La Grande Époque

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ÉDITION 145
WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 1 – 15 DÉCEMBRE 2008 • BIMENSUEL

► P. 11 Voyage ► P. 9 Nouveau regard ► P. 16 Culture

Voyage au Nature et Les noeuds,
bout du violence au une forme d’art
monde cinéma ancien

Israël va-t-il attaquer les installations Chine p. 5

Torture en
nucléaires iraniennes ? Chine : l’ONU
demande des
comptes

Venezuela p. 4

AFP/Getty Images
Bombay, bombes et…
déstabilisation des relations
indo-pakistanaises
QUAND ont éclaté les attentats qui ont ensan-
glanté Bombay la semaine dernière, les autori-
tés indiennes ont immédiatement pointé du doigt
le Pakistan, et plus précisément un de leurs ser-
vices de renseignement, l’ISI (Inter Services
Intelligence.) Réflexe de condamnation du voi-
sin-ennemi ou réalité documentée ? La question
dépasse celle des relations indo-pakistanaises
pour englober celle de la stabilisation en Asie du
Sud, Afghanistan compris. Quels sont les objec-
tifs et le mode de fonctionnement de l’ISI, partout
décrit comme un « État dans l’État » pakistanais
et qu’on retrouve depuis plus de 50 ans derrière
les grands groupes djihadistes de la région ?
Douloureusement, les attaques à Bombay ont
eu lieu juste après que le président pakistanais
ont fait un gigantesque premier pas vers une
détente des relations avec l’Inde, allant jusqu’à
proposer une dénucléarisation de la région. La
nuit même des attaques, le ministre des Affaires
Etrangères pakistanais, Shah Mahmood Qureshi,
finissait des discussions avec son homologue
indien, Pranab Mukherjee, sur les moyens de
mener une lutte conjointe contre le terrorisme,
d’améliorer les échanges commerciaux entre les
Chavez
gagne, mais
l’opposition
Page 3 progresse au
scrutin régional
et municipal
deux pays et d’assouplir les restrictions de visa
pour les ressortissants des deux pays.
C’était, d’une part, la possibilité d’un change-
ment historique dans les relations indo-pakis-
tanaises que le Premier ministre Yousuf Raza
Gilani impulsait, convaincu que des liens com-
merciaux renforcés seraient la base d’une transi-
tion vers un voisinage ami entre les deux voisins
qui depuis 1947 sont en préparation de guerre
permanente. C’était, car il faut peut-être déjà en
parler au passé, un mouvement diplomatique
également au cœur de la stratégie régionale de Économie p. 7
Barack Obama : réconcilier Inde et Pakistan pour
pouvoir efficacement concentrer la lutte anti-terro-
riste sur l’Afghanistan en délaissant l’Irak. L’idée
étant que le soutien pakistanais aux talibans qui Comment
tentent de reprendre le pouvoir en Afghanistan et
tiennent en échec les forces de l’OTAN découle
de la volonté pakistanaise de créer un bloc pakis-
sortir de la crise
tano-afghan comme rempart en cas de conflit
avec l’Inde – et au minimum d’empêcher le gou-
vernement afghan d’Hamid Karzai de renforcer
économique ?
sa proximité de Delhi.
Lire la suite page 2

CHINE DROITS HUMAINS ÉCOTOURISME ART DE VIVRE

Une député européenne
empêchée de rendre visite à
l’épouse de Hu Jia.
Page 8
Page 2 ................ International
Page 3 ................ International
Page 4 ................ International
Un idéal commun à tous les
peuples du monde.
Page 8
Page 5 .............................. Chine
Page 6 .............................. Chine
Page 7 ....................... Économie
Le volcan Karthala s’illumine.
Page 10
Page 8 ................... Droits humains
Page 9 .................. Nouveau regard
Page 10 ............................... Culture
Vivre malgré la myopathie.
Page 15
Page 11 ................................... Environnement
Page 12 ............................... Santé et bien-être
Page 13 ................................ Petites annonces
Page 14 ....................... Société
Page 15 ................ Art de vivre
Page 16 ....................... Culture

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Bombay, bombes et…

déstabilisation des relations indo-pakistanaises
Suite de la première page

Là où les choses se compliquent, c’est

que comprendre la « volonté pakista-
naise » ne se limite pas à la seule posi-
tion de son gouvernement élu. Celui-ci
doit lutter contre des sphères d’influence
profondément ancrées, en particulier
dans l’armée et les services secrets. Le
projet avorté d’envoyer en Inde le puis-
sant général Shuja Pasha, directeur
général de l’InterService Intelligence
(ISI) l’illustre : geste historique fait par le
Premier ministre Gilani le 28 novembre
comme preuve de bonne foi après que
le ministre des Affaires étrangères indien
a nommément cité le Pakistan comme lié
aux attentats de Bombay, l’initiative s’est
heurtée à une fin de non-recevoir par l’ISI,
qui a décidé de n’envoyer qu’un subor-
donné en représentation.

LASHKAR-E-TAIBA ET AL-QAIDA
Ce refus de déplacement en Inde,
révélateur s’il en fallait un du pouvoir et
de l’indépendance de l’ISI vis-à-vis du
« gouvernement civil », est d’autant plus
dérangeant que le groupe responsable
des attaques à Bombay est d’après les
premiers éléments le Lashkar-e-Taiba,
groupe wahhabite basé dans la pro-
vince de Punjab au Pakistan et soutenu
par l’ISI.
Si on y ajoute le fait que le seul terro-
riste capturé vivant est pakistanais, que
c’est sur un bateau volé sur la côte pakis-
tanaise que les terroristes sont allés jus-
qu’à Bombay et que l’Inde se prépare à
des élections générales en 2009, tous
les éléments sont présents pour que se
reproduise la crise de 2002 : après qu’une
dizaine de personnes ont été tuées dans
un assaut sur le Parlement Indien de New
Delhi en décembre 2001 par le Jaish-e-
Mohammad, autre groupe djihadiste sou-
tenu par l’ISI, les deux voisins avaient été
proches de la guerre, et avaient chacun
déployé des troupes sur les 1.800 km de
leur frontière.
Bruce Riedel, l’un des conseillers de
Barack Obama pour l’Asie du Sud, indi-
que dans son ouvrage The Search for
Al Qaeda que le Lashkar-e-Taiba a été
créé par un travail conjoint d’Ossama
Ben Laden et de l’ISI à la fin des années
80, pour créer une opposition armée dans
le Cachemire indien. C’est une guerre
secrète qu’y mènent les Pakistanais
contre les Indiens, avec des effectifs qui
atteindraient 5 à 10.000 hommes, et qui
continue malgré un cessez-le-feu officiel
en 2003.
Les attaques de ces groupes seraient
depuis, d’après le Pakistan, le fait d’élé-
ments isolés et « incontrôlables » de
l’ISI. Mais pour Barnett Rubin, directeur
du Centre de Coopération Internatio-
nale de l’université de New York, « quoi
qu’il arrive, cela ne peut être attribuable à
des éléments incontrôlés. Dans tout ser-
vice d’espionnage – en particulier pour
les opérations en sous-main – on essaie
de transmettre les informations de sorte
que les hauts dirigeants puissent arguer
n’avoir pas été complètement informés de
ce qui se passait ».
Ahmed Rashid, journaliste pakistanais,
rajoute que l’ISI a créé des organisations
privées, « filialisé » en quelque sorte ses
L’hôtel Taj Mahal de Bombay.
actions douteuses pour se distancier for-
mellement des extrémistes. Mais ces
organisations sont encore dirigées par
des cadres retraités de l’ISI, en dehors
de tout contrôle par le gouvernement civil
du Pakistan.
L’INTER SERVICE INTELLIGENCE
(ISI)
Le plus puissant des services secrets
pakistanais est né en 1948, un an après
la sécession de l’Inde et du Pakistan.
Il s’est développé et a pris de la puis-
sance dans le contexte de menaces
permanentes à la sécurité nationale
qu’ont représenté les décennies de con-
flit avec l’Inde au Cachemire. Au point
qu’aujourd’hui encore, la « menace
indienne » reste une clef de voûte de la
stratégie militaire pakistanaise et l’une
des explications de son soutien aux insur-
gés afghans. À partir de 1979, l’influence
de l’ISI a grandi en Afghanistan où il a été
le bras régional de l’administration amé-
ricaine contre les troupes soviétiques et
a librement distribué aux groupes djiha-
distes les plus radicaux les 3 milliards de
dollars d’aide militaire apportés par les
États-Unis – créant au passage Al Qaida
et structurant le mouvement taliban.
L’ISI est composé de 25.000 fonction-
naires, principalement militaires, et culti-
verait un réseau d’environ 30.000 agents
et contacts. Formellement sous le contrôle
du Premier ministre, il est dans la pratique
essentiellement une force dévouée à l’ar-
mée pakistanaise et réputée proche de
l’islamisme radical – il a par exemple sou-
tenu les extrémistes de la mosquée rouge
d’Islamabad au point d’être écarté par le
président Musharaff lors de l’attaque du
bâtiment en juillet 2007.
Depuis fin septembre 2008, l’agence
est dirigée par le lieutenant général
Ahmed Shujaa Pasha, remplaçant du
général Nadeem Taj, un proche de l’ex-
président Pervez Musharraf. Le général
Shujaa Pasha est un allié fidèle du chef
d’état-major pakistanais, le général Ash-
faq Kayani, qui a lui-même dirigé l’ISI de
2004 à 2007, et qui indique à travers la
nomination de son poulain le peu d’em-
prise du « pouvoir civil » sur l’ISI.
Certains analystes ont interprété la
nomination du général Shujaa Pashu
comme un gage donné à Washington,
irrité de la multiplication de bastions tali-
bans à la frontière du Nord-Ouest où les
combattants – qui affluent depuis fin 2007
– seraient maintenant plus de 10.000. Le
général Shujaa Pasha a en effet mené
avec efficacité dans le passé des opéra-
tions contre ces bastions et serait opposé
à l’Islam radical des talibans. Mais pour
le journaliste pakistanais Ahmed Rashid,
l’ISI a toujours joué double-jeu, ce que
croit aussi le commandant des forces de
l’OTAN en Afghanistan, le général améri-
cain David McKiernan, qui a récemment
déclaré être convaincu « d’un niveau de
complicité de l’ISI » avec les talibans.
En 2006 déjà, un rapport d’un cabinet
de conseil du ministère de la Défense bri-
tannique indiquait qu’« indirectement le
Pakistan (au travers de l’ISI) soutient le
terrorisme et l’extrémisme – que ce soit
les attentats de Londres, ceux d’Afgha-
nistan ou ceux d’Irak. »
Le même service a été en juin accusé
par le gouvernement afghan d’avoir prévu
l’assassinat du président Hamid Karzai,
puis d’être derrière l’attentat à la voi-
ture piégée contre l’ambassade d’Inde à
Kaboul, au mois de juillet. Le comman-
dant Michael Mullen, plus haut-gradé de
l’armée américaine, a fourni à Islamabad
des preuves de l’implication de l’ISI.
PEDRO UGARTE/AFP/Getty Images
L’IMPUISSANCE DU POUVOIR CIVIL
Depuis le départ du président Pervez
Musharaff – qui, militaire lui-même, avait
su maîtriser l’agence de renseignement
et la purger en 2001 après les attentats
du 11 septembre – l’ISI semble donc hors
de tout contrôle.
En juillet, le nouveau gouvernement
pakistanais a annoncé que l’ISI allait
passer sous contrôle du ministère de l’In-
térieur, et a dû faire marche arrière quasi-
immédiatement sous la menace d’un
coup d’état militaire. Trois jours avant les
attaques de Bombay, le gouvernement
pakistanais a dissous l’aile politique de
l’ISI, qui est maintenant interdit d’ingé-
rence dans la vie politique pakistanaise
et doit officiellement se concentrer dans
la lutte contre le terrorisme.
Hafiz Mohammad Saeed, fondateur du
Lashkar-e-Taiba a décrit les commentai-
res du président Zardari sur un assouplis-
sement des relations avec l’Inde et une
possible dénucléarisation comme « une
violation flagrante et une digression de
la politique cohérente du Pakistan ». Il
faut croire que l’armée pakistanaise et
l’ISI ont eu la même analyse et ont donné
le feu vert aux attaques de Bombay pour
raviver les tensions avec l’Inde et conti-
nuer dans leur stratégie de construction
d’un bloc pakistano-afghan d’islamisme
radical.
AURÉLIEN GIRARD

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La Grande Époque ● 1 – 15 DÉCEMBRE 2008
Israël va-t-il attaquer les installations nucléaires iraniennes ?
Le dernier rapport de l’Agence
Internationale de l’Énergie Atomi-
que (AIEA), publié le 19 novem-
bre 2008, réactive les rumeurs
sur de possibles frappes militai-
res par l’aviation israélienne sur
les installations nucléaires ira-
niennes. D’après l’AIEA, l’Iran
pourrait avoir maintenant suffi-
samment d’uranium enrichi pour
réaliser sa première bombe ato-
mique. Alors que le Premier
ministre israélien, Ehud Olmert,
vient de rendre une dernière
visite au président américain sor-
tant, Georges W. Bush, la ques-
tion se pose d’un possible feu
vert donné par l’administration
américaine à ces frappes.
DANS la rubrique permanente « La
menace iranienne » du quotidien Jeru-
salem Post, les analystes militaires s’in-
terrogent : Téhéran est-il déjà capable
de fabriquer une arme nucléaire ou ne le
sera-t-il qu’à la fin de 2009 ?
L’inquiétude grandit depuis que, dans
son dernier rapport sur les programmes
nucléaires iraniens et syriens, l’AIEA indi-
que que l’Iran a déjà accumulé 630 kilo-
grammes d’uranium non enrichi et accroît
ses moyens pour l’enrichir et le rendre apte
à usage militaire : 3.800 centrifugeuses
déjà en fonction auxquelles s’ajouteront
2.200 nouvelles. Le document, non encore
rendu public mais diffusé au conseil de
gouvernance de l’agence le 19 novem-
bre dernier, est massivement repris par la
presse qui y a facilement eu accès.
« L’Iran continue avec ses techniques
de tromperie et de défilement. La réaction
de l’Iran n’est pas à même d’apaiser les
craintes de la communauté internationale
quant à la finalité réelle de son programme
nucléaire », a immédiatement commenté
le ministère israélien des Affaires étrangè-
res dans un communiqué. « Israël appelle
à nouveau la communauté internationale à
intensifier ses pressions sur le régime ira-
nien pour qu’il abandonne son programme
d’acquisition d’armes nucléaires. »
L’ambassadeur d’Iran à l’AIEA, Ali
Asghar Soltanieh, a critiqué l’agence, lors
d’une réunion à Vienne le 22 novembre,
Gaza au bord de la catastrophe humanitaire
Suite aux tirs de roquettes effec-
tués par des activistes palesti-
niens de la bande de Gaza contre
Israël, le ministre de la Défense
israélien, Ehud Barak, a décidé de
refuser de laisser passer des con-
vois humanitaires destinés à la
population de Gaza, et ce, malgré
les appels du secrétaire général
de l’ONU, Ban Ki-moon. Ce der-
nier a téléphoné au Premier minis-
tre démissionnaire, Ehud Olmert,
pour lui faire part de sa profonde
inquiétude quant à la grave crise
humanitaire à Gaza.
« LE CALME doit revenir avant que les
points de passage soient rouverts », a
déclaré Ehud Barak dans une déclaration
à la radio de l’armée israélienne.
En raison des tensions qui durent depuis
le 5 novembre dernier entre les milices
palestiniennes et l’armée israélienne, tous
les points de passage vers la bande de
Gaza ont été fermés le 18 novembre.
Avant cette date, Israël avait donné
l’autorisation à 33 camions de passer
pour permettre la distribution de vivres aux
750.000 Gazaouis, soit la moitié de la popu-
lation, qui dépendent des vivres de l’UN-
RWA (Office de secours et de travaux des
Nations unies pour les réfugiés de Pales-
tine) pour survivre.
Or, ces denrées ne pourront pas nourrir à
long terme la population. « La distribution se
fait à partir des petites quantités que nous
avons pu acheminer [le 17 novembre]. Les
provisions dureront des jours et non pas des
Les missiles balistiques iraniens peuvent atteindre Israël.
pour avoir « autorisé les fuites » sur le rap-
port du 19 novembre, et a demandé quand
arriveraient les preuves d’activité militaire
iranienne que l’AIEA est censée fournir.
Richard Garwin, l’un des pères de la
bombe H aux États-Unis, affirme dans les
colonnes du New York Times que la quan-
tité de minerai disponible permet la pro-
duction d’une bombe atomique : « Ils ont
clairement assez de matériel pour une
bombe et ils savent comment faire l’enri-
chissement. »
Ce que tempère Ephraim Asculai,
expert israélien de haut rang cité par le
Jerusalem Post, qui pense que ce n’est
pas avant la fin de 2009 que Téhéran
pourrait mettre en place – sauf à supposer
des installations secrètes déjà existantes –
un procédé pour passer de l’uranium enri-
chi, qu’elle est déjà capable de produire,
à l’uranium hautement enrichi nécessaire
pour une arme nucléaire : « L’AIEA indique
qu’il faut 25 kilogrammes d’uranium haute-
ment enrichi pour une bombe nucléaire, et
Des employés d’un hôpital de Gaza cuisent la nourriture au feu de
bois.
semaines », a indiqué à l’AFP Chris Gun-
ness, porte-parole de l’UNRWA.
Aucune distribution de vivres n’a été
effectuée depuis qu’une douzaine d’acti-
vistes palestiniens ont été tués par des sol-
dats israéliens le 4 novembre. Cette brève
levée du blocus n’empêchera pas la bande
de Gaza de plonger dans une grave crise,
selon les ONG.
La pénurie de carburant entraîne des
coupures d’électricité quotidiennes après la
cessation des activités de l’unique centrale
électrique de Gaza, rendant ainsi la vie des
Gazaouis très difficile. Quelque 30 % de
la production d’électricité provient de cette
centrale tandis que le reste, des réseaux
israélien et égyptien.
Le 20 novembre, l’hôpital Al Shifa, l’un
des plus grands centres médicaux de la
bande de Gaza, a dû fermer les services
médicaux, dont celui de cardiologie, de phy-
vous ne les extrayez pas de 630 kilogram-
mes d’uranium non enrichi. Mais ils n’en
sont pas loin et, s’ils ne sont pas stoppés
avant, ils auront assez d’uranium haute-
ment enrichi avant la fin de 2009. »
C’est ce que pense également l’AIEA
sur la base des visites du site de Natanz,
tout en mentionnant que ceci n’est valable
que dans l’hypothèse où toutes les infor-
mations sur le programme nucléaire lui ont
été fournies par l’Iran. Le Sunday Times
indique que, de source militaire israé-
lienne, Téhéran en serait à la calibration
d’une tête nucléaire sur ses missiles balis-
tiques capables d’atteindre l’État hébreu.
DIPLOMATIE OU FORCE ?
Le chef de l’armée de l’air israélienne,
le général Ido Nehushtan a, dès le 18
novembre 2008, indiqué au journal alle-
mand Der Spiegel être techniquement prêt
à intervenir. Le général Nehushtan indique
qu’une frappe sur l’Iran serait « une déci-
sion politique, pas un problème logistique
AFP/Getty Images
siothérapie et du laboratoire. La génératrice
ne pouvait plus fonctionner sans carburant,
selon le responsable de l’hôpital, Dr Hus-
sein Ashour.
Cette situation alarmante s’accompa-
gne d’autres privations, comme l’interdic-
tion de s’approvisionner en médicaments.
Environ 270 patients, dont des femmes,
des enfants et des personnes âgées, sont
morts à Gaza en raison du blocus, tandis
que les hôpitaux connaissent en plus d’une
pénurie de médicaments un manque d’équi-
pements médicaux et des conditions sani-
taires déplorables. La crise est d’autant plus
grave qu’Israël interdit aux patients de sortir
de Gaza pour aller se faire soigner ailleurs.
Le siège de Gaza a précipité la popu-
lation au bord de la crise humanitaire, la
plus grave depuis 1967, la laissant dans le
dénuement le plus total : 80 % de la popula-
tion vit avec moins de deux dollars par jour.
www.lagrandeepoque.com International 3
AFP/Getty Images
ou technique » et que, d’après lui, « toutes
les options sont sur la table […] l’aviation
israélienne est robuste et flexible. Nous
sommes prêts à faire tout ce qu’on nous
demandera ».
En 1981 déjà, dans une configuration
comparable, l’aviation israélienne avait
lâché deux tonnes de bombes sur le réac-
teur nucléaire de Tammuz, proche de Bag-
dad, en Irak, le détruisant complètement.
Les pilotes israéliens s’entraînent à l’heure
actuelle dans le désert de Negev, alors
que des dizaines de techniciens améri-
cains déploient dans la même zone des
systèmes de radar à longue portée pou-
vant apporter un appui logistique crucial,
révèle Uzi Mahnnaimi, correspondant du
Sunday Times à Tel Aviv.
Déjà, dans son édition du 21 novembre,
le quotidien britannique indiquait, sur la
base de sources dans les services secrets,
que la probabilité d’une frappe israélienne
préventive augmentait depuis plusieurs
semaines. Israël craint que l’administration
La haut-commissaire aux droits de
l’homme aux Nations Unies, Navi Pillay,
a exhorté Israël à mettre un terme au blo-
cus immédiatement, déclarant que les
Gazaouis étaient « privés par la force de
leurs droits humains fondamentaux depuis
des mois ».
Israël a réagi de manière véhémente
en rappelant que le Hamas était seul res-
ponsable de la situation catastrophique
à Gaza, que si les tirs de roquette contre
Israël avaient cessé et que le parti islamiste
avait respecté la trêve négociée par l’inter-
médiaire de l’Égypte le 19 juin dernier, Gaza
n’en serait pas là.
Or, dans le sud de la bande de Gaza,
les militants du Hamas ont vu l’arrivée
américaine qui, malgré un discours ferme,
n’a pas réussi à faire renoncer l’Iran à son
programme nucléaire ne reste un obser-
vateur inactif et que, avec le passage à
une administration démocrate en janvier,
la dernière chance de destruction des
installations nucléaires iraniennes s’éva-
nouisse.
George W. Bush aurait pourtant, d’après
des sources au Pentagone mentionnées
par le Sunday Times, donné, au début
de 2008, un feu vert à Israël pour la pré-
paration logistique de possibles frappes
aériennes.
Logiquement, la dernière rencontre
entre George W. Bush et Ehud Olmert le
24 novembre à Washington, aurait donné
une place significative à la question ira-
nienne.
Pour autant, il est difficile d’anticiper la
position qu’a donnée à Ehud Olmert une
administration Bush finissante et déjà
entachée par ses insuccès belliqueux en
Irak et en Afghanistan. Toute frappe israé-
lienne nécessiterait le survol de l’Irak et
donc un accord tacite des États-Unis qui
contrôlent cet espace aérien.
Ceci enverrait au Moyen-Orient un mes-
sage à l’opposé de la tentative de récon-
ciliation israélo-arabe proposée lors de la
conférence d’Annapolis à la fin de 2007.
Non suivie de succès malgré des dépla-
cements récurrents de la secrétaire d’État,
Condoleezza Rice, Annapolis devait pré-
figurer un accord de paix et la création
d’un État palestinien, et laisser au moins
un héritage diplomatique positif des prési-
dences Bush.
Le projet d’ouverture d’une représen-
tation américaine à Téhéran – largement
critiqué comme donnant un appui au prési-
dent iranien, Mahmoud Ahmadinejad, pour
sa réélection en juin 2009 – participe pro-
bablement de la même volonté… au risque
de plonger un peu plus dans l’incohérence
les messages de la politique étrangère
américaine.
Beaucoup moins hésitant, Téhéran a
annoncé, le 22 novembre dernier, avoir
exécuté un ressortissant iranien jugé cou-
pable d’avoir fourni des informations mili-
taires au Mossad. Ali Ashtari, 43 ans, qui
fournissait l’armée iranienne en compo-
sants électroniques, a « confessé » ses
crimes pendant ses vingt mois de déten-
tion et a été rapidement pendu, ce dont
la presse officielle se félicitait vivement le
week-end dernier.
A. G.
de blindés israéliens et un raid israélien a
fait quatre morts du côté palestinien le 12
novembre dernier. Qui, dans ces conditions,
a véritablement brisé la trêve ? Une chose
est sûre : comme toujours, ce sont les sim-
ples citoyens qui paient. Prise en otage,
partagée entre d’une part les extrémistes
et d’autre part l’armée israélienne, la popu-
lation, soumise à de sempiternelles repré-
sailles, est la principale victime car le droit
humanitaire est bafoué au point de plon-
ger 750.000 Gazaouis au bord du gouffre.
Le 27 novembre, de nouvelles roquettes ont
été tirées depuis Gaza, dont le blocus est
maintenu.
STÉPHANIE KRUG
Collaboration spéciale
4 International www.lagrandeepoque.com 1 – 15 DÉCEMBRE 2008 ● La Grande Époque

