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Festival
AVIGNON 2007
Cour. Frédéric Fisbach met en scène Feuillets d’Hypnos
Portrait. Dominique Pinon joue Valère Novarina
Retour. Jeanne Moreau, Agnès Varda et Pierre Henry
p. 5
p. 3
p. 6 et 7

60 ANS
SOUS LE SOLEIL
DE RENÉ CHAR
ET DE JEAN VILAR

Nicolas Bouchaud dans « Le Roi Lear »,


de William Shakespeare, mise en scène
de Jean-François Sivadier. Répétition, le 22 juin.
BRIGITTE ENGUERAND.

CAHIER DU « MONDE » DATÉ JEUDI 5 JUILLET 2007, NO 19422. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT
0 123 - Jeudi 5 juillet 2007 - page 2 AVIGNON 2007

LE
THÉÂTRE
AU CŒUR
Le nouveau spectacle
de Rodrigo Garcia, « Bleue.
Saignante. A Point. Carbonisée ».
CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE

n 1947, René Char présente tion d’un spectacle. Jean Vilar leur Fisbach, l’artiste associé, met en Novarina et Jean-François Siva- dans le nu de la vie, leurs

E Jean Vilar à ses amis Yvon-


ne et Christian Zervos, qui
préparent pour le mois de
septembre une grande exposition
de peinture dans le Palais des
en propose trois, dont Richard II,
de Shakespeare, joué dans la Cour
d’honneur. Le Festival d’Avignon
est né.
Soixante ans plus tard, c’est au
scène ses Feuillets d’Hynos, écrits
pendant la Résistance. L’engage-
ment qui fut au cœur de la vie du
poète, à qui un hommage est ren-
du, trouve une résonance dans la
dier. L’un crée sa nouvelle œuvre, spectacles nous donnent des nou-
L’Acte inconnu, tout entier dédié velles d’un continent souvent
au Verbe, et porté par un acteur « oublié » d’Avignon.
d’exception, Dominique Pinon. Rodrigo Garcia puise, lui, dans
L’autre met en scène Le Roi Lear, la vie toute crue. Créé dans son
papes d’Avignon. Les Zervos veu- tour de René Char d’entrer dans programmation de la 61e édition. de Shakespeare, dans un esprit de pays natal, l’Argentine, son nou-
lent accompagner cette manifesta- la Cour d’honneur, où Frédéric Il parcourt le champ des combats troupe qui se réapproprie le désir veau spectacle, Bleue. Saignante.
du XXe siècle, du pire au meilleur. de Vilar. A point. Carbonisée, réinvente le
Jean-Pierre Vincent fait enten- En revanche, il n’y aura pas de carnaval des quartiers défavori-
dre Le Silence des communistes, ballet au Palais. La danse joue la sés de Buenos Aires. En contre-
Frank Castorf revisite Nord, de discrète dans cette édition qui point, son Approche de l’idée de
Céline, Guy Cassiers met en scène convie seulement Sasha Waltz et méfiance plonge dans l’intime, cet
Mesfisto for Ever, de Tom Lanoye, Raimund Hoghe. intime qui est au cœur (politique)
adapté du Mephisto de Klaus Si la présence de l’artiste asso- d’une nouvelle venue, Eléonore
Mann. Pour sa part, Agnès Varda, cié, Frédéric Fisbach, s’affiche Weber, auteur et metteur en scè-
auteur des photos qui ont fondé la moins que celle de ne de Rendre une vie
mémoire du Festival, a choisi de ses prédécesseurs, vivable n’a rien d’une
reprendre son installation Hom- Thomas Ostermeier, Jeanne question vaine.
mage aux Justes de France présen- Jan Fabre et Josef Moreau revient Eléonore Weber
tée au Panthéon, à Paris. Nadj, elle court sou- est à classer dans les
Agnès Varda reprend égale- terrainement à tra- pour un soir atypiques du Festi-
ment une exposition de 1991, « Je vers la programma- dans la Cour en val, avec Christophe
me souviens de Vilar en Avi- tion. Ainsi, le metteur Fiat. Ce performer
gnon ». On y verra évidemment en scène – et nou- compagnie de des mots s’en prend
les photos de Gérard Philipe et de veau codirecteur, Sami Frey à la génération des

Saison 07/ 08 Jeanne Moreau dans Le Prince de


Hombourg, créé en 1951. Jeanne
Moreau revient pour un soir dans
avec Robert Cantarel- baby-boomeur dans
la, du « 104 », rue d'Auber- La Jeune Fille à la bombe. Tous les
villiers, dans le 19e arrondisse- deux côtoient des metteurs en scè-
Du 2 au 6 octobre 2007 Les 30 novembre Création †, la Cour en compagnie de Sami ment à Paris –, a incité Hortense ne comme Julie Brochen, Robert
et 1er décembre 2007 du 8 mars au 13 avril 2008 Frey. Elle lira Quartett, de Heiner Archambault et Vincent Bau- Cantarella ou Ludovic Lagarde,
Les Visionnaires
Jean Desmarets Seagull-play Par-dessus bord Müller. driller, les jeunes « patrons » qui font entendre Paul Claudel,
(La Mouette) d’après Michel Vinaver / Le troisième grand témoin de d’Avignon, à tourner leur regard Robert Garnier ou Peter Verhelst.
de Saint-Sorlin / l’histoire d’Avignon est Pierre vers l’Afrique. Parmi les étrangers, le
Christian Schiaretti Anton Tchekhov / Christian Schiaretti Henry, qui a créé la musique de Voici donc Faustin Linyekula Polonais Krzysztof Warlikowski
Enrique Diaz Création mondiale
deux ballets de Maurice Béjart, et Dieudonné Niangouna. Un est le plus attendu. Il met en scène
Du 16 au 19 octobre 2007 Variations pour une porte et un sou- fleuve sépare leurs deux pays. la grande pièce sur le sida, Angels
Du 4 au 7 décembre 2007 Vendredi 14 mars 2008
L’Acte inconnu Descrizione del pir, et la mythique Messe pour un Faustin Linyekula vient de la in America, de Tony Kushner.
Valère Novarina Illusions comiques temps présent. Lui aussi revient, République démocratique du Cinq heures trente de spectacle :
Olivier Py Diluvio Mauro Lanza avec Objectif Terre, un « concert Congo – l’ex-Zaïre – et a été for- c’est le petit marathon d’Avignon,
Création †,
Du 14 au 19 décembre 2007
et Paolo Pachini manifeste ». mé par la danse. Dieudonné Nian- qui en réserve un de huit heures
du 24 au 26 octobre 2007 Biennale Musiques A côté de cela, le théâtre retrou- gouna travaille dans sa ville nata- avec la reprise des Ephémères du
Nada Strancar Homme sans but en scène 2008 / Grame ve toute sa vigueur dans la Cour le, Brazzaville, la capitale de la Théâtre du Soleil. a
chante Brecht / Dessau Arne Lygre / Les 1er et 2 avril 2008
d’honneur, où entrent Valère République du Congo. Ecrits Brigitte Salino
Claude Régy Si ce n’est toi
Création †,
du 6 au 17 novembre 2007 Du 9 au 11 janvier 2008 Edward Bond / Coordination : Brigitte Salino. Direction artistique : Brigitte Suffert.
Sganarelle, ou Moby Dick Alain Françon Edition : Christine Clessi et Clara Georges. Réalisation : Nadège Royer.
le Cocu imaginaire Herman Melville / Iconographie : Laurence Lagrange.
Les 3 et 4 avril 2008
L’École des maris Antonio Latella
Chaise Edward Bond / Crédits photos : Collon/Dalle, Pascal Gely/Agence Bernand, Christophe Raynaud de Lage,
Les Précieuses Du 15 au 19 janvier 2008
Alain Françon Ramon Senera/Agence Bernand, Agnès Varda/Agence Enguerand, Ramon Senera/Cit’en
ridicules Hop là, nous vivons ! Scène, DR, Rosa-Franck.com, Brigitte Enguerand

et Ernst Toller /
La Jalousie et aussi
Christophe Perton
du Barbouillé Du 23 au 27 janvier 2008
Comité de lecture
Le Médecin volant Le Monde dédie ce supplément
Zouc par Zouc Histoire orale
à Michel Cournot, notre

Philippe
Molière / Hervé Guibert / Zouc / de la langue française
Christian Schiaretti chroniqueur et critique
Gilles Cohen Journées langagières dramatique, mort le 8 février. at ion
cré

Caubère
Du 27 au 29 novembre 2007 Du 29 janvier au 1er février 2008 Le Festival d’Avignon organise
Déclaration 14 s
Répétition. Hamlet au Théâtre de Vénissieux de Villeurbanne en sa mémoire « Une heure e
27 o ptembre
d’après Forces 1915-2008 avec Michel Cournot », le ctob
re

L’Épilogue
William Shakespeare / August Stramm / dimanche 15, à 18 heures,
Enrique Diaz Bruno Meyssat à l’Ecole d’art. Des textes
choisis par Martine Pascal à L’Homme qui danse
www.tnp-villeurbanne.com / 04 78 03 30 00 seront lus par Michel Ouimet,
Denis Podalydès et Martine
Pascal. PHOTO AFP réservation 0 892 701 603 et sur www.theatredurondpoint.fr
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2007 AVIGNON page 3 - Jeudi 5 juillet 2007 - 0 123

Dominique Pinon Des dessins


et des chansons

L’ACTEUR
BRUT
Cet « athlète affectif »
crée « L’Acte inconnu », Valère Novarina écrit, met
la nouvelle pièce en scène et peint dans un
même geste. En 1983, il a
de Valère Novarina dessiné les 2 587 personna-
ges de son Drame de la vie
dans une tour de La Rochel-
le, tout en égrenant leurs
noms. En 1986, cette perfor-
mance est devenue un spec-
tacle, à Avignon.
ouvenons-nous. Un petit hom- plateaux du théâtre et du cinéma fran-

S me au sourire étrange lance çais ? De son enfance provinciale


dans l’air des bulles de savon – Amiens et Poitiers, après Saumur –, il
comme autant de promesses ne dit rien, sinon ses rêves d’Amérique, de
d’un monde qui retrouverait les couleurs grands espaces. « J’étais un adolescent
du rêve et de la poésie : c’est Delicatessen, assez rêveur, avec toujours l’envie d’être
le premier film de Marc Caro et Jean-Pier- ailleurs. » Et, à 14 ans, le choc : la décou-
re Jeunet. Et le petit homme qui joue de la verte, à Amiens, de Fin de partie, de
scie musicale au-dessus des ruines, c’est Beckett. « J’ai été émerveillé, au vrai sens du
Dominique Pinon. On ne l’a pas oublié, mot. J’ai senti qu’il y avait une autre vie
présence intense et singulière que l’on possible, de l’autre côté du miroir. Je crois Depuis, le Festival a accom-
retrouvera dans tous les films de Jeunet, que, de ce temps, je n’ai plus cessé de rêver pagné les créations de Nova-
d’Alien à Amélie Poulain. d’être acteur. » rina : Vous qui habitez le
Dix-sept ans plus tard, le voilà dans la Le rêve mettra du temps à se concréti- temps (1989), La Chair de
mythique Cour d’honneur du Palais des ser. Dominique Pinon, après avoir fait l’homme (1995), L’Origine
papes. Poursuivant son compagnonnage latin-grec au lycée, s’inscrit en fac de let- rouge (2000).
avec l’auteur-metteur en scène Valère Nova- tres classiques à Poitiers. Les acteurs qui PATRICK SWIRC POUR « LE MONDE » Les 2 587 dessins du Drame
rina, croisé par hasard, un jour de 1997. Le l’ont toujours fait rêver, Delon, Belmondo, de la vie sont présentés à
metteur en scène Renaud Cojo lui avait Jean Marais, Jack Palance, sont des « bel- l’Ecole d’art (photo, ci-des-
envoyé le texte de Pour Louis de Funès, splen- les gueules ». Il se dit que ce n’est pas pour embrasse l’humanité tout entière, jusqu’à Il se méfie de la culture officielle. Comme sous). La Chapelle du Mira-
dide hommage à l’acteur avec un grand A. lui. Finit tout de même par « monter » à l’animalité, d’abord grâce à une virtuosité Novarina, il aime l’art brut – « au moins il cle accueille La Lumière nuit
Dominique Pinon faisait du théâtre Paris, s’inscrit au Cours Simon. Est vite physique extraordinaire : le fameux “athlète n’est pas recouvert de discours ». Médite un – une installation et des
depuis les années 1980. Avec Gildas repéré pour jouer dans Diva, le premier affectif” selon Artaud, c’est lui… » petit livre de Jean Dubuffet, Asphyxiante peintures.
Bourdet, Jorge Lavelli, il avait joué film de Beinex (1980). « Mais je voulais fai- Pour cette nouvelle création à Avignon, culture, où le peintre remarque qu’« il n’y a Dans la Cour, l’accordéonis-
Edward Bond, Pirandello ou re du théâtre. Je pensais – je L’Acte inconnu, l’auteur a écrit pour Domi- rien de social » dans le métier d’artiste. te Christian Paccoud (pho-
Copi, et beaucoup, déjà, pense toujours – qu’il faut fai- nique Pinon un personnage au nom taillé Il a rêvé, pourtant, de rentrer à la to, ci-dessus) accompagne
avaient remarqué sa puissan- Il aurait rêvé re de la scène pour devenir un sur mesure : Raymond Delamatière. Il le Comédie-Française, comme son ami L’Acte inconnu. Depuis
ce, son étrangeté. Notam- bon acteur de cinéma. » voit aussi comme « un incroyable talent Daniel Znyk : « C’est le théâtre par excel- 1995, il invente des musi-
de voir Louis
ment dans Mein Kampf, farce, Il aurait pu se contenter comique : le seul, sans doute, depuis Louis de lence, c’est Molière, et ce rapport aux ques et des chansons en
de Georges Tabori, où il de Funès jouer de jouer les tough guys, d’être Funès, à avoir à ce point ce sens du rythme, classiques… et la possibilité de jouer, jouer, plein accord avec les textes
jouait rien de moins qu’Hit- Richard III un James Cagney ou un Mic- cette précision musicale qui est la base du jouer… » Ne déteste pas les récompenses, à de Novarina. Il donne un
ler, en compagnie de Maria key Rooney à la française. De comique. C’est un rythmicien aventurier, la fois heureux et triste de ce Molière reçu concert le 9.
Casarès et de Michel Robin. fait, de Beinex à Jeunet et qui n’a pas peur de se défigurer : il corres- en 2004, en plein conflit des intermittents,
« Quand j’ai lu le texte de Novarina, j’ai Caro en passant par Polanski (Frantic) ou pond exactement à ma conception de l’ac- pour L’Hiver sous la table, de Topor, mis en
d’abord refusé de le faire, sourit-il. Je n’y Timsit (Quasimodo), et jusqu’au dernier teur-poète, de l’acteur agissant. Avec lui, je scène par Zabou Breitman.
comprenais rien… Renaud Cojo m’a envoyé film de Lelouch, Roman de gare, on lui a vais à l’aventure dans l’humanité… » Mais avec Valère Novarina, qui,
un enregistrement d’André Marcon lisant beaucoup fait jouer les tueurs, les Dans cette exploration des mille et régulièrement, le transforme en marion-
Le Discours aux animaux et, là, cela m’a méchants ou les monstres. Mais pourquoi une possibilités de l’acteur, Dominique nette, Dominique Pinon pousse au plus
ébloui l’oreille. J’ai trouvé ça magnifique : se laisser réduire à sa « gueule », quand le Pinon ne veut se priver d’aucun voyage, loin son exploration d’un mystère : ce qui se
minéral, lyrique… » théâtre permet justement de changer de d’aucune reconnaissance. Lui qui aurait joue entre sa gueule, sa figure, ses visages,
Valère Novarina, lui, est ébloui par ce peau ? Comment échapper à la tyrannie rêvé de « voir Louis de Funès jouer ses masques, en leurs infinies
comédien qui, dorénavant – depuis L’Ori- de l’emploi, sinon en devenant champion Richard III » et qui pourrait bien être métamorphoses, qui lui permettent d’être à
gine rouge et La Scène –, fera partie de cette de métamorphoses, acteur majuscule ? notre Charlot, notre Toto, passe avec la fois totalement lui et totalement un
constellation des acteurs novariniens où De lui, Valère Novarina dit qu’il est un bonheur de Feydeau à Novarina, de autre : l’homme, cet alien selon
brillent des étoiles aussi singulières « acteur de génie », disposant d’un « éven- Lelouch à Shakespeare – il sera le Roi Novarina. a
qu’André Marcon, Daniel Znyk (mort en tail extraordinaire ». « Il fait le tour Lear, la saison prochaine, sous la Fabienne Darge
2006) ou Agnès Sourdillon. complet de la figure humaine, depuis les direction de Laurent Fréchuret, le jeune
Qu’est-ce qui a mené Dominique Pinon masques africains jusqu’à Piero della Fran- directeur du Centre dramatique national L’Acte inconnu, du 7 au 12 (relâche
de Saumur, où il naît en mars 1955, aux cesca en passant par Soutine et Picasso. Il de Sartrouville. le 9), Cour d’honneur du Palais des papes.

