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Le python de la

Présidente

Nathalie se tenait allongée sur le sol dur du Cameroun, le torse en surplomb


d’un grand trou de deux mètres de profondeur qui se poursuivait par une
galerie. Elle tenait fermement une sagaie dont la pointe acérée, en forme d’
harpon, était prêt à frapper. Derrière elle, un pisteur africain agrippait
fortement sa ceinture en cuir. Le groupe d’une dizaine de personnes qui
l’accompagnait, s’était disposé autour de la fosse. Il attendait en silence. Moi
aussi. Prêt à filmer la scène, couché sur le sol à coté d’elle, je m’efforçais de
stabiliser ma caméra. J’attendais, depuis deux jours, l’apparition d’un python
sorti du sol. Sous le soleil brulant d’Afrique, je me demandais vaguement si le
python serait capable, d’une seule détente, de s’élancer vers la sortie….

Nathalie Varlet, née dans la Marne, d’un père passionné de chasse et c’est très
naturellement qu’elle a chassé dés son adolescence, traquant les lièvres et
perdrix dans la plaine de champagne. Avec un copain de village elle s’initia au
déterrage, acheta un chien qui s’avéra être un excellent déterreur. Le petit
équipage de vénerie sous terre a fonctionné quelques années jusqu’au jour ou
son Président d’ACCA, appelé à d’autres fonctions à la Fédération des Chasseurs
de la Marne, lui suggéra de postuler au poste vacant d’une association de Vènerie
sous terre.
C’est ainsi qu’elle est devenue Présidente de l’association qu’elle réveilla par
son dynamisme. Aujourd‘hui, une douzaine d’équipages déterrent renards et
blaireaux dans le département et contribuent grandement à leur régulation.

Le terrier d’oryctérope

Elle a découvert la chasse en Afrique en suivant son mari au Nord du Cameroun,


dans un territoire de 100.000 ha dirigé par Patrick le Parc, amodiataire et guide
de chasse de Celtic Safari. Lors d’une approche manquée d’un troupeau de
bubales, elle remarqua une grande fosse qui ressemblait, en beaucoup plus
grand, à la gueule d’un terrier. Elle interrogea son pisteur Dico. C’était un terrier
d’oryctérope. Mais le terrier d’oryctérope est parfois occupé par un python. Dico
lui indiqua quelques empreintes caractéristiques, ainsi que des débris d’œufs
qui signalaient une éclosion récente en février. Le python était sûrement dans le
terrier, digérant sa proie, à moins qu’il ne fût de nouveau en chasse. Sur le
chemin du retour, Dico raconta la chasse que pratiquent encore les camerounais
de la région. Ils le déterrent tout simplement et le maitrisent à plusieurs
personnes car sa force est impressionnante.
Nathalie était fascinée. Elle imaginait ses déterreurs attaquant les gueules de
terrier, pelletant pour l’extraire de son repaire. Confronter la technique de la
vénerie sous terre et la tradition africaine serait intéressante. Depuis des
millénaires les chasseurs de deux continents déterrent les animaux enfouis dans
les terriers. Ont-ils la même expérience, les mêmes outils ? Il faudrait le faire
avec des outils traditionnels et servir le python selon la coutume.
--- Au fait, comment font-ils pour le servir ? Ils le tuent à la carabine ?
--Ils le tuent à la sagaie.
--A la sagaie ! Très bien. J’aurais dû y penser… Va pour la sagaie….Dico, tu me
montreras une sagaie au camp ?

Le projet prend forme

Après avoir vu les outils d’une simplicité rustique, elle expliqua à Patrick Le Parc
son projet de déterrer un python. Ouvert aux propositions insolites, pourvu
qu’elles ne desservissent pas le caractère authentique de la chasse qu’il
entendait garder sur son camp, Patrick accepta avec enthousiasme. La soirée fut
magnifique. Il relata plusieurs récits de pythons qui hantent tous les mythes et
légendes d’Afrique et raconta la manière très particulière qu’une ethnie du
nord utilisait : au lieu de creuser des trous au dessus de la galerie, ils préféraient
l’appâter avec la jambe d’un volontaire. La technique était simple : la jambe était
enduite d’un liquide de racines et d’herbes dont la composition était secrète et
qui avait le pouvoir d’attirer le python. Enduit de quelques chiffons pour se
protéger des sucs gastriques, il enfonçait sa jambe jusqu’à l’entrecuisse et
attendait… Le python, alléché par cette proie inhabituelle, l’avalait lentement. Il
fallait attendre que le python dépasse le genou avant de le remonter par la
force. On dégageait ensuite sa jambe au couteau et tranchait sa tête. Le succès,
assurait Patrick, dépendait de la force du groupe face à la force du python. On
racontait que le python gagnait parfois la partie…. l’homme était désarticulé…
Nathalie assura que sa motivation n’irait pas jusqu’ à reproduire cette mode de
chasse éminemment intéressante. Elle se contentera de creuser….Un peu déçu
par le manque de professionnalisme scientifique, il promit néanmoins qu’un
python serait présent et dans son trou à son prochain séjour.