Venezuela : Chavez gagne, mais l’opposition

progresse au scrutin régional et municipal
Vainqueur dans 17 des 22 Etats
en jeu, le Parti socialiste uni du
Venezuela (PSUV) du président
Hugo Chavez a remporté le 23
novembre les élections régiona-
les et municipales. Un an après
sa défaite au référendum sur
la révision de la Constitution, le
chef de l’Etat leur conférait valeur
de plébiscite sur sa personne et
sa révolution dite bolivarienne,
qu’il estime aujourd’hui « rati-
fiée » par les urnes. Néanmoins,
en progrès par rapport à 2004,
l’opposition contrôlera notam-
ment la capitale, Caracas, et 5
Etats au lieu de 2, dont ceux de
Zulia et Miranda, les plus impor-
tants du pays.
« C’EST l’avenir de la révolution qui est en
jeu, l’avenir du socialisme, du Venezuela,
du gouvernement révolutionnaire et de
Hugo Chavez » clamait le président lors
de la campagne électorale qu’il mena de
bout en bout pour épauler ses candidats.
Après l’annonce des résultats, le chef de
l’Etat soulignait la « participation histori-
que » (65,45 %) à ce type d’élections et
tirait cette leçon du scrutin : « Il faut féli-
citer le pays pour le grand triomphe du
Venezuela, le grand triomphe de la Cons-
titution, le grand triomphe de la démocratie
bolivarienne, le grand triomphe du sys-
tème politique en vigueur au Venezuela
(...) La construction du socialisme boliva-
rien est ratifiée. Il s’agit maintenant de l’ap-
profondir, de l’étendre ».
« Qui pourrait dire maintenant qu’il y
a une dictature au Venezuela ?! », s’ex-
clamait encore Hugo Chavez en félicitant
aussi les candidats victorieux de l’opposi-
tion, les invitant dans la foulée à respec-
ter la Constitution et l’autorité du chef de
l’Etat.
A l’hôtel Alba Caracas, quartier géné-
ral électoral du PSUV présidentiel, seuls
Hugo Chavez et ses déclarations remon-
taient l’ambiance. « Je ne parviens pas
à y croire » se lamentaient des chavis-
tes à propos de la perte de la mairie dite
majeure de Caracas [ndlr.: celle qui coor-
donne les cinq municipalités de la capi-
tale]. Pas le moindre défilé du PSUV dans
les rues de cette métropole de cinq mil-
lions d’habitants. On y entendait par con-
tre des militants de l’opposition crier « Si
se puede », version espagnole du «Yes
we can » (Oui nous le pouvons) de Barack
Obama, le premier noir élu à la présidence
des Etats-Unis.
« Gagner Caracas est très impres-
sionnant. Cela donne à l’opposition quel-
que chose à fêter et Chavez va devoir se
Chavez, vainqueur aux élections régionales, s’offre des navires de guerre russes.
Ici avec le président russe Dmitri Medvedev.
creuser les méninges pour vendre l’idée
qu’il n’y a pas d’alternative à son pro-
jet », estime Luis Vicente Leon, directeur
de l’institut de sondages Datanalisis. Selon
lui, « les résultats sont sensationnels pour
l’opposition ». Une appréciation sans
doute excessive, compte tenu de l’éton-
nante résistance de Hugo Chavez à l’usure
du pouvoir qu’il détient depuis dix ans. Elu
pour la première fois à la présidence en
décembre 1998, le paladin du « socialisme
du 21e siècle » et ses disciples sont sortis
victorieux de onze confrontations électora-
les sur un total de douze. Le scrutin dans
le Barinas, Etat natal de Chavez, symbo-
lise cette longévité. Adan Chavez, frère de
Hugo, vient d’y être élu gouverneur, pre-
nant la relève de leur père, qui dirigeait le
Barinas depuis dix ans.
Mais il est vrai que des victoires rem-
portées le 23 novembre par une opposi-
tion plus unie qu’autrefois ont une forte
valeur symbolique et donc politique. Outre
la capitale, la seconde ville du pays, Mara-
caïbo, passe également aux mains des
adversaires de Hugo Chavez et même du
premier d’entre eux, Manuel Rosales, prin-
cipal concurrent du chef de l’Etat à l’élec-
tion présidentielle de 2006. Pour assurer
sa succession au poste de gouverneur
de l’Etat de Zulia, dont Maracaïbo est le
chef-lieu, Rosales est en outre parvenu à
faire élire son protégé Pablo Perez. Or le
Zulia est le berceau de la richesse pétro-
lière du Venezuela. Dans ses meetings
électoraux, Chavez prétendait qu’une vic-
toire de l’opposition y deviendrait un trem-
plin du séparatisme régional, à l’image du
séparatisme que la Bolivie du président
Evo Morales, allié socialiste de Hugo Cha-
vez, impute à ses départements orientaux
riches en gaz.
Si elle dominait déjà le Zulia et le touris-
tique et insulaire Nueva Esparta, l’opposi-
tion domine désormais aussi, les arrachant
aux chavistes, les Etats de Tachira,
Miranda et Carabobo. Ces deux derniers
se classent respectivement 2e et 3e par
importance démographique et économi-
que dans le classement national des Etats
où la première place revient au Zulia. Les
cinq Etats que va gouverner l’opposition
rassemblent 11 millions d’habitants, soit
40 % des 28 millions de Vénézuéliens.
Sur le plan des personnalités aussi, les
revers du PSUV présidentiel ont une forte
valeur ajoutée. Ses candidats battus dans
l’Etat de Miranda et à la mairie de Cara-
cas, Diosdado Cabello et Aristobulo Istu-
riz, furent respectivement vice-président
DMITRY ASTAKHOV/AFP/Getty Images
et ministre de l’Education de Hugo Cha-
vez. Officier putschiste aux côtés de Cha-
vez lors de sa tentative de coup d’Etat de
février 1992, Diosdado Cabello assura un
bref intérim présidentiel qui contribua à
l’échec du putsch manqué mené cette fois
contre le président Chavez en avril 2002.
Mais le leader bolivarien souligne à juste
titre que son PSUV vient de recueillir 1,5
million de voix de plus que l’opposition, soit
5,6 millions contre 4,1 millions. Est-ce suf-
fisant pour tracer un nouveau chemin vers
la réélection présidentielle illimitée ? La
Constitution, que Chavez n’a pas réussi à
réviser par référendum en décembre 2007,
lui interdit de briguer un troisième mandat
consécutif et donc de se succéder à lui-
même en 2013. (NDLR.: Hugo Chavez a
déjà remporté trois élections présidentiel-
les, mais celle de décembre 1998 n’était
pas régie par la Charte suprême actuelle).
MYTHE BRISÉ : LES PAUVRES NE
VOTENT PAS SEULEMENT POUR
CHAVEZ
Pour planifier ses ambitions et cali-
brer l’intensité de son socialisme boliva-
rien qu’il estime « ratifié », le chef de l’Etat
devra tenir compte de ces 4,1 millions de
voix adverses, qui ne peuvent venir toutes
de « fascistes, traîtres, corrompus, valets
de l’impérialisme yankee, etc. » auxquels
Chavez assimile d’ordinaire ses adversai-
res politiques.
L’insécurité liée à la criminalité galo-
pante (plus de 13.000 homicides annuels,
dont le tiers à Caracas), l’inflation la plus
élevée des Amériques (elle sera au moins
de 30 % cette année), les pénuries inter-
mittentes de denrées alimentaires,
ainsi que l’insuffisance des infrastructu-
res scolaires, routières, hospitalières et
même énergétiques (pannes gigantes-
ques d’électricité) expliquent les progrès
de l’opposition, renforcée par des cha-
vistes désenchantés. A Caracas, même
la majorité du grand bidonville de Petare,
visité dix fois les quatre dernières semai-
nes par Chavez et ses ministres, a boudé
le parti présidentiel. Le mythe qui désignait
le socialisme bolivarien comme le refuge
naturel des pauvres est brisé.
L’effondrement des cours du pétrole et
en particulier du brut vénézuélien, passé
en 2008 de près de 150 dollars le baril à
moins de 50 dollars, ne facilitera guère la
relève de ces défis quotidiens. Cette chute
des prix du brut complique par ailleurs les
largesses pétrolières octroyées par Cha-
vez à divers pays par solidarité socialiste
ou pour étendre son influence internatio-
nale.
Quoique le nouveau maire élu de Cara-
cas, le social-démocrate Antonio Ledezma,
invite Hugo Chavez « à travailler ensem-
ble pour sortir la capitale du chaos et de
l’anarchie », l’opposition croit que la prin-
cipale ambition du président serait de se
maintenir indéfiniment au pouvoir, coûte
que coûte. Les menaces de « guerre », de
« prison », de « lancer les chars d’assaut
dans la rue » et de suppression de deniers
publics visant les administrations locales
et les candidats ou futurs élus « ennemis »
ne s’expliquaient-elles, dans la bouche de
Chavez pendant la campagne électorale,
que par une stratégie visant à la mobilisa-
tion de ses partisans pour le scrutin muni-
cipal et régional ? Où était-ce l’expression
d’une ambition présidentielle n’admettant
aucune limite temporelle ?
D’un bord politique opposé à celui de
Chavez, mais relativement respectueux de
sa révolution bolivarienne, l’historien mexi-
cain Enrique Krauze, dont l’audience est
notable en Amérique latine et en Espagne,
regrette surtout « la haine qu’il [Hugo Cha-
vez] a semée ». Selon le même historien,
« c’est un miracle que les Vénézuéliens ne
s’entretuent pas pour leurs idées ».
LatinReporters.com

Souveraineté alimentaire à l’heure de la crise

Les 12e Journées québécoises
de la solidarité internationale
ont fait le point sur la crise agri-
cole et alimentaire qui menace
de larges pans de la population
mondiale.
DANS un contexte de crise économi-
que généralisée, plusieurs observateurs
craignent que nos modèles de dévelop-
pement agraire ne mettent en péril la
sécurité alimentaire de larges pans de
la population des pays pauvres… mais
aussi chez les peuples mieux nantis. Il y
a péril en la demeure, alors que le Pro-
gramme alimentaire mondial (PAM) des
Nations Unies estime que pas moins
de 826 millions de personnes souffrent
d’une forme ou d’une autre de sous-ali-
mentation.
PROTÉGER LA PAYSANNERIE
Le militant José Bové, ancien porte-
parole de l’organisme Via Campesina,
était de la partie le 12 novembre dernier,
dans le cadre d’une conférence program-
mée comme un coup d’envoi de cette
semaine qui s’annonce chargée d’évè-
nements détonateurs. Le bouillant robin-
des-prés monte aux barricades pour
protéger une paysannerie qui représen-
terait plus de 50 % de la population mon-
diale. Malgré les plans de match du Fonds
monétaire international (FMI), Bové tenait
à nous rappeler que « seulement 10 % de
la production agricole est échangée d’un
continent à un autre en ce moment ». Le
conférencier tenait aussi à préciser que
« 75 % des denrées consommées ont été
produites dans un rayon de moins de 100
km… ce qui fait que l’agriculture vivrière
demeure toujours la principale source ali-
mentaire du monde ».
Le principal intéressé souligne que,
depuis la création de l’OMC, « plusieurs
pays ont été obligés d’ouvrir leurs fron-
tières et de démanteler leurs politiques
agricoles en imposant des prix internatio-
naux ». Cette politique de dumping serait
responsable, toujours selon José Bové,
du fait que « certains pays ne peuvent
contrôler qu’environ 10 % de leur produc-
tion locale et, qui plus est, les cours de la
bourse font en sorte que les prix des den-
rées agricoles souffrent des affres de la
spéculation ». La mainmise des conglo-
mérats sur les marchés de l’agroalimen-
taire ferait en sorte que la paysannerie
soit chassée de ses terres et que près
des deux-tiers des habitants de la planète
soient contraints de vivre dans des bidon-
villes. Cette situation justifierait le fait de
remettre en cause le fonctionnement des
instances multilatérales – FMI et Banque
mondiale – qui ont fait éclater la souverai-
neté des États et des peuples sur la pro-
duction agroalimentaire locale.
ÉVITER LES INTERMÉDIAIRES
Un autre invité de cette conférence,
André D. Beaudoin, secrétaire géné-
ral de l’Union des producteurs agricoles
(UPA), section Développement interna-
tional, estime qu’il est urgent que le Qué-
bec se dote de dispositions concrètes afin
de mettre de l’avant une souveraineté ali-
mentaire qui puisse aider nos régions à
consolider leur capacité de production de
denrées alimentaires.
Il estime qu’il « faut de mettre de l’avant
bune dynamique. Elle aime nous rappeler
la notion de label, c’est-à-dire d’authenti- qu’« il ne faut pas mener des luttes par-
fier la provenance et la qualité des den- cellaires en définitive », précisant que
rées, sur la foi d’un cahier des charges l’« expansion de la monoculture a fait en
précis ». Par ailleurs, M. Beaudoin argue sorte d’empêcher les femmes de prendre
qu’il faut « protéger nos mécanismes de en charge l’alimentation de leur famille ».
gestion de l’offre que nous avons mis en Les femmes, toujours selon Miriam
place durant les années 1950 et qui font Nobre, seraient les récipiendaires de tra-
en sorte que tous les producteurs peu- ditions séculaires qui permettent de pro-
vent obtenir le même prix pour une même téger les coutumes alimentaires et de
denrée, peu importe où ils sont situés sur reproduire des modes de production qui
le territoire ». Poursuivant sa réflexion surfont grand cas du respect de la terre, du
le thème des marchés, le porte-parole de libre usage des semences ou de modes
l’UPA croit que nous « devrons changer d’organisation socioéconomique favori-
nos paradigmes de développement, ame- sant la coopération. Elle s’en prend plus
nant les citoyens à pouvoir choisir le type particulièrement aux multinationales
d’alimentation qu’ils désirent ». C’est Monsanto et Novartis, qui ont « poussé
d’ailleurs dans cet état d’esprit qu’un très loin leurs recherches afin de réduire
nombre croissant d’agriculteurs souhaite et d’effacer les cycles de la nature ».
que l’on élimine les intermédiaires, his- Sans ériger de remparts entre la lutte des
toire de rapprocher les producteurs des femmes et les autres causes humanitai-
consommateurs. res, l’oratrice brésilienne n’a de cesse de
nous rappeler qu’il est urgent d’organiser
LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE notre quotidien de façon à éviter la sur-
Miriam Nobre, la coordonnatrice de la consommation.
Marche mondiale des femmes (Brésil), PATRICE-HANS PERRIER
en aura profité pour se joindre à cette tri- Collaboration spéciale
La Grande Époque ● 1 – 15 DÉCEMBRE 2008
Les survivants du tremblement
de terre toujours sans abris cet
hiver
Le tremblement de terre qui
a frappé le Sichuan le 12 mai
dernier a causé de nombreux
dégâts dans la province de
Gansu où des maisons se sont
effondrées. Six mois ont passé
et les survivants n’ont reçu que
très peu d’aide. Le 12 novem-
bre, un habitant de la région
frappée déclarait à la radio
Sound of Hope que des survi-
vants vont passer l’hiver sous
des tentes.
DANS un village de montagne reculé ce
sont 20 habitations qui se sont effon-
drées pendant le tremblement de terre.
Reconstruire une maison coûterait au
moins 50.000 yuans (5.800 euros) les
victimes devant apporter tous les maté-
riaux et fournitures nécessaires de la ville
la plus proche.
Lors de l’interview accordée à la radio
Sound of Hope, un habitant de la province
de Gansu déclarait qu’il ne serait capable
de reconstruire son habitation qu’à condi-
tion d’obtenir un prêt de 30.000 yuans. Il
serait néanmoins obligé de rembourser
chaque année 2.000 yuans d’intérêt en
plus du capital, ce qui ferait peser sur la
690-695 : des codes barre qui tuent
Ou comment repérer les produits made in China
LE SCANDALE du lait contaminé prove-
nant de Chine et les autres affaires liées
à des produits fabriqués en Chine qui ont
causé des maladies, voire des morts, à
l’étranger, ont exacerbé la vigilance des
consommateurs sur la provenance des
biens de consommation qu’ils trouvent
dans le commerce.
Bien qu’il soit obligatoire d’indiquer la
provenance d’un produit, dans la pratique,
ce n’est pas toujours respecté. Devant la
profusion des articles Made in China ou
famille une charge financière supplémen-
taire. Il a six personnes à nourrir et gagne
sa vie en vendant des produits de méde-
cine chinoise. S’il pratique de bons prix,
il peut espérer gagner un peu plus de
10.000 yuans en un an. Dans le cas con-
traire, il ne gagnera que quelques milliers
de yuans. La famille ne dispose pas d’as-
sez d’argent pour aller faire des achats
au-delà de la montagne, elle ne vit que
des pommes de terre qu’elle fait pousser.
L’hiver approche et une douzaine de
familles sont toujours sans abri, les mai-
sons n’ayant pas été reconstruites. Ces
familles pourraient passer l’hiver sous
des tentes et espèrent que le climat ne
sera pas trop rigoureux.
Le gouvernement a remis à chaque
foyer 10.000 yuans (1.160 euros) ce qui
est largement insuffisant pour recons-
truire un logement. Habitant en monta-
gne, ils n’ont que peu de ressources et
devraient aller chercher ailleurs le sable
et le ciment. Quant à réparer, cela coû-
terait environ 50.000 yuans. Ils ne savent
que faire pour trouver l’argent.
L’hiver ayant commencé, les victi-
mes parent au plus pressé en envoyant
enfants et personnes âgées dans des
maisons pour laisser les tentes au plus
vaillants. Les températures descendent à
-20 °C mais ils n’ont pas le choix.
DE FU MING ET LOU LAN
SOUND OF HOPE RADIO
bien le manque d’information, le consom-
mateur est parfois contraint d’acheter des
biens provenant de pays qu’il souhaiterait
pourtant éviter pour sa sécurité.
Un moyen simple de connaître le pays
d’origine est de se référer au code barre.
Les deux ou trois premiers chiffres indi-
quent le pays d’origine, par exemple pour
la France, de 30 à 37, la Suisse, 76, la
Belgique et le Luxembourg, 54 et la Chine
690, 691, 692, 693, 694 et 695.
RÉMI BLEIBTREU
Torture en Chine : l’ONU
demande des comptes
LE 21 NOVEMBRE dernier à Genève, le
Comité contre la torture des Nations Unies
a rendu publiques ses recommandations
à l’attention du gouvernement chinois et a
déploré que la torture est toujours large-
ment répandue en Chine. Le comité avait
pour tâche d’étudier si la Chine avait appli-
qué les mesures de la Convention contre la
torture qu’elle a signée en 1988.
Le Comité se dit « profondément inquiet
en raison des constantes allégations, con-
firmées par de nombreuses sources chinoi-
ses légales, sur l’usage largement répandu
et routinier de la torture et des mauvais trai-
tements ».
Parmi les recommandations percutantes
figure la demande d’une enquête au sujet
des prélèvements d’organes sur les corps
de pratiquants du mouvement bouddhiste
Falun Gong. Le Comité demande égale-
ment le jugement des responsables de ce
trafic.
Des experts et le rapporteur spécial
des Nations unies sur la torture, Manfred
Nowak, ont noté que « l’augmentation du
nombre d’opérations de greffes d’organes
coïncide avec le début de la persécution [du
Falun Gong en 1999] ».
Les recommandations1 déclarent que
le régime chinois devrait « immédiatement
former une commission d’enquête indé-
pendante afin d’étudier les réclamations
de certains pratiquants de Falun Gong qui
auraient été assujettis à la torture et aux
prélèvements d’organes, et de prendre les
mesures nécessaires pour assurer que les
responsables de tels abus soient traduits
en justice et punis. »
Le comité demande également que le
régime chinois fournisse des réponses aux
questions en rapport avec leur système de
rééducation par le travail, l’utilisation très
répandue de la torture, la loi des « secrets
d’État », le harcèlement d’avocats de la
défense, le harcèlement et l’utilisation de la
violence contre des défenseurs des droits
de l’homme et des pétitionnaires, le man-
que d’enquêtes et la collecte de données.
David Kilgour, coauteur avec David
Matas d’un rapport au sujet du prélèvement
d’organes sur des pratiquants de Falun
Gong, a applaudi le Comité contre la tor-
www.lagrandeepoque.com
Palais des Nations Unies à Genève.
ture pour avoir « fait face directement aux
problèmes des droits de l’homme qui sont
une réalité et que le gouvernement chinois
impose au reste du monde ».
« Il est rare que l’ONU demande des
comptes au gouvernement chinois en ce
qui concerne le non respect des droits de
l’homme », a-t-il ajouté.
La première version du rapport de MM.
Matas et Kilgour concernant les alléga-
tions de prélèvement d’organes sur des
pratiquants de Falun Gong en Chine a été
publiée en juillet 2006, et une mise à jour a
suivi en janvier 20072.
M. Matas, avocat spécialiste des droits
de l’homme, affirme que le régime chinois
a l’obligation d’appliquer les recommanda-
tions du Comité.
« Le gouvernement de la Chine doit agir
selon les recommandations du Comité. À
défaut d’intenter ou de commissionner une
enquête indépendante au sujet des prélè-
vements d’organes sur les pratiquants de
Falun Gong, la Chine enfreindra ses obli-
gations internationales figurant dans la
Convention contre la torture que le gouver-
nement chinois a librement signée et rati-
fiée », a insisté Me Matas.
D’autres recommandations ont été faites
par le Comité.
Étant donné l’urgence de la situation,
l’État-parti doit immédiatement prendre
des mesures pour prévenir les actes de tor-
ture et de mauvais traitements dans tout le
pays.
Chine 5
Jan Jekielek/La Grande Époque
L’État-parti doit immédiatement abo-
lir toute forme de détention administrative
et notamment la « rééducation par le tra-
vail ».
L’État-parti doit s’assurer que personne
n’est détenu dans un centre de détention
secret.
L’État-parti doit abolir toute disposition
légale qui nuit à l’indépendance des avo-
cats, et devrait enquêter sur toute attaque
perpétrée contre les avocats et les pétition-
naires afin d’entamer des poursuites appro-
priées.
L’État-parti doit agir immédiatement
pour enquêter sur tout acte d’intimidation
et autres moyens visant à entraver le travail
indépendant des avocats.
L’État-parti doit prendre toutes les mesu-
res nécessaires afin de garantir que toutes
les personnes, incluant celles qui surveillent
le respect des droits de l’homme, soient
protégées contre toute forme d’intimidation
ou de violence suite à leurs activités et dans
le cadre de leurs fonctions pour garantir le
respect des droits de l’homme, et de s’as-
surer qu’une enquête immédiate, impartiale
et efficace sur de tels actes soit faite.
CHARLOTTE CUTHBERTSON
LA GRANDE ÉPOQUE
1. Source: Rapport du Comité contre la
torture de l’ONU, 21 novembre 2008.
2. Le rapport Prélèvements meurtriers est
disponible sur Internet à l’adresse suivante :
www.organharvestinvestigation.net

