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Les démembrements innommés de la

propriété et la doctrine du numerus clausus en


droit civil québécois

Présentation donnée dans le cadre du cycle de conférences


“Réflexion sur le droit de propriété”
du Centre d’études en droit économique de
l’Université Laval
Simon-Pierre Bernard Arevalo
20 Novembre 2009
Objectifs
• Faire un rappel des principes fondamentaux se
rapportant au droit de propriété.
• Mettre en valeur la conception civiliste du droit de
propriété et la structure juridique qui s’y rattache.
• Sensibiliser le juriste à une démarche
interdisciplinaire dans la résolution d’un problème
juridique complexe ayant un impact socio-
économique important.
• Stimuler l’esprit critique et la réflexion
personnelle.
Importance du droit de propriété
• Concept omniprésent.
• Importance historique: origines, présence au cours de
l’histoire de l’humanité, courants philosophiques,
idéologies politiques.
• Importance économique: gestion de la rareté, incitatif,
exploitation des ressources, développement économique.
• Importance sociologique: relations interpersonnelles,
prévention des conflits, paix sociale.
• Importance anthropologique: Inhérent à l’être humain,
éléments essentiels à la survie de l’espèce, sécurité
personelle, contribution à l’épanouissement de l’individu,
facteur modificateur de la conduite humaine.
Rareté et efficacité
• Les ressources matérielles et humaines sont
limitées: notion de rareté.
• Cette situation oblige l’individu a devoir
faire des choix.
• Phénomène universel. La rareté n’épargne
ni les pauvres ni les riches.
• Voyons deux exemples...
Rareté et efficacité
• Exemple 1:
• Un enfant n’a qu’un dollar en poche.
• Il désire une boisson gazeuse à 1$ ET deux
paquets de gomme à 0.50$.
• Il devra faire un choix...

• Tiré de Parkin, Bade et Gonzalez, 2005, p. 4.


Rareté et efficacité
• Exemple 2:
• Un millionaire doit décider sur ce qu’il fera
samedi prochain en après-midi.
• Il est partagé entre l’idée d’aller jouer au
golf et celle de participer à une réunion de
planification stratégique.
• Lui aussi devra faire un choix...

• Tiré de Parkin, Bade et Gonzalez, 2005, p. 4.


