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Louis-Ferdinand Céline,

sublime, forcément sublime ?

Céline, raciste « scientifique »

Jean-Paul Margnac

Essai

•1•
Louis-Ferdinand Céline, sublime, forcément sublime ?

Abstract

More than forty years after his death, Céline always arouses fascinated reactions.
At every writer, the work and the man are in mirror. For Céline, the mirror reflects a so deformed image as she
asks question. How texts of an incredible violence were able to be written by a profoundly nonviolent man!
Unclassifiable anarchist, ready for all provocations, vociferator & hallucinated person, Louis Ferdinand Céline
is not easily lock in our narrow-minded and partial categories.

If the brilliance of the Céline's style is rarely disputed, the personality, the choices, the route of the Doctor
Destouches are the object of wild anathemas. Céline proclaimed himself racist and anti-semitic.

Thus, it is not acceptable to wonder of the content of his papers. But why was he incensed to justify his racist
frenzies in reference to his doctor's quality, did understood of a specialist of the biology?
Before tempting an answer we shall give some outlines of the work and the Céline's style.
Then, to educate fairly the file of his racism, we shall try hard to restore the anti-semitic context and the
omnipresence of the racist and eugenistics theses in the French society between the two great wars.

We shall finally remind the numerous scientific pledges of the racism to which Céline could refer.

*
Louis-Ferdinand Céline, sublime, forcément sublime ? *
Céline, un raciste « scientifique ».
*
Jean-Paul Margnac
*

Plus de quarante ans après sa mort, Céline suscite toujours des réactions passionnées.
Chez tout écrivain, l’œuvre et l’homme sont en miroir. Pour Céline, le miroir réfléchit une image si
déformée qu’elle pose question. Comment des textes d’une violence inouïe ont-ils pu être écrits par un homme
profondément non-violent ! Anarchiste inclassable, prêt à toutes les provocations, vociférateur halluciné, Louis-
Ferdinand Céline ne se laisse pas facilement enfermer dans nos mesquines et partiales catégories.
Si le rayonnement du style célinien est rarement contesté, la personnalité, les choix, le parcours du
Docteur Destouches font l’objet de farouches anathèmes1. Céline se proclamait lui-même raciste et antisémite.
Il n’est donc pas de mise de s’étonner de la teneur de ses écrits. Mais pourquoi s’est-il acharné à justifier ses
délires racistes par référence à sa qualité de médecin, sous-entendu d’un spécialiste de la biologie ?
Avant de tenter une réponse on donnera quelques aperçus de l’œuvre et du style céliniens. Puis, pour
instruire équitablement le dossier du racisme célinien, on s’efforcera de restituer le contexte antisémite de
l’époque et la prééminence des thèses racistes et eugénistes dans la société française de l’entre-deux guerres.
On rappellera enfin les nombreuses cautions scientifiques du racisme dont Céline pouvait se réclamer.
*

Un bref préambule
Toute glose sur l’œuvre de Céline ne remplacera jamais la confrontation directe avec ses textes. A quinze
ou à soixante–quinze ans, lire Céline est une expérience dont on ne sort jamais indemne.

Une vie placée sous la malédiction de la guerre


Louis-Ferdinand Destouches, né en 1894 à Courbevoie, est mort à Meudon en 1961. Comme il le rappelle
de façon obsessionnelle dans ses romans, il a vécu deux guerres. L’une dans sa chair (blessé en 1914), l’autre
comme “chroniqueur“ et fugitif. L’expérience de la guerre, sa fascination et son rejet, imprègne toute son
œuvre. Il fut aussi le témoin attentif des mutations du siècle, depuis l’Exposition universelle de 1900 jusqu’à la
guerre d’Algérie.
Le jeune Destouches grandit dans une famille de petits-bourgeois, mère boutiquière, père
correspondancier dans une compagnie d’assurances. Après une adolescence qui le destinait au mieux à des
emplois de commis, il s’engage en octobre 1912, à dix-huit ans, dans la cavalerie. Il déchaussera les étriers en
octobre 1914, blessé par balle près d’Ypres.
Réformé, pensionné de guerre à soixante dix pour cent, une suite de hasards favorables le conduira à la
médecine et aux services sanitaires de la Société des Nations.
Sans réel apprentissage antérieur, le Docteur Destouches publie en 1932, sous le pseudonyme de Céline,
Voyage au bout de la nuit. L’ouvrage fera vaciller les canons de la littérature.
Tout en poursuivant ses missions médicales pour le compte de la SDN, le Docteur Destouches entreprend
la rédaction d’un nouveau roman. En octobre 1936, il confiait à son éditeur Denoël un second brûlot, Mort à
crédit.
Si la carrière littéraire de Céline s’était achevée sur ces deux chefs d’œuvres, il jouirait d’une place
enviable au panthéon des écrivains. Les attributs de la gloire littéraire auraient suivi : Légion d’honneur,
académies prestigieuses, confortables droits d’auteur …
Malheureusement pour lui, il n’en fut rien. Habité par un délire raciste et antisémite irrépressible, il écrivit
trois pamphlets qui ternirent durablement son image et lui causèrent les plus graves ennuis.
Le dernier, Les beaux draps, publié en 1941 en pleine occupation, fit de Céline le héraut de
l’antisémitisme vichyssois et des « collaborateurs » les plus virulents.
En juin 1944, à l’approche de la Libération, harcelé de menaces, il s’enfuit pour l’Allemagne avec le
secret espoir de se réfugier au Danemark où il avait confié une petite fortune en or à une amie.

