogue [de kCalliste JXanthopoulos 4 : Μετά δε
την της Πόλεως άλωσιν έν Νικαία πρώτος πατριάρχης [γίνεται παρά του
βασιλέως Θεοδώρου του Λάσκαρικατα τήν|κ'τοΰ μαρτίου μηνός της θ'Ίνδικ-
τιώνος ό μέγας της 'Εκκλησίας σακελλάριος Μιχαήλ ό Αύτωρειανός"
άρχιερατεύσας ετη ς', μήνας ε'καί ημέρας [ς' έτελεύτησεν.
J'ai dit : dans la seconde moitié de mars 1208, en tenant compte de
l'habitude des compilateurs de listes épiscopales arrondissant en plus
ou en moins les chiffres qu'ils sont amenés à citer. Les anciens auteurs 5,
à l'exception du P. J. Pargoire 6 qui plaçait l'avènement de Michel IV
entre le 17 mars et le 19 avril 1207 et surtout de A. Heisenberg7 qui,
le premier, a fait la lumière sur ce point, ont tenu un compte strict
des données de la susdite notice et placé au 20 mars 1206 l'inaugu
rationdu patriarcat nicéen. En réalité il y a erreur d'indiction. Plu-

2. V. Grumel, « La Chronologie des Patriarches de Constantinople de 1111 à


1206 », dans cette revue (= REB), I, 1943, p. 265-268.
3. Les principaux d'entre eux sont édités dans A. Band u ri, Imperium Orientale,
I, Venise 1729, p. 161-194 (voir p. 170) et J. Leunclavujs, Jus graeco-romanum.
Francfort 1596, pp. 178-184 et 296-304. J'ai consulté un certain nombre de manusc
ritsentre lesquels apparaissent des écarts de chiffres parfois sensibles. On en
trouvera le relevé dans le tableau ci-joint p. 130.
4. Éditée d'abord par A. Banduri, op. cit., p. 164-176 (voir p. 170A-171C)
d'après le cod. Regius 3502, donc l'actuel Paris, grec 1630, et reproduite dans la
PG, CXLVII, col. 449-468 D, cette liste est également conservée en d'autres
manuscrits. J'ai consulté en plus du ms parisien le cod. Oxon. Barocc. 142, f.
292 r/v.
5. A commencer par Banduri lui-même, loc. cit., col. 510 BC, qui, malgré les
études concluantes d'Heisenberg (voir ci-après la n. 7), fait encore école (voir
le tableau, ci-après p. 150, à la 3e colonne).
6. Cf. J. Pargoire, « Nicolas Mésaritès, métropolite d'Éphèse », dans EO,
VII, 1904, p. 226. Pour notre confrère la date probable de l'intronisation de
Michel IV aurait été le 15 avril, dimanche des Rameaux.
7. Cf. A. Heisenberg, Neue Quellen zur Geschichte des lateinischen Kaisertums
und der Kirchenunion, II, München 1923, p. 5-12 (Patriarchenwahl und Kaiser
krönung in Nikaia 1208). Cité ci-après comme Heisenberg, Neue Quellen,
I-III.
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sieurs raisons permettent en effet de tenir l'année 1208 comme la


seule bonne. En effet,
1° elle est postulée par la durée de la vacance (un an et dix mois)
garantie par la même source;
2° elle est requise par le témoignage d'un témoin oculaire, Nicolas
Mésaritès, selon qui les clercs (évêques et archontes ecclésiastiques)
appelés à prendre part au scrutin eurent l'ordre de se rendre à Nicée
durant la troisième semaine de carême, c'est-à-dire entre le 9 et le
15 mars 8 1208 de manière à élire, avant le dimanche des Rameaux
(30 mars en 1208), le nouveau chef de l'Église pour qu'il pût, le jeudi-
saint, consacrer le chrême 9 en vue du sacre de l'empereur qui dans ces
conditions eut très vraisemblablement lieu le jour de Pâques. Or
voici, pour les trois années possibles, les données du calendrier :

3e semaine de Carême

1208 5-11 mars


1207 25-31 mars
1208 9-15 mars

Dimanche des Rameaux Semaine Sainte


26 mars 26 mars-ler avril
15 avril 15-21 avril
30 mars 30 mars-5 avril

Si nous retenons le 20 mars comme date de l'élection de Michel IV,


il est évident que, compte tenu de ce que nous apprend Mésaritès,
celle-ci ne put avoir lieu en 1207. D'ailleurs notre informateur qui
prit part au scrutin se trouvait encore à Constantinople le 17 mars,
jour auquel il y prononça l'éloge funèbre 10 de son frère. La traversée
de la Bithynie, alors dévastée par la guerre, ne lui eût pas permis
d'être au rendez-vous, car elle n'eût pu se faire en trois jours. On

8. Et non les 2-8 mars comme le veut Heisenberg, Neue Quellen, Π, ρ. 11, le
premier dimanche de Carême tombant en 1208 le 24 février. Cf. Gri'mel, Chronol
ogie,p. 313.
9. D'après la lettre impériale convoquant le corps électoral (éd. Heisenberg,
Neue Quellen, II, p. 34,. 35 (voir p. 35 3~5) ; voir aussi F. Dölger, Regesten der
Κ aiser Urkunden des oströmischen Reiches. 3 Teil : Regesten von 1204-1282. Mün
chen 1932, n. 1678. Cité ci-après comme Dölger, Kaiserregesten.
10. Cf. A. Heisenberg, Neue Quellen, I. Der Epitaphios des Nikolaos Mesa rites
auf seinen Bruder Johannes. München 1923, p. 16, dans le titre.
V. LAURENT : LA CHRONOLOGIE DES PATRIARCHES 133

sait d'autre part qu'il ne quitta pas le Bosphore avant l'automne


suivant11.
Le 20 mars 12 doit donc marquer plus sûrement le début du patri
arcat de Michel IV. La fin peut se calculer d'une manière aussi pré
cise. Sa durée ayant été, selon Xanthopoulos, de 6 années, 5 mois et
6 jours, la mort du patriarche (έτελεύτησεν) dut survenir le 26 août
1214.
Cette donnée est parfaitement recevable. Cependant elle semble se
heurter à une autre information du même Xanthopoulos, à savoir
que le décès de Michel IV fut suivi d'une vacance de dix mois et demi,
délai qui porterait à la mi-décembre la désignation de son successeur.
Le chroniqueur ajoute en effet : και έχήρευσε ό θρόνος μήνας ις δια
το άποδημεΐν τον βασιλέα εις το Θρακήσιον l3. L'erreur est ici manifeste et
contredit ce que le même auteur écrit au sujet du patriarche suivant.