Rareté et efficacité
• Quels choix devons-nous faire ?
• L’économique nous répond qu’il faut faire
les choix les plus efficaces.
• Le but: éviter le gaspillage et la mauvaise
allocation des ressources.
• La gestion de la rareté constitue l’une des
principales problématiques de la vie en
société.
• Quel est le principal moyen utilisé afin de
gérer la rareté ?
RÉPONSE:
LA PROPRIÉTÉ
La propriété
• C’est le moyen trouvé par les législateurs et
à une plus grande échelle par les sociétés
humaines afin de gérer la rareté.
• Conception variable.
• Nous mettrons l’emphase sur la conception
civiliste de la propriété appliquée au
Québec en matière immobilière.
La propriété: définition
• Le Code civil du Québec à l’instar du Code civil
du Bas Canada définit le droit de propriété en
fonction de ses attributs (prérogatives qu’il octroie
à son titulaire) aux articles 947 et 948.
• Quatre prérogatives constituent le droit de
propriété: l’usus, le fructus, l’abusus et l’accessio.
La propriété: définition
• Usus (droit d’user un bien).
• Fructus (droit de jouir des fruits et revenus générés par le
bien).
• Abusus (droit de disposer du bien).
• Accessio (droit de faire sien tout ce qui vient se greffer au
bien, droit de reconstituer son droit de propriété
démembré)
La propriété: définition
• Article 947, al. 1 C.c.Q.:
• “La propriété est le droit d'user, de jouir et
de disposer librement et complètement d'un
bien, sous réserve des limites et des
conditions d'exercice fixées par la loi.”
La propriété: définition
• Article 948 C.C.Q.:
• “La propriété d'un bien donne droit à ce
qu'il produit et à ce qui s'y unit, de façon
naturelle ou artificielle, dès l'union. Ce droit
se nomme droit d'accession.”
CECI NOUS AMÈNE AU
CONCEPT DE
DÉMEMBREMENT DU DROIT
DE PROPRIÉTÉ MAIS AVANT
ABORDONS BRIÈVEMENT
LES CARACTÉRISTIQUES DU
DROIT DE PROPRIÉTÉ
Caractéristiques du droit de
propriété
• Nous avons vu que le droit de propriété était
composé de quatre attributs. Ceci en fait un
droit complet ou absolu car il octroie à son
titulaire tous les bénéfices que le bien est
susceptible de donner.
Caractéristiques du droit de
propriété
• Le titulaire du droit de propriété pourra
bénéficier des prérogatives octroyées par le
bien jusqu’à ce que son droit soit aliéné ou
jusqu’à ce que le bien soit détruit. Il lui est
toujours possible d’abandonner son bien.
• Le droit de propriété est donc perpétuel car
il ne peut faire l’objet d’une prescription
extinctive.
Caractéristiques du droit de
propriété
• Le bénéficiaire des prérogatives octroyées
par le bien est le propriétaire et nul d’autre.
C’est pour cela que l’on dit que le droit de
propriété est exclusif.
LE PROPRIÉTAIRE PEUT-IL
DÉCIDER DE SE DÉPARTIR
D’UN OU DE PLUSIEURS DES
ATTRIBUTS DE SON DROIT
AFIN DE LES CÉDER À UNE
OU PLUSIEURS AUTRES
PERSONNES ?
Les démembrements du droit de
propriété
• La réponse à cette question est oui.
• Art. 947 al. 2 C.c.Q.:
• “ [La propriété] est susceptible de modalités et de
démembrements.”
• Le Code civil mentionne et régit quatre types de
démembrements (art. 1119 et ss.): L’usufruit (usus
+ fructus), l’usage (usus), la servitude (usus
réduit) et l’emphytéose (usus + fructus + abusus).
Les démembrements du droit de
propriété
• Les démembrements du droit de propriété ainsi
que le droit de propriété constituent des droits
