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Revista Moldovenească de Drept Internațional și Relații Internaționale Nr.

1 (31), 2014

Revista Moldovenească de Drept Internaţional şi Relaţii Internaţionale /


Moldavian Journal of International Law and International Relations /
Молдавский журнал международного права и международных отношений

2014, Issue 1, Volume 31, Pages 165-172.


ISSN 1857-1999
Submitted: 16. 11. 2013 | Accepted: 15.01. 2014 | Published: 30.03. 2014

COMUNICĂRI ŞTIINŢIFICE
THE SCIENTIFIC COMMUNICATIONS
НАУЧНЫЕ СООБЩЕНИЯ

O DEFINIŢIE INCERTĂ A CONSUMATORULUI


ÎN SISTEMUL DREPTULUI FRANCEZ

UNCERTAIN DEFINITION OF CONSUMER


IN THE FRENCH LAW

НЕТОЧНОЕ ОПРЕДЕЛЕНИЕ ПОТРЕБИТЕЛЯ ВО ФРАНЦУЗСКОМ ПРАВE

LA DEFINITION INCERTAINE DU CONSOMMATEUR


EN DROIT FRANÇAIS

PLOTNIC Olesea/ PLOTNIC Olesea / ПЛОТНИК Олеся

ABSTRACT:
UNCERTAIN DEFINITION OF CONSUMER IN THE FRENCH LAW

More we will expand the circle of beneficiaries of protection, the less protection appears stronger and
Consumer Protection Act becomes new law consumer instead of civil law. The definition of the consumer will be
narrower, so the character of these provisions will be strengthened, and the exceptional character of the
legislation on consumer protection. In addition, however, the consumer's definition is broader, with both the
protector of this right will be put in, which is a minus of the legal nature of consumer protection by French law
and by recognizing the special status contrary to the principle of the right of cosnum and applying the rule of
exception.

Key words: consumer, natural person, legal person, commercial aciivity, frech law

JEL Classification: K33, K12, F53

REZUMAT:
O DEFINIŢIE INCERTĂ A CONSUMATORULUI ÎN SISTEMUL
DREPTULUI FRANCEZ

Cu cît vom extinde cercul de beneficiari de protecţie, cu atît mai puțin protecţia pare mai puternică şi
legea de protecţie a consumatorilor devine noul drept de consum în loc de dreptul civil. Cu cît definiţia
consumatorului va fi mai restrânsă, cu atît atît caracterul de protecţie a acestor prevederi va fi consolidată,
precum şi caracterul de excepţie a legislaţiei privind protecţia consumatorilor. În plus, cu toate acestea, cu cît
definiţia consumatorului este mai largă, cu atît caracterul protector al acestui drept va fi pus în diminuare,
acestea fiind un minus al naturii juridice de protecţie a consumatorilor prin prisma dreptului francez şi prin
recunoaşterea statutului special contrar principiului dreptului de cosnum şi prin aplicarea normei de excepţie".


PLOTNIC Olesea - Doctor în drept, lector universitar, Universitatea de Stat din Moldova (Chişinău, Republica
Moldova). / PLOTNIC Olesea – PhD in law, lecturer, The Moldova State University (Kishinev, The Republic of Moldova).
/ ПЛОТНИК Олеся – Кандидат юридических наук, преподаватель, Молдавский государственный университет
(Кишинев, Республика Молдова).
http://rmdiri.md/?page_id=48&lang=en RMDIRI, 2014, Nr. 1 (31) 165
Revista Moldovenească de Drept Internațional și Relații Internaționale Nr. 1 (31), 2014

Cuvinte cheie: consumator, persoană fizică, persoană morală, activitate comercială, drept francez

JEL Classification: K33, K12, F53


CZU: 341.9, 341.924, 341.983.42

РЕЗЮМЕ:
НЕТОЧНОЕ ОПРЕДЕЛЕНИЕ ПОТРЕБИТЕЛЯ ВО ФРАНЦУЗСКОМ ПРАВE

Чем больше мы расширим круг бенефициаров защиты, тем меньше является сильная защита и
закон о защите потребителей становится новым потребительского правoм, вместо гражданского
права. Чем больше определение потребителя будет более ограниченным, тем более характер защиты
этих положений будет укрепляться, a также и исключительный характер законов о защите прав
потребителей. Кроме того, однако, чем более определение потребителя ширe, тем меньшим будет
уровень характера защиты этого закона, являющегося юридическим минусом от защиты потребителя
во французском законе и признавая особый статус вопреки принципам потребительского права при
применении исключительных норм.

