L'anesthésie ne se fait plus au masque à l'éther.
Elle devient générale par injection intraveineuse de penthotal, un barbiturique, avec intubation trachéale pour ventiler directement l'arbre respiratoire. Pour certaines interventions viscérales, on emploie l'anesthésie péridurale ; c'est aussi de plus en plus sous ce type d'analgésie (suppression de la douleur) que les femmes accouchent. Pour la surveillance des opérés dans une salle dite de réveil, une nouvelle discipline apparaît dans ces quarante dernières années la « réanimation ». En 1952, à la suite d'une grande épidémie de poliomyélite au Danemark, Lassen a mis au point une technique de respiration artificielle utilisant un appareil qui envoie de l'air dans la trachée après trachéotomie. Ce procédé a permis d'abaisser fortement la mortalité de ces patients victimes d'une paralysie des muscles de la respiration . BIOLOGIE L'identification des germes responsables de maladies connues s'est poursuivie au début du siècle sur la lancée de la fin du XIXe. C'est ainsi qu'ont été reconnus en 1906 par Schaudinn le Tréponème pâle, agent de la syphilis tant redoutée à cette époque et le bacille de la coqueluche par Bordet et Gengou. Pendant trente années on n'a pu étudier les virus que de manière indirecte, en observant leurs effets sur des animaux de laboratoire contaminés. Le virus de la poliomyélite a été ainsi isolé en 1909 (Landsteiner et Popper). Dans cette même période ces pionniers ont mis au point des vaccins contre la tuberculose (Calmette et Guérin, 1921), contre le tétanos et la diphtérie (Ramon, 1922), contre la coqueluche (1931), contre la fièvre jaune (1932). Ces recherches dans les domaines du diagnostic et de la thérapeutique n'ont cessé d'être très actives. Le microscope électronique a permis de voir les virus. L'analyse chimique a permis la détection de certaines maladies . En 1902, Widal, Sicard et Ravaut ont réalisé pour la première fois un examen cytochimique du liquide céphalo-rachidien. En 1924, Westergren quantifie dans le sang le degré d'inflammation des maladies par la mesure de la «vitesse de sédimentation». Tiselius met au point l'électrophorèse en 1937 et Ouchter lony pratique la première immunoélectrophorèse en 1948. CARDIOLOGIE :
L'exploration du cœur et des vaisseaux a bénéficié au début
du siècle d'un nouvel outil, la prise de la tension artérielle au pli du coude (Korotkov, 1905). Entre 1907 et 1911, l'électrocardiogramme est mis au point par Einthoven, Lewis puis Wilson. L'étude des bruits du cœur (phonocardiogramme) enregistrés sur papier date de 1929 avec Duchosal. L'introduction d'une sonde souple dans un vaisseau remontant jusqu'au cœur a été réalisée par Forssmann sur lui-même en 1929. Ce «cathétérisme» cardiaque fut effectué sur le cœur droit en suivant le sens du courant sanguin dans les veines. La chirurgie cardio-vasculaire est une des grandes nouveautés des cinquante dernières années . Un rétrécissement de l'aorte (coarctation) est opéré pour la première fois en 1944 par Crafoord. Taussig et Blalock, en cette même année, la même équipe opèrent une malformation complexe du cœur (tétralogie de Fallot). En 1953 naît avec Gibbon la chirurgie à cœur ouvert, la circulation sanguine étant dérivée par un circuit extra- corporel. Le choc électrique utilisé pour stimuler le cœur date de 1955. Un stimulateur cardiaque est posé pour la première fois par Furman en 1958. De nombreuses malformations du cœur étaient acquises, constituant les séquelles d'une angine ou d'un rhumatisme articulaire aigu contractés dans l'enfance. Des prothèses valvulaires ont été posées à titre de remplacement, d'abord métalliques par Starr en 1960, puis en 1965 sont apparues les premières bioprothèses dont certaines sont d'origine porcine (Binet et Carpentier) . En 1967, Barnard effectue la première transplantation cardiaque . Cette greffe est réalisée sur une grande série de malades en France par Cabrol et Gandjbakhch avec des résultats particulièrement améliorés par l'arrivée depuis 1980 d'un nouvel immunosuppresseur, la ciclosporine. Les difficultés majeures pour disposer d'un nombre de cœurs suffisants face à la demande de transplantations ont favorisé les recherches pour mettre au point un cœur artificiel. Ces travaux en sont encore au stade expérimental. INFECTIOLOGIE :
La pandémie de grippe qui a sévi en 1918-1919 a fait
environ trente millions de morts, plus que la guerre 14-18. En 1929, Fleming (1881-1955) constate, à partir de cultures microbiennes, qu'une moisissure appelée penicillium notatum empêche la prolifération de certaines colonies. Il faudra attendre 1940 et les travaux de Chain et Florey pour que la production de cet «antibiotique», la «pénicilline», devienne suffisante et que des hommes atteints d'infections bactériennes puissent être soignés. La streptomycine découverte par Waksman en 1944 s'avéra active contre le bacille de Koch et vers 1946 quelques malades atteints de tuberculose échappèrent pour la première fois à la mort. Avec l'emploi de l'isoniazide à partir de 1950, des guérisons durables sont obtenues ; la tuberculose semble enfin vaincue ; les sanatoriums se vident. La variole a pratiquement disparu de notre planète au point que, dans bien des pays, la vaccination n'est plus pratiquée. En revanche, la peste continue à se déclarer dans des zones urbaines infestées de rats. Par manque d'hygiène de l'eau, le choléra, les infections d'origine alimentaire restent très répandues. La poliomyélite et la lèpre marquent un recul considérable mais la rougeole tue encore un million d'enfants par an. Des maladies nouvelles ont fait une entrée spectaculaire dans le monde des catastrophes infectieuses : le SIDA a déjà fait quatre millions de victimes et vingt-quatre millions de personnes ont été/sont contaminées. Dans ces dernières années, l'envol spectaculaire de la fréquence des hépatites , avec leur risque de cancer du foie ou de cirrhose, est une préoccupation économique nouvelle; il nécessiterait un dépistage à une très large échelle. Parmi les mesures préventives se développe la vaccination contre l'hépatite B, la plus dangereuse. Les maladies virales dont la plus commune est la grippe, restent une préoccupation de santé publique. Des médicaments antiviraux efficaces ont vu le jour dans les années 1990 mais la vaccination contre la grippe, indispensable pour protéger les personnes à risque, n'est efficace qu'à condition d'être régulièrement adaptée aux changements des caractéristiques du virus.