réels c’est-à-dire des droits directs sur les
biens.
• La notion de droit réel s’oppose à celle de droit
personnel qui constitue un lien de droit entre
des personnes où l’objet du droit est une
prestation que le débiteur s’engage à accomplir
en faveur du créancier.
LA QUESTION QUI TUE:
PEUT-ON CRÉER D’AUTRES
TYPES DE
DÉMEMBREMENTS QUE
CEUX PRÉVUS PAR LE CODE
CIVIL ???
• Deux possibilités:
• THÈSE: Oui. On parlera alors d’un
numerus apertus (nombre ouvert) des droits
réels. Les démembrements crées en dehors
du Code sont des démembrements innomés.
• ANTITHÈSE: Non. On parlera alors d’un
numerus clausus (nombre fermé) des droits
réels.
Thèse
• Oui, on peut créer d’autres démembrements
du droit de propriété que ceux prévus au
Code civil.
Thèse
• Arguments en faveur:
• Le principe de la liberté contractuelle et
l’inexistence d’une disposition écrite
limitant le nombre de droits réels que l’on
peut créer par convention.
• Arrêt Matamajaw Salmon Club.
• L’énoncé de l’article 1119 C.c.Q.
Liberté contractuelle
• Le principe de la liberté contractuelle consacre la
suprématie de l’autonomie et de
l’autodetermination des sujets de droit qui sont
libres de s’engager dans les conventions qu’ils
désirent.
• La reconnaissance de cette liberté que chaque
individu possède provient de la Révolution
française (liberté, égalité, fraternité).
Liberté contractuelle
• Limites à la liberté en matière contractuelle
(art. 1413 C.c.Q.):
• La loi.
• L’ordre public.
• Exemple: le contrat de mère porteuse est nul
de nullité absolue (art. 541 C.c.Q.).
Liberté contractuelle
• Donc, les parties auraient le droit de créer
des droits réels autres que ceux prévus au
Code, en raison du principe de la liberté
contractuelle et de l’inexistence d’une
disposition légale à l’effet contraire.
L’arrêt Matamajaw Salmon Club
• Jugement rendu par le Conseil privé de
Londres en 1921.
• L’affaire opposait un propriétaire riverain et un
club de pêche au sujet de l’existence d’un droit
de pêche en faveur de ce dernier.
• Le tribunal conclut à l’existence du droit de
pêche en tant que droit de propriété autonome
pouvant être séparé du droit de propriété sur le
terrain riverain.
L’arrêt Matamajaw Salmon Club
• Le Conseil privé dit que le droit civil
québécois ne met pas d’obstacle à la
possibilité de pouvoir séparer les
composantes du droit de propriété selon la
volonté des cocontractants...
• L’arrêt a été suivi par les tribunaux
québécois même si le jugement reste
controversé...
L’article 1119 C.c.Q.
• Cette disposition est entrée en vigueur le
premier janvier 1994.
• Sous le Code civil du Bas Canada, il
n’existait pas d’article équivalent.
• Cet article a la particularité d’insérer le
concept de “démembrement” dans le Code
civil.
L’article 1119 C.c.Q.
• “L’usufruit, l’usage, la servitude et
l’emphytéose sont des démembrements du
droit de propriété et constituent des droits
réels.”
L’article 1119 C.c.Q.
• Si l’on interprète littéralement l’article 1119
C.c.Q., on pourrait créer d’autres
démembrements que ceux prévus au Code.
• D’ailleurs, le législateur est présumé ne pas
parler pour ne rien dire...
ALORS, COMMENT PEUT-ON
SOUTENIR QU’IL EXISTE UN
NUMERUS CLAUSUS DES
DROITS RÉELS EN DROIT
CIVIL QUÉBÉCOIS ?
Antithèse
• Arguments en faveur:
• Les principes généraux en matière de droit
de propriété.
• Aspects économiques.
• Aspects sociologiques.