2. — Théodore ii Irénicos

Voici en effet la notice14, on ne peut plus précise, qui lui est consacrée :
Και κατά τήν κη' του σεπτεμβρίου της β' Ίνδικτιώνος, ήμερα πρώτη, προε-
βλήθη ό ύπατος των φιλοσόφων και χαρτοφύλαξ τής Μεγάλης Εκκλησίας
Θεόδωρος ό Ειρηνικός λεγόμενος Κωπας' και τελευτα έπισκοπήσας έτος α'
δ'
μήνας ημέρας γ'.
Certes le synchronisme donné contient un élément discordant, car
à nouveau le quantième de l'indiction doit être erroné, le 28 septembre
ne tombant un dimanche qu'en 1214 en la troisième indiction. Théo
dore II aura donc été désigné comme patriarche le 28 septembre 1214.
D'autre part puisqu'il siégea un an, quatre mois et trois jours, sa mort
dut survenir le 31 janvier 1216, année que confirment15 et un pros-

11. Cf. Heisenberg, Neue Quellen, II, p. 10.


12. Élu le 20, le patriarche dut être ordonné et intronisé le 25 mars en la fête
de l'Annonciation. Il le fut de toute façon avant le jeudi-saint, 3 avril, car il lui
fallut consacrer le saint-chrême, ce qui se faisait ce jour-là, pour être en état de
sacrer l'empereur, sans doute le jour de Pâques, le dimanche 6 avril 1208.
13. Éd. PG, GXLVII, col. 465 A. Cf. Heisenberg, Neue Quellen, III, p. 75.
14. Éd. PG. CXLVII, col. 465 AB. Le chiffre indiquant le nombre des mois
que Banduri ne pouvait trouver dans le cod. Paris, grec 1360, se lit dans les
autres copies, v.g. dans le cod. Oxon. Barocc. 142, f. 292V. La même donnée se
rencontre au reste dans une autre liste anonyme celle-là que J. Leunclavii s,
Juris graeco-romani... libri duo. Francfort 1596, p. 296-304 (voir p. 204) fit con
naître d'après le cod. Paris, gr. 1355: reproduit dans PG, CXIX, col. 909 C-924 C
(voir col. 924 B). Autre copie dans le Paris, gr. 880.
15. Cf. Heisenberg, Neue Quellen, III, p. 60. D'autre part plusieurs actes
synodaux, émis en avril, mai et août 1216 (éd. Ed. Kurtz, dans Viz. Vremenn, XII,
134 REVUE DES ETUDES BYZANTINES

tagma impérial d'avril 1216 et une décision synodale du 9 mai suivant


traitant de la succession du patriarche défunt. Les dates à retenir pour
ce patriarcat sont donc : 28 septembre 1214-31 janvier 1216.

3. — Maxime II

Xanthopoulos et un compilateur anonyme qui semble l'avoir


démarqué sont ici moins précis en ne retenant que la durée de ce
patriarcat. Voici, confrontées, leurs notices intéressantes à d'autres
égards :
Xanthopoulos 16 Anonyme 17
Και οντος του βασιλέως Λάσκαρι Ώρίσθησαν δέ οι άρχοντες του
εν τω θέματι του Θρακησίου, πατριάρχου και οι αρχιερείς
ώρίσθησαν οί αρχιερείς και οι εγγράφως γνωμοδότησα!. και
άρχοντες τής Εκκλησίας έγγρά- προεβλήθη δια προστάγματος
5 φως γνωμοδοτήσαι και προεβλήθη Μάξιμος ό καθηγούμενος μονής
δια προστάγματος ό καθηγού των 'Ακοίμητων. Έλθόντος δέ
μενος τής μονής τών 'Ακοίμητων
και
παρ'του
αύτοΰ
βασιλέως,
κατά τήν
προεβλήθη
ιζ' του και
...
Μάξιμος. Και έλθόντος του βασι
λέως πάλιν και παρ' αύτοΰ ώς μηνός, 'αρχιερατεύσας μήνας η'.
ιζ'
10 εθος προεβλήθη κατά τήν
του ιουνίου μηνός, αρχιερατεύσας
μήνας οκτώ. rHv δέ 6 άνήρ
αμαθής λόγων περί τήν γυναικω-
νίτην έσχολακώς, φυγάς γενόμενος
15 πρότερον εκ τής Πόλεως και
πνευματικός χρηματίσας του
βασιλέως" ίεράτευσε δέ μήνας ς
και θνήσκει. Ούτος κατά τών
Νικαέων έξήγειρεν τόν βασιλέα.

Lorsque mourut Théodore Irénicos l'empereur faisait à nouveau


campagne dans le thème de Thrakésion. Dans l'impossibilité de
quitter l'armée, Théodore Lascaris ordonna au métropolite d'Éphèse,
alors Nicolas Mésaritès, le président en droit, de réunir le synode pour
lui demander si, absent, il pouvait proposer un candidat dans les

1905, p. 99-111), le furent sous la présidence du même métropolite d'Éphèse et


donc marquent une vacance du patriarcat.
16. Les deux témoins consultés (K) présentent quelques variantes sans portée
pour la présente étude.
17. Cf. PG, GXIX, col. 924 B. Le nom du mois manque aussi dans le Paris,
gr. 880, f. 405.
V. LAURENT : LA CHRONOLOGIE DES PATRIARCHES 135

formes canoniques. La réponse, datée d'avril 1216 18, ayant été affi
rmative, le nom de Maxime, qui depuis près d'une décennie se trouvait
être le confesseur du monarque 19, fut avancé 20, agréé, et en consé
quence publié (προεβλήθη) une première fois par l'empereur du
camp où il se trouvait, vraisemblablement vers la fin de ce même mois
d'avril. La seconde cérémonie, qui eut lieu le 17 juin au retour du
souverain dans sa capitale, ne fut que complémentaire de la première.
Cette procédure singulière de la double promotion explique l'écart
des sources évaluant la durée de ce pontificat. Ainsi Xanthopoulos
et l'anonyme qui ci-dessus lui fait face l'estiment à huit 21 mois parce
qu'ils comptent à partir du mois de mai, tandis que l'ensemble des
catalogues, calculant en commençant par le mois de juillet, n'en trou
vent que six, d'accord en cela avec Georges Acropolite : έπιβιούς δε
μήνας ς' τελευτα 22. Dans les deux cas Maxime dut mourir vers la fin de
décembre, surtout si l'on tient compte de plusieurs catalogues (AD F)
qui arrondissent à 7 les mois de son pontificat dont les limites extrêmes
paraissent devoir être en conséquence : fin juin à fin décembre 1216.
Mis en demeure de prendre la direction spirituelle d'un empereur
volage, Maxime, alors simple moine, fit des difficultés et se porta
malade 23. Il se rendit cependant à la cour et réussit ce tour de force
de contenter à la fois le vert galant qu'aux dires d'Acropolite 24 fut
Théodore Ier Lascaris et le gynécée, sans lequel, observe malicieuse
ment l'historien, le religieux n'aurait jamais pu s'élever à une aussi
haute dignité. Allusion transparente à son manque de culture, voire
d'instruction, et apparemment à quelque autre travers que recouvre
cette curieuse épithète 25 de μερισμός que certaine notice accole à
son nom.

