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COMPOSITION
Elle évolue, par décision interministérielle, en fonc- * du Syndicat Professionnel des Distributeurs d’Eau
tion de l’extension du domaine d’action du comité, * d’élus
ainsi que des demandes formulées par les organis-
Association des Maires de France (AMF),
mes qui souhaitent en faire partie. Le comité com-
Fédération Nationale des Collectivités
prend des représentants :
* de la profession agricole Concédantes et Régies (FNCCR),
Chambres
* des consommateurs
d’Agriculture (APCA)
Confédération Syndicale du Cadre de Vie
Syndicalisme (FNSEA, CNJA)
(CSCV),
Mutualité, Coopération, Crédit (CNMCCA)
* des instituts techniques agricoles
* des associations agréées de protection de l’envi-
ronnement et de pêche
ACTA, CETIOM (oléo-protéagineux), CTIFL France Nature Environnement (FNE),
(fruits et légumes), ITAVI (aviculture), IE (éle- des fédérations
Union Nationale
vage), ITB (betterave), ITCF (céréales et four- des Associations Agrées de
rages), ITP(porc), AGPM (maïs) départementales
Pêche et Pisciculture (UNAAPP)
* des établissements publics de recherche
* des six agences de l’eau
BRGM, CEMAGREF, IFREMER, INRA
* des directions concernées des ministères
* du Syndicat National de l’Industrie des Engrais
* de l’Union des Industries de la Protection des
(agriculture, économie, environnement, indus-
Plantes
trie, intérieur, santé)
* de personnalités qualifiées.
* de la Fédération Nationale des Groupements de
Protection des Cultures
PUBLICS CONCERNES
* les agriculteurs * les élus
* leurs prescripteurs (conseillers, techniciens) * les administrations
* les formateurs
FONCTIONNEMENT DU CORPEN
Des groupes de travail font la synthèse des connais- Un bureau permanent et le comité plénier rassem-
sances scientifiques et techniques disponibles. Cer- blant tous les membres élaborent des propositions
tains sont permanents, d’autres sont dissous une fois faisant l’objet d’un consensus puis décident de la
leur mandat terminé. Ils mobilisent à ce jour plus de publication des documents techniques et
deux cents spécialistes sollicités en fonction des méthodologiques.
centres d’intérêt du CORPEN.
Le CORPEN est présidé par Claude GLEIZES Pour tout renseignement et commande de bro-
ingénieur général du GREF (ministère de l’agricul- chure, contacter :
ture). Secrétariat du CORPEN, mission eau-nitrates
Ministère de l’environnement
Son secrétariat est assuré par la mission
Direction de l’eau
interministérielle Agriculture-Environnement
Eau-Nitrates. Elle édite le bulletin de liaison 20, avenue de Ségur
"l’écho des nitrates et des phytos" qui donne’ 75302 Paris 07 SP
régulièrement des informations sur l’état Télécopie: (1 ) 42.19.12.93
d’avancement des travaux du CORPEN. Téléphone: (1) 42.19.12.88
Février 1996
3
AVERTISSEMENT
Or, comme dans le cas des nitrates, pour qu’une action sur les pratiques soit efficace,
celle-ci doit être adaptée aux conditions déterminant les situations constatées sur le terrain. Il
apparaît donc nécessaire de réunir, puis d’interpréter, dans le cadre d’un diagnostic en vue de
l’action sur une zone déterminée, un certain nombre d’informations dont la nature est décrite
dans ce document.
Ce document a été élaboré avec l’aide efficace de Marc FAGOT, ingénieur agronome
de la Mission Inter-Agences du ministère de l’environnement, chargé du dossier "produits
phytosanitaires" au Secrétariat du CORPEN, qui en a assuré la rédaction. Il représente la
synthèse des recommandations des experts ayant participé au groupe de travail dont les noms
figurent dans les pages suivantes.
René BELAMIE
Les personnes dont le nom est souligné ont également constitué le comité de rédaction.
SOMMAIRE
INTRODUCTION........................................................................................................... 11
ANNEXES....................................................................................................................... ......107
INTRODUCTION
13
OBJECTIF
L’objectif raisonnable auquel on doit se limiter dans un diagnostic est l’estimation des
risques de transfert de produits phytosanitaires vers les eauxLedans une zonedoit géographique
donnée et la détermination des facteurs qui les favorisent. diagnostic fournir les
éléments pour définir les actions appropriées en vue de préserver ou de restaurer une qualité
compatible avec les usages de l’eau (consommation humaine, fonction biologique, activités
de loisirs...). Il doit également permettre de choisir les indicateurs qui permettront par la suite
d’évaluer de façon pertinente l’impact de ces actions.
Cette démarche, qui doit être globale, peut notamment permettre de répondre à l’une
ou plusieurs des questions importantes relatives à une zone géographique donnée : quelles
sont les caractéristiques de la pollution, quelle en est l’origine, quelle est la part de
responsabilité de l’agriculture, quelles sont les pratiques en cause, quelle est l’importance
relative de la pollution diffuse et de la pollution accidentelle, quelles sont les ressources en
eau les plus vulnérables à ce type de pollution ?
En l’absence d’un tel diagnostic, les conclusions auxquelles on peut aboutir par une
approche inadaptée, parfois fondée sur des appréciations limitées, ne présentent aucun
caractère de fiabilité et les actions que l’on entreprendra risquent de rester sans effet sur les
pratiques ou sur la qualité de l’eau.
Les études des spécialistes de terrain, qui réalisent des observations in situ, montrent
qu’une approche sur la seule base des travaux de laboratoire et de l’utilisation de modèles est
encore insuffisante pour expliquer les situations locales. Les outils disponibles n’ont donc pas
la finesse permettant de raisonner à ce niveau de précision alors que la réglementation impose
des contraintes extrêmes.
Il est donc nécessaire d’établir un diagnostic aussi précis que possible adapté à
chacune de ces situations, en ayant recours à une démarche fondée sur l’expertise.
Sans attendre de nouveaux développements des modèles et/ou des outils d’aide à la
décision, il est souhaitable de structurer une démarche globale permettant de déclencher des
actions malgré les incertitudes qui demeurent.
14
plus, il sera souvent nécessaire de mener de front plusieurs étapes dans la mesure
De
où l’acquisition de connaissances sur l’un de ces points peut permettre de mieux orienter les
investigations sur les autres.
Les étapes développées en première partie sont les suivantes :
-
Délimitation de la zone de diagnostic :
La zone de diagnostic doit être identifiée par rapport à un enjeu sur l’eau : l’unité
géographique élémentaire pertinente est le bassin versant hydrographique ou
hydrogéologique de la ressource.
-
Caractéristiques du milieu physique de la zone d’action :
Sur la zone choisie, il faut réunir les données sur les facteurs favorisant les transferts
vers la ressource en eau. Ils concernent :
la circulation de l’eau, vecteur principal des produits appliqués,
-
en distinguant les particularités liées aux eaux superficielles et aux eaux souterraines.
-
Mesure de la pollution des eaux par les produits phytosanitaires
L’objectif des mesures est de caractériser la pollution qualitativement et
quantitativement dans l’espace et dans le temps.
Elle permet de contribuer à l’élaboration du diagnostic, ainsi qu’à l’évaluation de
l’efficacité des actions éventuellement engagées.
Après avoir analysé la pertinence des résultats déjà disponibles, un programme de
mesure adapté aux objectifs du diagnostic doit éventuellement être mis en place. Pour ce
faire il est nécessaire d’effectuer des choix judicieux concernant les substances actives à
suivre, les lieux et les dates de prélèvement.
-
-
Etude de l’environnement socio-économique et des motivations des agriculteurs :
L’étude de l’environnement socio-économique des agriculteurs et de leurs exploitations
doit permettre de connaître les contraintes auxquelles ils doivent faire face et d’expliquer
les raisons de leurs pratiques de protection des cultures.
L’étude de motivation permet de faire ressortir les freins aux changements de pratiques
et de choisir, parmi les différents axes d’actions possibles, ceux qui pourront être mis en
place en priorité.
-
Etude des pratiques en secteur non agricole :
L’agriculture n’étant pas la seule activité utilisatrice de produits phytosanitaires, il est
nécessaire d’étudier les pratiques du secteur non agricole afin d’évaluer les différents
facteurs pouvant entraîner des pollutions. Cette étape de la démarche doit permettre
d’évaluer la part de responsabilité de chaque activité présente sur la zone étudiée.
Le caractère exhaustif du diagnostic, à la fois sur les usages agricoles et non agricoles,
est une garantie de crédibilité de la démarche auprès du monde agricole.
On retrouve un certain nombre de points communs avec ce qui peut être fait pour
d’autres polluants potentiels comme les nitrates par exemple. Il est donc possible qu’un certain
nombre d’études soient déjà disponibles localement. Une concertation étroite entre les acteurs
permettra d’éviter la duplication des tâches.
La PARTIE II, "pistes pour l’interprétation", reprend deux exemples d’actions menées en
Bretagne et en Isère. Celle-ci montre comment, dans deux contextes différents, ont été
recueillies et interprétées les informations décrites en première partie, afin de parvenir à
l’élaboration de diagnostics pouvant aboutir à des propositions d’actions.
Il convient de signaler que les démarches mises en oeuvre dans ces deux régions et les
conclusions qui en découlent sont fortement dépendantes des contextes dans lesquels les
études ont été réalisées. Les cas présentés ne le sont donc qu’à titre d’exemple et ne
peuvent être extrapolés à d’autres régions.
Ces deux exemples ont été choisis parmi un certain nombre d’études menées dans les
régions. Une étude de ces travaux montre que les actions ont généralement pour origine la
mise en évidence, par le contrôle sanitaire réglementaire des DDASS, d’une contamination des
eaux d’alimentation par les produits phytosanitaires. Suite à ce constat, auquel s’ajoutent les
résultats des suivis de la qualité des cours d’eau réalisés par les Agences de l’eau et les
DIREN, les actions mises en place ont été de nature différente et ont conduit à des diagnostics
dont les buts très divers visaient à :
les produits phytosanitaires (étude Bretagne en partie II de cette brochure, 69) afin de définir
des zones d’actions prioritaires ou de préciser les besoins en matière de traitement d’eau,
(1) Ces numéros font référence à la liste des documents placée en annexe 2 de cette brochure
16
estimer les effets des pratiques agricoles sur la qualité des eaux (33), notamment
-
ceux
relatifs à la manipulation et aux techniques d’application des produits (38),
-
étudier le "potentiel polluant" ou les pratiques à risque liées à une production donnée
(24, 25), en vue de mettre en place une action de conseil (36),
estimer le rôle du paysage rural
-
L’ensemble des connaissances acquises lors de ces travaux a été utilisé par les experts
du groupe "diagnostic du CORPEN" pour enrichir cette brochure.
17
Dans certains cas, un diagnostic effectué à l’échelle d’un département ou d’une région
administrative (cf. exemple breton dans le chapitre 2.1) peut s’avérer nécessaire. Si l’objectif
de l’étude est alors d’interpréter les relations entre les pratiques phytosanitaires et la
contamination de l’eau, il convient de diviser ces zones en unités élémentaires, cohérentes par
rapport à la ressource, à l’intérieur desquelles un diagnostic peut être effectué. Lorsque les
limites d’un ou plusieurs bassins d’alimentation dépassent l’échelle du département ou de la
région, il est nécessaire de réaliser le diagnostic sur la totalité de leur surface, sans tenir
compte des limites administratives, même si cela pose des difficultés supplémentaires pour
obtenir les informations nécessaires.
Afin de délimiter la zone concernée par le bassin versant, il convient de se procurer ou,
à défaut, de réaliser les études hydrologiques nécessaires. Souvent ces études existent,
certaines ont déjà été valorisées dans le cadre d’actions visant à limiter les pollutions d’origine
agricole (Ferti-Mieux par exemple). Un travail en partenariat peut faciliter un accès aux
données. On gagnera à consulter tous les documents en possession des hydrogéologues et à
recourir à leur capacité d’expertise (spécialistes des services de l’état dans les DDAF, DDASS,
DIREN, DRIRE, des services des collectivités territoriales, des agences de l’eau, du BRGM,
des universités, des organismes de recherche...).
Dans le cas d’un diagnostic effectué sur une zone dont le contour correspond à des
limites administratives (région, département...), il convient de s’inspirer des principes énoncés
dans ce document. Toutefois, il faut avoir conscience qu’un tel choix de zone introduit des
limites à la pertinence des conclusions de l’étude.
20
En distinguant les particularités liées aux eaux superficielles et aux eaux souterraines.
- les facteurs concernant la circulation de l’eau, vecteur principal des résidus de produits
appliqués. Les principaux éléments à prendre en compte sont liés au climat, aux
caractéristiques du sol et du sous-sol, la topographie, la ressource à protéger, les relations
éventuelles entre eaux superficielles et eaux souterraines... On pourra se référer utilement à
l’ouvrage "Pédologie, végétation, environnement "(Philippe DUCHAUFOUR, 1995, édition
MASSON), notamment au chapitre 4 : "le sol et l’eau".
-
les facteurs concernant les interactions entre les produits et le milieu. En effet, chaque
substance active phytosanitaire possède des caractéristiques de comportement dans le sol et
l’eau telles que sa persistance et sa mobilité. On pourra se référer à la brochure
"Caractéristiques utiles pour l’évaluation du comportement de quelques matières actives dans
l’environnement" (Dabène, Marié / Ministère de l’agriculture - DERF - version 1995). La
mobilité et la persistance sont fortement dépendantes des caractéristiques du milieu. C’est
pourquoi il est également nécessaire de recueillir des informations sur les caractéristiques du
sol et le climat.
également nécessaire de distinguer parmi ces facteurs ceux qui intéressent plus
Il est
particulièrement les eaux superficielles de ceux qui concernent les eaux souterraines.
Le schéma 1 résume les différents mécanismes de transferts de produits abordés dans ce
chapitre en montrant les liaisons possibles avec la circulation de l’eau.
Les aquifères non couverts par une couche imperméable (aquifères "libres") peuvent
être atteints par les pollutions issues de la surface du sol. On exprime cela en disant qu’ils sont
"vulnérables" à la pollution.
L’alimentation d’un aquifère libre s’effectue pour une majeure partie par
l’infiltration à travers les sols d’une partie de l’eau de pluie, dite "pluie efficace", et à
partir des cours d’eau pour les nappes alluviales. Cette alimentation a lieu essentiellement en
hiver, parfois en fin d’automne et en début de printemps, lorsque l’eau peut circuler par gravité
dans le sol et le sous-sol (zone non saturée) et atteindre la nappe. L’irrigation peut localement
jouer un rôle important.
Pour le diagnostic, il est important de prendre en considération les caractéristiques du
sol colonisé et donc influencé par le système racinaire des cultures, ainsi que du sous-sol
jusqu’à la nappe.
A l’alimentation (entrée d’eau) appelée aussi recharge, correspond l’écoulement (sortie
d’eau) par les sources, la décharge dans les cours d’eau et par les prélèvements effectués par
l’homme. L’aquifère est donc un réservoir dont le niveau (niveau piézométrique) monte si
l’alimentation est supérieure à l’écoulement.
La circulation souterraine de l’eau se fait de façon inégale dans les trois dimensions
(surface, profondeur) du fait des caractéristiques des sols, de la zone non saturée et de la roche
réservoir de l’aquifère. Il existe des cheminements préférentiels là où la perméabilité est forte.
Ces cheminements existent dans la zone non saturée mais aussi dans la nappe elle-même. Ils
sont un facteur d’hétérogénéité de la qualité de l’eau. Le cas extrême est celui des situations
karstiques.
* CARACTERISTIQUES DU SOL
Les principaux paramètres permettant de raisonner les interactions entre sol, eau et substances
actives sont les suivants :
-
texture : le profil textural conditionne la circulation de l’eau par infiltration et peut
favoriser des circulations préférentielles. Il convient donc d’identifier sur le bassin versant la
répartition des sols par rapport à ce critère. La recherche de cartographies existantes peut être
utile.
Les textures argileuses favorisent l’infiltration préférentielle dans la macro porosité.
Les sols dits filtrants, du fait de leur texture sableuse et de leur faible capacité de rétention en
eau, sont favorables aux transferts verticaux.
teneur en matière organique : celle-ci est un facteur important dans les phénomènes
-
de rétention, par sorption, de la plupart des substances phytosanitaires. Une faible teneur en
matière organique favorise la circulation des résidus. Dans le cadre du diagnostic, il est
indispensable de connaître la teneur en matière organique de l’horizon labouré. En toute
rigueur, il faudrait l’estimer sur tout le profil, mais l’obtention de ces données pose trop de
problèmes techniques par rapport à l’avantage qu’on pourrait en tirer dans le cadre d’un
diagnostic.
- pH : celui-ci joue un rôle sur la rétention et la cinétique d’hydrolyse des substances
organiques ainsi que sur leur biodégradation. Cependant son influence varie en fonction de la
substance considérée.
22
-
sensibilité à la battance : elle conditionne la partition de l’eau de pluie entre
ruissellement et infiltration. Plus un sol sera sensible à la battance, plus les possibilités
d’infiltration vers les eaux souterraines seront faibles (sauf circuits préférentiels).
de la matière organique des horizons de surface pouvait suffire. Dans certains cas, une
connaissance de l’évolution de ces critères en fonction de la profondeur peut s’avérer
indispensable pour une évaluation plus fine de la possibilité de contamination des eaux
souterraines.
-
dans la biodégradation des substances actives phytosanitaires. Il est cependant très difficile
d’en évaluer les effets sur le terrain. C’est pourquoi ce critère n’est généralement pas retenu..
* CARACTERISTIQUES DE LA NAPPE :
Les caractéristiques de la nappe à connaître sont les suivantes (un certain nombre
auront déjà été étudiées lors de la délimitation de la zone d’action) :
-
le type d’aquifère : il peut être libre, perché, captif, alluvial, karstique...,
-
la profondeur du niveau piézométrique (et sa variation) est intéressante car il peut
être assimilée à l’épaisseur de matériau que les solutés doivent traverser avant d’atteindre l’eau,
-
le volume (difficile à évaluer),
-
la recharge : exprimée en mm d’eau/an, elle exprime le fait que la principale
alimentation des nappes provient des précipitations (parfois de l’irrigation) pour les grands
aquifères. Dans le cas des nappes alluviales la contribution des cours d’eau est importante.