* Ce texte a été présenté en octobre 2005 au Club de l’Hypermonde, cercle de réflexion dédié à l’évolution de la société contemporaine.

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Louis-Ferdinand Céline, sublime, forcément sublime ?

S’il atteignit finalement son but, Copenhague, ce fut pour y être interné durant dix-huit mois dans des
conditions assez dures. Il demeura dans ce pays hostile jusqu’en 1951, date du non-lieu prononcé par la Haute
cour de justice sur les faits de trahison —Article 75— qui lui étaient reprochés.
A partir de cette fuite opportune —elle lui sauva probablement la vie—, l’œuvre de Céline prend une
autre tournure. Il sera le chroniqueur d’une fin de guerre hallucinante et hallucinée, vécue comme fugitif au
milieu des souffrances du peuple allemand.
Il finit ses jours à Meudon où il écrivit sa « Trilogie allemande » avant de mourir le 1er juillet 1961, à
soixante-sept ans d’une rupture d’anévrisme.
Sa vie et son œuvre littéraire peuvent se résumer en trois grandes périodes :
• La Grande guerre et l’entre-deux guerres :
- Voyage au bout de la nuit (1932) et Mort à crédit (1936), publiés par Denoël.
La gloire littéraire et une activité cosmopolite de médecin hygiéniste, chargé de mission à la SDN.
• Les années trente et l’écriture des pamphlets :
- Bagatelles pour un massacre (1937), l’Ecole des cadavres (1938), Les beaux draps (1941)
Le délire antisémite à son paroxysme. Le Dr Destouches, médecin de dispensaire à Clichy puis à Bezons.
• La fuite de Paris, la longue errance à travers l’Allemagne et le Danemark. La fin de vie à Meudon :
- Plusieurs ouvrages, publiés désormais par Gallimard : Féerie pour un autre fois, Normance, Entretiens
avec le professeur Y, Le Pont de Londres, Guignol’s Band II, ouvrages posthumes relatant ses expériences
londoniennes.
- La “Trilogie allemande” : D’un château l’autre (1957), Nord (1960), Rigodon, ouvrage posthume
(1969).
La volonté de porter témoignage : Céline “chroniqueur” et “victime” expiatoire de ces années terribles.

Le Voyage, “Demoiselles d’Avignon” de la littérature…


Les contemporains de Céline reçurent le Voyage comme un coup de poing au ventre.
Le récit met en scène Bardamu, un double de l’auteur, personnage étranger à sa propre vie, surnageant au
milieu d’événements qui le dépassent. Et d’abord son expérience de la guerre, la “Grande”…
Le Feu, Les Croix de Bois, Ceux de 14, A l’Ouest rien de nouveau2, avaient ouvert les yeux des plus
incrédules – ou des plus va-t-en-guerre– sur les horreurs de la grande boucherie. Alors, que pouvait apporter un
nième récit d’ancien combattant, publié bien des années après les oublieuses “années folles”?
Dans Voyage, la posture anarchique du narrateur installe un ton nouveau. Dès les premières pages,
Bardamu regrette son engagement dans l’armée:
« Nous n'étions donc plus rien qu'entre nous ? Les uns derrière les autres ? La musique s’est arrêtée. " En résumé,
que je me suis dit alors, quand j'ai vu comment ça tournait, c'est plus drôle ! C'est tout à recommencer ! " J’allais
m'en aller. Mais trop tard ! Ils avaient refermé la porte en douce derrière nous les civils. On était faits, comme des
rats. »
Plus rien de sacré, même l’héroïsme ni le “sacrifice suprême”. Injure intolérable aux toutes puissantes
ligues d’anciens combattants3 !
« Tout de suite après ça [l’explosion toute proche d’un obus ], j’ai pensé au maréchal des logis Barousse qui venait
d’éclater [déchiqueté par un tir d’artillerie] comme l’autre nous l’avait appris. C’était une bonne nouvelle. Tant
mieux ! que je pensais tout de suite ainsi : « c’est une bien grande charogne en moins dans le régiment ! » Il avait
voulu me faire passer au Conseil [Le Conseil de Guerre, tribunal militaire ultra-répressif] pour une boîte de
conserve. “Chacun sa guerre !” que je me dis. »
Le Goncourt 1933 était promis à ce météore littéraire. Denoël, impuissant à contrer les manœuvres de
dernière minute de Gallimard, le prix échappa à son auteur. Céline dut se contenter du Renaudot. La chronique
rapporte qu’il en garda une rancune tenace envers le milieu littéraire.
C’est Mort à Crédit qui consacrera définitivement l’inimitable style célinien, ses audaces, ses outrances et
ses célèbres trois points de suspension… La fameuse « petite musique » célinienne. A l’image de celle de
Mozart, elle ne paraît simple que de prime abord. Pour obtenir cet effet de spontanéité, cette apparente
transcription du langage parlé, Céline s’est astreint à un prodigieux travail d’écriture.
« Vous me dites oratoire je veux bien. Mais ce n'est pas ça ! Quand on me lit tout bas il faut avoir l'impression qu'on
vous lit à vous le texte tout haut en pleine tête4… ».
Louis-Ferdinand Céline, sublime, forcément sublime ?

