Sunteți pe pagina 1din 8

MARMITE & MICRO-ONDE

Le fanzine qui mijote N


3
L E MENU DU JOUR

3
1 1 2 3 4 6 6 8

TOAST DACCUEIL

Toast daccueil Amuse-gueules Entre : Des ursids et des hommes Poisson : La truite Viande et lgumes La table Apocalypse Dessert : De lEpice au Jasp Th, caf

Se sont activs aux fourneaux : Jean-Claude Boudreault, Alain Delbe, Philippe Heurtel, Jacky Ferjault, Nicolas Pieraut, Julie Proust Tanguy, Philippe Ward. Chef : Philippe Heurtel Enseigne : Andr de Marigny Dcoration intrieure : Willy Favre, Audrey Isbled, Andr de Marigny

Le concept de Marmite & Micro-onde a jailli lors dune soire de Lil Du Sphinx. Puisqu lODS, outre les littratures de limaginaire, on aime bien manger et bien boire (nos soires sont toujours associes de sympathiques agapes), pourquoi ne pas ajouter une publication aux nombreux fanzines dj publis par lODS ? Un fanzine qui serait intitul Marmite & Micro-onde Le fanzine qui mijote, et serait le pendant culinaire de Dragon & Microchips Le fanzine qui rve... Laffaire en tait reste l pour tout le monde, sauf pour cette partie obscure de mon cerveau qui naime rien tant que de concrtiser les ides les plus saugrenues. Un fanzine consacr limaginaire culinaire ? Et pourquoi pas... Avec des nouvelles, des articles, des pomes, des critiques, des news, des recettes, des illustrations, des bandes dessines... Le tout en rapport la fois avec la gastronomie (au sens large : jy inclus par exemple le cannibalisme) et limaginaire, au sens tout aussi large : science-fiction, fantastique, fantasy, polar, littrature gnrale, rotique, cinma, actualit, science, histoire, sotrisme... Lquivalent dun pot-au-feu, dun mz, dune paella, dun couscous, dune choucroute garnie, dun buffet ( volont). Un truc un peu farfelu, bien sr, mais aussi srieux car il y a beaucoup dire et crire sur le sujet. Et voil ! Vous avez le rsultat entre vos mains, ou sur lcran de votre ordinateur. Il ne me reste plus qu vous souhaiter un bon apptit. Et esprer vous recevoir trs bientt ma table... Philippe Heurtel, novembre 2000

&

V OUS AVEZ DEJA ESSAYE ? & (50 rencontres inattendues dans une assiette)

Marie-Odile Briet, Herv Tullet Edition du Seuil, 2000. 89 F Ce petit livre sympathique propose une quarantaine de recettes trs simples raliser, toutes bases sur des ingrdients

que lon naurait pas song, de prime abord, mlanger : figues et mozzarella, poisson et rhubarbe, gigot et anchois, pure et jus dorange, abricots et romarin... Si je suis peu convaincu par les rollmops la pomme, jai en revanche survcu aux crevettes landouille, au concombre aux pommes ou au munster au miel

(franchement, le dvouement de votre rdacteur en chef prfr ne vous met pas les larmes aux yeux ?). Le tout est saupoudr dhumour et assaisonn dillustrations fort jolies. P.H.

Marmite & Micro-onde n1 & DES URSIDES ET DES HOMMES &

La salle tait meuble avec simplicit : un vieux canap recouvert dune couverture multicolore, une table en bois, un bahut o reposaient quelques assiettes et une tagre saffaissant sous une trentaine de livres. Mais le plus tonnant restaient les murs qui disparaissaient sous des affiches, des posters, des tableaux dont le point commun tait lours. Il remarqua surtout une publicit de deux mtres sur un mtre cinquante montrant un immense plantigrade qui vantait les mrites du camembert LOurs. Artah, Philippe Ward. Editions Cylibris Dans Artah, roman quon ne saurait trop conseiller aux amateurs de fantastique, Philippe Ward imagine que le culte dun dieu ours a survcu jusqu nos jours dans un petit village des Pyrnes. Lquipe de Marmite & Micro-onde sest mise en quatre pour vous retrouver laffiche mentionne dans lextrait cidessus. Et puisque Philippe Ward est un spcialiste de lours, il nous transmet en exclusivit une recette authentique : les pattes dourson panes ! Nous navons malheureusement pas pu tester la recette avant le bouclage de ce numro : ce ntait pas la saison des pattes dourson...

l
Du bon carottes, girofle, genivre,

RECETTE : LES PIEDS DOURSON PANES PHILIPPE WARD


vin rouge, 1 oignon, 2 thym, laurier, 5 clous de quelques grains de de coriandre et de poivre. couteau. Poser dessus les pattes d'oursons. Ajouter le reste des ingrdients. Verser du vin rouge jusqu' recouvrir la viande. Couvrir le rcipient et garder au frais 24 heures au moins, davantage si la bte tait un peu vieille. Pas trop longtemps toutefois, car la viande d'ours doit tre marine mais pas faisande. Prparation des pieds dourson Au moment de les prparer, sortir les pattes de la marinade et les ponger soigneusement. Les plonger dans un court-bouillon prpar avec de l'eau laquelle on ajoute le vin blanc, les carottes et l'oignon grossirement hachs, l'ail, le sel, le thym et le laurier. Couvrir et laisser cuire feu moyen jusqu' ce que les pattes soient cuites, mais encore fermes : la viande ne doit pas se dtacher des os. Sortir