Ключевые слова: потребитель, физическое лицо, юридическое лицо, коммерческая деятельность,


французское право.

JEL Classification: K33, K12, F53


УДК: 341.9, 341.924, 341.983.42

RÉSUMÉ:
LA DEFINITION INCERTAINE DU CONSOMMATEUR
EN DROIT FRANÇAIS

Plus on étend le cercle des bénéficiaires de la protection, moins la protection apparait forte et la loi de
protection des consommateurs devient le nouveau droit de consommation en remplacement du droit civil. Plus la
définition retenue sera étroite, plus le caractère protecteur de ces dispositions sortira renforcé, de même que le
caractère d'exception du droit de la consommation; plus, au contraire, la définition sera large, moins le
caractère protecteur de ce droit sera mis en valeur, ceux s'en trouvant exclus apparaissant alors soumis à un
statut spécial, comme par inversion du principe et de l'exception.

Mots clés: consommateur, personne physique, personne morale, activité commerciale, droit francais.

JEL Classification: K33, K12, F53

En France, la définition du consommateur est abordé autour des quelques questions actuelles
au cœur des incertitudes. Elle apparaît comme un posées par la doctrine et la jurisprudence.
concept à géométrie variable. Dans le droit positif La loi française du 1er février 1995 a choisi de
français les divergences apparaissent, en doctrine ne pas reprendre à son compte la définition
et en jurisprudence, quand il s'agit de définir le communautaire du consommateur. Le flou ainsi
consommateur ou s'il faut élargir la définition à gardé sur le contenu des notions de
d'autres personnes. Les questions pratiques de la consommateur laisse le champ libre au juge pour
définition sont de permettre à ces personnes de leur donner une signification concrète au gré des
bénéficier des règles protectrices du droit de la espèces, mais davantage encore à la Cour de
consommation. On observera que le problème de cassation pour fixer une certaine politique
fond est théoriquement séparable de la question jurisprudentielle.1
du vocabulaire. On peut étendre le bénéfice des
règles protectrices à des personnes que l'on ne
qualifie pas de consommateurs ou que l'on se 1
Boujeka A. Le consommateur personne morale entre
borne à „assimiler‖ à des consommateurs. droit communautaire et droit français. Paris : Dalloz, 2005,
Cependant, le problème de fond est généralement p. 1948.
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Ainsi, la notion de consommateur en droit article est conforme au droit communautaire, la