►Reportage photos

Brutalités policières à Longnan

LE 18 NOVEMBRE 2008, un énorme
soulèvement populaire a éclaté à Lon-
gnan dans la province de Gansu au
Nord-Est de la Chine. Des dizaines de
milliers d’habitants ont tenté d’assiéger
le siège du parti communiste municipal
et ont manifesté dans les rues, mettant
le feu à des voitures.
Les émeutes ont été violemment
écrasées par des policiers armés qui
ont battu et tiré à l’arme à feu sur de
nombreux manifestants. Plusieurs cen-
taines de fermiers ont été blessés, des
dizaines étaient dans un état grave et
plusieurs sont morts.
La ville est maintenant sous couvre
feu et les rassemblements étaient inter-
dits jusqu’au 23 novembre dernier.
Il semblerait que la colère des habi-
tants ait fait suite à une information qui
circulait selon laquelle les autorités pré- Des policiers armés poursuivent les manifestants.
voyaient de déplacer toute la ville vers
une autre province. Manifestants se faisant tabasser par la police.
La ville de Longnan fait partie de cel-
les qui ont été touchées par le tremble- des policiers armés en train de matra-
ment de terre du 12 mai dans la province quer des habitants de Longnan.
du Sichuan, et les reconstructions n’ont Selon un résident de Wudu, M.
pas encore commencé. Les autorités Dong : « Hier (20 novembre) le maire
municipales ont donc souhaité déplacer a déclaré publiquement que le pro-
la ville, une agglomération de 550.000 jet [de déplacement de la ville] n’avait
habitants, ce qui aurait des conséquen- pas encore été approuvé par le minis-
ces désastreuses pour les habitants. tère, donc ils n’auraient peut-être pas à
Suite aux émeutes, les médias offi- bouger. Le discours du maire a calmé
ciels ont prétendu que les troubles le public mais les autorités doivent four-
étaient le fait de quelques « hors la nir une explication sur cet incident. De
loi » et aucun reportage n’a bien sûr nombreuses personnes sont toujours
mentionné les passages à tabac par la portées disparues. Les gens pourraient
police ni les habitants morts sous les à nouveau manifester après le couvre
coups. feu s’ils n’ont pas eu d’explication des
Cependant, des photos ont été Habitants étendus alignés sur le sol après des passages à tabac par la Scène d’arrestation de responsables. »
publiées par des internautes, montrant police (photos fournies par des internautes chinois). manifestants. RÉMI BLEIBTREU
6 Chine www.lagrandeepoque.com 1 – 15 DÉCEMBRE 2008 ● La Grande Époque

Nouvelles des correspondants de la radio Son de l’Espoir (Sound of Hope Network : www.sohnetwork.com)
UNE ARTISTE EN PRISON POUR « SUBVER-
SION DU POUVOIR D’ÉTAT »
Le tribunal du district Chongwen de Pékin a con-
damné à 3 ans de prison l’artiste et membre du
mouvement bouddhiste Falun Gong Xu Na. La
séance, de 10 minutes, s’est tenue en l’absence de
l’avocat de la prévenue.
Madame Xu, dont le mari, un musicien célè-
bre, est mort dans une rafle pré-olympique à Pékin
début 2008 aux mains de la police chinoise, a été
accusée d’utiliser « une organisation sectaire pour
empêcher l’application de la loi. » Son avocat avait
basé sa défense sur le fait que l’interdiction du
Falun Gong était anticonstitutionnelle puisque le
mouvement est pacifique et sans danger pour la
société et les individus. On ignore les raisons de
l’absence de l’avocat à la fin du procès.
EXÉCUTION DU « TUEUR DE FLICS » DE
SHANGHAI
Yang Jia, l’assassin de six policiers dans un
commissariat de Shanghai, a été exécuté fin
novembre. Yang Jia se serait vengé des policiers
qui l’avaient maltraité dans ce même commissariat,
pour une histoire de vol de bicyclette. Malgré son
crime, Yang Jia a été largement soutenu par l’opi-
nion publique shanghaienne.
La blogosphère chinoise semble avoir été purgée
des commentaires sur le sujet, encore abondants il
y a quelques semaines. Seuls des commentaires
officiels sur l’exécution sont consultables.
LES TAXIS EN COLÈRE
Les chauffeurs de taxi sont en grève dans dif-
férentes régions de Chine. Le mouvement, com-
mencé le 23 novembre par deux groupes de
conducteurs dans la province de Guangdong, a
été suivi par 70 autres dans la ville de Maoming.
À Baiyun, après qu’un d’eux a été frappé par un
cadre communiste du comité municipal, plusieurs
AUJOURD’HUI EN CHINE
centaines d’entre eux faisaient front.
Les autorités locales ont mobilisé un grand nom-
bre de policiers pour faire face aux manifestants.
Les manifestations de chauffeurs de taxi se
multiplient en Chine depuis plusieurs mois. Pour
le rédacteur en chef de L’Observatoire du tra-
vail en Chine, Li Qiang, le problème est ancien :
« Les véhicules appartiennent aux entreprises, qui
exploitent les conducteurs. Si cela ne change pas,
le problème des chauffeurs de taxi ne sera jamais
résolu ».
LA JUSTICE CHINOISE REJETTE LES PLAIN-
TES CONTRE LE LAIT À LA MÉLAMINE
À la suite du scandale du lait contaminé vendu
par la société Sanlu, les consommateurs du comté
Zhenping dans la province de Henan se sont cons-
titué partie civile pour obtenir réparation. Le 8 octo-
bre, la famille du premier enfant, Zhang Guoyu,
identifié comme victime du lait maternisé toxique,
ont poursuivi le groupe Sanlu et demandé 900.000
yuans (90.000 euros) de compensation. La plainte
a été refusée.
Le bébé, qui souffrait de multiples calculs
rénaux, avait été hospitalisé dans l’hôpital de la
ville de Dongwan, province de Guangdong, le 12
juillet dernier. Il avait été opéré le lendemain au
CHU de Guangzhou pour une uréterolithotomie
droite. Le père avait emprunté l’argent pour son
opération. L’enfant doit aujourd’hui subir la même
opération pour le rein gauche, et les parents espè-
rent que la plainte leur permettra de faire face aux GLISSEMENT DE TERRAIN SUR LE YANGTZE
dépenses médicales.
FERMETURE DE FONDERIES
Près de 300 fonderies à proximité de la ville dans le fleuve. Aucune perte humaine ne serait à
de Tangshan – le plus gros centre de production déplorer.
d’acier en Chine – ont fermé récemment. Le sec-
teur est en crise et a réduit sa production de près CONTREBANDE D’ESSENCE SUR LES
de 60 % sur l’année.
DÉMOLITIONS FORCÉES À CHONGQING
Le 23 novembre, les autorités du district Yubei
de la ville de Chongqing ont utilisé la force pour
détruire tous les bâtiments et fermes de trois vil-
lages sur une zone dite de « développement éco-
nomique ». Toutes les personnes ayant refusé
de signer l’acte de vente ont été détenues par la
police. D’après des témoins, un villageois de 90
ans serait mort en détention.
PLUS DE 1.000 PERSONNES DEVANT DES
BÂTIMENTS OFFICIELS À PÉKIN
Le 23 novembre, plus d’un millier de pétition-
naires ont défilé devant les bureaux de la mairie
de Pékin. Au même moment, plusieurs centaines
étaient rassemblées devant le ministère de la Jus-
tice. Les pétitionnaires étaient principalement des
investisseurs escroqués et des « sans-terre »
expulsés illégalement. Une centaine de policiers
a bloqué le trafic sur la rue Zhenyi et arrêté des
manifestants.
Près de la moitié des manifestants étaient des
retraités en colère contre la télévision officielle
CCTV qui a fait la promotion de plan d’investisse-
ment désastreux dans lesquels leur retraite a été
engloutie. Par exemple, l’achat de terres sylves-
tres promu par l’entreprise Yiling en début d’année,
ou l’investissement dans l’immobilier d’entreprise
promu par le fils de l’ancien Premier ministre Li
Peng.
Un glissement de terrain massif sur la rive Nord
du Yangtze au niveau de Chongqing a provoqué la
chute de 50.000 mètres cube de pierres et gravats
CÔTES CHINOISES
Le prix de l’essence est resté en Chine très au
dessus des cours du pétrole depuis que ceux-ci ont
commencé leur baisse. Des bateaux de pêche se
reconvertissent donc dans les provinces de Guan-
gdong et Fujian, dont certains ont été arrêtés entre
Hong Kong et Macau, dans le delta des perles.
Dans la province de Fujian, ce sont 800.000 litres
d’essence de contrebande qui ont été saisis sur les
9 premiers mois de l’année. Les gardes-côtes de
la province de Guangdong indiquent que le tra-
fic s’est élargi à Zhongshan, Shunde et les mers
du Sud.
RESPONSABLES HAUT-PLACÉS MIS EN
CAUSE DANS L’ÉCROULEMENT D’UNE MINE
Le frère du secrétaire du parti communiste de
la province de Shanxi est parmi les responsables
du glissement de terrain dans une mine de fer illé-
gale dans la préfecture de Xiang-fen. Tian Ya-wei
a disparu depuis le drame. D’après des médias de
Hong Kong, M. Tian avait pu donner son accord
pour le transfert du fer extrait grâce au soutien poli-
tique de son frère.
Le 8 septembre, le bassin de rétention du mine-
rai de la mine illégale s’est écroulé, provoquant
l’ensevelissement d’un village en contrebas. Bilan :
276 morts.
MISSILES TOUT BEAUX TOUT NEUFS FACE
À TAIWAN
À l’encontre des annonces d’ouverture dans le
dialogue sino-taiwanais, Pékin vient de déployer
une nouvelle barrière de missiles longue-portée
YJ-62A dits « tueurs de porte-avion ». D’une por-
tée de 400 kilomètres, ils sont déployés sur les
provinces de Zhejian, Fujian et au sud de Shan-
tou.