-
le sens et la vitesse d’écoulement.
23
Pour plus de précision sur ces termes, on pourra se référer aux ouvrages suivants :
"Dictionnaire français d’hydrogéologie" (G. Castany et J. Margat, éditions du BRGM, 1977),
"Principes et méthodes de l’hydrogéologie" (G. Castany, Dunod Université, 1982).
* TOPOGRAPHIE
* CARACTERISTIQUES DU CLIMAT
La température et l’ensoleillement peuvent jouer un rôle, en particulier sur la
dégradation des substances actives, mais l’état actuel des connaissances ne permet pas
d’utiliser ces critères dans le cadre d’un diagnostic à l’échelle d’un bassin versant.
La pluie efficace est une donnée calculée; plusieurs formules existent, à titre d’exemple
on peut citer ici celle qui est le plus couramment utilisée (en particulier par les services de la
météorologie nationale) :
Pluie efficace =
précipitation - ETP (ou ETR) - RU
Les données de précipitations et ETP (ou ETR) par décades peuvent être obtenues dans
les stations météorologiques. Dans certaines situations favorables aux transferts rapides, il
peut être également utile d’établir cette pluie efficace au cours de périodes judicieusement
choisies par rapport aux usages de produits phytosanitaires (cf. chapitre 1.5).
Il convient d’utiliser les valeurs obtenues avec précaution. En effet l’eau des
précipitations efficaces est disponible à la fois pour l’infiltration vers les eaux souterraines,
mais aussi pour le ruissellement vers les eaux de surface. A titre d’exemple, dans le cas d’une
zone sableuse ou plane, la plus grande partie de cette eau migre par infiltration, par contre
dans le cas d’une zone argileuse ou en pente, le ruissellement est privilégié. Dans la mesure du
possible les ordres de grandeur respectifs de l’un et de l’autre doivent être estimés : cette
proportion variera en fonction des facteurs cités précédemment, c’est à dire la pente, la texture
du sol, l’état de surface du sol (qui dépend aussi du couvert végétal et des pratiques
culturales), de la présence ou de l’absence de drainage...
A titre d’exemple, au niveau national, en année moyenne, les précipitations sont de
440 km3, l’ETP représente 270 km3, les précipitations efficaces sont donc de 170 km3. Ces
dernières se répartissent en 70 km3 pour le ruissellement immédiat, donc alimentant
directement les cours d’eau et 100 km3 pour l’infiltration et le ruissellement différé. (réf :
Bodelle et Margat (1980)).
Il est donc nécessaire d’estimer les pluies efficaces car elles représentent les transferts
d’eau, avecles solutés susceptibles de s’y trouver. Cependant leur contribution à la recharge
d’une nappe à l’alimentation d’une rivière sera extrêmement variable suivant les situations.
24
Compte tenu des fortes approximations qui peuvent être faites dans l’estimation de ces
facteurs, et à moins de disposer de données précises, il est préférable de raisonner en terme de
valeurs relatives (élaborations de classes), plutôt qu’en terme de valeurs absolues. Ceci peut
permettre d’identifier des zones plus ou moins sensibles à l’infiltration.
EN RESUME :
Dans le des eaux souterraines, ce sont essentiellement les nappes libres non
cas
Comme pour les eaux souterraines il est important, dans un premier temps, de
connaître les modalités d’alimentation des cours d’eau de la zone d’étude. Comme cela est
précisé plus haut, une partie de l’eau des pluies efficaces circule rapidement par ruissellement
vers les cours d’eau. L’autre partie migre plus ou moins lentement vers les nappes qui
participent à l’alimentation des cours d’eau : en période sèche et en absence de précipitations,
les débits des rivières sont assurés par l’eau provenant des nappes. Il est donc important de
consulter les hydrogéologues pour connaître localement ces proportions.
Dans le cas de la contamination par les produits phytosanitaires, la qualité des cours
d’eau dépendra, dans des proportions extrêmement variables selon les situations locales, à la
fois des quantités de solutés migrant dans l’eau de ruissellement et de celles déjà contenues
dans les eaux souterraines.
Par exemple, dans un bassin dont les cours d’eau sont essentiellement alimentés par
des eaux de ruissellement, la lutte contre la pollution peut se limiter aux actions visant à
limiter l’importance des transferts de surface (ou subsuperficiels).
Les connaissances déjà acquises tendent à montrer que les eaux de ruissellement, du
fait de la rapidité des phénomènes, ont souvent un rôle prépondérant sur la qualité des cours
d’eau.
Outre le mode d’alimentation des cours d’eaux, les critères à prendre en compte
concerneront donc essentiellement la caractérisation du ruissellement sur la zone étudiée et de
l’érosion qu’il engendre.
25
Il existe deux grands types de ruissellement, du point de vue des mécanismes qui en
sont à l’origine (figures 1 et 2) :
-
le ruissellement de surface au sens strict (ruissellement hortonien et/ou sur croûte de
battance) qui se forme quand l’intensité de la pluie est supérieure à la perméabilité de la
surface du sol,
-
le ruissellement sur zone saturée en eau.
Tous deux sont dépendants des mêmes facteurs généraux : pluie, perméabilité du sol
commandée par les caractéristiques intrinsèques du sol et de son occupation. Mais, dans le
détail, ce ne sont pas exactement les mêmes caractéristiques qui jouent un rôle prépondérant.
-
Le ruissellement de surface strict
La perméabilité de la surface du sol cultivé varie dans le temps. Elle est sous la
dépendance de l’énergie cinétique de la pluie qui est cause de la destruction des agrégats :
cette énergie est liée à la hauteur de pluie mais plus encore à son intensité. Les agrégats sont
eux-mêmes plus ou moins fragiles : en simplifiant, c’est l’importance de la fraction
granulométrique intermédiaire (2-100 μm), correspondant aux limons et une partie des sables
fins qui est fragilisante (instabilité structurale). La formation de croûte de battance à la surface
du sol est la manifestation visible de cette fragilité. L’humus et le calcium améliorent la
stabilité de la structure ; le couvert végétal joue un rôle important dans le maintien de la
perméabilité en protégeant la surface du sol de l’impact de la pluie. Le système racinaire et
l’activité biologique agissent dans le même sens.
La pente est un facteur aggravant pour ce type de ruissellement, à la fois par réduction
de la capacité de rétention temporaire de la surface du sol, accélération du ruissellement et
réduction de l’épaisseur de la lame d’eau (donc de la charge hydraulique).
la production de terre très divisée sous l’action des outils animés peut augmenter la
sensibilité de la surface du sol à l’action de la pluie.
26
-
Le ruissellement par refus d’infiltration sur zone saturée
Il est causé par la saturation de l’horizon de surface quand une couche peu perméable
est présente à faible profondeur, ou par l’émergence d’une nappe superficielle en fond de
vallée. C’est la hauteur de pluie, associée au cumul des pluies antérieures, et non l’intensité qui
est déterminante dans ce cas. La forme générale du bassin versant joue un rôle essentiel :
contrairement au cas précédent, une pente forte limite ce type de ruissellement (amélioration
du drainage naturel).
-
La circulation hypodermique ou subsuperficielle
Il faut signaler également l’existence du "ruissellement hypodermique" (ou
"subsuperficiel"), qui se produit sous la surface du sol, toujours en relation avec la présence
d’une rupture de perméabilité à faible profondeur. En toute rigueur, il s’agit déjà d’un
écoulement souterrain mais qui est susceptible de se transformer facilement en ruissellement
proprement dit, par exemple à la faveur d’une rupture de pente associée à une remontée du
niveau imperméable.
27
Le ruissellement est d’abord diffus. Dans certains cas garde son caractère diffus mais
il
souvent il s’organise rapidement en se concentrant progressivement :
-
tout d’abord sur les versants, dans le micro-relief cultural (traces de roues, lignes de
semis...),
-
Les haies, bois, prairies, zones humides, etc., situées sur les voies d’écoulement
constituent des obstacles propices à la diminution du rapport de restitution.
28
(GRIL et al (1991))
29
Certains auteurs utilisent des coefficients de perte visant à quantifier, à l’échelle d’un
bassin, la part de produit appliqué transférée aux eaux superficielles par ruissellement. De
nombreuses valeurs sont proposées dans la littérature : elles varient suivant la taille et la pente
de la zone étudiée (comme le rapport de restitution, cité ci-dessus) et selon les
caractéristiques des substances actives et du volume de précipitations. Ainsi MARCHAND
estime qu’à l’exutoire d’un grand bassin versant ce coefficient est de 0,5 % ("Les produits
phytosanitaires agricoles et la qualité des eaux marines littorales" - TSM l’eau, oct. 1989). Sur
le bassin versant du Naizin (1000 ha) celui-ci a été évalué à 0,1 % pour une substance
(travaux CEMAGREF). Ces données sont à utiliser avec prudence et il est préférable de ne
pas les généraliser. D’autres données existantes varient entre 0,1 et 0,5 %. Or dans certains cas
ces pertes extrêmement faibles peuvent provoquer des problèmes de potabilisation (par
rapport à la concentration maximale admissible actuellement en vigueur) lorsque cette eau est
destinée à la consommation humaine. Cela met en évidence la très faible marge de manoeuvre
dont on dispose pour maîtriser ces contaminations et de l’importance d’une action sur les
transferts.
Ces valeurs sont à comparer avec les estimations que l’on peut faire sur les surfaces
non agricoles (routes, trottoirs etc...) où les pertes peuvent atteindre 90 % du fait du
ruissellement sur les surfaces imperméables (cf chapitre 1.7).
EN RESUME :
Pour apprécier l’importance des différents modes de transferts vers les eaux superficielles,
deux méthodes complémentaires peuvent être mise en oeuvre :
-
les observations de terrain permettent d’évaluer le type, l’importance et la périodicité
des ruissellements et des phénomènes d’érosion diffuse,
-
l’examen des données hydrographiques des cours d’eau concernés, associé à celui des
relevés pluviométriques locaux, permet de déceler l’importance des écoulements rapides et
d’évaluer l’importance des ruissellements. Pour obtenir ces informations, les banques
"HYDRO" et "PLUVIO", mises en places par le Ministère de l’environnement et ses
partenaires, peuvent être consultées notamment dans les DIREN et les Agences de l’Eau.
Pour affiner le diagnostic et pouvoir définir les actions à mettre en oeuvre, il sera nécessaire
de compléter les informations sur les types de communications hydrauliques entre les
parcelles et les cours d’eau :
-
pour savoir s’il est plus intéressant de concentrer les actions à proximité des cours
d’eau ou, au contraire, les étendre à l’ensemble du bassin versant.
-
pour proposer des aménagements susceptibles de limiter les transferts, après avoir
réalisé un inventaire des "filtres" déjà existants sur le bassin (haies, bois, marais,
dispositifs
enherbés...) et formulé des hypothèses sur leur efficacité suite à des observations de terrain.
30
Des indicateurs autres que ceux cités précédemment sont parfois utilisés pour formuler
des hypothèses sur la vulnérabilité de la ressource en eau, qu’elle soit souterraine ou
superficielle, par rapport aux produits phytosanitaires. Il s’agit de :
-
la teneur en nitrates des nappes, parfois utilisée comme indicateur de vulnérabilité du
milieu par rapport aux produits phytosanitaires. Cependant les études ayant posé cette
hypothèse de travail montrent le plus souvent qu’il n’y a pas de corrélation stricte entre les
teneurs en nitrates et les teneurs en substances actives phytosanitaires. Cela s’explique
par la
différence des modes d’application, de transferts et de dissipation de ces produits. Dans l’état
actuel des connaissances, l’utilisation de ce seul "marqueur" ne paraît pas adaptée.
certaines substances actives phytosanitaires, détectées dans les zones où elles sont
fortement utilisées. On doit émettre les mêmes réserves que celles liées aux nitrates. En fait
chaque substance n’est indicatrice que d’elle même.
Pris seuls, ces indicateurs ne sont pas suffisants pour faire l’hypothèse d’une possibilité de
contamination de la ressource par les produits phytosanitaires. En revanche, certains
paramètres de la qualité de l’eau (bactériologique, azote ammoniacal ...) peuvent être indicatifs
de la vulnérabilité de la ressource ou de la proximité d’une source de pollution.
Les critères utilisés ci-dessus (exceptés ceux du 1.2.3) permettent donc de définir les
caractéristiques du milieu qui influencent les transferts de produits. Cependant ceux-ci
résultent de la combinaison des facteurs du milieu et de ceux liés à son occupation (
répartition spatiale des cultures, des surfaces non agricoles ...) et à son exploitation
(pratiques...). Cette caractérisation de l’exploitation du milieu fait l’objet des chapitres 1.4, 1.5,
1.6 et 1.7.
Avantd’entreprendre une action sur les pratiques des usagers des produits
phytosanitaires, il est donc important de dresser un état des lieux de la contamination.
1.3.2 - UTILISATION DES MESURES EXISTANTES
Dans un premier temps il est utile de consulter les résultats obtenus par les services
décentralisés de l’état comme les DDASS (chargées du contrôle sanitaire), certains SRPV et
DIREN, par les organismes de recherche ainsi que par les agences de l’eau dans le cadre du
Réseau National de Bassin (RNB). Un grand nombre d’analyses de substances phytosanitaires
sont réalisées chaque année par les DDASS principalement dans les captages d’eau destinée à
la production d’eau potable et dans le réseau de distribution. Tous les départements sont
concernés et, dans chaque cas, les résultats sont transmis aux exploitants des installations de
production et de distribution d’eau ainsi qu’aux responsables de ces installations (présidents de
syndicats, maires). Ces données sont, dans quelques bassins, complétées par les résultats
d’analyses principalement réalisées sur les eaux brutes (souterraines ou superficielles) par les
agences de l’eau et certains SRPV.
Enfin les distributeurs d’eau réalisent des analyses au titre de l’auto surveillance.
Par ailleurs, dans de nombreuses régions, des données sont recueillies dans le cadre
d’expérimentations sur des bassins versants représentatifs ou dans le cadre d’opérations
locales.
Dans certains cas les suivis réglementaires ont permis de révéler des niveaux de
pollution excédant les valeurs réglementaires, jouant ainsi pleinement leur rôle de
surveillance. Cependant il convient d’utiliser ces résultats avec prudence lorsqu’il s’agit
d’évaluer la contamination réelle de l’eau ou de l’expliquer. En effet, par rapport à ces objectifs
de compréhension pour lesquels ils n’ont pas été conçus, ces suivis présentent certaines limites
(qui s’ajoutent aux problèmes analytiques traités en annexe 1) :
du fait des difficultés analytiques et des coûts, il n’est pas possible d’analyser un
-
grand nombre de substances actives. C’est pourquoi les DDASS ont ciblé leur action sur
quelques molécules choisies dans une liste nationale (liste des 47 molécules jusqu’en 94)
adaptée aux contextes locaux à dire d’expert. Il peut donc arriver que dans certains cas on
recherche des substances qui, dans une région donnée, présentent peu de chance de se
retrouver dans les eaux. Inversement, d’autres substances peuvent être présentes mais non
décelées car non recherchées.
Pour tenter d’améliorer cette situation, le Comité de Liaison "eau - produits antiparasitaires"(2)
à établi une méthode de choix des molécules devant être suivies au niveau national (cf
chapitre 1.3.3.1) qu’il convient d’appliquer avec des critères pertinents dans les régions.
- pour un point de prélèvement donné, seulement quelques analyses sont réalisées dans
une année, à des périodes dont on connaît mal la signification par rapport aux risques de
présence de produit dans les eaux (climat, utilisation...)
Pour ces raisons, une analyse ne décelant pas de contamination n’est pas une garantie
d’absence de substances actives au moment du prélèvement, ni une garantie d’absence des
substances analysées à une autre période de l’année.
(2) Le "Comité de Liaison dans le domaine de la contamination des eaux par les produits antiparasitaires " est
composé du Directeur
Général de l’Alimentation, du Directeur de l’Espace Rural et de la Forêt, du Directeur de l’Eau, du Directeur de la Prévention des
Pollutions
et des Risques, du Directeur Général de la Santé, du Président du CORPEN, du Président de la section des eaux du
Conseil Supérieur
d’Hygiène Publique de France, du Président de la Commission d’Etude de la Toxicité des produits antiparasitaires à usage agricole et
assimilés et du Président du Comité d’Homologation des produits antiparasitaires à usage
agricole et assimilés.
32
Si les données existantes sont utiles, elles doivent donc être utilisées avec précaution
et, bien souvent, pour pouvoir parvenir à une description plus fine de l’état de la qualité de
l’eau, elles doivent être complétées par un programme de mesure adapté aux objectifs du
diagnostic. Ce programme doit être proportionné aux moyens par le choix judicieux de
substances à analyser et d’un programme d’échantillonnage.
L’objectif des mesures additionnelles mises en oeuvre dans le cadre d’un diagnostic est
d’établir des hypothèses sur les relations entre des causes présumées et l’état de la
contamination, ainsi que de préciser si nécessaire les caractéristiques de cet état (variabilité,
amplitude etc.), dans le but de déterminer les solutions les plus adaptées au problème.
1.3.3.1 - Choix des substances actives à surveiller
Le choix des substances actives à inclure dans une liste de surveillance découle
d’hypothèses sur la possibilité de transfert de ces substances à l’eau. Dans tous les cas, et quel
que soit le degré de complexité de la méthode employée, ces hypothèses doivent être vérifiées
ou corrigées à partir des résultats de surveillance et des études effectuées par la suite.
Cependant l’emploi de telles listes construites dans des contextes différents et parfois
suivant des objectifs autres que ceux du diagnostic effectué doit rapidement évoluer vers un
choix plus raisonné.
Ce choix doit permettre de désigner les molécules dont le suivi apportera l’information
la plus pertinente possible par rapport à l’objectif de l’étude.
Cette méthode est une méthode d’aide à la décision qui repose sur :
d’exposition d’une part et les effets sur les organismes d’autre part,
l’accord d’un groupe d’experts qui déterminent les critères à prendre en compte, les
-
(3) la méthode SIRIS (Système d’Intégration des Risques par Interaction des Scores) est décrite dans les documents édités dans le cadre du
Comité de Liaison : "Classement des substances actives phytosanitaires en vue de la surveillance de la qualité des eaux à l’échelle nationale"
(août 1994).
33
-
un système logique de classement des substances actives permettant d’apprécier les
possibilités d’exposition.