interne français reste incertaine. Il y a plusieurs directive 2008/48/CE du 23 avril 2008
approches possibles de cette notion en droit concernant les contrats de crédit aux
positif français, ce qui n‘est pas sans enjeux. consommateurs définissant en son article 3 le
Plusieurs articles du Code de la consommation consommateur comme: „toute personne physique
participent à la détermination de la notion de qui, pour les transactions régies par la présente
consommateur, sans pour autant la définir de directive, agit dans un but étranger à son activité
façon transversale: article L.121-22 relatif au commerciale ou professionnelle”.
démarchage, article L.132-1 relatif aux clauses Au titre de la sécurité juridique et de la
abusives, article L.211-3 relatif aux défauts de conformité au droit communautaire, le législateur
conformité… Parallèlement, le Code de la français s‘oriente vers une définition stricte et
consommation a recours à une terminologie précise de la notion de consommateur. Ainsi, un
variée pour définir ce qu‘est un consommateur. récent avis du Conseil National de la
En effet, outre le terme „consommateur‖, Consommation (organisme paritaire placé auprès
plusieurs expressions sont employées pour définir du ministre de la consommation) adopté à
le champ d‘application de tel ou tel article: l‘unanimité des collèges professionnels et
„acheteur d‘un produit‖ (L.121-16; L121-21); consommateurs le 14 juin 2010 donne une
„contractant‖ (L.213-1) ; emprunteur‖ (L.311-1; définition sans ambigüité du consommateur. La
L.312-1)… Direction des Fraudes, associations de
La loi Chatel n° 2005-67 du 28 janvier 2005 consommateurs et professionnels se sont en effet
tendant à conforter la confiance et la protection accordés pour définir les consommateurs comme
du consommateur apporte une première précision „personnes physiques qui agissent à des fins qui
sur la définition du consommateur dans les textes n'entrent pas dans le cadre de leur activité
français en vigueur. Bien que non intégré au professionnellE‖.2 Les parties prenantes de la
Code de la consommation mais au Code des consommation en France ont confirmé le besoin
assurances, l‘article 2 de cette loi vise „les de définir strictement le consommateur et se sont
personnes physiques en dehors de leurs activités accordées sur une définition commune qui
professionnelles‖. A noter que le sénateur Gérard devrait constituée une référence supplémentaire
Cornu, rapporteur de la loi Chatel, avait rappelé pour le législateur dans la perspective des
que „la notion de consommateur définie par la évolutions à venir du Code de la consommation.3
directive n°93/13/CE du 5 avril 1993 concernant Il faut reconnaître qu‘entre droit
les clauses abusives dans les contrats conclus communautaire et droit français sur la notion de
avec les consommateurs est exclusivement consommateur il y a une apparente divergence.
limitée aux personnes physiques, ce qu‘a En France, pour les clauses abusives il y a une
confirmé la Cour de Justice des Communautés application à deux catégories: le consommateur et
Européennes par un arrêt du 22 novembre 2001‖ le non-professionnel. La question est ici de savoir
et précisé dans le cadre des débats si les dispositions relatives aux clauses abusives
parlementaires: „ainsi en ne mentionnant que le demeurent cantonnées aux seules personnes
consommateur, le nouvel article L.136-1 du Code physiques ou si elles sont également applicables
de la consommation ne serait pas applicable aux aux personnes morales. Ici apparaît le débat sur
contrats souscrits par des personnes morales, tels l‘unité ou la dualité de notions et notamment, le
que des syndicats de copropriétés, des consommateur – une interprétation par rapport à
associations, des comités d’entreprise...”. la directive (a) et le non-professionnel – une
La loi n°151 du 2 juillet 2010 portant réforme liberté d‘interprétation (b).
du crédit à la consommation confirme cette Le consommateur – interprétation par
orientation. Son article 3, qui modifie l‘article rapport à la Directive no 93/13/CEE du
L.311-1 du Code de la consommation, définit Conseil, du 5 avril 1993. Le terme de
l‘emprunteur ou le consommateur comme: „toute
personne physique qui est en relation avec un 2
Avis du CNC relatif à l‘information des consommateurs
prêteur, dans le cadre d’une opération de crédit sur la présence de nanomatériaux dans les biens de
réalisée ou envisagée dans un but étranger à son consommation, adopté le 14 juin 2010.
activité commerciale ou professionnelle‖. Cet 3
[On-line]: www.conso-confiance.fr/attachment/229671/.
(Consultat la data de: 12.01.2014).
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„consommateur‖ de l‘art. L.132-1 du Code de la consommation ne protège, contre les clauses