18. Cf. Dolger, Kaiserregesten, n. 1698.


19. Cf. REB, XXV, 1967, pp. 124-125, 129-130.
20. Cf. Dolger, Kaiserregesten, n. 1699.
21. Ce chiffre de huit a semblé une erreur à Heisenberg, Neue Quellen, III,
p. 60 n. 1. Comme je le note ci-dessus, je crois plutôt que les listes J et Κ (Xanthop
oulos) auxquelles semble bien devoir être ajoutée G, qui attribue certainement
par erreur huit mois à Manuel Ier, ont compté à partir de la première promotion
de Maxime.
22. Éd. Heisenberg, p. 32 22 et 221 17 : τούτου δέ μετ' ένιαυτούς εξ άπολιπόντος.
Voir aussi l'Anonyme (— Théodore Scoutariotès) de Sathas, dans Μεσαιων
ική Βιβλιοθήκη, Vil, Paris 1894, p. 468 3 (6 mois).
23. Cf. REB, XXV, 1967, pp. 124, 125, 129, 130.
24. Éd. Heisenberg, p. 32 2~3 : θυμοΰ τε και αφροδισίων ήττώμενος. Aux dires du
même l'homme n'était cependant pas beau : petit, le teint foncé, louchant quelque
peu, la barbe tombante et bifide, telle que la représentent ses monnaies.
25. Cf. NE, VII, 1910, p. 134 n. 27. 11 est toutefois plus probable qu'il y a là
136 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

4. — Manuel Ier Sarantènos

Nos documents ne nous livrent dans ce cas que la durée du pontif


icat, durée que les listes fixent, à quelques exceptions près (CG),
à cinq ans et demi ou à cinq ans et sept mois (K). Or si ce renseigne
ment est valable, on ne saurait admettre l'opinion reçue selon laquelle
la désignation du nouveau patriarche aurait eu lieu, sans tarder,
durant le mois de janvier. En effet Manuel Ier resta en charge au moins
jusqu'en septembre 1222 26, ce qui porte le temps de son patriarcat
à cinq ans et neuf mois, auquel cas les compilateurs de catalogues
n'auraient pas manqué de l'arrondir en six années, ce qui n'est pas.
Il faut donc admettre ici encore une courte vacance du trône œcumén
iqueet reporter l'élection de Manuel vers mars 1222. Son décès dut
survenir au cours de l'automne suivant, soit vers octobre, si nos listes
ne se trompent pas, soit vers la fin de l'année, comme le suggérerait
la date d'avènement de Germain II. Les dates probables de ce pontif
icatseraient donc c. mars 1217-automne 1222.

5. — Germain II

Même imprécision en ce qui concerne la fin de ce pontificat excep


tionnellement long qui cependant abonde en documents et en écrits
officiels ou non. En revanche le début peut être fixé avec exactitude
grâce à ces paroles que Germain prononça 27 en fêtant le premier anni
versaire de son élévation sur le trône patriarcal : "Ηδη μεν ούν
όλοτελές ένιαύσιον ήνυσα κύκλο δρό μη μα, εξ ότου τό πανίερον της
άρχιερωσύνης ένεδυσάμην αξίωμα. La suscription du texte lui-même
précise : άνεγνώσθη δε κατ' αυτήν την έπέτειον ήμέραν των αγίων και
πανευφύμων 'Αποστόλων.
En la fête des Saints Apôtres! Qu'est-ce à dire? L'éditeur 28 a conclu
sur une simple impression qu'il s'agit ici des Apôtres Pierre et Paul et

une simple erreur de la part du scribe ou de l'éditeur, car il semble bien que
Mérismos soit mis là pour Maximos.
26. Cf. MM, IV, p. 295-298. L'acte porte dans le protocole final trois données
chronologiques parfaitement concordantes : mois, année et indiction. Une erreur
paraît dans le cas tout à fait improbable.
27. Cf. Sp. N. Lagopatès, Γερμανός ό Β' πατριάρχης Κωνσταντι,νουπόλεως-
Νικαίας (1222-1240). Tripolis 1913, ρ. 260 9~η et titre.
28. Cf. Lagopatès, loc. cit., p. 25, 26. Si la correction que nous proposons est
bonne, la chronologie de tout un groupe de discours tenus par Germain II serait
à revoir.
V. LAURENT : LA CHRONOLOGIE DES PATRIARCHES 137

a conclu en conséquence que Germain avait été ordonné patriarche


le 29 juin. Et cette donnée nouvelle a été enregistrée sans discussion
aussi bien par les compilateurs de listes que par les historiens 28 bis.
En réalité il doit s'agir de la fête du 4 janvier, jour où l'Église byzant
inecélèbre Ή σύναξις των άγιων και ενδόξων29 'Αποστόλων Cette
conclusion m'est suggérée par deux considérations : 1) en aucun endroit
de l'homélie patriarcale il n'est fait mention de saint Pierre, saint Paul
n'étant nommé qu'à l'occasion d'une citation 30. Les saints Apôtres
dont l'orateur magnifie l'action missionnaire forment une masse ano
nyme où l'on ne saurait reconnaître le collège des Douze, au sujet
desquels il se serait exprimé autrement. Le thème développé peut en
revanche fort bien convenir aux soixante-dix disciples; 2) dans les
deux hypothèses le sermon dut être prononcé en 1223, puisque Manuel
était toujours en charge en septembre 1222. Or rien ne permet de
penser à l'existence d'une nouvelle vacance, cette fois prolongée,
puisqu'elle aurait été de quelque huit mois. Je retiens donc le 4 jan
vier 1223 comme le jour où Germain II fut intronisé patriarche.
La date de sa mort n'est signalée nulle part et nous n'avons pour
la découvrir que les données des catalogues qui fixent la durée du
pontificat dans leur majorité à dix-sept ans et demi (ABDF), chiffre
que Xanthopoulos 31 semble avoir arrondi en dix-huit ans. Si nous
retenons le premier chiffre, le patriarcat de Germain aura pris fin
vers le milieu de l'été 1240. Il avait commencé le 4 janvier 1223.

6. — Méthode

Le successeur de Germain fut pris sur place, dans la ville même de


Nicée où il dirigeait le monastère de Hyacinthe. La quasi-totalité de
nos listes (ABCDFG) estiment à trois mois la durée de son pontificat,
donnée enregistrée par Xanthopoulos 32 qui l'a empruntée à Acro-

28 bis. A l'exception de Maria Nystazopoulou, Ό "Άλανικός" τοϋ επισκόπου


Άλανίας Θεοδώρου και ή εις τον πατριαρχικόν θρόνον άνάρρησις Γερμανού τοϋ Β',
dans EEBS, XXXIII, 1964, 270-278, qui, la première, a établi la vraie date en
étudiant le petit traité de l'évèque d'Alanie.
29. Cf. H. Delehaye, Synaxarium Constantinopolitanum. Propylaeum ad
Acta iiovembris. Bruxelles, 1902, p. 370 dans l'apparat critique. Comparer les
deux appellations : αγίων και ενδόξων 'Αποστόλων (Synaxaires) et αγίων και
πανευφήμων 'Αποστόλων (discours).
'M). Cf. Lagopatès. loc. cit., p. 264 31~33 (Rom. 16, 20), sans référence aucune
à la fête du jour.
'M. Cf. PG, CXLVII, col. 465 C. L'anonyme, qui en fait autant semble accuser
par là aussi sa dépendance à l'égard de Xanthopoulos.
■A-l. Cf. PG, CXLY1I, col. 465 CL).
138 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
polite 33 : άλλ' ούτος τρεις και μόνους μήνας έπαπολαύσας του θρόνου,
τετελεύτηκεν, dont il reproduit le jugement désobligeant sur un
homme qui croyait tout savoir et ne savait rien. Si l'on apprend
ainsi combien de temps Méthode resta en charge, on ignore quand
celle-ci lui fut confiée et quand la mort la lui fit déposer. La seule
certitude que l'on puisse avoir est qu'elle dut tenir tout entière dans
le second semestre de l'année 1241. En effet au mois de mai de la
XIVe indiction, donc en mai 1241, quand le synode patriarcal envoya
sa profession de foi trinitaire au catholicos arménien, le trône œcu
ménique était vacant (texte inédit dans le Monac. ff. 16V et 18V).
Γράμμα άποστολικόν έκτεθέν μετά την εκείνου (Germain II) προς
Κύριον έκδημίαν παρά των υποκειμένων τω θρόνω της Κωνσταντι
νουπόλεως αρχιερέων.