Ingrdients pour la marinade

Ingrdients pour la prparation Les pattes d'un jeune ourson, 1 oignon, 2 carottes, 1 verre de vin blanc sec, de la farine, du pain rassis, 2 ufs. Thym, laurier, persil, sel, poivre. Prparation de la marinade Mettre dans un rcipient de terre ou de verre (surtout pas de mtal, cause de l'acidit du vin) la moiti des ingrdients : l'oignon grossirement hach, les carottes coupes en rondelles, les herbes, les clous de girofle et les baies crases sous la lame d'un

les pattes et laisser refroidir. Disposer trois assiettes, la premire contenant la farine, la seconde les ufs battus, la troisime le pain rassis cras en chapelure. Mettre de l'huile chauffer dans une pole. Rouler une patte dans la farine, puis la plonger dans luf, et pour finir, la rouler dans la chapelure. Plonger dans l'huile chaude, feu moyen. Retourner mi cuisson. Lorsqu'elle est bien dore, la dposer dans un plat et rserver au chaud pendant que les autres pattes cuisent. Au moment de servir, saler, poivrer, et saupoudrer de persil hach. L'ours a une chair noire. Autrefois, elle se faisait toujours mariner et sa cuisson tait aussi prolonge que celle du buf brais, surtout si la bte tait vieille. Aussi, les pattes des jeunes ours taient trs apprcies.

INFO : LE DIABLE SUCRE

Du 10 octobre 2000 au 28 janvier 2001 se droule, au Parc de la Villette Paris, une exposition intitule Le diable sucr : gteaux, cannibalisme, mort et fcondit . Lethnologue Christine Armengaud nous invite dcouvrir plusieurs centaines de gteaux figuratifs reprsentant ou voquant le corps humain. Ces sculptures comestibles, tenant dans le creux de la main ou hautes de deux mtres, proviennent de toute lEurope et sont lies au paganisme ou des rites religieux. Marmite & Micro-onde ne manquera pas dy envoyer prochainement un reporter ! Informations : 01 40 03 75 75, ou http:\\www.la-villette.com

Marmite & Micro-onde n1


Julie Proust Tanguy nous a concoct une truite sa faon, cest dire assaisonne de beaucoup de fantaisie ! Ne en 1984, Julie Proust Tanguy poursuit des tudes littraires. Ou plutt, ce sont ses tudes qui sefforcent de rattraper cette lectrice boulimique, potesse et nouvelliste ses heures. On a pu la lire dans Dragon & Microchips, bientt dans les anthologies Rves dabsinthe et Rves dUlthar aux ditions de Lil Du Sphinx. Son recueil de posies fantastiques, Fantasmique & Farie, vient dtre publi chez le mme diteur. Illustration de Willy Favre.

LA TRUITE JULIE PROUST TANGUY


Mange, allez ! Les mots avaient la mme intonation que ceux de la sorcire d'Hansel et Gretel quand elle force le garonnet manger pour le faire engraisser et le dvorer son tour. Silence. L'enfant baissa les yeux. La truite compatit. Tu vas bouffer oui ou non ? Une main sche s'abattit sur la table. La truite sursauta et se retourna, telle une crpe, dvoilant Yann son ventre fendu. Une larme coula sur la joue du gamin. La truite souffrait ! La larme tomba sur la blessure. Le sourire de la truite parut s'largir. Mange ! Tu dois m'obir, c'est comme a ! Parce que je suis grande, et que tu es petit, parce que j'ai raison et que tu n'y peux rien ! La main vint de nouveau gifler la table. La truite changea de position. Grimaa l'adresse de la grandmre qui, nullement impressionne, changea de technique de persuasion en se lanant dans un cours de dittique sur les avantages qu'apporte la consommation de poisson.

La truite le fixait de ses yeux globuleux. Yann frissonna. La vue de la bte dormant sur son lit de lgumes le terrifiait et le fascinait tout autant. Le petit garon, d'une fourchette indcise, tta le poisson qui, sous la pousse, bougea lgrement. Yann rprima un cri : elle tait encore vivante ! Comment peut-on manger un tre qui gigote encore ? Et si, une fois avals, les morceaux se rassemblaient et nageaient dans son corps, pour se venger ? A six ans, on ne connat pas encore trs bien la biologie humaine : Yann imaginait trop bien la truite s'battant dans sa frle tte, remontant le cours du fleuve de son sang. Non, il ne toucherait pas a. La gueule du poisson reposait sur une tomate : Yann l'vita soigneusement et slectionna un d de courgette tout en surveillant le gisant. Qui sait, peut-tre qu'elle allait tout coup bondir hors de l'assiette et, frtillant, regagnerait sa rivire natale ? La truite grimaait : elle devait se rappeler les heures heureuses de plonge avec sa famille, dans l'eau dlicieusement frache... Yann, mange ton poisson, c'est bon pour la mmoire ! Une voix use mais sans appel. Mamie. Mange ! L'ordre claqua comme un coup de fouet. Yann secoua la tte sans conviction et loucha sur le poisson d'un air dgot. Mange, mon petit, c'est bon... La voix se fit mielleuse. La bouche celle qui avait englouti sans remords le mari de la Truite esquissa un sourire encourageant, dvoilant deux dents manquantes, retroussant les lvres surmontes d'une verrue.