consommation doit être interprété dans le sens abusives, que les seules personnes physiques.
que lui donne la directive. La directive Cette opinion semble toutefois contredite par trois
européenne du 5 avril 1993 a clairement opté arrêts de la Cour de justice, qui estiment que la
pour le cantonnement de la notion de directive n 83/374 du 25 juillet 1985, sur la
consommateur aux personnes physiques. Devant responsabilité du fait des produits défectueux,8
ces ambiguïtés persistantes, force est de poursuit une harmonisation complète, et non
privilégier une réflexion qui tient compte de minimale, des droits des États membres et
l'essence de la notion de consommateur. Le droit qu'aucune „de ses dispositions n'autorise le
communautaire est, quant à lui, hostile à l'octroi législateur national à adopter des mesures
aux personnes morales de la qualité de s'écartant de la directive‖, sous peine d'instaurer
consommateur. La Cour de justice des des distorsions de concurrence incompatibles
Communautés européennes a „dit pour droit: la avec l'objectif d'unité du Marché commun9.
notion de consommateur telle que définie à Certes, la directive du 25 juillet 1985 ne contient
l'article 2, sous b) de la directive no 93/13/CEE du pas un article autorisant expressément les
Conseil, du 5 avril 1993, concernant les clauses législateurs internes à renforcer le niveau de
abusives dans les contrats conclus avec les protection, mais cette possibilité semblait acquise.
consommateurs, doit être interprétée en ce sens Toujours est-il que l'article 8 de la directive du
qu'elle vise exclusivement les personnes Conseil du 5 avril 1993 n'autorise cette possibilité
physiques‖.4 d'augmenter l'intensité de protection qu'à
Intervenant à la procédure, les gouvernements condition de rester à l'intérieur du domaine de
espagnol et français ont fait valoir que „la celle-ci et sous réserve de compatibilité des
définition du consommateur donnée par la dispositions plus strictes avec le Traité de
directive n'exclut pas la possibilité pour les droits l'Union.10
nationaux des États membres, lors de la Sur un plan strictement communautaire, la
transcription de celle-ci, de considérer une société solution demeure perméable à la critique des
comme un consommateur‖.5 Mais la Cour de partisans d'une analyse stricte de la notion de
justice, nonobstant l'article 8 de la directive de consommateur. Le texte de la directive tel
1993 qui autorise les États membres de l'Union à qu'interprété par la Cour de justice des
aller au-delà des dispositions de la directive, afin communautés européennes11 est en effet
d'assurer aux consommateurs un niveau de absolument dénué de toute équivoque (art. 2,
protection plus élevé, leur répond „qu'une sous b).
personne autre qu'une personne physique, qui L'exclusion paraît d'autant plus manifeste que
conclut un contrat avec un professionnel, ne la disposition suivante qui définit le professionnel
saurait être regardée comme un consommateur au embrasse la „personne physique” et la „personne
sens de ladite disposition‖.6 morale”12. Le syndicat demandeur au pourvoi
Selon M.Nourissat,7 cette décision qui lie le devrait donc en principe être exclu du bénéfice du
juge français, en raison de la construction mécanisme des clauses abusives du seul fait de sa
jurisprudentielle de l'interprétation conforme, qualité de personne morale. Cette qualité est
contraignant le juge national à interpréter son supposée rendre inutile toute recherche portant
propre droit à la lumière du texte et de la finalité sur le critère matériel de la qualification de
de la directive, n'interdirait pas aux États consommateur, savoir la conclusion du contrat à
membres d'indiquer expressément dans leur des fins étrangères à une activité professionnelle.
législation que les dispositions relatives à la lutte Au surplus, et pour reprendre une forte
des clauses abusives s'appliquent également aux
personnes morales. Elle signifierait seulement 8
JOCE, no L 210, 7 août.
que, en l'absence d'une telle précision - comme 9
CJCE 25 avr. 2002, Comm. CE c/Rép. française [aff. C-
c'est le cas en droit français, le droit de la 52/00], Comm. CE c/ Rép. hellénique [aff. C-154/00], et
Gonzalez Sanchez, aff. C-183/00, JCP 2002. I. 153, no 9,
obs. LUBY M.
4 10
CJCE 22 nov. 2001. Chazal J.-P. Le consommateur existe-t-il ? D. 1997, p.
5
point 14 des motifs. 260.
6 11
point 16 des motifs. CJCE, 22 nov. 2001, préc.
7 12
note Nourissat C., RTD civ. 2002.397. Boujeka A. Op. cit., p. 1948.
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expression extraite d'un autre contexte, „la syntagme „non-professionnels‖ désignerait les
directive ne peut avoir pour vocation de se personnes qui contractent pour les besoins de leur
saborder”.13 Dans le présent cas de figure, la profession, mais en dehors de leur domaine