46.087.635 Chinois ont démissionné du Hong Kong commémore le 4e anniversaire

ÉDITORIAL Parti après avoir lu les Neuf commentai-
res sur le Parti Communiste. Ce mouve-
ment de démissions reste pour le peuple
un moyen d’expression non violent, apolitique et sans précé-
dent dans la société chinoise face à la dictature et à la corrup-
tion généralisée au sein du régime. La Grande Époque publie un
extrait traduit de cette série éditoriale chinoise dans chacun de
ses numéros.
NEUF COMMENTAIRES
Suite du sixième commentaire
La traditionnelle « classe des
érudits », des modèles de vertu
sociale, a ainsi été décimée.
Mao Tse Toung a dit :
« De quoi l’empereur Qin Shi Huang
peut-il bien se vanter ? Il n’a tué que 460
érudits confucéens, nous avons tué 46.000
intellectuels. En réprimant les contre-révo-
lutionnaires, est-ce que nous n’avons pas
aussi tué des intellectuels contre-révolu-
tionnaires ? Je me suis défendu devant les
pro-démocrates qui nous accusaient d’agir
comme l’empereur Qin Shihuang. Je leur ai
dit qu’ils avaient tort. Nous l’avons surpassé
cent fois ».
En effet, Mao a fait plus que tuer les intel-
lectuels. Il a détruit leur esprit et leur cœur.
7. Créer l’apparence d’une culture en
gardant un semblant de tradition tout en
remplaçant son contenu
Après que le PCC a adopté la réforme
économique et une politique d’ouverture,
il a rénové de nombreuses églises ainsi
que des temples bouddhistes et taoïstes.
Il a aussi organisé de nombreuses fêtes
de temple en Chine ainsi que des fêtes
culturelles à l’étranger. Ceci a été le der-
nier effort du PCC pour utiliser et détruire
ce qui restait de culture traditionnelle. Le
PCC avait deux raisons d’agir ainsi. D’un
côté, la bonté inhérente dans la nature
humaine que le PCC n’avait pas pu éra-
diquer conduirait à la destruction de la «
culture du Parti ». De l’autre, le PCC avait
l’intention d’utiliser la culture traditionnelle
pour maquiller son vrai visage et cacher sa
nature perverse de « tromperie, de cruauté
et de violence ».
C’est dans sa profonde connotation
morale que réside l’essence de la culture,
alors que les formes superficielles ne ser-
vent qu’à divertir. Le PCC a restauré les
éléments superficiels de la culture, qui
divertissent, pour cacher son dessein de
détruire la moralité. Peu importe combien
le Parti a organisé d’expositions d’art et de
calligraphie, combien il a mis en scène des
festivals culturels avec des dragons et des
danses du lion, combien il a offert de fes-
tivals de la cuisine, ou combien d’œuvres
d’architecture classique il a construites,
le Parti ne fait que restaurer l’apparence
superficielle, et non l’essence de la cul-
ture. Pendant ce temps, le Parti a promu
ses articles culturels à l’intérieur comme à
l’extérieur de la Chine dans le but unique de
maintenir son pouvoir politique.
Une fois de plus, on peut prendre l’exem-
ple des temples. Les temples sont des
endroits où les gens se cultivent spirituel-
lement. À l’intérieur d’un temple on peut
entendre des cloches le matin et des tam-
bours au coucher du soleil, on peut véné-
rer Bouddha sous les lampes à huile. Les
gens du peuple peuvent aussi s’y confes-
ser et entendre des offices. Pour se cultiver,
il faut un cœur pur et sans convoitise. Pour
se confesser et vénérer, il faut aussi un
environnement sérieux et solennel. Pour-
tant, ces temples ont été transformés en
repaires touristiques pour y gagner de l’ar-
gent. Parmi les gens qui visitent les temples
en Chine aujourd’hui, combien d’entre eux
sont venus contempler leurs erreurs avec
un cœur sincère et respectueux envers
Bouddha après avoir pris un bain et changé
leurs vêtements ? Restaurer l’apparence
tout en détruisant le sens profond de la cul-
ture traditionnelle est la tactique adoptée
par le PCC pour semer la confusion dans
l’esprit des gens. Que ce soit le boudd-
hisme, les autres religions, ou les formes
culturelles qui en sont dérivées, le PCC les
dégrade délibérément de cette manière.
Pour en savoir plus :
www.lagrandeepoque.com/jiuping
Version audio disponible sur le site de la radio
Son de l’Espoir : www.sondelespoir.org
des Neuf commentaires
LE 22 NOVEMBRE à Hong Kong on a
commémoré le 4e anniversaire des Neuf
commentaires et les 45 millions de Chi-
nois qui ont démissionné du Parti Com-
muniste Chinois (PCC). Récemment par
exemple, l’avocat des droits de l’homme
shanghaïen Zheng Enchong a annoncé,
sans se retrancher derrière un pseudo-
nyme, qu’il démissionnait du Parti.
Gao Dawei, président du Centre d’aide
pour quitter le PCC a fait remarquer lors
du défilé qu’un nombre croissant de Chi-
nois reconnaissent que le PCC est le
responsable de tous les désastres qui
ravagent la Chine actuellement.
« Si l’on se remémore l’année 2008,
les victimes non indemnisées de la tem-
pête de neige, des inondations, des catas- La Grande Époque
trophes minières, le tremblement de terre sacre au Tibet, de la crise financière, et du déboucher que sur un meilleur avenir pour
au Sichuan, l’effondrement d’écoles cons- scandale du lait contaminé, les gens réali- la Chine » a expliqué M. Gao.
truites à peu de frais, sans parler du mas- sent que l’effondrement du PCC ne pourra LIN YI
►Commentaires…
En annulant le sommet UE-Chine,
Pékin croit pouvoir « punir » Sarkozy
d’avoir rencontré le Dalaï-lama
Françoise Hostalier, ancien ministre et députée UMP du Nord, ne mâche pas ses mots.
Je suis vraiment scandalisée par la pression des diri- cuté – je dirais assassiné ! – par le gouvernement chinois
« geants chinois contre la France aujourd’hui. Il faut quand
même comprendre que le président Sarkozy représente
sous prétexte qu’il aurait été accusé d’espionnage au profit
de Taïwan ? C’est proprement monstrueux de se comporter
aussi à ce jour l’Europe, et donc qu’à travers l’affront, la comme ça au XXIe siècle.
vexation des propos des dirigeants chinois contre la France, […] Qu’est-ce que les Chinois ont contre la France ? Pour-
c’est l’ensemble des Européens que les Chinois insultent de quoi nous mettent-ils une telle pression alors qu’effective-
cette manière. Mais ce que j’exprime là n’a rien à voir avec ment quand Angela Merkel ou d’autres dirigeants européens
le sentiment que nous pourrions avoir vis-à-vis du peuple ou internationaux rencontrent le Dalaï-lama, apparemment
chinois. J’ai beaucoup de respect, d’admiration pour le peu- la Chine ne dit rien ou presque. Je me pose la question. Est-
ple chinois. Je me suis rendue en Chine et j’ai pu voir à quel ce que c’est parce que la France est trop faible ? Parce que
point les Chinois étaient des gens extrêmement accueillants la France cède à chaque fois aux desideratas des Chinois ?
et sympathiques. Au contraire, le peuple chinois est un grand Ou parce que la France est un pays très emblématique par
peuple avec une très grande histoire, avec un très grand rapport aux droits de l’Homme et qu’effectivement aux vues
avenir, et en tant que défenseur des droits de l’Homme, de ce que nous représentons les Chinois n’ont pas du tout
j’estime qu’il est de notre devoir d’être aux côtés du peu- envie que la France puisse être au premier plan par rap-
ple chinois par rapport à un gouvernement qui est complè- ports aux problèmes qui se passent en Chine au niveau de
tement à côté de la plaque. Aujourd’hui encore, je lis dans la façon dont les Chinois traitent les minorités ? »
la presse qu’un grand scientifique chinois vient d’être exé- Propos recueillis par Isabelle Meyer
La Grande Époque ● 1 – 15 DÉCEMBRE 2008
Crise économique et financière : que faire pour en sortir ?
Les seules mesures gouvernementales ne sont pas suffisantes pour redonner le souffle à l’économie.
Le comportement de chacun est un élément clé de la solution.
Un comportement de consom-
mateur et d’actionnaire res-
ponsable est nécessaire pour
transformer l’univers économi-
que et le rendre plus respec-
tueux des hommes.
LA RÉCESSION s’installe dans les pays
occidentaux et les signes d’instabilité
apparaissent dans les pays émergents.
Personne ne se risque maintenant à dou-
ter de la profondeur de la crise actuelle,
mais les avis divergent quant à sa durée
et aux mesures pour en sortir.
Ainsi, dans le dernier bulletin économi-
que d’Euler-Hermès consacré à la météo
internationale des secteurs, Karine Ber-
ger avoue que « les marchés ne sont
plus en mesure de définir un prix pour
de très nombreux actifs, …, ce qui cons-
titue un sérieux problème ». Cette diffi-
culté rend quasi impossible toute mesure
du risque dans les échanges entre ban-
ques, ce qui bloque le marché interban-
caire et augmente inéluctablement le
coût du crédit. Les conséquences seront
donc très dures pour l’économie réelle et,
selon les prévisions Euler-Hermès pour
2009, « tous les secteurs de l’économie
mondiale entrent en ralentissement ». La
crise touche également l’Asie, où selon la
Banque Mondiale et pour la première fois
depuis 20 ans, les prévisions de crois-
sance chinoise qui étaient en moyenne
de 12 % chuteront à 7,5 % en 2009.
Le seul « rayon de soleil » concerne le
prix du pétrole qui, après les sommets
de juillet 2008 à 140 dollars le baril, est
retombé à 53 dollars le 28 novembre,
mais n’empêche pas la chute de la con-
sommation de carburant aux États-Unis
et en Europe.
Comment sortir de cette crise et quelle
en sera l’issue ? La confusion engendrée
par la difficile adoption et l’arrêt du plan
Paulson, puis par la succession sans fin
de mesures gouvernementales américai-
nes et européennes ne semble en effet ni
rétablir la confiance des marchés (le CAC
40, qui était à 3.262 points le 28 novem-
bre dernier, a chuté de 45 % depuis juin
2007), ni juguler la chute de la consom-
mation (de -3,1 % aux États-Unis sur le
troisième trimestre 2008, du jamais vu
depuis 1980), ni empêcher les entrepri-
ses d’annoncer des plans de licencie-
Une rue commerçante à Leeds, au Royaume-Uni.
ment. Par ailleurs, il n’est pas certain
que les injections massives d’argent
public pour soutenir les entreprises en
difficulté, comme celles envisagées pour
Ford ou Général Motors, puissent garan-
tir leur viabilité à long terme, tant cette
crise se conjugue avec une période char-
nière dans leur histoire. Les économis-
tes sont si dubitatifs sur l’efficacité des
seules mesures gouvernementales que
certains, comme Karine Berger d’Euler
Hermès, n’hésitent désormais plus à
écrire que « c’est aussi la responsabilité
de chaque acteur individuel qui est la clé
du problème ».
Redécouvrir que le comportement de
chacun peut-être un élément de la solu-
tion est porteur d’espoir pour l’avenir. En
effet, cela fait si longtemps que chacun
s’en remet aux gouvernements et à ses
dirigeants pour résoudre ses problèmes.
Pourtant, chaque acteur individuel joue
un rôle fondamental dans le fonctionne-
ment de l’économie. Présenter le capita-
lisme et la recherche effrénée du profit
comme boucs émissaires et implorer sa
perte pour conjurer les malheurs, sont
certes un moyen de se donner bonne
conscience, mais ne font pas vraiment
avancer les choses. Inversement, avoir
un comportement de consommateur
et d’actionnaire responsable peut être
beaucoup plus efficace pour transformer
l’univers économique, le rendre plus res-
pectueux des hommes et agir pour une
meilleure préservation de notre planète.
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Quelle que soit l’efficacité de la publi-
cité, le comportement de chaque con-
sommateur est en effet si important que
les services marketing des entreprises
dépensent depuis très longtemps des
sommes folles pour en suivre les évo-
lutions. Pour chaque produit ou service
qu’un consommateur achète, il envoie un
signal au producteur et le renseigne sur
ses besoins, ses goûts, ses désirs. Ainsi
le Commerce Equitable et les produits bio
sont nés d’initiatives isolées, et prennent
de l’ampleur malgré la crise, au point que
les grandes surfaces leur accordent une
place croissante. Un autre exemple est
celui de la production automobile, dont
les géants américains et européens qui
n’ont pas su anticiper les nouvelles exi-
Économie 7
gences des consommateurs pour les
véhicules non polluants et ne savent
plus actuellement comment investir pour
transformer radicalement leur gamme de
voitures. La crise que ce secteur connaît
précède de peu la crise financière, mais
est profondément renforcée par celle-ci.
Il en est de même du comportement
d’actionnaire qui, pour ceux qui ont les
moyens d’investir, commence à être étu-
dié et pris en compte avec le regard porté
par certains sur la responsabilité sociale
des entreprises. À cet égard, les fonds
ISR (Investissement Socialement Res-
ponsables), dont le processus de sélec-
tion des entreprises a pour particularité
d’intégrer des critères extra-financiers
comme le mode de gouvernance de l’en-
treprise ou bien son action vis à vis du
développement durable, commencent à
sortir de leur marginalité et à être pris
au sérieux par les investisseurs institu-
tionnels. Ainsi, Eric Vanlabeck, directeur
de la recherche et développement de
MACIF Gestion, a annoncé le 20 novem-
bre dernier dans le quotidien financier
AGEFI, que « d’une manière générale,
les fonds ISR traversent plutôt bien la
crise. Ils fournissent de bonnes perfor-
mances relatives par rapport à leur uni-
vers », et n’hésite pas à affirmer que « la
démarche ISR va sortir renforcée de la
crise ».
La crise actuelle est singulière et n’a
aucun équivalent dans l’histoire humaine.
En effet, comme le rappelle Nicolas Hulot
dans Marianne du 15 novembre, elle
est « financière, économique, énergé-
tique, alimentaire, climatique, écologi-
que … elle est systémique… et appelle
une réponse systémique ». C’est pour-
quoi personne n’est actuellement capa-
ble d’en prédire la fin ni la façon d’en
sortir. Il n’est plus possible de rester les
bras croisés à attendre qu’elle passe,
comme les précédentes. Il est temps
d’agir de manière responsable, solidaire
et cohérente. La « remise à plat du fonc-
tionnement économique » que Nicolas
Hulot appelle de ses vœux est néces-
saire, mais chaque action quotidienne,
en tant que consommateur, actionnaire,
employé, parent, touriste, etc. est pri-
mordiale. La cohérence de ces actions
entre elles est en outre une garantie de
leur efficacité dans la construction d’un
monde meilleur.
PATRICK C. CALLEWAERT

L’argent ou la morale, telle est la question

Une enquête récente en Chine
a montré que plus de la moitié
des clients chinois perdent con-
fiance dans les produits laitiers
venus de Nouvelle-Zélande.
Les investissements de Fon-
terra en Chine sont donc mena-
cés.
LE SCANDALE du lait à la mélamine a
causé à Fonterra, une des plus gran-
des entreprises laitières du monde et
qui détient 43 % des actions de Sanlu,
une perte de 139 millions de dollars néo-
zélandais.
En fait, Fonterra n’est qu’un exem-
ple type des nombreux échecs que con-
naissent les entreprises occidentales qui
investissent des milliards de dollars dans
des produits chinois bon marché, mais
ferment les yeux sur la nature du régime
communiste chinois.
Chaque fois que des entreprises ou
des gouvernements occidentaux se pré-
parent à signer des accords commer-
ciaux avec le Parti communiste chinois
(PCC), les organisations des droits de
l’homme et les ONG soulèvent active-
ment la question des droits de l’homme.
Ils demandent simplement aux hom-
mes politiques et aux entreprises de
réfléchir à la triste réputation du PCC
PAR QI HUA – Collaboration spéciale
en matière de droits de l’homme, notam-
ment le massacre des Tibétains, le pré-
lèvement d’organes sur des pratiquants
de Falun Gong encore vivants, les arres-
tations d’avocats de la démocratie, l’en-
voi continuel d’armes au Zimbabwe, le
financement des dictatures militaires
de Birmanie et de Corée du Nord, et la
protection offerte aux responsables du
génocide au Darfour.
L’argent investi en Chine est souvent
utilisé par le Parti pour réprimer la popu-
lation et appliquer à l’étranger ses tacti-
ques répressives.
Les entreprises occidentales disent
facilement qu’elles tiennent à la liberté, à
la démocratie et aux droits de l’homme.
Cependant face aux atrocités commises
contre les droits de l’homme, certaines
sont promptes à trahir leurs propres prin-
cipes pour le profit.
Le commerce et les droits de l’homme
sont deux choses différentes mais ils
sont intimement liés. Comment peut-
on considérer les entreprises étrangè-
res qui ont fait du commerce avec Hitler
alors qu’il persécutait les Juifs ? Si les
affaires et les droits de l’homme sont
complètement séparés, pourquoi l’Union
européenne adopte-t-elle des sanctions
économiques contre certaines dictatu-
res ?
Lorsque les hommes politiques et les
entreprises ferment les yeux sur les atro-
Selon un vieux diction chinois, « Faire
le bien est récompensé, faire le mal est
puni » ; en Occident « on récolte ce que
l’on sème ». Voici quelques sujets de
réflexion.
En août, les dirigeants occidentaux
ont participé aux Jeux olympiques de
Pékin sur invitation du PCC, un évè-
nement largement interprété par tous
comme un effort du régime pour gagner
une légitimité dans le monde. En octo-
bre, l’Occident fait face à la pire crise
financière de l’histoire.
En avril, une délégation commerciale
de Nouvelle-Zélande a signé un accord
de libre échange avec le PCC. En octo-
bre, Fonterra, la plus grande entreprise
de Nouvelle-Zélande, voit sa réputation
ternie par le scandale du lait contaminé
chinois.
En octobre, Peter Mandelson, le nou-
veau ministre du Commerce britanni-
que, a été emmené d’urgence à l’hôpital
pour des calculs rénaux. Une semaine
plus tôt, lors de l’une de ses dernières
conférences en tant que Commissaire
au commerce de l’UE, M. Mandelson
China Photos/Getty Images
avait avalé un pot de yaourt chinois, en
En Chine dans les rayons de produits laitiers des supermarchés, disant : « Je continuerai à boire mon pro-
toutes les grandes marques sont concernées par la contamination à duit laitier favori que j’apprécie et qui ne
la mélamine. m’inquiète pas. »
Si Shakespeare était vivant
cités commises par le Parti communiste cience morale, ainsi qu’à leurs critères aujourd’hui, il pourrait dire : « l’argent ou
chinois, ils renoncent en fait à leur cons- pour distinguer le bien du mal. la morale : telle est la question ».
8 Droits humains www.lagrandeepoque.com 1 – 15 DÉCEMBRE 2008 ● La Grande Époque

►60e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

Un idéal commun à tous les peuples

Une députée européenne
empêchée de rendre visite à
Zeng Jinyan, l’épouse de Hu Jia
REPORTERS sans frontières dénonce
l’attitude de la police de Pékin, qui
a empêché physiquement la dépu-
tée européenne Helga Trüpel de ren-
dre visite le 25 novembre 2008, à
Zeng Jinyan, l’épouse du dissident Hu
Jia, lauréat du prix Sakharov 2008 du
Parlement européen. Des journalis-
tes étrangers présents sur les lieux ont
également été refoulés alors qu’ils sou-
haitaient rencontrer Zeng Jinyan.
« Comment la police chinoise peut-
elle exprimer autant de mépris envers
une élue du Parlement européen et
des journalistes étrangers en leur refu-
sant de voir une citoyenne chinoise qui
souhaitait s’entretenir avec eux ? Nous
appelons les autorités chinoises à lever
toutes les restrictions concernant Zeng
Jinyan et sa fille, et à libérer au plus
vite Hu Jia, afin qu’il puisse se rendre
à Strasbourg et recevoir son prix », a
déclaré Reporters sans frontières.
Le 25 novembre vers 15 heures,
la députée européenne allemande
Helga Trüpel s’est rendue à la rési-
dence où réside Zeng Jinyan et sa fille
âgée d’un an. Les policiers et gardiens
ont physiquement empêché la dépu-
tée allemande de franchir la grille. Les
journalistes ont été également refou-
lés, alors que les régulations pour la
AFP
presse étrangère prévoient la liberté
d’interview. Les policiers ont également
refusé de prendre le cadeau que la
députée européenne avait apporté pour
le bébé, qui est de fait la plus jeune pri-
sonnière politique au monde.
Interrogée par Reporters sans fron-
tières, Helga Trüpel, du Parti Vert euro-
péen, a déclaré : « C’était une situation
très inamicale. D’abord, les services
secrets nous suivaient en voiture et
visiblement nous attendaient devant
la résidence. Je souhaitais voir Zeng
Jinyan, que j’ai déjà rencontrée il y a
deux ans. Elle nous a confirmé au télé-
phone qu’on l’empêchait de sortir nous
voir. Je lui ai dit au téléphone que nous
étions fiers d’elle. (...) Empêcher un
membre du Parlement européen de
rencontrer Zeng Jinyan, l’épouse de Hu
Jia, montre que les autorités chinoises
sont furieuses et témoignent de mau-
vaise volonté pour ouvrir des négocia-
tions. »
Helga Trüpel participe actuellement
à un voyage de parlementaires euro-
péens. Lors d’un entretien avec des
homologues chinois, un officiel a forte-
ment critiqué la décision du Parlement
européen d’attribuer le prix Sakharov à
Hu Jia, qualifié de « criminel ».
Reporters sans frontières
du monde
Ce dernier mois de l’année célè-
bre l’anniversaire de la signature
de la Déclaration Universelle des
Droits de l’Homme.
C’EST en 1948, au lendemain de la
Deuxième guerre mondiale que cette
déclaration qui énonce les droits et les
libertés individuelles est adoptée. Il est
désormais reconnu que tout être humain,
en tout lieu doit jouir de ces droits parce
que « universels » selon la volonté de
René Cassin, juriste renommé qui a con-
tribué à la rédaction de la Déclaration.
Le texte a été préparé par un comité de
rédaction composé de huit membres pré-
sidé par Eleanor Roosevelt, veuve de
l’ancien président des États-Unis. Par-
ticulièrement active à faire reconnaître,
dans le même esprit que René Cassin et
le Comité de rédaction la notion d’univer-
salité des droits de l’Homme, des libertés
fondamentales, notamment les principes
de non-discrimination, les droits civils et
politiques ainsi que les droits sociaux, cul-
turels et économiques, Eleanor Roosevelt
jouera un rôle considérable aux côtés de
René Cassin pour l’adoption de la décla-
ration.
Les 58 États-membres qui constituaient
l’Organisation des Nations Unies en 1948
étaient composés de systèmes politiques,
de valeurs religieuses et de traditions cul-
turelles très variés. Les auteurs de la
déclaration étaient eux-mêmes originaires
de différentes régions du monde.
Cependant, la volonté du Comité de
rédaction a permis d’exprimer l’aspiration
des peuples du monde en traduisant les
valeurs communes, inhérentes aux prin-
cipaux systèmes juridiques, aux traditions
religieuses et philosophiques du monde.
Le texte, inspiré par la Déclaration des
droits de l’homme et du citoyen de 1789,
est composé de trente articles. Il énonce
les droits fondamentaux de l’individu et
leur reconnaissance et leur respect par
FRANCE, Paris : photo prise 12 décembre 1948 au Palais de Chaillot
de l’Assemblée des Nations unies durant laquelle fut adoptée le 10
décembre 1948 la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
la loi. Il comprend aussi un préambule
avec huit considérations reconnaissant
la nécessité du respect inaliénable de
droits de l’homme fondamentaux par tous
les pays, les nations et les régimes poli-
tiques. Il se conclut par l’annonce de son
approbation et sa proclamation par l’As-
semblée générale des Nations unies.
L’adoption de la Déclaration a été
saluée comme un véritable progrès de
l’humanité. Pour la première fois dans
l’histoire, la communauté internationale
adopte un document considéré comme
ayant une valeur universelle – « l’idéal
commun à atteindre par tous les peuples
et toutes les nations ». En estimant que la
reconnaissance de la dignité inhérente à
tous les membres de la famille humaine
et de leurs droits égaux et inaliénables
constitue le fondement de la liberté, de
la justice et de la paix dans le monde, le
Préambule reconnaît l’importance pour le
maintien de la paix et de la sécurité inter-
nationales d’un cadre juridique relatif aux
droits de l’homme.
Actuellement, la Déclaration univer-
selle est traduite en près de 250 langues
AFP
nationales et vernaculaires. Le document
relatif aux droits de l’Homme est le mieux
connu et le plus souvent cité du monde.
Fondement de la législation internatio-
nale en matière de droits de l’homme, la
Déclaration Universelle sert de modèle à
de nombreux traités et déclarations inter-
nationales. Elle est reprise par les consti-
tutions et les lois d’un grand nombre de
pays.
RAPHAËLLE LEVIA
Pour en savoir plus :
Site de l’ONU : Déclaration Universelle
des Droits de l’Homme, département de
l’information
http://www.un.org/french/aboutun/
dudh.htm
60e anniversaire de la Déclaration Uni-
verselle des Droits de l’Homme
Site du ministère des Affaires étran-
gères
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/
actions-france_830/droits-homme_1048/
60eme-anniversaire-declaration-univer-
selle-droits-homme_18925/coup-envoi-
manifestations-04.06.08_63194.html