Yann se tint mur dans son silence. Ses yeux ne quittaient pas la truite. Est-ce que les poissons savent voler ? C'est trs bon pour la mmoire, je t'assure ! Yann aurait jur que la truite en crevait d'envie. Et comme tu as des problmes pour retenir tes leons... Ses yeux semblaient le supplier. Laisse-moi essayer, rien qu'une seule fois... De plus, c'est plein de vitamines et toutes autres sortes de bonnes choses qui t'aideront grandir ! Tu es bien trop petit, mon bout de chou... C'est avec un sourire fig sur ses babines que la truite prit son envol pour la premire fois. Les tomates la suivirent, telle une longue trane carlate, bientt suivies par les aubergines et les poivrons, demoiselles d'honneur du poisson. Elle vint trner sur un visage courrouc et tordu de surprise, accompagne par les trompettes du rire de Yann. La truite cligna de l'il et mourut tranquillement sur le sein de celle qui l'avait pare.

Marmite & Micro-onde n1


N Montral en 1945, Jean-Claude Boudreault a d'abord t un touche--tout du visuel, du son et de la technologie : photographe, cameraman, preneur de son, monteur, ralisateur de films scientifiques, et est titulaire dun Ph.D. en technologie ducative. Plusieurs revues l'ont publi : Solstare, Expresso, Stop, Moebius, Art, Le Sabord, Tnbres. Il est galement lauteur dun recueil : Les Dernires Nouvelles.

LA TABLE JEAN-CLAUDE BOUDREAULT


vtement ni sexe et il avance sans se presser vers la table. Ses pas dgingands et souples inspirent puissance et force. Malgr sa stature et ses airs humains, les bouches greffes maints endroits ne trompent pas sur son espce et sur son statut. C'est Matre Majeur, c'est Maj. Lil mobile de son visage domine sa tte et confirme que rien ne lui chappe. Arriv sa table, il dpose son butin et vient s'asseoir sur le tabouret. L'enfant a lev la tte pour la coller la femme qui la serre contre elle pleines mains. Maj a vu le mange, mais ne s'en inquite ni ne s'en meut. Fermement, des deux mains, il s'est empar de l'avant-bras gauche de la femme, l'a pli, tourn, repli, tordu jusqu' ce qu'il se dtache. Ensuite, il l'a port sa plus grosse bouche, celle du thorax qui s'en est gave tandis que de petites gueules ont lch et suc le liquide sorti du moignon. La femme, malgr l'absence d'une partie d'elle-mme, a trouv moyen de serrer contre son ventre le gamin, de le couvrir de son corps et de montrer son dos au matre prdateur. Quand la chair du membre a bien t gruge et qu'il ne reste plus que des os, Maj contemple son repas. Il vise la tte de l'enfant, la dgage un peu de l'affection de la femme, la fait pivoter sur elle-mme, prend une dague dans un tui sous le banc et la tranche sec. Les yeux du dcapit ont coul de l'orbite, les paupires se sont paissies et les lvres durcies. La bouche thoracique de Maj s'est agrandie, a montr des dents mobiles, a aval et croqu la tte tel un raisin juteux. Un liquide bruntre a ruissel sur ses ctes, son ventre, ses cuisses que deux bouches dans les paumes sont venues laper goulment. Voir la femme serrer contre son sein un tronc ayant appartenu un tre cher pourrait attendrir une me sensible, mais pas Matre Majeur. Il est particulirement en apptit, car la chasse aux humains n'est jamais de tout repos, elle exige une attention constante et de longues

Au sommet d'un toit cathdrale, une verrire inonde de lumire diffuse la salle haute de quinze hommes. Les murs ceinturent l'espace de tableaux grands comme des arbres. Chacun raconte une pope. Des batailles, des chauffoures, des escarmouches, des victoires. Un gant fier commande une arme d'uniformes kaki et occupe toutes les images. Il massacre, dcapite, supplicie. Il agit sans effort et sans haine. On plante des armes blanches dans les chairs avec une force et une prcision magistrales. Un liquide pourpre gicle, clabousse, coule le long du miroir des sabres, des cimeterres, des machettes, tache les dfroques, les mains, ajoute aux expressions vracit et paroxysme. Les vaincus, des victimes, enfants, vieilles, hommes souffrent peine et se dfendent sans ardeur ni conviction. Plusieurs montrent des bouches dentes, bantes, des gueules sans voix et sans langue. Elles leur ont toutes t coupes. Une seule porte donne accs au lieu. Mtallique, grise, double battant, plus haute que les icnes. Ferme, elle n'a ni poigne ni serrure. Devant elle, une large table rectangulaire que nappe une toile aluminium. Un banc rembourr et haut attend son convive. Mme si le silence est parfait et lourd, la lumire venue du toit et l'action des peintures dynamisent l'espace, lui transmettent frnsie, mouvement, affolement. De temps autre, des formes noires aux contours imprcis glissent sur le plancher et voguent dans toutes les directions comme des obus. Sans doute des rapaces dans le ciel. Occupent le dessous de la table des masses flasques, difformes, rabougries et recroquevilles. La porte s'est ouverte, toute grande et sans bruit. Le seigneur des tableaux l'a pousse, portant sur chaque bras un corps, un jeune enfant et une femme adulte. Peuttre sa mre. Le porteur a la couleur de peau changeante, tel un arc-en-ciel o seuls le noir et le blanc se retrouvent. Il n'a ni