La réalité vue à travers le prisme déformant d’une langue déstructurée


Autant le Voyage fourmillait d’aphorismes, « Quand on a pas d'imagination, mourir, c'est peu de chose,
quand on en a, mourir c'est trop », autant Mort à crédit en est avare et vise aux tripes.
Dès l’incipit, le ton est donné :
« Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste... Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est
venu tant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne m'ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont
devenus vieux, misérables et lents chacun dans un coin du monde. »
Une insondable guigne poursuit Ferdinand tout au long des 623 pages du roman. C’est noir, plus que noir.
On sort du livre avec un regard encore plus sombre sur les hommes et leurs misères.
La déconstruction du récit, de la syntaxe et des bonne manières littéraires, renforce le parti pris
iconoclaste de l’auteur. Autant d’affronts aux belles lettres !Son texte est truffé de solécismes :
« Plein moi alors que j’en aurai du courage. J’en dégoulinerai même de partout du courage et la vie ne serait plus
rien elle-même qu’une entière idée du courage … ».
La prose célinienne est à déguster en gastronome. A la recherche de saveurs infinies, de surprises
permanentes. Ne jamais lire ces phrases comme on avale un plat de pâtes ! Sous le récit le plus convenu peut se
dissimuler un néologisme croustillant qui échapperait à une lecture superficielle, une tournure fautive au plan
grammatical mais si expressive !
« …je connais le couplet : les jeunes m’ignorent, les barbus m’ahaïssent (sic), les libraires me boyquittent (sic), …
les Ligues et leurs manifesses (sic) me pendent tant que ça peut !” (Rigodon). »

Une enfance imprégnée par l’antisémitisme de l’époque


Venons-en maintenant à la question que pose toute relation un peu étroite avec l’œuvre célinienne :
« comment admirer sans réserve l’œuvre d’un écrivain, fût-il génial, sans cautionner indirectement les idées les
plus détestables qu’elle véhicule ? »
Dès son enfance Céline fut imprégné par l’antisémitisme foncier de son époque. Ses jeunes années et ses
apprentissages se déroulèrent au contact de petits commerçants, toujours prompts à rendre le concurrent juif
responsable de leurs mauvaises affaires.
Après la défaite de 1870 et durant toute la troisième République, une presse antisémite déchaînée,
haineuse et revancharde prospéra sans entraves. Elle chaussait les bottes d’une tradition séculaire, d’origine
religieuse, de flétrissure du Peuple Juif. Durant l’affaire Dreyfus, cette antique stigmatisation prit une tournure
politique. Le terme « anti-sémitisme », forgé en 1873 par le journaliste hambourgeois Wilhem Marr5, fut
privilégié à anti-judaïsme. Il entendait ainsi décrire l’attitude hostile aux minorités juives indépendamment des
raisons théologiques de cette hostilité. Il englobait toujours la même réalité : une haine viscérale des Juifs.
L’antisémitisme devint le fonds de commerce des milieux d’extrême droite, anti-parlementaristes et
bellicistes. La Croix, organe officieux du clergé catholique, se proclamait alors “le journal le plus antijuif de
France” et La Libre Parole d’Edouard Drumont6, ne lui cédait en rien dans la virulence du ton.
Même après les terribles années 14-18, l’extrême droite continua, sans encourir de sanctions pénales7,
d’afficher haut et fort son mépris des juifs, à réclamer leur mise au ban de la société, à les abreuver de
tombereaux d’injures. Charles Maurras, chef de file de l’Action française, n’hésitait pas en 1936 à traiter
publiquement Léon Blum de « détritus humain » et Pierre Gaxotte, le futur académicien, écrivait à son propos
dans le Candide d’avril 1938 « Il incarne tout ce qui nous révulse le sang et nous donne la chair de poule. Il est
le mal, il est la mort »8. Ce furent les mêmes qui lancèrent le slogan « Plutôt Hitler que Blum ! ».
Difficile aujourd’hui de concevoir que cette composante de l’opinion française ait pu si longtemps avoir
droit de cité. La condamnation pénale systématique de propos antisémites est récente. Jusqu’à la prise de
conscience de l’horreur des camps nazis, professer des opinions antisémites n’entraînait aucune sanction
particulière. Dans une certaine société, il était même de bon ton de vilipender « l’omniprésente juiverie ».
Maurras était antisémite, Drumont, le député de la circonscription, le boucher du coin, alors, Céline …
La littérature la plus huppée n’hésitait pas à employer, sans heurter les consciences, des clichés à forte
connotation antisémite. L’œuvre de Proust en véhicule elle-même de très nombreux9.
L’antisémitisme célinien pourrait donc à la rigueur s’expliquer par référence à une imprégnation
familiale, à une fidélité culturelle inconsciente. Mais comment interpréter l’adhésion clairement revendiquée de
Céline aux thèses d’un racisme biologique ? Comment expliquer cette contradiction avec sa formation médicale,
Céline écrivain s’étant toujours réclamé des connaissances scientifiques du Dr Destouches ?
Louis-Ferdinand Céline, sublime, forcément sublime ?

