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Nota liminară
Am semnat cu „pseudonimul” Nad Recluc, pe cînd eram copil, o povestre închipuită de
mine și transcrisă, ilustrată de Tatăl meu. Folosind același nume de autor pentru acest text,
pseudonim mai mult decât trasparent, mă copilăream dar acceptam un risc. Era ca o joacă,
un joc periculos însă, așa cum îl percepeam atunci, findcă scriam despre socialismul real ca
despre o puscărie labirintcă, un panoptcon în care suntem permanent supravhegheați,
cum propusese englezul Bentham în modelul său de pușcărie. Statul socialist părea să
evolueze spre acest model de pușcărie perfectă. În orice caz, asta simțeam eu în 1984 și
aceasta era intenția mea, de a releva, unor amatori occidentali de distopii textuale, natura
reală a unei distopii instalate, realizate.
Doar în 2006 am înțeles, după ce intuisem, citndu-mi dosarul de urmărire informatvă,
natura carcerală a sistemului dincolo de spațiul carceral real. Societatea devenise un
sistem de supraveghere care atnsese, sau tndea să atngă, transparența totală a
Supravegheatlor pentru Supraveghetori, actviști de partd și securiști.
Eseul despre Labirint, utopie si spatul carceral a fost scris in vara lui 1984 la Cerisy-la-Salle
în Bretagne, Franța, în cele trei seri de care dispuneam, și din memorie, pentru a nu rata
desfășurarea colocviului la care obținusem dreptul să partcip, ca simplu ascultător.
Securitatea, am afat ofcial acum, ceea ce simțeam atunci, mă supraveghea cu atenție. Nu
are importanța acum de ce. Cererea mea de pașaport a fost tratată cu suspiciune și până in
ultma clipă, cu vreo zece zile înainte de începerea colocviului, aveam răspunsul pozitv,
care era însă inutl devreme ce nu obținusem biletele de tren ce îmi fuseseră expediate din
Franța.
Pentru cei ce au uitat, pe atunci in România deținerea de valută era controlată și singura
sursă ofcială era Banca de Stat, care elibera o suma de 50 de dolari contra unui
„echivalent” în lei, dacă și numai dacă Securitatea aprobase pașaportul de călătorie în
Occident. În cazul meu, colonelul Grama a fost mai subtl ; mi-a acordat aparent avizul de
plecare ștind însă că plicul conțind biletul de tren trimis din Franța fusese confscat și se
afa în dosarul de urmărire informatvă pe care îl gestona el.
Atunci, în disperare de cauză, am avut o idee trăznită, care l-a suprins nepregătt pe
colonel : am declarat că, devreme ce biletul nu mi-a sosit, voi pleca cu auto-stopul, cu unul
din camioanele de cursă lunga de tp TIR care treceau prin sau plecau din România,
exportând tot ce se putea exporta.
Nu primisem nici măcar pomana celor 50 de dolari găuriți, sub pretextul că dispun de o
bursă.
Colonelul, după consultări cu superiorii, ștind că un refuz mă va duce, așa cum declarasem
cu voce tare, spre proteste publice, pe care Securitatea voia în mai toate cazurile să le
evite, în cadrul politcii sale preventve, de dezamorsare, mi-a cerut să nu iau un TIR din
țară ci să ies dincolo de graniță iar de acolo mă privește ce fac.
Zis și făcut. Am luat câteva blide mai vechi într-o sacoșă, contând pe vânzarea lor la
Budapeste în consignații, așa cum afasem că se face, și am plecat, ajungând o săptămână
mai trziu la Paris. Cu auto-stopul.
Eseu : Dan Culcer. Labirint, utopie si spațiul carceral (1984) 2
Dan Culcer
15 septembrie 2006
Tout comme le détectve fnit par se trouver homogène au malfaiteur, le discours sur
l'utopie fnit par adopter le langage de l'utopie. Les discours critques et paracritques, qui
ronronnent autour du roman 1984 d'Orwell, font parte du discours millénariste de plus en
plus cohérent et dense où l'on essais d'encastrer les faits et les interprétatons des signes
apocalyptques de la fn de ce millénaire.