La méthode SIRIS peut être transposée au niveau d’un bassin versant mais doit être
adaptée à l’objectif du diagnostic effectué.
A titre d’exemple, si cet objectif est d’étudier les possibilités de transfert de produits
vers les eaux, en relation avec les pratiques agricoles, seuls les facteurs d’exposition, devront
être considérés. Si on souhaite associer à la surveillance les risques sur la santé humaine, les
possibilités d’exposition combinées à la toxicité devront être prises en compte. S’il s’agit
d’évaluer les effets sur le milieu aquatique, c’est l’écotoxicité qu’il convient de retenir. Les
traiteurs d’eau pourront par exemple combiner les possibilités d’exposition avec les
possibilités de traitement.
Tout en gardant à l’esprit cette nécessaire adaptation (qui peut nécessiter un
changement dans la hiérarchie et le nombre des critères pris en compte), on pourra donc tenir
compte des recommandations émises par le CORPEN et le Comité de Liaison dans le
document "Classement des substances actives phytosanitaires en vue de la surveillance de la
qualité des eaux - Fonctionnement de la méthode et recommandations pour une application
régionale" (Février 1995). Les principales recommandations contenues dans ce document sont
les suivantes :
Une fois niveaux attribués pour chaque substance, le classement selon les
ces
possibilités d’exposition peut être effectué suivant la démarche détaillée dans le document cité
précédemment.
L’application de cette méthode n’exclut pas à terme le recours à d’autres outils tels que
les modèles mathématiques.
34
Pour certaines substances toutefois, ces usages non agricoles peuvent jouer un rôle
prépondérant (cf chapitre 1.7). Celles-ci doivent alors, à dire d’expert ou sur la base d’études
disponibles, être incluses dans les listes de molécules à surveiller.
position doit, dans la mesure du possible, résulter des études hydrogéologiques, en profitant
chaque fois que cela est possible des modèles de circulation de l’eau existants, validés et
pertinents sur la zone. Bien souvent ces points existent déjà au niveau des captages d’eau
potable (en eau de surface ou souterraine). Dans la mesure du possible, il est intéressant
d’avoir un nombre suffisant de points de prélèvement permettant de couvrir, sur la zone
d’étude, les principaux types de milieux et de systèmes de cultures.
Pour des raisons de coût, il est souvent nécessaire de faire un choix parmi les
-
points prélèvement possibles en tenant compte des limites introduites dans la connaissance
de
du système. Pour cela on peut utiliser les résultats d’analyse déjà existants et focaliser le suivi
sur les points où des concentrations significatives (par rapport à l’usage de l’eau) de substances
phytosanitaires ont été décelées. Il convient néanmoins de poursuivre le suivi de quelques
points sur lesquels l’analyse s’est avérée négative, afin de s’assurer que ces résultats
représentent bien la réalité (cf chapitre 1.3.2). Il convient également d’y ajouter, si cela n’a pas
déjà été fait, quelques points situés aux exutoires de zones estimées comme étant
particulièrement susceptibles d’émettre des pollutions vers les eaux (cf chapitre 1.2).
Dans le cas des eaux superficielles il peut être utile de disposer des points de
-
prélèvement à l’amont et à l’aval du cours d’eau faisant l’objet de l’étude. Les résultats des
analyses combinés aux débits à chaque point de prélèvement peuvent ainsi permettre d’évaluer
la contribution des parties de bassin plus ou moins émettrices de pollution.
Il peut également s’avérer utile de procéder à des analyses dans des retenues d’eau
lorsqu’elles existent. En effet, du fait du caractère fugace de certaines contaminations dans les
cours d’eau (cf 1.3.5.1), il peut arriver que celles-ci ne soient pas détectées par le programme
d’échantillonnage. Les analyses d’échantillons prélevés dans une retenue peuvent alors
permettre de détecter des substances non décelées en amont.
Dans tous les cas il faut veiller à ce qu’un protocole d’échantillonnage rigoureux soit
respecté.Par exemple, pour un captage d’eau souterraine non exploité, il est nécessaire de
pomper l’eau pendant un certain temps avant d’effectuer le prélèvement.
Dans certains cas, il peut être intéressant de faire quelques analyses dans les puits des
agriculteurs, à condition d’avoir une idée de la provenance de l’eau qui les alimente.
Cependant les résultats du suivi de ces puits ne sont pas valorisables dans le cadre d’un
diagnostic s’ils sont exposés à des contaminations ponctuelles. Par contre, celui-ci peut avoir
35
-
à quelles périodes
Sauf cas particuliers, les mesures effectuées en routine par les DDASS et les agences
de l’eau ont lieu en général à dates fixes et à une fréquence annuelle faible. Il arrive souvent
que certains résultats révèlent une contamination plus élevée que ce qui est habituellement
observé. Il est alors nécessaire de tenter d’expliquer ce résultat, en particulier en essayant
d’évaluer les dates d’application du produit en cause et de les mettre en relation avec le régime
hydrique au cours de la période qui a précédé le prélèvement. Cette recherche historique peut
permettre de tirer un certain nombre d’enseignements sur les possibilités de transfert dans la
zone étudiée et de formuler des hypothèses sur les dates auxquelles il est plus pertinent
d’effectuer les prélèvements.
D’une façon générale, pour les eaux superficielles, sous nos climats, et compte tenu des
pratiques agricoles, les périodes de transferts importants se situent après les périodes
d’application. L’effort d’analyse doit donc se situer à l’intérieur de ces périodes sensibles et doit
être, si possible, complété par un suivi mensuel pour le reste de l’année. Il est nécessaire
d’effectuer l’échantillonnage en fonction des régimes des cours d’eau, en particulier en période
de crue ou après des épisodes pluvieux importants, de façon à pouvoir identifier les pics de
concentration.
Pour les eaux souterraines, il est préférable d’associer les prélèvements aux périodes de
recharge, sauf en situation de vulnérabilité très forte.
Parmi les résultats d’analyse existants, beaucoup ont été obtenus dans un contexte peu
contraignant donc présentant moins de garanties quant à la validité des résultats. Il convient
donc d’utiliser ces données avec une certaine prudence en particulier lorsqu’on les compare à
une valeur réglementaire extrêmement basse. En effet, dans certains cas, les erreurs
analytiques sont telles (pouvant atteindre 50 %) qu’il est hasardeux de tirer des conclusions et
mettre en place des actions à partir de résultats obtenus dans de telles conditions.
Pour les analyses complémentaires qui seront réalisées dans le cadre du diagnostic ou
pour la construction de nouveaux programmes de suivi, il conviendra de suivre les consignes
de la nouvelle directive relative à l’eau potable actuellement en cours d’élaboration.
Pour tenir compte de ces difficultés techniques mais aussi des contraintes financières,
il peut être nécessaire d’alléger le programme de suivi (nombre de substances, nombre de
points de prélèvement, fréquence). Il faut alors redéfinir l’objectif du suivi et bien peser les
conséquences de la perte d’information que cela représente.
36
Pour diminuer les coûts d’analyse et pour effectuer une présélection des échantillons et
des points de prélèvement, il est possible d’avoir recours à des méthodes semi-quantitatives
utilisant des techniques immuno-enzymatiques. Elles sont plus économiques et d’une mise en
oeuvre plus aisée. A l’heure actuelle, une vingtaine de substances phytosanitaires peuvent être
testées par ces méthodes avec des limites de détection variables.
Dans l’état actuel de nos connaissances il est préférable de limiter l’utilisation des
résultats obtenus par ces méthodes immuno-enzymatiques aux valeurs relatives, afin de
comparer ou de hiérarchiser les zones contaminées, de détecter des périodes plus ou moins
favorables aux transferts ou d’identifier les échantillons qui doivent faire l’objet d’une analyse
plus précise. En effet, le principal intérêt de ces méthodes réside dans la possibilité d’évaluer
des concentrations d’un grand nombre d’échantillons très rapidement et de sélectionner ainsi
ceux qu’il convient d’envoyer au laboratoire pour analyse par chromatographie.
Certains traiteurs d’eau les utilisent couramment comme une aide au pilotage du traitement, la
rapidité de la méthode (1 heure au lieu de 48) primant sur la précision.
Il est important de s’assurer que les performances des méthodes immuno-enzymatiques
utilisées correspondent bien aux objectifs de l’étude.
Compte tenu des très faibles niveaux de concentrations généralement atteints dans les eaux, il
est préférable, lors de l’interprétation des résultats, de raisonner par classes de concentration. Il
convient alors de choisir des limites de classes selon une progression par ordre de grandeur
(cf. annexe 1).
1.3.5.1 - Eaux superficielles
Pour les eaux superficielles, les concentrations doivent être rapportées aux débits pour
mettre enévidence les effets de dilution. Une forte concentration peut être expliquée par un
débit faible ; elle ne traduit donc pas systématiquement une augmentation de l’émission de
polluant. En outre, les études déjà réalisées sur les flux montrent que les pertes de substance
active vers les eaux au niveau d’un bassin sont extrêmement faibles par rapport aux quantités
épandues sur les parcelles.
Une estimation de flux (en g de substance active par jour par exemple) permet de
confirmer cette tendance générale.
-
des pics de concentration de forte
amplitude, non imputables à des accidents,
pouvant être souvent reliés périodes d’application des produits et à des épisodes pluvieux.
aux
Cette mise en relation n’est possible que si les connaissances sur le fonctionnement du bassin
et l’utilisation des produits sont suffisantes (rapidité de réponse aux précipitations, etc.).
Certaines études sur de petits bassins versants montrent qu’après une forte pluie, les
concentrations augmentent très rapidement (un jour), puis diminuent plus lentement (5-10
jours). Il peut arriver qu’un pic de contamination observé sur une période très courte dans un
cours d’eau ait une influence beaucoup plus prolongée sur la qualité de l’eau d’une retenue
éventuellement située en aval.
pour certaines substances persistantes, en plus des pics déjà cités, une
présence dans l’eau prolongée par rapport aux périodes de traitement, à des concentrations
plus faibles que l’on qualifie souvent improprement de "bruit de fond".
37
Pour les eaux souterraines, contrairement aux eaux superficielles, sauf situations
particulières, les variations intra et inter annuelles sont généralement moins marquées. Deux
phénomènes peuvent expliquer ce constat :
-
la durée des transferts : du fait des durées beaucoup plus longues des
processus de transfert, on peut difficilement établir des relations immédiates entre les pluies,
les apports et les teneurs observées. Dans le cas de certaines nappes profondes et pour
certaines substances, il faut tenir compte du fait que les concentrations observées peuvent
résulter de pratiques et d’usages anciens.
-
l"’inertie" de la nappe : dans le cas d’une nappe importante ou à taux de
renouvellement faible, il peut arriver que l’on retrouve pendant plusieurs années certaines
substances stables dans l’eau, alors même que l’émission de pollution a cessé.
On retrouve ici l’intérêt d’une étude hydrogéologique qui aide à interpréter des résultats
d’analyse. Ceci peut également justifier le fait que dans certains cas, comme pour les nitrates,
une action sur les pratiques des utilisateurs de produits, n’aura pas un impact immédiat sur la
qualité de l’eau. Il convient dans ce cas d’en informer les partenaires qui seraient amenés à
apporter une contribution au programme éventuellement mis en place à la suite du diagnostic,
afin que l’évolution des teneurs dans les eaux ne soit pas utilisée comme seul critère
d’évaluation à court terme d’une action. Il faut alors choisir d’autres indicateurs qui porteront
essentiellement sur l’évolution des pratiques des différents acteurs ou sur l’évolution de
l’occupation du territoire.
38
L’occupation du sol fait partie, avec les caractéristiques du milieu et les pratiques, des
éléments à prendre en compte pour évaluer, sur une zone donnée, le risque de transfert de
polluants vers la ressource en eau. Il est donc nécessaire de caractériser l’utilisation du
territoire sur la zone d’étude choisie. Ceci permettra de formuler des hypothèses sur les
possibilités d’implication dans l’émission de polluants des différents secteurs d’activité présents
sur le territoire considéré, donc de déterminer les acteurs dont on devra analyser les pratiques.
Dans un premier temps, la partie non agricole peut être abordée à partir de documents
cartographiques.
Pour la partie agricole, il est important de pouvoir situer les différents systèmes de
cultures susceptibles d’avoir une influence, favorable ou non, sur l’émission de polluants et sur
leurs transferts vers les eaux. Il est notamment important de connaître, dans une première
approche, les surfaces des principales grandes cultures, des cultures légumières, de
l’arboriculture, de la vigne, ainsi que des surfaces en herbe.
Dans certains cas, en particulier lorsqu’il s’agit de tenter d’expliquer une contamination
observée, l’étude peut se limiter à l’analyse de l’assolement de l’année et/ou de l’année
précédente.
Cependant, l’objetdu diagnostic étant d’évaluer des risques de pollution sur un plus
long terme, pour les cultures annuelles, il est nécessaire de raisonner en terme de successions
culturales.
Cette étude de l’occupation des sols doit être complétée par une analyse des éléments
du paysage qui peuvent favoriser ou limiter la circulation de l’eau (pentes, haies, talus, formes
géométriques des parcelles ...).
*
L’enquête systématique auprès des exploitants de la zone de diagnostic peut
permettre de situer les différentes productions et de connaître les rotations éventuelles : cette
méthode peut être couplée avec d’autres phases du diagnostic comme celle relative aux
pratiques. Cependant, elle n’est réalisable que si le nombre d’exploitations est limité. Dans le
cas contraire, il faut avoir recours à d’autres moyens d’information.
Dans certains contextes, l’occupation des sols situés à proximité des cours d’eau ou de
captages peu profonds, joue un rôle déterminant dans la contamination des eaux. L’analyse de
l’occupation du sol et des pratiques peut alors privilégier ces zones. Par exemple, dans la mise
en place d’une enquête, il s’avère intéressant de rechercher une certaine exhaustivité dans ces
zones et de procéder par sondage dans les secteurs plus éloignés.
40
Suivant la taille du bassin considéré, il peut être opportun d’avoir recours aux données
du RGA agrégées au niveau communal, cantonal ou départemental. Cependant, dans tous les
cas, le RGA concerne les exploitations ayant leur siège sur la zone considérée. Il n’y a donc
pas une totale concordance entre la répartition du RGA et celles des terres de la commune ou
du canton (il peut arriver que, au niveau d’une commune, la Surface Agricole Utilisée (SAU)
relevée dans le RGA soit différente de la SAU réelle de la commune). Cependant, plus la zone
est grande, mieux on pourra négliger les effets de frontières.
Le bassin versant faisant l’objet du diagnostic ayant été délimité, il est possible
d’identifier les communes qui le composent et par agrégation des résultats communaux,
d’avoir une estimation de la répartition des cultures, dans les limites citées au paragraphe
précédent.
Le traitement cantonal du RGA, adapté à des zones plus grandes (et non
extrapolable vers des échelles inférieures), ne présente pas la même limitation dans la mesure
où le détail par culture est présent. Son intérêt reste cependant limité en raison du niveau
d’agrégation des données qui masque la répartition spatiale des cultures.
Dans les deux cas, on se heurte au problème de la non concordance entre les limites
administratives et les limites d’un bassin versant. Il n’existe pas de solution toute faite à ce
problème. C’est aux acteurs locaux d’en évaluer les conséquences sur la marge d’erreur que
cela engendre et de juger si elle reste acceptable.
Les enquêtes TER-UTI sont réalisées tous les ans sur 550 000 points du territoire.
Ce sont toujours les même points qui sont observés chaque année. Les données sont
également disponibles sur la base ARISTIDE. Il est donc possible d’avoir une bonne idée de
l’évolution de l’agriculture au niveau d’un département et de corriger en conséquence les
données du RGA. Cependant, même en terme d’évolution, les résultats ne sont pas
extrapolables à une zone de taille inférieure à celle du département. Ces données sont donc à
manier avec une grande précaution dans la mesure où une tendance départementale ne traduit
pas obligatoirement l’évolution sur le bassin étudié. D’une façon générale il faut éviter
d’extrapoler des données structurelles à une échelle plus grande ou plus petite.
41
-
utilisation de photographies aériennes ou d’images satellites. Les données du RGA
permettent d’approcher les proportions de la SAU occupées par diverses cultures. Les images
satellites ou aériennes permettent de les situer dans le bassin versant. Pour la partie agricole
de l’étude, il est nécessaire d’avoir recours à plusieurs images prises à différentes époques de
l’année dans la mesure où l’identification sans ambiguïté d’une culture donnée est liée à son
stade de végétation. Dans certaines régions une photo prise à une époque bien particulière (ex
15 juin ±10 jours) peut suffire à identifier les cultures. Cette solution reste néanmoins
difficilement utilisable raison du nombre de clichés nécessaires pour une zone donnée et du
en
temps qui doit être consacré à leur interprétation. De plus, comme cela est précisé plus haut, il
est nécessaire de recueillir, à dire d’expert ou après enquête sur un échantillon représentatif de
la zone, des informations sur les rotations pratiquées. Par mesure d’économie, la priorité de ce
genre de traitement peut être réservée aux zones particulièrement favorables aux transferts de
polluants identifiées par les études du milieu.
-
D’autres sources d’informations peuvent être disponibles dans certains cas. Les Plans
d’Occupation des Sols (POS) en font partie. Certains d’entre-eux sont accessibles sous forme
de cartographies sur lesquelles sont recensés différents types de couvertures. Généralement les
données sont précises en matière de surface (dans la mesure ou c’est la surface réelle de la
commune qui est considérée) ; par contre les désignations de ces couvertures ne sont pas
toujours adaptées au problème traité ici (non distinction des différentes cultures...).
Cette étape du diagnostic doit permettre d’évaluer les différents facteurs liés aux pratiques des
agriculteurs pouvant entraîner des pollutions diffuses ou ponctuelles sur le bassin versant
étudié. Pour cela, il faut recueillir des informations relatives aux choix des agriculteurs,
concernant leur stratégie de protection et les programmes de traitement, ainsi qu’à la mise en
oeuvre de ces traitements.
les pollutions diffuses, suite à l’entraînement des produits épandus sur les parcelles,
vers les eaux souterraines ou superficielles, sans qu’il y ait à proprement parler faute de
l’utilisateur. Dans ce cas, les mécanismes de transferts, les interactions entre le milieu et les
substances actives, décrits dans les chapitres précédents, entrent en jeu.