recherches. Maj a chass pendant trois jours dans la contre la plus loigne de sa table, la Dansoude, parce qu'un caprice l'a pris de vouloir manger de la viande dansoudienne. Elle laisse un got sauvage de terre, d'herbe et de mer au fond de la bouche. Peut-tre estce la plus exquise du pays. Tandis que la femme s'agite sur la table et que le garonnet finit de mourir, Maj se lve pour admirer une toile qu'il prise entre toutes. On le voit, lui, devant son arme, des viandes dans toutes les bouches. Dans son il exorbit, il lit l'extase, il aime sentir la dvotion dans ses gueules. Il revient vers la table et dchiquette les deux corps afin de remplir ses bouches avant de mastiquer. Aprs cet effort les restes de table ont l'air de se fondre l'un dans l'autre, d'tre les parties d'un mme ensemble. Ils prtent confusion quant leur origine, n'eut t le petit doigt d'une main fminine qui se cramponne une jeune paule comme un crochet. Alors, toutes ces bouches produisent en commun un son liquide, presque un bruit de pas dans les marcages, son trs grisant pour la sensibilit de Maj comme si cette somme de stimuli le rattrapait dans son viscral. Son repas l'unifie au peuple qu'il domine. A chaque mouvement de mchoire, l'intimit de l'accord fulmine dans ses bouches. Se confond une communion o la divinit gote au corps et au sang de ses fidles. Quel monde, et que de stabilit ! La plante Huldar gravite autour de l'toile Ermanus. Une nappe permanente de nuages tamise la lumire qu'mettent deux soleils opposs. Les habitants ne connaissent plus la nuit. Ils dorment quand le sommeil les saisit, quelques minutes successives et plusieurs fois par jour. Deux phnomnes les gardent veills : la qualit de leur sjour, et la fatalit de voir surgir Maj. En somme, cette lumire ternelle facilite la chasse de Matre Majeur,

Marmite & Micro-onde n1


qui n'a pas besoin de sommeil. Huldar ne connat qu'une temprature tempre compose de vent doux et de fracheur. Tous les deux jours, il tombe une heure de pluie fine. La vgtation est luxuriante, hospitalire, et les rsidences, rduites leur minimum, sont construites avec les matriaux environnants. Gnralement de forme arrondie, elles ressemblent des huttes, cases, yourtes ou tipis. Les Huldariens sont vgtariens. Ils doivent le devenir s'ils veulent vivre sur cette plante. C'est une condition sine qua non pour tre accept et reu. Seul Maj et ses semblables ont le droit de consommer de la chair frache. Pour se nourrir, les insulaires n'ont qu' cueillir les fruits leur porte. Les plus rpandus sont la banane, l'ananas, le kiwi, la papaye, le litchi, la mangue, la figue, le chrimole. Si l'envie leur prend de cultiver des lgumes, Maj met leur disposition un grenier qui leur permet de planter, entre autres, cleri-rave, rutabaga, panais, scorsonre, tomate. Aucun besoin de bcher, un potamochre le fait leur place. En ralit, les potamochres, sorte de sanglier aux canines surdveloppes, sont quips pour labourer continuellement le sol et le font partout instinctivement, si bien que la surface des les est une terre fertile. Il suffit d'y laisser tomber des graines et de clturer l'espace avec du bambou pour que a pousse et que le potamochre ne revienne plus y creuser. Les migrs qui ont priorit sur Huldar sont les familles, parce qu'elles donnent une varit de viande consommable. Maj considre comme un vnement gastronomique de manger trois gnrations dans un mme repas. On considre Huldar comme un paradis plantaire, c'est pourquoi ceux qui dsirent y venir sont si nombreux. La pauvret, la lutte des classes, la bataille pour la survie n'existent pas sur cette plante. Quand on atterrit sur Huldar, Maj et ses semblables accueillent les arrivants. tous, on tranche la langue, sorte d'avant-got de la saveur de cette nourriture disponible. Une autre raison ce geste est de neutraliser les cris de douleur au moment des prlvements. Maj dteste qu'on hurle quand il dvore cru un tre. Il est certain qu'une langue coupe n'annule pas la souffrance, c'est pourquoi poussent partout des plantes anesthsiantes qui attnuent la souffrance et donnent la chair une agrable saveur pice. Mais couper la langue a une autre signification plus profonde : cette ablation procure ses habitants un tat intrieur de recueillement bnfique pour le plus grand plaisir des sens et des festins. Malgr cela, certaines communauts, plus bavardes, ont dvelopp un langage de geste trs pouss et trs articul . denses, tous n'ont pas le temps de se joindre la masse. Maj avance nonchalamment, scrutant les berges bourres de curieux. Les regards, au fur et mesure qu'il progresse, lui donnent du plaisir. Il y dcle de la vnration pour son Etre et pour son Univers. Le lien gustatif est un lien trs puissant. Un vague souvenir lui rappelle que, pendant cinq annes, il n'a pas mis le pied sur l'le Malawi. Il s'arrte et lance plusieurs cris de tonnerre qu'il confie l'horizon. Pendant trois jours, il marche sans s'arrter, en hurlant de toutes ses bouches de temps autre, ce qui creuse et multiplie son apptit. Arriv sur les bords de Malawi, il s'enorgueillit de voir ces centaines d'observateurs, venus non pas l'accueillir, mais l'honorer de leur prsence. Il fonce l'intrieur des terres sans s'occuper de ces personnes qui ne l'intressent pas pour le moment. Il atteint une clairire o vivent peu prs deux cent villageois, majoritairement de jeunes adultes bien dans leur chair et dans leur apparence. Les rgimes et le farniente produisent des rsultats qui s'apparentent un gavage naturel. Maj s'assied, attend, observe. Tous sortent des huttes pour s'attrouper et stagner. Bientt tout le village l'entoure. Maj examine les paules, les cuisses, les poitrines. On ne peut rver mieux. Il patiente. Arrive son arme, les Kakis, des tres infrieurs qui composent sa cour et qui viennent le rejoindre au centre du cercle. Comme lui, ils s'asseyent, observent, cherchent le dtail qui les fera saliver. Surgit Gallo, le peintre gant, qui dballe son attirail. Calmement, il s'installe l o il pourra voir le repas dans toute sa splendeur. Il sera l'unique tmoin de la scne. Pour la circonstance, la table de Maj et de ses convives subalternes sera la place publique du village, le lieu central de toutes les rencontres. Les habitants le saventils ? Sans doute, c'est pour cela qu'ils ont choisi Huldar. Ils ont si bien compris leur rle que, pour se prparer la charge qui viendra sous peu, ils s'emplissent la bouche d'herbe et, lentement, mastiquent des feuilles de chanvre et croquent des noix de cola.