D’où provient notre droit civil
québécois?
• Notre droit civil québécois est fortement
inspiré du droit civil français qui lui-même
est fortement inspiré du droit romain.
• La droit de propriété tel que conçu par le
Code civil du Québec correspond à la
conception civiliste d’origine française de la
propriété.
Conception civiliste du droit de
propriété
• Le droit de propriété est:
• Un droit complet.
• Un droit exclusif.
• Un droit perpétuel.
• En somme, le droit de propriété est qualifié
du droit réel par excellence.
Conception civiliste du droit de
propriété
• À ce sujet la professeure Anne-Françoise
Debruche nous dit:
• “Dans un système hérité du droit romain, le droit
de propriété luit comme un soleil incontesté: il
représente la norme par rapport à laquelle les
autres droits réels sont mesurés.”
• Dans cette conception, les démembrements de la
propriété sont qualifiés comme des droits réels
inférieurs.
D’où provient cette conception
du droit de propriété?
• Elle provient de l’idéologie révolutionnaire
existante en France vers la fin du XVIII
siècle qui cherchait à terminer avec les
injustices sociales et économiques d’un
régime à caractère féodal où la propriété des
biens était un mode de soumission envers le
peuple.
D’où provient cette conception
du droit de propriété?
• Ces idées véhiculées par les intellectuels de
l’époque sont le fruit d’un long processus où l’on
passe d’une conception théocentrique de la vie sur
terre vers une conception anthropocentrique.
• On parlera alors d’absolutisme du droit de
propriété faisant allusion à la maîtrise entière que
détient le propriétaire sur l’objet de son droit sans
qu’il puisse exister des droits féodaux de
redevance sur le bien.
D’où provient cette conception
du droit de propriété?
• L’esprit de démocratisation des révolutionnaires se
reflète par l’adoption d’un Code civil contenant
les principales règles à suivre dans la vie
quotidienne de société.
• Cet esprit se reflète aussi en matière de droit de
propriété à travers des principes généraux qui ont
guidé le législateur dans l’adoption des règles
écrites.
Principes généraux du droit en
matière de propriété
• Ces principes généraux sont:
• Absolutisme du droit de propriété (le droit
de propriété est un droit complet, exclusif et
perpétuel).
• Le principe du vis attractiva.
• Le principe du numerus clausus des droits
réels.
Le numerus clausus des droits
réels
• Raisons d’être à l’origine:
• Contribuer à préserver l’absolutisme du droit de
propriété (On évite que les parties puissent créer
des droits réels quasiment identiques au droit de
propriété sans être un droit de propriété comme
tel. Exemple: le contrat d’antichrèse).
• Éviter que l’on puisse faire revivre l’ancien
régime féodal.
Le numerus clausus des droits
réels
• Concordance avec l’idéologie du libéralisme
économique qui s’oppose aux obstacles à la libre
circulation des biens.
• La protection des tiers contre les externalités
engendrées par les conventions créant des droits
réels
• La transparence des titres, la sécurité juridique et
la démocratisation du droit.
Dans le rapport des codificateurs du Code
Napoléon, les commissaires disent:
“[Nous] allons reprendre la première série des
titres, et vous vous occuperez du livre II,
c’est-à-dire des biens considérés sous leur
différentes modifications. Ce livre renferme
quatre titre:

- De la Distinction des Biens.


- De la Propriété.
- De l’Usufruit et de l’Habitation;
- Des Servitudes ou Services fonciers...
... Voilà, en effet, les seules modifications
dont les propriétés soient susceptibles dans
notre organisation politique et sociale; il ne
peut exister sur les biens aucune autre espèce
de droits: ou l’on a une propriété pleine et
entière, qui renferme également et le droit de
jouir et le droit de disposer; ou l’on a qu’un
simple droit de jouissance, sans pouvoir
disposer du fonds; ou enfin on n’a que des
services fonciers à prétendre sur la propriété
d’un tiers...
...services qui ne peuvent être établis que pour
l’usage et l’utilité d’un héritage; services qui
n’entraînent aucun assujétissement de la
personne; services enfin qui n’ont rien en
commun avec les dépendances féodales
brisées pour toujours”
Le numerus clausus des droits
réels
• Comme le fait remarquer le grand juriste
Shalev Ginossar, cette déclaration
ressemble beaucoup à l’énoncé de l’article
543 C.N. qui viendrait donc codifier le
principe du numerus clausus.

• Ginossar, 1960, p. 147 n° 58


Le numerus clausus des droits
réels
• Art. 543 C.N.:
• “On peut avoir sur les biens, ou un droit de
propriété, ou un simple droit de jouissance,
ou seulement des services fonciers à
prétendre.”
• L’article 405 du Code civil du Bas Canada
est quasiment identique à l’article 543 du
Code Napoléon.
Le numerus clausus des droits
réels
• D’autres pays de droit civil ont eux aussi
incorporé le principe du numerus clausus à
leurs dispositions régissant les droits réels
en raison de l’influence française sur leur
droit interne. Cette incorporation peut être
explicite (par le biais d’une disposition
écrite) ou implicite telle que reconnue par la
doctrine et la jurisprudence majoritaires.
Le numerus clausus des droits
réels
• Quelques exemples:
• La Suisse.
• L’Italie.
• L’Allemagne.
• Le Japon.
• L’argentine.
• ...
Notre droit québécois actuel
incorpore-t-il ces principes
civilistes?
• Oui, de deux manières différentes:
• À travers une disposition écrite contenue dans le
Code (par exemple: art. 947 C.c.Q.).
• Via la disposition préliminaire du Code civil:
• “Le Code civil du Québec régit, en harmonie avec
la Charte des droits et libertés de la personne et les
principes généraux du droit, les personnes, les
rapports entre les personnes, ainsi que les biens.”
Est-il nécéssaire de nos jours
d’avoir un numerus clausus des
droits réels?
Le numerus clausus des droits
réels est-il un principe du droit
anachronique?
Le numerus clausus des droits
réels aujourd’hui
• Oui, le numerus clausus est un principe
général du droit qui est encore pertinent de
nos jours.
• Deux motifs:
• Raisons économiques.
• Raisons sociologiques.
Motifs économiques au soutien
du numerus clausus
• Les anti-commons et les comportements
opportunistes.
• Les obstacles à la libre circulation des biens
sur le marché concurrentiel.
• Numerus clausus et sécurité juridique.
• Protection des tiers contre les externalités.
• Numerus clausus et transparence des titres.
Démembrements du droit de
propriété et comportements
opportunistes
• Lorsque plusieurs personnes détiennent des
droits sur un même bien, un phénomène
connu sous le nom d’anti-common
s’engendrera.
Démembrements du droit de
propriété et comportements
opportunistes
• Dans de tels cas, l’effet incitatif sera
détourné vers les titulaires de l’usus et du
fructus qui exerceront leur droit au
détriment de la substance-même du bien.
• La valeur du bien diminuera et ce sera le
titulaire de l’abusus qui subira le préjudice.
Démembrements du droit de
propriété et comportements
opportunistes
• Ce contexte donnera naissance à des
comportements du bastion (hold out) qui
sont des conduites stratégiques visant à tirer
le plus grand profit du bien, en faisant le
plus petit investissement possible, au
détriment des autres concurrents ayant un
droit sur le même bien.
Démembrements du droit de
propriété et comportements
opportunistes
• Ces comportements incluent une
surexploitation du bien, la suspension de
l’assentiment lorsque le consentement des
titulaires des droits est requis dans la prise
d’une décision commune, la formation de
coalitions stratégiques et le blocages
d’initiatives qui conviennent au groupe mais
pas à certains individus.
Tout ceci engendre un
dysfonctionnement durable que le
droit doit éviter
!!!

Mackaay et Rousseau, 2008, p. 233, n° 859.


« Sur le plan normatif, l’analyse économique aboutit
à la conclusion que devraient être regroupées en un
seul droit toutes les prérogatives que le titulaire
aurait achetées à d’autres personnes s’il ne les
avaient pas eu au départ. Pour la propriété, il s’agit
de la plénitude des prérogatives liées à l’utilisation,
mais à l’exclusion des droits de survol ou des droits
d’exploitation minière, pour lesquels le risque d’anti-
commons serait particulièrement accusé.»

Mackaay et Rousseau, 2008, p. 262 n° 971.


Les obstacles à la libre circulation des
biens sur le marché concurrentiel
• La libre circulation des biens permet, qu’en
fin de compte, ceux-ci puissent arriver entre
les mains de ceux qui en feront l’usage le
plus valorisé.
• Elle favorise donc l’efficacité dans la
gestion de la rareté.
Les obstacles à la libre circulation des
biens sur le marché concurrentiel
• Lorsqu’une charge est constituée sur un
objet, on défavorise sa libre circulation sur
le marché, puisqu’un acquéreur éventuel
aura moins d’intérêt pour le bien en raison
du fait qu’il devra partager les prérogatives
qu’il détiendra sur celui-ci avec des
concurrents qui pourront se comporter de
manière opportuniste à son égard.
Les obstacles à la libre circulation
des biens sur le marché concurrentiel