Meilleurs souvenirs de Grado benoît lambert


Franz Xaver Kroetz 27/09p 20/10 HEDDA GABLER PARLOIR SAUVAGE
création HENRIK IBSEN / THOMAS OSTERMEIER MICHAËL MOREAU, ALI DARAR,
ANNE-MARIE ORTIZ / FRÉDÉRIC ORTIZ
espaces indicibles Georges Gagneré GENS DE SÉOUL 1919 CRÉATION

d’après Georges Perec et autres auteurs 28/09p 6/10 ORIZA HIRATA / FRANCK DIMECH LA FEMME D’AVANT
[musica] ROLAND SCHIMMELPFENNIG / CLAUDIA STAVISKY
Saison 2007 2008 LA CRUCHE CASSÉE
Raison / Déraison le Mendiant ou la Mort de Zand bernard sobel HEINRICH VON KLEIST / FRÉDÉRIC BÉLIER-GARCIA L’ÉCHANGE
Iouri Olécha 12/10 p 26/10 PAUL CLAUDEL / YVES BEAUNESNE
création
UBU ROI
le roi lear Jean-françois sivadier ALFRED JARRY / EZÉQUIEL GARCIA-ROMEU LES CH’MINS D’COUTÉ
William Shakespeare 8/11 p 24/11 GASTON COUTÉ / DANIEL DELABESSE

road to nowhere bob cilman et roy faudree LA MAMAN BOHÊME


2007 + 2008 par le Young@Heart Chorus no theater SUIVI DE MÉDÉE
6/12 p 15/12 [usa] DARIO FO ET FRANCA RAME / DIDIER BEZACE
ivanov tamás ascher
Anton Tchekhov 18/12 p 21/12
[hongrie]
la philosophie dans le boudoir christine letailleur

0708 La CRIéE
Sade 09/01p 26/01
Massacre à paris Guillaume delaveau
Christopher Marlowe 11/01 p 18/01
SAISON Théâtre National de Marseille
edouard ii anne-laure liégeois
Christopher Marlowe 25/01p 01/02
tournant autour de Galilée Jean-françois peyret
28/02p 16/03
création

anGels in aMerica krzysztof warlikowski


Tony Kushner 01/03 p 05/03 BOBBY FISCHER LE TEMPS EST UN SONGE CRÉATION

La maman bohême et Médée Dario Fo et Franca Rame / Didier


[pologne] VIT À PASADENA [ REPRISE ] H.-R. LENORMAND / JEAN-LOUIS BENOIT
tartuffe stéphane braunschweig LARS NORÉN / RENAUD MARIE LEBLANC
Bezace Conversations avec ma mère Santiago Carlos Ovés et Jordi SI CE N’EST TOI ET CHAISE
Molière 29/04p 27/05 LES LETTRES DE TOUSSAINTE
Galceran / Didier Bezace Dans le rôle de la victime Oleg et Vladimir création
EDWARD BOND / ALAIN FRANÇON
Presniakov / Oskaras Korsunovas L’Orestie Eschyle / David Géry La Cruche NADINE FISCHER / MARIE-CATHERINE CONTI
si ce n’est toi et chaise alain françon LA MÈRE
cassée Heinrich von Kleist / Frédéric Bélier-Garcia Slogans Maria Edward Bond 13/05 p 25/05 ANDROMAQUE BERTOLT BRECHT / JEAN-LOUIS BENOIT
Soudaïeva et Antoine Volodine / Charles Tordjman Anagrammes pour JEAN RACINE / DECLAN DONNELLAN
platforM Johan simons LE NOM SUR LE BOUT
Faust Ezéquiel Garcia-Romeu Nathan le Sage G.E. Lessing / Laurent Michel Houellebecq 30/05p 03/06 OTHELLO DE LA LANGUE
Hatat Elle est là Nathalie Sarraute / Didier Bezace Spectacles tout [belgique] WILLIAM SHAKESPEARE / GILLES BOUILLON PASCAL QUIGNARD / MARIE VIALLE
public L’assassin sans scrupules… / Alice ou le monde des merveilles / L’Ogrelet ulrika Maria stuart nicolas stemann
Et les Rencontres Ici et Là, les Dîners du Théâtre, des lectures, des ateliers… Elfriede Jelinek 17/06 p 20/06
[allemagne]
Renseignements/Réservations
ABONNEZ-VOUS !
© Marc Daniau

festival preMières 5-8 juin


01 48 33 16 16 Jeunes metteurs en scène européens en collaboration avec le-maillon Réservations 04 91 54 70 54
en savoir + www.theatredelacommune.com www.theatre-lacriee.com
Théâtre de la Commune - Direction Didier Bezace - 2 rue Edouard Poisson - 93300 Aubervilliers
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Les grands
aînés

En 1982 et 1984, Ariane


ÊTRE OU NE PAS ÊTRE FOU Jean-François
Mnouchkine et le Théâtre du
Soleil triomphent dans la
Cour avec trois pièces de
William Shakespeare, La
Sivadier
Nuit des rois, Richard II et
Henry IV. En 1985, Jean-Pier- Visite guidée dans
re Vincent (photo) monte à
son tour Shakespeare dans
les répétitions du « Roi Lear »,
la Cour : La Tragédie de Mac- de Shakespeare, à Nanterre,
beth. En entrant dans la
Cour, avec Le Roi Lear, Jean- avant la première entrée
François Sivadier met ses
pas dans ceux de ses deux du metteur en scène
grands aînés, qui sont pré-
sents à Avignon : Ariane dans la Cour d’honneur
Mnouchkine, avec Les Ephé-
mères, Jean-Pierre Vincent
(photo), avec Le Silence des
anterre. Le grand han- tempête intérieure de chacun et la

N
communistes.
gar où l’on fabrique les tempête extérieure, celle de la pièce,
décors du Théâtre des sont la même. »
Amandiers. A travers Une semaine plus tard, même
un dédale de couloirs encombrés hangar, même obscurité, même
et de bureaux vides, on pénètre tables, mêmes chaises. Un rideau
dans la salle de répétition. Il fait rouge est tendu au fond de la scè-
sombre. Seul le plateau de bois ne. On entend des notes de flûte.
neuf, en pente douce, est éclairé. Le plateau est peu à peu recou-
Monseigneur de Kent, interprété par Nadia Vonderheyden. BRIGITTE ENGUERAND Dans l’ombre, de petites tables, vert d’une toile de soie de para-
des chaises, en retrait, la régie. chute, rouge aussi. Elle est à l’en-
On distingue des gens, assis, vers, il faut la retourner : « Ce
debout, des cigarettes allumées, bord va au lointain. »
des bouteilles d’eau, des brochu- Le manteau pose toujours pro-
res, des cahiers. blème. Nadia revêt un manteau
Véronique Timsit, l’assistante sans manches et une parka
du metteur en scène, lit la note de réversible, propose de retourner
travail pour les jours à venir : les manches d’avance pour
« De 14 heures à 23 heures. » Les pouvoir l’enfiler plus vite. Mais
comédiens font des exercices Jean-François Sivadier préfère
d’assouplissement, de relaxa- que le changement de costume se
tion, s’échauffent comme des fasse véritablement à vue. Vite,
sportifs ou relisent leur texte. mais à vue.
Ils répètent Le Roi Lear, de Sha- Acte I, scène II. Le metteur en
kespeare, qu’ils donneront dans scène explique à Vincent Guédon
la Cour d’honneur, sous la direc- (Edmond mais aussi Oswald)
tion de Jean-François Sivadier, que la poursuite – le projecteur
metteur en scène associé au Théâ- qui permet d’isoler un comédien
tre national de Breta- dans son halo – sera
gne à Rennes. Ils ne sur la couronne et que
pourront répéter sur Le plateau ce serait peut-être bien
place qu’à partir du se creuse, de l’appeler pour qu’el-
20 juin, pour une semai- le vienne sur lui. On
ne. Ils retourneront se fend, essaye. Ça fonctionne.
donc à Nanterre le tourne, Scène IV. Nadia se
27 juin pour continuer déguise comme prévu.
à travailler. se transforme, Elle s’attache les che-
« On va très vite, mais des escaliers veux, enfile la veste,
c’est la somme de tous les finit par le chapeau.
apparaissent
spectacles que l’on a faits Recommence, la
auparavant, on a établi couronne est restée au
au fur et à mesure un vocabulaire sol, il faut la mettre dans la
commun », explique Jean-Fran- valise, il faut aussi qu’elle se
çois Sivadier. Effectivement, la débarrasse des chaussures « en
plupart des gens présents ont commençant à parler ».
déjà travaillé avec lui pour Le Les machinistes entrepren-
Mariage de Figaro, La Vie de Gali- nent de démonter le rideau rou-
lée (Avignon 2002) ou La Mort de ge. « Non, non, les interrompt
Danton (Avignon 2005). Sivadier, elle n’a pas fini le texte. »
« On y est ? » Nicolas Nadia recommence. Le rideau
Bouchaud (Lear) et Nadia remonte vers le lointain, Nicolas
Vonderheyden (Monseigneur de en robe royale passe dessous. La
Kent) sont seuls en scène. Nico- musique couvre sa voix. L’acteur
las Bouchaud demande : « Là, je perd son texte : « Obsédé par mon

Vous serez me mets de la graisse qui sera dans souci du détail » devient « mon
la bassine ? » La réponse positive caractère tatillon ». Nadia et lui
l’enchante : « Je vais me rouler sont en nage.
dans la graisse… » « C’est la pièce où Shakespeare

fiers
Le plateau se creuse, se fend, s’est posé le plus ouvertement les
tourne, se transforme, des esca- questions sur l’humanité et le théâ-
liers apparaissent, on devine les tre, dit Jean-François Sivadier.
machinistes qui par en dessous Dans la première scène, on trouve
glissent, poussent. Les comé- déjà la question de la double identi-
diens s’apostrophent, trébu- té : ce que l’on est et ce que l’on
chent, recommencent. représente. A la fois être et ne pas
Il y a un problème de manteau. être. Pour Lear, découvrir ce qu’il

de votre banque Nadia Vonderheyden s’inquiète. est, l’homme qu’il est, importe
« Je le laisse là ? » Il y a aussi un autant que ce qu’il représente, le
ByTheWayCreacom - Photo : Gettyimages

problème de chapeau, puis de roi. Le corps politique et le corps


valise. Chaque fois, les comé- naturel. »
Coopérer, c'est faire ensemble. C'est donc partager. diens s’arrêtent, cherchent les Surgit Nora, qui joue le Fou,
Une banque coopérative, c'est une banque qui a le solutions. Ils sont dix pour douze coiffée d’un bonnet. « Enlève le
sens du partage. Donc, qui ne ressemble à aucune rôles, certains en jouent deux bonnet », « Mais en dessous, c’est
autre banque. Pourtant, favoriser la coopération, (Norah Krief, Vincent Guédon), moi ». On essaye avec et sans bon-
c'est l'avenir pour plus d'une entreprise quelle que les costumes aussi servent à plu- net. La scène est farcie de « Ça
soit sa taille. Et pour l'emploi. Encourager l'activité sieurs rôles. Tout cela conduit à va ? Ça va. Ça va ? Et vous ça va ?
des associations, c'est vital pour la santé, la culture, des changements fréquents qui Ça va, ça va. » « Le plus impor-
le sport, l'insertion, le logement. Entre autres. Créer doivent trouver leur propre logi- tant, explique le metteur en scè-
des produits solidaires, comme la Carte Bleue Agir, que, sous le regard du spectateur. ne, c’est d’être capable de jouer tou-
Le metteur en scène cherche en te cette scène comme s’ils allaient
c'est un moyen si simple de passer à l'action.
permanence « la précision obliga- continuer à dire ça va, ça va, ça va
Bienvenue au Crédit Coopératif.
toire de tout ce qui fait signe ». et puis… stop ! »
Jean-François Sivadier précise La voix du Fou passe du grave
que « ce qui est très important à l’aigu, module, chantonne,
dans la Cour d’honneur et dans la c’est un pur moment de délice. a
pièce, c’est de voir comment l’inti-
GROUPE BANQUE POPULAIRE www.credit-cooperatif.coop me se mêle à l’universel. On a tou- Martine Silber
jours l’impression, même si l’ac-
teur est immobile, ou loin, de ce jeu Le Roi Lear, du 21 au 27 (relâche le 24),
de l’intime et de la démesure. La Cour d’honneur du Palais des papes.
2007 AVIGNON page 5 - Jeudi 5 juillet 2007 - 0 123

ui était-il ? Un révolté révolu- Fin 1942, tout est prêt : il entre dans

Q tionnaire ? Un fils de famille ?