Un raciste « biologique » convaincu et prosélyte


Aujourd’hui on amalgame parfois racisme et antisémitisme. Autant ce dernier peut se décrire comme une
attitude irrationnelle, invoquant à la fois des ressentiments religieux (le peuple déicide), le rejet d’une autre
culture, la crainte de “l’autre”, …, autant le racisme revendique, pour se justifier, un fondement scientifique,
autrement dit le recours à la “raison”.
Céline place dans Rigodon un entretien imaginaire avec un journaliste dans lequel il proclame sans
détours son credo de raciste “biologique”:
– « Une question, !… une seule … vous avez eu des amis ! beaucoup ! …
– Pas un ! … tout pour que la foudre tombe pas sur eux… mais que sur moi ! tout sur moi la foudre !…
– Vous êtes aigri, Maître, chagrin…
– Non ! biologiste ! j’ai dit, c’est tout !… seule la biologie existe, le reste est blabla ! … tout le reste !… je
maintiens, au « Bal des Gamètes », la grande ronde du monde, les noirs, les jaunes gagnent toujours !… les blancs
sont toujours perdants, « fonds de teint », recouverts, effacés !… politiques, discours fariboles !… qu’une vérité :
biologique !… dans un demi siècle, peut-être avant, la France sera jaune, noire sur le bords…
– Les Blancs ?
– Les Blancs au folklore, strip-tease et pousse-pousse…
– On vous a dit que vous étiez dingue, Maître ?
– Dix fois par jour depuis trente ans !
– Et pendu ?
– Il est trop tard, je tiendrais pas, je tomberais par morceaux !… »
C’est à ce type de racisme que Céline, même à la fin de sa vie (ce texte posthume le prouve), n’a jamais
renoncé. Autant il fit preuve de (maigres) regrets pour ses propos anti-juifs10, autant il s’est vanté jusqu’à sa
mort d’être raciste. Aujourd’hui on s’étonne, à juste titre, que l’on puisse être «raciste biologique» et médecin
mais en a-t-il toujours été ainsi?

Le racisme, bénéficiaire d’une longue caution scientifique


Si la Genèse amorce la distinction entre les composantes de l’espèce humaine11, les prémisses d’un
racisme « scientifique » se trouvent chez les naturalistes du XVIII° siècle. Rarement combattues par les
philosophes des Lumières12, elles tinrent le haut du pavé jusqu’à une époque récente.
Rappelons-en les grandes étapes. Buffon, présentait en 1749 une classification des espèces où l’homme
européen occupait le plus haut échelon. En 1758, Carl von Linné proposa dans son Systema natura de
différencier quatre variétés d’Homo Sapiens13.
C’est l’anthropologue et médecin allemand Blumenbach (1752-1840), s’appuyant sur les travaux de
Linné, qui distingua le premier des races au sein de l’espèce humaine14.
L’origine des théories racistes modernes est généralement mise au compte de l’ouvrage du Comte de
Gobineau (1816-1882) : Essai sur l'inégalité des races humaines. Cet aristocrate, ambassadeur en Iran,
combattait à sa manière sa haine des idées républicaines : « La théorie de la race est une conséquence naturelle
de mon horreur et de mon dégoût pour la démocratie. » Bien qu’il se réclamât de la rigueur intellectuelle,
l’ouvrage procédait plus de métaphores hasardeuses que d’observations scientifiques15 :
« Les deux variétés inférieures de notre espèce, la race noire, la race jaune, sont le fond grossier, le coton et la laine,
que les familles secondaires de la race blanche assouplissent en y mêlant leur soie, tandis que le groupe arian(sic),
faisant circuler ses filets plus minces à travers les générations ennoblies, applique à leur surface, en éblouissant chef-
d’œuvre, ses arabesques d’argent et d’or ».
A sa suite, bien des scientifiques, et non des moindres, alimentèrent ces thèses hasardeuses. Ainsi,
l’illustre Broca n’hésitait pas à écrire, à la fin du XIX° siècle :
« En moyenne la masse de l'encéphale est plus considérable chez l'adulte que chez le vieillard, chez l'homme que
chez la femme, … et chez les races supérieures que chez les races inférieures. »
L’anthropologue Georges Vacher de Lapouge (1854-1936), évalua des centaines de crânes pour
déterminer l’angle facial16 et forgea les affreux termes de “dolichocéphale nordique” et de “brachicéphale
nègre” ! Une des dernières publications sur une distinction, non hiérarchique, des races est due à
l’anthropologue français Henri Victor Vallois en 194317.
Bien avant leurs funestes conséquences contemporaines, ces pseudos théories contribuèrent, par la bonne
conscience qu’elle offrait aux colonisateurs, au maintien de tous les colonialismes.
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L’eugénisme, prolongement « naturel » du racisme


Parallèlement à ces théories raciales, se développait un courant eugéniste, largement diffusé et plébiscité
par certaines élites ou groupes sociaux des pays industrialisés.
Si l’on trouve dans La République de Platon18 l’idée d’épurer la société d’individus « inaptes », c’est le
démographe anglais Francis Galton, cousin de Darwin, qui proposa en 1883 une sélection institutionnalisée
(eugénisme) des individus. Selon lui, en l’absence du processus de lutte pour la vie, l’idiot, le « fou », le débile,
pouvaient se reproduire, transmettre leurs “tares” et contribuer ainsi à affaiblir la “race”. L’eugénisme devait
ainsi contrer les effets d’une sélection naturelle rendue inopérante par la loi morale en vigueur dans nos
civilisations.
Des “société savantes” furent fondées sur ce principe : la “Gesellschaft für Rassenhygiene” en 1905 à
Berlin et l“Eugenics Education Society” à Londres en 1907.
En France, Alexis Carrel, représentant éminent de l’eugénisme, plaidait pour une aristocratie biologique
héréditaire obtenue en « favorisant l’union des meilleurs éléments de la race ». Ce biologiste éminent, Prix
Nobel 1912 de médecine, connut, avec “ L’Homme, cet inconnu”, un enviable succès littéraire. Compte tenu du
tirage (plus de trois cent mille à la fin des années quarante), l’ouvrage avait trouvé place dans un grand nombre
de foyers français.
Ce texte recèle des phrases aux sinistres résonances :
« Un établissement euthanasique, pourvu de gaz appropriés, permettrait d’en disposer [les criminels endurcis et
récidivistes] de façon humaine et économique. »
Ces idées gênaient si peu à l’époque que des pays « démocratiques » n’hésitèrent pas à les mettre en
pratique. Durant les années vingt et trente, la Suède, le Danemark, la Suisse et les Etats-Unis pratiquèrent la
stérilisation de malades mentaux. Dans les années cinquante, la castration chimique du logicien Alan M. Turing,
accusé d’homosexualité par les autorités anglaises, relève de cette démarche.
La “mise en application” de l’eugénisme sous sa forme la plus abominable fut l’œuvre des nazis. Ils
obtinrent sans trop de réticences la participation du milieu médical pour leur programme “d’Hygiène raciale”.
On connaît trop les effets de cette politique pour ne pas les reprendre ici.
C’est une proclamation de l’UNESCO, rédigée en 1949 par un groupe représentatif de savants, qui mettra
définitivement un terme à la caution scientifique des théories raciales19. Par contre, il est notable qu’aucune
condamnation de l’eugénisme ne figure dans ce texte. L’explication la plus souvent avancée est que le patron de
cet organisme, Julian Huxley, biologiste lui-même, était un eugéniste convaincu20 !
Vichy ou le racisme doctrine d’Etat
Abordons maintenant l’attitude spécifique de la France face aux thèses et à la propagande racistes. Après
la débâcle de juin quarante, le racisme deviendra doctrine d’Etat. Dans le sillage de Philippe Pétain, le personnel
politique de “l’Etat français” est largement acquis aux délires racistes et antisémites, vociférés depuis deux
décennies par les ténors de l’extrême droite et les thuriféraires de “l’Ordre nouveau”.
Dans ce contexte, l’antisémitisme “latent”des années trente, acquit une “virulence” mortelle en se
recombinant de façon institutionnelle aux thèses du racisme scientifique. En assimilant le peuple Juif à une race,
au mépris de toute réalité historique,Vichy appliqua aux ressortissants français de confession israélite (ou
prétendus tels), les stigmatisations racistes les plus abjectes.
Moins d’un mois après l’armistice, le 10 juillet 1940, une première Loi constitutionnelle donne les pleins
pouvoirs au Maréchal Pétain. Avec un zèle surprenant, la première loi xénophobe est promulguée le 16 juillet et
la première loi “portant statut des juifs”, le 3 octobre21. Bien d’autres suivront !
Parallèlement, le régime de Vichy mit en place un certain nombre de structures et d’officines pour assurer
le “succès” de sa politique raciale et complaire aux nazis. Le “Commissariat aux questions juives” dirigé par
Darquier de Pellepoix en est l’une des plus sinistres illustrations.
Mais le régime mobilisa aussi des sommités scientifiques pour le seconder dans cette entreprise. Ainsi,
Alexis Carrel, Pape français de l’eugénisme, fut nommé par Pétain « Régent de la Fondation française pour
l’étude des problèmes humains ».
“Alexis Carrel,…, envoyait son équipe « Biologie de la lignée » enquêter sur la « qualité biologique » des familles
immigrées de Paris et de sa banlieue à l’époque même où s’organisait la déportation à Drancy22. ”
Le professeur d’ethnologie Georges Montandon cautionna de son autorité académique, de 1941 à 1944, la
revue l’Ethnie Française où il professait des théories ethnoracistes23 avant de se déclarer résolument “raciste et
eugéniste”. Chargé de diriger en 1943 l’Institut d’Etudes des Questions Juives et Ethnoraciales, il jouera un rôle
actif dans la mise en œuvre de la politique raciale de Vichy24.
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Céline au tribunal de l’Histoire


Condamner les romans de Céline au nom de l'antisémitisme des pamphlets,
c'est interdire Candide au nom de l'antijudaïsme du Dictionnaire philosophique. Eric Mazet.