directive perdrait en cohérence en posant sans habituel de compétence, ce qui justifierait une
ambiguïté une définition précise du protection similaire à celle dont bénéficient les
consommateur tout en permettant aux Etats consommateurs.17 Le président de la commission
membres de la vider de sa substance. Toutefois, des lois de l'Assemblée nationale a clairement
ce positionnement univoque du droit opiné en faveur de l'acception large de la notion
communautaire ne dissipe qu'en apparence le de consommateur: „Le mot consommateur qui
doute sur la notion de consommateur14 qui doit figure dans le titre de la loi doit être interprété
pouvoir inclure la personne morale. En effet, la dans son sens le plus large et d'ailleurs le moins
Cour de justice des communautés européennes se exact‖18. Quand on sait que ce même président
prononçait en 2001 dans un litige où la loi s'est élevé contre les pléonasmes législatifs,19 il
italienne de transposition de la directive de 1993 est peu probable que, dans l'esprit du législateur
définissait le consommateur en recopiant de 1978, le terme „non-professionnel‖ soit une
servilement l'article 2, sous b), de cette pure redondance du mot „consommateur‖.
directive15. Le contexte du droit français est bien Pourtant, le manque de réflexion préalable et les
différent. circonstances préélectorales dans lesquelles la loi
Le non-professionnel – une liberté a été votée20 n'incitent pas à accorder de crédit à
d’interprétation. Le cas de la France présente, ces propos. D'ailleurs, l'année suivant, une
en l‘occurrence, une particularité qui mérite réponse ministérielle a défini le „non-
d‘être mentionnée. En diverses occasions, professionnel‖ comme „celui qui contracte en vue
notamment dans le domaine des clauses abusives, d'obtenir un bien ou un service pour satisfaire ses
la protection légale bénéficie au consommateur propres besoins, et non pas celui qui contracte un
ainsi qu‘au „non-professionnel‖. Dans la mesure bien ou un service pour le revendre, le
où ce terme est inconnu des directives transformer ou l'utiliser dans le cadre de sa
communautaires, la Cour de cassation française a profession‖.21 Cette définition assimile, à
pu décider que le juge national restait libre de l'évidence, le non-professionnel et le
l‘interprétation à donner à ce terme et qu‘ainsi consommateur.
rien n‘empêchait de l‘appliquer au profit de Cet argument de texte a de nouveau été
personnes morales.16 discuté lors de la transposition en droit français de
La conception extensive de la notion de la directive européenne du 5 avril 1993, celle-ci
consommateur part de l'idée juste selon laquelle il consacrant, dans son article 2, b), une définition
existe des professionnels qui se trouvent dans des restrictive du consommateur, sans utiliser
situations de faiblesse économique équivalentes à l'expression „non-professionnel‖: „Toute
celles du consommateur. Les arguments en personne physique qui […] agit à des fins qui
faveur de cette conception se sont fondés sur le n'entrent pas dans le cadre de son activité
texte de l'article 35 de la loi du 10 janvier 1978 professionnelle‖.22 Mais, dans la mesure où
qui oppose les professionnels, d'une part, et les
„non-professionnels ou consommateurs‖, d'autre
part. En partant du principe de rationalité du 17
Berlioz G. Droit de la consommation et droit des
législateur, il est impossible de considérer ces contrats, JCP, éd. CI, 1979. II. 13019; Cas G., Ferrier D.,
deux derniers termes comme des synonymes. Le Traité de droit de la consommation. Paris : PUF 1983, no 8.
18
Joan 1977, p. 8598.
19
Joan 1977, p. 8591.
13 20
Robin-Olivier S., Bergé J.-S. La difficile question de la Berlioz G., article préc., spéc. no 4.
21
marge de manœuvre conférée par le droit communautaire Joan Q 1979, p. 3448.
22
aux droits nationaux dans la transposition des directives ..., Huet J., Propos amers sur la directive du 5 avril 1993
in chron. n° III du CEJEC, LPA 19 mai 2003, p. 9, spéc, p. relative aux clauses abusives, JCP, éd. E, 1994.309;
11. Tenreiro M. Les clauses abusives dans les contrats conclus
14
Calais-Auloy J., Temple H. Droit de la consommation. avec les consommateurs, Contrats, conc., consom. 1993,
Paris: Précis Dalloz. 2010, 8e éd., n° 178, p. 198. chron. 7; Testu F.-X. La transposition en droit interne de la
15
Boujeka A. Op. cit., p. 1948. directive communautaire sur les clauses abusives. Paris:
16
Cass.civ. 1ere 15 mars 2005, Bull.civ.I. n° 135; JCP G Dalloz Affaires 1996.372; Trochu M. Les clauses abusives
2005,II,10114, note PAISANT G. dans les contrats conclus avec les consommateurs. Paris:
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l'article 8 de la directive européenne de 1993 relative aux clauses abusives. Celle-ci prévoyait
laisse aux États membres la possibilité d'instaurer en effet, en son article 35, que des décrets