Mes hypothèses de travail sont issues de la lecture des utopies négatves classiques ; on va
parcourir un trajet gnoséologique et ontologique à partr du labyrinthe vers les dystopies
de notre temps, à travers les symboles de l'encerclement, de l'isolaton, du désordre, de la
connaissance de soi, de la diférenciaton.
Imaginons les plans du labyrinthe, de la Civitas Solis, du Panoptkon et de la Cité
transparente de E. Zamiatne ou d'Orwell et procédons par superpositons, dans leurs
relatves transparences, nous avons le moyen optque pour construire une analogie
signifcatve. Elle nous ofrira des arguments propres à souligner des surprenantes
similitudes, une étonnante cohésion.
Je constate les efets de cete coupe transversale, analogique, de rasoir, la mise en
évidence de la cohésion, sans posséder la méthode pour aller vers les sources, les causes
des similitudes.
"Instruments parfaits, mais buts vagues, voilà les traits de notre temps." L'autre de Michel
Foucault : " Un assujetssement réel naît mécaniquement d'une relaton fctve."
La toile d'araignée.
Pour aller plus loin, il faut se rappeler, en passant, quelques détails de mythologie, afn de
pouvoir suivre les senters étroits des hypothèses proposées.
Comme point de départ, j'indique les observatons de Norbert Miller : "Le labyrinthe
signife ordre." (Daidalos, revue, éditorial, nr. 3, mars, 1982, Berlin).
Eseu : Dan Culcer. Labirint, utopie si spațiul carceral (1984) 4
Le Fil d'Ariane est à lui-même un labyrinthe à l'échelle - il est une spirale, un sphéroïde
produit par enroulement et théoriquement tout labyrinthe est réductble à une spirale. Il
est à remarquer que le fl est en réalité une pelote, modèle réduit du labyrinthe,
paradigmes, l'un et l'autre, du chaos ordonné ; Car, une fois entré dedans, on peut en
connaître la règle du trajet. C'est dire qu'on peut y pénétrer tant de fois qu'on le désire.
Mais il existe un labyrinthe qui se modife : c'est l'Homme.
Le seul qui connaisse le secret du labyrinthe est celui qui l'a construit - Dédale. Situé à
l'intérieur, sans pelote, Dédale lui-même ne peut en sortr ; Il devient prisonnier d'un
édifce dont il est l'auteur.
Les plans de la cité idéale se laissent superposer sur ceux du Labyrinthe. "Dans les édifces
religieux, on appelle labyrinthe ou chemin de Jérusalem, une combinaison de dallage
rappelant la grecque et destnée à fgurer un enchevêtrement de chemins et de routes
conduisant à la Jérusalem céleste." (Larousse).
Le Monstre, situé au centre, tout comme la Cité idéale/Céleste, est entourée par le
Eseu : Dan Culcer. Labirint, utopie si spațiul carceral (1984) 5
Je trouve que notre pensée européenne reste encore le refet, la sublimaton, d'un
(implacable ?) anthropocentrisme. Homo europeus croit toujours être le centre de
l'Univers. Son apparente symétrie physique et psychique l'empêche de voir l'asymétrie
fondamentale de l'Univers, toujours menacée par l'entropie, qui est non seulement une
forme d'égalisaton du potentel énergétque, mais aussi une des manifestatons
dynamiques du principe ordonnateur, de la symétrie. Notre pensée a pris l'habitude de
penser elle-même et de penser le monde en termes tels gauche/droite, haut/bas, face/dos
et c'est parce que l'observateur est un de nos semblables. (v. La logique de la recherche
scientfque).
Illustratons
1. Le Labyrinthe
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4. Plan : prison
(1843)Projet de prison cellulaire
A. Blouet, projet de prison cellulaire pour 585 condamnés, 1843
Eseu : Dan Culcer. Labirint, utopie si spațiul carceral (1984) 9
Eseu : Dan Culcer. Labirint, utopie si spațiul carceral (1984) 10
6. Le Panoptcon
Bentham, Jeremy, The Panoptcon Writngs. Ed. Miran Bozovic (London: Verso, 1995)
PANOPTICON
Nombril, roue, spirale, cercle, mandala, l’enceinte, le rhombe, instrument musical qui nous
évoque la double hache. Remarquons que l’ombilic est le centre spirituel du monde, dans
la même vision anthropocentrique qui a fait édifer autour de nous un monde à l’image de
l’homme - à notre image de démiurges manqués.