• Puisque la libre circulation du bien est


défavorisée, celui-ci aura moins de chances
de se retrouver entre les mains de celui qui
peut en faire l’usage le plus valorisé.
• Par conséquent, on favorise l’inefficacité.
Numerus clausus et sécurité
juridique
• L’existence de règles régissant les démembrements du
droit de propriété permet que les parties puissent avoir
en tout temps une bonne idée de leurs droits et
obligations vis-à-vis les autres.
• Cette situation est importante car elle permet de
réduire le risque de litiges débouchant dans un procès
et éviter le gaspillage et la mauvaise allocation de
resssources générés par la lourdeur et lenteur du
processus judiciaire.
Numerus clausus et sécurité
juridique
• Si l’on permet de déroger au numerus clausus, on
donne le droit aux parties de convenir de droits
réels selon leur volonté, ce qui implique
nécessairement qu’en cas de différend, le juge
devra trancher en se guidant sur l’intention des
cocontractants telle qu’exprimée par la
convention.
Numerus clausus et sécurité
juridique
• Ceci génère une incertitude juridique qui
encourage chacune des parties à défendre leur
positions respectives et risquer un procès. On se
retrouve donc avec des titres précaires et un
gaspillage et mauvaise allocation des ressources.
Numerus clausus et sécurité
juridique
• Par contre, lorsque les droits de chacun sont déjà
connus d’avance, le dialogue et la négociation
entre les parties sont favorisés, ce qui, selon le
théorème de Coase, permet de trouver des
solutions efficaces.

• Mattei, 2000, p. 54 et 65-66.


Protection des tiers contre les
externalités
• Démembrements du droit de propriété:
droits réels.
• Par conséquent, ils sont opposables aux
tiers. Ils constituent donc des externalités.
• Le numerus clausus des droits réels vise à
limiter les possibilités des charges pouvant
grever un bien.
Protection des tiers contre les
externalités
• Il contribue à protéger les créanciers contre
les dépouillements imprévus d’attributs du
droit de propriété d’un bien sur lequel ils
détiennent un droit réel ou qui fait partie du
gage commun de leur débiteur.

• Naccarato, 2007, p. 520


Numerus clausus et transparence
des titres
• Puisque les possibilités quant aux charges
pouvant être constituées sur un bien sont
limitées et leur nature est connue, on
favorise la transparence des titres relatifs à
la propriété.

• Mackaay et Rousseau, 2008, p. 232-233, n° 858 et 859.


Motifs sociologiques au soutien
du numerus clausus
• Prévenir les litiges.
• Rendre accessible le droit à l’ensemble de la
population.
Retour sur les arguments en
faveur de notre thèse
• Arguments en faveur:
• Le principe de la liberté contractuelle et
l’inexistence d’une disposition écrite
limitant le nombre de droits réels que l’on
peut créer par convention.
• Arrêt Matamajaw Salmon Club.
• L’énoncé de l’article 1119 C.c.Q.
Liberté contractuelle
• Cette liberté n’est pas absolue.
• Limitée par la loi ou l’ordre public.
• Qu’est-ce que l’ordre public en matière
économique ?
Ordre public en matière
économique
• Certains juristes affirment que lorsqu’un
convention transfère des coûts à de tierces
personnes ou à la collectivité, on peut dire que
l’ordre public est impliqué.

• Mackaay et Rousseau, 2008, p. 425, n° 1550.