ou de maintenir un niveau de protection plus pourraient être pris pour interdire de telles
élevé, la conception extensive du consommateur stipulations injustes „dans les contrats conclus
ne serait pas interdite.23 Le débat est entre professionnels et non-professionnels ou
paradoxalement relancé avec la loi du 1er février consommateurs‖.31 Les notions de non-
199524 dont l'un des objectifs était de retranscrire professionnel et de clauses abusives se trouvaient
en droit interne la directive de 1993 relative aux ainsi liés par leur naissance.
clauses abusives. En effet, l'article L. 132-1, Le projet qui allait devenir la loi du 10 janvier
alinéa 1er, du Code de la consommation25 dispose 1978 n'entendait protéger que le „consommateur‖
désormais: „Dans les contrats conclus entre contre les clauses abusives des contrats.32 Mais,
professionnels et non-professionnels ou alors qu'en première lecture le Sénat avait accepté
consommateurs, sont abusives les clauses qui ont cette rédaction, l'Assemblée Nationale décida de
pour objet ou pour effet de créer, au détriment du protéger „le non-professionnel‖ dans le but
non-professionnel ou du consommateur, un d'apporter de la „certitude‖ sur ce point capital de
déséquilibre significatif entre les droits et la détermination des contrats concernés par le
obligations des parties au contrat‖. Selon M. texte nouveau ...33 C'est donc par souci de
Paisant,26 l'article défini „du‖ précédant le mot conciliation entre les deux Assemblées qu'en
„consommateur‖ écarte l'hypothèse de la commission mixte paritaire il fut décidé de
redondance et révèle la volonté du législateur joindre les deux termes en multipliant ainsi par
d'appliquer à certains professionnels les deux les difficultés d'interprétation.34
dispositions protectrices des consommateurs. La première question à s'être posée a été celle
Même si les travaux parlementaires préparatoires de savoir si „consommateur‖ et „non-
corroborent cette opinion,27 cette modification professionnel‖ représentaient une seule et même
rédactionnelle ne permet pas de trancher le notion ou si ces deux expressions devaient être
débat28. comprises de manière différente. Pour certains,35
Ainsi, après un arrêt de la Première chambre la loi exprimait une redondance, la notion de non-
civile de la Cour de cassation du 15 mars 200529 professionnel se confondant avec celle de
et la loi du 3 janvier 2008 sur le développement consommateur entendu comme le contractant
de la concurrence et de la consommation,30 la désireux d'obtenir un bien ou un service en vue
notion de non-professionnel revient à l'ordre du de satisfaire un besoin personnel ou familial.
jour et suscite un regain d'intérêt. En revanche, pour d'autres,36 la loi ayant plus
Cette notion était apparue dans la loi n° 78-23 largement pour but de réglementer les contrats
du 10 janvier 1978, celle des lois Scrivener d'adhésion, son domaine d'application ne pouvait
se restreindre à la notion de consommateur; il
Dalloz, 1993, chron. 315; Paisant G. Propositions pour une était étendu aux non-professionnels. Au
réforme du droit des clauses abusives, JCP 1994. I. 3772. demeurant, à l'occasion des débats
23
Huet J., article préc. Toutefois CJCE 22 nov. 2001, aff. parlementaires, le Président de la commission des
jointes C-541/99 et C-542/99, JCP 2002. II. 10047, note lois de l'Assemblée Nationale n'avait-il pas
Paisant G. Petites affiches 22 mai 2002, no 102, p. 16, note
Nourissat C. RTD civ. 2002.397, obs. Raynard J. relevé, à propos du même article, qu'il convenait
24
Chazal J.-P. Le consommateur existe-t-il? Paris: Dalloz, „d'éviter une redondance peu souhaitable dans un
1997, p. 260. texte législatif‖?37
25
Anc. L. 10 janv. 1978, art. 35.
26
Paisant G. Les clauses abusives et la présentation des
contrats dans la loi no 95-96 du 1er févr. 1995, D. 1995,
chron. 99, spéc. no 17. 31
Paisant G., Retour sur la notion du non-professionnel,
27
Charié J.-P. Rapport, Doc. AN no 1775, 1994-1995, p. Mélanges en l‘honneur du doyen Bernard Gross, p. 231.
32
12 ; Ghestin J. et Marchessaux Van Melle I. L'application en Doc. Ass. Nat. n° 3154, lre sess. ord. 1977-78, p. 24.
33
France de la directive visant à éliminer les clauses abusives, Décl. Foyer, JOAN (CR) 13 déc. 1977, p. 8590.
34
JCP 1995. I. 3854; Bout R. [sous la dir. de], Lamy Droit Paisant G., art. préc., p. 233.
économique 2002, no 4641 et 4649. 35
Malinvaud Ph. La protection des consommateurs. Paris:
28
Raymond G., obs. Contrats, conc., consom. 1995, Dalloz,. 1981. Chron. 49, n° 2.
36
comm. 56. Pizzio. J.-P. L'introduction de la notion de
29
Ibidem. consommateur. Paris: Dalloz. 1982. Chron. 91, n 21.
30 37
JO 4 janvier 2008, p. 258. Décl. Foyer, Joan (CR) 13 décembre 1977, p. 8591.
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Dans le même esprit, la Commission des contrats42 et celui des contrats de services de