Un jeune poète ? Lorsque la
guerre de 1939 éclate, René
Char répond à toutes ces défi-
nitions. Révolté révolutionnaire ? Il est
l’armée des ombres avec le grade de capi-
taine et opte pour le nom de guerre
d’« Alexandre ». Bientôt, il prend la res-
ponsabilité de la section atterrissage-
parachutage de la « Région 2 », qui cou-
Une pièce
et un film

fiché « communiste » par les services de vre la Drôme, le Vaucluse, les Basses-
renseignement pour avoir crié sa rage Alpes, les Hautes-Alpes, les Alpes-Mariti-
contre le colonialisme et le patriotisme mes, le Var et les Bouches-du-Rhône
dans les années 1930. campagne, comme l’on disait à l’époque.
Fils de famille ? Oui, son père, mort Rien de plus concret. En quelques
depuis vingt ans, était un industriel, mai- mois, il met sur pied un réseau de ter-
re de L’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse). rains d’atterrissage pour permettre le
Jeune poète ? Disons qu’il ne possède va-et-vient des agents gaullistes et alliés A 41 ans, Frédéric Fisbach
qu’une dizaine de vrais lecteurs. Par entre la Provence et Londres, puis Alger ; (photo ci-dessous) est l’artis-
bonheur pour lui, il s’agit d’André il récolte le plus impressionnant des te associé de cette 61e édi-
Breton, Paul Eluard, Victor Brauner, stocks d’explosifs, d’armes et de muni- tion. Il succède ainsi à Tho-
Aragon, Dali… tions de la Résistance ; il reçoit vivres, mas Ostermeier, Jan Fabre
Pour le reste, c’est un parfait inconnu. vêtements, argent et prend la tête, à par- et Josef Nadj. Formé dans la
Un colosse épris des romantiques alle- tir de février 1943, d’un maquis qui gon- troupe de Stanislas Nordey
mands. Un flâneur qui recherche la com- flera jusqu’à atteindre 2 000 hommes au au début des années 1990, il
pagnie des arbres. Un solitaire qui moment de la Libération. a, depuis, mis en scène
n’aime rien tant que la chaleur des ami- Mais on n’en est pas encore là. Sous le Claudel, Maïakovski, Strind-
tiés. A 32 ans, il n’a jamais accepté le masque du capitaine Alexandre, René berg, Racine ou Corneille.
moindre travail salarié. Sa morale ne le Char a pris à titre personnel la résolution
lui permet pas ! Seules l’intéressent la de ne plus publier ses poèmes. Il s’ampute
poésie, les femmes et la politique. volontairement de sa part la plus solaire
Cette dernière est une constante, une pour ne pas se salir : la censure de Vichy
obsession. Il a un avantage considérable et celle de Berlin lui font horreur. Ils se
sur ses contemporains : compagnon des compteront sur les doigts d’une main,
surréalistes au début des années 1930, ceux qui s’en tiendront à cette attitude fai-
lecteur attentif de la presse, militant anti- te d’honneur, de courage et de pudeur.
fasciste vigilant, il possède une vraie
culture politique. Et, mieux qu’une « GARDE BUTINS »
culture, un flair. Mais il continue d’écrire sur de minces
carnets qu’il nomme ses « garde
COURAGE ET CRUAUTÉ butins ». C’est là qu’il note de brèves
La culture et le flair combinés font de impressions de lecture, des phrases en Depuis plusieurs années, il
lui une sentinelle. Avant les autres, il a René Char dans le maquis, à Céreste, en 1943. ROGER VIOLLET forme de maximes qui s’intercalent entre travaille régulièrement au
pressenti le pire. Dès 1938, il ne doute ses comptes, ses dettes scrupuleusement Japon, où il poursuit un com-
pas de l’inéluctable : la guerre est déjà là, relevées. Ainsi le gladiateur reste-t-il un pagnonnage avec l’auteur
écrite. La lucidité est chez lui une secon- poète en état de veille, tel Hypnos, ce Oriza Hirata et où il a mis en

SENTINELLE
de nature. Et poésie ne rime pas avec miè- dieu grec, fils de la Nuit, frère jumeau de scène, avec le théâtre de
vrerie. Alors que les divisions allemandes la Mort. Son double. marionnettes Youkiza, Les
commencent à envahir l’est de la France, Durant ces années de fer, il se trempe Paravents, de Jean Genet,
en 1939, il sait que, pour de très longues au feu de l’action, parvient à galvaniser qui sont repris au Festival.
années, plus rien ne sera comme avant. A ses troupes, se brûle au point de tuer. Poè- Parallèlement, il crée, dans
son plus proche ami du moment, Gilbert te, il se révèle tacticien hors pair, leader la Cour d’honneur, les
René
SOLAIRE Char
Lély, il écrit : « Comme toi mon bon frère incontesté. Il semble né pour ces temps Feuillets d’Hypnos, de René
je suis stupéfait, épouvanté de l’incompré- d’« algèbre damné » où son charisme fait Char.
hension totale des événements chez la merveille. Il est, naturellement, le chef, le Le poète résistant est plu-
plupart des gens. Ils ne comprennent pas frère d’armes. Une maxime le résume sieurs fois à l’honneur dans
qui est Hitler ; ils n’aperçoivent pas la tout entier : « Agir en primitif, prévoir en ce Festival des 60 ans :
monstruosité absolument inédite du person- stratège. » Alexis Forestier (photo
nage qui fait de cette guerre un conflit sans Cela pourrait être sa devise. Il l’a en ci-dessous) met en scène
aucun rapport avec tout ce qui a pu avoir Pendant ses années dans la Résistance, le poète tout cas respectée. Au sortir de la guerre, Claire, une pièce méconnue,
lieu dans ce genre sur la terre avant la croix
gammée. »
a tenu des carnets, devenus les « Feuillets il se rappellera avoir écrit des bribes de
récits et des bouts de phrases dans un car-
écrite en 1948. Et Jérôme
Prieur présente René Char,
Lui a compris. L’armistice du prin-
temps 1940 n’est pas encore signé qu’il
d’Hypnos ». Frédéric Fisbach, l’artiste associé, net scellé dans un mur avant de partir, en
juillet 1944, pour Alger et de revenir quel-
nom de guerre Alexandre, un
film sur l’engagement du
est déjà résistant. Il fait alors partie des met en scène ce testament pour le futur ques semaines plus tard participer au poète dans la Résistance.
rares personnes à vanter le courage et la débarquement de Provence.
cruauté : « Il faut que ce pays sorte de la Il reprendra alors ses notes pour les
torpeur, de ses préjugés imbéciles. De sa réécrire, les réorganiser, brosser tout à la
vieillesse surannée. Il faut aller de l’avant, fois le plus fabuleux récit du maquis et la
devenir cruel si l’on veut vaincre. Les gou- d’en découdre : « (…) Il faut s’attendre à « Je sais que j’en sortirai vivant pour plus scrupuleuse des légendes. Le capitai-
vernants ne sentent-ils pas cela ? » une barbarie systématique de la part de ces après », écrit-il à sa femme. ne Alexandre revivait, « décuirassé » à
Il est psychologiquement déjà entré crapules. » Et de fait, il s’en sort indemne dans jamais, libre enfin de publier Feuillets
dans la clandestinité quand la plupart « Il faut… » Tel est son nouveau une France en lambeaux. Durant deux d’Hypnos, un testament pour les temps
s’abîment dans le désespoir et l’aban- credo. Son impératif. La guerre est une ans, il passe son temps à circuler dans les futurs. a
don. Le feu ? Il ne le craint pas, persuadé chose épouvantable, mais il a la départements du Sud-Est en train, en car Laurent Greilsamer
au plus profond de lui qu’il est invinci- conscience aiguë qu’il parviendra à la et à vélo, prenant contact avec des mai-
ble. Le froid, la faim ? Il n’y pense pas. traverser sans encombre, tel un demi- res, d’anciens syndicalistes, des militants Feuillets d’Hypnos, 15, 16 et 17, Cour d’honneur.
Pour lui, le combat a commencé. Il rêve dieu enragé et vainqueur. communistes qui comme lui s’engagent. Voir programme René Char page 12.

Champagne Caserne des pompiers


Ardenne
au
6 26 JUILLET 07
RELÂCHES 13 & 22 JUILLET
116 rue de la Carreterie
réservations / renseignements
festival 04 90 85 03 78
d'Avignon

SPECTACLES EXPOSITION
11h SPECTACLE FAMILIAL 17h DANSE/CONCERT PRÉSENCES SCÈNIQUES
Œuvres des collections photographiques
JULES SUPERVIELLE HERVÉ DIASNAS et- vidéo du FRAC Champagne-Ardenne.
L’ARCHE DE NOÉ PATRICIA DALLIO Nicolas Boulard, Vincent Cordebard,
Dominique Dubuy Julien Discrit, Christian Lapie,
LE PARVIS DES ONDES Laurent Montaron, Gérard Rondeau.
André Parisot
Cie La Boite Noire Cie Sound Track

14h THÉÂTRE 18h DANSE


CHRISTIAN SIMÉON CLARA CORNIL
HYÈNES PIERRE FRUCHARD
PHOTO + GRAPHISME WWW.BENOITPELLETIER-DIABOLUS.FR

Mise en scène PORTRAITS INTÉRIEURS


Jean-Marie Lejude
Cie L’Œil du Tigre Cie Les Décisifs

15h30 THÉÂTRE 19h30 THÉÂTRE .........................................


CARLOS LISCANO ISRAËL HOROVITZ coordination
MA FAMILLE JOHN A DISPARU
Mise en scène Mise en scène OFFICE REGIONAL
José Renault Jean-Philippe Vidal CULTUREL DE
CHAMPAGNE
ARDENNE

Cie Alliage Théâtre Cie Sentinelle 0205 .........................................


L'Orcca est subventionné
par la Région
Champagne-Ardenne
0 123 - Jeudi 5 juillet 2007 - page 6 AVIGNON 2007

60 ANS
Ils ont vécu la naissance du Fest
d’honneur du Palais des papes e
une photographe et un composit
En cette année anniversaire, ils

l PIERRE HENRY
sion pour l’animal, les arbres, les sources, tentement ou mon plaisir. Je n’ai pas de sou- faisais des samples. C’est peut-être pour ça
tout ce qui vit sur terre. Dans mon parcours venirs car je suis dans la musique. qu’on m’appelle « le grand-père de la
musical, il y a des instantanés d’insectes, Avec Béjart, il y a encore dans ma tête des techno ». Mais je l’ai fait parce que c’était la
mais aussi des séquences tribales. lambeaux de ce que l’on a fait ensemble. Je condition d’invention de cette musique. Des
Dès les années 1950, j’ai pensé au futur de me rappelle comment on était, comment on DJ m’envoient des disques, des lettres
la planète. Une de mes premières musiques riait, comment on passait d’une chose à enflammées. Quand je fais des concerts chez
s’appelait Arcane, d’après Astrologie. En l’autre. On n’échangeait pas d’idées. Il n’al- moi, beaucoup viennent, très gentils, très res-
1968, il y a eu l’Apocalypse de Jean, dont est lait pas à mes concerts, mais venait dans pectueux. Mais cela m’ennuie que cette
extrait le deuxième morceau qui compose mes studios. Je lui faisais entendre une nou- musique faite pour la transe ne développe
Objectif Terre, une œuvre issue de l’assem- velle musique. Il partait avec la bande et puis aucun langage et n’ait pas de dessein intel-
blage de trois œuvres déjà existantes. il faisait un ballet. lectuel, pas d’élaboration ou de construc-
La première, Une histoire naturelle ou les Notre collaboration, dix-sept ballets sur tion. Pourtant, dans ma Symphonie Jules Ver-
roues de la Terre, est un rappel de la Genèse, plus de vingt ans, remonte à 1955. Je lui ai ne, en 2005, j’ai fait des samples sur des sym-
vue au travers d’une pré-Apocalypse. Il y donné la bande de la Symphonie pour un phonies de Bruckner, c’est mon côté techno.
aura ensuite les Six coupes de colère, tiré du homme seul. Trois mois plus tard, en mars, il J’aime bien prendre, moi aussi.
récit biblique de l’Apocalypse de Jean, présentait une chorégraphie au Théâtre de Je travaille aujourd’hui avec beaucoup
relatant la destruction métho- l’Etoile. Je crois volontiers que plus de plaisir qu’il y a quelques années. Je
dique de l’Occident par la cela lui a permis de se déta- donne des concerts, je fais de la peinture et je
MURIEL VEGA POUR « LE MONDE »
fureur de Dieu. J’aimerais cher du style classique. rêve beaucoup mes sons. Je ne vais plus écou-
Enfin, la troisième partie De son côté, il m’a transmis ter de la musique ni du théâtre. Au cinéma,
que les gens
es 60 ans du Festival d’Avignon, mes musique. Et ça arrive maintenant. Ce sera le reprendra Prisme, tiré de Kyl- son instinct d’homme de spec- j’y vais pour entendre les bandes-sons, les