• Mattei, 2000, p. 55.
Ordre public en matière
économique
• Ceci est logique, car le principe de la liberté
contractuelle implique nécessairement le
consentement de chacune des parties à un contrat pour
que celui-ci puisse créer des effets, or lorsque des
externalités sont générées à partir d’une convention,
les parties subissant les coûts d’une telle situation
n’ont pas pu prendre part au contrat et, par
conséquent, n’ont pas pu donner leur assentiment. Il
serait donc injuste de leur imposer les effets d’une
telle convention dont ils ignoraient l’existence-même.
Ordre public en matière
économique
• En ce sens, une énumération limitative des
droits réels est une question d’ordre public
en raison de l’importance des externalités
générées par les conventions y dérogeant.
L’arrêt Matamajaw Salmon Club
• La reconnaissance du droit de pêche en tant
que droit de propriété autonome.
• La distinction faite par le tribunal entre les
conceptions civiliste et anglo-saxonne du
droit de propriété.
• La valorisation du principe de l’absolutisme
du droit de propriété.
L’arrêt Matamajaw Salmon Club
• Le tribunal anglais a-t-il appliqué
rigoureusement ces principes ???
L’arrêt Matamajaw Salmon Club
• Rappelons-nous que le droit privé québécois
appartient au système civiliste où, contrairement à la
common law, les décision des tribunaux supérieurs ne
lient pas ceux d’hiérarchie inférieure puisqu’il n’existe
pas de règle du stare decisis. En droit civil, une
décision judiciaire ne correspond qu’à une
interprétation du droit écrit, interprétation pouvant être
aussi bien faite par un tribunal situé au bas de la
hiérarchie judiciaire comme par celui qui est situé au
sommet de celle-ci.
L’énoncé de l’article 1119 C.c.Q.
• Peut-on dire qu’en employant l’article “des”
plutôt que “les” le législateur a voulu porter
atteinte au principe du numerus clausus des
droits réels ?
L’énoncé de l’article 1119 C.c.Q.
• Non. Pour plusieurs raisons.
• L’existence de la disposition préliminaire du Code
civil.
• L’introduction du concept de “démembrements”
dans le Code civil de 1994.
• La clarification quant à la nature de l’emphytéose
antérieurement connue sous le nom de bail
emphytéotique et pouvant être confondue comme
un droit personnel.
L’énoncé de l’article 1119 C.c.Q.
• La position de l’article dans la structure du titre
quatrième du livre IV.
• Les propositions parlementaires d’articles
dérogeant clairement au principe du numerus
clausus.
• Les débats parlementaires où il est clairement dit
que l’on opte pour un numerus clausus.
L’énoncé de l’article 1119 C.c.Q.
• L’importance du principe tant d’un point de vue
historique comme économique et sociologique
ainsi que l’absence d’un moyen palliatif.
• Tous ces arguments ne sont pas incompatibles
avec une interprétation littérale de l’article.
Conclusion
• Le numerus clausus est un principe général
du droit civil.
• Il est à la base du droit civil des biens.
• Encore aujourd’hui, il demeure nécessaire
et ce pour des raisons sociologiques et
économiques.
Conclusion
• Il serait étonnant qu’en adoptant l’article 1119
C.c.Q. le législateur québécois ait voulu, par le
biais d’une disposition aussi vague, lui porter
atteinte compte tenu de son importance historique
et socio-économique.
• Il sera toujours loisible au législateur de déroger à
ce principe par le biais d’une disposition claire à
cet égard comme celles proposées avant l’adoption
de notre Code civil actuel mais écartées au cours
du processus parlementaire.
Questions, suggestions,
commentaires ?
Merci de votre attention
Bibliographie sélective
• Bisson, A.-F., « La disposition préliminaire du Code civil du Québec », (1999)
44 R.D. McGill 539.
• Cantin Cumyn, M., « De l’existence et du régime juridique des droits réels de
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(1986) 47 R. du B. 3
• Cardinal, J.-G., « Un cas singulier de servitude réelle », (1954-1955) 57 R. du
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• Charron, C., « Ce droit réel méconnu: la servitude personnelle », (1982) 42 R.
du B. 446
• Cosette, A., « Essai sur le droit pêche dans les cours d’eau non navigables »,
(1997-98) 100 R. du N. 3
• Debruche, A.-F., « Les biens » dans Louise Bélanger-Hardy et Aline Grenon
(dir.), Éléments de common law canadienne: comparaison avec le droit civil
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Bibliographie sélective
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article 2, en ligne: http://www.bepress.com/gj/frontiers/vol3/iss1/art2/ (site
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• Frenette, F., « Du droit de propriété: certaines de ses dimensions méconnues »,
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Bibliographie sélective
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