L’ombilic est le centre d’une roue immobile, point de retour aux origines, trace de l’essieu
du monde (axis mundi). Dans la langue celtque nobelcus est un théonyme, synonyme du
chef ou du seigneur. Omphalos est une pierre blanche, dressée vertcalement, à la pointe
ovoïdale, sur laquelle sont tracés des réseaux de nœuds (serpents), symboles des voies de
Eseu : Dan Culcer. Labirint, utopie si spațiul carceral (1984) 11
communicaton entre les trois niveaux de l’existence : l’homme, le souterrain des morts et
la divinité. Nous insistons sur la présence du réseau de nœuds qui envoie aux images
labyrinthiques. Omphalos est le symbole des forces vitales qui dominent les forces
aveugles et monstrueuses du chaos, leur acton étant de régulariser et d’ordonner la vie,
ce à quoi on aboutt par la maîtrise intérieure du soi et non pas par des moyens auxiliaires
extérieurs. On croit que la roue pleine, sans rayons d’abords, à quatre, six ou sept rayons
ensuite, a le centre vide ou bien"habité" par "celui gui fait tourner la roue" - Le Dieu
(Bouddha), l’homme universel ou le souverain. La roue pleine est un signe lunaire,
impliquant aussi une actvité pulsatoire, d’émanaton et concentraton centripète.
La spirale est plus dynamique, vue son évoluton (développement dans les évolvents)
asymétrique, logaritmique, l’équilibre dans le déséquilibre signale l’ordre (la faculté
ordonnatrice) et la permanence de l’être à l’intérieur du changement (transformaton). La
spirale hélicoïdale signife le mouvement simultané ou alternatf, d’évoluton et
d’involuton. Dessinée sur le ventre de la femme (ou bien le représentant) autour de
l’ombilic, la spirale est un symbole de la fécondité. On approche déjà le labyrinthe, qui est
une spirale dextrogyre ou (levo) sinistrogyre.
Les analyses de Polo Santarcangelli suggèrent qu’il s’agit d’une représentaton du chemin
du Soleil sur le frmament, de gauche à droite (c’est toujours la percepton
anthropocentrique) d’où les signifcatons magiques des deux côtés du corps humain, la
gauche étant généralement assimilée au maléfque.
Selon C.G. Jung, le cercle est une image de la totalité archétypale de la psyché, un symbole
du Soi. Inscrire un carré dans le cercle de la divinité (la perfecton) c’est efectuer (par le
mandala) le lien (la connexion) entre la réalité de la matère terrestre, le corps – et la
divinité.
Le rhombe, instrument sacré, est une plaque ellipsoïdale que l’on atache à un fl. En le
faisant tourner on obtent un bruit résonnant, vibrant, assimilé à la voix du dieu ; au
tonnerre ou au mugissement du taureau, à la voix de l’aïeul. Objet dynamique, c’est une
expression de la spirale animée. La double hache nous parait être, elle aussi, une sorte de
rhombe. L’on a trouvé des haches doubles aux lames en pierre plissée si minces que leur
emploi en tant qu’armes est exclu.
Ce qui nous fait penser, un peu audacieusement - il y va d’objets sacrés - la forme étant
purement décoratve - capable de reproduire le mugissement du taureau sacré. Le
mugissement de celui-ci, assimilé au tonnerre était peut-être le – de la pénétraton dans la
hybris, dérèglement de l’ordre cosmique, manifestaton de la furie des éléments. Le
taureau védique était pris pour le support, l’appui du monde manifeste, pour celui qui,
placé dans son centre immobile, fait tourner la roue cosmique. Le chevauchement du
taureau est un acte de dominaton, de transmutaton d’une grande énergie vitale, dont le
but est son utlisaton à des fns spirituelles.
Figurant la justce et la force (Minos, ne l’oublions pas, était législateur) le taureau est
sacrifé (v. Jung) afn qu’on acquière une vie spirituelle qui permetra à l’homme de
triompher des passions animales primitves et de gagner la paix de l’âme, par voie
d’initaton. Il est à retenir, dans un système de coïncidences et d’analogies qui
rassemblent dans un processus de sémiose les territoires espacés, que l’Ile de l’utopie à la
forme de la corne lunaire, qu’Utopos, son fondateur est, tout comme Minons et Daedalus,
législateur et architecte.