L 80 ans cette année, c’est bon pour les


programmateurs ! L’important est
de continuer dans la direction qui
vous est la plus favorable. Avec Objectif
Terre, je ne fête pas un anniversaire, je fais
11 juillet à 22 heures, avec quatre-vingt-seize
haut-parleurs. J’aurais bien aimé la Cour
d’honneur, mais celle du lycée Saint-Joseph
est la deuxième jauge d’Avignon, et l’on me
dit que l’acoustique sera meilleure.
dex, l’opéra cybernétique spatio- soient
lumino-dynamique comman- impressionnés
dé en 1973 par Rolf Lieber-
mann au chorégraphe améri- par ce qu’ils
cain Alwin Nikolais et au sculp- n’entendent plus
tacle, que j’ai mis en œuvre à
partir des années 1970 dans
mes propres concerts, créant
un type de théâtre sonore à la
fois visuel et émotif. Quant à
bruits de la Terre qui viennent vers moi.
Techniquement, j’ai maintenant un systè-
me informatique pour numériser mes sons
et sauver mon patrimoine. « Objectif Pierre
Henry » ! Je veux protéger la planète et mes
mon œuvre. Il s’agit d’un concert-manifeste à destina- teur luminographe allemand la danse, je me sens un peu sons. Plus tard, il faudra bien que les gens
J’ai été choisi par Avignon à cause de ma tion écologique, une sorte de cantate philoso- Nicolas Schöffer, pour l’Opéra de Ham- danseur de l’intérieur, je fais bouger les sons puissent entendre ma musique dans de bon-
collaboration avec le danseur et chorégra- phique à propos de notre Terre en perdition bourg. Il s’agit de lancer une alerte générale que je produis avec mon corps. Je suis le dan- nes conditions.
phe Maurice Béjart. Avec lui, j’ai créé, en (pollution, réchauffement, appauvrisse- pour le futur, mais aussi de traduire un seur de ma musique. J’ai bientôt 80 ans, je vais bien et je pense
1967, Messe pour le temps présent. Dieu m’en ment, cataclysmes) en même temps qu’un espoir en un monde possible après la guerre Même aujourd’hui avec mes problèmes que j’aurai le temps de presque terminer
préserve, mais bon, à chacun son Boléro. acte physiologique. nucléaire. Il y a toujours un aspect initiati- de dos, d’articulations, je bouge toujours mon œuvre. En ce moment, j’ai très envie de
L’année précédente, nous y avions donné, Avec mes sons naturels, j’aimerais que les que dans ma musique. beaucoup quand je dirige mes concerts. faire quelque chose avec Chopin. Si on joue
Béjart et moi, Variations pour une porte et un gens soient impressionnés par ce qu’ils n’en- J’aimais beaucoup Avignon du temps de Mais j’ai toujours bougé. Quand j’ai com- Chopin très lentement, c’est aussi moderne
soupir, un ballet improvisé, qui a été récem- tendent plus. Le monde moderne est très Jean Vilar, mais j’ai peu de souvenirs. Quand mencé à travailler dans le studio de radiodif- que du Messiaen… a
ment repris à l’Opéra Bastille. nocif pour l’oreille. Depuis toujours, je me je fais un concert ou un spectacle, je suis telle- fusion, qui n’était pas un studio de musique, Propos recueillis par Marie-Aude Roux
Mais j’avais, au fond, toujours eu envie sens proche de la nature. J’ai toujours aimé ment dedans que je ne vois rien d’autre. J’ai j’ai détourné les appareils pour créer des
d’un concert rien qu’à moi avec ma seule les livres d’histoire naturelle et j’ai une pas- beaucoup de mal à extérioriser mon mécon- sons. Je sautillais d’un plateau à l’autre et je Objectif Terre, le 11, cour du lycée Saint-Joseph.

l AGNÈS VARDA
gnès Varda est une gla-

A neuse parisienne qui


sent le parfum des
tilleuls de la rue Froide-
vaux monter jusque chez elle, rue
Daguerre. « J’ai des satisfactions
simples. » L’artiste, cinéaste et
photographe, prépare deux expo-
sitions pour le Festival d’Avi-
gnon, dont une fera redécouvrir
ses photos en noir et blanc prises
durant le Festival, entre 1948 et
1960. Cette exposition est l’occa-
sion de revenir sur douze années
miraculeuses où elle a enregistré
jour après jour, année après
année, la mémoire d’un théâtre
devenu mythique.
Nous sommes en 1945, 1946.
La jeune Agnès Varda ne sait pas
ce qu’elle va faire après le bac :
« J’ai pris un an pour lire. Je m’ins-
tallais à table à 9 heures et je lisais.
Giono, Colette, Dostoïevski, les sur-
réalistes. » Mallarmé ? « Ha !
Oui ! Comment donc ! » La peintu-
re l’occupe aussi, qu’elle étudie à
l’Ecole du Louvre. Elle va aussi PATRICE NORMAND
écouter « un paysan à la Sorbon-
ne ». Gaston Bachelard. « Il a illu- Et puis je suis allée voir ses premières élargir le registre, pour « se prépa-
miné ma vie, il parlait de Jonas mises en scène, puis à Avignon. » rer des souvenirs », elle invente un
dans sa baleine, ou de la maison, C’est comme ça qu’elle devient style. Elle photographie pendant
des pommes qui sèchent dans le gre- photographe au Festival. Pas la pre- les répétitions ou après, et n’hési-
nier, de la cave où les enfants ont mière année, où elle fait de la pêche te pas à arrêter les acteurs pour
peur, de Gérard de Nerval et Leiris. en Corse. Mais à partir de la deuxiè- une image.
J’y ai entendu ce qui me conve- me, en 1948. Photogra- Surtout, elle
nait. Mon travail vient de là : réin- phe donc, mais aussi construit des images
venter la réalité. » petite main qui aide à la Tout en dehors de la scène.
Oui, mais comment ? Va pour régie ou joue de la guita- s’accélère Notamment ce qui est
la photographie. « Prendre des re, cachée sous le pla- sans doute sa photo la
images, régler les bains, développer teau. en 1951. Jean plus magnétique :
les négatifs, faire mes tirages, Ses premières images Vilar demande Gérard Philipe, en prin-
j’aimais ça. » Elle fait un portrait sont un peu floues, mala- ce de Hombourg, au
de Brassaï puis lui rend visite. Il droites. « Je ne réfléchis- à Agnès Varda milieu des arbres.
lui donne un bon conseil : regar- sais pas. J’avais 20 ans et de tout « Les gens connaissent
der les photographies des Atget, je me disais que j’avais le cette image, ils s’en sou-
photographier
des Weston. temps. Ensuite j’ai fait viennent et m’en par-
Et le théâtre ? « Un hasard com- des progrès. » Mais elle lent. Ce n’est pas un
me toute ma vie. » Agnès Varda a est partout : devant la scène, derriè- moment de la pièce. Gérard porte
grandi à Sète, comme Jean Vilar re, aux fenêtres… « Je voyais les piè- son habit de scène en plein soleil,
et son épouse. A Paris, à 17 ans, ces une vingtaine de fois. Je retenais dans une lumière qui est à l’opposé
elle garde le premier enfant du des moments de mise en scène. » de celle du théâtre. Ça ne se faisait
couple. « Quand ils revenaient de Tout s’accélère en 1951. Agnès pas, à l’époque. Mais je lui avais dit
spectacle, vers 23 heures, Vilar me Varda comprend que Vilar, qui lui mon projet de le représenter en
lisait Valéry ou Francis Ponge. Il demande de tout photographier, rêveur presque somnambule, et il a
avait une voix belle et intelligente. veut des archives du Festival. Pour joué le jeu avec moi. »
2007 AVIGNON page 7 - Jeudi 5 juillet 2007 - 0 123

tival, l’arrivée de la danse dans la Cour Une histoire,


et le travail auprès de Jean Vilar. Une actrice, trois livres
teur se souviennent d’un Avignon mythique.
reviennent

l JEANNE MOREAU 60 ans, cela se fête, et se


raconte. Trois livres témoi-
gnent de l’histoire du Festival
depuis sa création, par Jean
Vous avez participé très jeune au premier Cuny : il m’avait fait cadeau d’une carte pos- Vilar (photo), en 1947. Le pre-
Festival d’Avignon, en septembre 1947. tale représentant Lucrèce poitrine dénudée mier, Histoire du Festival
Comment Jean Vilar vous avait-il choisie ? qui se transperce le cœur avec un couteau, d’Avignon (Gallimard), est le
Par mes camarades, j’apprends que en me disant : « Je te le donne car c’est toi. » plus complet. Ecrit par Antoi-
M. Jean Vilar préparait des spectacles pour Vilar m’impressionnait, mais il était très gen- ne de Baecque et Emmanuel-
Avignon et qu’il cherchait une jeune premiè- til, je ne l’ai jamais vu brutaliser qui que ce le Loyer, il couvre toute l’his-
re. Il faisait passer des auditions au Théâtre soit. Il nous entraînait, c’est ça un metteur toire du Festival, sur le plan
Edouard-VII, j’y suis allée et j’ai été choisie ! en scène. artistique, bien sûr, mais aus-
J’ai créé La Terrasse de midi, de Maurice Cla- si sur le plan politique et
vel, au théâtre. Je faisais une suivante dans Cela a été très important pour vous ? social. D’où son intérêt.
Richard II, de Shakespeare, mis en scène par Je le faisais clandestinement, puisque
Vilar dans la Cour, et j’étais dans le chœur mon père s’y opposait, mais avec la complici-
d’Histoire de Tobie et Sara, de Paul Claudel, té de maman. Après, tout est arrivé en même
joué au Jardin d’Urbain-V. temps. J’ai signé mon contrat de pensionnai-
re de la Comédie-Française en janvier 1948,
C’était comment, ce premier Festival ? pour mes 20 ans. J’y ai joué vingt-quatre piè-
La Cour n’était pas aménagée, les gens ces en quatre ans.
apportaient leurs pliants, leurs chaises. Le J’avais des propositions ailleurs, je faisais
plateau, c’était un vrai tréteau en bois qui cra- déjà du cinéma, ce qui, naturellement, a fait MURIEL VEGA POUR « LE MONDE »
quait quand on marchait, cela faisait partie scandale. En 1951, j’ai reçu une lettre de
du charme. Quand le mistral soufflait, on Jean Vilar me proposant de le rejoindre. J’ai Cour : « Dans la Cour ? On va être comme des te, et il est inamovible. Nous serons chacun
avait froid, les gens étaient emmitouflés commencé à donner mes rôles à mes copi- moucherons !… » J’ai reçu Quartett accompa- à une table avec une lampe.
dans leurs couvertures. Nous portions de nes, et puis je suis venue de moins en moins. gné d’une lettre dans laquelle M. Jourd- L’auteur du deuxième livre,
grands hennins et les voiles s’envolaient. On Le Français m’a fait un procès, que j’ai heuil, le traducteur et légataire de Heiner Que pensez-vous de « Quartett » ? Bernard Faivre d’Arcier, a été
avait des gens de la ville, des gens de passa- gagné grâce à Me Badinter. Et je me suis Müller, me disait que celui-ci avait écrit cet- Dèsledébut,c’est d’uneindécenceextraor- deux fois directeur du Festi-
ge. Mais déjà la musique de Maurice Jarre, retrouvée dans la Cour, avec Gérard Philipe. te pièce pour moi. J’ai pensé : « Dites donc, dinaire, la Merteuil est toute seule, et c’est val, de 1980 à 1984, puis de
les oriflammes, c’était beau. Je suis restée près de deux ans au TNP, vous avez mis du temps à me retrouver depuis comme si Valmont était là. Valmont est Luci- 1993 à 2003. Dans Avignon
puis je suis partie, parce que dans la troupe, 1982 : vingt-cinq ans ! » fer, l’archange rebelle, elle est Lilith, la pre- vue du pont (Acte Sud), il livre
Qui y avait-il ? je retrouvais les mêmes touffeurs, les Sami Frey, avec qui j’ai joué La Chevau- mièrefemmed’Adam,la rebelle.Ilssontcom- sa vision, technique et person-
Maurice Jarre et les musiciens. Quand je mêmes murmures, les mêmes courtisans. Je chée sur le lac de Constance, de Peter Handke, me des diamants noirs. Cette morgue de nelle, en insistant sur les
vous en parle, les trompettes de Maurice suis retournée au Festival en 1989, pour La a accepté tout de suite. C’est très exaltant, l’aristocratie de l’époque, cette morgue des années de son mandat. Le troi-
Jarre, j’ai la gorge qui se serre comme je l’ai Célestine montée par Vitez. J’étais avec cette parce que c’est une entreprise audacieuse, nantis. C’est la plèbe qui ressent une émo- sième livre, Les Voix d’Avi-
eue au moment d’entrer en scène, en 1951, merveilleuse actrice, la petite Dréville. une œuvre violente, scandaleuse, et en tion, et dans le contexte politique actuel… a gnon (France Culture/Seuil),
avec Gérard Philipe, avant Le Prince de Hom- même temps je sens déjà une frustration, Propos recueillis par M. Si. est la retranscription du
bourg. C’est une musique qui m’émeut. Comment avez-vous été amenée parce qu’on la lira une seule fois. Moi, j’aime- Feuilleton d’Avignon, une série
Agnès Varda faisait des photos. Je revois à faire cette lecture cet été ? rais bien qu’on la joue plus… On travaille « Quartett », de Heiner Müller, le 9, dans composée par Bruno Tackels
la silhouette filiforme de Michel Bouquet Quand on m’a dit que France Culture depuis deux mois. On lira dans le décor de la la Cour d’honneur. Retransmission en direct et diffusée par France Culture
tout vêtu de noir. Et il y avait aussi Alain aimerait que je fasse une lecture dans la pièce de Valère Novarina, c’est pas de la tar- sur France Culture. en juillet 2006. Un CD joint au
livre permet d’entendre des
voix mythiques, à commencer
par celle de Jean Vilar.