7. — Vacance du siège

La mort de Méthode une fois signalée, Acropolite 34 que Xantho-


poulos 35 démarque à nouveau ajoute : παρερρύη χρόνος συχνός, και
ούκ ήν 6 διεξάγων το ποίμνιον. Plusieurs années durant lesquelles le
troupeau resta sans pasteur! Qu'est-ce à dire? Nous ne pouvons
que le conjecturer. L'historien nous donne en effet à connaître la
cause de cette vacance prolongée : l'impossibilité où Jean Batatzès,
occupé à d'incessantes campagnes militaires, se trouvait de choisir
entre les candidats désignés par le synode celui qui pourrait être à
son goût. Un temps considérable (χρόνος συχνός) s'écoula ainsi avant
qu'il lui fut possible de s'occuper de l'affaire en regagnant sa capitale
définitivement. Cela après trois années d'absence sans doute inte
rmittente mais si chargées d'autres préoccupations, malgré la trêve 36
de deux ans conclue avec les Latins en juin 1241, qu'il ne put s'occuper
de l'affaire.

8. — Manuel II

Acropolite37 nous fournit pour la fin de ce pontificat une indi


cation précise : πέφθασε γαρ ό πατριάρχης Μανουήλ μικρόν τι του

33. Éd. Heisenberg, p. 71 26-721 (voir p. 721).


34. Ibid., p. 72 7^8.
35. Cf. PG, GXLVII, col. 465 D.
36. Cf. Dölger, Kaiserregesten, n. 1773.
37. Éd. Heisenberg, p. 1064 6.
V. LAURENT : LA CHRONOLOGIE DES PATRIARCHES 139

βασιλέως 'Ιωάννου προτελευτήσοα. L'on sait en effet que Jean III


Batatzès mourut 38 le 3 novembre 1254. C'est donc au courant du mois
d'octobre que le décès du patriarche Manuel Charitopoulos laissa
à nouveau vacant la trône œcuménique. Or suivant nos catalogues
ce pontife aurait siégé onze ans. Son élection dut donc remonter au
début de l'automne 1243 ou, si le chiffre de onze ans est arrondi,
au courant de l'été ou à la fin de l'automne. Comme nous le notons
ci-dessus la vacance qui précéda ce patriarcat aura duré trois ans
pleins ou un peu plus. Les dates de Manuel seront donc août /octo
bre1243-octobre 1254.

9. — Arsène Autorianos

Cette fois, remarque Acropolite 39, le choix et l'intronisation du


chef de l'Église ne pouvaient attendre, le nouveau monarque, Théo
dore II Lascaris, pressé de passer en Europe où les Bulgares atta
quaient ses états, tenant à être auparavant sacré comme ses prédé
cesseurs. L'affaire requit cependant quelque temps, car l'homme
dont le prince s'accommoderait ne se rencontra pas tout de suite.
Nicéphore Belmmyde que Germain II 40 avait déjà désigné pour
lui succéder fut d'abord contacté, puis écarté pour sa trop grande
indépendance d'esprit. D'autre part Fépiscopat ne comptant aucun
prélat qui lui convînt, l'empereur tira de sa retraite sur un îlot du
lac Apollonias un moine inconnu, peu lettré, qui n'était même pas
clerc, Arsène. La hâte de le voir intronisé fut telle que tous les ordres
majeurs lui furent conférés en trois jours41 sans les interstices cano
niques indispensables. On peut dès lors conjecturer avec quelque

38. Cf. V. Laurent, la date de la mort de l'empereur Jean III Batatzès, dans
EO, XX XVI, 1937, p. 162-175.
39. Ibid., p. 10710-14. G. Pachymère l'affirme aussi (éd. Bonn, I, p. 1161"3).
40. Cf. A. Heisenberg, Nicephori Blemmidae curriculum vitae et car min a.
Lipsiae 1896, pp. χ χ et 39.
41. D'après Th. Skoutariotès (éd. Heisenberg, p. 2914·5) les évêques l'auraient
ordonné diacre et fait patriarche au cours d'une semaine. Cet auteur, lisant
dans son modèle Acropolite (éd. Heisenberg, p. 10712·1 ) que le moine Arsène
avait reçu en une seule journée les trois ordres majeurs (diaconat, sacerdoce et
épiscopat) et jugeant la chose impossible canoniquement, en aura étalé la colla
tion sur sept jours. Il est bien plus probable que la triple ordination se fit en trois
jours consécutifs sans intervalle aucun, comme le dit expressément Pachymère
(éd. Bonn, I, p. 1164~7); elle se trouvait de ce fait entachée d'irrégularité etcons-
titua le principal chef d'accusation que le métropolite d'Éphèse Nicéphore fit
valoir. Voir le commentaire de 1. Sykoutris, Περί το σχίσμα τών Άρσεν,ατών
<lans Ελληνικά, II, 1929, ρ. 273.
140 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

fondement que l'entrée en charge du nouveau pontife eut lieu dan&


la seconde moitié de novembre,' par exemple le 21, en la fête de la
Présentation de la Vierge au Temple, entrée bientôt suivie du cou
ronnement impérial arbitrairement placé le jour de Noël par les
historiens 42.
Aucune source n'indique de manière précise la fin de ce premier
pontificat. A en croire Pachymère 43, témoin des événements, la
déposition d'Arsène retiré spontanément du patriarcat, aurait été
quelque peu précipitée. Michel VIII, informé de la prise de Silyvrie
sur les Latins, se disposait à passer en Europe, quand il apprit la
retraite du patriarche. Celui-ci refusant de reprendre le gouvernement
de l'Église aux conditions qui lui étaient imposées, un successeur
lui fut rapidement donné et le monarque partit aussitôt pour tenter
sa chance contre Constantinople. Cela, dit Acropolite 44, à l'approche
du printemps 1260. Il faut donc que le pontificat d'Arsène se soit
prolongé au moins jusqu'en février de la même année, sinon jus
qu'en mars. L'élection de Nicéphore eut en effet lieu à Lampsaque 45
où hivernait Michel VIII et d'où il partit pour traverser la Méditer
ranée.De la sorte la majorité des listes patriarcales (CGK) marque
assez exactement la durée de ce pontificat qui aura été de cinq ans
et deux ou trois mois, soit fin novembre 1254 à février /mars 1260.

