1. DÉFINITION L'hémoglobine, retrouvée chez tous les vertébrés à l’exception des poissons , est un pigment respiratoire fixant réversiblement l'oxygène. C'est le constituant essentiel du globule rouge. Elle assure sa fonction principale qui est le transport de l'oxygène des poumons vers les tissus. La baisse du taux d’hémoglobine détermine un syndrome anémique. II. STRUCTURE DE L’HÉMOGLOBINE Les différentes hémoglobines humaines sont des protéines tétramériques, constituées de quatre sous- unités identiques deux à deux. Chaque sous-unité comporte une partie protéique, la globine, alpha ou non- alpha, ainsi qu’un groupement prosthétique, l’hème, constitué de la protoporphyrine et d’un atome de fer divalent qui fixe l’oxygène. A- L'hème : L’hème est une ferro-protoporphyrine IX composé d'une protoporphyrine IX ayant à son centre un atome de fer à l’état ferreux -Le fer en position centrale de l'hème présente 6 liaisons de coordinance dont 4 s’établissent avec les azotes des noyaux pyrroles de la protoporphyrine et les deux autres de part et d'autre du plan de l'hème: - l'une avec l’histidine proximale F8 de la chaîne de globine. - l'autre se fixe sur l’histidine distale E7 par l’intermédiaire d’une molécule d’O2 dans l’oxyhémoglobine. Dans la structure désoxygénée, cette sixième liaison disparaît: le Fe reste sous sa forme réduite mais n’échange plus que 5 liaisons de coordinance. La globine: Elle Correspond à l’enchainement linéaire des AA qui définit des chaines de type α, longues de 141 résidus d’acides aminés et des chaines de type β qui possèdent 146. La comparaison entre les chaines α et β révèle à la fois la conservation des motifs structuraux essentiels exigés par la fonction oxyphorétique et l’existence de très nombreuses différences. La globine résulte de l’enroulement hélicoïdal des chaînes Polypeptidiques, pour définir huit segments hélicoïdaux désignés de A à H, SCHEMA DE LA STRUCTURE D’HB III. EVOLUTION ONTOGÉNIQUE DES HÉMOGLOBINES HUMAINES Plusieurs hémoglobines se succèdent au cours de la vie et à tout moment, il en existe plusieurs simultanément. Ces hémoglobines se distinguent par la nature des sous- unités qui les constituent. A. HB EMBRYONNAIRES ET FŒTALES -Durant la vie embryonnaire, -Deux chaînes de la famille alpha coexistent : La chaîne zêta (ζ), qui apparaît la première, puis la chaîne alpha (α). - Deux chaînes de type béta : la chaîne epsilon (ε), et la chaîne gamma (γ. Ces diverses sous unités permettent de réaliser les trois hémoglobines de l’embryon : l’Hb Gower 1 (ζ2ε2) l’Hb Gower 2 (α2ε2) l’Hb Portland (ζ2γ2) Durant la vie fœtale, L’hémoglobine fœtale (Hb F) de structure (α2 γ2) est majoritaire. Sa synthèse débute dès la 5ème semaine de vie intra-utérine. B. Hb adultes : Six mois après la naissance, le profil hémoglobinique de l'adulte est atteint : -L'Hb A (α2β2): représentant plus de 95 % de la totalité des hémoglobines. - L'Hb A2 (α2δ2) : exprimée à un taux d'environ 2,5 %. L'Hb F (α2 γ2) : à l'état de traces exprimées à un taux inférieur à 1 %. IV. GÉNÉTIQUES Tous les gènes de la globine humaine ont une structure commune avec 3 exons et 2 introns. Ils sont répartis en deux groupes Les gènes de type α : Localisés sur le bras court du chromosome 16. Dans ce groupe on retrouve de 5’ à 3’ : -le gène zêta ζ qui code pour la chaîne embryonnaire, précède les deux gènes des chaînes α (α1 et α2) Les gènes de type non α : Localisés sur le bras court du chromosome 11. Dans ce groupe on retrouve de 5’ à 3’ : -Le gène epsilon ε codant pour la chaîne embryonnaire,les deux gènes des chaînes fœtales Aγ et Gγ puis les deux gènes des chaînes adultes β et δ. REPRESENTATION DES GENES CODANTS LES CHAINES DE LA GLOBINE V. BIOSYNTHESE DE L’HEMOGLOBINE A. Biosynthèse de l’hème : Certaines étapes de la synthèse de l’hème sont localisées dans la mitochondrie, les autres dans le cytosol. Synthétisé à partir de l'acide δ aminolevulenique (δALA) sous action de l'ALA synthétase ALA synthétase Acide succinique + Glycine ͢ ͢ δALA Hème C Cette synthèse s’effectue indépendamment de celle de la globine, l’hème ne vient que secondairement s’accrocher aux chaines polypeptidiques néo synthétisées pour réaliser le monomère d’hémoglobine. B. Biosynthèse de la globine : La biosynthèse de la globine se fait selon les mécanismes généraux de la synthèse protéique (transcription, traduction). Ainsi, selon les séquences d’AA, leur nombre et leur nature on distingue 4 types de chaînes : α = 141 AA β , γ, δ = 146 AA D. Régulation : - Chez l’adulte : *il existe une synchronisation précise aboutissant à une synthèse équivalente des chaines de la famille α et de la famille β ; tout déséquilibre se traduira par un syndrome thalassémique. * la synthèse des chaînes δ est fixée à 2% de celle de β. - - il existe une certaine coordination dans la synthèse des chaines non α, et en cas de diminution de l’un d’eux, on observe généralement une augmentation de l’activité de l’un ou des deux autres. -Il existe une synchronisation entre la synthèse de l’hème et celle de la globine, ceci se fait par l’intermédiaire de l’hème qui stimule la synthèse des chaines de globine. -La régulation de la synthèse d’ Hb est assurée par l’hème libre qui exerce une rétro-inhibition de sa synthèse lorsqu’il se trouve en excès par rapport aux chaînes de globine VI. FONCTIONS DE L’HÉMOGLOBINE - Transport de l’oxygène des poumons vers les tissus. - Elimination du CO2 des tissus vers les poumons. - Maintient du PH intra érythrocytaire. L’efficacité du transport de l’O2 peut être mesurée par la courbe de dissociation de l’O2. -Courbe de dissociation de l’O2 : C’est en 1904 que Bohr traça cette courbe qui représente la variation du pourcentage d’ oxyHb en fonction de la pression partielle en O2. -La courbe de dissociation de l’ Hb nous renseigne sur 2 paramètres : -L’affinité de l’ Hb pour l’O2 -Le phénomène de coopération la courbe de dissociation de l’O2 Affinité de l’ Hb pour l’O2 : Elle s’exprime au niveau de la courbe par la P50. -P50 : pression partielle en O2 pour laquelle 50% de l’ Hb est oxygénée. -Dans le sang, à 37°C, elle est de 26mmHg. -Sa valeur varie en sens inverse de l’affinité : une Hb à forte affinité pour l’O2 a une P50 faible, et inversement, l’Hb à faible affinité pour l’O2 a une P50 élevée. - Cette affinité varie avec le PH, les anions, le CO2 et la température. VIII. MÉTHODES D’ÉTUDE DE L’HÉMOGLOBINE
1. Dosage de l’hémoglobine totale circulante Les GR sont
hémolysés, l’ Hb est transformé en cyan méthémoglobine qui sera dosée à 540nm. Le résultat est exprimé en g/l. Les valeurs normales sont : Homme : 13 à 18 g/dl Enfant : 11 à 16 g/dl Nouveau-né : 14 à 20 g/dl Femme : 11,5 à 16 g/d 2. Étude qualitative des fractions de l’ Hb : Electrophorèse d’ Hb à PH alcalin : ELP d’Hb sur ph alcalin utilise l’acétate de cellulose comme support et un tampon alcalin Tris EDTA borate (PH =8.4) dans lequel les molécules hémoglobiniques se chargent négativement et migrent sous l’effet d’un champ électrique du pole négatif vers le pole positif. Les différentes fractions hémoglobiniques se séparent selon leur charge. 3. Dosage des différentes fractions d’hémoglobine : - Chromatographie liquide à haute pression échangeuse d’ions : HPLC. - Electrophorèse capillaire en veine liquide : CAPILLARYS. - Microchromatographie. Valeurs normales chez l'adulte: Hb A = >95% Hb A2 = 2,5 - 3,5% Hb F = < 1% IX. CONCLUSION La connaissance de la physiologie et de la génétique de l’hémoglobine est indispensable à la compréhension d’une grande partie des maladies génétiques du globule rouge. Cependant, malgré un niveau de connaissance important sur cette molécule et sur ces gènes, aucun traitement susceptible de remédier aux maladies génétiques de l’hémoglobine ou de remplacer l’hémoglobine naturelle n’a été découverte.