1951 marque aussi le triomphe (TNP), à Paris, toujours par Vilar, biller bien, sans payer de pourboire ce de la médiatisation pour assu-

t h é â t r e
de Gérard Philipe : « J’ai rencon- avec la même troupe. « Avignon a aux ouvreuses, avec un livret à un rer le rayonnement d’Avignon.
tré beaucoup de gens à Avignon, été le laboratoire du TNP », dit sou. C’est un programme, une ligne Les photos d’Agnès Varda sont
mais lui était à part. Il avait la Agnès Varda. Quand on lui de conduite. » achetées par le Festival puis inon-
beauté et la grâce. Et il personni- demande ce qu’était l’esprit de ce Avec son « petit cœur à gau- dent la presse, sans droits à payer
fiait le rêve de Jean Vilar. » Elle fameux théâtre populaire, elle che », Agnès Varda adhère aux – du grand quotidien au journal
explique : « En 1951, Gérard Phili- répond d’une formule : « Être à options de Vilar, à son souci que de pharmaciens.
pe était une star de cinéma. Vilar a la fois accessible et exigeant. » Exi- le théâtre collectif arrive au peu- Agnès Varda n’a « pas du
compris que le comédien serait la geant ? « Mettre la barre très haut, ple. « Cela se reflétait dans la trou- tout » eu l’impression, à l’époque,
locomotive populaire qui amène- présenter Brecht en France et de jeu- pe. Gérard Philipe acceptait de voir de participer à un moment histori-
rait la notoriété au Festival. » nes auteurs comme Armand son nom parmi d’autres sur les affi- que. « J’ai ressenti la ferveur de la
1951, c’est enfin la naissance Gatti. » Accessible ? « Un théâtre ches, pas au-dessus, pas devant. » troupe et celle du public, j’ai eu
du Théâtre national populaire pas cher, où l’on vient sans s’ha- Vilar avait compris l’importan- l’éblouissement de découvrir chez
Vilar ce souci que le théâtre arrive
au peuple, je faisais partie de cet
élan de gauche, mais c’est tout. »
THÉÂTRE NANTERRE-AMANDIERS Ses relations avec Vilar étaient
discrètes. « Je l’admirais mais il
GOSPEL CHOIR DE SOWETO
SAISON 2007-2008 n’était pas un copain de bande, pas
un bavard. » ARCHIPEL 118 + 1
DU 15 SEPT. AU 27 OCT. 2007 En 1960, Agnès Varda coupe DE MAL EN PEOR RICARDO BARTIS
LE ROI LEAR
DE WILLIAM SHAKESPEARE MISE EN SCÈNE JEAN-FRANÇOIS SIVADIER
net avec le Festival. Simplement CHOSTAKOVITCH QUARTET
parce qu’elle est devenue cinéas-
DU 10 NOV. AU 21 DÉC. 2007 te. Mais dans ses films comme ses COSÌ FAN TUTTE JEAN-YVES RUF/ MOZART
LA SECONDE SURPRISE DE L’AMOUR installations d’images pour les LES TROIS SŒURS PATRICK PINEAU /ANTON TCHEKHOV
DE MARIVAUX MISE EN SCÈNE LUC BONDY musées, l’esprit Avignon ne l’a ANGELA ET MARINA VALÉRIE GRAIL/ NANCY HUSTON
pas quittée : « Atteindre le plus
DU 23 NOV. AU 21 DÉC. 2007
grand nombre en mettant la barre CHRONIQUES DU BORD DE SCÈNE NICOLAS BIGARDS
CLARA 69 très haut. » a FESTIVAL LE STANDARD IDÉAL >> 5ème édition
DE GILDAS MILIN MISE EN SCÈNE ANNE CAILLÈRE
Michel Guerrin
DU 11 JANV. AU 17 FÉV. 2008 DER TARTUFFE DIMITER GOTSCHEFF/ MOLIÈRE
DÉTAILS
DE LARS NORÉN MISE EN SCÈNE JEAN-LOUIS MARTINELLI
Voir programme Agnès Varda, page 12. PLATFORM JOHAN SIMONS / MICHEL HOUELLEBECQ
LIEBE 1968 ALEXANDER CHARIM
DU 18 JANV. AU 22 FÉV. 2008
HARMONIE DÉSASTRES MERET BECKER
MITTERRAND ET SANKARA
DE JACQUES JOUET MISE EN SCÈNE JEAN-LOUIS MARTINELLI 0123 HERCULES GEORGES LAVAUDANT/ SOPHOCLE, EURIPIDE
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LES 11/14/17/20/22/25/27 AVRIL 2008
du Monde, ONANISME… JEAN-MICHEL RABEUX/ DÉMÉTRIUS ZAMBACO
LES NOCES DE FIGARO
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président du directoire,
directeur de la publication :
ÉLOGE DE L’ESCAPOLOGISTE ÁRPÁD SCHILLING
DIRECTION MUSICALE SYLVAIN CAMBRELING MISE EN SCÈNE CHRISTOPH MARTHALER Pierre Jeantet LORENTINO D’AREZZO PATRICK SOMMIER / PIERRE MICHON
DU 9 MAI AU 8 JUIN 2008 La reproduction de tout article est interdite sans NORDESTE BRÉSILIEN RECIFE
MÉDÉE
l’accord de l’administration. Commission pari-

DE SÉNÈQUE MISE EN SCÈNE ZAKARIYA GOURAM


taire des journaux et publications no 57 437.
ISSN : 0395-2037
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Pré-presse Le Monde
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94852 Ivry Cedex
Printed in France
0 123 - Jeudi 5 juillet 2007 - page 8 AVIGNON 2007

Génération
Fisbach

Avec Frédéric Fisbach arrive


à Avignon toute une généra-
tion de metteurs en scène
quadragénaires. Julie Bro-
chen (photo ci-dessous), qui
dirige le Théâtre de l’Aqua-

rium, à Paris, a fondé sa com-


pagnie, Les Compagnons de
jeu, en 1993. Elle a longue-
ment travaillé sur Tchekhov,
parcours qui a débouché en
2003 sur un diptyque com-
posé d’Oncle Vania et du
Cadavre vivant de Tolstoï.
Elle joue L’Echange, de
Claudel, au Cloître des
Célestins.
Ludovic Lagarde (photo
ci-dessous), qui a fondé sa
compagnie en 1996, est un
vieux complice de l’écrivain
Olivier Cadiot, dont il a porté
à la scène plusieurs textes,
notamment Le Colonel des

L’AVENIR
zouaves et Fairy Queen. Il
fait découvrir, au Cloître des
Carmes, Peter Verhelst, un
Flamand peu connu, auteur
d’une réécriture du
Richard III, de Shakespeare,
avec le grand Laurent Poitre-
naux dans le rôle-titre. PHILIPPE GROLLIER/TEMPS MACHINE POUR « LE MONDE »
Autre membre de cette

MODE D’EMPLOI
« génération Fisbach »,
Robert Cantarella, ami de
longue date de l’artiste asso-
cié avec qui il va bientôt pren-
Eléonore
dre en mains le 104, le
« grand » lieu de création
voulu par la Mairie de Paris.
Weber
Il fait entendre Hippolyte, de
Robert Garnier, au gymnase Elle aurait pu s’engager dans la politique. Elle préfère écrire et mettre en
du lycée Mistral. Mathieu
Bauer et son groupe Senti-
scène des spectacles hybrides à l’usage de sa génération, mais pas seulement
mental Bourreau s’atta-
quent, eux, à Tendre jeudi,
de John Steinbeck, qu’ils
donnent au gymnase Auba-
vignon la découvre. Avec Elle est née en 1972, d’un père fils Que faire ? « Bifurquer dans le cause du décalage entre cette C’est cette difficulté-là qu’Eléo-

A
nel. Et Gildas Milin poursuit
ses explorations formelles Rendre une vie vivable n’a de mineur et d’une mère fille de monde », se dit la titulaire d’un injonction d’un “père” et le désen- nore Weber « interroge », com-
avec Machine sans cible, à la rien d’une question vaine, résistant : « Les vraies origines de DEA sur la parité et la discrimina- chantement de la jeune fille, en qui me elle dit, dans ses spectacles,
Chartreuse de Villeneuve- Eléonore Weber entre ma famille, c’est la gauche. C’est tion positive. La voilà assistante les trentenaires peuvent facile- qui se veulent hybrides, à l’image
lès-Avignon. dans la ronde de ceux qui sont invi- bizarre de dire ça, mais parfois cette parlementaire au Sénat. Elle écrit ment se reconnaître. de sa vision d’un temps sans fic-
tés pour la première fois au Festi- appartenance est une identité plus des discours, sur le budget de la « Je n’aime pas parler en termes tion. Dans son travail, écriture et
val. Evidemment, elle a « un peu forte que le reste. » culture ou autre, pour Danièle de génération, dit Elélonore mise en scène avancent du même
peur » de cette exposition, mais elle Son père a été longtemps au PC, Pourtaud, qui appartient au cou- Weber, mais c’est vrai que la lucidi- pas. Ils sont indissociables, et res-
sait se protéger : « Je m’appelle et il s’est toujours engagé. Dans les rant fabiusien. Elle pourrait alors té nous a été imposée. On porte semblent à un mode d’emploi cha-
Weber, comme plein de gens », dit années 1990, Eléonore Weber pas- s’engager dans la politique. l’échec de ce qui a été tenté par la huté pour aujourd’hui.
cette jeune femme qui se tient droi- se pas mal de temps dans la rue. C’est l’époque où commence à génération précédente, et on ne peut « Il faut espérer, et de nouveau
te dans sa pensée, et dans sa veste Elle est alors au lycée Montaigne, à se poser la question des quotas de pas le tenter de la même manière. proposer », dit-elle. Et le théâtre
aussi, d’ailleurs. De sa famille, Eléo- Paris, « un de ces lycées du 6e arron- femmes aux postes à respon- On est dans ce truc où l’ennemi est peut proposer ? La réponse tombe,
nore Weber ne sait pas grand-cho- dissement où beaucoup d’élèves sont sabilité. On lui fait des appels du complètement diffus, où d’ailleurs sans commentaire : « Oui. » a
se, sinon qu’elle vient d’Allemagne. des fils de soixante-huitards soupçon- pied. Mais le Parti socialiste lui ça nous arrange peu à peu de ne B. Sa.
nés d’avoir tourné leur veste. Cette semble « impossible », même s’il plus savoir où il est ; il est en nous-
question de la “trahison” est très pré- lui est arrivé de voter pour. Et, sur- mêmes, dans notre propre difficulté. Rendre une vie vivable n’a rien d’une
sente dans ces lycées, où, en plus, on tout, elle ne se voit pas « incarner Mais n’y a-t-il pas de l’invention question vaine, du 8 au 14 (relâche
nous dit : “Allez-y, politisez-vous.” une norme pour les gens ». possible, quand même ? » le 12), chapelle des Pénitents-Blancs.
Du coup, on manifeste, on manifeste, A 26 ans, elle lâche tout le jour
et pof, quand on se retrouve dans où elle obtient une aide à l’écritu-
l’autre monde, il y a une chute très re (« 30 000 francs, je parle encore
violente. » en francs »). Depuis quelque
Après le bac, Eléonore Weber temps, elle a rejoint le groupe diri-
fait hypokhâgne et khâgne. gé par Roland Fichet, qui réunit
« Mal », dit-elle. Son objectif n’est des auteurs et des metteurs en scè-
pas la réussite aux concours. Mais ne autour de Naissances, un projet à la BnF

expo
la vie, tout simplement. Puis vient itinérant étalé sur plusieurs 13 nov › 3o déc
la faculté, en philosophie et en années.
droit, une matière qui l’intéresse
beaucoup – surtout le droit privé : TRENTENAIRES +livre
« A travers la jurisprudence, on C’est dans ce groupe qu’Eléono- + feuilleton sur
france culture
acquiert un rapport au monde et au re Weber rencontre Frédéric Fis- 93.5 fm
réel qui est passionnant. On voit com- bach. Et c’est lui, devenu artiste
a malte martin atelier graphique | avec adeline goyet | licence nº19125

ment une règle existe, et se tord. Et associé, qui propose à Hortense


puis, c’est du texte, tout le temps. » Archambault et Vincent Baudriller
Suit un silence : le texte est au cœur d’inviter sa jeune collègue.
de l’histoire d’Eléonore Weber, qui Avant de prendre leur décision,
fera le choix d’écrire. Plus tard. les codirecteurs du Festival vont
Avant, elle poursuit ses études voir Tu supposes un coin d’herbe,
de philosophie, à l’Ecole des hautes présenté en 2005 au Théâtre natio-
études en sciences sociales. Elle y nal de Bretagne, à Rennes. La vraie

super
rentre en se disant : « Ah, ça va être histoire d’Eléonore Weber com- une
beau, il va y avoir une passion autour mence là, avec ce spectacle centré
de la pensée », et pof, là aussi elle se sur une jeune femme qui se deman- journéedu saison
retrouve avec « des étudiants qui se
demandent quel poste ils auront,
de, et demande aux autres, pour-
quoi elle se sent si fatiguée. patrimoine athenee-theatre.com
o1 53 o51919
dans un milieu de mandarins. »
Après la chute politique, c’est la
« Tu es fatiguée parce que tu mili-
tes pas assez », répond Alain Krivi-
humain
del’athénée›16sept1oh/2oh,
venez !
chute morale. ne, filmé en vidéo. Et c’est drôle, à
2007 AVIGNON page 9 - Jeudi 5 juillet 2007 - 0 123

sadora Duncan, Mme Mao, Bat-

I man et Catwoman, Courtney


Love et Kurt Cobain, Sade,
Bataille, Gilles Deleuze, Ste-
phen King… La tribu de Christo-
phe Fiat ressemble à un Bottin
Danses
et danseurs

mondain dont l’écrivain et perfor-


mer égrène les noms avec l’évi-
dence que donne une longue fré-
quentation. Et en avant ! Il suffit
de saisir le coche pour entrer dans
la ronde magique des stars réelles
ou imaginaires que Fiat tutoie
sans façon. C’est comme ça : la La danse avance masquée
passion est un code d’accès direct dans cette édition 2007,
qui plonge tout le monde dans le nichée au cœur de disposi-
même bouillon. tifs théâtraux insolites. Le
Rencontrer Christophe Fiat Flamand Alain Platel (photo
ressemble à une chevauchée ci-dessous), avec la danseu-
effrénée dans l’histoire contem- se Fumiyo Ikeda et le perfor-
poraine dont les héros se cour-
sent les uns les autres en sautant
joyeusement les époques. Ex-pro-
fesseur de philosophie, déjà
auteur d’une dizaine d’ouvrages
(dont Ladies in the Dark, éd. Al
Dente, et Bienvenus à Sexpols, éd. Christophe Fiat
Léo Scheer) et de nombreuses (à gauche) et Louise
performances, notre homme Armand répètent
mélange non seulement sans « La Jeune Fille
complexe ses références, mais il à la bombe », mer Benjamin Verdonck,
galope après sa propre pensée, à La Villette. BENJAMIN portent la parole d’un enfant
en débusque les contradictions, RENOUT/ENGUERAND soldat du Darfour dans Nine
se fait distancer par une asso- Finger, bâti sur des poèmes
ciation d’idées qu’il saisit au vol du jeune écrivain Roberto
et fouette ! Juarroz.
S’il ne retourne pas sept fois Errant dans les voies mal
sa langue dans sa bouche avant éclairées de son intimité, Rai-
de parler, il se la mord plus mund Hoghe (photo ci-des-
souvent qu’à son tour à force de sous), ex-dramaturge de
vouloir cerner au plus près ce Pina Bausch, se dévoile tou-
qu’il veut dire. jours davantage dans 36,
Sur le plateau, en cours de avenue Georges-Mandel, ins-