10. — Nicéphore II

Au sujet de ce pontificat nous n'avons qu'une donnée chrono


logique certaine, à savoir qu'il ne fut pas d'un an entier : μηδέ εις

42. Cf. J. B. Papadopoulos, Théodore II Lascaris empereur de Ν icée. Paris 1908,.


p. 65; Alice Gardner, The Lascaris of Nicaea. London 1912, p. 212. Cette date est
empruntée à l'éditeur de Pachymère, P. Poussines (éd. Bonn, I, pp. 696, 724),.
selon qui les tractations de Théodore II en vue de choisir le nouveau patriarche
auraient facilement pris tout le mois de novembre et une partie de décembre et,,
dans ce cas, estimait notre auteur, le jour de Noël était tout indiqué pour le sacre
de l'empereur. Il faudrait dès lors qu'Arsène ait été intronisé la veille ou l'avant-
veille du 25 décembre, car autrement on ne voit pas pourquoi les ordinations lui
auraient été conférées jour après jour sans les interstices réguliers, négligence
dont les graves conséquences ne pouvaient pas échapper au souverain et à ses
conseillers. Acropolite (éd. Heisenberg, p. 17014~15) dit expressément que Théo
dore II précipita les choses parce qu'il y avait urgence qu'il se portât en Europe
au secours de ses états attaqués par les Bulgares. On conçoit mal, dans ce cas,.
qu'il ait attendu, avant de s'embarquer, deux longs mois et qu'il soit parti en
plein hiver, au début de janvier.
43. éd. Bonn, p. 264-268.
44. éd. Heisenberg, p. 17320 : έαρος έπιλάμψαντος.
45. Ibid., p. 17921.
V. LAURENT : LA CHRONOLOGIE DES PATRIARCHES 141

-ολον σχεδόν ένιαυτον τον πατριαρχικον κοσμήσαντος θρόνον 46. Nos lis
tes, en leur quasi-totalité, comme au reste N. Grégoras 47, lui attribuent
■douze mois pleins; ils ont donc arrondi, comme à l'accoutumée,
la vraie donnée. Le passage de Nicéphore à la tête de l'Église fut
si bref que les chroniqueurs n'en ont marqué ni le début ni la fin.
Il nous faut les conjecturer en nous inspirant des circonstances de
son élection et du synchronisme d'un acte synodal apparemment
bien daté.
Ainsi qu'il est dit ci-dessus, la désignation de Nicéphore fut quel
que peu précipitée; elle fut en tout cas réglée peu avant l'embarque
ment de l'empereur pour l'Europe et de ce fait dut intervenir vers
mars 1260. On sait que, dans la suite, le prélat, fatigué de la guerre
que lui fit aussitôt certains membres du synode, passa à son tour
la mer et se rendit en Thrace auprès du souverain qu'il suivit et
auprès duquel il revint passer l'hiver à Nymphée. C'est dans cette
localité qu'il tomba malade et mourut 48 sans doute en février, mais
■certainement après le 1er janvier 1261. En effet il nous est parvenu
de Nicéphore l'un de ses principaux Actes, par lequel fut réglé le
statut de l'église de Trébizonde. Or cette charte ne saurait être main
tenue à la date (1er janvier 1260) à laquelle on l'assigne commun
ément. Nous avons en effet constaté ci-dessus que le pontificat
d'Arsène déborda sur cette année 1260, ce qui rend suspect le millé
sime 6768 donné par le document 49. Et cette erreur de transcription
ne serait pas la seule commise par le scribe, car le quantième de
l'indiction-6e- ne correspond ni à l'année 1260 (3e), ni à Tannée 1261
(4e), seules possibles; de même, le 1er janvier ne tombe un vendredi
ni en 1259 (mercredi), ni en 1260 (samedi = bissextile), ni en 1261
(samedi). L'hypothèse la plus probable est que, dans le modèle repro
duit, le jour de la semaine était désigné par un ζ' à la panse arrondie,
ce qui l'a fait prendre pour un ς . Le 1er janvier 1261 fut en effet
bien un samedi. D'ailleurs au témoignage d'Acropolite 50 qui, revenu
d'une mission en Bulgarie, se trouvait, lui aussi, à la cour, la succes
sionde Nicéphore vint en question après que Michel YIII eut quitté

46. Ibid., pp. 179 en note, 1805, μήπω άπενιαυτήσας προς (")εον άτήρε.
:

Th. Scoutariotès (éd. Heisenberg, p. 29910, 30Ü16).


47. Nie. Grégoras, (éd. Bonn, p. 80) : ος ενα έπιβιούς ένιαυτον έτελεύτησε.
48. Cf. G. Pachymère (éd. Bonn, I, p. 12612).
49 Cf. L. Petit, « Acte synodal du patriarche Nicéphore 11 sur les privilèges du
métropolitain de Trébizonde », dans Bulletin de l'Institut archéologique russe de
Constantinople, VIII, 190:î. p. 16H-1 71.
5(1. Ed. Heisenberg, p. 17ô26-17fi.
142 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

Nymphée pour sa résidence d'été, cela après Pâques 51 (24 avril)


1261. Le patriarcat était donc vacant (έχήρευε θρόνος dit précisément
Acropolite) depuis quelque temps. La situation interne de l'Église
ne devait pas inciter l'empereur à se hâter de lui donner un nouveau
chef.

11. — Arsène (2°)

Cependant l'empereur se reposait dans sa résidence printanière


de Klyzoménè quand le sébastocrator Constantin Tornikès vint le
presser de rétablir Arsène sur son trône. Certes Michel VIII avait
ses raisons 52 pour écarter le candidat de sa sœur Eulogie. Néan
moins il se crut obligé (ήνάγκαζε) de céder, voire il aurait même mis
quelque hâte (δια τάχους) 53 en l'affaire, sans doute après une longue
hésitation. Le rétablissement d'Arsène au patriarcat aurait ainsi
été effectif au cours du printemps, donc au plus tard en mai /juin 1261.
Michel VIII devait se défaire une nouvelle fois d'Arsène qu'il n'avait
repris qu'à contrecœur. Les premières accusations qui lui étaient
nécessaires pour provoquer sa déposition lui furent portées par un
clerc le samedi de l'acathiste, en une année où cette fête tombait
au début d'avril 54. Or la chose ne se vérifie pour l'époque qu'en 1264
et 1267. De ces deux années laquelle retenir? Sans hésitation possible
la première, puisque en mai 1267, Joseph Ier, nous le verrons, était
déjà en charge. L'instruction du procès dura en effet quelque temps,
car Pâques (20 avril) se passa sans qu'aucun jugement eût été rendu.
Ce n'est qu'à la fin de mai ou au début de juin que l'affaire connut
son dénouement par la déportation du patriarche dans l'île de Procon-
nèse 55.
Les dates du patriarcat d'Arsène seront donc mai /juin 1261-mai/
juin 1264. Cette conclusion ne laisse pas de surprendre, car, d'une
part, elle nous oblige à admettre une vacance d'une année entière,
ce dont il n'y a nulle part trace, et, de l'autre, elle contredit les données
des listes qui, portent la durée du pontificat, les unes (BD) à quatre

51. Ibid., p. 17611 : τήν λαμπραν της αναστάσεως του Κυρίου ήμέραν προεορτάσας
εν τω Νυμφαίω.
52. Voir les observations de J. Sykoutris, loc. cit., p. 287, 288, auquel revient
le mérite d'avoir débrouiller la chronologie des patriarcats d'Arsène et de Ger
main III.
53. Cf. Acropolite (éd. Heisenberg, p. 181 en note).
54. Cf. Pachymère (éd. Bonn, p. 2575~7) : Τότε τοίνυν Βοηδρομιώνος ισταμένου και
των συνήθων νηστειών τελουμένων, εορτής αγομένης ήν Άκάθιστον σύνηθες όνομάζειν.
55. Ibid., ρ. 270, 271.
V. LAURENT : LA CHRONOLOGIE DES PATRIARCHES 143

ans, les autres (GEH) à seulement deux ans, réalisant ainsi entre elles
une juste moyenne.