Cette étape du doit permettre d’évaluer les différents facteurs liés aux
diagnostic
pratiques pouvant entraîner deux types de pollution sur le bassin versant étudié. Elle doit
ces
donc fournir des éléments de décision permettant de fixer les priorités d’action : intervention
au niveau des pratiques de manipulation et d’application des produits, au niveau du
raisonnement de l’emploi des produits ou sur les deux thèmes en même temps.
Enfin, si la modification des pratiques des agriculteurs est envisagée suite à la phase de
diagnostic, il est nécessaire de rendre la collecte d’information reproductible dans le temps. On
dispose ainsi d’un état initial permettant de définir les priorités d’action, tout en ayant la
possibilité de recueillir l’information sur les mêmes bases, donc comparables, quelques années
plus tard.
Ceci débouche sur des stratégies de protection des cultures que l’on peut classer en
trois catégories, sachant que, de plus en plus, un agriculteur peut être amené suivant les
situations à panacher ces trois approches. Celles-ci ont été décrites dans le cadre du groupe
PHYTOPRAT (pratiques phytosanitaires) du CORPEN, dans le document intitulé "Protection
des cultures et prévention des risques de pollution des eaux par les produits
utilisés en agriculture - Recommandations générales" (juin 1995).
phytosanitaires
43
assurance maximale. Ce type de pratique engendre des coûts inutiles, peut provoquer des
risques d’apparition de résistances chez les ennemis des cultures et augmenter les possibilités
de transfert des produits phytosanitaires vers les eaux.
la protection "systématique contrainte" : elle s’impose à l’agriculteur pour
-
Les deux premiers niveaux peuvent être dommageables pour l’environnement. Il est
donc important, dans un bassin versant d’identifier, l’importance de ces pratiques et d’en cerner
les causes afin de les faire disparaître (premier niveau) ou de les réduire fortement dans la
mesure du possible (deuxième niveau).
* la
"protection raisonnée". Elle consiste à choisir les moyens de lutte et des époques
d’intervention adaptées, en fonction des organismes nuisibles préalablement identifiés et de
l’état sanitaire de la culture considérée. Le recours à une structure de conseil est dans la plupart
des cas nécessaire.
L’intérêt de cette stratégie est de bien positionner les traitements afin de garantir leur
efficacité, d’en limiter le nombre au strict nécessaire, d’alterner les familles chimiques et de
favoriser la faune auxiliaire. Ainsi, éviter les traitements inutiles et le gaspillage permet de
limiter les quantités de substances susceptibles d’être transportées vers les eaux.
* La protection intégrée. Elle fait appel à toutes les méthodes de lutte existantes
contre les ennemis des cultures et privilégie notamment les choix relatifs au système de
production (rotation, variétés, etc.), les techniques culturales (binage, faux semis, etc.) et les
moyens de lutte biologiques.
Dans ce cas, le recours à la lutte chimique est réduit au strict nécessaire, les risques de
pollution diffuse sont minimes.
En outre, la protection spécifique à l’agriculture biologique n’emploie pas de produits
chimiques de synthèse. Elle fait l’objet d’un cahier des charges dans un cadre réglementaire
européen.
Il est donc utile dans cette partie du diagnostic consacrée aux pratiques, d’avoir une
idée de la stratégie de traitement des agriculteurs de la zone afin de dégager des éléments
permettant d’apprécier la marge de progrès possible sur ces choix.
1.5.1.1.2 - Sur les programmes de traitement
Les choix stratégiques des agriculteurs étant connus, il est également nécessaire d’avoir
une certaine connaissance des programmes de traitement : quels types de produits et
quelles
quantités globales, quelles doses à l’hectare, quelle superficie développée traitée. La
connaissance de ces critères est nécessaire, car elle peut permettre d’orienter les programmes
de suivi des eaux (voir chapitre 1.3.3 Spécifications d’un programme de mesure en vue du
diagnostic).
Il est en outre nécessaire de recueillir des informations sur d’autres critères pouvant
jouer un rôle important dans l’évaluation des possibilités de transferts vers les eaux, soit:
-
les périodes de traitement qui, confrontées aux données climatiques pourront apporter
quelques éléments d’appréciation sur les risques liés aux programmes de traitement (cf partie
44
II). Il est souvent utile de réaliser une petite étude historique car dans certains cas les
concentrations observées dans l’eau souterraine ne reflètent pas nécessairement les pratiques
de l’année mais celles des précédentes (information difficile à obtenir chez les agriculteurs) (cf
chapitre 2.3.5.2).
-
les distances des traitements par rapport au cours d’eau, par rapport aux différentes
zones sensibles détectées dans les études de milieu peuvent également être recueillies.
-
le type de traitement : sur le sol, entre rangs, sur le feuillage, etc...
il faut éviter de mélanger des données toxicologiques et des données d’usage qui ne
correspondent pas à une véritable exposition.
Pour l’établissement de ce type d’indicateur, il est préférable d’employer une méthode
s’inspirant de la démarche SIRIS.
On peut décomposer la mise en oeuvre des traitements en trois étapes : avant, pendant
etaprès. Chacune d’elles peut être source de pollution lorsqu’un certain nombre de précautions
ne sont pas prises. Le document du groupe PHYTOPRAT (cf.
page 34) reprend ces différentes
étapes et émet un certain nombre de recommandations qui peuvent être reprises dans le cadre
d’une opération de sensibilisation ou de conseil. Il convient donc de s’y référer. Le groupe
Techniques d’Application et de Manipulation (groupe TAM) du CORPEN rédigera, courant
1996, un document plus complet sur ce sujet.
Les différentes informations qu’il faut recueillir sur chacune de ces étapes sont les
suivantes :
avant le traitement
-
Enfin il faut évaluer les pratiques de rinçage des bidons et le devenir de l’eau de
rinçage (un rinçage par la bouillie elle-même ne suffit pas).
-
pendant l’application :
Il arrive que des cours d’eau soient contaminés soit par application directe
(débordement de rampe) soit par dérive (entraînement par le vent). Là encore, le diagnostic
peut difficilement évaluer ce genre d’impact même s’il ne peut les ignorer. Des ordres de
grandeur sont donnés dans un document publié par l’OEPP(4). Un entretien avec les
agriculteurs exploitant des parcelles situées en bordure de cours d’eau peut apporter quelques
éléments concernant ces risques. Cependant en cas de contamination constatée, il sera difficile
(sauf en cas d’absence de précipitation) de faire la part entre la dérive pendant le traitement et
les pertes par ruissellement qui peuvent se produire par la suite.
après l’application :
-
-
le fond de cuve : volume de bouillie présent dans la cuve lorsque la pompe de reprise
sedésamorce (peut être supérieur à dix litres),
-
le volume mort : volume de bouillie restant dans les circuits (dépend de la conception
du matériel, il peut être supérieur à dix litres),
-
le volume de fin de cuve : volume non utilisé par l’agriculteur (dépend de
l’agriculteur).
Le diagnostic consiste ici à déterminer s’il existe une marge de manoeuvre permettant
de diminuer de façon simple ces reliquats (la fin de cuve peut être diminuée grâce à une
amélioration de l’utilisation du système de remplissage et en veillant au bon réglage du
pulvérisateur). Il doit aussi évaluer les différentes pratiques de gestion de ces reliquats : leur
élimination, ainsi que celle des eaux de nettoyage, vers les égouts, les puisards, les cours, les
fossés ou sur la voirie sont des pratiques polluantes.
Enfin il faut enquêter sur le devenir des emballages vides et des reliquats de produits
qui doivent être éliminés suivant la réglementation en vigueur ou lors de collectes spéciales
(notamment dans le cadre d’actions soutenues par PIC AGRI(5)).
Comme dans le cas de l’occupation du sol, l’idéal serait de réaliser une enquête
exhaustive auprès des exploitations de la zone. Là encore, la taille de cette zone, donc le
nombre d’agriculteurs devant être enquêtés, peut être trop importante. Il faudra alors avoir
recours à d’autres instruments tels que les statistiques agricoles, à condition là aussi d’en
connaître les limites.
Comme dans le cas de l’occupation du sol, l’idéal serait de réaliser cette enquête de
façon exhaustive sur le bassin considéré ou dans les zones considérées comme prioritaires du
point de vue des transferts. Il est évident que l’enquête sur les pratiques est à réaliser en même
temps que celle sur l’occupation des sols.
Une solution intermédiaire consiste à choisir parmi les agriculteurs de la zone un
échantillon sur lequel sera réalisée l’enquête. Si nécessaire, ce panel doit être conservé dans le
temps pour pouvoir l’interroger de nouveau par la suite afin d’évaluer les effets des actions
entreprises. Les méthodes de choix d’un tel panel sont variées et dans tous les cas il convient
d’avoir recours aux services (ou au moins aux conseils) du SCEES.
Dans le cas où l’on cherche à privilégier des zones prioritaires du point de vue des
transferts, l’enquête devra être aussi exhaustive que possible sur les parcelles incluses dans ces
zones, en raison de la variabilité plus grande des cultures à cette échelle.
Ce panel peut être construit par tirage au sort des individus après avoir réalisé une
typologie, par exemple en fonction des cultures principales, des surfaces d’exploitation, etc..
Comme cela est précisé dans le paragraphe 1.4.2, dans certaines situations, on pourra
focaliser l’effort d’enquête dans les zones situées à proximité des ressources en eau.
(5) ProgrammeInterprofessionnel de Collecte. Association loi 1901 fondée par l’APCA, le CNJA, la CNMCCA,
la FNSEA, l’INAC, PPE, l’UIPP et l’UNCAA.
47
La difficulté de ce type d’enquête vient du fait que les zones d’influence et les parts de
marché des distributeurs (coopératives ou négociants privés) doivent être prises en compte.
Dans la mesure du possible, seules les données relatives à la zone considérée doivent être
utilisées. Lorsque cela n’est pas possible, le caractère approximatif des informations recueillies
doit être précisé. A titre d’exemple, il est souvent difficile de recenser tous les petits
négociants ou les groupements d’achats.
1.5.2.3 - Utilisation des statistiques agricoles
L’utilisation des statistiques agricoles peut être utile mais avec les mêmes réserves que
celles formulées précédemment (ancienneté des données, limites d’extrapolations à des zones
de taille différentes).
A signaler que le SCEES a réalisé en 1994 une enquête "pratiques culturales" sur le
même modèle que l’enquête de 1986. Elle concerne 11 500 parcelles pour lesquelles les
pratiques des agriculteurs sont analysées (produits utilisés, stratégies, pratiques de
manipulation des produits...). Les questions posées étant en grande partie identiques aux
questions de 1986, les résultats pourront être comparés et permettront de faire ressortir les
évolutions de pratiques. Cependant l’échelle géographique pour lesquelles ces données seront
pertinentes est la région administrative, parfois détaillées par bassin de production. De plus,
un certain nombre de spéculations de faible ou moyenne superficie régionale (vigne, pomme
de terre...) ne sont pas enquêtées, alors qu’elles peuvent avoir une forte importance sur certains
bassins versants. Dans le cas d’un bassin versant, il peut être intéressant d’avoir recours à la
même méthode de tirage des points d’enquête afin de construire un échantillon représentatif de
la zone étudiée. Là encore il est préférable d’interroger les services départementaux de la
statistique agricole sur la faisabilité d’une telle investigation.
Enfin, BVA réalise tous les ans, à partir d’un panel et pour le compte de l’UIPP, une
enquête nationale sur l’utilisation des produits phytosanitaires. Les résultats sont en principe
confidentiels ; ils ont cependant été utilisés au niveau national, avec l’accord des intéressés,
pour élaborer les listes de surveillance. La pertinence de leur utilisation au niveau régional, si
elle était autorisée par les propriétaires des données, devrait être évaluée au cas par cas en
raison du faible nombre de points enquêtés.
Cet avis est toujours nécessaire, soit pour évaluer les pratiques des agriculteurs, en
l’absence momentanée de données qunatitatives sur la zone, soit pour évaluer la cohérence ou
les limites des résultats obtenus par différentes méthodes.
Dans une première approche, un programme phytosanitaire type établi pour chaque
culture à dire d’expert, combiné avec les informations recueillies dans d’autres parties du
diagnostic (substances retrouvées dans les eaux par exemple) peut permettre de formuler un
certain nombre d’hypothèses permettant de mieux cibler les enquêtes réalisées par la suite (par
exemple enquête spécifique à une culture).
Enfin, il convient de signaler que les quantités et les types de produits utilisés peuvent
fairel’objet de fortes variations au cours des différentes campagnes. Ceci rend donc nécessaire
une actualisation régulière des données recueillies.
48
Dans bien des cas l’orientation d’une exploitation est fortement dépendante de
l’environnement économique dans laquelle elle se situe. Cet environnement influe directement
sur les décisions stratégiques des agriculteurs ainsi que sur leurs
systèmes de culture
(assolement, rotation). Ces contraintes conduisent également à la spécialisation de
l’agriculteur (plutôt éleveur, plutôt tourné vers tel ou tel type de production), entrainant ainsi
une grande variabilité dans les connaissances concernant les
caractéristiques et l’emploi des
produits phytosanitaires. Il est donc nécessaire d’évaluer par grands types les différents
niveaux de formation et de technicité par rapport à l’utilisation des produits phytosanitaires et
éventuellement d’identifier des lacunes qu’il conviendrait de combler avant toute autre action.
Le système de culture
adopté par l’agriculteur peut également avoir une grande
influence la marge d’adaptation possible par rapport à des propositions de nouvelles
sur
Pour prendre sesdécisions, l’agriculteur fait appel à sa propre expérience mais aussi à
un certain nombre de prescripteurs (agents de Chambre d’Agriculture, de coopérative, de
49
négociant, de SRPV) ou de publications telles que les Avertissements Agricoles ou les notices
techniques des distributeurs. Dans la zone de diagnostic, il est important de faire le
recensement de ces différentes sources d’informations et d’évaluer l’impact de chacune. Bien
souvent l’agriculteur dispose de plusieurs sources à la fois : il convient alors d’identifier et
d’expliquer les éventuelles divergences et de proposer, dans le cadre du comité de pilotage,
des solutions pour diffuser un message harmonisé. Ceci peut revenir également à réaliser une
étude de motivation des prescripteurs.
Les questions posées lors de cette étude pourront permettre notamment d’évaluer les
points suivants : sensibilité par rapport à la protection de l’environnement, connaissance des
principales réglementations concernant l’eau et les produits phytosanitaires, réaction face aux
résultats relatifs à la qualité de l’eau obtenus dans la zone, connaissance des phénomènes en
cause, place de l’agriculture dans les risques de pollution, les solutions envisagées, les efforts
réalisés pour faire évoluer certaines pratiques.
Une deuxième partie de cette étude doit permettre de tester auprès des agriculteurs la
faisabilité technico-économique des mesures contenues dans le plan d’action et d’évaluer les
moyens (animation, formation...) devant les accompagner.
A noter que, si besoin est, ce chapitre peut s’appliquer, moyennant quelques adaptations, à des
utilisateurs non agricoles de produits phytosanitaires.
50
Comme cela a été dit précédemment, l’agriculture est loin d’être le seul secteur
utilisateur de produits phytosanitaires. Le schéma 2 (chapitre 1.4) montre bien les différents
acteurs concernés, dont certains peuvent avoir des difficultés pour obtenir et interpréter
l’information nécessaire au bon emploi de ces produits. De façon plus complète, les différents
utilisateurs qu’il est généralement possible d’identifier sont les suivants (la position dans la
liste qui suit n’est pas liée à l’importance du problème posé, celle-ci étant très variable suivant
la zone considérée) :
-
les communes et syndicats intercommunaux : ce sont les principaux utilisateurs de
produits phytosanitaires pour les usages non agricoles, notamment d’herbicides, pour
l’entretien des routes communales, des allées, des trottoirs, des cimetières, des espaces verts et
des terrains de sport,
-
les sociétés d’autoroutes : le désherbage chimique est pratiqué en complément des
entretiens mécaniques, en particulier sur les aires de stationnement,
-
les Directions Départementales de l’Equipement (DDE), pour l’entretien des routes
(nationales en particulier) et de leurs abords,
-
les conseils généraux, pour l’entretien des routes départementales et de leurs abords,
-
la SNCF, qui utilise des trains désherbeurs pour l’entretien de la majeure partie de son
réseau (pulvérisation entre les rails et jusqu’à 1,5 m de chaque côté),
-
l’EDF qui traite ses installations,
-
les militaires, pour l’entretien des voies etc..
-
les aérodromes
-
les entreprises ou industries qui entretiennent les zones de stationnement et leurs
espaces verts,
-
les services ou organismes chargés de l’entretien des forêts (ONF...),
-
les particuliers qui utilisent les produits en usages domestiques,
-
les zones de loisir (golfs ...),
-
autres (par exemple l’Entente Interdépartementale de la Démoustication du littoral
Méditerranéen...).
Les premières informations à recueillir concernent l’identité des produits utilisés, les
doses de traitement et si possible les périodes d’application, les quantités annuelles, la nature
des surfaces concernées, le matériel utilisé, les pratiques de rinçage et d’élimination des
emballages, l’évolution récente des techniques employées (fauchage, désherbage thermique,
etc.). Comme pour les agriculteurs, une évaluation du niveau de formation des agents
applicateurs et du personnel encadrant peut fournir des éléments intéressants en vue d’une
éventuelle action de prévention.
51
Il faudra entrer dans le détail de la nature des surfaces traitées lorsqu’elles recoupent
des périmètres de protection, en particulier rapprochés, ou pour identifier éventuellement des
secteurs traités plusieurs fois par des organismes différents. Dans cet objectif, il est utile de
s’aider d’un support cartographique pour la collecte et l’organisation des données.
Ces informations peuvent être obtenues (de façon plus ou moins exhaustive selon le
type d’interlocuteur) par enquête auprès des différents acteurs cités plus haut.
Pour certains d’entre eux, la démarche est facilitée par l’unicité ou le faible nombre
d’interlocuteurs. C’est le cas de la SNCF, la DDE (en particulier ses subdivisions), le conseil
général, les sociétés d’autoroute (en particulier leurs "districts"). Les réponses aux enquêtes
sont généralement complètes et détaillées, surtout après un premier contact permettant
d’identifier le bon interlocuteur et d’expliquer la démarche.