L’on a remarqué (cerné) la présence d’une cité totalitaire dans les utopies centralistes et
étatstes, la formalisaton excessive du pan-totalitarisme menant à une sorte d’analyse an-
historique, critquée a grands renforts d’arguments par Bronislaw Baczko (Les imaginaires
sociaux, Payot, 1984). Ce qui ne veut pas dire qu’on doit fermer les yeux, en nous refusant
de voir une signifcaton dans l’étrange similitude des certains signes graphiques de
l’imaginaire social collectf, signes qui transparaissent obstnément du tréfonds des
légendes, mythes, arts et idéologies, ne serait-ce que pour la soumetre à l’analyse
intègratrice du type herméneutque.
Ce que nous avons souligné en survolant le domaine des symboles graphiques, c’est
l’existence des signes iconiques aux fonctons et valeurs similaires. Nous avons voulu
suggérer que les solutons graphiques de ces signes – tendent à gagner la cohérence d’un
système et que c’est parmi les éléments constamment présents dans tous ces
phénomènes qu’il faut chercher l’explicaton plausible de ces frappantes similitudes.
Eseu : Dan Culcer. Labirint, utopie si spațiul carceral (1984) 13
B. Baczko avance l’hypothèse qu’on peut metre le paradigme utopique à côté d’autres
inventons qui, à la même époque,"contribuent à la mutaton en profondeur de tout le
système de représentaton et de ses schémas d’ordonnancement. " Ainsi " l’élaboraton de
la fguraton plastque substtue un espace géométrique clos à l’espace polysémique et
symbolique du Moyen Âge, applique au réel une grille géométrique qui normalise et
codife la réalité représentée, l’enferme dans un espace où règne de façon absolue la
géométrie euclidienne (Panofsky, 1967, Wunenberger)".
N’oublions pas la foncton psychagogique de tous ces signes iconiques et, que par leur
emploi constant, ils ne sont pas seulement l’émergence d’un imaginaire collectf, mais
contribuent aussi, à force d’intériorisaton, au modelage de cet imaginaire social.
Et si l’on se rappelle que c’est sur le rapport entre les partes du corps humain que repose
le nombre d’or, le module retrouvé dans la plupart des édifces, constructons humaines
européennes, on regardera plutôt comme plausible notre hypothèse qui tend à expliquer
les relatons analogiques entre le labyrinthe ; cité idéale protectrice et prison en
s’appuyant justement sur l’expression iconique d’une intériorité modulable.
nos sociétés, les utopies orientent ainsi le dynamisme de celles-ci. Du coup, en se fant à la
promesse utopique, le présent deviendrait complice de l’avenir totalitaire qui le guete."
Une remarque similaire fut celle que l’essayiste et romancier Paul Nizan, avant 1940 ; de
même, le moto de la dystopie de Huxley, Brave New World, et un texte de Berdiaef qui
signale le même danger : la réalisaton des utopies étatstes et autoritaires sous formes
d’états totalitaires lesquels, une fois insttués, « assure le monopole de la créatvité
utopique », aucune utopie autre que celle faisant parte de l’idéologie dominante n’est
plus tolérée.
Le croisement de la bête avec l’homme - réalisé dans le Labyrinthe, c'est à dire à l'intérieur
de nous même aussi qu'à l'extérieur - avait placé notre destn sous le signe du hybris. Le
labyrinthe avait probablement une foncton psychagogique qui permetait le surpassement
de la hybris, par la chance tragique qu’il accordait au héros, à l’inité, obligé de tuer la bête
en lui-même pour pouvoir aspirer à la perfecton, ce chemin sinueux demandant
l’incessant sacrifce du Moi périssable et coupable. La désacralisaton du social a transféré,
ultérieurement, à la Cité idéale ce devoir, cete tâche.