clauses abusives alors instituée se voyait attribuer communications électroniques.43
compétence pour connaître des modèles de Les arguments de texte sont, en effet, trop
convention habituellement proposés „par les faibles pour emporter la conviction. La vraie
professionnels а leurs contractants non- question est celle de l'opportunité de protéger
professionnels ou consommateurs‖. Et le premier certains professionnels en leur permettant
décret d'application du 24 mars du 1978 allait d'invoquer les dispositions du Code de la
naturellement conserver le même domaine consommation relatives à l'élimination des
d'application. clauses abusives. On peut penser que ce détour
Pour sa part, la Commission des clauses par le droit de la consommation est inutile,
abusives nouvellement installée, suggérait, de puisque le droit commun des contrats est
manière très pragmatique, trois interprétations suffisamment armé pour les éliminer lorsqu'elles
possibles selon les situations et les appréciations sont conclues entre professionnels. Mais, si l'on
judiciaires.38 Tout d'abord, le non professionnel ne partage pas cette opinion, le seul moyen de
pourrait être „celui dont la profession est protéger ceux d'entre eux qui se trouvent en
différente de celle exercée par son cocontractant‖. situation de faiblesse ou de dépendance
Ce serait donc la personne contractant en économique est de „briser cette distinction trop
situation d'infériorité technique par rapport à manichéenne entre consommateurs et
l'autre partie. Dans une deuxième interprétation, professionnels‖44. Reste à s'entendre sur les
l'expression légale désignerait celui qui conclut critères d'extension de la notion de consommateur
un contrat pour des besoins autres que ou, ce qui revient au même, sur les critères de
professionnels, ce qui reviendrait alors а le définition du non-professionnel.
confondre avec le consommateur. Enfin, la Conclusion. Si l'actuelle rédaction de l'article
Commission songeait à celui qui offre de façon L. 132-1 du Code de la consommation ouvre la
non habituelle un produit ou un service. protection contre les clauses abusives aux
Au visa de cette même loi, un décret du 22 professionnels, cette ouverture, de notre point de
décembre 198739 continua de lier le sort du non- vue, devrait rester limitée. Certes, dans le Code
professionnel à celui du consommateur pour la de la consommation, il existe des situations dans
présentation des écrits constatant les contrats lesquelles la protection instaurée par le législateur
relatifs à la garantie et aux services après vente de vise sans distinction les professionnels et les
divers appareils d'équipement ménagers particuliers. Ainsi en est-il des dispositions sur la
énumérés par un arrêté complémentaire40. Puis, à sécurité des consommateurs, car on concevrait
l'occasion de la transposition de la directive du 5 mal que seule l'intégrité physique d'une catégorie
avril 1993 sur les clauses abusives par la loi du de personnes en particulier mérite d'être
1er février 1995, non seulement l'expression de préservée par opposition à celle des autres. Mais,
non-professionnels, pourtant ignorée du texte dans les relations contractuelles, il en va
communautaire, fut maintenue dans le nouvel différemment. Le droit de la consommation, à
article L. 132-1 du Code de la consommation, travers le Code qui l'incarne, n'a plus ici pour
mais encore étendue à la question de fonction de régir indistinctement les rapports
l'interprétation des contrats conclus avec les entre les particuliers et les professionnels ou entre
professionnels.41 professionnels. En l'occurrence, seule une
Aujourd'hui, après la loi du 3 janvier 2008, les catégorie de contractants est protégée; et elle l'est
non-professionnels viennent de conquérir de contre l'autre.45 Dans ces conditions, c'est
nouveaux territoires jusqu'alors réservés aux
consommateurs: celui de la reconduction des 42
Art. L. 136-1 C. consom.
43
Art. L. 121-85 C. consom.
44
Mestre J. Le consentement du professionnel contractant
dans la jurisprudence contemporaine. Mélanges Breton-
38
Rapport d'activité pour 1978, BOSP 13 juin 1979, p. Derrida. Paris : Dalloz, 1991, p. 252 et s.; V. aussi du même
172. auteur, obs. RTD civ. 1987.87 et 1995.362.
39 45
JO 29 décembre 1987, p.15328, actuellement, art. Il y a déjà plus d'un demi siècle, Ripert écrivait „Est-il
R.211-1 s. Code de la consommation. juste pourtant de traiter de façon égale le professionnel qui,
40
Arrêté 22 déc. 1987, JO préc, p. 15330. en contractant, fait un acte qui rentre dans l'exercice de sa
41
Art. L. 133-2 C. consom. profession, dont il connaît le sens et doit comprendre la
http://rmdiri.md/?page_id=48&lang=en RMDIRI, 2014, Nr. 1 (31) 171
Revista Moldovenească de Drept Internațional și Relații Internaționale Nr. 1 (31), 2014