Dans notre propension à revisiter l’histoire, on établit souvent un parallèle entre le sort de Robert
Brasillach et celui de Louis-Ferdinand Céline. Si Céline était resté à Paris après la Libération, il est fort probable
qu’il eût connu le sort de Brasillach : l’exécution par fusillade au Fort de Montrouge25. Les Français ne s’en
seraient pas offusqués. Cependant, à nos yeux, les deux dossiers ne pesaient pas le même poids.
Brasillach appelait régulièrement au crime dans la revue ultra collaborationniste Je suis Partout dont il
était rédacteur en chef. Or un organe de presse ne joue pas le même rôle sur l’opinion publique qu’un roman26.
Son but est d’infléchir le jugement de ses lecteurs. Quand il écrivait : « il faut se séparer des Juifs en bloc et ne
pas garder de petits », il engageait lourdement sa responsabilité morale face au génocide !
Les rappels précédents sur la prégnance des thèses racistes et du climat xénophobe qui prévalaient en
France relativisent, sans les excuser, les débordements de Céline. Examinons brièvement les faits à charge et
ceux à décharge.
A charge. Oui, Céline a fréquenté les principaux théoriciens racistes : Montandon, le fils de Vacher de
Lapouge, Carrel27 … Oui, il a visité en septembre 1941 la sinistre exposition “ Le Juif et la France ” et s’est
plaint que ses pamphlets n’y figurent pas en bonne place ! Oui, il a écrit des choses abominables sur les Juifs,
les Francs-maçons, certains intellectuels28. Oui, il adressa une trentaine de lettres aux journaux
collaborationnistes dont certaines exhalaient29 un détestable parfum de délation. Oui, il a persévéré dans son
antisémitisme maladif même après la guerre30…
A décharge. Céline est capable d’affirmer une chose et son contraire. Dans l’esquisse de Féerie pour une
autre fois31, il écrit sans sourciller à propos d’une visite de Montandon : « Je lui ai reproché ses consultations
raciales … et puis, par dessus tout, l’affaire raciste ne tient pas debout » (sic). Peut-on alors imputer à cet
écrivain halluciné, vociférateur forcené, tous les crimes commis au nom d’une « Race » dite supérieure ?
Assurément non. Céline n’était pas un idéologue. C’était, comme l’écrivait Malraux, l’homme “ dont une idée
simple oriente la vie ”. Une idée délirante, divagante, éminemment fluctuante.
Frédéric Vitoux32, critique averti de l’œuvre célinienne fait justement remarquer :
« Céline … ne peint pas à fresque … il peint des miniatures. Il écrit par synecdoques. Il prend en somme la partie
pour le tout … et cette partie devient immense, devient un monde. »
S’il est indéniable que les fascistes français en firent leur étendard, il n’en est pas moins certain que
Céline n’a jamais hurlé avec les loups. Il n’a jamais participé comme orateur aux grands meetings de la
“Révolution nationale ”. Son délire lui était personnel, il n’a jamais, à preuve du contraire, cherché à
l’institutionnaliser.
Retournons la perspective : l’ostracisme dont Céline fait parfois l’objet n’est-il pas à mettre au compte
d’une mauvaise conscience collective, digérant avec peine sa période vichyssoise ?
On s’étonne toujours du stupéfiant tour de passe-passe qui fit basculer, à la Libération, la majorité du
corps social d’une grande tolérance aux idéaux de la “Révolution nationale” — pour ne pas dire plus—, aux
vertueux programmes de la Résistance ! A chacun dès lors de se forger son « intime conviction » sur la
culpabilité de l’écrivain dans les années terribles de l’Occupation et de la Collaboration. Les sources ne
manquent pas33.
Jean-François Duclos, auteur d’une thèse de doctorat sur Céline note avec pertinence :
« … il devient alors impossible d'oublier qu'à travers Céline passe tout le siècle, dans ce qu'il a produit de pire en
politique et de meilleur en littérature. »

Un homme blessé, un homme souffrant


Laissons l’icône littéraire ou l’ignoble repoussoir, selon… Revenons à l’homme.
Céline a souffert toute sa vie de la blessure reçue à Ypres. Pas seulement du bras mais bien plus d’une
fracture quasi certaine du rocher34 qui entraîna des maux de tête insupportables :
« je peux dire que je ne dors que par instants depuis novembre 14 … je m’arrange avec bruits d’oreille … je les
écoute devenir trombones, orchestre complet, gare de triage … »
Sa veuve, Lucette, confia ce témoignage à Frédéric Vitoux :
« Cette blessure l’avait comme retiré du monde. On ne peut pas comprendre Céline, cette violence qu’on lui
reproche, si on oublie son état de santé, ses insomnies et tout ».
Louis-Ferdinand Céline, sublime, forcément sublime ?

Philippe Muray, biographe inspiré35, glisse dans son portrait de l’écrivain cette pénétrante notation :
« Chaque jour … de cet interminable massacre du XXème siècle, chaque jour de sa vie Céline est mort un peu plus
d’angoisse et de lucidité ».

Avec le temps, ne peut-on accorder à cet être tourmenté, hanté par la guerre et les souffrances des
malades, le bénéfice de l’apaisement et lire son œuvre en gardant devant les yeux le filtre de l’Histoire ?

Que nous apporte Céline aujourd’hui ?


Au-delà du strict plaisir littéraire, un jeune témoin de la dernière guerre y trouve une occasion de revisiter
l’histoire contemporaine. En 1946, mes souvenirs de gosse l’attestent, les Russes étaient des alliés solides, les
Boches d’infâmes salauds, les FFI de purs héros, les américains de preux libérateurs …
Vainqueurs —par forfanterie—, nous réécrivions l’histoire à notre profit.
Depuis, il a bien fallu prendre en compte une version moins simpliste de l’Histoire. L’écrabouillage des
villes allemandes par les bombes au phosphore, Dresde ; les très mauvaises manières des GIs en Normandie,
dans les Vosges :et à Berlin, demandez à certaines femmes survivantes ce qu’elles pensent de ces libérateurs,
bref d’autres « crimes de guerre »…
Et dans notre belle patrie, qui se sent glorifié par les exploits de ces “résistants”, coiffeurs d’occasion ?
Qui n’a vu, récemment, ces images atroces du lynchage d’un milicien à Cusset36 ?
La « Trilogie allemande » dépeint, au-delà du pitoyable spectacle des marionnettes de Sigmaringen, une
Allemagne en pleine débâcle, ses grandes villes pilonnées sans relâche. L’envers du décor en somme …
Céline, écrivain maudit, nous montre ce que l’on ne veut pas voir. La guerre n’est jamais héroïsme
immarcescible, victoire justificatrice de tous les moyens, triomphe éclatant du Bien sur le Mal …
La guerre, il la hait, et il le dit … à sa façon… pas toujours catholique …
« – Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant comme un rat …
– Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu’il y a dedans… Je ne la déplore pas moi…
Je ne me résigne pas moi…Je ne pleurniche pas dessus moi… Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu’elle
contient, (…). Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c’est eux qui ont tort, Lola, et
c’est moi qui ait raison, parce que je suis seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir. » ( Le Voyage)