12. — Germain III

Traditionnellement ce patriarche passait pour n'avoir siégé que


quelques mois en 1267. La publication 56 de son acte d'élection dû
ment daté a obligé de reviser 57 la chronologie de l'époque. Suivant
le document c'est au mois de mai 1265, huitième indiction, que
Germain aurait été transféré de la métropole d'Andrinople sur le
trône œcuménique. Cette datation dont tous les éléments concordent
ne va pas sans soulever de difficultés, car elle se heurte au témoi
gnage apparemment contraire de Pachymère 58, selon qui l'élection du
patriarche aurait eu lieu au mois de juin en la fête de la Pentecôte
: και μηνός Μαιμακτηριώνος εν τν) του Πνεύματος έορτη, donc apparem
ment le 5 juin 1267, puisque en 1265 et en 1266, la fête tombe dans
le premier cas le 24 mai, dans le second, le 16. Et cependant
l'année 1267 est à exclure, car le même Pachymère nous apprend
que le successeur de Germain avait déjà pris sa place à la fin de 1266.
A moins de supposer que cet historien généralement précis, se con
tredit, force est d'admettre avec Sykoutris que la date mentionnée
par le passage en question, soit juin, se rapporte non à l'élection
mais à l'intronisation qui se faisait presque toujours un peu plus
tard. Il paraîtrait ainsi plus normal que, la désignation du nouveau
pontife ayant eu lieu le lundi de la Pentecôte, à savoir le 25 mai 1265,
la cérémonie de l'investiture ait été reportée jusqu'en juin suivant.
Dans ce cas l'expression « en la fête de la Pentecôte » est à comprendre
dans un sens large, le lundi prolongeant la solennité de la veille.
Cette année 1265 s'impose aussi pour une autre raison. Le même
Pachymère 59 affirme en effet que Germain III célébra au moins une
fois dans Sainte-Sophie le dimanche des Rameaux. Commencé en
juin 1267, son patriarcat se fut, dans ce cas, prolongé jusqu'au 10 avril
1268, ce qui — nous allons le voir — ne se peut. En revanche, si l'on
accepte la date du 25 mai comme celle de son élection, il s'ensuit

56. Cf. J. Syroutrts. « Συνοδικός τόμος της εκλογής του πατριάρχου Γερμανού
του Γ' (1265-1266) », dans EEBS, IX, 1932, ρ. 178-212.
57. Voir, par ex., les rectifications apportées à la suite de cette publication
par F. Dölger à ses Régestes impériaux dans BZ, XXXIII, 1933, p. 202.
58. Éd. Bonn, p. 28015.
59. Cf. Pachymère (éd. Bonn, I, p. 29314~15) ώστε και της των Βαΐων εορτής
:

έπιστάση;.
144 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

qu'il était toujours en charge le 21 mars, jour des Rameaux en 1266.


Et en effet il n'abandonna ses fonctions qu'à la fin de l'été, en la
fête de l'Exaltation de la Sainte Croix 60, soit le 14 septembre suivant.
Les dates de ce pontificat sont donc : 25 mai 1265-14 septembre
1266, soit une durée d'un an et un peu plus de trois mois, inférieure à
celle de l'ensemble des listes qui lui attribuent soit un an et demi
(DG), soit même deux ans (BEH).

13. — Joseph ier

Le début de ce pontificat est connu avec toute la précision dési


rable : ό βασιλεύς εις πατριάρχην τούτον προβάλλεται., μηνός Σκιρροφο-
ριώνος είκοστ?) ογδόη της δεκάτης έπινεμήσεως του ,ςψοε' έτους, έκατομ-
€αιώνος δε νουμηνία χειροτονηθείς εις αρχιερέας τετέλεσται. Joseph fut
donc élu le 28 décembre 1266 en la dixième indiction après une
vacance de trois mois et demi. L'intronisation, elle, se déroula en
la fête de saint Basile le 1er janvier suivant. Cette première date
présente toutes les garanties nécessaires.
Pachymère est moins précis en ce qui concerne la fin de ce pontif
icat. L'année où elle survint est du moins certaine : 1275, l'abdi
cation de Joseph Ier étant directement liée aux tractations qui précé
dèrent et suivirent immédiatement le concile de Lyon (1274). On sait
en effet que le patriarche, circonvenu par des moines, se lia à ce
point par serment 62 envers eux qu'il refusa obstinément d'accepter
la politique d'union des Églises pratiquée par Michel VIII et dut
prendre l'engagement 63, si celle-ci aboutissait par les soins de la
mission envoyée à cet effet auprès du pape, de résilier sa charge.
C'est en conséquence le 9 janvier 1275 que fut rayé son nom des dip
tyques après que sa déchéance eût été proclamée : και άργίαν εκείνου
καταψηφίζονται καί γε μηνός έκατομβαιώνος έννάτη παύεται το τούτου μνη-
μόσυνον64. Joseph Ier aura ainsi occupé le patriarcat du 28 décembre
1266 au 9 janvier 1275, soit pendant huit ans et douze jours, durée
que l'ensemble des listes (ACEGH) ont interprétée correctement.

60. Ibid., p. 299 : Μην μεν έφειστήκει τότε Γαμήλιων, ήγετο δέ ή του τιμίου
Σταύρου εορτή, ην καί "ΐίψωσιν όνομάζομεν.
61. Ibid., p. 3052.
62. Cf. V. Laurent, « Le serment antilatin du patriarche Joseph Ier (juin 1275) »,
dans EO, XXVI, 1927, p. 396-407.
63. Cf. Pachymère (éd. Bonn, I, p. 38512).
64. Ibid., p. 3995. Cette date du 9 janvier — non du 11 comme Poussines l'imprime
par distraction — fut bien celle où Joseph Ier cessa ses fonctions, l'Église, comme
Pachymère le dit ailleurs (p. 40223), restant dans l'attente d'un nouveau pasteur.
V. LATRENT : LA CHRONOLOGIE DES PATRIARCHES 145

14. — Jean XI Beccos

Exceptionnellement les dates extrêmes de ce pontificat sont exac


tement connues. En effet l'élection eut lieu le 26 mai, en la fête des
saints Pères de Nicée I, suivie de l'intronisation au jour de la Pentec
ôte,le 2 juin 1275 : και ό Βέκκος εικοστή μεν και έκτη πυανεψιώνος μηνός
κατά την εορτήν των άγιων Πατέρων των εν Νικαία πατριάρχης προβέβληται,
δευτέρα δε Μαιμακτηριώνος, τη έπιούση κυριακή, εν έπισήμω ημέρα του
1 Ινεύματος τα του Πνεύματος δέχεται, και τελειούται άρχιερεύς 65.
Quant à la fin du patriarcat l'historien est tout aussi précis. Après
avoir signalé que Beccos avait célébré à Sainte-Sophie la fête de Noël,
il note qu'il quitta le patriarcat sous la protection d'une escorte de
soldats pour le monastère de la Panachrantos ajoutant : και, ταύτα μέν
έπράττετο εικοστή έκτη μηνός Σκιρροφοριώνος66.
Les dates de ce pontificat sont donc : 26 mai 1275-26 décembre 1282,
soit une durée de 7 ans et demi exactement. Ce qu'à nouveau les listes
expriment à leur manière en arrondissant soit en deçà (7 ans, BD),
soit au-delà (8 ans GFGHK).