LA PENSÉE AU GALOP
répétition de La Jeune fille à la piré par la Callas. Sa passion
bombe, à la Grande Halle de La des voix, son sentimentalis-
Villette, il se pose de dos pour me amoureux assurent à la
jouer de la guitare, puis se deman- chanteuse un sort spectacu-
de ce qui a bien pu se passer sur laire sûrement curieux.
le plateau sans qu’il le voie. Il
balance d’un bloc à ses quatre
Cet ex-professeur de
acteurs : ce qu’il veut, aime, détes-
te, assène des clichés gros com-
me une maison (« La contrainte philosophie épouse et Christophe Fiat
est une liberté »), en rit parfois
pour se décontracter. détrousse les mythologies
UNE FARCE DÉLIRANTE
contemporaines. Auteur et La question de la culture popu-
laire tarabuste évidemment Chris-
S’il a abandonné la poésie
depuis quelques années pour le
Il veut de l’épopée, du rock, de
l’érotisme qui ne le dit pas, du
performer, il veut de l’épopée, tophe Fiat. La riposte littéraire de
celui qui pointera quelques
roman, il en a conservé le flux
envoûtant, la scansion interne,
Quant à Yves-Noël Genod
(photo ci-dessous), comé-
lyrisme mais pas d’ironie. « Le du rock, de l’érotisme... années plus tard comme profes- une sensualité des mots et de leurs dien chez Claude Régy et
texte l’est suffisamment et je me seur de philo au lycée et à l’univer- sons. « Les mots m’emprisonnaient interprète du chorégraphe
méfie de l’ironie systématique qui mais pas d’ironie sité, avant de démissionner de dans la poésie et j’avais envie de me Loïc Touzé, il est l’un des invi-
bascule dans l’idiotie, commen- l’éducation nationale, est celle du plonger dans une histoire. La poésie tés du « Sujet à vif » piloté
te-t-il. Il doit être débité à fond sans métissage, de cet amalgame vio- française autorise trop d’ellipse, de par la Société des auteurs et
qu’on perde le fil de cet imaginaire lent d’érudition et de simplicité systématisme et d’automatisme. compositeurs dramatiques.
paranoïaque. » qui fait la pâte de son écriture. Surtout, elle a complètement évacué Il met en scène son extrava-
De quoi s’agit-il ? « D’une mère saga hystérique de la vie d’au- lant pas sans l’autre – est né à l’imaginaire de son champ, contrai- gance naturelle. Un oiseau
de famille, Nathalie Moore, qui jourd’hui revue comme une Besançon en 1966. Bien qu’il ait SENSUALITÉ DES MOTS rement au roman. Par ailleurs, il est rare à saisir au vol.
n’est pas morte du sida, ne s’est pas série B. Avec un appétit vorace, il quitté la Franche-Comté depuis Christophe Fiat le dit tranquil- plus difficile de “performer” du
suicidée, n’est pas dépressive, n’a recycle grands événements, faits 2000 pour habiter Montpellier, lement : il a longtemps subi la roman que de la poésie. »
pas le goût du sacrifice, mais se bat divers, petites tendances et gros- puis Paris, cette région reste au culture populaire de ses origines Qu’à cela ne tienne, il suffit
dans un monde infernal à cause du ses addictions de la société centre de la géographie intime et et mis du temps à rendre compati- que Christophe Fiat empoigne
terrorisme et de la société de contrô- d’aujourd’hui qu’il démystifie publique de Christophe Fiat. bles toutes ses vies. Il ajoute qu’il sa guitare et récite son texte,
le », résume Christophe Fiat, qui sans états d’âme. Terrorisme, por- C’est le pays de sa jeunesse, dans a toujours fait ce qu’il a voulu. Et pour qu’il se persuade au moins
situe l’action entre Paris, la nographie, kidnapping, star-sys- une famille de la classe moyenne : ça lui réussit. « C’est vrai que ça a d’une chose : « L’époque est
Franche-Comté et la Suisse. « Je tème, drogues et médocs, tout fait le père est mécanicien dans l’ar- été vite pour moi depuis sept ans, extraordinaire. » a
suis obsédé par une chose : com- ventre et fiction. La vie est un mée de terre, la mère, ouvrière même si j’ai un peu ramé et surtout Rosita Boisseau
ment parler de notre époque en show dément, une farce délirante dans la fourrure. La télévision beaucoup bossé. J’ai eu énormé-
sachant que l’idée d’imagination et nous sommes tous des pop sera le seul moyen d’accès à la ment de plaisir à enseigner la philo La Jeune fille à la bombe, du 8 au 14
est dynamitée ? » star..., selon Fiat. culture de l’adolescent qui dévore à des jeunes avides de culture, mais (relâche le 12), salle Benoît-XII.
Christophe Fiat y répond dans Celui qui se définit comme un par ailleurs la collection j’ai le sentiment de découvrir plus Stephen King Stories, le 11, salle
La Jeune fille à la bombe par une écrivain et performer – l’un n’al- « Digest » des Grands Ecrivains. la vie depuis que je suis à Paris. » Benoît-XII.

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0 123 - Jeudi 5 juillet 2007 - page 10 AVIGNON 2007

DES FLEURS
SUR LE FUMIER
Dieudonné Cet héritier de l’écrivain Sony Labou Tansi
Niangouna puise dans l’histoire du Congo le renouveau
de la scène
ssis sur le bord de l’estra- Entre la fin d’une tournée en cieux pour le reste. La bande-son a

A de, Dieudonné Niangou-


na enrage. Depuis une
demi-heure, le metteur
en scène observe le remue-ménage
dans la cour du cercle Sony Labou
Europe, une résidence d’écriture et
son départ pour le Festival d’Avi-
gnon, Dieudonné Niangouna, nou-
velle étoile du théâtre congolais, est
rentré pour deux semaines à Braz-
déjà deux jours de retard. La dou-
che, censée le couvrir peu à peu de
sang pendant son spectacle, n’est
pas confectionnée. Pas plus que cet-
te fenêtre qui devrait éclairer le
Tansi et confesse « des envies de zaville. Pas pour se reposer ou ren- comédien lorsque, plongé dans la
meurtre ». En cette fin d’après- dre visite aux copains. Pas seule- pénombre, il jouera son Attitude
midi, jeudi 14 juin, son lieu de ment, en tout cas. Car c’est ici, dans clando.
répétition a été loué pour un mee- sa ville, qu’il puise sa matière. « Sur Clandestin, fugitif, homme « pri-
ting électoral. Une poignée de ce fumier, celui du sous-développe- vé de permission », presque privé de
musiciens rythme la sortie de la ment, que je fais pousser mes fleurs. » vie : Dieudonné Niangouna sait de
candidate et sa montée dans son Sous le soleil de la saison sèche, quoi il parle. En décembre 1998,
4×4 noir. « On en fait des griots », il supervise donc la fabrication du lorsqu’éclatait la troisième guerre
soupire-t-il. décor. Une immense toile confec- civile congolaise, il était embarqué
A présent, c’est au tour des spec- tionnée à partir de sacs de ciment en forêt par les rebelles du pasteur
tateurs de quitter la salle, toujours vides assemblés à la colle blanche. Ntoumi, qui vidaient la ville. Un an
sous les tam-tam. Un à un, ils empo- « On les a achetés 100 francs [0,15 et demi de privation, ponctué par
chent un billet de 500 francs CFA euro] pièce au marché. Habituelle- les bombardements de l’armée du
(0,80 euro) et un tee-shirt à la gloi- ment, les gens les utlisent pour embal- président Sassou Nguesso, et fina-
re de « la députée qui tient ses pro- ler les arachides ou la fripe. C’est un lement le miracle : à l’heure de
messes ». Le regard de Dieudonné très beau papier. A la lumière, c’est l’exécution, un milicien reconnais-
Niangouna s’enflamme. « C’est la comme du tissu, ni trop brillant ni sait ce comédien aperçu sur la scè-
lâcheté, le troupeau. Pendant la trop pâle. Ce n’est pas de la récup, ne du Centre culturel français
guerre, c’était la même chose, sauf mais une richesse inconnue, comme (CCF). « Il a convaincu les autres de
qu’au lieu du tee-shirt on leur don- l’Afrique. » m’épargner. »
nait une kalachnikov. Tout juste s’ils Pas de problème, donc, de ce Le jeune acteur est devenu la
voyaient la différence. Le cerveau est côté-là. La toile, no man’s land de figure emblématique du nouveau
bousillé. » Il respire. Puis sourit. dimension encore indéterminée, théâtre congolais. « L’héritier de
« Si je mettais ça sur scène, on croi- destinée à se poser dans le jardin de l’icône nationale, Sony Labou
rait que j’invente ou que j’exagère. la rue de Mons, à l’ombre du Palais Tansi », assure Yves Olliver, le
Mais non. La réalité congolaise, c’est des papes, sera prête. Dieudonné directeur du CCF. Comme son illus-
Dieudonné Niangouna. BAUDOUIN MOUANDA déjà du spectacle. » est en revanche nettement plus sou- tre ancien, mort en 1995, Dieudon-

Raimund Hoghe

Photo : © Alexandre Ponomarev


Rasheed Al-Bougaily / Nouri Rabih Mroué Rodrigo García Boléro Variations
Iskandar / Saed Haddad / Rashidah Qui a peur de la représentation? Et balancez mes cendres sur Mickey Centre Pompidou
Ibrahim / Daniel Landau / Hossam Centre Pompidou Théâtre du Rond-Point
Mahmoud / Alireza Farhang / Shafi Merce Cunningham
Badreddin / Hiba Al Kawas / Samir Arne Lygre / Claude Régy Amir Reza Koohesani Crises / EyeSpace / CRWDSPCR
Odeh-Tamimi / Kiawash Homme sans but Recent Experiences Théâtre de la Ville
Sahebnassagh Odéon-Théâtre de l’Europe Théâtre de la Basille
Opéra National de Paris / aux Ateliers Berthier Compagnie Via Katlehong /
Basille-Amphihéâtre Marivaux / Luc Bondy Robyn Orlin / Chrisian Rizzo
Benjamin Franklin / Stéphane Olry La Seconde Surprise de l’amour Imbizo e Mazweni
Xavier Le Roy Treize semaines de vertu Théâtre Nanterre-Amandiers Maison des Arts Créteil
Le Sacre du printemps Château de la Roche-Guyon
Centre Pompidou Archives Nationales / Hôtel de William Shakespeare / Dood Paard Alain Bufard
Soubise Tius (Not) a Love Song
12 septembre Franco Donatoni / Jérôme Combier / Maison des Arts Créteil Centre Pompidou
au Salvatore Sciarrino
Centre Pompidou
Ödön von Horváth /
Chrisoph Marthaler Thomas Bernhardt / tg STAN
22 décembre Légendes de la forêt viennoise “Sauve qui peut”, pas mal comme tire PERFORMANCES
Anton Webern / Arnold Schoenberg / Théâtre National de Chaillot Théâtre de la Basille
2007 Frédéric Pattar / Mark Andre Walid Raad
Audiorium du Louvre Rabih Mroué I Feel a Great Desire to Meet the Masses Once
Comme Nancy aurai souhaié que tout ceci ne fût DANSE Again
Béla Bartók / Salvatore Sciarrino / qu’un poisson d’avril Centre Pompidou
ARTS PLASTIQUES Jörg Widmann / Matthias Pintscher Théâtre de la Cié Internationale Rachid Ouramdane
Audiorium du Louvre La Ferme du Buisson Surface de réparation Décadrages
Alexandre Ponomarev Théâtre de Gennevilliers Scène artisique du Moyen-Orient
Verticale Parallèle Jörg Widmann Anton Tchekhov / Enrique Diaz Performances, rencontres, projecions, concerts
Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière Wolfgang Amadeus Mozart Seagull-play / La Mouette Mathilde Monnier Point Éphémère
Audiorium du Louvre La Ferme du Buisson Tempo 76
Marie Cool / Fabio Balducci Théâtre de la Ville
Untiled 2005-2006 Edgard Varèse / Jörg Widmann / Lars Norén POÉSIE
La Maison rouge Igor Stravinsky Le 20 novembre Meg Stuart
Opéra National de Paris / Basille Maison des Arts Créteil BLESSED Mahmoud Darwich
Hassan Khan Théâtre de la Basille Maison de la Poésie
Kompressor Xavier Dayer Ricardo Bartís
Le Plateau – FRAC Île-de-France Audiorium / Musée d’Orsay De Mal en Peor Emanuel Gat
MC 93 Bobigny Peti torn de dança… CINÉMA
Le Louvre invie Anselm Kiefer Lieux de musique II / Colloque Maison des Arts Créteil
Maison de l’archiecure Lina Saneh Images du Moyen-Orient :
Joana Hadjihomas et Khalil Joreige Appendice Eszter Salamon Rétrospecive Omar Amiralay
Où sommes-nous? Théâtre de la Cié Internationale AND THEN et Cinémas d’Egypte, Iran, Israël,
Espace Topographie de l’Art THÉÂTRE Centre Pompidou Jordanie, Liban, Palesine, Syrie
Jean-Luc Lagarce / Rodolphe Dana Ficions et documentaires
LarsNorén/PierreMaillet/ Derniers remords avant l’oubli Emmanuelle Huynh Jeu de paume – Concorde
MUSIQUE MélanieLeray Théâtre de la Basille Le Grand dehors
La Veillée La Ferme du Buisson Centre Pompidou Cinéma en numérique
Samuel Beckett / Morton Feldman Théâtre de la Basille La Scène Watteau / Nogent-sur-Marne MK2 Bibliothèque
Neiher Bill T. Jones
Cié de la Musique Abbas Kiarosami Tim Etchells Walking the Line
Looking at Tazieh That Night Follows Day Musée du Louvre
Edgard Varèse / Pierre Boulez / Centre Pompidou Centre Pompidou
Mark Andre / Enno Poppe /
Matthias Pintscher Josse de Pauw / Paroles d’aceurs / Julie Brochen
Salle Pleyel Collegium Vocale Gent Variations / Jean-Luc Lagarce
RUHE Théâtre de l’Aquarium
Hugues Dufourt Maison de l’archiecure
Audiorium / Musée d’Orsay www.fesival-automne.com – 01 53 45 17 17
2007 AVIGNON page 11 - Jeudi 5 juillet 2007 - 0 123