Brèves d’espoir Avec l’agence d’informations Reporters d’Espoirs

MAROC, ALGÉRIE : L’INFORMATIQUE, UN
TREMPLIN VERS L’EMPLOI DES JEUNES
Au Maroc, le taux de chômage de la popula-
tion active est de 15,4 % en milieu urbain et de 9,8
% au niveau national. Il touche relativement plus
les hommes, les jeunes, les diplômés de niveau
moyen (source : « Activité, emploi et chômage »,
Haut-commissariat au plan du Maroc, 2007).
Quant à l’Algérie, le taux de chômage atteint 15,3
% en 2005 et 31 % des jeunes sont sans emploi.
Un taux plus élevé que la moyenne des pays de
la région : en 2007, les moins de 30 ans repré-
sentent 72 % des chômeurs du Maghreb (source :
« Algérie, questions choisies », rapport du Fonds
monétaire international -FMI-, février 2007 - Office
national des statistiques d’Algérie, octobre 2007).
Dans ces deux pays, l’objectif d’ASF est de favori-
ser l’insertion des jeunes sur le marché de l’emploi.
ASF Maroc (association de droit marocain) a été fon-
dée en 2004 à l’initiative d’ASF France. Entre autres
activités, elle a mis en place des « ateliers de solida-
rité numérique », pour former à la maintenance infor-
matique des jeunes âgés de 18 à 20 ans, issus de
milieux défavorisés, non-diplômés et au chômage.
Pour en savoir plus: www.ateliersansfrontieres.
org
NIGER : UN JARDIN SUR MESURE POUR LUT-
TER CONTRE LA FAIM
« Avant la flambée des prix des denrées alimen-
taires en 2007-2008, 850 millions de personnes
étaient sous-alimentées dans le monde mais, pour
la seule année 2007, ce nombre a augmenté de 75
millions », a affirmé Jacques Diouf, lors de la Com-
missions des affaires étrangères et de l’agriculture
du Sénat et de la Chambre des députés italiens, à
Rome le 17 septembre 2008. Les principales cau-
ses de ce fléau sont les conflits armés, les catas-
trophes naturelles, la pauvreté et les épidémies.
La société JTS a mis en place le Jardin tropical
amélioré (JTA) pour tenter de lutter contre l’insécu-
rité alimentaire. Son objectif est de fournir un kit de
semences et d’équipements pour l’implantation de
jardins tropicaux, productifs durant toute l’année et
préservant les ressources naturelles du territoire.
JTS est une société commerciale française,
à vocation humanitaire, créée spécifiquement
pour agir dans les zones intertropicales. L’en-
treprise est présente dans 64 pays du Sud.
Depuis 1994, elle vend des semences et des acces-
soires adaptés à des jardins potagers familiaux et
conçoit en 2007 le kit du JTA. Ce dernier, d’une
valeur de 218 €, contient cent sachets de semen-
ces reproductibles (chou, tomate, laitue, carotte,
betterave etc.), de nombreux outils (bâches, goutte
à goutte, plantoir, engrais, griffe à dents, etc.) ainsi
qu’un manuel de jardinage. JTS envoie ses experts
pour monter des réseaux de distribution.
Pour en savoir plus : www.jtssemences.com
UNE MAISON POUR L’ACCUEIL DES
FAMILLES SÉROPOSITIVES
En France, 130.000 personnes sont séropositi-
ves et 27.000 vivent avec le Sida. En 2006, plus
de 6.000 personnes ont découvert leur séropositi-
vité. Parmi elles, 50 % ont été contaminées lors de
rapports hétérosexuels et venaient d’Afrique sub-
saharienne. Face à la stigmatisation et au cumul
des difficultés médicales et sociales rencontrées
par des familles atteintes du VIH-Sida, une initiative
prend forme début 2003 à la Courneuve : des per-
sonnes concernées par la maladie se constituent,
en 2003, en association sous le nom de Maghreb
Afrique Comité des familles pour survivre au sida.
Leur but : organiser des activités conviviales et
rassembleuses qui permettent aux familles vivant
avec le Sida de se rencontrer et de s’entreaider.
Le comité des familles fonctionne depuis cinq ans
grâce au soutien et à la participation de toutes
les familles membres. Avec l’ouverture de la Mai-
son des familles en juin 2008, l’association pro-
pose 18 ateliers sur toute l’année 2008-2009, à
destination des petits comme des grands. Pour
les enfants, sont prévus des ateliers de peintu-
res, des cours de danse hip hop, des sorties à
vélo. Au programme des adultes : activités ludi-
ques, séances informatives sur la nutrition et la
prise des médicaments et groupes de discussion..
Pour en savoir plus: www.papamamanbebe.net
LONDRES : À CHAQUE QUOTIDIEN GRATUIT
SA POUBELLE
En 2007, chaque jour 1.811.339 exemplaires de
quotidiens gratuits sont diffusés à Paris (source :
OJD Association pour le contrôle de la diffusion
de la presse, 2008), soit 81,5 tonnes de papier.
De l’autre côté de la Manche, fin 2008, les deux
principaux gratuits londoniens du soir, London Lite
et thelondonpaper, distribuent au total 900.000
exemplaires, dont 30 % dans la seule City of
Westminster. Dans cet arrondissement, ils repré-
sentent 24 % des ordures collectées et, mélangés
aux autres ordures, ne peuvent pas être recyclés.
Le Westminster City Council s’est appuyé sur le Clean
Neighbourhoods and Environment Act de 2005, qui
permet aux pouvoirs locaux d’interdire la distribution
de publications gratuites là où elles polluent l’envi-
ronnement, pour imposer à deux éditeurs de gra-
tuits de contribuer au recyclage de leurs journaux.
Janvier 2008, le Westminster City Council
signe un accord avec Associated Newspapers
et News International, éditeurs des deux quo-
tidiens gratuits du soir, London Lite et Thelon-
donpaper, pour les engager dans la collecte de
leurs journaux dans quatre zones du West End.
Dans les six mois suivant l’entrée en vigueur de l’ac-
cord, les deux éditeurs ont collecté et recyclé 120
tonnes de papier. Cette quantité s’ajoute aux 465
tonnes collectées dans la même période par la ville
grâce à ses 153 corbeilles.
Pour en savoir plus : www.westminster.gov.uk
MALI : LE MOULIN DÉVELOPPE DES VER-
SIONS « OFF LINE » DE WIKIPÉDIA
Au Mali, 90 % de la population n’a pas accès
à Internet. Seule Bamako, la capitale, est relati-
vement bien desservie au niveau de la connexion
réseau, mais les prix proposés restent encore dif-
ficilement abordables : 30.000 F CFA (45,73 €)
par mois pour une connexion permanente ou 500
F CFA (soit 0, 76 €) par heure dans un cybercafé.
Dans un pays avant tout rural où le revenu natio-
nal brut par habitant est de 380 US$ (298,507
€ par an), Internet est donc encore un luxe que
peu peuvent s’offrir (source : Kunnafoni Mali).
Pourtant, de plus en plus d’ordinateurs sont installés
tous les jours au Mali via des programmes soutenus
par des entreprises (Intel, AMD) et des associations.
Les écoles et communautés des zones isolées ont
été les premières à se voir proposer des vieux ordi-
nateurs. Mais vides de contenus et sans accès à
Internet, ils offrent peu d’utilité. C’est pourquoi des
ingénieurs en informatique travaillant au sein du
réseau Geekcorps Mali ont eu l’idée de mettre au
point des versions « off line » (hors ligne) de Wikipé-
dia. Dans le cadre du projet « le Moulin », un logiciel
a été crée qui permet l’accès à cet outil encyclopédi-
que sans connexion Internet.
Pour en savoir plus: www.kunnafoni.org, www.m
oulinwiki.org
MAÏMOUNA BÉCART : LA CUISINE POUR
RECRÉER DU LIEN SOCIAL
Arrivée du Sénégal en France en 1995 pour suivre
des études d’assurances, Maïmouna Bécart a fini
par faire ce dont elle rêvait : créer sa propre entre-
prise. Passionnée de cuisine, elle a ouvert en sep-
tembre 2008 un espace qui réunit restaurant, ateliers
de cuisine et boutique, le tout faisant la part belle aux
produits issus de l’agriculture biologique et du com-
merce équitable. L’occasion pour elle de montrer que
« la cuisine est un formidable outil de découverte de
l’autre ».
En 2005, Maïmouna lit « Gagner sa vie en se fai-
sant plaisir » de Laurent Edel. Une des découvertes
du globe-trotter, parti à la recherche des initiatives
entrepreneuriales innovantes dans le monde, retient
particulièrement son attention : aux États-Unis,
un groupe de personnes se réunit dans un même
espace et, accompagnées par un chef cuistot qui a
choisi une recette, elles cuisinent le plat ensemble
puis repartent chez elles avec. Passionnée de cui-
sine, Maïmouna décide de dupliquer ce modèle à
Paris, en y ajoutant un aspect agriculture bio et com-
merce équitable.
Maïmiouna développe ce projet pendant deux
ans, tout en travaillant à la Mutualité française. Mais
bien qu’accompagnée par Paris Pionnières (un incu-
bateur pour créatrices d’entreprises à Paris), elle
décide finalement de tout arrêter : « Mes partenaires
devenaient sceptiques sur la réussite d’une telle
action, je ne trouvais ni prêts ni locaux, je n’avais
aucun apport personnel. C’était trop ! », se souvient-
elle. Mais à la faveur d’un congé maternité puis d’un
congé parental, la jeune maman décide de se remet-
tre au travail. En prenant contact avec des collectivi-
tés, elle apprend que la mairie de Vauréal (Val-d’Oise,
Ile-de-France) a passé un appel d’offres pour créer
un point de restauration ; bien qu’en phase de créa-
tion, c’est son projet qui est retenu, devant Sodexo.
Pour en savoir plus : www.dinogo.net
 La Grande Époque EpochTimes.com

NOUVEAU REGARD ÉDITION 145

WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 1 – 15 DÉCEMBRE 2008 • BIMENSUEL

►Chronique d’un observateur du 7e

Nature et violence au cinéma

Au milieu de l’explosion de la pro- tion émeut Raymond Depardon qui nous scénario est un peu simple. Il est le reflet
duction de films américains tou- la transmet comme un tableau aux mille de l’incertitude de nos sociétés. D’ailleurs,
nuances de couleurs, comme le ferait un l’un des agents britanniques s’avère être
jours plus violents existent de peintre avec son pinceau. un traître. Le monde des renseignements
petites étoiles où cohabitent sen- ne peut plus se fier à personne. Seul le
sibilité et discernement. Ce sont VIE SAINE ET TOXIQUE pouvoir intéresse les hommes. L’argent
des films qui ne cherchent pas Dans un autre ordre d’idées un peu dif- s’obtient par des pressions sur les institu-
férent Home d’Ursula Meier conte l’aven- tions et en les menaçant. Marc Forster n’a
d’emblée à faire de l’argent, mais ture édifiante d’un couple pris en otage pas hésité à inverser le générique-sym-
d’abord à montrer le monde avec par le modernisme et la pollution qui en bole de James Bond que l’on trouve à la
ses qualités, ses faiblesses et découle. En effet, une autoroute longe leur fin. Plus d’explosions, plus d’actions, plus
ses contradictions. propriété déversant des nuisances de tou- de cascades ne fait pas un meilleur James
tes sortes ; fumées toxiques, bruits, voyeu- Bond mais plutôt une sorte de brouet au
risme de la part des automobilistes, gaz goût détestable et troublant. Casino royal
UN HAVRE DE PAIX carbonique envahissant leur demeure et avait été d’un meilleur cru : amour, action,
menaçant leur santé.
Il est réconfortant de voir un film sensi- aventures, romantisme, érotisme dosés
ble comme La vie moderne de Raymond La jeune fille du couple ne perd pas son comme dans un bon film de James Bond
Depardon qui traite des derniers agricul- habitude de s’exposer au soleil sur un tran- des années 70 où l’insouciance permettait
teurs pour lesquels le métier de paysan estsat alors que le flot de voitures ne cesse de s’évader, comme dans Goldfinger dans
une passion. d’augmenter. C’est une vraie catastrophe, l’Aston Martin truquée grâce au service du
La campagne les enchante et cons- la femme ne peut se résoudre à quitter ce matériel de sa majesté.
titue la clé de leur existence. Raymond qu’elle a pu réunir tout au long de sa vie.
Depardon s’aventure sur les petits sen- Son mari tente de la faire partir pour leur VIOLENCE ET TOTALITARISME : LA
tiers déserts qui mènent vers les fermes oùéquilibre psychique et pour sauver leur BANDE À BAADER
agissent des hommes dont les yeux brillent couple menacé d’explosion par cette tra- La paix est difficile à trouver dans
lorsqu’ils parlent de leurs activités. gédie qui se joue malgré eux. nos sociétés. Lorsqu’un peu de sérénité
Les hommes et les femmes ont mal au Elisabeth Huppert comme toujours égraine notre quotidien, le passé revient
cœur de devoir quitter leur exploitation à interprète son personnage avec convic- à la charge déversant son flot d’histoi-
cause de leur âge avancé. Certains sont tion y ajoutant une touche d’absurde et res violentes et malpropres. Devons-nous
âgés de plus de 80 ans et ne sont pas de « naturalisme ». Quant à Olivier Gour- pour autant détruire ou interdire le passé
pressés de prendre leur retraite, terme met, il est tout simplement extraordinaire. comme dans Fahrenheit 451 tourné par
qu’ils ne comprennent pas. Ils prétendent Évidemment la vision du film permettra de fil invisible et souvent s’y mêle le religieux violence, le refus de comprendre que tout François Truffaut dans lequel les hommes-
n’écouter que le langage du corps : « Je décoder tous ces qualificatifs. Ajoutons pour ajouter à la confusion que traverse le monde n’est pas irréprochable et que la livres permettent grâce à leur mémoire de
n’arrive pas à marcher, je ne peux plus que ce type de film appartient à une caté- notre société. L’exemple de cette terreur critique caricaturale permet de remédier à sauver des milliers de livres brûlés par des
emmener les bêtes dans la prairie ». gorie « réflexive », créé souvent en co-pro- aveugle qui frappe l’Inde où des groupes l’incompréhension entre les peuples et les réfractaires à la culture, soucieux de sou-
Des jeunes venus s’installer à la cam- duction entre la Suisse, la Belgique et la islamistes attaquent des hôtels, des gares, communautés. Charlie Hebdo tient incon- mettre l’homme aux exigences totalitaires
pagne pour quitter la ville espéraient France, cela représente une sorte de bouf- des restaurants faisant plus de cent morts. testablement une place indispensable de quelques uns d’entre eux.
gagner suffisamment d’argent pour répa- fée d’air créative pour « un jeune cinéma » L’actualité a rejoint le cinéma et la réalité pour les lecteurs et citoyens qui veulent Avec La bande à Baader d’Uli Edel, le
en formation permanente.
rer le toit de l’écurie et celui de la grange dépasse la fiction. Nous sommes en plein comprendre notre société, si nous devons passé est restauré. Le film en 2h25 couvre
de leur ferme tombée presque en ruine à western. La ruée vers l’Ouest s’est remise capituler face aux menaces de gens mal deux ans d’histoire trouble de l’Allemagne,
cause des intempéries. Leurs espoirs sont CARICATURES, ATTENTATS ET en route. Quel sera l’or de ces nouveaux « intentionnés et des bandits, voire des les années de plomb. Un groupe d’extrême
décomposés au point qu’ils doivent bais- LIBERTÉ D’ÉCRIRE conquérants de la violence » ? assassins. En ce sens, le film de Daniel gauche, la bande à Baader, combat la poli-
ser les bras avec tristesse. Cette réac- Violence et précarité sont liées par un Daniel Leconte décrit une autre sorte de Leconte est revigorant et stimulant. tique impérialiste, selon elle, que pratique
Les musulmans se sont émus de trou- l’Allemagne. N’étant pas écoutée des ins-
ver des caricatures dans leurs journaux. tances gouvernementales, elle décide de

Instant terrestre www.instanterrestre.com Elles avaient été créées et publiées au

Danemark. Le Canard enchaîné et Char-
lie hebdo se sont fait un plaisir d’en créer
d’autres. A partir de là l’affaire va s’em-
baller et entrer dans une aire de con-
flit, dépassant les frontières de la France.
Philippe Val, directeur de Charlie hebdo
est assigné en justice par la Mosquée de
Paris, la ligue islamiste mondiale et l’union
des organisations islamistes de France.
Les témoins sont filmés, les alliés de
Philippe Val sont convaincants : Elisabeth
Badinter explique l’importance de ce juge-
ment et pourquoi il est fondamental de le
gagner. Des musulmans n’acceptent pas
le jugement du tribunal qui déboute les
organisations musulmanes. Les carica-
tures montraient l’absurdité meurtrière
des organisations islamistes (et non pas
musulmanes), leurs visions agressives et
meurtrières. Les associations plaignantes
auraient pu assigner en justice les jour-
nalistes pour avoir critiqué les islamistes
responsables de l’attentat du 11 septem-
bre 2001 à New York. Dans quel monde
vivons-nous donc ? En ce sens le film
devient une bouée, une bouffée d’oxy-
gène, une nécessité pour respirer au
milieu des émanations de haine et de mau-
vaise foi...
Le film passionnant de bout en bout per-
çoit bien le refus des organisations musul-
passer à la phase de la terreur. Ses mem-
bres tenteront de mettre à sac l’économie
allemande en pratiquant des actes terro-
ristes. Ils s’allieront aux terroristes pales-
tiniens Septembre noir, et essaieront
d’autres alliances, sans y parvenir, à cause
de leurs exigences idéologiques. L’attentat
contre le dirigeant politique Rufi Deutschke
est un point fort du film qui décrit la ren-
contre d’Andréas Baader et de sa com-
pagne Gudrun Ensslin et de l’adhésion
de l’intellectuelle Ulrike Meinhof. De ces
associations naîtra un groupe terroriste
redoutable. Film remarquable, La bande à
baader sait rapporter le passé.
Bien sûr, il n’est pas possible de faire
l’économie du film de Margaret Von Trotta,
les années de plomb (1981), description
brillante et précise de cette période tour-
mentée de l’Allemagne.
HUNGER OU LA PRISON POUR MOU-
RIR AVEC SES IDÉES
Steve McQueen, le réalisateur de Hun-
ger, est l’homonyme de l’acteur hollywoo-
dien décédé le 27 novembre 1980. Dans la
prison Mazé en Irlande du nord, les déte-
nus refusent de porter l’uniforme des droits
communs et demandent au gouvernement
conservateur de leur restituer leur statut de
prisonniers politiques. Ils vivent nus sous
des couvertures depuis cinq ans, font la