Au Moyen Âge l’utérus était imaginé et représenté comme une cité ou forteresse, prévue
de sept ceintures de murs et qu’on devait conquérir. Jusqu’alors le labyrinthe utériforme
était resté " un autel intérieur où demeure le principe de la vie, le sexe de la mère (Terra
Mater) ; il représente la porte du Palais, les viscères entortllés sont les murailles tortueuse
dont le ventre materne protège le fœtus avant qu’il passe le seuil pour sortr dans le
monde hostle du Macrocosme." (Polo Santarcangelli, version roumaine, 76). On sait que le
labyrinthe a réalisé la fusion de deux conceptons irréconciliables, car il était à la fois "le
signe cultuel d’une forteresse dans laquelle on ne peut pas s’égarer" et une"constructon
aux chemins compliqués et trompeurs, où il est impossible de ne pas s’égarer. Nous
pensons que le labrys, l’arme auquel est tué le Minotaure, dans le mythe grec n’est pas
seulement le signe iconique de le fgure humaine ou le symbole du principe masculin
tauriforme (deux cornes stylisées - les deux tranchants), l’arme de Jupiter Tonans, mais
aussi la projecton horizontale des deux hémisphères cérébrales. Une hypothèse qui ne
paraîtrait pas si hasardée si l’on se rappelait l’analogie : calote crânienne - voûte céleste.
La double symétrie du labrys est une image compensatoire, cosmogonique, au centre de
l’image de la spirale à évoluton asymétrique du labyrinthe en tant que signe du chaos
ordonable, d’autant plus que dans les représentatons labyrinthiques de Val Camonica le
démon abstrait, stylisé, est fguré sous forme de spirale ou de labyrinthe, quelques-uns de
ces êtres-là étant même des partes du labyrinthe.
Voici la motvaton profonde de la présence d’un miroir au fond du labyrinthe, car l’homme
qui a longtemps erré sur le chemin dévié, parvenant enfn au but de son voyage, découvre
le dernier mystère de sa quête - Deus absconditus, autant dire le monstre.
"L’homme sortant du labyrinthe n’est plus le même, n’est plus celui qui y était entré." Le
centre du labyrinthe n’est pas forcément restreint, il peut avoir des dimensions
importantes dans l’espace réel ou imaginaire. "La représentaton en tant que cité divine
fait parte de l’histoire du mythe. "
C’est là que se trouvent Troie, la Nouvelle Jérusalem, Civitas Dei. L’accès à la Civitas Solis, à
l’utopie est aussi un parcours labyrinthique, au centre duquel il y a la représentaton d’une
société diférente, et meilleure, d’un monde à l’envers. Ce qu’il y a là c’est, d’une certaine
façon, une image dans le miroir, dans ce sens que, bien que semblant réelle, elle inverse
les signes et n’est pas tangible.
C’est toujours Paolo Santarcangelli qui nous fait savoir que le labyrinthe est un iter saluts,
image verbale ou graphique pour "renfermer le défunt", pour renfermer "la conscience
coupable de la survivance, voire une prison (n.s.) d’où on voudrait que celui qui y est entré
ne puisse plus sortr, du moins jusqu’au moment de son éventuelle régénératon." (Il,17)
Collectvement, le Part possède tout en Océanie, car il contrôle tout et dispose des
produits, comme il l’entend. 11 (Orwell, 1984, p. 295, ed. franc.)
"Il était seul. Le passé était mort, le futur inimaginable." Orwell, 1984, p. 45, ed. franc.)
Tout individu se trouvant dans cete situaton est encastré dans un présent contnu, qui est
celui des utopies en voie de réalisaton, structures sociales désintégrées par l’efet d’un
désordre monotone. La seule issue est l’exercice libre de l’imaginaton sociale. C’est-à-dire,
malheureusement, la constructon de nouvelles utopies.
Considérons 1984 comme un texte apocryphe, d’une pseudo-prophéte, écrit après
consommaton des événements. Je suis tenté à croire que l’éditon que j’ai relue en 1985,
publiée en 1972, est diférente de celle que j’ai lue en 1980, diférente elle aussi de
l’éditon française de 195o, de l’éditon anglaise princeps. Peut-être une telle éditon
n’existe-t-elle pas, on a traduit en anglais un livre écrit en bengali, copié avec des
interpolatons d’un samizdat hongrois, écrit par György Dalos, toute éditon étant
apocryphe, une variante, adaptaton, retranscripton, correcton – produites toutes par les
fonctonnaires d’un ministère de la Pensée (ou de la Vérité), efcaces, pas du tout
imaginaires, mais bien réel.
Cerisy-la-Salle, 1984
Nad Recluc [Dan Culcer]