Une bonne tte, par Andr de Marigny

Aujourd'hui, Maj n'a pas calm sa faim avec la consommation d'une mre et son fils. Il devra repartir la chasse. O ira-t-il ? Devra-t-il se promener plusieurs jours, ou au contraire trouver ds les premires heures le repas qui sera le sien ? Sur Huldar, le fond de l'eau qui spare les les entre elles n'est pas profond. Maj n'a qu' marcher jusqu' ce qu'il trouve l'le sur laquelle il dsire s'arrter. Matre Majeur adore aller l o il ne va pas souvent, comme un touriste en mal de dcouvertes culinaires. Il avance lentement, de l'eau jusqu'aux genoux, suivis des yeux par des liens regroups sur la plage. Rares sont ceux qui fuient : ils craignent plus d'tre expulss que dvors. Une majorit d'Huldariens a compris cela. Voil pourquoi ils se rassemblent ds qu'un des leurs aperoit Matre Majeur. Mais les les tant vastes et

Marmite & Micro-onde n1


Pas de repas quilibr sans lgume. Le jardinier sappelle Alain Delbe. N en 1954, Alain Delbe est psychologue pour enfants dans la rgion de Lille. Il a publi plusieurs nouvelles, notamment dans La N.R.F., Fluide Glacial, Tnbres, Phnix, Tnbres 2000, ainsi que deux romans : Les les jumelles et Franois lArdent. La nouvelle qui suit a t publi en 1984 dans Ere comprime.

Q
Ils taient une centaine devant moi, assembls en une foule grouillante et dsordonne. Quelques-uns tentaient de fuir, roulant sur leurs petits corps verts tout lisses. Dautres se dressaient de leurs minuscules hauteurs, tournant vers moi ces appendices que je supposais tre la tte, toujours difficiles distinguer de ceux qui leur servent de queue. A vrai dire, jallais continuer prparer mon repas sans davantage leur prter attention lorsque je perus, venant deux, un infime murmure. Intrigu, japprochai mon oreille au plus prs. Ctait bien cela : ils parlaient ! Trs faiblement, mais ils parlaient ! Je courus teindre la radio pour mieux les entendre et revins me pencher vers ceux qui semblaient madresser la parole. Et je compris une question : Est-ce toi ? Comment cela ! rpondis-je. Bien sr que je suis moi ! Nous voulons dire : est-ce toi que nos prophtes ont annonc ? Euh... sans doute... Oui, oui,

APOCALYPSE ALAIN DELBE


certainement... dis-je, heureux quon me donnt tant dimportance. Dieu soit lou ! scria le petit peuple. Jen vis se plier pour exprimer leur respect. Sils avaient eu des membres, ils les auraient remus dans tous les sens, tant tait vive leur excitation. Quelques-uns uns se tortillaient et paraissaient tout fait paniqus. Je ne savais trop quoi leur dire et, pour ne pas interrompre une aussi sympathique conversation, jignorai les peureux et madressai aux autres : Vous avez lair bien contents. Bien sr nous sommes contents, firent une dizaine de ces petites bouches... mais il y a un lger problme... Quoi donc ? Euh... nous ne vous attendions pas si tt. En quoi est-ce un problme ? menquerrai-je poliment. Eh bien, cest--dire, nous ne sommes pas purs de tout pch. Ah ? Heu... Quelle importance ? Personne nest parfait, vous savez.