15. — Joseph 1er (2°)

Comme je l'ai déjà noté ailleurs 67, le patriarche Joseph 1er recouvra
son siège, un peu malgré lui, le 31 décembre 1282, veille de la Saint-
Basile; Pachymère 68 écrit : Του δ' αυτού μηνός (c.-à-d. décembre) μετά
την τριακοστήν το προς έσπέραν έντεθείς λίκνω 6 'Ιωσήφ... εις το πατριαρ-
ρχείον ανάγεται. Il s'agit, non du 30 mais du jour après le 30, donc
du 31, comme le prouvent au reste et la mention de la fête de saint
Basile dont c'était la vigile (το γαρ της εορτής περιφανές) et le
témoignage d'une notice contemporaine : Και κατά λα' του αυτού
μηνός της αυτής ίνδικτιώνος γέγονε πατριάρχης ό κύρ 'Ιωσήφ, και
επαύριον ην τοΰ αγίου Βασιλείου 69.
La mort survenue bientôt de Joseph 1er est fixée par cette même
notice au 23 mars : Και εις κγ' τοΰ μαρτίου μήνος της ίνδικτιώνος της
αυτής έτελεύτησε. Cette donnée si précise semble contredite par

65. Cf. Pachymère (éd. Bonn, 1, p. 4036-10).


66. Cf. Pachymère, (éd. Bonn, II, p. 1911·12); voir aussi REB, XVIII, 1960,
p. 206.
67. V. Laurent, << Les dates du second patriarcat de Joseph Ier », dans REB,
XVIII, 1960, 205-208.
68. Pachymère (éd. Bonn, II, p. 191217.
69. REB, loc. cit., p. 206 n. 3.
146 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

un passage de Pachymère 70 selon qui le décès du pontife survint :


μηνός ένισταμένου Κρονίου. Faut-il soupçonner l'historien d'inexac
titudeou comprendre que le mois de mars était en cours lorsque se
produisit l'issue fatale? Quoi qu'il en soit, la notice, rédigée peu après
l'événement, doit dire vrai, en sorte que les dates à retenir pour
ce patriarcat éphémère sont : 31 décembre 1282 — 23 mars 71 1283,
soit deux mois et vingt-quatre jours, arrondis par les listes en trois
mois.

16. GRÉGOIRE II DE CHYPRE

Le bouleversement qui ébranlait l'Église livrée à la discrétion des


moines et de rares prélats intrigants ne permettait pas qu'on la laissât
plus longtemps sans pasteur. Aussi n'est-il pas surprenant que celui-ci
ait été désigné cinq jours seulement après l'enterrement de son prédé
cesseur, le 28 mars : Και, κατά την κη' του αύτου μηνός της αυτής
ίνδικτιώνος γέγονε πατριάρχης ο κυρ Γρηγόριος ό Κύπριος 72. La nécessité
de faire vite explique que l'ordination et l'intronisation n'aient eu
lieu que deux semaines plus tard, le dimanche des Rameaux, 11 avril
1283 : κάν τη λαμπρά εορτή των Βαΐων73. Mais ce qui nous importe
ici c'est la date de son élection : 28 mars.
Aucun texte ne fait connaître la date exacte où finit ce patriarcat.
Une seule donnée est certaine : Grégoire II démissionna après six ans
et plus de pontificat 74 : έπεί δε τοΰτο γέγονε και διετέλεσα έτος έκτον
ήδη και προς εις τόδε το λειτούργημα, donc postérieurement au mois
de mars 1289. Le pontife déclara alors être prêt à se démettre si on
reconnaissait officiellement son orthodoxie. Et pour bien marquer sa
volonté de passer les commandes, il se retira au couvent des Hodèges.
Le mois de mai suivant, il réitéra à l'un des évêques sa proposition 75 :
que ses ennemis renoncent à l'attaquer, qu'ils lui en donnent par

70. Pachymère (éd. Bonn, II, p. 3816).


71. Je propose cette date, bien que Joseph II n'eût plus depuis longtemps,
surtout depuis le début du mois de mars, aucune part à la gestion des affaires,
car il ne démissionna pas et ne fut pas déposé.
72. REB, XVIII, 1960, p. 206 n. 4.
73. Pachymère (éd. Bonn, II, p. 4512·13).
74. Le propos est de Grégoire II lui-même dans sa lettre de démission. Cf.
Pachymère (éd. Bonn, II, p. 13020).
75. Lettre datée de mai 1289; éd. de Rubeis dans PG, CXLII, col. 125 E-128 C;
photo de la plus ancienne copie dans W. Lameere, La tradition manuscrite de
la, correspondance de Grégoire de Chypre. Bruxelles 1937, pi. I et II; voir aussi
Pachymère (éd. Bonn, p. 12614).
Y. LAURENT : LA CHRONOLOGIE DES PATRIARCHES 147

écrit l'assurance et il montera à l'ambon de Sainte-Sop


sa succession ouverte. Satisfaction lui ayant été donnée, il s'exécuta 76
et se retira en juin 1289, après avoir gouverné l'Église 6 années et
un peu plus de deux mois, période de temps que nos listes définissent
assez bien à leur manière soit en la portant à 6 ans et demi, (BF)
soit en la ramenant à six ans francs (CGK). Les termes extrêmes de
ce pontificat seront donc : 28 mars 1283-juin 1289.

17. — athana.se 1er (1°)

Le départ de Grégoire de Chypre calma si peu les esprits que


l'empereur crut devoir surseoir à la désignation de son successeur,
un moine macédonien, Athanase, qu'il avait à sa cour et qu'il imposa
à l'Église. L'installation bientôt suivie de l'ordination du personnage
à Sainte-Sophie se fit le 14 octobre 1289 : τετάρτη δέ και δεκάτη
μηνός Έλαφηβολιώνος ό προβληθείς λαμβάνει, το θείον τέμενος, μικρόν
δ'υστερον και χειροτονείται77. Pour ce qui concerne la fin de ce
patriarcat, Pachymère est encore une fois d'une précision exemplaire :
... ότι τέσσαρσιν ένιαυτοΐς τήν Έκκλησίαν κατέχων, αυτήν σχεδόν ήμέραν
είδε της εκβολής, ην δή και τής αναβάσεως εγνωκεν, ήτις και έκκα-
ιδεκάτη ήν Ελαφηβολιώνος 78. Athanase donna donc la démission de
son premier patriarcat, peu s'en faut, quatre ans jour pour jour après
son accession au trône œcuménique, à savoir le 16 octobre 1293.
Ce que marquent à une exception près (E) tous les catalogues patriar
caux. Athanase 1er aura donc occupé une première fois le trône
patriarcal du 14 octobre 1289 au 16 octobre 1293.

18. JEAN XII COSMAS

Les dates de ce pontificat ont déjà été établies dans cette revue
môme 79. Qu'il suffise de reproduire ici les textes qui les justifient.
Notre source la plus précise est encore Pachymère qui signale en ces
termes l'ordination de Cosmas \: Και πρώτη Έκατομβαιώνος μηνός
χειροτονίαν δέχεται 80. Jean XII reçut donc l'épiscopat et fut intronisé
le 1er janvier 1294 après une vacance de deux mois et demi. Il fut

7C>. Pachymère (éd. Bonn, II, p. 12918).