Le village et l’enfant
manes à reconnaître que « l’islamisme »,
organisation politique terroriste, n’a rien à
voir dans l’esprit des journalistes avec les
musulmans. Il était essentiel pour la liberté
On le voit à peine dans ce dédale de maisons et pourtant on ne voit que lui, enfant du pays Dogon, au Mali. de pensée du citoyen, de ne pas donner
L’image illustre ce proverbe africain : « Pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village ». Le sien est fort raison à ces schémas sur la religion qui
d’une histoire riche. Niché sur la falaise de Bandiagara, longue chaîne de grès s’étirant du sud au nord- datent du Xe siècle de notre ère. Les juges
ne s’y sont pas trompés et une lettre inat-
est sur 200 km, dont les caractéristiques géologiques, archéologiques, ethnologiques et ses paysages en tendue du président de la République allait
font un des sites les plus imposants d’Afrique de l’Ouest. Surtout, c’est un lieu culte pour ses habitants, les dans ce sens.
Dogons, parvenus au pied de leur « montagne » vers le XVe siècle. Cette ethnie possède des traditions
prestigieuses encore vivantes : masques, fêtes rituelles et populaires, cultes rendus aux ancêtres. Tradi- COUPS DE FEU DANS LA SIERRA
tion et héritage, de beaux appuis pour avancer sereinement dans la vie. Pour que l’enfant donne tort à cet Quantum of Solace, au titre incompré-
adage africain : « On tarde à grandir, pas à mourir ». hensible, signifie être bien dans le confort
et la sérénité. Nous sommes dans une vio-
Texte de Anouk Corge et photo de Stéphane Cabaret lence permanente, presque gratuite car le
grève de l’hygiène. Les autorités péniten-
tiaires décident de briser le mouvement
de grève en la réprimant avec une vio-
lence inouïe, des passages à tabac avec
l’aide d’une armée de policiers d’une inhu-
manité inimaginable. Plusieurs matons (15
au total) seront exécutés en représailles
des sévices qu’ils ont perpétrés sur leurs
« camarades ». D’une description étour-
dissante de beauté et d’horreur, le réa-
lisme et l’esthétique de McQueen font
penser à des tableaux surréalistes comme
si la vie était un enfer. Le prix de la Caméra
d’Or, récompensant à Cannes un premier
film, est amplement mérité.
ALAIN PENSO
10 Environnement
►Écotourisme : vers la géothermie
Le volcan Karthala s’illumine
Le volcan Karthala est sous les
feux des projecteurs mondiaux.
Installé sur l’île de la Ngazidja,
le volcan est situé dans l’Océan
Indien au sud-est de l’Afrique,
près de Madagascar. L’île forme
avec l’ensemble de l’archipel des
Comores, la collectivité d’outre-
mer française de Mayotte. Le
19 novembre à Moroni, la capi-
tale de l’union des Comores, a
eu lieu un colloque international,
intitulé La maîtrise et la valorisa-
tion du volcan. Cette rencontre
a été organisée par le Pro-
gramme des Nations Unies pour
le développement et le gouver-
nement comorien. Ils ont réuni
des scientifiques internationaux,
des spécialistes en volcanologie
et prévention des catastrophes,
ainsi que des politiques et des
économistes.
MYTHOLOGIE UNE FASCINATION SUR LES
VOLCANS
Le Karthala est un volcan gigantes-
que. Il couvre les deux tiers de l’île de
la Grande Comore et entre dans la caté-
gorie des volcans boucliers. Il fait partie
des plus connus dans le monde avec le
Piton des neiges à la Réunion, l’Erta Ale
en Éthiopie et le Kilauea à Hawaii. La vita-
lité volcanique du Karthala est à l’origine
d’abondantes croyances populaires. En
effet la mythologie a toujours été fascinée
par les volcans, comme par exemple celle
disant qu’un djinn (un esprit) aurait jeté la
bague du prophète au sommet du volcan,
et ainsi s’est ouverte la caldeira. En Éthio-
pie, la légende diffère. Les populations
pensent que le trône de la reine de Saba
aurait été jeté par les djinns dans le cra-
tère de feu. Ces croyances donnent à ces
phénomènes une forme, une entité physi-
que, émotionnelle, presque humaine.
Plus concrètement, les éruptions arri-
vent brutalement et violemment et mettent
en danger la vie des gens vivant aux envi-
rons des volcans.
La géothermie, enjeu d’une nouvelle société
L’UTILISATION de l’énergie terrestre est
d’actualité, tout en étant très ancienne.
L’utilisation de la chaleur du sous-sol
daterait de 15 à 20.000 ans. Les pre-
miers vestiges découverts qui témoignent
de son activité l’ont été sur le site de Nii-
sato au Japon où l’on trouve des outils
en pierre volcanique taillés. Autrefois, la
région des volcans était un lieu privilégié
de détente, car grâce aux sources d’eau
chaude, des lieux conviviaux étaient édi-
fiés, des lieux de bains ou des maisons
confortablement chauffées à l’énergie
souterraine. Les premières civilisations
utilisaient déjà les bains thermaux et les
boues servaient de soins médicaux aux
Etrusques dès 3.500 av. J.-C. De nom-
breuses ruines en témoignent. Par la
suite, la civilisation romaine a atteint la
perfection architecturale dans l’exécution
des bains publics.
LES THERMES : LIEU DE RENCONTRES ET
D’ÉCHANGES
Avec l’apparition de la civilisation, la
pratique des bains thermaux et l’utilisa-
tion des boues pour les soins du corps se
sont répandus dans le monde. Ces lieux
favorisèrent les rencontres et les échan-
ges entre les citoyens d’une même cité.
Ce sont surtout les régions volcaniques
qui utilisèrent en premier l’énergie souter-
raine. Des centres de bien-être se créè-
rent dans de nombreux pays : au Japon,
en Amérique et en Europe.
LA GÉOTHERMIE ET L’ENVIRONNEMENT
En 1992, lors de la conférence de Rio
sur l’environnement, les nations ont pris
conscience de la dégradation avancée
www.lagrandeepoque.com
L’activité volcanique à l’intérieur du cratère du volcan Karthala dans l’île de la Grande Comores de l’archipel de l’Océan Indien. Le volcan, est
situé à 15 kilomètres de la capitale de Moroni.
LE VOLCAN, UN POTENTIEL ÉCONOMIQUE
Le volcan Karthala s’élève à 2.360
mètres d’altitude. Il est actuellement célè-
bre pour sa valeur commerciale d’éco-
tourisme et pour son potentiel d’énergie
propre (géothermie). L’archipel des Como-
res est assez pauvre. C’est pourquoi le vol-
can représente actuellement un immense
potentiel économique. Il ne laisse pas
indifférent puisqu’au cours du siècle der-
nier, il est entré vingt fois en éruption et
depuis 2005, quatre autres incidents ont
été signalés. Monsieur Kumah, coordon-
nateur du système des Nations Unies aux
Comores, a déclaré à l’ouverture du collo-
que : « Le Karthala représente une vraie
et permanente menace pour la population
et l’infrastructure économique. Il est de
de la planète. C’est ainsi que la plupart
des pays ont décidé de travailler ensem-
ble au développement durable. Ainsi, la
géothermie s’est imposée d’elle-même,
en même temps que toutes les énergies
renouvelables. L’exploitation géothermi-
que est un atout majeur pour l’avenir de
la planète. Elle produit peu de rejets et ne
participe pas à la dégradation du climat.
À l’inverse des énergies fossiles, la géo-
thermie est inépuisable. La chaleur du
sous-sol est présente dans tous les conti-
nents. Mais elle est plus ou moins facile à
extraire, tout dépend de la formation géo-
logique des sols. La terre est de plus en
plus chaude au fur et à mesure que l’on
s’enfonce dans ses entrailles. Le noyau
solide de la terre situé à 6.370 kilomètres
est d’une température de 4.200 °C.
CHALEUR ENFERMÉE DANS LA CROÛTE
TERRESTRE
L’énergie géothermique provient de la
chaleur enfermée dans la croûte terres-
tre et dans les couches superficielles du
sol. On différencie deux sortes de géo-
thermie : la géothermie de surface et la
géothermie profonde.
La géothermie de surface permet la
récupération de la chaleur pendant l’hiver
et de la fraîcheur pendant l’été à partir de
la couche superficielle du sol. En fait, à
quelques mètres de profondeur, la tem-
pérature est constante toute l’année. En
été, l’air ambiant est donc plus chaud que
celui du sous-sol et à l’inverse, les tem-
pératures sont plus élevées dans le sous-
sol l’hiver que celles de l’extérieur.
La géothermie profonde consiste à uti-
liser la chaleur de l’intérieur de la Terre
notre devoir d’étudier ce risque pour s’en
protéger ». Il a ajouté : « En même temps,
le volcan a un immense potentiel écono-
mique qui peut être exploité pour le béné-
fice du pays, particulièrement pour ceux
qui vivent sur les pentes du volcan. Ce
colloque explore les voies et moyens pour
exploiter le volcan et réaliser les objectifs
du Millénaire pour le développement. »
ÉCOTOURISME ET GÉOTHERMIE
Cette rencontre doit permettre de gérer
les risques, en faisant l’inventaire des
recherches, et de connaître la biodiver-
sité du massif du Karthala qui est d’une
richesse exceptionnelle. Aujourd’hui la
faune et la flore comorienne sont mena-
cées d’extinction, surtout les espèces
La Vallée des Geysers, sur la péninsule Kamchatka dans le Grand Est
de la Russie, est l’un des cinq lieux du monde qui abrite les geysers
les plus importants. Tout gargouille, tout chauffe, et tournoie et s’élève
en volutes dans l’air froid. Les étangs et les sources se colorent de
mille teintes, jade, outremer, turquoise, topaze et cuivre.
pour le chauffage ou la production d’élec-
tricité. Elle consiste à capter la chaleur
dans les profondeurs. Par exemple en
supposant que la température augmente
de 3 °C pour 100 mètres de profondeur,
donc en allant jusqu’à 5 kilomètres sous
le continent, les températures peuvent
atteindre 150 °C. En France, le bas-
sin Rhénan d’Alsace présente un gra-
dient géothermal plus élevé allant jusqu’à
10 °C par tranche de 100 mètres.
LA GEOTHERMIE EN FRANCE
1 – 15 DÉCEMBRE 2008 ●
endémiques, la cause étant la destruc-
tion des habitats. Seules quelques espè-
ces bénéficient d’une protection légale
aux Comores : Cœlacanthe, tortues mari-
nes, lémurs, coquillages et coraux. Mais
les textes, toujours en vigueur pour la
chasse, la pêche et l’exploitation fores-
tière, datent de la période coloniale et
nécessitent une révision. Cette rencon-
tre doit valoriser l’écotourisme, qui est en
effet négligé depuis longtemps. Aucune
agence de voyages à la Réunion ne pro-
pose les Comores comme destination
dans ses catalogues et pourtant dans
l’étude des volcans on pourrait proposer
la découverte humaine et géographique
d’une île à l’autre.
Par la géothermie il s’agirait d’extraire
Vasily Suvorov/Getty Images
Actuellement une seule centrale
fonctionne en France. Cette centrale
est située à Bouillante en Guadeloupe.
Par contre, depuis les années 70 et 80
le bassin parisien accueille le plus grand
nombre d’équipements géothermiques au
monde. L’application de la géothermie en
région parisienne satisfait à la production
de chaleur à des fins industrielles et
collectives, utilisée pour le chauffage
urbain.
Un nouveau débouché concerne la
production de chauffage domestique
La Grande Époque
Stringer/Getty Images
la chaleur contenue dans le sous-sol afin
de l’utiliser comme source énergétique.
Le président comorien, Ahmed Abdallah
Sambi, a soutenu, que le volcan Karthala,
pourrait constituer une source d’énergie
géothermique.
On estime que la géothermie en roches
profondes pourrait produire en Europe de
l’ouest 900 térawatts-heure par an, ce qui
correspond à près de deux fois la con-
sommation électrique de la France. La
capacité pourrait même être supérieure,
du fait que les chercheurs ont observé
qu’il est possible d’exploiter des eaux de
100 °C à une faible profondeur. C’est
ainsi qu’une nouvelle énergie renouvela-
ble apparaît.
HÉLOÏSE ROC
par le biais des pompes à chaleur (PAC)
géothermiques ou aérothermiques. Les
ventes de pompes à chaleur double-
ront d’ici à 2010. La vente s’est élevée
à 69.600 unités en 2007 et les prévisions
sont de 142.000 pour 2010 (chiffres de
l’ADEME).
SOULTZ-SOUS-FORÊTS : UN PROGRAMME
EUROPÉEN
C’est un programme pilote initié en
2000 et se terminant actuellement. Il a
été réalisé avec le soutien financier de
l’ADEME, du gouvernement allemand et
de l’Union européenne. Il vise à extraire
la chaleur des granites profonds pour la
transformer en électricité.
À quelques kilomètres de profon-
deur, la chaleur se trouve en grande par-
tie emmagasinée dans des formations
rocheuses peu perméables, donc sans
eau. Il est difficile de capter cette éner-
gie. L’idée a été de créer artificiellement
des réservoirs géothermiques en profon-
deur, en fracturant les roches et en leur
injectant de l’eau. Ce concept inventé
par les Américains dans les années 1970
correspond à ce que l’on appelle la géo-
thermie profonde ou « géothermie des
roches chaudes fracturées ».
Après dix ans de tests et sondages, en
1997 et pendant quatre mois, une circu-
lation d’eau a été réalisée entre les deux
forages profonds, avec un débit de 25
kg/s et une température supérieure à
140 °C, sans perte d’eau ni effet de cor-
rosion, et avec une puissance de pom-
page modeste. Belles perspectives pour
les énergies renouvelables !
HÉLOÏSE ROC
La Grande Époque ● 1 – 15 DÉCEMBRE 2008
Voyage au bout du monde
Aucun de vos voyages précédents ne
peut vous préparer à la faune et aux
paysages qui vous attendent lors d’un
voyage au bout du monde en Antarctique.
SEULEMENT 200.000 personnes ont posé le pied
sur le « continent blanc » et ce n’est que depuis 1967
que le tourisme a commencé en Antarctique avec le
lancement du navire d’expédition Lindblad Explorer.
Quarante et un ans plus tard, la croisière est encore
le principal moyen pour visiter la plus grande aire
de nature sauvage inexplorée. Le nombre annuel
de visiteurs est passé de quelques centaines à un
record de 30.000 en 2007. La saison des croisiè-
res s’étend au cours de l’été austral, de la mi-novem-
bre à début mars. En novembre dernier, j’ai voyagé
à bord du navire d’expédition MS Bremen de Hapag
Lloyd Cruises.
TRAVERSÉE FIABLE QUI RESPECTE L’ENVIRONNEMENT
Les deux navires d’expédition de Hapag Lloyd, le
MS Bremen et le MS Hanseatic, ont un faible tirant
d’eau et une coque renforcée pour la glace, con-
çue pour les croisières dans les régions polaires. Ils
sont équipés de systèmes de protection de l’environ-
nement dotés d’une technologie de pointe. Ils sont
traités avec une couche non toxique pour l’eau et ali-
mentés au diesel. Toutes les eaux usées sont traitées
biologiquement.
Tous les navires de croisière dans l’Antarctique
doivent se conformer aux règlements et directives
établis par l’International Association of Antarctica
Tour Operators (IAATO), un organisme fondé en
1991 dans le but de s’assurer que les voyages au
continent se fassent tout en respectant l’environne-
ment. Aujourd’hui, ses 97 membres comprennent des
voyagistes, des groupes de protection de la nature,
des agents maritimes, des armateurs, des agents de
voyage et des organismes gouvernementaux.
En raison de la fragilité de son écosystème, l’An-
tarctique ne peut accueillir un tourisme de masse.
L’IAATO a décrété que seuls des petits groupes peu-
vent se rendre dans les 50 sites de débarquement
désignés. La plupart des navires de croisière longent
la côte de la péninsule de l’Antarctique et les pas-
sagers sont transportés à la rive en Zodiac, de soli-
des bateaux pneumatiques développés par le célèbre
explorateur Jacques Cousteau.
Des manchots souhaitent la bienvenue au MS Bremen en croisière dans l’Antarctique.
DES MANCHOTS ET DES PHOQUES
Dès que vous débarquez sur le rivage, vous ren-
contrez souvent de grandes colonies de manchots,
des centaines de milliers à certains endroits, qui
passent les mois de l’été à se reproduire et à pren-
dre soin des petits. Après la ponte des œufs à la
mi-novembre – l’éclosion a lieu de 30 à 40 jours
plus tard – les rives sont jonchées de bébés man-
chots au mois de décembre.
Outre les manchots, les plus grandes popula-
tions fauniques sont les phoques ; ceux-ci parta-
gent leur temps entre la terre et l’océan. Ils aiment
également se prélasser sur les icebergs. La plus
remarquable des nombreuses espèces de pho-
ques est le phoque de Weddell qui peut plonger
à 1.300 pieds de profondeur et rester plus d’une
heure sous l’eau.
Même si les manchots et les phoques ne sem-
blent pas être effrayés par les humains, il est pré-
férable de garder une distance respectueuse afin
de ne pas déranger leurs aires de nidification.
Aussi, marchez prudemment pour ne pas écraser
les lichens et la mousse sous vos pieds. Plus d’une
centaine d’espèces de lichens poussent dans l’An-
tarctique et ils peuvent survivre à de très basses
températures dans un environnement avec un
minimum d’humidité et peu de sol. Ils ont aussi une
longue durée de vie, mais poussent très lentement,
www.lagrandeepoque.com
Hapal Lloyd Cruises
Si vous êtes chanceux, vous pourrez voir
de près différentes espèces de baleines qui
migrent vers le sud au cours de l’été.
aussi peu qu’un vingtième de pouce par siècle.
UNE ESCORTE AILÉE
Lors de son voyage vers le sud, le Bremen a
été escorté par une multitude d’oiseaux de mer,
y compris l’albatros errant et les pétrels-tempête
qui plongent en piqué pour attraper les poissons
amenés à la surface dans le sillage du navire.
De tous les oiseaux, l’albatros possède la plus tique du MS Bremen pour 2008-2009, consulter
grande envergure. Ces extraordinaires voltigeurs www.hl-cruises.com.
Voyage 11
sont enchantés de se déplacer dans le courant du
vent alors qu’ils décrivent des cercles à répétition
autour du bateau.
Après avoir passé deux jours à traverser le tur-
bulent passage Drake (l’un des tronçons les plus
difficiles des océans dans le monde, où les vagues
peuvent dépasser neuf mètres), le navire voguait
dans des eaux plus calmes comme nous appro-
chions la péninsule Antarctique. Le lendemain
matin, j’ai aperçu, à tribord du navire, plusieurs
icebergs qui flottaient au large de la côte et, peu
après, nous avons passé une flottille de scintillants
icebergs de tailles et de formes inimaginables, cer-
tains aussi haut que des gratte-ciel qui semblaient
briller de l’intérieur dans des tons de turquoise,
aigue-marine et bleu.
Les icebergs naissent des glaciers selon un pro-
cessus connu sous le nom de vêlement, et environ
100.000 sont créés chaque année. Après la rup-
ture des glaciers, les icebergs sont poussés par le
vent et les courants dans les mers environnantes.
Le plus gros iceberg a été aperçu, en 2000, flot-
tant au large de la Barrière de Ross. Il mesurait
près de 300 kilomètres de long sur 35 kilomètres
de large. Les excursions en zodiac nous amènent
souvent très près des parois escarpées des gla-
ciers et nous croisons fréquemment des icebergs
où les phoques et les groupes de manchots se pré-
lassent au soleil ou glissent dans l’eau.
LE TEMPS DES BALEINES
Si votre zodiac est au bon endroit au bon
moment, vous pouvez observer plusieurs espèces
de baleines qui migrent ici pendant l’été, y com-
pris la baleine à bosse, le rorqual bleu et l’orque.
Si vous êtes exceptionnellement chanceux (je ne
l’ai pas été !), vous pouvez voir le spectacle que
donne la baleine à bosse qui bondit hors de l’eau,
un phénomène connu sous le nom de rupture. La
baleine bleue, le plus gros animal qui ait jamais
vécu, peut mesurer jusqu’à 30 mètres de long et
peser 150 tonnes. Une autre magnifique créature
est l’orque (baleine tueuse) qui peut nager à une
vitesse de 55 kilomètres à l’heure.
JONATHAN SISKIN
Collaboration spéciale
Pour en savoir plus sur les croisières en Antarc-

1 5 6
5 6 7 2 1
2 9 1
5 3 8
9 2 3 1
8 5 9
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9 8 6 7 4
Solution
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La Grande Époque EpochTimes.com