N
Non, mais enfin... pour le jour o vient notre Sauveur, cest un peu embtant. Mais non, mais non, je vous assure. Ecoutez, vous ne pourriez pas nous laisser un petit dlai ? Deux ou trois jours... le temps de nous confesser et de... Quoi ? Je nai rien prvu dautre pour aujourdhui, moi ! Il ne vous reste pas des pommes de terre dhier soir ? Oh ! Jen ai marre de manger des pommes de terre ! memportaije. Et puis cest assez de discussion ! Vous allez me mettre en retard pour mon dner ! Et dun geste plein de colre, je les pris par poignes de dix et de vingt et les jetai tous dans ma marmite deau bouillante.

Q
Ainsi se ralisa pour ce peuple la Prophtie. La prophtie du Dernier Jour et du Jugement Dernier. La prophtie de la Fin des Temps, de la Fin des Haricots.

Et pas de bon repas qui ne se termine par un dessert. Cest Nicolas Pieraut qui sest attel la tche. De la part de ce fan de Frank Herbert, le rsultat ne pouvait qutre exotique et pic.

LA COMMUNION HERBERTIENNE : DE L EPICE AU JASPE


(REFLEXION SUR LA PLACE DE LA NOURRITURE DANS L UVRE DE FRANK HERBERT )

NICOLAS PIERAUT
Sans communion, point de salut. Ainsi pourrait tre rsum lun des thmes majeurs de Frank Herbert. Mais lauteur de Dune nappelle pas une communion quelconque. Il recherche en effet ce que celle-ci soit transcendante et universelle, humaine et environnementale. Plus prcisment, la communion herbertienne se doit de rpondre deux dfinitions. Premirement, une union de personnes dans la mme croyance. Deuximement, un partage non seulement dides mais aussi de sentiments par les mmes personnes. Cest ainsi une communion entre hommes, sans apport divin tout comme sans apport extrahumain, comme celui de machines lesprit de lhomme semblable . Le cycle Le programme conscience illustre bien cet tat de fait. Les hommes sont abandonns leur sort par un Dieu quils ont eux-mmes cr : une machine. Ce nest quune fois parvenus communier entre eux et avec la Nature que leur Dieu apparatra une dernire fois avant de disparatre. De mme, dans le cycle de Dune, le Jihad Butlrien a banni les intelligences artificielles, et la dification du prophte Muad Dib apparat comme un obstacle lmergence dun Empire stabilis. Cest donc en fait une communion communication entre les hommes, quappelle Herbert. Et quoique dun abord moins facile que les deux prcdents cycles, celui du Bureau des sabotages ne fait que confirmer cette ide. Dune faon classique mais nanmoins parabolique, Herbert reprsente sa communion par la prise de nourriture. Ainsi, dans Dune, cest lEpice qui sert communier alors que dans La