seulement à titre exceptionnel que des 12. Mel J. La notion du consommateur


professionnels peuvent être appelés au bénéfice européen. Petite affiches, 31 janvier 2006.
des textes de protection contres les clauses 13. Mestre J. Le consentement du professionnel
abusives des contrats. Ces derniers n'expriment contractant dans la jurisprudence contemporaine,
pas le droit commun, mais justement un droit Mélanges Breton-Derrida, 1991. Paris: Dalloz, p.
d'exception. Dans cette vision des choses, il ne 249 – 258.
nous paraît pas possible de faire bénéficier des 14. Mestre, obs. à la RTD civ. 1987.537 et
dispositions de l'article L.132-1 du Code de la 1996.609.
consummation de la France ceux qui contractent 15. Paisant G. Les clauses abusives et la
pour les besoins de leur activité professionnelle, présentation des contrats dans la loi no 95-96 du 1er
févr. 1995, D. 1995, chron. 99, spéc. no 17.
c'est-à-dire pour permettre ou développer cette
16. Paisant G. Propositions pour une réforme
activité, ou encore en améliorer les conditions
du droit des clauses abusives. JCP 1994. I. 3772
d'exercice. 17. Paisant G. Retour sur la notion du non-
professionnel, Mélanges en l‘honneur du doyen
Bibliographie: Bernard Gross.
18. Pizzio J.-P. L'introduction de la notion de
1. Beauchard J. Remarques sur le code de la consommateur, D. 1982. Chron. 91, n°21.
consommation. Écrits en hommage à Gérard 19. Tenreiro M. Les clauses abusives dans les
Cornu, 1995. contrats conclus avec les consommateurs. Contrats,
2. Berlioz G. Droit de la consommation et conc., consom. 1993, chron. 7.
droit des contrats. JCP, éd. CI, 1979. II. 13019. 20. Testu F.-X. La transposition en droit interne
3. Bourgoignie T. Éléments pour une théorie de la directive communautaire sur les clauses
du droit de la consommation. Bruxelles: Story abusives. Paris: Dalloz Affaires, 1996.
Scientia 1988. xvi + 564. 21. Trochu M. Les clauses abusives dans les
4. Calais-Auloy, Temple H. Droit de la contrats conclus avec les consommateurs. Paris:
consommation. 8e édition, Paris: Dalloz, 2010. xiii Dalloz, 1993.
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5. Cas G. et Ferrier D. Traité de droit de la Copyright©Olesea PLOTNIC, 2014.
consommation. Paris: PUF, 1983. 592 p.
6. Chazal J.-P. Le consommateur existe-t-il?
Contacte / Contacts / Контакты:
Paris: Dalloz, 1997. 260 p.
7. Directive nº 93/13/CE du 5 avril 1993
MD 2009, Chișinău, Republica Moldova
concernant les clauses abusives dans les contrats
conclus avec les consommateurs, JOCE L no 95 du Str. Alexei Mateevici, 60.
21 avril 1993.
8. Directive nº 97/7/CE du 22 mai 1997 Universitatea de Stat din Moldova
concernant la protection des consommateurs en
matière de contrats à distance, JOCE L no 144 du 4 E-mail: plotnicolesea@yahoo.com.
juin 1997.
9. Huet J. Propos amers sur la directive du 5
avril 1993 relative aux clauses abusives. JCP, 1994.
10. Legea privind protecţia consumatorilor nr.
105-XV din 13.03.2003. În: Monitorul Oficial
2003, nr. 126 - 131, art. 507.
11. Legea privind protecţia consumatorilor
nr.1453 din 25.05.93. În: Monitorul Oficial nr.
10/281, 30.10.1993// abrogată.

portée, et la personne qui s'adresse à ui en toute confiance...?


Cette personne souvent n'a aucune compétence pour
discuter les conditions de son contrat‖, Ebauche d'un droit
civil professionnel. In: Etudes de droit civil à la mémoire de
Henri Capitant, Topos Verlag A.G, Duchemin E., 1997, p.
684.
172 RMDIRI, 2014, Nr. 1 (31) http://rmdiri.md/?page_id=48&lang=en

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