Du proche
au lointain

Frank Castorf (photo ci-des-


sous) et Rodrigo Garcia
manient la provocation, jus-
qu’au scandale parfois. Argen-
tin d’origine, installé à Madrid

depuis 1986, Rodrigo Garcia


pratique un théâtre « trash »,
à l’image de sa vision de la
société de consommation. Il
vient avec deux spectacles,
Bleue. Saignante. A point. Car-
bonisée, et Approche de l’idée
de méfiance. L’Allemand
Frank Castorf, directeur de la
Volksbühne de Berlin, prend
le siècle à bras-le-corps, en
revisitant Dostoïevski, Sartre,
Döblin ou Boulgakov. Il atteint
un point limite dans sa rencon-
Répétition de « Attitude clando »,
tre avec l’histoire en portant à
à Brazzaville.
la scène Nord, le roman de
DÉSIRÉ LOUTSONO POUR « LE MONDE »
Céline.
Le Polonais Krzysztof War-
likowski (photo ci-dessous)
né Niangouna a été consacré à qui n’ont pas été détruits né. Virus de l’écriture, d’abord. Des situation administrative. Une ami- tient vingt minutes, puis saute hors
refuse « la peur et le menson-
l’étranger, tout particulièrement en accueillent mariages et réunions formes visuelles, ensuite, qu’il a étu- cale pression. » du brasier, le corps en fusion. Il pes-
ge ». Capable d’affronter Le
France. Comme lui, il a fait école, politiques. diées plusieurs années aux Beaux- Pas de pression, en revanche, te, s’étend à même le sol et s’endort.
Dibbouk, il plonge dans l’hor-
profitant des cachets décrochés en « Comme il n’y a plus de salles, le Arts de Brazzaville. Enfin, il a opéré contre Dieudonné Niangouna. Il est minuit. Dehors, trois adoles-
reur des années sida, avec
Europe et de sa notoriété pour lan- public pense qu’il n’y a plus de théâ- la synthèse et jeté son dévolu sur la Juste celle du temps, de la création cents observent la scène. Public dis-
Angels in America, de Tony
cer un festival de théâtre à Brazza- tre », résume le comédien Ludovic scène, créant en 1997, avec son qui approche et du dispositif à bou- cret. Dans quelques heures, quand
Kushner.
ville. Il a soutenu la création de Louppé. Si bien que là où son aîné frère Criss, la compagnie Les Bruits cler. A commencer par ce lit de char- l’équipe aura plié bagages, ils vien-
deux petits centres culturels, dans bénéficiait d’une reconnaissance de la rue. Autour de lui gravitent à bons ardents sur lequel il voudrait dront sans doute récupérer les res-
son quartier de Mpissa, et embar- nationale Niangouna affronte un présent plusieurs autres compa- flotter. Pour l’heure, c’est un cercle, tes de charbon. a
que dans chacune de ses aventures public confidentiel formé essentiel- gnies, de théâtre mais aussi de dont il teste la taille à la nuit tom- Nathaniel Herzberg
les autres auteurs de sa bande, sur lement d’artistes et d’intellectuels. danse contemporaine. Une petite bée. Une première fois, il dit ses (Brazzaville)
scène mais aussi à la régie ou aux Et un manque de moyens que vient bande d’une cinquantaine de quarante minutes de texte, puis
décors. Comme Labou Tansi, régulièrement combler le CCF, véri- personnes, toutes issues des ordonne d’étendre les braises. Attitude clando, du 9 au 17 (relâche le
enfin, il dénonce le naufrage de table poumon artificiel de la vie ethnies minoritaires du Sud, qui a Il recommence, seul au centre, 12), Jardin de la rue de Mons.
l’Afrique, avec les outils du quoti- culturelle locale. adopté pour quartier général la

K
dien et des images d’une rare Ce soir encore, Dieudonné Nian- cafétéria du CCF.
richesse. gouna doit faire face à une coupure Difficile, il est vrai, de trouver

06/07
Mais l’époque a changé. Le déla- brutale d’électricité. On attend l’ar- quelque autre soutien. « La
brement du théâtre natio- rivée du groupe électro- dernière fois que j’ai rencontré le Un été en Ardèche méridionale de Bidon à St-Marcel d’Ardèche
nal en témoigne à lui gène autour d’une bière. ministre de la culture, il m’a expliqué

AFRI ABIDON
seul. Cette salle mythi- Il dénonce Dieudonné et Arthur Vé que la danse contemporaine était une
que où, en 1944, le géné- Batoumeni, metteur en forme néocolonialiste », soupire le
les naufrages
ral de Gaulle prononçait scène bombardé à la scé- chorégraphe Orchy Nzaba, tout
le fameux discours de de l’Afrique, nographie, se lancent juste de retour d’une tournée aux
Brazzaville, ce même lieu avec les outils dans une joute oratoire. Etats-Unis. « Ils nous ignorent et se
où Labou Tansi créait le Au menu : Dans la solitu- moquent de savoir ce qu’on fait et
Rocadu Zulu Théâtre, du quotidien de des champs de coton, comment on vit », renchérit
n’a plus ni lumières ni siè- et des images de Bernard-Marie Kol- Doriend Kaly, comédien, conteur
ges décents pour tès. Les répliques s’en- et marionnettiste.
très riches
accueillir les spectateurs. chaînent, bouteille à la Sylvie Dyclo-Pomos, elle aussi ^
« Pillés il y a huit ans », main. Où transpire
s’excuse son directeur. Le reste est l’amour des mots.
invitée à Avignon cet été, le pensait
encore récemment. Mais son
Du 19 juillet au 12 aout 07
à l’avenant. C’est qu’au régime du Car ces mots, cette langue fran- dernier spectacle, La Folie de Janus,
parti unique ont succédé une décen- çaise, Dieudonné Niangouna les a a fait l’objet d’une certaine atten- L’Afrique face à ses défis,
nie de guerre et enfin le retour du dans les veines. A 9 ans, son père, tion des autorités. Il évoque fronta- 3 semaines de rencontres culturelles
président Sassou, sans les oripeaux grammairien de renom, l’enfer- lement un épisode tristement célè-
du communisme. mait dans la bibliothèque familiale bre de l’histoire récente du Congo et artistiques autour de l’Afrique.
Dans ce pays gorgé de pétrole et lorsque l’école faisait relâche. « Il – la tragédie du Beach –, au cours

B Concerts
de corruption, les systèmes éduca- revenait à 19 heures, se souvient-il. duquel 353 opposants qui ren-
tifs et sanitaires se sont effondrés. Je devais résumer ce que j’avais lu et traient au pays avec l’accord du gou-
Et la culture a disparu du paysage. analyser le texte. Si ça ne lui conve- vernement ont disparu dans le
Les nombreux cinémas de Brazza- nait pas, j’y passais la nuit. Ça aurait fleuve. « Nous avons été convoqués à Jeudi 19/07
ville ont été vendus aux diverses pu, ça aurait dû me dégoûter. » la direction générale de la police
Eglises évangéliques. Les théâtres Le virus l’a au contraire contami- nationale… pour vérification de notre WATCHA CLAN, DÉSERT REBEL

Vendredi 20/07
Soirée AFRICOLOR - SAFI BAND, LURA
Faustin Linyekula, danser pour raconter
aconter une histoire, oui. nombre de ses compatriotes : lui Il rêve d’y créer un réseau de mai-
Samedi 21 /07

R Mais raconter l’Histoire…


Jamais ce petit homme de
33 ans à l’allure juvénile n’y aurait
qui vivait au Kenya, où il avait créé
une compagnie, a décidé de rentrer
au pays. « Tous mes amis disaient
sons de la culture. Grace au bénéfice
des tournées à l’étranger, il a déjà
acheté trois terrains dans différents
GANGBÉ BRASS BAND, ISMAËL LO

Dimanche 22/07
pensé. Et puis, un jour de 1997, son que c’était invivable. Je voulais voir. quartiers de la ville et ne désespère
pays a changé de nom. « Je vivais à Par ailleurs, je souhaitais raconter des pas de rallier à son projet les autori- DABY TOURÉ, TIKEN JAH FAKOLY
Nairobi et j’ai entendu à la radio que histoires congolaises, pas des histoires tés provinciales. « Ça peut paraître
le Zaïre n’existait plus. C’était devenu d’exil. Je n’avais pas le choix. » A un luxe d’investir dans la culture là où
la RDC, République démocratique du Kinshasa, métropole de 8 millions les gens meurent de faim. Mais on ne Débats/expos...
Congo. L’imposture apparaissait der- d’habitants, il a ouvert les studio pourra jamais réparer les corps ou les avec Hubert Reeves,
rière l’apparente stabilité. Mes repères Kabako, une structure de création et infrastructures si l’on ne restaure pas
disparaissaient. » de formation pour la danse et le les imaginaires. » Jean-François Kahn, Pierre Rabhi,
Depuis, Faustin Linyekula le dit théâtre visuel. L’an dernier, il a fait venir des Edgard Pisani, Gabriel Cohn-Bendit,
sans fierté : tout son art, sa danse Six ans plus tard, il ne regrette danseurs dediverses parties du pays
mais aussi le théâtre qu’il y introduit pas une seconde. « J’ai un grand pour travailler à Kisangani. Il Henry de Lumley...
ne visent qu’à se reconstruire un luxe : le temps. Ici, le mot efficacité ne entend amplifier ce mouvement. Et
pays, un monde, à retrouver un signifie pas la même chose. » Autre développer ce qu’il considère
nom. Les deux pièces qu’il présente, sujet de satisfaction, sourit-il, la comme « un laboratoire ». « Si ça Cinéma
Dinozord : the Dialogue Series III et conformité de ses actes avec sa marche,dans cinq ans je pourrai peut- Ouaga Saga de Dani Kouyate…
Le Festival des mensonges, partici- « petite éducation catholique ». « En être proposer une politique culturelle à
pent de cette ambition. « Je me sens travaillant avec cinq ou six personnes, l’Etat congolais. » Non plus racon-
incapable de parler au nom des je sais que je fais vivre du monde. C’est ter, mais faire l’Histoire. a
autres. Je ne peux construire qu’à beaucoup plus gratifiant. » N. H. www.afrikabidon.com
partir des choses qui me touchent. Avec cette mentalité, Faustin
Même si je prenais Hamlet, j’en ferais
une histoire congolaise. »
Linyekula ne pouvait en rester là. En
septembre, il a quitté Kinshasa et
Dinozord : the Dialogue Series III. Du 8
au 15 (relâche le 11), gymnase du lycée
résa. : 04 75 97 24 86
En 2001 ans, Faustin Linyekula a s’est installé dans sa ville natale, Mistral. Le Festival des mensonges. Du Afrikabidon - Route de St-Remèze - 07700 Bidon / Rens. contact@afrikabidon.com
d’ailleurs pris le chemin inverse de Kisangani, en haut du fleuve Congo. 20 au 23, salle de Champfleury.
0 123 - Jeudi 5 juillet 2007 - page 12 AVIGNON 2007