Pour d’autres, les communes par exemple, la procédure d’enquête est plus complexe,
du fait de leur nombre, du faible pourcentage et de la qualité variable des réponses
généralement obtenues. Cependant, malgré ces inconvénients, il est généralement possible de
rassembler une information suffisante.
Généralement ces enquêtes feront ressortir des quantités globales minimes par rapport
aux usages agricoles. Cependant le détail des résultats met souvent en évidence
quelques
substances (4 ou 5) utilisées de façon dominante dans tous les secteurs. Pour ces substances
les quantités utilisées deviennent plus significatives.
Mis à part quelques cas particuliers, les surfaces recevant ces produits sont
caractérisées par leur faible perméabilité. Tout événement pluvieux suivant leur application
risque donc de les entraîner rapidement vers les cours d’eau par ruissellement. Ce risque est
accru lorsqu’ils sont appliqués sur des zones destinées au
passage ou à la collecte d’eau
pluviale.
52
Tous ces éléments montrent que, dans certains cas, lorsque l’étude de l’occupation du
territoire (cf 1.4) aura permis d’identifier les différentes activités présentes sur le secteur, il est
absolument nécessaire d’estimer les risques de transfert de produits utilisés en secteur non
agricole.
Le caractère exhaustif de l’enquête sur les usages agricoles et non agricoles est une
garantie de crédibilité de la démarche auprès du monde agricole. Ceci présente également
l’avantage de sensibiliser des acteurs, peut-être moins bien informés, des risques pour
l’utilisateur et l’environnement liés à l’usage qu’ils font de ces produits. De plus, dans les cas
où la nécessité en sera démontrée, il sera plus aisé de mettre en place des actions de
prévention auprès de ces publics.
On peut signaler que certaines villes ont déjà mené des actions visant à utiliser des
méthodes d’entretien non chimiques, sensibiliser les particuliers aux différents problèmes
posés par l’utilisation des produits. D’autre part, la société des Autoroutes du Sud de la France
a édité en 1992 un "guide d’entretien des dépendances vertes des autoroutes du sud de la
France" complété par des "fiches de fonction pour l’utilisation des produits phytosanitaires".
Ces documents préconisent un recours à un entretien mécanique, en limitant l’usage des
produits chimiques au strict nécessaire. Dans certains cas, la SNCF a accepté de modifier ses
pratiques, notamment dans certains périmètres de captage. Le ministère chargé de l’agriculture
(DERF) à rédigé en association avec l’Office National des Forêts et l’Institut pour le
Développement Forestier, une brochure intitulée : "Produits agropharmaceutiques en forêt -
22 questions, 22 réponses ".
53
Compte tenu de la diversité des situations rencontrées localement il n’est pas possible
de présenter ici une méthode générale de diagnostic sur un bassin versant. En effet,
contrairement à ce qui peut être fait dans d’autres domaines, il n’est pas possible de combiner
(superposer, additionner) des cartes élaborées à partir des différents critères énumérés en I et
II. Ceci reviendrait à utiliser une méthode des scores qui ne tiendrait pas compte des
interactions entre bon nombre de ces critères. Du fait du nombre de critères à prendre en
compte et de ces interactions, une cartographie des risques de contamination par les produits
phytosanitaires n’est pas réalisable dans l’état actuel de nos connaissances.
Dans le cas des eaux souterraines, des modèles établissant de telles cartes en tenant
compte des interactions sont utilisables mais ne peuvent être mis en oeuvre que par des
spécialistes. Les modèles permettant d’évaluer les transferts de molécules à l’échelle d’un
bassin versant doivent encore faire l’objet de travaux de recherche avant de pouvoir être
utilisés de manière opérationnelle. Il faut noter cependant que, compte tenu de leur sensibilité
et de leur précision, ces modèles ne permettent pas de prédire des concentrations dans l’eau de
l’ordre de 0,1 μg/1, concentration maximale admissible (CMA) actuellement en vigueur pour
l’eau potable. Prévoir les concentrations dans l’eau ne peut donc pas être un objectif réaliste
d’un diagnostic.
L’objectif raisonnable auquel on doit se limiter dans ce diagnostic est l’estimation des
risques de transfert (sans les quantifier), la détermination des facteurs qui les favorisent afin
de pouvoir définir les actions de prévention prioritaires. Dans beaucoup de cas le recours à
une démarche pragmatique doit permettre d’atteindre cet objectif.
Ces travaux ayant débuté il y a plusieurs années, alors que les références sur ces
problèmes étaient encore peu nombreuses, il est probable que ces actions ne seraient pas
menées de la même façon aujourd’hui. En particulier de gros efforts ont été nécessaires pour
vérifier le fondement de certaines hypothèses sur les mécanismes de transferts. Ces actions ont
dû construire leurs références au fur et à mesure de leur développement. Certaines de ces
références, après validation par le groupe diagnostic, ont été reprises dans la première partie
de ce document.
Les deux exemples présentés ont été choisis en fonction du type de ressource. L’un
concerne l’eau superficielle avec une problématique sur une région entière, l’autre concerne les
eaux souterraines avec des captages d’eau potable sur de petits bassins d’alimentation.
57
Ce texte rédigé par H. GILLET (SRPV de Bretagne), a été validé par la CORPEP (Cellule
d’Orientation Régionale pour la Protection des Eaux contre les Pesticides) en décembre 1995.
INTRODUCTION
La CORPEP* est un outil mis en place fin 1990 par le Préfet de Région dans le cadre
du Comité Technique de l’Eau. Cette cellule de concertation et de coordination
interdisciplinaire, pilotée par la DRAF - Service Régional de la Protection des Végétaux, a eu
la démarche suivante : connaître la situation, comprendre les processus de contamination,
proposer des solutions.
Les travaux menés par la CORPEP dans le contexte de la Bretagne, dont les
particularités économiques, climatiques et hydrogéologiques rendent sa ressource en eau
particulièrement vulnérable aux pollutions diffuses d’origines agricoles et urbaines, permettent
maintenant de disposer d’un premier diagnostic pouvant aboutir à des pistes pour l’action.
Celles-ci pourront être affinées et mise en oeuvre, sur quelques bassins versant dans un
premier temps, dans le cadre du programme Bretagne Eau Pure.
-
Un contexte hydrologique sensible aux pollutions
Il se caractérise par des nappes d’eau superficielles, des fleuves courts et des temps de
transfert vers la mer réduits à quelques jours.
-
Un réseau hydrographique très sollicité
Région de socle peu perméable, la Bretagne doit faire appel surtout aux eaux de
surface pour la fourniture d’eau potable et industrielle (80 % de la ressource), quelquefois en
mobilisant la ressource par des barrages de stockage. Ces eaux superficielles sont très
sensibles aux pollutions diffuses.
Par ailleurs, le fait de stocker l’eau dans des barrages (40 % de la ressource en eau
potable de la région) exacerbe l’impact de ces pollutions en allongeant leur persistance et en y
exposant une population importante.
Une part des rivières bretonnes héberge également un riche potentiel salmonicole
caractérisé par une salmoniculture hautement développée (avec 12 000 tonnes de truites arc-
en-ciel produites annuellement, soit le tiers de la production nationale) et par le maintien d’un
peuplement naturel de truites et de saumons qui génère un tourisme pêche réputé.
La couronne littorale est le lieu d’une conchyliculture et ostréiculture importante au
plan économique et touristique (avec une production annuelle évaluée à 45 000 tonnes).
*
LES MEMBRES DE LA CORPEP: Agence de Fétu Loire-Bretagne, CEMAGREF, Chantre Régionale d’Agriculture, Conseil Régional Conseil
Supérieur de la Pêche, DRASS,
DRAF/SRPV, DIREN, Ecole Nationale de la santé Publique GIS environnement, IFREMER, INTRA, Laboratoire central de COOPAGRI Bretagne. préfectures de la Région (SGAR), des
Côtes d’ Armor (DDAF), du Finistère (Bureau de l’ Environnement) d’Ille et Vilaine (DDASS) et du Morbihan (DDAF).
58
-
Une importante activité agricole
Dans tel contexte et dans une région où la dégradation de la qualité de l’eau menace
un
de plus plus le développement voire le maintien d’activités économiques prépondérantes
en
L’étude la plus ancienne de 1977, menée par le SRAE sur six rivières de la région et
portant sur la recherche des organo-chlorés, phosphorés et azotés révéla l’existence d’une
contamination de ces rivières par le lindane (avec un maximum de concentration mesuré de
0,07 μg/litre). Plus récentes, des recherches de triazines, réalisées en 1980 par le Ministère de
59
Enfm en 1989,une étude réalisée par l’Ecole Nationale de la Santé publique de Rennes
(Lecuret 1989) le
sur comportement du lindane et de l’atrazine dans un barrage servant pour la
production d’eau potable, montra l’existence de pics de concentrations élevés en atrazine qui
amenaient à des dépassements momentanés des normes de potabilité (CEE et OMS) dans l’eau
du réseau de distribution.
-
Stations de mesure et prélèvements
Les critères de choix des 5
points de prélèvements en rivières (Arguenon, Aven, Oust,
Seiche, Vilaine) porté sur la présence de prises d’eau pour l’alimentation, sur
ont
l’intensification de la culture du maïs sur le bassin versant et sur des critères lithologiques
(bassins versants granitiques et schisteux). Dix prélèvements ont été réalisés d’avril à juillet
1990, c’est-à-dire pendant et après la période principale d’utilisation de ces produits. Certaines
prises d’échantillons ont été réalisées de préférence à la fin d’épisodes pluvieux amenant une
pluviométrie d’au moins dix millimètres.
-
Choix des molécules
Le choix des molécules à rechercher a tenu compte des données précédentes pour le
lindane et l’atrazine. Les investigations ont été élargies au carbofuran qui représentait avec
les deux molécules précédentes la panoplie phytosanitaire de base mise en oeuvre sur les
cultures de maïs de la région.
Analyses
Les analyses d’échantillons d’eau ont été confiées au Laboratoire d’Etudes et de
Recherche en Environnement et Santé (LERES) de l’Ecole Nationale de la Santé
publique de
Rennes. Ce laboratoire constitue une référence dans le domaine analytique des résidus de
substances actives phytosanitaires dans les eaux. Par exemple dès 1990, il
participait à
l’élaboration de la référence AFNOR pour l’analyse des résidus d’atrazine.
Pour
chaque famille, l’analyse a été effectuée sur un échantillon d’un litre d’eau de
rivière.Après extraction et concentration des extraits, la phase de séparation était réalisée par
chromatographie en phase gazeuse sur colonnes capillaires ; la détection était réalisée suivant
les familles de produits, soit par spectrométrie de masse sur trois ions
spécifiques, soit par un
détecteur thermoionique ou à capture d’électrons (cf. tableau 1). Les limites de
quantification
figurent également dans ce tableau. Elles sont inférieures ou égales à 0,1 μg/l avec une
incertitude expérimentale sur les mesures de l’ordre de 15%.
60
TABLEAU 1
METHODES UTILISEES POUR LES DOSAGES DES DIVERS COMPOSES DANS
LES EAUX
Dérivés
Phenoliques
Dinoseroe
Dinozèbe
0.1
0.1
Mise ou point ENSP
Métolochlor 0,02
Amides et
Carbonates Carbofuran 0,05
Mise au point ENSP
Principaux résultats
Les résultats avaient permis de confirmer l’existence pour ces cinq rivières d’une
contamination chimique des eaux brutes par ces substances actives phytosanitaires. En effet,
mis à part le cas du carbofuran qui n’a été observé que sur 3 des 5 rivières et dans quelques
prélèvements, le lindane, l’atrazine et la simazine ont été détectés à des concentrations
supérieures aux seuils de détermination analytique, à chaque point de prélèvement et dans
toutes les séries de prises d’échantillon.
Pour l’atrazine. les niveaux de concentrations mesurés ont mis en évidence une
répercussion de cette contamination pour la production d’eau potable : 92 % des échantillons
prélevés dépassaient en eau brute la concentration de 0.1 μg/litre et 50 % la valeur guide de
l’OMS fixée à 2 μg/litre.
développement de cette pollution. En effet, bien que variant en intensité d’un bassin versant à
l’autre, l’évolution des concentrations et des flux instantanés présentait des pics étroitement
corrélés aux épisodes pluvieux (cf. fig. 5), ce qui illustre bien le caractère diffus de cette
pollution ainsi que la prépondérance du ruissellement dans les processus de transfert de ces
produits vers les eaux. En dehors des pics de concentrations, un "bruit de fond" plus ou moins
élevé a été observé sur chaque rivière, ce qui confère un caractère de persistance à la
contamination.
61
FIGURE 5
EVOLUTION DES CONCENTRATIONS EN ATRAZINE DANS LA VILAINE
EN FONCTION DE LA PLUVIOMETRIE
Cet aspect de l’évaluation a été motivé par rapport aux contraintes réglementaires
assignées aux eaux de boisson. En effet, l’assurance pour le consommateur de disposer d’une
eau de bonne qualité répondant aux normes de potabilité définies dans le décret du 3 Janvier
-
Evaluation des quantités utilisées par l’agriculture
L’étude réalisée en 1991 par le Service Régional de la Protection des Végétaux a porté
dans un premier temps sur les céréales et le maïs.
Ce choix a été motivé par la répartition des cultures sur la surface agricole utilisée
(SAU) au niveau régional (cf. fig. 6), à savoir : maïs 25 %, céréales 20 %, prairies
(temporaires et permanentes) 45 %. Les prairies ne recevant pratiquement pas de traitements
phytosanitaires, on a donc considéré que c’étaient les céréales et le maïs qui en recevaient la
plus grande part. En dehors de l’importance des surfaces cultivées, cela tient également au fait
que ces deux productions sont le siège d’un développement important de parasites et de
ravageurs qui trouvent sous le climat océanique des conditions de milieu très favorables à leur
multiplication.
L’intensification de ces cultures a conduit par ailleurs au développement de plus en
plus fréquent de mécanismes de résistance chez les ennemis des cultures. A titre d’exemple,
chez le maïs, une parcelle bretonne sur deux (soit 250 000 ha) reçoit, en complément de
l’atrazine, un colorant nitré destiné à détruire certaines dicotylédones (morelle) devenues
résistantes à l’atrazine. Les surfaces concernées par ce type de traitement ont doublé depuis
cinq ans.
L’étude menée au régional et visant des résultats par bassin versant a conduit à
niveau
un découpage régional constitué de 98 unités élémentaires (bassins ou sous bassins) définies
par la présence d’une prise au fil de l’eau ou en retenue. L’ensemble des communes sises en
amont de chacune de ces prises d’eau a été retenu comme limite administrative de ces bassins.
Pour les communes partiellement implantées sur un bassin, l’ensemble de la SAU a été prise
en compte pour le calcul des tonnages. Certaines communes ont donc été répertoriées
Trente molécules ont été sélectionnées à partir des informations fournies par les
techniciens de coopératives sur les substances actives les plus utilisées localement sur maïs et
céréales et en tenant compte de la liste des 48 substances actives à surveiller prioritairement,
publiée courant 1990 par le Service de la Protection des Végétaux et la commission des
toxiques.
Pour trois unités géographiques données (région, grand-bassin, sous-bassin), les 30
molécules sont classées par ordre décroissant de quantités employées. Au niveau régional,
cinq substances actives représentent environ 80 % du tonnage calculé, il s’agit de l’atrazine (48
%) du lindane (14 %), du mécoprop (12 %), du fenpropimorphe (4 %) et du prochloraze (4 %)
(cf. fig. 7). L’étude révèle par ailleurs que les quantités de simazine employées pour des usages
agricoles sont négligeables (0,2 % du tonnage calculé).
63
FIGURE 6
REPARTITION DES CULTURES SUR LA SAU DE BRETAGNE
FIGURE 7
PRINCIPALES SUBSTANCES ACTIVES UTILISEES EN USAGES AGRICOLES
EN BRETAGNE EN 1994
64
-
Evaluation et quantification des usages non agricoles
Le suivi des 5 rivières mis en place en 1990 révélait une contamination de ces cours
d’eau par la simazine, parfois avec des concentrations élevées, par exemple sur la Vilaine en
1990 (12 μg/litre). L’origine de ces résidus ne pouvant être associée aux seuls usages agricoles,
une enquête a été lancée fin 1990 par la Préfecture de région auprès des utilisateurs
celles mises en oeuvres pour les usages agricoles, celles d’atrazine (6 tonnes) ne représentent
que 1% de celles appliquées sur le maïs.
FIGURE 8
HERBICIDES UTILISES EN USAGES NON AGRICOLES
EN 1991 EN BRETAGNE
TOTAL 50 TONNES
65
Usages agricoles
Le suivi des cinq rivières mis en place en 1990 par le SRAE a été poursuivi par le
SRPV à partir de 1991 en orientant les recherches vers les molécules utilisées en plus fort
tonnage par l’agriculture à savoir l’atrazine, le lindane, le mécoprop, le fenpropimorphe, le
prochloraze, l’alachlore, le carbofuran, l’isoproturon et le dinoterbe.
Les prélèvements ont été pratiqués systématiquement après les épisodes pluvieux.
Comme en 1990, les analyses ont été confiées au laboratoire de l’Ecole Nationale de la Santé
publique de Rennes (LERES). Par rapport à la liste des substances actives retenues au départ,
pour des raisons de méthodologie analytique, le laboratoire n’a pas pu fournir de résultats
concernant certaines molécules. Dans le tableau n°2, figurent les substances actives qui ont été
recherchées et dosées depuis 1991.
TABLEAU 2
SUBSTANCES ACTIVES RECHERCHEES DEPUIS 1991
66
Ils ont mis en lumière également que l’approche des risques de contamination des eaux
par le seul biais des quantités employées est insuffisante et qu’il est nécessaire de prendre en
compte les quantités effectivement transférées. Pour expliquer en effet les niveaux de
concentrations en simazine mesurés dans les rivières bretonnes (cf fig. 10) et qui sont voisins
de ceux en atrazine, il est nécessaire d’appliquer un coefficient de perte de 40 à 60 % aux
quantités de simazine utilisées (10 tonnes, majoritairement en usage non agricole) pour
retrouver des niveaux de perte approchant ceux de l’atrazine. Pour cette dernière, utilisée
majoritairement en usage agricole, les coefficients de perte calculés en multipliant la lame d’eau
écoulée annuellement sur les 50 bassins versants bretons, soit 11 milliards de m3 en moyenne,
par une concentration théorique constante de 1 μg/1 d’atrazine, sont compris entre 1 et 3 %. Ils
correspondent aux valeurs couramment rencontrées dans la bibliographie sur les transferts
d’atrazine. (Schiavon et al 1992)
Ces pourcentages de perte très élevés estimés à partir des usages non agricoles
s’expliquent par les coefficients de ruissellement très importants (0,7 à 0,9) mesurés sur
certains supports inertes (asphalte, pavé, béton) qui reçoivent fréquemment ces désherbants.