77. Ibid.] p. 1461·2.
78. Ibid., p. 1776^9.
7e.). Cf. V. Laurent, « La chronologie des patriarches de Constantinople de la
première moitié du xive siècle (1294-1:^50) », dans RËB, VII, 1950, p. 145-155
(voir p. 14ΙΊ-1 Ί8|.
«ο. Cf. Pachymère (éd. Bonn, II, p. 1868·9.
148 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

naturellement élu plusieurs jours plus tôt, mais la date en étant incon
nue,nous retiendrons comme point de départ de son pontificat celle
qui précède et qui fut au reste celle de sa prise de pouvoir.
La fin du patriarcat est marquée par l'historien avec une netteté
égale. Le jour où Jean XII résigna ses fonctions est ainsi désigné :
'Ημέρα ούν παρασκευή ήν, πρώτην δε μετ'είκάδα ό κατ'Αθηναίους Μαιμακ-
τηρίων μην ήγε 81, à savoir le 21 juin 1303 et non le 21 août 1304
comme l'a voulu Poussines 82 suivi par tous les modernes. Les éléments
du synchronisme — vendredi, 21 juin (1303) — sont parfaitement
concordants. D'autre part cette date est absolument requise par ce
que nous allons dire du second patriarcat d'Athanase 1er. Ajoutons
que les listes sous-estiment dans leur ensemble — 9 ans (BC DEGH)
ou seulement 7 ans (AF) — la durée de ce pontificat qui fut de 9 ans
cinq mois et 21 jours.

19. ATHANASE 1er (2°)

L'accord 83 n'ayant pu se réaliser au sein du synode convoqué


dans l'église des Saints-Apôtres pour rétablir Athanase au patriarc
at, Andronic II décida de l'imposer de force. Quittant la réunion
qu'il était venu présider, il prit avec lui les évêques partisans de ce
retour ainsi que des clercs recueillis en chemin et s'en alla introniser
son candidat à Sainte-Sophie. Cela se passa, selon Pachymère :
εικοστή τρίτη μηνός του αύτοΰ (juin), περί το της μεσημβρίας μεσαίτατον84
donc le 23 juin. Renseignement que confirme une donnée de cata
logue : 'Αθανάσιος χρόνους ς και μήνας γ' κατά μήνα ίούνιον της πρώτης
ίνδικτιώνος και έξεβλήθη85. C'est donc en juin de la première indiction,
le 23 suivant Pachymère, qu'Athanase remonta sur le trône qu'il
avait quitté un peu moins de dix ans auparavant. N. Grégoras, dont
les dates sont trop souvent sujettes à caution, se trompe 86 tout juste
en plaçant l'événement un samedi, soit le 22.
Ce patriarcat ayant duré 6 ans et 3 mois, la fin serait à placer vers
le 23 septembre 1309 et non 1310, comme on l'admettait tradition
nellement. Pachymère, dont l'ouvrage s'arrête en 1307, n'a pu évidem-

81. Ibid., y. 38218·19.


82. Ibid., p. 787-791.
83. Pour un exposé plus complet de ce qui est dit ici voir à nouveau cette revue,
VII, 1950, p. 148, 149.
84. Pachymère, (éd. Bonn, II, p. 38313·14).
85. Notice dans le paris, gr. 1356, f. 282 v, entre autres.
86. Éd. Bonn, I, p. 216 = PG, GXLVIII, col. 373 G.
V. LURENT : LA CHRONOLOGIE DES PATRIARCHES 149

ment enregistrer la seconde démission d'Athanase. Grégoras 87, dont


le Ps. — Phrantzès 88 répète la donnée exagère en attribuant 8 ans
à ce pontificat, chiffre que les listes ramènent à 7 dans leur ensemble
(ACEFGH). L'on sait en effet, grâce à une judicieuse observation
du P. V. Grumel 89, que le successeur d'Athanase, Niphon 1er, entra
en charge dès le 9 mai 1310, après une vacance de 7 mois et des jours.
Quel que soit le quantième du mois, l'on peut donc retenir septembre
1309 comme la date de la retraite définitive d'Athanase 1er.
Notre enquête s'arrête ici. Elle aura mis en relief les nombreuses
incertitudes dont souffrent encore la chronologie des patriarches
du xme siècle; elle lui aura toutefois fait faire quelques progrès qui
ont permis de préciser davantage les dates de maints documents de
la chancellerie patriarcale et, chemin faisant, de quelques faits sail
lants de l'histoire de l'empire renaissant. Pour mieux souligner les
résultats nouveaux, il m'a semblé utile de dresser un tableau synop
tique où notre liste est confrontée avec deux autres parues récem
ment, celle du P. V. Grumel 90 qui fit consciencieusement le point
de ce qui se savait alors et celle, toute récente, de B. Stavridès 91,
laquelle, destinée à faire foi dans le monde orthodoxe, est un parfait
modèle de science hâtive et distraite.

V. Laurent

87. Éd. Bonn, I, p. 258 -- PG., CXLVIIl, col. 428 D.


88. Éd. Bonn, p. 31 et Green, p. 1762.
89. V. Grtmel, " La date d'avènement du patriarche de Constantinople jNU-
phon l1'·1 ». dans REH, XIII, 1955, p. 138, 139.
90. Cf. V. Grimf.i.. Chronologie, p. 436, 437.
91. Yuir ci-après sous le tableau.
Tableau récapitulatif
LISTE GRUMEL 1 NOTR
1908
Michel IV 20 mars 1208 - 26 août 1214 20 mars 120
Théodore II 28 septembre 1214 - 31 janvier 1216 28 septembre 12
Maxime II 3 juin - décembre 1216 fin juin - fin
Manuel 1er janvier 1217 - mai/juin 1222 c. mars 1217
Germain II 29/30 juin 1222-1240 4 janvier 1
Méthode 1240 (3 mois) 1241 (sec
Manuel II 1244 - c. 3 novembre 1254 août/octobre 1
Arsène (1°) 1255-1259 fin novembre 125
Nicéphore II avant janvier - fin 1260 mars 1260
Arsène (2°) août 1261 - mai 1265 mai/juin 126
Germain III 25 mai 1265 - 14 septembre 1266 25 mai 1265 -
Joseph 1er (1°) 28 décembre 1266 - mai 1275 28 décembre 12
Jean XI 26 mai 1275 - 26 décembre 1282 26 mai 1275 -
Joseph 1er (2°) 31 décembre 1282 - 23 mars 1283 31 décembre 1
Grégoire II 28 mars 1283 - juin 1289 28 mare 1
Athanase 1er (1°) 14 octobre 1289 - 16 octobre 1293 14 octobre 128
Jean XII 1er janvier 1294 - 21 juin 1303 1er janvier 12
Athanase 1er (2°) 23 juin 1303 - septembre 1309 23 juin 1303
(1) Cf. V. Grumel, La Chronologie, (Traité d'études byzantines, 1) Paris 1958, p. Ί36, 43
(2) Cf. B. StayridÈS, art. Πατριαρχεΐον, dans Θρησκευτική και ηθική εγκυκλοπαίδεια, IX, Ath

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