MÉMENTO Le regard de Frank Castorf Salle Benoît-XII, du 18 au 24 (relâche le centre de développement chorégraphi-
Du 6 au 27 juillet ARTISTE ASSOCIÉ THÉÂTRE sur l’Europe. Exposition. 22), à 15 heures. Durée : 1 h 10. que d’Avignon, des rencontres
Salles numérotées : Cour Ecole d’art, du 6 au 27, de 11 heures Oxygène, d’Ivan Viripaev. interrégionales réunissent douze
d’honneur, Cour du lycée FRÉDÉRIC FISBACH COUR D’HONNEUR à 18 heures (entrée libre). Mise en scène : Galin Stoev. compagnies.
Saint-Joseph, Théâtre municipal Les Paravents, de Jean Genet. L’Acte inconnu, texte, mise en scène GUY CASSIERS Rond-Point de la Barthelasse, le 19, à Renseignements : 04-90-82-33-12.
(cat. 1). Placement libre dans tous Mise en scène Frédéric Fisbach. et peintures de Valère Novarina. Mefisto for Ever, de Tom Lanoye, 22 h 30. Durée 1 heure (entrée libre).
les autres lieux. Ouverture des
portes 15 à 30 minutes avant le
Théâtre municipal, du 6 au 13 (relâche
le 8), à 17 heures. Durée : 4 heures.
Cour d’honneur, du 7 au 12 (relâche
le 9), à 22 heures. Durée : 2 h 12.
librement adapté de Mephisto, de Klaus
Mann. Mise en scène : Guy Cassiers.
GILDAS MILIN
Machine sans cible. Texte et mise
MUSIQUE
début des spectacles. Cour Tsuna-Yakata et Honcho-Nijyushiko, Quartett, de Heiner Müller. Lu par Théâtre municipal, du 17 au 24 (relâche en scène : Gildas Milin.
Objectif Terre, concert de Pierre
d’honneur : de 13 ¤ à 36 ¤. par le Théâtre de marionnettes Youkiza. Jeanne Moreau et Sami Frey. le 21), à 21 h 30. Durée : 3 heures. Tinel de la Chartreuse, du 10 au 22
Henry. Cour du lycée Saint-Joseph,
Théâtre municipal : de 13 ¤ Salle Franchet du lycée Saint-Joseph, Cour d’honneur, le 9, à 22 heures En néerlandais surtitré. (relâche les 12 et 18), à 18 heures.
le 11, à 22 heures. Durée : 1 h 30.
à 25 ¤. De 20 ¤ à 25 ¤ pour du 16 au 19, à 15 heures. Durée : 1 heure. (entrée libre). Klaus Mann et la France. Durée : 2 h.
Cycle de musiques sacrées. Une série
la grande majorité des spectacles. En japonais (synopsis français distribué Le Roi Lear, de Shakespeare. Mise Exposition. Ecole d’art, du 6 au 27, de ROBERT CANTARELLA
de concerts, à Avignon et dans la région.
à l’entrée). Durée : 1 heure. en scène : Jean-François Sivadier. 11 heures à 18 heures (entrée libre). Hippolyte, de Garnier. Mise en scène :
Renseignements : 04-90-82-29-43,
RÉSERVATIONS Pour l’instant, par le collectif d’auteurs Cour d’honneur, du 21 au 27 (relâche ARIANE MNOUCHKINE Robert Cantarella.
et 04-90-82-21-75.
Par téléphone : 04-90-14-14-14 (de Lumière d’août. le 24), à 21 h 30. Durée : 3 h 45. Les Ephémères, par le Théâtre du Gymnase du lycée Mistral, du 21 au 26
9 heures à 13 heures et de Jardin de la rue de Mons, le 20, AUTOUR DE VALÈRE NOVARINA Soleil, sur une proposition d’Ariane (relâche le 23), à 15 heures, 17 h 30
14 heures à 17 heures) (frais
de location : 1,60 ¤ par billet ;
à 11 heures et à 18 heures (entrée libre).
Incredibily Incroyable, de et par
La Lumière nuit, installation
et peintures de Valère Novarina.
Mnouchkine.
Châteaublanc, du 14 au 25 (relâche
et 20 heures. Durée : 1 h 15.
Aura comprise. Performance
AGNÈS VARDA
forfait de 25 ¤ à partir de 25 places Bertrand Bossard. Chapelle du Miracle, du 6 au 27, les 17, 18, 22 et 23), à 14 heures. de et par Robert Cantarella.
Hommage aux Justes de France,
commandées). Par Internet (frais Gymnase du lycée Saint-Joseph, de 10 h 30 à 18 heures (entrée libre). Durée : 8 h 30. Gymnase du lycée Mistral, du 22 au 26
installation.La Miroiterie, du 7 au 27,
de location : 1,60 ¤ par billet) : le 13, à 19 heures. Durée : 1 h 15. 2 587 Dessins, de Valère Novarina. JEAN-PIERRE VINCENT (relâche le 23), à 9h30, 10 h 30, 11h30
de 11 heures à 18 heures (entrée libre).
www.festival-avignon. com Dedans Dehors Ecole d’art, du 6 au 27, de 11 heures Le Silence des communistes, d’après (entrée libre). Durée : 30 minutes.
Je me souviens de Vilar en Avignon,
(arrêt des ventes à minuit Maison Jean-Vilar, du 6 au 27 (relâche le à 18 heures (entrée libre). Vittorio Foa, Miriam Mafai, Alfredo
expositions de photographies (1949-1955).
la veille de la représentation). 14), de 10 h 30 à 18 h 30 (entrée libre). Paccoud chante Novarina. Concert Reichlin. Mise en espace : Jean-Pierre
Au bureau de location : Cloître Feuillets d’Hypnos, de René Char. de Christian Paccoud, chanteur, Vincent. DANSE Chapelle Saint-Charles, du 7 au 27,
de 11 heures à 18 heures (entrée libre).
Saint-Louis, 20, rue du Mise en scène Frédéric Fisbach. compositeur et accordéoniste. Salle de Champfleury, du 8 au 16 (relâ-
Portail-Bocquier, tous les jours Cour d’honneur du Palais des papes. Les Gymnase du lycée Saint-Joseph, che 12), à 18 heures. Durée : 1 h 20. insideout, chorégraphie : Sasha Waltz.
de 11 heures à 19 h 30 (pour 15, 16 et 17, à 22 heures. Durée : 2 h 30. le 9, à 19 heures (13 ¤ et 16 ¤). FAUSTIN LINYEKULA Châteaublanc, du 13 au 18 (relâche le LECTURES
les spectacles du jour même, AUTOUR DE RENÉ CHAR Ajour, de Valère Novarina. Dinozord : The Dialogue Series III, 15), à 19 heures et à 22 heures. Durée :
la location s’arrête trois heures Claire, de René Char. Mise en scène Mise en scène : Christine Dormoy. texte et mise en scène : Faustin 1 h 30. Lectures au Musée Calvet, Robert
avant le début de chaque Alexis Forestier. Cave du pape de la chartreuse de Ville- Linyekula. Gymnase du lycée Mistral, 36, avenue Georges-Mandel, chorégra- Desnos, Marie Darrieussecq, Tom
représentation ; la vente reprend, A Mérindol, les 7 et 8 ; Châteauneuf-de- neuve-lès-Avignon, du 8 au 22 (relâche du 8 au 15 (relâche le 11), à 18 heures. phie et interprétation : Raimund Hoghe. Lanoye, Peter Verhelst, Olivier Cadiot,
dans la limite des places Gadagne, les 10 et 11 ; Sault, le 14 ; les 10 et 19), à 16 heures (18 h 30 les 13, Durée : 1 h 30. Chapelle des Pénitents-Blancs, du 17 du 17 au 21, à 11 heures (entrée libre).
disponibles, à l’entrée des lieux Tavel, les 19 et 20 ; Oppède, les 23 15 et 18). Durée : 1 h 15. Le Festival des mensonges, texte au 25 (relâche le 19), à 19 heures. Jeunes auteurs en Afrique. Sony
de spectacle, 45 minutes avant et 24 ; Avignon, rond-point de la Barthe- et mise en scène de Faustin Linyekula. Durée : 1 h 30. Labou Tansi, Alain-Kamal Martial,
le début de la représentation).
Dans les Fnac (frais de location :
lasse, le 16 ; Avignon, salle Benoît-XII,
les 26 et 27, à 18 heures. Durée : 1 h 15.
AUTRES Salle de Champfleury, du 20 au 23,
à 22 heures. Durée : 2 heures.
Sujet à vif
Des spectacles, ébauches ou proposi-
Aristide Tarnagda, Sylvie Dyclo-Pomos,
Marie-Louise Bibish Mumbu, Dieudonné
1,60 ¤ par billet) : dans toutes René Char, paysages premiers SPECTACLES FUMIYO IKEDA, ALAIN PLATEL, tions nés de la rencontre entre un choré- Niangouna. Jardin de la rue de Mons,
les Fnac, en France, en Suisse Exposition. BENJAMIN VERDONCK graphe et un interprète. Deux fois par du 11 au 14 (relâche le 12), à 11 heures.
et en Belgique. Par Internet : Hôtel de Campredon - Maison René- LUDOVIC LAGARDE Nine Finger, spectacle créé et joué jour, à 11 heures et à 18 heures. Pro- (entrée libre).
www.fnac.com (de 6 heures à Char, L’Isle-sur-la-Sorgue. Du 6 juillet Richard III, de Peter Verhelst. par Fumiyo Ikeda, Benjamin Verdonck, gramme de 11 heures : Julie Guibert
23 h 45). au 31 septembre. Tél. : 04-90-38-17-41 Mise en scène : Ludovic Lagarde. Alain Platel, Anne-Catherine Kunz, et Stijn Celis ; Andréya Diamouangana
et 04-90-38-67-81. Cloître des Carmes, du 18 au 26 Herman Sorgeloos. Gymnase Aubanel, Ouamba et Opiyo Okach. Programme THÉÂTRE DES IDÉES
NUMÉROS UTILES René Char : la rébellion à l’œuvre. (relâche le 21), à 22 heures. Durée : 1 h 30. du 24 au 27, à 18 heures. Durée : 1 heure. de 18 heures : Dominique Uber et Fanny
Festival d’Avignon. Textes de René Char choisis par Fairy Queen, film de Christophe En anglais surtitré. de Chaillé ; La Descendance, interprété Rencontres avec des philosophes,
Rens. : 04-90-14-14-60. André Velter et lus par Mireille Perrier Dérouet et Ludovic Lagarde. RODRIGO GARCIA par Yves-Noël Genod. des intellectuels et des scientifiques,
Chartreuse de et Hughes Quester. Cinéma Utopia-Manutention, le 21, Cruda. Vuelta y vuelta. Al punto. Jardin de la Vierge du lycée Saint- sur des thèmes liés au Festival.
Villeneuve-lès-Avignon : Enregistré en public, au Musée Calvet, à 14 heures (entrée libre). Chamuscada (Bleue. Saignante. Joseph, du 16 au 24 (relâche le 19). Gymnase du lycée Saint-Joseph, du 10
04-90-15-24-24. et diffusé en direct par France Culture, FRANK CASTORF A point. Carbonisée), texte et mise L’Eté des Hivernales au 23 (relâche les 12, 13, 16, 18, 20, 22)
Office du tourisme d’Avignon : le 14, de 19 h 30 à 21 heures. Norden, d’après Nord, de Céline. en scène : Rodrigo Garcia. A l’initiative des Hivernales de la danse, (entrée libre).
04-32-74-32-74. René Char, nom de guerre Alexandre Mise en scène : Frank Castorf. Cloître des Carmes, du 6 au 13 (relâche
Office du tourisme de Film réalisé par Jérôme Prieur. Cour du lycée Saint-Joseph, les 6,7, 8, le 10), à 22 heures. Durée : 1 h 30.
Villeneuve-lès-Avignon : Cinéma Utopia-Manutention, le 14, à 21 h 30. Durée : 3 h 15. En allemand En espagnol, surtitré. >
04-90-25-61-33. à 14 heures (entrée libre). surtitré. Approche de l’idée de méfiance,
texte et mise en scène : Rodrigo Garcia.
Cloître des Célestins, du 22 au 25,
à 22 heures. Durée : 1 heure.
SENTIMENTAL BOURREAU
Tendre jeudi, d’après John Steinbeck.
Mise en scène : Mathieu Bauer.
Gymnase Aubanel, du 7 au 14 (relâche
SAISON 2007 / 2008
le 11), à 18 heures. Durée : 1 h 45. MADRIGAUX
SUPERAMAS Claudio MONTEVERDI / Festival d’Aix-en-Provence
Big 3e episode, un spectacle Du 3 au 7 octobre - Première en Ile-de-France
de Superamas.
Gymnase Aubanel, du 18 au 21, Le Grand Inquisiteur / Fiodor Dostoïevski / Patrice Chéreau
à 18 heures. Durée : 1 heure. La Douleur / Marguerite Duras / Patrice Chéreau et Dominique Blanc
En anglais, surtitré. Junca / Mercedes Ruiz - Première en Ile-de-France
High Art, sculpture chorégraphique Jazz / Sara Lazarus avec Bireli Lagrène Gipsy Project et André Ceccarelli
de Superamas. Jazz / Jean-Jacques Milteau “Soul Conversation” sextet
Chapelle du lycée Saint-Joseph, Paradis / José Montalvo et Dominique Hervieu
du 13 au 21, de 13 h 30 à 17 h 30.
JULIE BROCHEN CRIME ET CHÂTIMENT
L’Echange, de Paul Claudel, joué Fiodor DOSTOÏEVSKI / Gintaras VARNAS (Lituanie)
par les Compagnons de jeu, sous du 23 novembre au 2 décembre - Première en France
le regard de Valérie Dréville.
Cloître des Célestins, du 8 au 18 (relâche Jazz / Premier Prix du Concours “Jazz à La Défense 2007”
Jazz / Richard Galliano Quartet “Tangaria”
les 11 et 14), à 21 h 30. Durée : 2 h 30.
Massacre à Paris / Christopher Marlowe / Guillaume Delaveau
KRZYSZTOF WARLIKOWSKI Première en Ile-de-France
Angels in America 1 & 2, de Tony Jazz / Moutin Réunion quartet
Kushner.
Mise en scène : Krzysztof Warlikowski. LE TEMPS EST UN SONGE
Cour du lycée Saint-Joseph, du 16 au 22, Henri-René LENORMAND / Jean-Louis BENOIT
à 21 heures (relâche le 18). Durée : Theâtre National de Marseille La Criée
5 h 30. En polonais surtitré. du 17 au 27 janvier – Création
CHRISTOPHE FIAT
La Jeune Fille à la bombe. Texte Jazz / Louis Winsberg trio “Douce France”
et mise en scène : Christophe Fiat.
Salle Benoît-XII, du 8 au 14 (relâche LE PÉLICAN
le 12), à 15 heures. Durée : 2 heures. August STRINDBERG / Gian Manuel RAU
Stephen King Stories, du 2 au 24 février - Première en Ile-de-France
performance de et avec Christophe Fiat.
Salle Benoît-XII, le 11, à 19 heures. Jazz / Quartet Trotignon - El-Malek
Durée : 45 minutes. Plan B / Cie 111 Phil Soltanoff
ÉLÉONORE WEBER Jazz / Rigolus
Rendre une vie vivable n’a rien
d’une question vaine. Texte et mise TROÏLUS ET CRESSIDA
en scène : Eléonore Weber. William SHAKESPEARE / Declan DONNELLAN (Londres)
Chapelle des Pénitents-Blancs, du 8 au du 12 au 30 mars - Création
14 (relâche le 12), à 15 heures. Durée :
Jazz / Christian Toucas Quartet “Jazz latin”
1 h 30.
Jazz / Stefano di Battista
ROMEO CASTELLUCCI
Thomas Dutronc
Hey Girl ! De et mise en scène
par Romeo Castellucci. REQUIEM de FAURÉ / REQUIEM de DUSAPIN /ACCENTUS
Eglise des Célestins, du 10 au 18,
du 11 au 13 avril - Création
à 1 heure du matin (relâche dans la nuit
du 14 au 15). Durée : 1 h 15. Sizwe Banzi est mort / Peter Brook
DIEUDONNÉ NIANGOUNA Jazz / Manu Katché
Attitude clando. Texte, mise en scène
et jeu : Dieudonné Niangouna. LES RENDEZ-VOUS CHORÉGRAPHIQUES

.
Jardin de la rue de Mons, du 9 au 17 DE SCEAUX - du 9 au 31 mai
(relâche le 12), à 23 heures. Miguel Angel Berna (Saragosse) - Première en France
Durée : 1 heure. Maryse Delente - Création Joëlle Bouvier - Création
GALIN STOEV Frédéric Flamand / Zaha Hadid
Genèse n˚ 2, d’Antonina Velikanova
et Ivan Viripaev. Mise en scène :
Galin Stoev.
TÉL. 01 46 61 36 67

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