Dans un océan de mièvreries littéraires, lire, relire, le Voyage, Mort à crédit et quelques autres, nous
rappelle que la littérature aussi construit notre vision du monde. La diversité des situations et des personnages,
la variété des styles narratifs, fournissent à chacun de nous — et à bon compte — une multitude de vies de
substitution.
Et là, Céline est incomparable …
Laissons la parole à Jean-Louis Bory37 pour une improbable conclusion :
" L’outrance dans les thèses, l’impudence dans les arguments me paraissaient haïssables, je les haïssais donc. Avec
application je me fermais les oreilles et le cœur au lyrisme satanique des pamphlets. Devant ce Pierrot-Arlequin à la
mesure de notre planète, à la fois athlète et saltimbanque, sanglotant et rageur, pitoyable et grotesque, admirable et
odieux, je n’accepterai plus de me blesser aux éclats de son mauvais rire. Mais que j’ouvre le Voyage, Mort à Crédit
- ou, plus tard, D’un Château l’autre ou Nord, ma rancune s’évanouissait "

JPM
jean-paul@margnac.fr

Ste Geneviève des bois


Octobre 2005
Révision 2007-2008
Louis-Ferdinand Céline, sublime, forcément sublime ?

Notes et références

1
Cf par exemple le dossier polémique, instruit à charge mais très documenté, du journaliste Antoine Peillon : Louis-
Ferdinand Céline, l’Idole antisémite. http://perso.wanadoo.fr/fromveur et l’essai d'André Rossel-Kirschen « Céline ou
le grand mensonge », Mille et Une Nuits, octobre 2004.
2
Respectivement, d’Henri Barbusse (1916), de Roland Dorgelès (1919), de Maurice Genevoix (Cinq volumes publiés
de 1916 à 1923), et d’Erich Maria Remarque.
3
Autant empreints d’une tradition boulangiste que de la volonté de faire reconnaître leurs droits, les anciens
combattants de 14-18 s’étaient regroupés dans des « ligues patriotiques » : Jeunesses patriotes de Pierre Taittinger,
Action française de Charles Maurras, Croix de feu du colonel de La Roque, …Proches de l’idéologie des fascistes
italiens, elles mirent en péril le régime républicain au cours des manifestations sanglantes du 6 février 1934.
4
Lettre inédite à Roger Nimier, alors conseiller littéraire aux éditions Gallimard. 21 août 1952.
5
Cf l’article Antisémitisme de l’Encyclopædia Universalis, signé par Jacques Madaule.
6
Fondateur en 1892 de La Libre Parole, ce journaliste pamphlétaire mène d’emblée une campagne virulente contre
« les juifs dans l’armée ». Ce sera l’amorce de l’Affaire Dreyfus qui verra Drumont, antisémite acharné, employer tout
son talent à faire condamner le capitaine.
7
Ouvrage violemment antisémite, “La France juive”, paru en 1886, atteignit rapidement 150 rééditions !
8
Cf les travaux de l’historien Michel Winock : Nationalisme, antisémitisme, fascisme en France, Seuil 1990, La
France et les Juifs. De 1789 à nos jours, Le Seuil, 2004.
9
On trouve par exemple dans “Du côté de chez Swann”, cette notation stupéfiante, tout à la fois subtile mais
indéniablement raciste : « M. Swann faisait acheter son pain d’épices [aux Tuileries] … par hygiène il en consommait
beaucoup, souffrant d’un eczéma ethnique et de la constipation des Prophètes ». Marcel Proust. La Recherche. Ed de
la Pléiade, p. 402.
10
Voici par exemple ce qu’il écrivait le 19 janvier 1955 à Roger Nimier : « Quant à l'antisémitisme je voulais vous
répondre... Je ne suis pas non plus antisémite je suis profrançais... Je me suis lancé et comme ! et tout à fait
gratuitement, dans cette folle aventure, dans l'espoir d'épargner aux Français le ridicule d'une nouvelle guerre... dont je
savais qu'ils sortiraient tels qu'ils sont actuellement... on m'en fait crever d'avoir sonné la cloche... soit ! soit ! c'était
idiot... J'en conviens » Lettre inédite.
En 1957, le journaliste Albert Zbinden lui pose ouvertement la question :
Disons le mot : vous avez été ouvertement antisémite.
Exactement, dans la mesure où je supposais que les Sémites nous poussaient à la guerre. Sans ça je n’ai évidemment
rien — je ne me trouve nulle part en conflit avec les Sémites. ; il n’y a pas de raison. (…) Là j’ai péché par orgueil, je
l’avoue, par vanité, par bêtise. Je n’avais qu’à me taire … Ce sont des problèmes qui me dépassaient beaucoup. (…)
Tout ça c’est une vraie bêtise dont je fais les frais. Céline. Pléiade tome II. P 941.
11
(Genèse 10,15-20). Les trois fils de Noë : Sem, Cham et Japhet, seraient les ancêtres des sémites, des européens et
des africains. La malédiction de Cham par son père a largement nourri la propagande raciste et colonialiste.
12
Emmanuel Kant les cautionnait.
13
Sa classification à la Borgès laisse pantois : les Americanus, rouges, colériques et droits ; les Europeus, blancs, sanguins
et musculaires ; les Asiaticus, jaunes pâle, mélancoliques et rigides ; les Afer : noirs, flegmatiques et décontractés !
14
De Generis Humani Varietate Nativa. 1775
Louis-Ferdinand Céline, sublime, forcément sublime ?