Aussitôt dit, aussitôt fait

En mars, Nathalie et son mari arrivèrent à Garoua, au Nord du Cameroun.


Quelques jours avant, Bobo le pisteur avait eu la mission de chercher un python
enterré pas très loin du camp. Dés le lendemain, l’équipe d’une dizaine de
personnes, déterreurs et accompagnateurs, partit en voiture sous la direction de
Bobo qui nous emmena sur une pente humide d’herbes vertes qui finissait sur
un mamelon rocheux. La gueule du terrier était là, entre des rochers épars. Le
groupe d’africains s’affaira en dégageant les abords de la gueule, élargit le trou
et éclaira le passage avec une torche improvisée afin de repérer la direction.
Samuel, le skinner, prit le pic et commença à creuser.

Creuser, toujours creuser

Le sol était assez meuble et le pic s’enfonça facilement. Bientôt, le piocheur


laissa sa place à un autre. Nathalie, sous des les regards effarés des pisteurs, prit
son tour. Un blanc qui creuse ! Sortilège de la savane ! Bientôt un cercle se forma
autour du trou. Les plaisanteries fusaient en dialecte de la région. Le pic africain,
très rustique, était fait d’une pièce de fer forgé, en forme de ciseau de
menuisier, emmanché sur un bois dur et court. De temps en temps, le sable
était enlevé par une bassine, celle là très européenne. De temps en temps, les
abords étaient élargis par une machette. Bientôt, à un mètre cinquante de
profondeur environ, le pic creva la galerie. Après l’avoir agrandie suffisamment
pour passer sa tête, Daouad éclaira le tunnel pour voir le python. Une chauve
souris s’échappa sous les rires des déterreurs. Mais pas de python. La galerie
souterraine continuait légèrement en biais et ne permettait pas d’observer plus
loin. Il fallait faire un deuxième trou.

Le deuxième trou
A quatre mètres de distance dans la pente, ils recommençaient à creuser. Le
soleil était haut et cuisait la peau. Les épaules de Nathalie luisaient d’une jolie
couleur orange. Après deux heures d’efforts et une cavité de près de deux
mètres, la galerie fut de nouveau crevée, élargie au pic et à la machette puis
éclairée par un boisseau de pailles enflammé. Après cinquante centimètres, le
tunnel virait brusquement à 90 degrés. Impossible de voir ni l’occupant ni la
longueur de la galerie qui pouvait s’enfoncer dans la terre d’une douzaine de
mètres. Un oryctérope est un remarquable fouisseur. L’animal creuse presque
chaque nuit un terrier différent après ses randonnées nocturnes où il se nourrit
exclusivement de fourmis et termites. Ses griffes très puissantes éventrent
facilement les flancs très durs des termitières pour s’alimenter.

Le troisième trou

Après un déjeuner frugal, de sardines et de mangues, arrosé d’une bouteille de


vin qui redonna du courage aux pisteurs, ils attaquèrent le troisième trou.
Cette fois, le pic égratignait tout juste le sol. Une espèce de sable très compact,
de couleur grisâtre, avait remplacé le sable jaunâtre et facile à creuser. Il
résistait aux coups portés par des pisteurs bientôt en sueur. Après une heure
d’efforts le trou s’évasa comme une bassine. Or, deux mètres de profondeur
étaient nécessaires pour trouver la galerie. Les plaisanteries cessèrent et seuls
les tintements du pic retentissaient dans un silence abruti de soleil. Les
déterreurs creusèrent encore cinquante centimètres avant que le soleil déclinât.
En Afrique Noire, le crépuscule est bref. Patrick Le Parc annonça le retrait.
Soulagés, les pisteurs retrouvèrent aussitôt leur bagout et leur joie de vivre. Mais
il fallait, avant de partir, obturer le trou afin que le python ne se sauvât pas
pendant la nuit. Traditionnellement, les africains font un feu. Plusieurs grosses
branches enfoncées dans le deuxième trou, aussitôt allumés par Bobo, se
consumeraient toute la nuit en rendant la sortie impossible. L’arbre dans la
savane africaine, du fait des feux de brousse millénaires, est pyrophyte et se
joue des flammes. Mais le bois sec est très inflammable et se consume sans
jamais s’éteindre. Le trou sera très chaud pendant toute la nuit.