À New York en 2000, de jeunes doctorants d’origine chinoise

achètent un journal local du New Jersey dans l’ambition de trai-
ter le plus objectivement possible l’actualité chinoise. Le journal
Da Ji Yuan (La Grande Époque) est né.
Sept ans plus tard, La Grande Époque est diffusée en 18
langues dans plus de 30 pays. Elle est distribuée dans des
villes telles que Toronto, Taipei, San Francisco, New York,
Buenos Aires, Lima, Sydney, Hong Kong, Tokyo, Berlin,
Londres…
Paris a vu naître en janvier 2005 sa version en langue
française également disponible à Genève, Bruxelles et
Montréal.
La Grande Époque offre un « regard nouveau sur un
monde en évolution ». Créée avec la volonté de promouvoir
la diversité des points de vue et l’indépendance d’informa-
tion, La Grande Époque est aujourd’hui l’une des premières
sources d’information indépendante sur la Chine.
Avec des journalistes présents dans une trentaine de
pays, La Grande Époque propose également à ses lecteurs
un contenu éditorial riche et varié. Actualité internationale,
protection des droits humains, de l’environnement et de la
diversité culturelle, art de vivre et bien-être sont autant de
thèmes qui font la spécificité de cette publication.
12 Santé et Bien-être
Le danger des additifs alimentaires
La société de profit et donc de consom-
mation qui envahit de plus en plus le
monde en lui infligeant de se plier à ses
intérêts passe évidemment par l’indus-
trialisation de toute production. L’alimen-
tation humaine n’échappe pas à cette
inquiétante évolution, favorisée par les
guerres qui ont permis aux lobbies cor-
respondants de prendre naissance, puis
de devenir extrêmement puissants. Ils
le sont d’autant plus désormais que
l’explosion démographique mondiale
actuelle – nous devrions être 9 milliards
dés 2050 – leur assure un marché en
perpétuel essor. Au prix d’une dégrada-
tion générale de la santé des personnes,
l’agroalimentaire industriel s’associe iné-
luctablement à la chimie afin de ren-
dre ses produits moins périssables et
plus attractifs, ayant pour effet à plus ou
moins long terme de compromettre les
équilibres métaboliques caractéristiques
de tout organisme originellement sain.
SIGNALONS aussi pour mémoire le gigantesque
gisement de déchets pratiquement impossible à
endiguer sérieusement qu’engendre l’activité indus-
trielle, en particulier dans le domaine alimentaire, ce
dont la chronique est continuellement défrayée, en
France comme à l’étranger. Les médias et respon-
sables officiels ont manifestement pour consigne
de rester rassurants sur ces problèmes dans leur
ensemble, tout comme sur les atteintes perpétuel-
les à l’environnement des industries. Mais certains
auteurs et éditions moins en vue ont le courage de
les évoquer de manière scrupuleuse et objective,
accomplissant donc un véritable devoir d’avertis-
sement… La liste des additifs a de quoi nous faire tourner la tête.
LES ADDITIFS ALIMENTAIRES
Ainsi en est-il, pour ce qui est des additifs alimen-
taires et de leur danger pour la santé de Corinne
Gouget, spécialiste depuis 12 années de ces subs-
tances, auteur de Additifs alimentaires Danger
publié aux éditions Chariot d’Or. Ce petit livre de
format 10x15 (comme une carte postale) en est en
2008 à sa 7e édition et à son 61e millier d’exemplai-
res. Il comporte 101 pages répertoriant de la page
24 à la page 66 plus de 350 additifs divers (colo-
rants, conservateurs, antioxydants, émulsifiants,
édulcorants) et fait allusion sans les détailler à plus
de « 6.000 arômes, la plupart artificiels, agents de
lavage, de pelage, de démoulage, solvants d’extrac-
tion, enzymes, agents antimoussants » non men-
tionnés sur les étiquettes du commerce.
Parmi les additifs y apparaissant couramment,
tous ceux précédés de la lettre « E » (signifiant
« Europe ») et suivis d’un numéro correspondant à
leur catégorie, certains d’origine végétale, sont con-
sidérés comme sans nocivité. Mais le plus grand
nombre est de nature chimique et peut à la longue
provoquer de notables dégâts (éventuellement irré-
versibles) au corps humain en attaquant et même
détruisant des sites vitaux, neurologiques et autres.
Les bienfaits de la lumière solaire en hiver
L’AUTRE jour, j’ai lu dans un communiqué du dépar-
tement des relations publiques d’un grand magasin
anglais, que les ventes de lampes simulant la lumière
solaire du jour étaient en hausse de 80 % par rapport
à l’année dernière. Cette hausse des ventes serait
due en grande partie à l’été morne, sans soleil que
nous avons connu au Royaume-Uni.
Le communiqué tombait à pic, car deux jours
auparavant, j’avais ressorti ma lampe de simulation
de lumière solaire achetée l’année dernière pour lut-
ter contre les effets négatifs d’une météo triste, qui ne
va pas s’améliorer avec l’hiver.
LUMINOTHÉRAPIE
De tels appareils sont généralement vendus
comme une solution contre les troubles affectifs sai-
sonniers (TAS), caractérisés par une déprime les
mois d’hiver et ou une chute du moral. Parmi les
symptômes liés à cet état figurent la fatigue et un plus
grand besoin de glucides.
Même pour les personnes qui ne souffrent pas de
troubles affectifs saisonniers, un certain nombre de
faits montrent que si l’on prend des mesures pour
s’exposer suffisamment à la lumière solaire (ou à un
équivalent) pendant l’hiver, cela procure des bienfaits
indéniables. Bien sûr, l’insuffisance de lumière solaire
peut provoquer des états qui ne sont pas assez sévè-
res pour être qualifiés de TAS, mais qui peuvent
néanmoins miner notre bien-être.
www.lagrandeepoque.com
Trois de ces produits d’addition, consommés
sans aucune méfiance, surtout pour les jeunes,
(mais aussi par tous les âges) et en quantités fina-
lement importantes au bout de l’année sont spécia-
lement épinglés : ce sont l’aspartame ou faux sucre
(E951), l’Ace-sulfame-K (E950) « édulcorant et
exhausteur de goût de synthèse 200 fois plus sucré
que le sucre » et le glutamate (E621) (glutamate
monosodique ou GMS-MSG en anglais - utilisé
« dans des milliers de produits alimentaires, soupes
en sachets, nombreuses chips, plats préparés, pro-
duits de régime, ‘bâtons de crabe’, etc. »).
Nous suivons ci-après Corinne Gouget dans les
indications qu’elle estime devoir fournir à leur sujet
et les résumons en substance, avec les réserves
d’usage. Mais elle-même, préparée aux levées de
boucliers classiques en pareil cas s’appuie sur tout
un éventail d’études très documentées et recou-
pées, réalisées au cours des dernières décennies
par des chercheurs le plus souvent anglo-améri-
cains, ou de différents pays d’Europe ; elle se pro-
pose d’en présenter dans une prochaine édition de
son livre une synthèse en français. Elle cite aussi
abondamment ses sources, soit publiées par divers
éditeurs, soit accessibles par internet.
C’est une information tirée d’une recherche finlan-
daise publiée au début de la décennie qui présentait
cette idée. La luminothérapie a été utilisée sur des
employés de bureau, dont certains présentaient des
symptômes de TAS - et d’autres pas.
Les employés de bureau sont de bons sujets pour
une telle étude dans la mesure où ils peuvent facile-
ment manquer de lumière solaire naturelle en hiver
du fait qu’ils vont au bureau et en reviennent parfois
alors qu’il fait nuit et qu’il leur arrive également de res-
ter sur leur lieu de travail à l’heure du déjeuner. Tout
au long de leur semaine de travail, c’est donc une
population qui peut facilement manquer de la lumière
naturelle du soleil.
PLUS DE BIEN-ÊTRE
Comme on pouvait s’y attendre dans cette étude,
la luminothérapie a amélioré les symptômes de TAS.
Cependant, elle a aussi bénéficié, en termes de vita-
lité et d’humeur, aux individus « sains » qui n’avaient
aucune manifestation de TAS. Cette étude est affai-
blie par le fait qu’elle repose sur l’estimation indi-
viduelle des symptômes, alors qu’une évaluation
formalisée et externe aurait pu fournir des données
plus précises sur l’ensemble des améliorations obte-
nues.
Toutefois, si la carence en lumière solaire natu- S’exposer à la lumière du soleil en hiver est l’une
relle peut provoquer de la dépression, la logique veut des façons de combattre les TAS ou Troubles
qu’une exposition accrue à cette lumière, ou la lumi- Affectifs Saisonniers.
1 – 15 DÉCEMBRE 2008 ●
Photos.com
L’ASPARTAME
L’aspartame, incorporé dans des milliers de pro-
duits commercialisés dans une centaine de pays
dans le monde, aurait été imposé sur le marché
mondial par de puissants intérêts dans les années
80. Il est présent dans les édulcorants de table,
sucrettes, boissons dites light, chewing-gum sans
sucre, etc., et génère un chiffre d’affaires consi-
dérable (2.000 tonnes en seraient consommées
en Europe par an). Il présenterait cependant une
neurotoxicité entraînant pour ses consommateurs
de nombreux effets secondaires, préoccupants au
point qu’en mai 2007 certaines chaînes de super-
marchés en Angleterre se sont engagées à le reti-
rer de la vente. Aux États-Unis, dès 1995, la FDA
(Food and Drug Administration) a établi une liste de
92 effets secondaires, bénins ou graves « allant du
simple mal de tête au cancer du cerveau en pas-
sant par des maladies comme celles de Parkinson,
d’Alzheimer, la sclérose en plaques », résultant de
l’action des produits de la décomposition métaboli-
que de la molécule d’aspartame. Sa consommation
est donc à éviter. D’autres édulcorants plus récents
(SPLENDA et NEOTAME) tentant de s’infiltrer sur
son marché, provoqueraient également des effets
Photos.com
Le docteur John Briffa exerce à Londres. Il écrit
avec un intérêt particulier sur la nutrition et la méde-
cine naturelle.
La Grande Époque
indésirables. Il faut encore noter que l’association
de plusieurs des substances incorporées aux den-
rées alimentaires industrielles peut amplifier la noci-
vité de chacune d’entre elles considérée isolément.
Nul ne sait à quel risque il s’expose vraiment lors-
qu’il absorbe des aliments de composition malaisée
à vérifier.
L’ACESULFAME-K
Souvent associé à l’aspartame en raison de
son arrière goût amer, ce produit entre dans « les
chewing-gums, de nombreuses boissons, confi-
series, pâtisseries industrielles, desserts, certai-
nes boissons lactées » et beaucoup d’autres. Il est
noté pire encore que l’aspartame, car cancérigène,
favorisant la leucémie, les tumeurs au poumon et la
montée du cholestérol…
LE GLUTAMATE OU GMS
Aussi dangereux que les précédents, cet addi-
tif a pour action de favoriser « l’épidémie d’obésité
que nous connaissons » et de « provoquer des cas
de diabète de type 2 ». Doué de mimétisme à l’ins-
tar du caméléon, il finit par être présent dans toutes
les préparations offertes dans le commerce : chips,
soupes en sachets, plats préparés, bonbons, pâtes
à tartiner, produits de régime, dans une liste impos-
sible à clore. Ses noms d’emprunt sont très nom-
breux : « glutamate monosodique, glutamate, acide
glutamique », mais aussi « huile ou graisse végétale
hydrogénée, protéines hydrogénées, gélatine, ca-
séinat de sodium ou de calcium, levure rajoutée,
extraits de levure, glutamate monopotassique » et
certaines huiles de maïs. Il peut encore « conta-
miner » les « extraits de malt, bouillons, arôme de
malt, arômes artificiels, arômes naturels » et beau-
coup d’autres dont l’arôme de caramel, etc. Cette
désopilante énumération est quasi-interminable...
Quant aux effets secondaires dus aux excitotoxi-
nes apportées par le GMS, ils sont au nombre de
quelque 75 observés par le Dr Blaylock, un expert
américain mondialement reconnu depuis 1995,
dans l’ouvrage Excitotoxines, The Taste That Kill
(ndlr. Excitotoxines, le goût qui tue), les plus gra-
ves étant ceux touchant le rythme cardiaque, indui-
sant des anomalies de la pression sanguine et le
développement du cancer ; mais il y a les douleurs
diverses, les troubles gastriques, les éruptions et
démangeaisons, les troubles de la prostate, de la
thyroïde, l’infertilité, les troubles de l’audition, les
pertes de mémoire, la dépression, etc.
LES ANIMAUX DE COMPAGNIE
Corinne Gouget traite cet aspect d’un problème
beaucoup plus général avec un certain humour,
remarquant que les croquettes ou pâtées que leur
servent leurs maîtres ou maîtresses attentionnés
sont bourrés d’additifs encore moins bien définis
que ceux destinés à l’alimentation humaine, ce à
quoi nos amis à quatre pattes ne peuvent prêter
attention car, bien sûr, ils ne savent pas lire. Ils n’en
sont pas moins voués à plus ou moins long terme
aux mêmes ennuis de santé que leurs protecteurs
humains, dans la mesure où ces derniers ne savent,
eux non plus, pas aussi bien « lire » qu’on le croi-
rait…
HENRI DURRENBACH
Pour en savoir plus, consulter le site de Corinne
Gouget : http://santeendanger.fr
nothérapie, puisse apporter des bienfaits subtils à la
santé et au bien-être.
PRENEZ L’AIR
Je crois que beaucoup d’entre nous ont intérêt à
être plus attentifs à leurs besoins de soleil durant les
mois sombres d’hiver. Pour les employés de bureau,
il peut s’agir de faire l’effort de sortir à l’heure du
déjeuner. Combiner cette sortie à un peu d’exercice
comme la marche à pied est encore meilleur, puis-
que l’exercice aussi, on le sait, diminue les symptô-
mes du TAS.
Cela peut même être agréable un jour frais et enso-
leillé d’hiver, mais ce n’est simplement pas réalisable
pour la plupart des personnes quand il pleut à torrent
dehors, ou quand le sol est couvert de neige fondue.
Pour ces raisons, je pense que les lampes simulant
la lumière solaire valent la peine que l’on s’y intéresse.
Il y a même de petites lampes portables qui vous don-
nent une bonne dose de lumière pendant 10 à 20
minutes. Avec l’usage de tels appareils à la maison,
l’hiver vous paraîtra nettement moins long et sombre.
DOCTEUR JOHN BRIFFA
Collaboration spéciale
La Grande Époque ● 1 – 15 DÉCEMBRE 2008 www.lagrandeepoque.com Petites annonces 13
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14 Société www.lagrandeepoque.com 1 – 15 DÉCEMBRE 2008 ● La Grande Époque

2e carnet de voyage en Haïti

Lors de mon premier séjour en
Haïti au mois de mai, j’avais pro-
mis à mes amis de revenir avant
la fin de l’année 2008. C’est
chose faite, retour en Haïti en
septembre. Voyage totalement
différent du premier mais tou-
jours très enrichissant.
L’ORCHESTRE de mes amis « Wake-
up » est composé de 13 musiciens et
chanteurs. Le 6 octobre ils font un con-
cert à Croix-des-Bouquets pour la fête de
la commune. Il y a des dizaines de milliers
de spectateurs. C’est magnifique. Leurs
nouvelles compositions entre autres sont
Patience ; Vérité, Bonté, Patience. Le
public retrouve la joie de vivre malgré les
désastres que le pays vient de subir – 4
cyclones – et la misère qui règne.
Mon premier périple se fait vers les
Gonaïves, la région la plus touchée par
les cyclones qui viennent de se succé-
der : nous avons mis 4 heures pour faire
200 km sur des routes défoncées, avec
une crevaison à l’aller et nous n’étions
pas les seuls dans ce cas.
Après un mois, une partie des maisons
de la ville baigne encore dans l’eau jus-
qu’à mi-hauteur. L’eau stagne et n’ar-
rive pas à s’évacuer, d’où recrudescence
de moustiques et autres… ; l’autre par-
tie de la ville est dans la boue et la pous-
sière. On aperçoit des tentes marquées
UNICEF pour les secours et l’héberge-
ment des sans-abris. Dans la ville, on lit la
désolation sur tous les visages ; des mon-
ticules de boue sont entassés devant les
maisons. Il n’y a plus de sanitaires, d’eau
potable, d’électricité. Nous avons rencon-
tré deux femmes médecins de Toulouse
qui étaient plutôt démoralisées ce jour-là.
Sur la route déserte du retour, un tra-
jet particulièrement reconnu dangereux
le soir, nous pensons avoir évité un guet-
apens. Trois vaches étaient allongées sur
toute la largeur de la route en forme de
triangle. Nous les avons contournées
sans nous arrêter.
À mon retour à Port-au Prince, j’ai eu
l’occasion de visiter un village situé dans
la banlieue de la capitale.
Ce village est clôturé, un gardien sur-
veille les entrées et sorties. Le village est
autonome aussi bien en eau qu’en électri-
cité. Les enfants ont leur propre école.
Une fois de plus, je constate que les
Haïtiens ne plaisantent pas avec les cri-
minels. En effet, aux côtés du gardien,
se tient un homme de 37 ans, aveugle,
amputé des deux index, du majeur et de
l’annulaire droits. J’essaie de comprendre
ce qui lui est arrivé. Une résidente du vil-
Le village de l’Unicef.
Les routes défoncées.
lage, comme lui, nous dit qu’à 26 ans il a
violé une petite fille. On lui a fait payer ce
viol en lui ôtant la vue et en l’amputant de
quatre doigts !
Tout au long de mon séjour, je suis
émerveillée de voir la propreté vestimen-
taire des Haïtiens qui marchent toute la
journée dans la poussière et qui sont
toujours habillés proprement avec des
chaussures bien cirées. Les enfants vont
à l’école en uniformes imposés, différents
selon les écoles, les fillettes ont toutes
des rubans blancs ou de couleur dans les
cheveux, selon les écoles. Les enfants
ont également un petit morceau de tissu
dans leur sac pour nettoyer leurs chaus-
sures avant d’entrer en classe car en che-
Anita Richard
Anita Richard
min la poussière les a déjà recouvertes.
Et pourtant cette propreté s’acquiert sans
machine à laver et pour la grande majo-
rité, sans eau courante. Femmes et fillet-
tes vont acheter des seaux d’eau pour
quelques gourdes qu’elles rapportent sur
leur tête avec grâce.
Des milliers d’enfants ne vont pas à
l’école. Les parents n’ont pas tous les
moyens de les y envoyer car l’enseigne-
ment est payant. En outre, toutes les éco-
les ont obligation de servir aux enfants un
repas par jour.
J’ai rencontré le président d’une asso-
ciation qui permet à 500 enfants d’être
scolarisés un jour par semaine avec
repas, mais l’association n’a pas assez
Anita Richard
Valentina, l’écolière.
de moyens pour les scolariser tous les
jours. Elle cherche donc des fonds avec
l’objectif de pouvoir en scolariser 3.000.
RENCONTRES CULTURELLES
Avec mes amis musiciens, j’ai eu la
chance d’assister pendant trois jours aux
auditions devant un jury pour « Musiques
en folie », grande fête haïtienne, qui a
lieu à la mi-novembre à Port-au-Prince.
Trois mille groupes (théâtre, danses,
chants, musiques) se présentent, cin-
quante sont sélectionnés dont l’orches-
tre « Wake-up ».
J’ai assisté à l’audition d’une pièce
de théâtre que j’ai trouvée particulière-
ment belle. Sur la scène, on pouvait voir
le tableau suivant : à droite, deux fem-
mes tout de blanc vêtues de la tête aux
pieds, immobiles, les mains jointes ; à
gauche en rouge, le diable et les démons
de la tentation ; au centre, un homme se
recueille avec une Bible. Il est très pieux.
Arrive l’un des démons, une fille
peu vêtue qui l’aborde vulgairement.
L’homme la rejette. Le diable n’est pas
content. Arrive un autre démon, une
belle jeune fille, bien habillée d’un panta-
lon jaune. Elle l’aborde gentiment. Il part
alors avec elle. Le diable est satisfait.
L’homme revient, regrette amèrement
d’avoir cédé à cette fille. Le diable jubile.
L’homme est abattu moralement. Arrive
un autre démon qui lui tend un flacon
d’alcool. L’homme boit, le démon l’en-
traîne. Le diable est satisfait. L’homme
revient en titubant et tombe. Le diable
jubile. Le prêtre arrive et voit l’homme
saoul par terre. Il part écoeuré et ne croit
plus en lui. Le diable jubile. Les deux fem-
mes en blanc s’approchent de l’homme,
toujours les mains jointes. L’homme
avance une main vers elles. Elles recu-
lent doucement, il rampe vers elles, elles
continuent à reculer, il les suit en ram-
pant et finalement part avec elles. Le dia-
ble est en colère. Fin du sketch, toute la
salle applaudit.
LE MARCHE AUX PUCES LOCAL
Tout au long de mon séjour, j’ai fait
quelques autres découvertes qui dépei-
gnent le quotidien du peuple haïtien. Par
exemple, les pèpès : qui sont-elles ?
Ce sont des femmes qui marchent
avec du linge d’occasion en grande quan-
tité sur la tête et le dos. Elles vont de
maison en maison vendre ce linge pour
quelques gourdes, bien souvent à des
personnes qui ont besoin de remplacer
celui trop usé qu’elles portent sur elles.
On appellerait cela chez nous « le mar-
ché aux puces » à la différence que c’est
la marchande qui se déplace de maison
en maison.
Quant à l’état des routes, j’ai pu cons-
taté une évolution depuis mai dernier. En
effet, même si elles sont toujours aussi
défoncées, dans la capitale, des équi-
pes de nettoyage constituées de jeunes
apportaient une amélioration au niveau
de la propreté. Mais, il reste encore beau-
coup à faire.
De toutes mes rencontres, la plus inso-
lite reste celle d’une casse automobile
dans laquelle nous avons rencontré des
artistes : ils avaient pour mission de rac-
courcir un autobus qui, à l’origine, était
très long. Beau travail d’imagination.
Avant mon départ, j’ai photographié un
camion de transport de marchandises,
multicolore, avec des inscriptions très
intéressantes : sur le pare-brise on lisait
une publicité pour « Wake-up ».
En définitive, c’est un séjour encore
très enrichissant mais je n’ai malheu-
reusement pas eu le temps de retour-
ner à Deslande, le village que j’avais
visité au mois de mai. Ce sera pour une
autre fois.
J’espère revenir bientôt en Haïti, ce
pays si particulier où les gens connais-
sent le partage, l’endurance et le respect
de soi-même et des autres.
ANITA RICHARD

Les mystères des caractères chinois (6e partie)

armi les dizaines de milliers d’idéo- le Tout, le Tao (la Voie).
P grammes chinois extrêmement com-
pliqués, (yî) est le plus simple et aussi le
Quand l’univers s’est divisé en yin et
yang, l’énergie légère s’est élevée tan-
premier que les enfants apprennent. La dis que l’énergie lourde a sombré vers
majorité des Chinois utilisent plus com- le fond. Il y a toujours une preuve de
munément le signe ৻ comme idéo- Le nombre 1 : yi. cette séparation dans la nature. Par
gramme pour le nombre « un ». Pourtant, exemple, regardez au loin et remar-
peu de personnes sont conscientes de la quez la séparation nette entre le ciel et
profonde philosophie que recèle le plus simple de tous la terre à l’horizon.
les idéogrammes. Suivant les enseignements de Lao Tseu (l’auteur
৻ symbolise la philosophie chinoise concernant du classique taoïste le Tao Te Ching), les humains ne
la création de l’univers. Selon la mythologie, avant la peuvent se séparer du Tao, c’est-à-dire de l’origine de
création du monde, existait une masse inerte, inexpli- la vie. En conséquence, en ignorant cette vérité, l’exis-
quée. Cette masse a éclaté en parties séparées, d’où tence d’une personne sera détruite et effacée.
ont émergé les différents éléments. Le Tao est vu comme étant la source de l’uni-
La doctrine taoïste explique que la création de vers, ce qui signifie que les êtres humains ainsi que
l’univers est semblable à ce qui est dit ci-dessus. Les la société humaine doivent essayer de s’approcher le
taoïstes affirment que toutes les vies ont été créées à plus possible du Tao, pour être authentique dans la vie
partir de l’Un, qui est dans une harmonie éternelle et quotidienne et de toujours faire toute chose, en se fon-
d’où toutes les autres choses ont été créées. Avant le dant sur la vérité. Seulement ainsi on pourra retourner
principe féminin (㒶 yîn) et le principe masculin (㓁 à son origine et à la vérité, pour finalement devenir un
yáng), seulement l’Un existait comme force originelle, « homme véritable » (⌀ੱ zhenrén).