FIGURE 9
RESIDUS DANS LA VILAINE A RENNES (ANNEE 1991)
DIURON SIMAZINE
67
FIGURE 10
BILAN DE TROIS CAMPAGNES D’ANALYSE SUR CINQ RIVIERES DE
BRETAGNE
RESULTAT ATRAZINE
RESULTAT SIMAZINE
68
Pour êtreefficaces, les plans d’actions devront tenir compte des principaux facteurs
affectant le devenir des produits phytosanitaires dans l’environnement et plus particulièrement
de ceux qui influencent les processus de transfert de ces micro-poltuants vers les milieux
aquatiques.
-
Molécules concernées
Les triazines et les urées substituées apparaissent comme les contaminants majeurs des
cours d’eau étudiés au plan des niveaux de concentration relevés et de la persistance de la
contamination du milieu. Les herbicides appartenant aux aryloxacides, aux phénols-alcool, aux
amides, peuvent représenter également des sources non négligeables de contamination (cf. fig.
12 et 13).
Les molécules peuvent être regroupées en fonction de leur comportement dans les sols
et l’eau : les premières correspondant à celles dont la détection est étroitement liée aux
périodes de désherbage (exemple dinoterbe), les secondes à celles dont la présence dans l’eau
est constatée sur une longue période après les traitements (exemple atrazine).
FIGURE 11
FREQUENCE DE DETECTION DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES
DANS LES RIVIERES DE BRETAGNE
FIGURE 12
FIGURE 13
RESULTATS QUATRE RIVIERES (1992)
Les concentrations observées dans certains cours d’eau du Morbihan ont été mises en
relation statistique avec diverses variables (CANN 1994) ; lors des crues, les concentrations
sont liées principalement au rapport du débit maximal de la crue au débit de base avant
la crue. Plus ce dernier est faible, plus les concentrations sont élevées.
Le débit spécifique journalier de ces cours d’eau en mai et juin apparaît donc
comme un élément intéressant de classement des rivières bretonnes vis-à-vis des niveaux de
contamination par les produits phytosanitaires.
Les cours d’eau de l’ouest de la région s’écoulant sur sous-sol granitique ont encore un
débit de base suffisant à cette même période qui limite l’effet de la pointe de crue sur les
concentrations et qui assure une dilution notable des désherbants maïs dans le cours d’eau.
En bretagne un certain nombre d’études a permis de formuler des hypothèses sur les
seuils de déclenchement du ruissellement (état de la surface du sol, intensité des épisodes
pluvieux).
GROUPE 2 : substances actives mobiles mais peu persistantes : 1/2 vie courte
(< 15 jours), KOC faible (<50) et solubilité importante. Transport dans les eaux uniquement
au cours du ou des premiers épisodes pluvieux suivant les traitements.
Sur le bassin expérimental de Naizin, les données acquises sur les flux d’atrazine de
1992 à 1994, montrent que les pertes atteignent au cours de ces trois années : 0,1 %, 0,6 % et
0,4 % des quantités appliquées (CANN, 1994).
Ce constat met lumière que, dans ce contexte et pour cette substance active, la
en
protection phytosanitaire raisonnée ne sera pas suffisante à elle seule pour réduire la
contamination des eaux à un niveau acceptable.
Si pour les usages agricoles, les pourcentages de pertes sont faibles par rapport aux
quantités appliquées sur les cultures, il n’en est pas de même pour les herbicides rémanents
appliqués en usages non agricoles par les collectivités locales, la SNCF, les DDE et les
particuliers. A ce niveau, l’emploi de désherbants racinaires sur des surfaces imperméables
conduit au moment des précipitations à leur entraînement direct dans les eaux superficielles
via le réseau d’eau pluviale. Les pertes dans ce cas semblent très élevées par rapport aux
quantités appliquées. Les pertes ont été estimées pour certains désherbants (ex. simazine), à
environ 40% des quantités employées (Gillet, 1992).
Le résultat de ces actions, qui sont d’intérêt général (lutte contre les pollutions diffuses
en général, l’érosion), s’évalueront sur le long terme.
Contrairement aux actions précédentes, les suivantes pourraient s’inscrire dans le court
terme.
a) Maïs
La proximité du cours d’eau pourrait être réservée en priorité aux productions végétales
peu consommatrices d’intrants phvtosanitaires (prairies permanentes ou temporaires). Sur
certains bassins, la mise en oeuvre de cette stratégie au niveau des exploitations pourrait se
traduire par une réduction de la proportion de maïs dans la surface fourragère.
-
Herbicides
Enquelque sorte, en fonction de l’éloignement des parcelles de maïs des cours d’eau et
de la topographie, on pourrait s’autoriser, dans le choix des herbicides, des degrés de libertés
croissants avec la mobilité et la persistance de ces produits (cf. fig. 14).
74
FIGURE 14
DESHERBAGE DU MAIS
PRECONISATIONS DE LA CORPEP
POUR UNE AMELIORATION DE LA QUALITE DE L’EAU DE RIVIERE
BASSINS SUR SCHISTE (PRIORITE DES ACTIONS)
75
-
Insecticides du sol
Sur cette culture, en dehors des problèmes posés par les désherbants, il conviendrait
d’envisager également une utilisation raisonnée des insecticides employés en traitements de
sol pour lutter contre les taupins.
Certains de ces produits, largement utilisés au plan régional, ont été observés dans les
eaux de surface (lindane, carbofuran) ce qui nécessite, comme pour les herbicides, de
nouvelles stratégies d’utilisation.
La technique de piégeage des larves mise au point par l’INRA dans le cadre des
programmes de la CORPEP et qui sert de fondement à la prévision des risques d’infestation
devrait être appliquée au moins pour les parcelles en bordure de cours d’eau. Pour les parcelles
reconnues infestées, la lutte contre le ravageur pourrait s’effectuer uniquement par le biais d’un
traitement de semences qui réduirait considérablement la quantité de substance active utilisée
à l’hectare.
b) Autres cultures
Pour les céréales et les cultures légumières, faute de résultats concernant les
applications de produits phytosanitaires pendant la période d’étiage des rivières bretonnes, il
n’est pas possible actuellement de procéder à une évaluation des risques.
Depuis 1991, les travaux de la CORPEP mettent en lumière le rôle important joué par
ces usages surla contamination des eaux superficielles par les produits phytosanitaires. A ce
niveau, la protection de la ressource en eau devrait prendre en compte la formation des
applicateurs ainsi que la mise en oeuvre d’un nouveau code de désherbage.
-
Traitement aux abords immédiats des points d’eau
Dans ces situations (berges, bases de pont, etc.), l’utilisation de désherbants pourrait
être proscrite et ce, à cause des risques d’introduction directe de ces produits dans l’eau au
moment des applications. Seuls pourraient être mis en oeuvre des moyens mécaniques et (ou)
thermiques. En dehors de ces zones sensibles, la promotion de ces techniques non polluantes
devrait être faite le plus largement possible.
-
Mobilité et persistance des molécules
Comme pour les désherbants du maïs, il est possible de proposer un classement des
molécules à partir de leur mobilité (KOC, solubilité). Dans le tableau ci-dessous figurent ces
caractéristiques pour les principales substances actives homologuées en désherbage des allées
de parcs, jardins et trottoirs.
A partir des données de contaminations des eaux superficielles disponibles
actuellement sur la région, il apparaît pertinent de classer ces molécules vis-à-vis de leur
mobilité en utilisant leur KOC. Provisoirement, nous avons retenu la valeur 1000 pour
différencier deux groupes de substances :
-
Coefficient de ruissellement des surfaces
d’application des produits
Le niveau de perméabilité des surfaces sur lesquelles sont appliquées les substances doit
également être pris en considération dans le choix du produit. Dans un premier temps, deux
catégories de surfaces peuvent être distinguées : perméables, imperméables.
A partir de cette double entrée, les préconisations indiquées sur la figure 15 pourraient être
appliquées par les communes .
FIGURE 15
DESHERBAGE DES ZONES NON CULTIVEES
ALLEES DE PARCS, JARDINS ET TROTTOIRS-VOIRIES
2.1.4 - CONCLUSION
superficielles par les produits phytosanitaires. Les résultats ont mis en lumière la nécessité
d’adapter les filières de traitement de potabilisation à l’élimination des résidus de produits
phytosanitaires.
Ils ont également mis en évidence que les usages agricoles ne constituaient pas
l’unique source de contamination des eaux mais que d’autres usages tels que le désherbage des
zones non cultivées, malgré des tonnages employés négligeables par rapport à ceux mis en
oeuvre par l’agriculture, participaient de façon très importante à la pollution des eaux.
BIBLIOGRAPHIE
GILLET H., 1992. Etude de la contamination des eaux superficielles de Bretagne par
les pesticides. Résultats du suivi 1991. Préfecture de la région Bretagne Service Régional de la
Protection des Végétaux, 14p.
GILLET H., 1991. Contamination des eaux par les pesticides en Bretagne. Etude
d’évaluation des contaminants par bassins versants.
Service Régional de la Protection des Végétaux, 6p. + annexes.
GILLET H., 1991. Contamination des eaux par les herbicides utilisés dans les zones
non cultivées en Bretagne.
Service Régional de la Protection des Végétaux, 20p. + annexes.
JAMET P., HASCOET M., 1987. Evaluation du risque de contamination des eaux par
les pesticides utilisés en agriculture. Colloque ANPP, La pollution des eaux par les pesticides
et les nitrates, p7-16. 18-19 mars 1987.
LECURET C., 1989. Influence d’une retenue sur le comportement de deux pesticides
véhiculés par les eaux de surface : lindane et atrazine. Mémoire DEA : sciences et techniques
de l’eau - Ecole Nationale de la Santé Publique de Rennes.
Texterédigé par C. GUYOT (UIPP - Rhone-Poulenc Agro) avec l’aide de MM. BAUDRAND
(chambre d’agriculture de l’Isère) et BELLEVILLE (DDASS de l’Isère).
2.2.1 - CONTEXTE ET ENJEUX
Afin de développer des actions concertées pour orienter le suivi de la qualité des eaux
vis-à-vis des produits phytosanitaires en région Rhône-Alpes, un comité de travail a été créé
en 1991 à l’initiative de la DRASS. La Cellule Régionale d’Observation de la Pollution des
eaux par les Produits Phytosanitaires (CROPPP) qui réunit les différents
partenaires concernés
par l’agriculture et la protection de l’eau poursuit trois objectifs :
-
dresser bilan de la contamination des eaux par les produits phytosanitaires,
un
risque de
contamination d’un captage et les apports de produits phytosanitaires,
-
l’influence du changement d’échelle
appréhender sur le diagnostic à partir
d’observations sur des sites de taille différente.
Trois sites jugés représentatifs sont sélectionnés en fonction de critères définis dans
une étude antérieure de la Chambre d’Agriculture de l’Isère et de la DDASS :
-
vulnérabilité de la ressource en eau souterraine (sols filtrants, ressource de petite
taille),
systèmes de production agricole présents (grande culture avec structure
-
foncière
simple ; petit nombre d’exploitations),
réceptivité de la population agricole aux problèmes d’environnement.
-
La géologie du Bas-Dauphiné est marquée par une forte influence glaciaire qui
explique la succession de collines à soubassement constitué de molasses et de vallées à
alluvions fluvio-glaciaires en général sablograveleuses.
Le climat est de type continental avec une pluviométrie moyenne de 950 mm par an
présentant un gradient décroissant d’est en ouest (de 1150 mm aux confins de la Chartreuse à
800 mm le long de la vallée du Rhône).
83
Le captage de Janneyrias, situé dans un bassin versant estimé à 400 hectares et dont les
conditions hydrogéologiques ne sont pas complètement connues, a fait l’objet d’une
surveillance régulière. Les résultats d’analyse montrent la présence de diverses substances
actives dans les eaux souterraines. Il s’agit d’un site-observatoire.
Le site de Paladru est nettement délimité par deux versants cultivés ou en prairie
représentant une superficie totale 1260 hectares dont le bourg de Montferrat constitue la partie
non agricole. La variabilité spatiale liée à l’étendue permet de travailler à différentes échelles
sur un site bassin versant en grandeur nature.
Les données météorologiques sont relevées dans les communes les plus proches de
chaque site.
Les informations hydrogéologiques sont essentiellement fournies par les études
régionales et les études géologiques réalisées à l’implantation des captages. La délimitation
des zones d’étude, réalisée en premier à partir des cartes topographiques, est affinée par les
observations du relief sur le terrain. Les limites des périmètres de protection ont été utilisées
pour différencier les secteurs plus ou moins proches de la zone de captage.
Les caractéristiques du sol sont étudiées par trois méthodes distinctes, différant par
leur précision, la profondeur des investigations et le coût de réalisation.
La carte des sols de l’Isère réalisée en 1990 fournit une précision de l’ordre du km2.
Les observations de terrain rassemblent une synthèse des analyses de terre existantes (0-20
cm) sur les zones d’étude auprès des agriculteurs, les résultats des sondages à la tarière à
proximité des captages (périmètre rapproché ou éloigné) et les données de prospection
géophysique permettant l’étude des six premiers mètres du sol au moyen de sondages
électriques et électromagnétiques.
85
L’enquête auprès des agriculteurs, quasi-exhaustive sur les bassins d’alimentation, concerne les
parcelles agricoles. Les surfaces de parcelles non enquêtées et les quantités de substances
actives utilisées sont estimées à partir des moyennes calculées sur chaque périmètre.
L’information est comparée à celle fournie par les principaux fournisseurs de produits
phytosanitaires.
Pour illustrer la démarche de diagnostic, les informations collectées sur chaque site ont été
synthétisées dans le chapitre suivant. L’interprétation des résultats permet dans une certaine
mesure d’établir des relations vraisemblables entre, d’une part, les caractéristiques du milieu
naturel, son occupation et les pratiques phytosanitaires et, d’autre part, la qualité de la
ressource en eau. Elle met également à jour des incertitudes qui pourraient être levées
Caractéristique hydrogéologiques
Le bassin versant qui alimente la source a une de 15 ha. La source est
superficie
exploitée par un syndicat intercommunal et alimente la commune de Panissage. Le débit
minimal est de 5.4 m3/h.
La sourcede Chardenouze draine des niveaux de graviers sableux perméables et
aquifères d’origine morainique plaqués sur la molasse imperméable si elle n’est pas fissurée
(galets de nature variée, cimentés par une matrice gréso-calcaire).
- Sol
Un seul type de sol est rencontré, moyennement profond (60 cm), caillouteux en
surface et en profondeur. Il présente un horizon labouré brun sablo-limoneux contenant
environ 3 % de matière organique au dessus d’un horizon jaune plus argileux. Ce sol est acide
(pH moyen : 5.7). Des symptômes d’hydromorphie sont apparents à partir d’une profondeur de
25 cm dans un demi-cercle d’un rayon de 300 m en amont du captage.
L’enquête agricole a été réalisée de manière exhaustive sur tout le bassin versant. Seul
l’emploi d’herbicides est systématique en production céréalière. L’atrazine est la substance
active la plus utilisée en désherbage du maïs bien que l’agriculteur directement concerné par la
source l’utilise en faible quantité. La parcelle en amont de la source (un tiers de la surface
totale du bassin versant) est désherbée avec un produit contenant de l’alachlore qui est la
deuxième substance active la plus appliquée à proximité de la source.
Du fait des rotations par les agriculteurs, une partie des parcelles est
pratiquées
systématiquement occupée par du maïs, contribuant ainsi à un apport important d’atrazine sur
le bassin versant. Le potentiel de mouvement de cette substance active dans le sol et la
vulnérabilité de la nappe suffisent à expliquer la présence de résidus dans l’eau souterraine.
Bien qu’utilisé en quantité aussi élevée que l’atrazine, l’alachlore n’est pas retrouvé
dans l’eau. Une explication peut être trouvée dans la différence de mobilité des substances
actives : le potentiel de mouvement dans le sol estimé par l’indice de mobilité de Gustafson est
significativement plus faible pour l’alachlore que pour l’atrazine.
Une seconde hypothèse s’appuie sur l’emploi différent de ces substances actives :
l’alachlore est utilisé en quantité comparable à celle de l’atrazine mais pour la première fois.
Les résidus d’atrazine dans l’eau proviendraient d’utilisations antérieures alors que ceux
d’alachlore n’apparaîtraient pas encore dans l’eau ou seraient dégradés avant d’atteindre la
nappe.
PLUVIOMETRIE
DEBIT
FIGURE 17 :Résultatsdesanalysesd’eaudelasourcedeChardenouse
(Panissage).
Comparaisonaveclesprécipitationsetpluiesefficacespardécadeetledébitdelasource
(mai1992 àaoût1993).
90
2.2.3.1.3 - Conclusions
Le sol dont la teneur en matière organique est relativement élevée assure la rétention
des substances actives mais la proximité du niveau piézométrique de la surface et la texture
très grossière du sol rendent le site vulnérable.
Caractéristiques hydrogéologiques
Le forage du Chamois exploite une nappe située dans une zone de transition des
formations géologiques ; à l’est, les moraines constituées d’éléments caillouteux et de blocs
sont peu perméables, à l’ouest les alluvions fluviatiles sont très perméables. Le bassin versant
qui alimente la nappe est difficilement déterminé à partir de la topographie. Une carte
piézométrique s’avère nécessaire pour une bonne connaissance de la ressource.
Le forage a un débit de 25 m3/h et alimente une partie de la commune de Janneyrias.
Son exploitation a été arrêté en juillet 1993 en raison des concentrations élevées en nitrates et
produits phytosanitaires.
Les périmètres de protection n’ont pas pris en compte à ce jour les pollutions d’origine
agricole (immédiat : 0.5 ha, rapproché : 16 ha, éloigné : 50 ha).