Marmite & Micro-onde n1


barrire Santaroga, cest le Jasp. Il serait cependant rducteur de ne donner que ce rle la nourriture dans luvre de Frank Herbert. La nourriture permet par exemple Herbert de montrer les diffrences de culture entre les peuples : dans Dune, cest le repas dans la forteresse dArrakeen qui est rvlateur du choc des cultures. Dun ct, les habitants dArrakis habitus au Mlange et une nourriture adapte aux exigences du milieu savoir un milieu dsesprment pauvre en eau ; de lautre, les anciens habitants de Caladan, la plante ocan, qui servent une nourriture lie leur ancien milieu (notamment du riz, que lon cultive dans leau). De mme, dans Lhomme de deux mondes, la nourriture permet dapporter un aspect humoristique au roman (les plats au basilic droguent les extraterrestres) mais aussi un aspect sociologique : aprs avoir consomm un plat qui peut se rvler mortel sil est mal cuisin, Brett Hanson Jr acquiert une nouvelle respectabilit. Revenons la communion. Comme nous lavons dit, cest par la nourriture que Frank Herbert la reprsente. Cependant ce nest pas si simple. Le Baron Harkonnen du cycle de Dune voit par exemple la nourriture le rendre obse et inadapt son environnement. Cela, parce quil ne fait que prendre la nourriture, sans chercher donner : il ne respecte pas ce qui lui a permis dobtenir celle-ci : son environnement. Le preneur dmes contient un passage rvlateur de la ncessit de lchange rel entre la Nature et lHomme selon Herbert. Quand David, lotage de lIndien, demande manger, celui qui le retient prisonnier rpond quil va lui apprendre devenir un "homme des bois", mais pas un "trappeur". La diffrence est de taille. Il doit exister une communion cologique. Sur un plan similaire, la prise de Mlange dans Dune nest pas sans un rel change. Quiconque arrte de prendre de lEpice meurt long terme, alors que le Mlange luimme possde des proprits griatriques tant que lon en consomme. Lhomme doit conserver lcosystme de la plante des sables qui lui fournit lEpice sil veut vivre plus longtemps... ou simplement survivre. Si la communion entre lespce humaine et la Nature est donc bien symbolise travers la nourriture, elle lest aussi entre les hommes. Un premier indice se trouve de nouveau dans le cycle de Dune La consommation dEpice amne en effet un changement morphologique. Du Mlange naissent les yeux de lIbad, des yeux qui se teintent de bleu. Ces yeux sont une reconnaissance sociale qui permet la communion entre les hommes. La reconnaissance est aussi religieuse car lEpice est la base de phnomnes mystiques. Cest partir de sa consommation que Paul Atrdes va avoir ses visions ; cest elle qui pour Paul va tre la cl du Trne. Avec lapparition de ces liens religieux et physiques, la nourriture va permettre de communier en cela que les hommes vont se sentir similaires, tous humains. Citons ainsi ce que disait Frank Herbert concernant la dfinition de lhumain : Vous savez, quand on y rflchit, chaque socit a sa manire de dfinir le mot humain. Nous pensons que nous savons ce qu'est un tre humain. Je commence toujours mon cours par demander une dfinition de l'humain. Je ne dis pas homo sapiens. Je ne dis pas non plus que je veux une dfinition mdicale ou physique. Je dis simplement, dfinissez-le. Et aprs quelques petits coups de coude ici et l, nous arrivons mon ide que la plupart des socits dfinissent l'tre humain ainsi : comme moi . S'ils sont suffisamment comme moi, je laisserais ma fille en pouser un. S'ils ne sont pas comme moi, quelque part, cela veut dire qu'ils ne sont pas humains. Ce sont des ngres, des ritals, des chinetoques. Tout le monde le sait, ils ne sont pas humains... pas totalement. Ou bien ce sont de sales Indiens. Tout ce que vous avez faire, c'est de les regarder pour voir qu'ils ne sont pas comme moi. Ils ne ressentent pas les choses comme je les ressens. C'est pour cela que, si cela s'avre ncessaire, pour des raisons que je dfinis moi-mme, en tuer quelques uns ne sera pas une perte pour le monde. (Frank Herbert - Interview pour le journal Vertex, 1974) Il serait bien sr rducteur de conclure que Dune se limite cette ide de communion entre les hommes. En effet le cycle de Dune est dabord une rflexion sur le messianisme, comme ensuite sur un ensemble dautres thmes tout aussi importants que celui exprim ci-dessus. Ce thme fait lobjet dun roman mconnu, quoiquaussi intressant que le cycle de Dune (et que le reste de luvre de Herbert, par ailleurs, aussi bien au niveau scientifique quau niveau littraire et philosophique). Il sagit de La barrire Santaroga, prcdemment cit. La barrire Santaroga a dailleurs de nombreuses similitudes avec Dune. Les deux personnages principaux ont par exemple les traits du hros classique de lpope ; le Mlange et le Jasp sont tous deux gards par un gardien du trsor : respectivement les vers des sables et lenvironnement de Dune, et la valle de Santaroga et ses habitants. Le thme de la communion est encore plus marqu dans ce roman que dans Dune. En effet, le Jasp qui est offert par la Valle cre des liens empathiques trs forts entre les habitants de Santaroga. Au point que ceux-ci en viennent inconsciemment tuer les trangers la valle afin de protger leur cosystme. Tout tourne dans ce roman autour de la nourriture au Jasp : la majorit des habitants de la Valle travaillent lusine Jasp, le personnage principal progresse en en consommant... Mais l encore, la dpendance existe. Quiconque arrte le Jasp souffre dun effroyable manque. De mme que pour lEpice, la consommation de Jasp amne les habitants de la Valle une nouvelle dfinition de lhumain. En ce qui les concerne, eux sont humains, les autres ne le sont pas. Avec la cl le discours de protection de lenvironnement, primordial dans luvre dHerbert. En conclusion, la nourriture chez Herbert apparat comme un lien entre social, religieux et cologique. Mais elle amne galement une dfinition de ltre humain. Est humain celui qui est comme moi , cest dire celui qui mange comme moi . Finalement, Frank Herbert navait-il pas prvu notre socit de consommation et la mondialisation ?

Marmite & Micro-onde n1


Jacky Ferjault est un pilier de lODS, dont il remplit les fanzines de ses fictions et articles aussi nombreux que volumineux. Il est galement lauteur dun trs beau recueil de nouvelles, Les garons. Pour Marmite & Microonde, il est all jusquau Vietnam, do il nous a ramen dinsolites recettes de th et de caf. Lhistoire ne dit pas sil les a exprimentes lui-mme...