Paris
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La Grande Époque ● 1 – 15 DÉCEMBRE 2008
Vivre malgré la myopathie
Aïdan est un jeune homme
myopathe. Il accepte de par-
ler parce qu’il aime garder sa
porte ouverte.
LGE : Comment a débuté votre
maladie ?
Aïdan : Maman voyait que j’avais de
la peine à marcher, je demandais sou-
vent à être porté alors que j’avais déjà
5 ans. Alors maman a consulté l’hô-
pital et le diagnostic a été « myopa-
thie Duchenne ». À 8 ans, je marchais
encore mais quand j’étais fatigué, je
me déplaçais en chaise. J’ai arrêté de
marcher vers l’âge de 11 ans, date à
laquelle j’ai reçu ma première chaise
électrique. À 16 ans, j’ai été mis sous
ventilation la nuit, préventivement. Les
problèmes respiratoires sont arrivés
suite à une pneumonie en 2003. En
2004 et surtout en 2008, je suis resté
longtemps à l’hôpital. Maintenant j’ai
de la chance car je respire bien, mes
derniers résultats disent que tout est
bien en ordre, c’est assez positif mais
je dois être vigilant au moindre cou-
rant d’air.
LGE : Enfant, est-ce que vous
avez souffert de cette différence ?
Aïdan : Oui parce que j’étais dans
une école normale et en ce qui con-
cerne les accès, ça ne marchait plus.
Pendant les récréations, je restais sou-
vent à l’intérieur alors que les autres
enfants allaient jouer dans la cour. Il
y a certains enfants qui étaient mes
amis et d’autres qui étaient méchants.
Je pense avoir vécu comme tous les
gamins de l’école, parfois il y a des
malentendus. Je n’en connaissais pas
toujours le motif mais j’ai l’impression
que les problèmes ne venaient pas for-
cément de mon handicap.
Bien sûr, j’étais plus lent que les
autres et beaucoup ne m’attendaient
pas. Mes copains ont quand même
essayé de m’aider. Ils faisaient plus
attention que les autres. Suivre la sco-
larité était difficile car je me fatiguais
vite. La dernière maîtresse que j’ai eue
« Je trouve que chaque personne a ses problèmes et je ne vois pas pourquoi je devrais vivre autrement
que les autres mais chaque jour me demande quand même du courage. »
Il y avait des cours pratiques pour ceux
qui n’arrivaient pas à suivre le cur-
sus scolaire. Moi j’ai pu suivre le cur-
sus scolaire jusqu’à 18 ans. C’était un
internat et j’y restais la semaine. On
était regroupé par 10 dans des appar-
tements où j’ai partagé une chambre
avec un autre jeune durant 5 ans avant
d’avoir ma chambre.
À 16 ans, je suis entré dans un
groupe spécial pour ceux qui sont un
peu plus débrouillards. Des éducateurs
s’occupaient de nous. Parfois avec des
amis, on allait en ville. On nous dépo-
sait et puis on venait nous rechercher.
C’était des bons moments, je sentais
que je vivais l’adolescence.
À 18 ans, je suis rentré dans une
résidence, où j’ai eu un studio. J’ap-
précie beaucoup d’avoir cette liberté
importantes dans la vie.
Je pars une fois par an
avec l’association con-
tre la myopathie faire un
camp pour jeunes adul-
tes et je pars aussi avec
ma famille ou des amis.
J’aime voyager, ça me
fait bouger et découvrir
d’autres cultures.
LGE : Qu’est ce que
tu ressens par rapport
à ta maladie ?
Aïdan : J’ai parfois
des inquiétudes, je n’ai
pas toujours le moral
mais j’essaie toujours
de rester optimiste et
de profiter de la vie. Je
www.lagrandeepoque.com
La Grande Époque
Ne t’en fais pas… je vais bien !
CÉDRIC Gentina est né le 6 novembre 1972
à Dijon. Il habite actuellement entre la Haute-
Savoie et Genève. C’est parce qu’il est infirme
moteur cérébral qu’il souhaite, par ses écrits,
transmettre un message d’espoir. Il est totale-
ment paralysé, donc totalement dépendant des
autres malgré la technique (chaise électrique,
ouverture des portes automatiques, outils infor-
matiques). Cela ne l’empêche pas d’avoir un
moral d’acier.
Il aime la campagne, la montagne, fait du ski,
voyage à travers le monde. Il collabore avec sa
mairie de Saint-Jean-de-Tholome à la mise en
place de moyens auxiliaires adaptés aux handi-
capés. Il représente les handicapés dans l’ate-
lier dans lequel il travaille. Très actif, tourné vers
Art de vivre 15
suis révolté par cette maladie. Mais je
ne veux pas rester déprimé parce que
j’aime beaucoup rigoler, m’amuser,
j’aime l’humour. Je ne pense pas 24
heures sur 24 à ma maladie. D’ailleurs
je n’aime pas jouer aux victimes, je n’ai
jamais recherché la pitié.
LGE : Comment aimez-vous qu’on
vous aborde ?
Aïdan : J’aime quand on ose m’em-
bêter, qu’on me provoque un peu car
j’aime bien plaisanter et moi-même je
joue la provocation. Mais j’aime aussi
qu’on m’écoute et qu’on respecte mes
besoins sans pour autant être toujours
sérieux car j’ai envie de rigoler. J’aime
qu’on me parle comme à n’importe
qui. Je pense que les gens devraient
prendre l’habitude de considérer les
personnes handicapées comme des
personnes à part entière. Je pense
que les parents ont un rôle important
à jouer. Les miens sont très positifs, ils
me considèrent comme tout le monde
et ça me donne du courage. Je sais
que d’autres parents sont plutôt néga-
tifs et ça n’aide pas les enfants, qui
focalisent alors sur leur handicap.
CATHERINE KELLER
LA GRANDE ÉPOQUE
GENÈVE
La Grande Époque

n’avait pas le temps de s’occuper de
moi, alors une personne venait de l’ex-
térieur pour me prendre en charge.
L’année suivante je suis allé dans une
école spécialisée.
J’étais avec des enfants qui avaient
un léger handicap mental et c’était dif-
ficile pour moi. Parfois je me deman-
dais ce que je faisais là. Mais d’un
autre côté, je dois reconnaitre que
c’était plus adapté à mon rythme lent.
car j’ai vu que dans d’autres institu-
tions, c’est différent. Maintenant je fais
de la peinture avec mes mains, j’ai fait
une exposition qui a bien marché. Ça
m’arrive aussi d’écrire des pensées,
des poèmes et des histoires. J’aime
écouter la musique, regarder des
DVD, sortir avec des copains. J’ai la
chance d’avoir un bon réseau d’amis.
J’apprécie beaucoup la vie sociale qui
est pour moi une des choses les plus
trouve que chaque per-
sonne a ses problè-
mes et je ne vois pas
pourquoi je devrais
vivre autrement que les
autres. Ceci dit, cha-
que jour me demande
quand même du cou-
rage. Parfois, j’en ai
juste assez des soins et
de la fatigue. Parfois je
les gens, il a voulu partager sa vie en disant que
malgré un grand handicap, le bonheur est quand
même là. Il a écrit un premier livre en 2001, Une
vie qui roule et sort son nouveau livre Ne t’en fais
pas… je vais bien le 4 décembre 2008.
Sa maman, qui tenait une place très impor-
tante dans sa vie, est décédée brusquement il y a
deux ans. Il doit s’adapter à cette nouvelle situa-
tion. Elle s’occupait beaucoup de lui et un amour
très profond les liait. Il a su faire face à ce défi,
a accepté ses nouvelles contraintes, a fait une
Cédric Gentina garde le sourire malgré
les déboires.
place dans son cœur à ses proches et à su con-
tinuer à vivre. Son dernier livre parle à sa mère.
Ne t’en fais pas… je vais bien raconte tout ce par-
cours pour continuer à vivre malgré tout.
C. K.
Pour obtenir cet ouvrage (20 euros), contacter
directement Cédric Gentina : cgentina@yahoo.fr

Cette orange que l’on croyait connaître

L’ORANGE est l’un des quatre fruits les plus consommés au monde.
Cet agrume est originaire des plaines himalayennes chinoises et
indiennes. Un document de plus de 4.000 ans fait état qu’à la cour
de l’empereur de Chine, les nobles appréciaient particulièrement ce
fruit pour son parfum et ses qualités curatives et gustatives. Plusieurs
variétés existent, qui ont chacune émigré jusqu’en Europe par des
voies différentes.
L’orange amère, appelée aussi bigarade (Citrus aurantium) a été la
première à voyager. Au XIe siècle, les Croisés l’ont découverte dans
les pays arabes qui l’avaient eux-mêmes importée de Perse. Ils l’ont
emmenée en Europe, plus particulièrement en Sicile et en Espagne.
Elle est toujours cultivée en Espagne et les oranges siciliennes sont
des variétés beaucoup plus acides que celles que l’on retrouve sur
nos étals. Son nom sanscrit est naranga, qui devient naranj en perse,
naranja en arabe tout comme en espagnol puis en italien arancia
après avoir perdu son « n ».
Ses fleurs sont distillées pour obtenir l’eau de fleur d’oranger
(néroli). Son écorce est confite et ses fruits composent les délicieuses
marmelades anglaises. La synéphrine extraite de l’orange amère aug-
menterait l'activité métabolique, ce qui permettrait de perdre du poids
- une étude menée au Canada n’a cependant pas réussi à distinguer
son effet de celui d’un placebo en ce qui concerne la perte de poids.
Un forte consommation peut par contre se révéler dangereuse pour la
santé car la tension artérielle en est augmentée.
e
Au XV siècle, grâce aux Portugais, l’Europe découvre l’orange
sucrée (Citrus sirensis). C’est pour cela que le Grec appelle ce fruit
portokali, l'Albanais portokalli, le Bulgare portokal, le Géorgien phor-
tokhali, etc. Puis Christophe Colomb l’emporte en Amérique où elle
Photos.com
Il est préférable de consommer un jus d’orange avec
le petit déjeuner plutôt qu’à jeun pour que le fructose
s’assimile plus lentement.
prospère particulièrement : le Brésil et la Californie sont les principaux
producteurs mondiaux de nos jours.
Trois grandes sous-variétés composent la famille des oranges dou-
ces, qui représentent la variété la plus commercialisée. Elle est ronde,
sa peau est dorée et lisse et sa chair est juteuse avec peu de pépins.
Les variétés les plus connues sont l'orange de Valence, la Jaffa
(Israël) et la Pera (Brésil).
Les oranges sanguines sont cultivées dans le bassin méditerra-
néen. Ces oranges seraient nées en Italie au 17e siècle suite à une
mutation. Leur couleur rouge provient de l’anthocyanoside (vitamine
P utilisée dans le traitement des troubles veineux et de la perméabi-
lité des capillaires). Tout le monde connaît parmi elles la Moro et la
Taroco.
Les oranges Navel sont elles issues d’un croisement qui les rendent
stériles, donc sans pépin. Elles ont un embryon d’orange à leur base,
sont grosses, juteuses et faciles à peler.
Les oranges contiennent environ 50 mg de vitamine C pour 100 g de
fruit (le kiwi en contient 80 mg pour 100 g). Elles sont également riches
en vitamine A, en carotène et en vitamine B (1, 2, 3, 5 et 6). On le sait
moins, mais l’orange est riche en potassium. Elle régularise ainsi l'acti-
vité du muscle cardiaque (181 mg) en calcium (40 mg) facilement assi-
milable. Elle contient également du phosphore, du magnésium, du fer,
du zinc et du cuivre. Elle est aussi alcalinisante.
L’orange, comme tous les fruits à pépins, est un symbole de
richesse et de fécondité. On dit que les pommes d’or du jardin des
Hespérides (mythologie grecque) étaient en réalité des oranges. En
Europe, l’orange a longtemps été un fruit précieux réservé aux nobles
qui le conservaient en hiver dans des serres appelées orangeries. Nos
grands-parents racontent encore des souvenirs de Noël à une époque
où le père Noël n’existait pas. Les cadeaux étaient rares et les enfants
qui recevaient une orange le jour de Noël étaient vraiment contents de
goûter à ce fruit délicieux, au point de parfois le garder précieusement
plusieurs jours avant de le déguster.
C. K.

La Grande Époque
83 rue du Château des Rentiers
75013 Paris Tél : 01 45 86 41 95
www.lagrandeepoque.com
Edité par La Grande Époque
SARL au capital de 10.000 €
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Directrice de la publication : Comité de rédaction : Directeur artistique : Mathieu Sirvins SERVICE ABONNEMENTS
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Directeur de la rédaction : ronnement), Frédérique Privat (Société), Catherine & Co. - Gutenbergstraße 1, D-31552 Rodenberg, PUBLICITÉ
Rémi Bleibtreu Keller (Art de vivre, Santé & Bien-être) tirage : 16.000 exemplaires France : 06 84 57 34 04 / publicite.fr@lagrandeepo-
Rédacteur en chef : redaction.fr@lagrandeepoque.com Dépôt légal : à parution. que.com ; Belgique : 09 233 7713
Aurélien Girard ISSN : 1772-3426. Suisse : 079 821 7422
La Grande Époque ● 1 – 15 DÉCEMBRE 2008
Dans la Chine ancienne, nouer des
cordonnets était une forme d’art
BEAUX et élaborés, complexes bien
que suivant des règles simples, les
nœuds appartiennent à l’histoire de la
Chine depuis 5.000 ans, et les inscrip-
tions de l’histoire antique attestent de
leur utilisation dans l’enregistrement
de toutes sortes d’évènements impor-
tants.
Il y a plusieurs citations chinoises qui
expliquent le rôle des nœuds en Chine
ancienne, comme « lier des nœuds
sur un cordonnet pour noter un évé-
nement » et « faire des nœuds larges
pour les évènements importants et des
plus petits pour les évènements moins
importants ».
Au début de la civilisation chinoise, les
gens considéraient un morceau de cor-
don comme digne d’honneur, puisque le
mot lui-même, ❿ (shéng) est prononcé
de la même façon que la désignation
des divinités ␹ (shén).
Le caractère ⚿ désigne un nœud.
En raison de cela, il peut aussi symbo-
liser les relations, et son sens peut être
étendu pour signifier la force, l’harmonie
et les émotions humaines. Ces connota-
tions donnent une caractère concret à
une série de mots chinois qui le contien-
nent. Par exemple, ⚿ኪ (jiçshí) « por-
ter des fruits », ⚿੤ (jiéjiâo) « se faire
des amis » ⚿蕑 (jiéyuán) « réconci-
liés par le destin » ⚿ᇕ (jiéhűn) « se
marier » et ࿪⚿ (tuánjié) « s’unir ».
Considérant le lien étroit entre les
nœuds et la culture chinoise, l’art du
nouage continue d’être transmis comme
une culture populaire, et est bien consi-
déré. Ce passe-temps est devenu une
forme d’art courante pendant les dynas-
Spectacle des Arts Divins
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et points de vente habituels points de vente habituels
Photos.com
ties Tang (618-907) et Song (960-1279),
et vit son âge d’or pendant la moitié des
dynasties Ming et Qing (1368-1912), où
les nœuds ornaient fréquemment les
vêtements traditionnels. L’art a évolué
d’utilisations fonctionnelles simples à
des éléments décoratifs pour les fêtes,
comme des colliers, des ornements de
chevelure et des pendentifs. Originelle-
ment, certains nœuds, tel le « nœud de
chance » étaient utilisés comme amu-
TOURNÉE MONDIALE 2009
La culture chinoise
comme elle doit être
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Pour en savoir plus : fr.DivineShows.com
lettes supposées protéger des mal-
heurs, éviter les infortunes et attirer la
chance.
Les nœuds chinois sont confection-
nés à partir d’un morceau de cordonnet
long d’un mètre, et suivent des métho-
des, des règles et un ordre établis. Les
cordonnets sont repliés, entourés, rou-
lés, brodés et tirés dans des créations
fascinantes. Bien que certains nœuds
puissent apparaître extrêmement com-
pliqués et hautement artistiques dans
leur dessin et leur conception, tous sont
faits selon 20 techniques de base. Les
vrais nœuds chinois sont identiques
dessus et dessous. Le nom donné à un
nœud particulier dépend de sa forme,
de son utilisation finale, de l’endroit où
il a été fabriqué, et de sa signification.
Le « double pièces de monnaie » par
exemple, tire son nom de deux vieilles
pièces de monnaie de cuivre entre-
lacées. Le nom du « nœud de bou-
ton » se rapporte à son utilisation finale
(comme bouton). Le « nœud dix mille »
s’apparente non seulement au symbole
bouddhiste wan, que les Chinois utili-
sent souvent pour représenter dix mille,
mais est aussi souvent vu sur les illus-
trations de la ceinture des statues de la
déesse Guanyin, la Bodhisattva de la
compassion.
Le « nœud infini » est conçu d’après
huit symboles bouddhistes, représen-
tant la roue des changements per-
pétuels dont toutes les choses sont
sensés provenir. Ce nœud représente
des corrélations sans fin et est la base
de nombreuses variations.
MARIA ZHENG
www.DivineArts.org
BELGIQUE
Présenté par :
˃՘
γ‫ޝ‬
Lumière d’Asie
⊩ ೑ France
Association Voix de l’espoir
www.lagrandeepoque.com
Leeshai, maître de cérémonie
de la Divine Performing Arts
PARLANT couramment plusieurs lan-
gues, visitant un nombre impressionnant
de villes par année, Leeshai Lemish,
âgé seulement de 30 ans, a déjà fait ce
que la plupart des gens dans le monde
n’auront jamais la chance de faire.
Certaines personnes qui ont assisté
au Spectacle des Arts Divins dans dif-
férentes salles de spectacles de renom
se sont peut-être demandées : « Mais
qui est donc cet Occidental qui anime le
spectacle ? ». Et le voilà maintenant sur
la scène, en train de chanter Kanding en
mandarin, une chanson folklorique de la
province du Sichuan à l’animatrice » Eh
bien, c’est... Leeshai Lemish !
Brillant et passionné, Leeshai Lemish
se jette tête la première dans tout ce
qu’il entreprend : il est animé d’une pas-
sion débordante pour la culture tradition-
nelle chinoise et milite également pour
les droits de l’homme.
Leeshai Lemish est un Américain
d’origine israélienne, qui a passé une
partie de son enfance et de son adoles-
cence en Israël, pour ensuite revenir aux
États-Unis, accompagné de son épouse,
Sarah, afin de poursuivre des études
supérieures.
M. Lemish est actuellement dans les
préparatifs de la tournée mondiale 2009
de la compagnie Divine Performing Arts
(DPA). À l’approche de la tournée inter-
nationale, La Grande Époque se penche
sur les différents aspects du spectacle
chinois le plus acclamé au monde. Et
Leeshai peut en parler car il passe cinq
mois de l’année à voyager aux États-
Unis et à l’étranger avec cette compa-
gnie artistique.
La Grande Époque (LGÉ) : Depuis
combien de temps êtes-vous le maître
de cérémonie de ce spectacle ?
Leeshai Lemish (L. L.) : J’entame ma
quatrième année en ce qui concerne la
Célébration du Nouvel An chinois et ma
troisième année avec Divine Performing
Arts (DPA).
Le premier spectacle auquel j’ai parti-
cipé a eu lieu en mai 2005. C’était pour
le festival des bateaux dragons au Cali-
fornia State University, Los Angeles.
Ensuite, c’était en janvier 2006 pour le
spectacle présenté au Radio City Music
Hall. Et c’est en décembre 2006 que je
suis devenu maître de cérémonie à plein
temps pour DPA.
LGÉ : Comment le spectacle a-t-il
évolué depuis vos débuts ?
L. L. : La production a gardé le même
esprit depuis le début, mais s’est élevée
à un niveau de classe mondiale et s’est
taillée une place unique dans le monde
des arts et du divertissement. Le spec-
tacle est centré sur la danse classique
chinoise en faisant redécouvrir la culture
traditionnelle chinoise. Le spectacle a
pris de la maturité avec Divine Perfor-
ming Arts (PDA).
Au tout début, en 2005 et 2006, nous
avions différents groupes tels que des
artistes locaux, un quartet de cuivres
ainsi qu’un mélange de plusieurs élé-
ments. Cependant, depuis la fin de
2006 avec la formation de la DPA,
c’est devenu plus cohérent. Le specta-
cle s’améliore et devient de plus en plus
impressionnant. La mission du spectacle
est claire et n’est pas contaminée par ce
qui s’est passé en Chine depuis les 60
dernières années.
LGÉ : Qu’est-ce qui est le plus diffi-
cile en tournée ?
L. L. : À part le fait d’être loin de mon
épouse, je considère qu’être en tournée
est plus facile que de ne pas l’être. Étant
maître de cérémonie, cela m’amène à
voyager. En animant le spectacle, cela
me permet de côtoyer des artistes qui
sont maîtres dans leur art et c’est un
excellent environnement pour moi. Je
dirais que le plus difficile est d’offrir une
animation digne de leur interprétation.
Les danseurs, chanteurs ou membres
de l’orchestre ne semblent jamais satis-
faits de leur prestation, essayant tou-
jours d’y mettre plus de cœur et d’âme
tout en cherchant de nouvelles façons
d’exceller et d’atteindre, sur scène, un
état mental en cohésion totale avec le
Culture 16
La grande Époque
Leeshai Lemish.
moment présent et le public.
LGÉ : Avez-vous quelques histoires
touchantes à partager ?
L. L. : Une réaction particulièrement
touchante s’est produite à travers toute
l’Europe l’année dernière. Une de nos
scènes, intitulée La puissance de la
conscience, a suscité une forte réac-
tion. Elle évoque l’histoire d’une prati-
quante de la méthode Falun Gong et de
sa fille, persécutées en Chine à cause
de leur croyance et comment de sim-
ples citoyens chinois de leur commu-
nauté prennent bravement leur défense
et chassent les policiers qui représen-
tent le Parti communiste chinois. Après
ce numéro, le public ne cessait d’ap-
plaudir même après la réapparition des
maîtres de cérémonie. La réponse a été
tellement vive que nous avons dû faire
lever le rideau à nouveau spécialement
pour ce numéro. Ceci est devenu un
phénomène à travers l’Europe. Le public
a répondu de façon similaire en Suède,
à Prague, en Slovénie, en Italie et dans
d’autres pays. Nous avons donc ajouté
des levées de rideau pour cette scène
en particulier. Les thèmes de justice et
d’intégrité présents dans ce numéro sont
universels et c’est ce qui touche autant
les spectateurs.
Il est aussi très fréquent de voir des
spectateurs émus aux larmes. Comme
s’ils avaient découvert quelque chose de
très précieux. Il y a des gens qui se pré-
cipitent vers la scène après le spectacle
pour témoigner leur reconnaissance aux
artistes.
LGÉ : Quelle est votre numéro pré-
féré et pourquoi ?
L. L. : Très difficile à dire… Honnête-
ment, je les aime tous. J’aime l’équilibre
qu’il y a entre la douceur et l’élégance
des danses féminines et les interpréta-
tions plus énergiques des hommes avec
leurs tambours.
LGÉ : Qu’y a-t-il de particulier au
sujet du nouveau spectacle ?
L. L. : Il est unique à plusieurs égards.
Si vous êtes Chinois et familier avec
l’art, la danse classique chinoise et la
musique traditionnelle chinoise, c’est
alors particulier parce que c’est de l’art
classique chinois à l’état pur, ce qui est
rarissime de nos jours.
Si vous allez au ballet pour voir par
exemple Roméo et Juliette, le Lac des
Cygnes ou d’autres classiques, vous
constatez qu’en Occident, plusieurs bal-
lets classiques ont un élément romanti-
que très fort évoquant la relation entre
les hommes et les femmes. Si vous vous
arrêtez à la culture traditionnelle chinoise,
le contenu va au-delà de l’amour roman-
tique, pour explorer des domaines plus
profonds. Les thèmes sont en rapport
avec le but de l’existence, les lois de la
nature et comment chacun peut retrouver
sa nature profonde. Ainsi, cette culture
est aussi influencée par le bouddhisme
et le taoïsme. Voilà ce qui fait le carac-
tère unique du spectacle.
Il y a aussi d’autres particularités
comme le fait de fusionner la musi-
que occidentale et orientale. Par exem-
ple, nous avons un morceau intéressant
qui allie le pipa (instrument à cordes en
forme de poire), le dizi (une flûte en
bambou), des percussions chinoises
et le erhu (un violon chinois) combinés
à des instruments classiques occiden-
taux.
ALBERT ROMAN