- Sol
Carte des sols : les moraines würmiennes à texture équilibrée constituent la seule unité
cartographique du site de Janneyrias : sol épais, caillouteux à texture équilibrée, non calcaire,
reposant sur un cailloutis sableux calcaire à un mètre de profondeur. Localement, le sol peut
devenir plus lourd et plus épais.
91
Le sol, très caillouteux avec une argile en surface, devient une couche
faible teneur en
de graviers et cailloux très perméables en profondeur. Malgré la formation de recouvrement
sablo-argileuse restreinte, ce site présente toutes les caractéristiques d’un sol très filtrant,
favorable aux écoulements rapides. Même si la nappe n’est pas très superficielle, elle est très
vulnérable.
Les enquêtes ont été réalisées auprès des sept principaux agriculteurs sur des
exploitations de 100 ha en moyenne dont 20 (9 % de la terre labourable) sont occupés par la
jachère. L’irrigation est possible sur les terres situées dans la partie nord-ouest où maïs et pois
sont les cultures dominantes. Sur le reste de la zone, où le débit de la nappe est insuffisant
pour irriguer, on trouve l’orge, le blé, le tournesol, le colza et le maïs avec des rotations
variables selon les agriculteurs. Sur l’ensemble du bassin-versant, 50 % de la surface est en
terre labourable. Les cultures principales sont, par ordre décroissant : blé, pois et maïs.
Les quantités de produits utilisées à l’hectare sont plus élevée dans le périmètre éloigné
où l’agriculture est plus intensive que dans tout le bassin versant. Elle est très forte dans le
périmètre rapproché, notamment à proximité du captage où la charge spécifique atteint
880 g/ha pour l’atrazine (figure 19).
Les résultats d’analyse d’eau de 1991 à 1993 montrent une grande diversité des
produits détectés (figure 20). L’atrazine est la seule substance active détectée dans toutes les
analyses. La simazine a été détectée mais à des concentrations toujours très inférieures à celles
de l’atrazine. D’autres molécules comme l’alachlore, le mécoprop et le métolachlore n’ont été
détectées que dans un seul prélèvement.
Les périmètres rapproché et éloigné se situent dans une zone très cultivée où la charge
spécifique est forte et où la culture du maïs a été dominante depuis plusieurs années. De plus,
la nappe phréatique est très peu protégée en surface où le sol caillouteux est pauvre en argile,
comme en profondeur où les horizons sont constitués par des graviers très filtrants.
HERBICIDE
FONGICIDE
INSECTICIDE
FIGURE 18 : Substances actives les plus utilisées sur le site de Janneyrias - septembre
1992 à juillet 1993.
94
HERBICIDE
FONGICIDE
INSECTICIDE
FIGURE 19 : Charge spécifique sur le site de Janneyrias - septembre 1992 à juillet 1993.
95
EVOLUTION PIEZOMETRIQUE
TENEURS EN ATRAZINE
La simazine est détectée dans l’eau assez régulièrement mais à des concentrations plus
basses
Le chlortoluron est un herbicide utilisé sur blé et orge sur le bassin versant. Appliqué à
raison de 22 kg sur environ 13 ha à l’automne 1990, il a été détecté dans l’eau en mai et août
1991. 5 kg ont été appliqués hors des périmètres rapproché et éloigné mais il n’a pas été
détecté ultérieurement en raison d’une utilisation moindre ou de l’éloignement des applications
par rapport au captage.
Le diuron, qui
n’a pas d’utilisation agricole sur le bassin versant, a été retrouvé
rapidement dans l’eau suite au désherbage du périmètre immédiat du captage par un employé
de la commune en 1992.
2.2.3.2.3 - Conclusions
Le manque de données sur l’occupation des sols en 1991 et sur l’utilisation des
produits
en 1992 rend difficile l’interprétation des résultats d’analyse comportant de nombreuses
substances actives. Une étude piézométrique fournirait des informations utiles à la
connaissance de la nappe (sens d’écoulement et dimensions réelles).
Caractéristiques hydrogéologiques
Le puits de Truitière est alimenté par une nappe qui occupe la plaine alluviale drainée
par le ruisseau du Courbon dont le débit moyen est de 316 1/min. Cette dépression, sur un
socle molassique peu perméable, est remblayée par des alluvions glaciaires de gravier, sables
et silts présentant des intercalations lenticulaires de sables argileux et d’argiles. Ces alluvions
sont recouvertes en surface par des limons argileux, argilo-sableux et gravelo-argileux. Les
dépôts fluvio-glaciaires peuvent contenir une réserve en eau importante dans leur porosité
primaire.
La nappe phréatique, très superficielle à l’aval (-0.65 m dans le puits), se raccorde au
niveau du lac de Paladru. Elle est alimentée par un bassin versant d’environ 1300 ha. Le
ruisseau du Courbon s’écoulant sur des graviers perméables non colmatés est susceptible de
produire des infiltrations vers la nappe, sauf dans le secteur aval.
Le puits de Truitière, profond de 9 m, traverse 6.5 m d’argiles et de graviers argileux
pour atteindre les graviers sableux. Il est exploité par un syndicat intercommunal avec un
débit installé de 140 m3/h pour alimenter une population d’environ 10000 habitants répartie
dans huit communes. Trois périmètres de protection ont été définis selon un critère de
proximité au captage : périmètre immédiat : 2.5 ha, périmètre rapproché : 75 ha, périmètre
éloigné : 300 ha.
La concentration en nitrates a augmenté progressivement au cours de la dernière
décennie (17 mg/l en janvier 1981, 35 mg/l en janvier 1993) mais n’a pas dépassé la valeur-
guide réglementaire. L’atrazine est la seule substance active phytosanitaire dont la
concentration a dépassé la concentration maximale acceptable.
- Sol
La carte des sols de l’Isère indique la présence de cinq unités distinctes sur le site de
Paladru. Vingt sondages et six analyses réalisés sur les 70 ha du périmètre rapproché
permettent de distinguer deux types de sol.
Sur une dizaine de mètres de part et d’autre du Courbon, le sol devient très organique
avec disparition des cailloux. La texture sablo-limoneuse du premier horizon s’enrichit
fortement en sable avec la profondeur et l’hydromorphie croît en se rapprochant du ruisseau.
Ce sol alluvial correspond à une zone non cultivée de bois et prairie.
Les 350 mesures électromagnétiques réalisées sur le périmètre rapproché ont mis en
évidence deux types de terrain, aussi bien en surface (0-2 m) qu’en profondeur (1.5-6 m). La
disposition de ces entités montre qu’il n’y a pas de colmatage argileux du Courbon ce qui
laisse la possibilité d’une relation entre le cours d’eau et la nappe. Deux secteurs présentent
99
une couverture priori épaisse et suffisamment argileuse pour constituer une protection
a
efficace de la nappe. La majeure partie du site est constituée de formations de recouvrement
peu épaisses et principalement sablo-graveleuses qui, par nature, n’apparaissent pas
susceptibles de constituer une protection efficace de l’aquifère.
L’atrazine et la pendiméthaline sont les substances actives les plus utilisées, de fin avril
à fin mai. Les herbicides sur céréales à paille représentent une faible proportion des usages. Le
fond de vallée est plus cultivé que les coteaux, surtout ceux de Montferrat occupés en grande
partie par de la prairie naturelle. La charge spécifique est plus forte dans les périmètres
rapproché et éloigné que dans l’ensemble du bassin versant.
Les utilisations non agricoles de produits phytosanitaires concernent le désherbage par
la DDE de routes et de quelques surfaces sur les communes de Paladru et Montferrat (chemins
communaux, abords de l’église et de la mairie, cimetière, terrain de sport). L’enquête
correspondante a été réalisée auprès des deux communes et de la subdivision de l’équipement.
2.2.3.3.1.3 - Analyses d’eau
Les analyses d’eau au captage de Truitière montrent des concentrations en atrazine
constantes, légèrement supérieures à la concentration maximale acceptable. La dééthylatrazine
est détectée en concentrations similaires à celles de l’atrazine.
Des prélèvements ont été effectués en cinq autres points du bassin versant. Les
analyses montrent :
des concentrations
-
en atrazine et dééthylatrazine similaires dans les puits qui
pompent l’eau de la nappe,
-
des concentrations très élevées en atrazine et dééthylatrazine dans l’eau de la source
qui draine le coteau de Paladru. En revanche les sources du coteau de Montferrat sont très peu
polluées,
-
l’atrazine, la
dééthylatrazine et la simazine sont détectées dans l’eau du Courbon et à
des concentrations plus élevées en amont.
100
représente 17 % de la surface
Le maïs du bassin versant. La taille importante de la
nappe peut expliquer par un effet de dilution le niveau et la constance des concentrations
(indépendantes des précipitations).
L’analyse de l’eau en divers points de la nappe laisse supposer une certaine étendue de
la présence d’atrazine et de son métabolite principal.
Les concentrations plus élevées en amont pourraient résulter d’un apport plus
important d’eaux de ruissellement là où la pente est plus forte.
101
La faible utilisation agricole de la simazine sur le site d’étude laisse supposer une
contamination à la suite du traitement de surfaces peu perméables et proches de la source du
Courbon dans le village de Montferrat .
La source du coteau de Paladru est plus contaminée que les sources de Montferrat.
2.2.3.3.3 - Conclusions
Le site de petite surface (Panissage) permettait l’étude directe des effets des
a priori
pratiques culturales sur une ressource vulnérable. La diversité des substances actives utilisés a
été limitée par la prédominance de la culture du maïs. La constance des résultats d’analyse de
l’eau n’a pas reflété les pratiques phytosanitaires. Ce site de petite taille ne donne pas les
résultats attendus, notamment en raison d’une connaissance très incomplète du
fonctionnement de la nappe.
Les sites plus étendus de Janneyrias et Paladru ont permis de vérifier l’hypothèse de
proximité à partir de deux éléments du diagnostic. D’une part, l’estimation d’une charge
spécifique représentative des apports de produits phytosanitaires montre une utilisation plus
intense dans les périmètres rapprochés. D’autre part, l’observation de pics de pollution au point
de captage, à Janneyrias notamment, montre le passage rapide des résidus dans la nappe alors
qu’un effet d’amortissement est attendu pour les applications plus distantes. Il est très probable
que la vulnérabilité des ressources étudiées ici favorise l’expression de cet effet de proximité
entre les captages et les zones cibles des traitements phytosanitaires. Il importe de retenir que
le critère pertinent de diagnostic est la possibilité de circulation rapide de l’eau et des résidus
jusqu’à la nappe mais certainement pas la proximité entre les cultures et la ressource.
102
L’examen des résultats montre que l’intérêt des divers moyens mis en oeuvre est très
variable. Cette expérience est importante en vue de proportionner la démarche de diagnostic
aux objectifs. La critique des moyens concerne les trois domaines où l’information a été
recueillie : milieu naturel, usages phytosanitaires, analyses d’eau.
Les trois méthodes d’étude du sol mises en oeuvre ont chacune leur intérêt et leurs
limites mais elles n’ont jamais fourni d’informations contradictoires. Les principales
caractéristiques pédologiques de chaque site ont été retrouvées : l’homogénéité des sols sur les
sites de Panissage et de Janneyrias, la variabilité plus importante du site de Paladru. Grâce à
leur spécificité, elles fournissent des informations différentes et complémentaires, même si les
données recueillies par chacune ne sont pas systématiquement comparables et ne peuvent être
exploitées simultanément.
La carte des sols de l’Isère ne fournit pas de données suffisamment précises à une
échelle intéressante pour l’étude (de l’ordre de l’hectomètre). Cependant, les profils-types
rencontrés ont été tirés utilement de la base de données qui a servi à sa réalisation.
l’effet protecteur du sol vis-à-vis de la nappe. La connaissance de cette zone sur une
profondeur de quelques mètres est fondamentale dans l’établissement du diagnostic mais le
coût de telles études reste un obstacle important.
Les méthodes d’étude concernant le sol ont du être adaptées à la taille des sites (densité
des sondage et des analyses, étendue des zones soumises aux études géophysiques).
2.2.4.1.2 -
Usages phytosanitaires
2.2.4.1.2.1 - Enquête agricole
Pour atteindre l’objectif d’une connaissance assez complète des pratiques
phytosanitaires des agriculteurs, l’enquête agricole à la parcelle s’est rapidement imposée. Le
nombre limité d’agriculteurs a permis de la réaliser de manière presque exhaustive, la surface
enquêtée correspondant à la quasi-totalité de la surface cultivée du bassin versant. La taille des
sites n’a donc pas été limitante.
Dans le questionnaire, il s’est avéré plus efficace de raisonner par culture, voire pas
système de culture, plutôt que par parcelle tout en s’informant des pratiques différentes
réalisées sur certaines. Afin d’évaluer la fiabilité des résultats d’enquête, les quantités utilisées
sur le site de Paladru ont été comparées aux informations fournies par le principal distributeur
de produits phytosanitaires sur ces communes. Le recoupement des informations a été difficile
dans la mesure où les données recueillies ne correspondent pas aux mêmes échelles d’espace
et de temps. Néanmoins, les enquêtes sur les quantités de produits utilisées ont été jugées
suffisamment précises. Même si elles demandent d’investir beaucoup de temps, elles
fournissent une liste presque exhaustive des substances actives utilisées par les agriculteurs.
En comparaison, les résultats des analyses d’eau peuvent apparaître relativement pauvres pour
une bonne valorisation des données de l’enquête. Il reste que l’intérêt majeur des enquêtes
réside dans la spatialisation des utilisations des produits qui apporte des informations
précieuses dans le cas où certains d’entre eux, utilisés ponctuellement, sont détectés dans les
eaux.
A l’exception des herbicides, la liste des substances actives analysées dont l’origine est
celle publiée par le Service de la Protection des Végétaux en 1990 s’est montrée peu adaptée à
l’étude. Les décisions du Comité de liaison "Eau-Produits antiparasitaires" permettent
aujourd’hui d’adapter la surveillance aux conditions locales et régionales en fonction du
système de production.
La disproportion entre les moyens techniques et financiers requis par les analyses d’eau
et les informations qu’elles fournissent a déjà été soulignée. La pertinence du programme
d’échantillonnage est souvent remise en cause face au coût des analyses et aux difficultés
d’interprétation des résultats, en particulier lorsque les prélèvements effectués en fonction des
précipitations et des pluies efficaces ne fournissent pas les résultats attendus. Quand cela est
possible, obtenir des informations sur le fonctionnement de la nappe devrait permettre de
mieux orienter le programme d’échantillonnage. L’analyse d’échantillons prélevés en d’autres
points que le captage (puits privés, cours d’eau) apporte souvent des informations
intéressantes, notamment la répartition de la contamination et les relations éventuelles de la
nappe avec les eaux superficielles.
L’interprétation des résultats a atteint plus ou moins rapidement des limites considérées
comme des points faibles de l’étude. La présence de résidus de certaines substances actives
dans l’eau souterraine n’a pu être interprétée au moyen des données sur leur comportement
dans le sol.
Les données du milieu physique ont montré sans équivoque la vulnérabilité des
aquifères. Dans ces conditions, le transfert rapide des résidus vers la nappe peut concerner
l’ensemble des substances actives possédant un certain potentiel de mouvement dans le sol .
La présence de résidus dans une eau souterraine dépend alors davantage de l’usage des
produits sur la zone considérée que de leurs caractéristiques de comportement dans le sol. En
fait, celles-ci ont été très peu mises à profit dans l’interprétation des résultats par rapport aux
données d’usage des produits ou le milieu physique qui ont été déterminantes dans
l’établissement du diagnostic. Il est prévisible que dans des situations où les aquifères sont
moins vulnérables, les caractéristiques de comportement des substances actives joueront un
rôle plus significatif et demanderont une expertise suffisante dans ce domaine.
Dans cette étude, l’importance de la proximité entre le captage et les zones cibles des
traitements phytosanitaires est étroitement liée à la vulnérabilité des aquifères. il est possible
dans ce cas de proportionner l’importance et la précision des données à collecter en fonction
de la position dans le bassin versant. Les informations nécessaires au diagnostic doivent alors
être d’autant plus exhaustives que l’on est proche du captage. La notion de proximité s’avère
utile ici dans l’interprétation des résultats et également dans la définition des actions de
correction. C’est cependant la possibilité de circulation plus ou moins rapide de l’eau et des
résidus vers la nappe qui constitue un critère pertinent de diagnostic susceptible d’être
généralisé à d’autres situations. La proximité ne se réduit donc pas à la stricte distance entre la
culture traitée et l’eau puisque la zone qui les sépare, à la surface du sol comme en profondeur,
peut influencer considérablement le mouvement de l’eau et des solutés. C’est au diagnostic de
préciser si la proximité de l’usage d’un produit phytosanitaire et de la ressource, définie en
termes de circulation de l’eau et des résidus, est une cause objective de la dégradation de la
qualité de l’eau.
106
2.2.5 - CONCLUSIONS
L’étude présentée ici à titre d’exemple illustre ce que l’on peut attendre d’une démarche
de diagnostic appliquée à une ressource en eau souterraine et les conditions requises pour la
D’une part, la démarche peut être considérée comme fructueuse si elle aboutit à des
éléments de diagnostic pertinents permettant d’engager des actions correctrices. Pour prévenir
de possibles dérives et frustrations, il faut admettre que la compréhension complète des causes
responsables d’une situation donnée est souvent illusoire, en raison de la complexité des
phénomènes et de l’insuffisance ou de l’inadaptation des moyens d’investigation. Néanmoins,
l’identification des facteurs déterminants de la qualité d’une ressource en eau souterraine
constitue un objectif réaliste du diagnostic. L’exemple de l’Isère illustre judicieusement les
éléments d’interprétation susceptibles d’être obtenus en confrontant les informations relatives
au milieu physique, à l’usage et au comportement des produits phytosanitaires dans
l’environnement et aux analyses d’eau.
ANNEXES
-
Annexe 1 : La mesure de la pollution des eaux par les produits phytosanitaires :
les analyses (
-
Annexe 2 : Bibliographie
109
L’analyse des traces de produits phytosanitaires en relation avec la contamination des eaux est
une opération délicate et coûteuse. Il est donc indispensable que les résultats analytiques
soient interprétables et utilisables, et les performances des laboratoires vérifiées.
L’analyse peut prendre en compte l’eau mais aussi des sols ou des sédiments. Quel que soit le
milieu étudié, une attention toute particulière devra être apportée à toutes les étapes de
l’analyse du prélèvement à la remise des résultats.