E
E

RECETTES ( ? ) : THE ET CAFE


Le th de la vierge

AU VIETNAM

JACKY FERJAULT
E
Le th au lotus

u Le caf du renard
Si vous avez une plantation de cafiers, surveillez la nuit les renards, trs friands de grains de caf. Laissez-les dguster mais surveillez leurs djections, car dans ces dernires se trouvent les grains de caf intacts mais remplis dacides amins qui donnent au caf un got incomparable. Ce produit existe mais est, pour des raisons comprhensibles, trs rare sur les marchs.

Prenez une jeune vierge bien mise et bien parfume. Faites-lui porter, nue, une combinaison en nylon qui enserre bien le corps. Ainsi accoutre, faites-lui ramasser les feuilles de th, au soleil durant une matine. Recueillez sa sueur et faites macrer les feuilles de th dedans durant quelques minutes. Egoutter ensuite les feuilles et faites-les scher en vue dune utilisation ultrieure.

Faites dposer au dbut de laprs-midi des feuilles de th entre les ptales de fleurs de lotus. Le soir, en se refermant, les fleurs imprgneront les feuilles de th durant toute la nuit. Au matin, faites rcuprer les feuilles de th et prparez le th avec la rose recueillie sur les feuilles de lotus.

C OMMENT ? VOUS AVEZ ENCORE FAIM !


Et vous souhaitez recevoir le numro 2 ? Marmite & Micro-onde sera livr gratuitement avec le prochain numro de Dragon & Microchips. Les internautes peuvent recevoir M&M en format lectronique. Cest gratuit et en couleur (pas en relief ni en odeurs, du moins pas encore), il suffit denvoyer un gentil mail pheurtel@club-internet.fr. Et si vous ntes ni internaute ni abonn Dragon & Microchips (mais comment faites-vous donc pour vivre ??), il suffit denvoyer trois timbres : Philippe Heurtel, 5 rue Dombasle, 75015 PARIS.

ET SI VOUS METTIEZ LA MAIN A LA PATE ?


Vous tes lauteur de nouvelles, pomes, articles, illustrations, bandes dessines, que vous souhaiteriez publier dans Marmite & Micro-onde ? Proposez vos uvres : Par e-mail, : pheurtel@club-internet.fr Par la poste, : Philippe Heurtel, 5 rue Dombasle, 75015 PARIS. Dans ce dernier cas, vous noublierez pas de joindre une enveloppe timbre et auto-adresse pour la rponse.

LE DICTIONNAIRE DE MARMITE & MICRO-ONDE Rompit. Nom m.


Fromage dorigine et de composition inconnue, cit dans le Nouveau Testament : Jsus prit le vin, le pain et le rompit .

Bon, bah cest pas tout a, mais maintenant faut que je fasse la vaisselle, et puis les courses pour la prochaine fois. Le numro 2 de Marmite & Micro-onde sera disponible en fvrier 2001. A bientt !

Les coulisses de Marmite & Micro-onde, croques par Audrey Isbeld

S-ar putea să vă placă și

  • Marmite Et Microonde N°23
    Marmite Et Microonde N°23
    Document24 pagini
    Marmite Et Microonde N°23
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde N°18
    Marmite Et Microonde N°18
    Document24 pagini
    Marmite Et Microonde N°18
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde N°19-20
    Marmite Et Microonde N°19-20
    Document44 pagini
    Marmite Et Microonde N°19-20
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde HS1 Bestof
    Marmite Et Microonde HS1 Bestof
    Document48 pagini
    Marmite Et Microonde HS1 Bestof
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde N°17
    Marmite Et Microonde N°17
    Document24 pagini
    Marmite Et Microonde N°17
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde N°21
    Marmite Et Microonde N°21
    Document32 pagini
    Marmite Et Microonde N°21
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde N°22
    Marmite Et Microonde N°22
    Document32 pagini
    Marmite Et Microonde N°22
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde N°16
    Marmite Et Microonde N°16
    Document24 pagini
    Marmite Et Microonde N°16
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde N°13
    Marmite Et Microonde N°13
    Document12 pagini
    Marmite Et Microonde N°13
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde N°14
    Marmite Et Microonde N°14
    Document12 pagini
    Marmite Et Microonde N°14
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde N°15
    Marmite Et Microonde N°15
    Document24 pagini
    Marmite Et Microonde N°15
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde N°12
    Marmite Et Microonde N°12
    Document12 pagini
    Marmite Et Microonde N°12
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Marmite Et Microonde N°11
    Marmite Et Microonde N°11
    Document12 pagini
    Marmite Et Microonde N°11
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • M&M10
    M&M10
    Document12 pagini
    M&M10
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • M&M06
    M&M06
    Document12 pagini
    M&M06
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • M&M05
    M&M05
    Document12 pagini
    M&M05
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • M&M08
    M&M08
    Document12 pagini
    M&M08
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • M&M09
    M&M09
    Document12 pagini
    M&M09
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • M&M07
    M&M07
    Document12 pagini
    M&M07
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • M&M04
    M&M04
    Document12 pagini
    M&M04
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • M&M02
    M&M02
    Document10 pagini
    M&M02
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • M&M03
    M&M03
    Document10 pagini
    M&M03
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări
  • Le Con
    Le Con
    Document7 pagini
    Le Con
    Olivier Gechter
    Încă nu există evaluări