Après avoir diné de brochettes de cob de Buffon succulentes et avoir dormi


comme des bébés, nous sommes de nouveau enthousiastes et prêts à partir.
Nous avons retrouvé la fosse débarrassée de toutes les branches mais toujours
chaude. Le python, très sensible à la chaleur ne pouvait pas ramper sur plusieurs
mètres sur un sol brulant. Il était là, enroulé, tranquille dans son repaire inviolé.
Les pisteurs recommençaient à creuser.

Le python sebae sebae

Deux sous espèces sont représentés en Afrique subsaharienne, Le Python


sebae sebae et le Python sebae Nataliensis. Dépourvu de dents, on le trouve un
peu partout dans la plaine, les zones boisées, les forêts ombrophiles, ou
encore les marécages, la savane, les escarpements rocheux. On peut
l’apercevoir jusqu’au sud du Sahara. C’est le plus agressif des pythons. Son
mauvais caractère et sa grande force en font un animal classé très dangereux.
Il est hors de question de le manipuler par une seule personne si on ne veut
pas être aussitôt entouré par ses anneaux. Il tue sa proie par constriction, broie
les os et l’étouffe. Il se nourrit de rongeurs, francolins, pintades où petits
d’antilopes comme le céphalophe à flancs roux, le céphalophe de Grimm, les
jeunes bubales quand ils boivent au mayo. Après avoir mangé, le python ne
s’alimente plus pendant plusieurs mois. Pendant la mauvaise saison pluvieuse,
il hiberne deux à trois mois puis s’accouple en février. Ovipare, la femelle pond
trente à cinquante œufs. Elle les couve à 30 degrés pendant trois mois. Les
petits pythons d’une longueur de soixante centimètres, autonomes, seront la
proie de nombreux prédateurs. La chasse au python est traditionnelle en
Afrique : cinq mètres de long donnent beaucoup de viande, blanche, assez dure
et sans goût. L’ethnie, la plus célèbre,depuis qu’Internet est rentré dans nos
foyers, est les G’bayas qui l’appâtent avec la jambe d’un volontaire. A voir en
vidéo chez Dailymotion :

http://www.dailymotion.com/relevance/search/python/video/xz3rz_les-pythons-
aiment-les-jambes_animals

Mais, plus généralement, les Camerounais, peu désireux d’avoir la jambe


avalée, creuse des trous jusqu’à la galerie pour le tenir ensuite à six ou sept
en même temps.
Il peut vivre jusqu’à trente ans, peut mesurer jusqu’à six mètres et peser plus
de cent kilos. Il est dépassé par le python réticulé, originaire d’Asie qui peut
mesurer plus de dix mètres et peser jusqu’à cent cinquante kilos.
Il est présent dans tous les mythes du monde et en particulier dans la tradition
africaine où il a une place importante. Symbole de fécondation, de l’amitié, de
l’inimitié, le python est ambigu, indéfinissable et craint.
Deux ans avant, Francis Gauchotte avait fléché un python lors d’un séjour à
Celtic Safari. Tôt le matin, où il était à l’affût près d’un mayo attendant des
phacochères, il a entendu des bruits dans les pailles. Croyant voir quelques
francolins qu’il pourrait flécher, il s’approcha en silence pour découvrir un
python de belle taille qui s’approcha de l’eau. La première flèche le cloua au
sol. Le python s’entoura autour de la flèche et il a fallu toutes les flèches de son
carquois pour le réduire. Il faisait six mètres quarante et près de cent kilos.

Le cercle se forma autour du trou et une petite palabre s’engagea sur la


méthode. Mais il n’y avait d’autre solution que de creuser. Centimètre par
centimètre, le trou s’approfondit lentement. A midi, il dépassait un mètre.
Sardines, mangues et bouteille de vin. Plaisanteries sur les tranchées et le pinard
des poilus. Sieste.