15
Essai sur l’inégalité des races humaines. Conclusion générale. Réédition Pierre Belfond, 1967, 878 pages. Edition
numérique. Disponible sur http://www.uqac.ca/Classiques_des_sciences_sociales/
16
L'Aryen, son rôle social. 1889. Sorte de roman préhistorique mettant en scène l’homo europaeus blond, grand et
dolichocéphale, émergeant d’un continent englouti, une Atlantide, située au nord de l’Europe.
17
"Anthropologie de la population française", Didier (Toulouse, Paris) 1943. Les races humaines, PUF, collection
Que sais-je ?, 1944 [ Réédité par les PUF jusqu’en 1950]. Henri Victor Vallois fut directeur du Musée de l’Homme
dans les années cinquante. Ne pas confondre avec Georges Valois, son contemporain, fondateur de la ligue fasciste
« Le Faisceau ».
18
« Un homme incapable de vivre la durée normale, il ne faut pas, à son avis (Asclèpios), le soigner, car cet homme-là
n'est de nul avantage, ni pour soi-même, ni pour la Cité ». Platon: la République. Livre III, Œuvres complètes, La
Pléiade, Gallimard, Paris, 1950. Cité par Robert Maggiori, journaliste à Libération dans Heidegger nazi. Juin 2001.
19
« Les savants du monde entier dénoncent un mythe absurde ... le racisme ». Courrier de l’UNESCO 1950.
20
Il fut vice-président de la société anglaise d’eugénisme à la fin des années trente.
21
“Les lois de Vichy”. Dominique Rémy. Ed Romillat. 1992.
22
Alain Tort. Le Monde diplomatique. « L’affaire Carrel ». Juin 1998.
23
Le 5 novembre 1938, il tint en Sorbonne une conférence sur les races et se prononça pour la création d'un État,
"dont les Juifs seraient ressortissants, ne vivant dans d'autres États qu'en qualité d'étrangers, avec passeport et tout ce
qui en découle". Le texte paraîtra dans Scientia, revue scientifique internationale, où il affirmait que les Jaunes, les
Noirs et les Blancs ne descendraient pas de la même race de singes, mais les uns de l'orang-outan, les autres du gorille
ou du chimpanzé ! In Céline et Montandon. Eric Mazet. Dans une interview de 1981, Henri Victor Vallois (Cf supra)
se souvient : « On trouvait ce gros livre de Montandon, l’Ologénisme, dans tous les laboratoires du Muséum [Dans
les années quarante].
24
Il sera grièvement blessé à son domicile le 3 août 1944 par un groupe de résistants. Il décédera peu après dans un
hôpital militaire en Allemagne.
25
Brasillach fut exécuté le 6 février 1945. La coïncidence de date n’est pas fortuite. Le 6 février 1934, les ligues
factieuses d’extrême droite avaient failli renverser la république.
26
Avec un tirage de 300.000 exemplaires, son lectorat n’était pas confidentiel ! Au Pilori, autre titre de la presse
collaborationniste, tirait à 65.000.
27
Céline rencontra le Dr Carrel durant l’été 1918. Les deux hommes entretinrent, selon ses biographes, une correspondance
de nature scientifique.
28
Dans Rigodon, il mène une charge ignoble contre Sartre en le traitant de “Tænia” :
« sous l’objectif [du microscope], les convulsions de ce lambeau, … avec deux sortes d’yeux, tout globuleux,
divergents … ». Il faut rappeler que le directeur des Temps Modernes l’avait injustement accusé d’avoir touché de
l’argent des Allemands. Il ne semble pas que Sartre lui en ait voulu puisqu’à la fin de sa vie il se serait exclamé :
« Savez-vous lequel de nous restera? Céline.» (Cité par George Steiner dans un entretien à l’Express. Décembre
2000).
29
Antoine Peillon. Op. Cit. supra.
Louis-Ferdinand Céline, sublime, forcément sublime ?

30
De retour du Danemark, rendu prudent par l’expérience, il travestira ses injures antisémites afin qu’elles passent
inaperçues à des lecteurs naïfs. Dans son dernier ouvrage, Rigodon, il évoque des “Yites”. Quel jeune lecteur saura
que derrière ce terme abscons se dissimule l’horrible “Youtre”, largement utilisé par Céline dans ses pamphlets ?
Une analyse des occurrences dans “Bagatelles pour un massacre” renvoie 115 “Youtres” pour 3 “Yites”. [JPB]
29
In Romans. Ed de la Pléiade. Tome IV. P. 568. Texte amorcé en prison à Copenhague à partir de janvier 1946.
32
Frédéric Vitoux. La vie de Céline. Folio 4141. Gallimard.
33
Le Web est riche de sites dédiés à l’œuvre de Céline. Sur Google, “Louis Ferdinand Céline” retourne 531.000
Pages ! En tapant le nom des contributeurs français les plus connus : Philippe Alméras, Philippe Sollers, Henri
Godard, Frédéric Vitoux, Emile Brami, François Gibault, on ne peut manquer de trouver de passionnants
commentaires. Voir notamment le “ Bulletin célinien ” édité par Marc Laudelout (http://louisferdinandceline.free.fr).
34
Diagnostic du Dr Robert Bramy, voisin de Céline à Meudon. In le Dictionnaire Céline de Philippe Alméras. Plon.
2004.
35
Philippe Muray. Céline. Coll. “Tel Quel”. Ed du Seuil. 1981.
36
Les images du lynchage du milicien Sénati ont été analysées par Daniel Schneidermann dans le film « Jour de
pendaison à Cusset ». Rediffusé le 9 septembre 2005 sur France 5
37
Cité par Alain Cotte @Lalettre.com.
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