Les principales sources d’erreurs d’une analyse sont représentées sur le schéma suivant :
I. L’ECHANTILLONNAGE
Les opérations d’échantillonnage sont à l’origine de plus de 80% des erreurs analytiques.
Cette opération ne doit donc pas être dissociée de l’acte analytique car elle a un rôle très
important sur la représentativité du résultat final.
Là aussi, plusieurs facteurs sont à prendre en compte :
La date, l’heure et le lieu d’échantillonnage sont très importants, surtout pour les produits
phytosanitaires pour lesquels, suivant les dates d’application, les degrés de contamination
peuvent être différents.
Cette étapedoit être bien préparée en définissant au préalable le but de l’analyse. Après cette
définition, les détails d’échantillonnage seront alors définis : type d’appareillage ou mode
d’échantillonnage.
111
ECHANTILLONNAGE
- Echantillonnage ponctuel
- Echantillonnage automatique
-
intermittent
-
continu
-
Echantillonnage aléatoire
-
Echantillonnage systématique
-
Echantillonnage composite
Le dosage des résidus de produits phytosanitaires est coûteux, long et, suivant le cas, le besoin
de réponse rapide est nécessaire. Il est donc indispensable qu’au niveau du prélèvement, le
choix des points de prélèvement, des heures de prélèvement permettent d’éviter d’inonder le
laboratoire par des analyses inutiles. Le préleveur doit donc être un spécialiste.
Nous prendrons le cas des eaux de rivière après pollution. Le problème, dans ce cas, est de
pouvoir très vite repérer le polluant et sélectionner les points d’analyses pour obtenir une
information avec le minimum de points.
Ce cas a été étudié dans la région parisienne où les traçages de rivières ont été établis et
permettent de prévoir la vitesse de propagation d’une pollution ainsi que sont taux de dilution
dans la rivière. Un autre cas est celui de l’inventaire des points de captage d’eaux souterraines
pour l’alimentation en eau potable. Cet inventaire nécessite de très nombreuses analyses et il
paraît important de ne pas saturer le laboratoire par l’envoi en analyses d’eaux non
contaminées.
Une présélection sur le terrain peut être effectuée par la recherche rapide des substances
phytosanitaires à l’aide de tests immuno-enzymatiques. Ces tests, bien connus pour l’analyse
des triazines, sont aussi disponibles pour plus de vingt substances actives. Il est, dans ce
cas,
nécessaire de connaître ou d’avoir bien identifié la molécule polluante ou la molécule
qui sera
prise comme traceur. Loin de concurrencer les analyses fines de laboratoire, ces tests sont de
bons aides à la définition des points de l’échantillonnage.
112
Dans le cas d’un puits, il paraît important de pouvoir en temps réel mettre en évidence des
variations de teneurs en fonction du pompage.
Une des caractéristiques des traces de produits phytosanitaires est, dans certains cas, la très
grande variation de concentration obtenue au cours d’une journée par exemple. Ces tests
permettent de les mettre en évidence et donc de mieux adapter le mode de prélèvement. C’est
le cas aussi au niveau des eaux de surface où l’on peut constater une hétérogénéité d’une rive
à l’autre ou du fond vers la surface.
Une attention particulière devra être attirée au niveau des prélèvements de surface où le film
de surface peut conduire à des facteurs de concentration de 5000 à 10000.
Prétraitement de terrain
Les résidus de produits phytosanitaires sont constitués dans certains cas de molécules
hydrophobes qui peuvent s’adsorber sur des matières en suspension de l’eau. Deux solutions
sont à prendre en compte :
Séparation sur le terrain des matières en suspension. Cette opération n’est pas sans
risque puisque la membrane de filtration peut elle-même induire des pertes par
adsorption.
-
Traitement sur le terrain permettant de ralentir les adsorptions. C’est le cas de l’ajout
du solvant d’extraction.
Importance du flaconnage
Le flacon utilisé pour le dosage des résidus de produits phytosanitaires peut influencer de
façon très importante le dosage selon plusieurs voies :
-
Flacon mal lavé
Photolyse
Le but d’un lavage est d’une part d’enlever tous les éléments qui risquent d’adsorber le résidu
de produit phytosanitaire (carbonate de calcium, dépôt de Fe2O3, MnO2...), d’autre part,
d’éliminer toute source de pollution déposée sur les parois des flacons.
113
Dans tous les cas, les flacons sont rebouchés humides. Cela permet, au niveau du
prélèvement, de parfaire ce lavage par rinçage avec l’eau à introduire.
Importance du matériau
Pour ce choix, il faut tenir compte :
-
des risques de pollution par flacon
-
des risques de pertes
-
de la sensibilité à la lumière du composé à doser ainsi que de sa volatilité
Cela conduit à bannir tout flacon en matière plastique. Il ne reste que les flacons en verre ou
métalliques avec, dans certains cas, un scellement sur le terrain pour des composés très
volatils. Si ces composés sont photosensibles, il est indispensable de ne prendre que du verre
brun ou des flacons métalliques (Inox 316L).
Conditions de stockage
Adsorption
-
Volatilisation
Transformations physiques
-
Transformations chimiques
-
Transformations biologiques
Comme les substances actives phytosanitaires n’appartiennent pas qu’à une seule classe de
composés organiques, dans bien des cas, chaque groupe aura ses propres conditions de
stockage à respecter.
Temps de stockage
Même si toutes les conditions de stockage sont réunies, il paraît important de connaître, pour
chaque type de
substance, le délai d’analyse à respecter. Cela peut être très important et
renvoie au chapitre où l’on spécifiait qu’il était indispensable de bien programmer les
échantillons et faire en sorte que leur nombre ne soit pas à l’origine de l’engorgement du
laboratoire.
114
Autres méthodes
Des publications montrent aujourd’hui tout l’intérêt d’effectuer la concentration sur place par
adsorption solide-liquide. Là aussi, cette opération ne peut être effectuée que par un
spécialiste.
Dans l’eau, une substance active peut être en solution dans la phase liquide et/ou retenue sur
des particules dans la phase solide (matières en suspension, sédiments). L’analyse de traces de
substances dans une eau peu chargée en matières en suspension est difficile à mettre en
oeuvre. Elle doit s’effectuer dans des laboratoires spécialisés, avec des méthodes éprouvées et
du personnel formé. Peu de méthodes sont actuellement normalisées, des groupes de travail
oeuvrent actuellement dans ce sens. L’analyse de traces dans les sédiments ou les matières en
suspension est encore plus délicate. Elles ne sont pas réalisées en routine et nécessitent des
études spécifiques.
Il s’agit de pouvoir interpréter les résultats d’analyses qui permettront de conclure qu’une
« substance se retrouve dans les eaux, qu’elle altère la qualité des eaux et soulève des risques
de toxicité et/ou d’écotoxicité ».
a) Une étape de concentration basée soit sur des systèmes liquide-liquide, soit solide-liquide
b) Une étape de séparation des composés d’un mélange complexe qui fait appel à la
chromatographie soit gazeuse, soit liquide
La sélectivité de la colonne est un paramètre important. Un chromatogramme reprenant la
séparation d’une liste de composés devra amener la preuve que les séparations sont
suffisamment bonnes afin d’éviter une mauvaise identification des composés, surtout si le
détecteur n’est pas un spectromètre de masse.
115
Elle est calculée comme étant égale à 2V2.t s du bruit de fond ou de la concentration la plus
faible que donne un pic, significativement différent du bruit de fond (calcul effectué sur un
échantillon comparable à ceux utilisés; t coefficient de Student; s écart-type).
= =
Cette limite de détection doit être le 1/10 de la valeur paramétrique (limite de quantification).
Pour les eaux destinées à la consommation humaine, la valeur paramétrique est de 0,1 μg/l. La
limite de détection doit être de 0,01 μg/l.
Dans le cas où cette performance ne peut être atteinte, on pourra tolérer : LD 0,25 de la =
Justesse ou biais
Ce biais (différence entre valeur vraie et valeur trouvée) ne devra pas dépasser au niveau de la
valeur paramétrique 10%, si cela est impossible 25%.
Domaine de linéarité
Dosage < LD =
rien de détecté
Dosage proche de la LD =
incertitude sur le résultat de 50%
Dosage > 4 LD =
valeur à 10 à 20% d’incertitude (L’OMS et l’UE préconisent un seuil
de 10 LD)
L’interprétation des résultats doit se faire suivant des classes établies selon une échelle
logarithmique telle que < 0,1; de 0,1 à 0,3; de 0,3 à 1; 1 à 3; 3 à 10...
Les valeurs 0,125; 0,234 et 0,145 μg/1 seront donc dans la même classe et seront considérées
comme équivalentes.
III. CONCLUSION
L’analyse des résidus de produits phytosanitaires et surtout les résultats obtenus peuvent avoir
des conséquences très importantes au niveau administratif, financier et médiatique.
Aucun résultat ne devrait être sorti du contexte de l’étude pour laquelle les analyses ont
été faites, notamment le choix de la période d’analyse.
Comme ces analyses ont un prix assez élevé, souvent leur nombre est limité et l’extrapolation
à des périodes plus longues peut conduire à des erreurs importantes.
ANNEXE 2 : BIBLIOGRAPHIE
La liste présentée n’est pas exhaustive. Elle recense les documents connus ou fournis par les membres du groupe
de travail et ayant permis d’apporter des éléments à la rédaction de cette brochure.
* LOIRE BRETAGNE
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(2) Agence de l’eau : Evolution des teneurs en triazines dans les eaux souterraines, bassin Loire-Bretagne
(campagnes 1992, 1993 et 94).
(4) SRPV Bretagne : Etude de la contamination des eaux superficielles de Bretagne par les pesticides. Résultats
du suivi de 1992 (édité en 1993).
(5) Bretagne Eau Pure : Actes du colloque "Qualité des eaux et produits phytosanitaires : du diagnostic à
l’action" (27 novembre 1995).
(6) ENSA de RENNES : Analyse des facteurs de risque de transferts de pesticides dans les paysages.
Etablissement d’une hiérarchie de ces risques. Application à des bassins versants (F.
SIMON, septembre 1995).
(7) COMUNAUTE URBAINE DE BREST : Programme rade de Brest, Enquète sur l’utilisation des pesticides
à usage non agricole sur le bassin versant de la rade de Brest (V. BOUVOT, mai 94).
(9) ENSP de Rennes : Evaluation du risque de pollution phytosanitaire des prises d’eau potable superficielle
grâce à la hiérarchisation du risque associé aux matières actives et à la typologie des bassins versants -
Application à la région Bretagne pour les produits phytosanitaires épandus sur les cultures de maïs (G.
YVONNICK, 1994).
(11) DDAF 79 : Connaissance des pratiques en matière d’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires sur le
bassin du captage de la Savarie (février 94).
(14) ALDIS : Etude des pratiques des agriculteurs du bassin de l’Hière : résultats d’enquête (1993).
(15) ALDIS : Etude de motivation des agriculteurs du bassin de l’Hière (1993).
(16) ALDIS : Enquête sur les usages de pesticides non agricoles en Mayenne - Analyse des pratiques et des
produits utilisés (juin 1994).
* RHIN-MEUSE
(17) Agence de l’eau : Evaluation des apports diffus de substances phytosanitaires dans la partie française du
bassin du Rhin (M.BABUT, 1991).
(18) Agence de l’eau : Elaboration d’une méthode de diagnostic des causes de contamination des captages par
des produits phytosanitaires (M.BABUT, 1994).
118
(19) INP de LORRAINE (ENSAIA), Agence de l’eau, DRASS : Relation entre traitements phytosanitaires et
contamination des captages. Approche méthodologique sur quelques bassins d’alimentation de Lorraine
(M. SCHIAVON - X. THEVENOT, 1990).
(20) SRPV Lorraine : Enquête sur l’utilisation des pesticides par les communes de Lorraine en 1992
(édité en 1993).
* RHONE-MEDITERRANEE-CORSE
(21) Agence de l’eau, INAPG : L’eau et les produits phytosanitaires dans le bassin RMC. Premiers éléments
synthétiques (1989).
(23) Agence de l’eau, ISARA : Risque de contamination des nappes par les nitrates et les produits
phytosanitaires en système de production maraîchère (1991).
(24) Agence de l’eau, ISARA : Pratiques de protection phytosanitaire et essai d’évaluation de leur impact sur la
pollution des eaux souterraines : approche en arboriculture dans le sud-Ouest du Lyonnais (V.DERAIN -
C. RAHM, 1991).
(27) Chambre d’Agriculture et DDASS de l’Isère : Essai de diagnostic de la pollution des eaux souterraines
par les produits phytosanitaires en Isère (1993).
(28) Chambre d’Agriculture du Var : Erosion des sols et contrôle des résidus de pesticides dans les eaux de
ruissellement, bassin du Peissonnel (Cahier des charges technique, 1993).
(29) BRGM, Chambre d’agriculture des Bouches du Rhône : Recherche des pesticides en Crau (1993).
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(31) Conseil Général de la Drôme, DIREN : Observatoire départemental, réseau de surveillance des eaux
* ADOUR-GARONNE
(32) Agence de l’eau : Les micropolluants organiques et métalliques dans le bassin Adour-Garonne, campagne
de mesures été 1991.
(33) Agence de l’eau, SRPV : Pratiques phytosanitaires agricoles et qualités des eaux de surface sur le bassin
Adour-Garonne (1992).
(34) SRPV, FREDEC : Pratiques phytosanitaires et qualité des eaux d’un bassin versant céréalier du GERS
(synthèse de trois années d’étude 91-93).
(35) SRAE Midi Pyrénées, BRGM, INAPG : Etude de la migration des micropolluants et des nitrates en nappe
alluviale : site expérimental du domaine de Nolet (82) (1986).
(36) FEREDEC Aquitaine : Etude sur la recherche de résidus de pesticides d’origine agricole (maïsiculture)
dans les eaux brutes de captages d’eau destinés à la consommation humaine.
(37) MSA : Enquête sur la pratique des produits phytosanitaires dans le grand Sud Ouest (1989).
119
* SEINE-NORMANDIE
(38) Agence de l’eau : Sécurité de l’agriculteur et protection des eaux : Amélioration des matériels de traitement
et des formulations de produits phytosanitaires (tomes 1 et 2 et annexes, 1992).
(40) Agence l’eau, Université Paris VI, DDASS de l’Oise : Relation entre l’utilisation des produits
de
phytosanitaires et la contamination des captages dans le département de l’oise (C.
CHOQUET-MJATI, 1991).
(41) DRAF Haute-Normandie : Mise en place d’une surveillance des teneurs en produits phytosanitaires dans
les eaux superficielles de Haute-Normandie (1989)
(42) SRPV, DRASS De de France : Document du projet P.R.O.P.R.E. (E. POITRINEAU, 1993 Doc
provisoire).
(43) SRPV Champagne- Ardennes : Utilisations agricoles des produits phytosanitaires en
(44) SRPV Champagne-Ardennes : Projet de cahier des charges de l’opération Ecoculture en Champagne
(1994).
(45) SRPV Champagne-Ardennes : Utilisation agricole et non agricole des produits phytosanitaires en
Champagne-Ardennes - Aspects méthodologiques et incidence des bassins de prodution (V.
MORARD, 1994).
(46) DIREN et DRAF de Haute Normandie, Agence de l’eau, FRGPCEC : Recherche des produits sanitaires
dans les eaux souterraines - 1994 et synthèse des 3 années 1992-94 ( édité en 1995).
(47) Université Paris VII, CGE : Evaluation de l’utilisation agricole des produits phytosanitaires sur le bassin
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(48) ANJOU Recherche : Etude des micropolluants agricoles : Evolution interannuelle de la contamination des
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1993).
(49) ANJOU Recherche : Etude de détectabilité des pesticides en continu - Essais de faisabilité dans le cas de
l’atrazine (novembre 1993).
(50) CGE : Spatialisation des risques de pollution d’origine agricole - étude de faisabilité (mars 1993).
(51) CGE : Etude de la qualité de la Marne et du Grand Morin - Rapport de synthèse (juin 1993).
(52) CGE - ANJOU RECHERCHE : Etude des pratiques agricoles sur le bassin versant du Grand Morin -
Campagne 92-93 (juin 1994).
(53) CGE : Contamination des cours d’eau de la région parisienne par les produits phytosanitaires - Campagne
d’échantillonnage réalisée en 1993-1994 sur la Seine, la Marne et l’Oise : présentation des résultats
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* ARTOIS PICARDIE
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périmètres de protection des captages d’eau potable (Eric VAN TROYS, mémoire de fin d’étude, 1994)
120
* AUTRES
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par les produits phytosanitaires (BULLE BLEUE, 1994).
(56) Ministère de l’Agriculure, DGAL/SDPV : Produits phytosanitaires et qualité des eaux - Bilan des actions
conduites par la Direction Générale de l’Alimentation - année 1993 (H. GILLET).
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réponses (non daté).
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régions de grande culture : aspects agronomiques (AUZET, 1987).
(59) Ministères chargés de l’environnement (DQV) et de l’agriculture (DERF) : L’érosion des sols dans les
régions de grande culture : aspect aménagement (AUZET, 1987).
(60) Ministères chargés de l’environnement (DQV) et de l’agriculture (DERF) : Maîtrise de l’érosion dans
les vignobles de coteuax. Aspects agronomiques (LITZER, 1998).
(63) Ministère de l’agriculture - SCEES : Enquête sur la structure des vergers en 1992 (formulaire).
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(65) CEMAGREF Lyon : Aperçu des pollutions liées à l’utilisation des pesticides par l’agriculture en France
(1986).
(66) CEMAGREF Lyon : Méthodologie d’étude des pesticides, classement en fonction des risques
écotoxicologiques ( MUNOZ, BELAMIE 1990).
(67) CEMAGREF Lyon : Méthodologie d’étude des produits phytosanitaires, étude d’un bassin versant viticole:
l’Ardières. Mise au point de méthodes analytiques de pesticides (MUNOZ, 1992).
(72) Université du Québec : Utilisation d’un modèle stochastique et d’un SIG pour l’analyse et la représentation
spatiale des risques de contamination des eaux souterraines par les pesticides (1993).
(73) Conseil Supérieur de la Pêche : Pollution des cours d’eau par les pesticides (1993).
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P. CHAVAREN, non daté).