La prise du python

Après deux mètres de profondeur, pas de galerie en vue. Ils la trouvèrent à


cinquante centimètres sur le coté. Il fallait élargir le tunnel. Prudent, le pisteur
enfila une baguette et sonda. Il sentit quelque chose de mou. Clameurs des
pisteurs. Patrick, jusque là confortablement allongé, tel Sisyphe sur son rocher,
sortit de sa léthargie et prit le commandement. Les trous précédents furent
surveillés pour interdire la fuite possible du python. Nathalie prit la sagaie et se
posta au dessus de la dernière fosse. Alerté par le vacarme, le python se réveilla
de sa torpeur et commença à bouger. Il se refugia entre le deuxième et le
troisième trou et le mit en boule. Un feu préventif dans le deuxième réduisit à
une seule sortie possible. En surplomb, immobile, Nathalie attendait fermement
le serpent, la sagaie prête à frapper, sécurisée par Bobo qui tenait sa ceinture. Le
soleil baignait la fosse d’une lueur irréelle. Après un long moment, il apparut
enfin à la lumière, sali par la poussière. Lentement, il ondula puis se mit en
accordéon pour grimper. Elle le frappa sur le cou et le cloua au sol. Le python
réagit comme une furie en essayant de dégager son corps en tourbillonnant. Mais
Patrick prêta main forte à Nathalie afin d’interdire le retour dans la galerie. Les
pisteurs venus en renfort prirent ses anneaux d’un mouvement et le sortirent de
la fosse. Panique générale jusqu’au moment ou Patrick réussit à couper au
couteau la moelle épinière au dessus de l’anus. Hors d’état de nuire désormais, il
gisait au sol. Il mesurait cinq mètres dix. Le python passa de mains en mains, ou
plutôt de cou en cou, car chacun voulait avoir sa photo personnelle terrassant le
serpent.
Le soleil s’inclina et nous rentrâmes au camp. Samuel le dépouilla et le vida sur
le rond de mort. Un Aulacode commun à moitié digéré, qui pesait trois ou quatre
kilos, tomba de son intestin. Les africains du nord le chassent avec des bâtons
dans les tolérés. Sa chair est très estimée par des africains mais délaissée par les
blancs car il ressemble à un gros rat. Le travail de Samuel terminé, la chair blanc
nacré du python a été reparti entre les familles des pisteurs. Il garda une petite
part pour notre cuisine afin de le goûter.

Il avait fallu vingt heures et une équipe de sept personnes utilisant des outils
africains pour le prendre. Si la technique de déterrage est sensiblement la même,
la vraie différence réside dans l’absence de chiens. Si le chien existe bien en
Afrique noire, il n’est pas utilisé pour la chasse. En l’Europe, c’est le contraire. Pas
de battues sans chiens de meute, pas l’approche sans avoir un chien de sang
prêt à retrouver le gibier blessé. De même, la chasse en plaine ne se conçoit pas
sans chiens d’arrêt qui trouvent le gibier ni des retrievers qui rapportent les
pièces abattues au chasseur. La petite vénerie se pratique également avec des
terriers. Notre culture occidentale codifie notre compagnon comme un
intermédiaire indispensable entre le monde de la civilisation et le monde du
sauvage. Au contraire, pour le chasseur africain les deux mondes sont sans
barrières et communiquent. Il est en permanence dans la nature et n’a pas
besoin d’intercesseur pour tuer. Il va cadavrer sans états d’âme (mot
camerounais fréquemment employé) à partir du moment où il a un « permis de
tuer ». Il le trouve dans le rite qui précède obligatoirement la campagne de
chasse. Dans toute la brousse, on consulte le poulet égorgé. Leur culture
mythologique les astreint à solliciter l’accord des esprits de la brousse pour
chasser l’animal. Cet accord transforme l’animal qui passe d’un statut bête de
la création à préserver, en statut viande de brousse à chasser le plus
rapidement possible : l’animal n’est plus que « la viande qui court ». Ainsi pour le
python. Après la chasse, le chasseur offrira des offrandes aux mânes de la bête
pour l’apaiser.

François BASSE
Vous pouvez revivre la capture du python en regardant la vidéo «Le Python de la
Présidente » sur le site http://imaginature.yawa.biz/

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